Les rires couraient sur les échines, s’emparant de l’esprit fatigué et éprouvé des pauvres gens de cette île perdue aux bords du Nouveau Monde et de Calm Belt. Ils avaient beau courir dans tous les sens, le monde n’était plus que désolation. La lune rouge régnait dans les cieux, offrant sa lumière volcanique à la terre et à l’herbe devenu tout aussi pourpre. Peu importe où ils se trouvaient, leurs cœurs été enlacés par les ténèbres, par la peur, par l’aura sombre avide de mort et de sang qui recouvrait l’intégralité des lieux, tout autant les cadavres que les vivants. Le rire insondable, plein d’amusement, s’arrêta promptement, en un seul instant, laissant le fluide royal s’abattre, se combinant à l’aura démoniaque pour faire perdre conscience d’effroi à une foultitude supplémentaire de gens. Certains ne sombraient rien qu’en subissant la virulence de la soif de meurtre de cette calamité qui était venu raser leur vie en quelques instants. Un malheur infini qui s’abattait, la destruction ravageant âmes et esprits en un rien de temps. Des enfants paralysés de peurs, enfermé dans leurs cachettes, armoires, dessous de lit, arrières de maison, étaient trouvé les uns après les autres dans cette partie de cache-cache géante. Les murs s’effondraient un à un tandis que la substance sanguinolente venait ronger toutes les matières qui croisaient sa route, les cadavres dissolus dans la matière épaisse et rougeoyante qui reflétaient les éclats de cette lune rouge et des colossales arbres aux visages terrifiants qui se balançaient au-dessus de la ville dans une joyeuse danse.

Les mains de Charles se posèrent sur le corps de sa fille qui se transforma soudain en une rivière de sang qui naissait de ses yeux larmoyants. Les colonnes de fluide écarlate s’élevèrent alors et s’étendirent en tentacules pour attraper et ingurgité certaines des personnes présentes. Même les trois meilleurs guerriers de la ville, armé de leurs deux hakis, faisaient partie de la masse de cadavres qui couvraient tel un tapis la place de la ville. Lorsque la voix résonna, Charles, qui courrait hors de la ville, s’immobilisa, tournant lentement la tête. Lorsque son regard se posa finalement sur la source de cette aura démoniaque, le choc de la terreur fut si fort que son cœur s’arrêta de battre. Rayonnant dans son manteau de mort et de damnation, au cœur des méandres du Nouveau Monde sous les arcades des sylves monstrueuses, la femme qui avait débarqué en plein milieu de la journée pour faire s’abattre la nuit en un instant laissa son regard divagué, ses deux yeux vadrouillant dans tout les sens sans jamais sembler regarder au même endroit avant qu’ils ne se remobilisent pour se poser sur la tour du moulin.

Carmilla Valakhy "L'Effroi Absolu"
Primée à 1.003.950.000

Le visage impassible, le regard semblant pénétrer et dévorer l’âme en un seul instant, Carmilla dissout la façade du moulin, révélant le dernier survivant du carnage qu’elle venait d’orchestrer. La lune rouge entourant sa tête comme une auréole diabolique, la substance destructrices couvrant toute la moitié droite de son corps, la blonde dominait complétement l’adolescent de dix ans. La main de l’envoyé de la mort se posa sur l’épaule du garnement qui était si paralysé par la terreur qui émanait du corps de ce diable vivant qu’il ne parvenait même pas à fermer les paupières. Les doigts d’une pâleur éburnéenne touchèrent la chair de l’enfant qui ne parvenait plus à réfléchir, son esprit absorbé dans le tourbillon du regard hypnotisant de la succube. Pour la première fois depuis son arrivé, les lèvres de l’Effroi Absolue s’entrouvrir, comme si elle parvenait à se défaire d’un sceau.

-Vas voir ton roi. Rapportes-lui ce qu’il s’est passé ici. S’il oubliait une fois encore le tribut qu’il doit à Erika Orato, dit lui que c’est le sort qui attendra tout son pays.

Attrapant la chevelure de l’adolescent, elle le leva dans les airs et en un instant ses crocs de plantèrent dans sa gorge, absorbant son sang puis le remplaçant. Ce jeune homme était désormais maudit, condamné à être hanté par cette tuerie qui se rappellerait à lui à chaque fois qu’il repenserait à sa condition de vampire. La terreur qu’il avait connu ce jour-là envelopperait son esprit à nouveau et pour toujours. De nombreuses légendes tournaient autour d'elle. Carmilla aurait jadis vaincu un amiral, été la seconde d'un yonkou, voir un yonkou chez les plus terrifiés, fondé un royaume pour ensuite massacrer elle même toute la population, tenu un rôle important dans les trafics du Nouveau Monde pendant plusieurs décennies ou encore aurait soumis des Dragons Célestes à ses caprices. Actuellement bourreau de l'impératrice pirate que l'on surnommait parfois la Dangereuse, l’une des ainées des vampires de toute la planète, à la fois crainte et haï, vénéré comme une déesse par des sectes et maudite comme l’enfer lui-même par d’autres, continuait à évoluer dans le monde pour perpétrer son œuvre, son existence naviguant sur les flots de cadavres, décennie après décennie, mort après mort, enfer après enfer. Le prochain était d'ailleur déjà désigné. Son nom ? Nouméria.