Feuille de personnage Niveau: (39/75) Expériences: (96/350) Berrys: 495.718.000 B
Ven 3 Fév - 5:04
Pistanthrophobia
ft. Penelope Ainsley & Ses Pnjs
/pɪstænθɹəfowbiə/ Noun pistanthrophobia (uncountable) 1. The fear of getting close or feeling vulnerable in a relationship with others where you may experience hurt, disappointment or rejection.
« Arrêtez vous !! »
J'avais rattrapé les deux hommes à la chevelure rose dans une ruelle, non loin de la fumerie que nous venions de quitter. J'étais tendue, effrayée, mais ne pouvais pas reculer. Tout cela m'était tombé dessus et, maintenant que j'étais dedans jusqu'au cou, j'avais besoin de réponses. Dire que j'avais quitté Ironfall simplement pour mener ma propre vie, sans même oser rêver d'un jour rencontrer mon père. C'est que j'avais cru ne rien avoir à lui dire, ne rien avoir à lui demander. Il était simplement partit et, au plus profond de moi, je comprenais pourquoi. Mais maintenant qu'il était peut-être là, en face de moi, pouvais-je simplement l'ignorer et le laisser partir ? Non, bien sûr que non. Je retins mon souffle lorsqu'Hypérion Pryor fit volte face, m'adressant un regard las.
Prométhée Pryor Hypérion Pryor
« Ma fille ne s'appelle pas Pénélope. J'ignore ce que t'as dit Prométhée, mais il serait dans ton intérêt de l'oublier. »
L'air quitta mes poumons et je me sentis défaillir. Comment ça ? Mais il avait une fille, pas vrai ? N'était-ce pas, déjà, une piste à explorer ? Enfin... sauf s'il savait déjà où elle était. Sauf que, si tel était le cas, les informations qu'il possédait n'avaient pas été partagées à Prométhée qui, lui aussi, s'indignait.
« Mais c'est presque pareil, c'est pratiquement le même nom ! Peut-être que sa mère, que notre mère, a juste changé son nom quand on est partis ! Regarde la, c'est quoi les chances pour qu'on se ressemble autant sans lien de parenté ?! »
« C'est quoi son nom ? Et puis... Et puis je suis née sur Ironfall ! Ma mère s'appelle Poppy, Poppy Ainsley. Elle est médecin. S'il-vous-plaît, pensez y vraiment avant de dire... J'aimerais juste beaucoup retrouver mon père alors si c'est vous... Vous êtes sûr que ça ne vous dit vraiment rien ?! »
Il m'avait offert un nouveau regard songeur, ses iris verdoyants demeurant toutefois trop hermétiques pour laisser fuiter ses pensées réelles. Nous étions pendus à ses lèvres, aussi impatients qu'inquiets. Malgré notre relation pour l'instant difficile, j'étais presque réconfortée de voir que Prométhée était de mon côté et que lui aussi voulait retrouver sa soeur. Qu'il voulait éclaircir ce mystère au moins autant que moi et que, de son point de vue, la réponse était évidente. Puis, perçant finalement le silence...
« Tu me demandes de reconnaître un pion du gouvernement comme étant ma fille ? Quelle assurance avons-nous que tu ne te fais pas passer pour elle afin de gagner notre confiance ? »
Il n'a pas nié. Il aurait pu dire que ce nom lui était inconnu, qu'il n'avait jamais fait une seul escale sur Ironfall de sa vie. Il aurait pu briser mes rêves et m'abandonner sur place, mais ne l'avait pas fait. L'espoir renaissait en mon sein et, à ce stade je voulais tant obtenir satisfaction que j'étais prête à dire une énormité.
« J'admets que la Marine est pour moi une seconde famille, mais elle ne supplante en rien la première ! Je ne pourrais jamais me retourner contre les miens, vous ne craignez rien, je vous en donne ma parole. Je vous supplie de me croire ! Je ne mens pas. S'il-vous-plait...»
« ...Perséphone. C'est son nom. Ou plutôt... C'est ton nom. »
Plus tard...
Notre trio de têtes roses avait donc poursuivit son chemin jusqu'à une petite maison isolée par le flanc d'une montagne de corail. Ses jolies couleurs pastel suffiraient presque à me faire oublier la culpabilité qui me collait à la peau pour avoir laissé Malicia là-bas sans même vérifier qu'elle allait bien. J'étais une terrible amie et une exécrable camarade, c'était maintenant un fait établit. Cela ne m'empêcha pas pour autant de m'engouffrer dans l'habitation, mes épaules coincées dans l'étreinte de Prométhée qui, tout content, se réjouissait déjà à l'idée de me faire visiter les lieux.
