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Mer 28 Déc - 4:56
Atelophobia
ft. Penelope Ainsley & Ses Pnjs
/ətelofowbiə/ Noun atelophobia (uncountable) 1. The fear of imperfection or not being good enough.
Pourquoi ai-je donc si mal ? Telle est la première question qui vient percer mon esprit brumeux. Je ne le sens pas pourtant, pas vraiment. C'est comme un écho, une sensation lointaine qu'on ne ressent qu'en murmures mais qui, au réveil, aura sans doute l'air des pires douleurs au monde. Au réveil ? C'est vrai, j'ai perdu conscience, je crois. Je m'agite. J'essaie en tout cas. Les souvenirs me reviennent au compte goutte et un sentiment d'urgence grandit en moi. Je dois me relever, j'ai quelque chose à faire, quelque chose d'important. Je ne saurais dire quoi pourtant, mais je sais que je ne peux pas le laisser partir. J'ai trop de questions à lui poser. Oui, lui.
« Prométhée... »
Le monde lui aussi s'agite autour de moi. Est-il encore en ma présence ? A-t-il entendu mon appel ? J'ai mal. Ma gorge est écorchée de l'intérieur, mes muscles sont raides et tendus. Ma peau papillonne encore de la fraîcheur des coups que j'ai reçus ou, tout simplement, de leur force indéniable. Je crois que l'on m'agrippe la main. Quelqu'un s'inquiète pour moi. Je crois que... on m'appelle ?
« ...elope... ? Pe.... ? »
Je dois y répondre. C'est pour ça que je me suis battu aussi fort, parce que je devais revenir. Parce que je ne voulais pas laisser les miens apprendre la mauvaise nouvelle. Que je ne pouvais endurer de les imaginer vivre ma perte. Au final ils s'inquiétaient quand même. Mais si au moins je pouvais minimiser cela, les rassurer d'une façon ou d'une autre. Si seulement je pouvais ouvrir les yeux. Écarter les paupières pour laisser la pénombre s'engouffrer en mes iris. Seulement là pourrais-je voir le gros visage blanc et tout doux de mon chien-loup, Kohaku. Oh. Il était allongé avec moi ? Depuis quand ? Et où ? Je ne reconnais pas ce plafond, mais je devine assez bien. C'est l'Élysium. C'est le plafond de l'infirmerie de l'Élysium. Qui aurait cru que je m'en retrouverais si vite patiente. Mais qui avait appelé mon nom ? Qui tenait ma main ? Certainement pas le chien, si ?
« Tu m'entends ? Penelope ? »
« Tu parles si fort... même à Marijoa ils vont t'entendre... »
« Oh Penny !! »
À son tour de se jeter sur moi alors que, à présent, j'étais coincée entre un gros toutou qui me léchait abondamment la joue et cette pauvre Bethany qui venait de me sauter au cou avec soulagement. Je devais avouer qu'il y avait bien pire comme réveil, surtout que moi aussi, au fond, j'étais contente de m'être réveillée tout court. Réalisant toutefois assez rapidement que j'étais trop mal en point pour de grosses accolades soutenues, la sergente recula, se contentant de garder ma main dans la sienne. De l'autre, elle vint faire de grosses gratouilles à Kohaku pour le réconforter et, peut-être un peu, l'inciter à arrêter de me passer la joue au papier sablé.
Bethany Herrera, Sergeante de la marine & Kohaku
« Tu nous as fait une peur bleue tu sais ! C'est quoi cette idée aussi d'aller se blesser comme ça alors que c'est toi le médecin ?! Heureusement que Samaël était là parce que... Enfin. T'aurais pu faire plus attention ! »
« Désolé... C'était pas trop prévu tu sais. Mais... Comment je suis revenue ici ? »
Des bribes du combat me revenaient à présent. Je revoyais Prométhée qui me provoquait, entendait sa voix me dire qu'il s'était trompé finalement et qu'il aurait dû tuer Giovanni plutôt que Faith. Oh... Était-elle vraiment... ? Et sa soeur, la petite Nerissa, allait-elle bien ? Mon camarade lagomorphe avait-il réussi à regagner le navire en un seul morceau ? Je me mordis l'intérieur de la joue, me demandant si nous allions avoir des démêlés avec les autorités des environs après la bagarre, et la destruction, dans laquelle je venais de participer. Et, surtout... Avaient-ils vu Prométhée ? S'était-il présenté à eux ? Les avait-il mis en danger ?
