Le soleil était au beau fixe depuis plusieurs jours déjà et le Compost s’apprêtait à recevoir de la visite et pour une fois, le vice-amiral avait eu en tête de faire la meilleure impression possible. Un voyage était donc organisé avec un membre d’un autre équipage. Dans cette optique, le vieil homme avait organisé tout plein de réjouissances afin que la situation soit la plus embellie possible… autant dire mission impossible : Nils devait faire du Compost autre chose que le Compost en moins de quelques heures.
Habitués à un certain laxisme de la part du vieillard, les membres des différents équipages s’étaient réunis sur le bateau toujours en construction de la forteresse navale du grand manitou. A la base, c’était souvent pour proposer une nouvelle recette de soupe qu’ils se réunissaient ainsi et quel ne fut pas l’étonnement de l’ensemble des membres du Compost lorsqu’il leur fut demander de se mettre au garde à vous le ventre vide ! La scène aurait pu être relativement cocasse, une bonne partie des membres du Compost réunis, tous une cuillère à soupe et un bol en bois à la main.
Le vice-amiral sortirait alors de sa grande salle de réunion pour aller sur le pont pour le discours de début avant l’arrivée de son invitée. Se tenant devant tous, les surplombants, le grand-père arborait une mine des plus sérieuse, peu habituelle. Dans les rangs, déjà les murmures d’une recette ratée de soupe circulaient à la vue du vieillard… et d’ailleurs… où pouvait bien être passée Mama Ité ?
Matelots ! Une invitée va se joindre à nous pour notre prochaine destination. Vous avez tous reçu le programme du voyage. Nous effectuerons une visite globale de l’équipage avant de réaliser un exercice grandeur nature. Tout doit être impeccable, je compte sur vous ! Maintenant, repos. Nils venait de faire là sa première erreur. Si aucun d’eux n’avait en réalité reçu de programme quant à cette virée, il venait surtout de prononcer le mot magique et à peine les marins avaient-ils entendu repos que certains s’étaient déplacés en direction des dortoirs. D’autres bien plus malins sortirent de leur paquetage un duvet bien confortable pour s’installer à même le sol tandis que d’autres encore se questionnaient sur la soupe.
Et merde… Voila. Le vieillard venait simplement de s’infliger un facepalm. Il le savait pourtant ! Il ne devait pas faire confiance au profond instinct primaire… chassez le naturel, il revient au galop.
En arrivant près du pont du navire, la jeune femme aurait alors la chance et l’immense honneur de voir toute l’effervescence sur le gigantesque navire toujours en travaux. Plusieurs bâtiments de guerre seraient déjà partis en amont. Le gros de la flotte du Compost qui encadrerait la formation du voyage comme à chaque fois : les quatre navires de guerre principaux escortés eux même par huit modèles intermédiaires formant la force de frappe. Un peu plus sur chaque côté, la quarantaine de sketchs et caravelles viendraient ouvrir et fermer l’ensemble du convoi.
Les vaisseaux spéciaux tel que l’Arcadie ou encore l’intercepteur étaient pour leur part en mission de leur côté. La visite se concentrerait donc au sein du Pestilence, grande forteresse mouvante encore en construction impossible à terminer pour cause de fonds manquants pour le moment. Au niveau de la passerelle d’accueil, c’était un lieutenant qui accueillerait la jeune demoiselle… l’illustre, le seul et l’unique : Jean-Pierre Montnostie.
Affublé de son manteau de marine pour la première fois depuis longtemps, il attendrait patiemment qu’on se présente à lui. Le col de prêtre néanmoins bien ajusté, sa bible entre les mains, il lancerait quelques sermons à chaque fois qu’on passerait devant lui avant de s’exclamer haut et fort le jugement divin quant aux voix qu’il entendait.
Ahhhhhh ! J’entends les voix du seigneur ! En même temps, vu l’agitation qu’il y avait sur le pont, le pauvre vieillard qui prenait les voix de son haki de l’observation pour une parole divine n’aurait d’autre choix que de ne pouvoir trier les informations. Ainsi, lorsqu’il vit les derniers retardataires, plutôt nombreux, il s’arrêterait sur chacun d’eux afin de leur servir la réparation divine, offrant une ostie à quiconque se présenterait devant lui.
Les matelots peu expérimentés et qui ne connaissaient en réalité que peu le phénomène accepterait alors volontiers tandis que les autres, connaissant bien les gradés de l’équipage… accepteraient également avant de s’en débarrasser discrètement, libérant alors la parole, une nouvelle fois du prêtre qui capterait l’intention des contrevenants à son don à l’aide de son haki.
Dieu te regarde et te juge ! La traversée s’annonçait des plus inquiétantes… dans quoi est-ce que le Compost s’était encore fourré ?