« C'est un peu modeste, mais je suis sûr que tu vas t'habituer toi aussi ! Par là c'est la cuisine, à côté y'a la salle de vie commune et en haut des marches y'a les chambres. Il n'y en a que deux alors on devra peut-être partager, c'est pas trop bien ? On pourra rattraper le temps perdu ! Oh et y'a une cours aussi, tu te rends compte comment ça a été difficile de trouver une maison avec une cours ici ? Je jure que les hommes-poissons ils— »
« Prométhée... N'as-tu pas certains devoirs desquels tu devrais t'acquitter ? »
L'agacement passa sur les traits de celui qui était vraisemblablement mon frère. Je ne manquai pas l'air meurtrier qu'il décrocha à notre supposé paternel et me demandai, l'espace d'un instant, s'il n'allait pas lui sauter à la gorge. Mais non, ce ne serait pas pour aujourd'hui. À la place mon double masculin m'offrit un sourire désolé avant de me saluer, repartant telle une ombre pour faire je ne sais trop quoi en dehors de la résidence. Était-il étrange de me dire que j'aurais préféré qu'il reste ? J'avais l'impression qu'un tel cas de figure aurait été, en tout cas, préférable à me retrouver seul avec Hypérion Pryor, mon père. Ce dernier se dirigea d'ailleurs vers l'espace de vie après un soupir que j'attribuai à du soulagement et je lui emboitai le pas sans trop savoir où me mettre, quoi dire ou quoi faire. Il prit place sur un coussin, devant une table basse, et sortit un carnet pour y noter je ne savais trop quoi. Si mon premier réflexe fut de vouloir m'asseoir également, un coup d'oeil critique m'en dissuada presque aussitôt.
« Et si tu nous préparais plutôt le thé, Perséphone. Ta mère a au moins dû t'apprendre cela, j'espère. »
« Oui, bien sûr ! »
Et on va oublier que je ne suis pas du tout chez moi, que je viens d'arriver, que je n'ai aucune idée de l'endroit où ils rangent leur bouilloire ou même leurs feuilles de thé ou leurs tasses. Je ne sais même pas comment il aime le boire son thé. Pour la peine une part de moi serait bien tentée de lui dire de le faire lui-même son satané breuvage, mais serait-ce une conduite acceptable ? Je l'ignore vu que, mine de rien, je n'ai jamais eu de père dans ma vie. Cette expérience nouvelle est encore toute récente et, alors que je mets enfin la main sur ce dont j'ai besoin dans un cabinet de bois, je ne peux m'empêcher de laisser échapper une demande que j'estime être nécessaire, bien que gênante.
« Au fait... C'est un joli nom, mais... Penelope suffira. C'est le nom auquel je suis habituée alors... »
Même que mine de rien si cet autre nom avait été le mien sans doute que je ne le prononcerais même pas comme ça. Ce serait Persephone Ainsley, ou Pryor je suppose, pas Perséphone. Tout comme je disais Penelope et non pas Pénélope, contrairement à ce que semblait le croire Prométhée, d'ailleurs. Toujours est-il que, si pour moi c'est une demande assez basique, je ne manque pas le dégoût et la déception qui traverse brièvement Hypérion. Ça ne lui plait pas, vraiment pas, mais il y mets du sien et répond par la positive, à peu près.
« Comme tu veux. »
Je ne suis même pas rassurée, je ne suis pas soulagée. La tension qui a prit place dans mes épaules ne montre aucun signe de relâchement et je crains à présent ses réactions comme si nous étions dans un château de cartes qui menacerait de s'écrouler à la première mésentente. J'estime qu'il vaut mieux me concentrer sur mon ouvrage pour éviter de m'étrangler avec mon propre air à force de nervosité et c'est pendant que je m'affaire à démarrer un feu dans l'âtre que je risque une nouvelle tentative de socialisation.