« C'est Kohaku qui t'as trouvée dans une ruelle, près du bateau. J'ai essayé de faire parler la petite fille, mais... Elle se repose avec Giovanni maintenant. Je lui ai fait préparer une cabine en attendant qu'elle se calme pour répondre à nos questions. Quoi que maintenant que t'es réveillée... Il s'est passé quoi ? Qui t'as mis dans cet état ? »
« C'est pas important. Je suis juste contente que tout le monde soit rentré au bateau en un seul morceau. »
« Pas... ?!! Alors toi je vais te... !!! »
« Un verre d'eau, s'il te plait. Tu crois que tu pourrais m'en amener un ? »
Poing brandit, la Herrera se calma néanmoins, en poussant un grand soupir agacé. Ses yeux n'en avaient pas fini de me jeter des éclairs, mais elle était assez compréhensive pour s'exécuter. Elle appela Kohaku qui la suivit en dehors de la pièce, sans doute en direction de la cuisine. Je soupirai un grand coup, refermant les yeux. Tout allait bien. Je pouvais juste me reposer et panser mes plaies. Je n'avais à m'inquiéter de rien. Quelle pensée naïve. Je le reverrais, n'est-ce pas ? Nos destins étaient liés, c'était obligé. Enfin... Était-il vraiment mon frère pour commencer ? Mon jumeau ? J'en avais été si convaincue sur le fait, dans le moment. Il me ressemblait tant, parlait comme moi et, surtout, ses pensées m'étaient si lisibles. Le considérer comme l'autre facette de mon tout avait coulé de source et j'avais accepté ses mots sans y penser à deux fois. Maintenant, toutefois, comment pouvais-je en être sûre ? Je n'étais pas la seule personne au monde à avoir les cheveux rosés après tout. Mais... Son prénom commence par P. Tu parles d'une façon bizarre de corroborer l'identité de quelqu'un, mais c'était comme ça dans la famille. Je me demandai d'ailleurs si mon père, lui aussi, possédait cette initiale. Connaissait-il Prométhée ? Se pourrait-il que mon père soit quelque part, en ce moment même, sur l'île des Homme-Poissons ? Tant de questions sans réponses... Puis je ne devais pas non plus oublier ce qui s'était passé. La façon dont notre combat avait été clôturé. Je tendis le bras bien haut, ouvrant les doigts comme si je cherchais à attraper le plafond. Je regardais mes ongles, ma peau, le tremblement subtil de mon être et les bandages que l'on avait appliqués sur moi avec expertise. N'avais-je pas ressenti une étrange puissance me parcourir à la fin, lorsque j'avais finalement trouvé ma résolution à vivre ? Était-ce... Est-ce que ça pouvait être... ? Je devais le découvrir et, pour cela, il n'y avait pas trente six solutions.
Le lendemain matin.
Ho-Seok, Soldat de la marine
« Aaaaarg puuuuu— Depuis quand tu tapes aussi fort merde ?! On dirait que j't'ai volé ton dernier cookie !! »
« Heh ! C'est peut-être juste toi qui t'affaiblis ! T'es en train de devenir un p'tit vieux, Seok ! »
« Mon cul ouais ! HyyyYYAAAAAAH !! »
Mon camarade repassait à l'attaque et c'est sans merci que j'y répondais avec des coups qui se voulaient puissants, lourds. Évidemment mon corps ne se privait pas de me faire savoir en vagues de douleur intermittentes que l'exercice en question ne lui plaisait pas. Il fallait avouer que j'avais subit maintes blessures aux mains de Prométhée et que je peinais toujours à en récupérer. Si j'aurais, à d'autres occasions, utilisé cela comme une excuse pour me faire chouchouter sans devoir lever les petits doigts pour toute une semaine, je ne pouvais plus me permettre ce genre de paresse. Non seulement notre entrée imminente dans le Nouveau Monde était une source de motivation certaine, mais la rencontre de mon présumé frère venait de me faire remettre maintes choses en question. Principalement : je n'étais pas assez décidée. Oui, je comprenais à présent ce qu'ils avaient tous essayés de me faire entrer dans la tête. La volonté de vaincre, de détruire, de tuer m'avait fait défaut, devenant de ce fait une faiblesse impardonnable dans mon instinct de survie face à un adversaire si puissant. Ma peur de combattre, de blesser et de terrasser mon environnement avait bien failli me coûter cher.
Maintenant ? J'étais frustrée. Je n'avais cessé de m'entraîner avec Ho-Seok depuis mon entrée à Marineford. Nous étions camarades de longue date et, à présent, lire ses mouvements me venait naturellement. Ce n'était pas quelque chose qui me dérangeait, pas avant. Cela nous permettait de profiter d'un entraînement détendu, d'une routine paisible qui suffisait à garder nos réflexes et nos talents affutés. Mais voilà, c'était bien le problème : ces entraînements suffisaient. Rien à voir avec des situations réelles comme mon affrontement avec Dihark ou, plus récemment, la rencontre de Prométhée. J'en étais presque dégoûtée de la facilité avec laquelle je me déplaçai sur le côté, poussant son bras au moment de l'assaut pour en dévier la trajectoire en effectuant ce que j'avais baptisé le Repelling Palm. Lancé dans son élan, l'homme-bête ne pouvait qu'écarquiller les yeux en voyant se dresser mon genou devant lui. Je le frappai en plein dans le ventre, coupant son souffle au passage et le faisant se plier en deux malgré notre différence de taille importante. Le soldat s'en retrouva à terre avec les mains sur l'estomac, tapant le sol tel un combattant qui est prêt à jeter l'éponge. Même abîmée, notre écart de puissance était tel que j'arrivais à le mettre hors d'état de nuire sans me fatiguer.
« Okay, okay... T'as gagné ! Je retire ce que j'ai dit, t'es capable de me démolir même quand t'es en pièces détachées ! »
« Allez donne moi ta main, que je t'aide. »
Grognons, l'homme-bête accepta néanmoins de me laisser le remettre sur ses pieds. J'allais le suivre jusqu'à la cuisine pour souffler un brin et manger quelque chose lorsqu'une silhouette familière apparu dans le coin de mon champ de vision. Ah ! Enfin ! Je congédiai mon partenaire d'entraînement qui maugréa tout de même pour la forme, peu content de la tournure des événements. Le violet me connaissait suffisamment pour flairer le changement s'étant opéré en moi. Mes bizarreries comportementales ne lui avait pas échappé et, vu les blessures ayant accompagné la transformation, il était difficile de le blâmer pour son inquiétude. Le connaissant il irait probablement rapporter le tout à Bethany dès que l'occasion se présenterait histoire qu'ils puissent se mettre à deux sur mon cas... dès qu'il aurait trouvé le courage de se faire engueuler par la Sergente pour avoir accepté de s'entraîner avec moi malgré mon état. Il serait toujours temps de me faire faire la morale plus tard, là j'étais curieuse d'entendre le rapport de l'Agente Ekkert.
Malicia Ekkert, Agent d'Élite du CP5
« Alors, des pistes ? J'ai vraiment besoin de savoir... et de le trouver. »
Nous nous étions dirigées à l'écart, dans un coin, pour pouvoir librement discuter sans craindre d'être entendues ou dérangées. Si les lèvres de la brune étaient souvent allongées en un sourire inquiétant, cette fois c'est par son absence que cette expression brillait de mauvaise augure. Je n'avais pas besoin de lire les esprits pour savoir que même l'agente était soucieuse de ma nouvelle fixation. Elle était également la seule à qui j'avais accepté de faire le récit semi détaillé des événements, nécessitant son expertise puisque je n'étais malheureusement pas capable de m'acquitter de cette tâche toute seule, surtout pas alors que toutes ces courbatures me troublaient encore.
« Faith n'était pas la seule à prendre cette drogue. Je n'ai pas réussi à en trouver le fournisseur, mais son histoire ne lui était pas unique. Quant à l'homme à la tresse rose... J'ai trouvé une piste. Un établissement qu'il fréquente régulièrement. »
J'en sautai presque de joie, tapant des mains un bon coup alors que j'étais déjà prête à me mettre en mouvement. Il me suffirait de la laisser me guider jusqu'à ce fameux établissement et je pourrais retrouver Prométhée ou, au minimum, des gens l'ayant déjà vus qui pourraient peut-être nous mettre en contact. Mon apparence à elle seule devrait suffire à donner une idée de l'individu que je recherchais et, si j'en avais besoin, je pourrais toujours faire deux trois petites menaces bien discrètement pour encourager les langues à se délier.
« C'est parfait ! Tu es parfaite, Malicia ! Je te suis ! »
« Non. On ne va nulle part. Je t'ai rejoint pour épauler cette nouvelle génération de la Marine, pas pour te guider jusqu'à ta tombe. »
« Attends... Tu me fais marcher ?! Tu reviens avec une piste et après tu me dis que tu ne vas même pas me la donner ?!! »
La brune acquiesça lentement, gravement. Comme si je n'étais pas déjà assez à fleur de peau comme cela, voilà qu'une énième source de frustration venait s'ajouter à la pile. Je tentai de respirer profondément, m'accrochant à ce qu'il me restait de calme pour ne pas m'emporter contre elle et ainsi risquer de totalement perdre son support. Malicia était maladroite dans sa manière de parler, je le savais. Ce n'était pas la peine de m'emporter avant d'analyser et de comprendre. Si vraiment elle n'avait pas voulu m'aider alors pourquoi faire ces recherches pour moi et, surtout, pourquoi avouer avoir fait mouche ? Oui, voilà. Ça faisait plus de sens.
« Tu m'y accompagneras si je te prouve que je suis capable d'y aller et de lui tenir tête ? »
Les lèvres pâles de l'experte en Rokushiki s'allongèrent en une expression que je lui reconnaissais bien là. Elle acquiesça sobrement, contente d'avoir été comprise. Poussant un soupir, j'acceptai de me prêter à l'exercice, me dirigeant avec elle vers le terrain dégagé où Ho-Seok et moi-même venions tout juste de croiser le fer. Remarque je ne devrais peut-être pas y voir une embuche de plus, mais bien une occasion. Ne venais-je pas justement de lamenter mon entraînement mou avec l'homme-bête ? Oui, Malicia Ekkert était plus forte que lui. Plus adroite, plus rapide. Elle me donnerait la satisfaction de m'être vraiment dépensée et, peut-être, me permettrait même de retourner dans ces mêmes retranchements qui avaient fait pétiller mes poings avec la force de ce que je soupçonnais être le haki de l'armement. À mon tour de sauter sur place et de me faire rouler les épaules tel que Prométhée l'avait fait devant moi. À mon tour de sentir les battements de mon coeur s'accélérer alors que je me demandais si l'agente du Cipher Pol 5 saurait me donner l'engouement que je recherchais.
Peut-être la brune vit-elle le sérieux dans mes yeux puisqu'elle ouvrit le bal avec le Rankyaku directement, sans s'encombrer de gants ou de délicatesse. La lame de vent avançait vers moi d'une vitesse fulgurante, à ras le sol, et je savais d'ores et déjà ce qui m'attendait. Docile, je m'exécutai toutefois, sautant en l'air pour mieux me retrouver exactement là où l'agente l'avait décidé : en suspension dans les airs. Une tactique utile... contre quelqu'un qui ne maîtrisait pas aussi le Rokushiki. Ainsi la brune faisait maintenant usage du Soru pour abattre la distance nous séparant et porter le premier coup, à la hauteur de mon épaule. Là encore je ne fis rien pour l'éviter ou même pour la parer. Je vis la surprise passer dans son visage et, choquée, c'est au dernier instant qu'elle dévia la trajectoire de son Shigan pour m'érafler simplement l'épaule alors que nous retombions au sol. L'attaque avait fonctionné, mon sang avait giclé et mes dents s'étaient serrées. J'avais eu mal et, dans tout mon bras, les souvenirs de mon combat de l'avant-veille se réveillaient pour mieux picoter ma chair avec cruauté.
« Colonelle... ? »
Était-il étrange de dire que la douleur me faisait du bien ? Non, pas en terme de plaisir, mais en terme de vivacité. Profitant de cette sensation pour le moins perturbante, et par le fait même de l'air interdit de ma camarade d'entraînement, je n'attendis pas qu'elle soit prête avant de contre-attaquer d'un crochet de la droite avec pour cible sa mâchoire. Ramenée à la réalité par l'impact, Malicia se secoua la tête comme pour chasser son égarement passager avant de retrouver sa concentration pour mon plus grand bonheur. Aussi vive que je l'espérais, la voilà qui faisait usage d'une technique de déplacement rapide capable de laisser derrière elle des images rémanentes qui suffirent à me déstabiliser juste assez longtemps pour qu'elle ait le loisir de m'attaquer d'un coup de pied sauté visant l'arrière de ma tête. J'eu la chance de la voir arriver juste à temps pour laisser mon corps chuter vers le terrain d'entraînement, la laissant passer au-dessus de moi grâce à ma technique de la Chute Volontaire. Maintenant en position avantageuse pendant que mon adversaire devait toujours récupérer de son assaut manqué, j'en profitai pour armer une bulle blanche autour de mon poing et frapper l'air nous séparant, n'ayant pour ma part pas besoin d'un contact direct pour lui occasionner des dégâts bien réels. Oui, je venais de faire usage du Champ de Fleur Blanches durant ce qui devait être un entraînement. Certes j'étais bien loin de sa pleine puissance, mais l'impact suffit à faire valser l'Agente du Cipher Pol qui s'abîma au sol avec quelques grognements mécontents.
Peut-être que, comme ça, elle verrait à quel point j'étais sérieuse et à quel point cet entraînement comptait pour moi ? Il était nécessaire, important. J'en avais besoin. Je devais me prouver à moi-même comme à elle que j'avais la puissance nécessaire pour confronter Prométhée une seconde fois et obtenir les réponses à mes questions. Pour prouver que j'étais capable de combattre à niveau égal contre les adversaires que pouvait nous réserver le Nouveau Monde. Ce titre de Seconde de l'équipage de Unite je ne l'avais pas volé, je l'avais mérité. Et à ma prochaine rencontre avec le roux je n'aurais pas besoin d'espérer que Sakuga sorte de nulle part pour me défendre moi et tout autre individu qui pourrait être mis en danger. Je n'aurais pas besoin de me reposer sur qui que ce soit d'autre que moi. Je n'aurais pas besoin de m'enfoncer encore plus en prouvant que Ghetis avait raison en disant que je n'étais pas une femme aussi forte que ce que j'aimais prétendre. Je n'aurais pas besoin d'imaginer la peine de Dorian si jamais je ne revenais pas au navire suite à un affrontement particulièrement violent. Je n'aurais pas besoin de craindre pour ma vie et de puiser jusqu'au plus profond de moi pour survivre. Parce que j'étais capable de me battre. J'étais capable de me tenir droite, toute seule, et de barrer la route à tous ces êtres abjects qui, comme Prométhée n'en avaient rien à faire de la vie des innocents. J'étais capable de sortir de ma torpeur et de m'abattre sur mes ennemis avec toute la puissance d'un tremblement de terre.
J'en oubliai la politesse, affamée comme je l'étais d'un entraînement qui testerait mes limites vraiment. Affamée comme je l'étais de sentir mon coeur battre dans mes tempes et de m'abandonner dans cette violence que je me permettais enfin de découvrir. Non pas pour faire le mal, mais pour me donner les outils nécessaires à la réalisation du bien. Oui cela ferait peut-être de moi une horrible personne. Peut-être détruirais-je mes opposants plus souvent qu'autrement. Peut-être laisserais-je derrière moi un champ de ruines en compensation. Mais c'était le prix à payer pour arrêter des monstres comme Prométhée et en ressortir vivante pour le raconter. C'était le prix pour me tenir face à des hommes comme Sakuga et Ghetis telle une véritable égale.
C'est avec le Soru que je me propulsai, faisant usage du Tekkai Sai via mon poing comme je l'avais fait dans mon combat récent. La technique m'avait bien servit et, se relevant toujours de mon attaque précédente, c'est de justesse que Malicia parvint à esquiver cette nouvelle tentative de l'envoyer valser dans le sable. L'urgence illumina son regard et c'est presque en panique qu'elle rétorqua à bout portant. Cette fois j'en eu pour mes berries puisque, dans sa perte de contrôle, la brune contre-attaqua d'un Goshigan visant mon ventre comme pour le perforer de ses cinq doigts. Aveuglée comme je l'étais par mon désir d'attaquer, le réflexe défensif me manqua et ce fut mon tour de souffrir de la puissance de ma camarade. Projetée vers l'arrière, mes pieds dérapèrent au sol et je parvins miraculeusement à rester sur mes pieds, appuyant sur mes plaies qui, vu la douleur me traversant, s'étaient probablement rouvertes. Parfait. C'était parfait ! J'avais mal. J'avais peur. J'en avais besoin pour devenir plus forte. Pour me laisser aller et d'invoquer le fluide de l'armement. Revivifiée par ce constat, ma force se concentra au niveau de mon genou alors que, d'un nouveau Soru, je me propulsais vers Malicia. Non, ça n'allait pas. J'avais refait une bulle blanche, avais fait appel au pouvoir de ma malédiction. Je devais puiser plus loin, plonger plus loin. D'autant plus que mon offensive avait été trop directe et que, par conséquent, Malicia n'eu aucun mal à l'esquiver et à contre-attaquer. Un coup de pied tourné se logea dans mes côtes avec fulgurance, me faisant au passage cracher une gorgée de sang. Non, ce n'était pas terminé ! Ça ne pouvait pas se terminer comme ça !! Ma main se referma sur sa cheville telle des serres pour la retenir et, sans sommation, mon poing libre lui fracassa le tibia. Oui, vraiment. J'avais employé le Brise-Os et le cri qui échappa à ma collègue me tomba dessus telle une douche froide. Qu'est-ce que j'étais en train de faire ? Était-ce vraiment ça que je voulais, que je désirais ? Que j'avais besoin d'atteindre ? Un moment d'hésitation qui lui suffit pour arracher son membre de ma prise et se venger d'un coup de tête bien porté qui me déstabilisa d'autant plus.
Je reculai de quelques pas, engourdie par la douleur et chambranlant dans mes convictions. Non, je ne pouvais pas m'arrêter là. Pas si près du but. Je tombai à genoux, mes bras se pressant contre mon abdomen alors qu'une vague de culpabilité me déboussolait. C'était si proche, tellement proche. Je pouvais presque le sentir, le frôler du bout des doigts. J'y étais presque. Mais à quel prix ? Non, j'ai dépassé ça, cette question là, ce remords là. J'en ai rien à faire d'être une mauvaise personne, j'en ai rien à faire de détruire tout sur mon passage. Je veux juste être capable de me battre. Je veux juste être assez forte. Je veux juste être à la hauteur de mes ambitions et de la confiance que tant de gens ont placé en moi. Je veux être meilleure. Je veux suffire. Je veux être assez bien. Assez capable. Je veux être meilleure. Je dois être meilleure. Alors pourquoi je n'y arrive pas ? Pourquoi je bloque encore ? Est-ce que c'est parce que c'est Malicia ? Parce que c'est mon amie ? Mais j'étais si proche. Tellement, tellement proche...
« gghhhRRAAAAAAARGHHHH !! »
La frustration me poussa à frapper le sol du poing avec un grand cri guttural, profond et douloureux. À y mettre toute ma force quitte à m'en briser les doigts. Je n'en pouvais plus de cette impuissance, de cette faiblesse qui me collait à la peau. Et, dans mon désespoir de ne jamais atteindre le haki de l'armement, une sensation de pétillements étranges venait à nouveau de passer sur ma peau. Interdite, je regardai ma chair et, en dessous, le terrain abîmé par mon coup du coeur. Clignant des yeux quelques fois, il me fallut un instant avant de comprendre et de sentir de minces larmes rouler sur mes joues salies par la poussière de notre terrain d'entraînement improvisé.