« Il est parti faire quoi du coup ? Il reviendra bientôt ? »
« Lorsqu'il aura réussi à apaiser nos acheteurs qui ont eu le malheur d'assister aux événements de la fumerie. »
C'est dit froidement, avec un reproche à peine voilé. Aie. J'enfonce la tête dans les épaules, me sentant bien visée pour leur avoir fait rater je ne savais trop quelle transaction commerciale. Je me mordis l'intérieur de la joue, trop gênée à présent pour reprendre l'initiative. Je préférais encore lui jeter des regards à la dérobée tout en m'affairant à nous trouver des tasses propres. L'homme à la longue chevelure rose fronce les sourcils en parcourant les pages de ce que je devine être son livre de comptes. J'ignore dans quoi il fait affaire, mais il est apparent que ses occupations mercantiles sont de la plus haute importance à ses yeux. Ou en tout cas ça doit l'être parce qu'il ne me regarde même plus. Ne devrait-il pas être un minimum heureux de nos retrouvailles ? N'a-t-il donc aucune question à me poser ? Ne veut-il pas savoir ce qu'il est advenu de ma mère ? Pire, je réalise qu'il ne sait même pas être grand-père. Mais ai-je vraiment envie de lui parler de Primrose ? Ai-je envie qu'il sache qu'elle existe ? Je devrais pourtant, il mérite de savoir, c'est sa lignée. Je pense. Sauf que ça n'a pas l'air de l'intéresser et que c'est difficile de ne pas devenir plus amère encore que l'eau dans laquelle je laisse reposer les feuilles aromatisées que j'ai trouvées au détour d'un tiroir.
Lorsque j'estimai le breuvage prêt, je le versai en deux tasses avant d'aller finalement prendre place aux côtés d'Hypérion à table. Il réserva à son thé le même traitement qu'à moi : de l'indifférence. Et dire que je pensais que de vivre avec ma mère était frustrant. Je me demandais bien ce qu'ils s'étaient trouvé l'un à l'autre avant de me souvenir qu'ils n'avaient probablement été qu'une histoire d'un soir ou, en tout cas, qu'un très bref moment de leur vie respective. S'étaient-ils seulement aimés ? Je l'ignorais ça aussi. Ma mère refusait de parler de lui et, de ce fait, les seules choses que j'avais pu apprendre à son sujet avaient dû être glanées à des voisins âgés dont les histoires étaient incomplètes, voir carrément contradictoires. Je levai ma tasse pour la porter à mes lèvres et souffler contre la surface calme de l'eau aromatisée ce qui ne servit qu'à m'attirer un autre regard critique de la part du maître des lieux. Quoi encore ?!
« On ne souffle pas sur le thé. Il faut attendre qu'il refroidisse naturellement, c'est plus poli. »
Au moins il a, cette fois, prit la peine de refermer les pages de son livre pour me faire ses remontrances. Il me regarde franchement pour la première fois depuis notre arrivée ici et je me sens un brin intimidée, étouffant mes émotions véritables, les pulsations de mon pouls dans mes tempes et mon envie de rébellion pour plutôt montrer patte blanche.
« Oui c'est vrai, je suis désolée. »
Je rêve ou... Oui, il m'offre un sourire désolé. Non, ce n'est pas tout à fait ça... Serait-ce... Oui, j'ai l'impression qu'il a pitié de moi. Qu'il me considère de haut telle une pauvre petite créature imparfaite qui requiert son aide. Non, je me fais probablement des idées, pas vrai ? C'est simplement qu'il appartient à une génération différente et qu'il connait des normes différentes, c'est tout. Ça ne fait pas de lui une mauvaise personne juste parce qu'il est grognon et qu'il aime que l'on suive la même politesse que lui ! Surtout que bon, si je suis sa fille ça doit être encore pire j'imagine, non ? Et on se retiendra de dire que, s'il voulait que je sois mieux élevée, il n'avait qu'à rester et à le faire lui-même.
« Tu es réceptive aux apprentissages, c'est bien. Maintenant, dis moi, est-il vrai que tu as mangé le fruit des séismes ? Es-tu véritablement la maudite du Gura Gura no mi ? »
« Euhm... Ouais ? Enfin, c'est pas si gros que ça en vrai, enfin... Ils disent que c'est le paramécia le plus destructeur au monde ou je sais pas quoi... Bon c'est peut-être moi qui est trop nulle pour bien l'utiliser je sais pas... Enfin je veux dire c'est pas siii impressionnant, je pense que c'est exagéré un petit peu, je tape juste très fort, mais en vrai y'a des gens qui sont capables de faire des trucs similaires ou même pire encore et ils n'ont pas ma malédiction alors bon à partir de là... »
Maintenant que le Pryor s'était décidé à se concentrer sur mon cas, ses iris verdoyants ne démordaient plus de moi. Un sourire de satisfaction s'était affiché sur ses traits lorsque j'avais confirmé ce que Prométhée avait déjà dû lui faire savoir. Pour être honnête ça me donnait froid dans le dos, ce qui expliquait probablement mes difficultés à tenir un discours confiant et à me rabaisser à chaque opportunité. Sans le remarquer j'avais même courbé l'échine, rentrant la tête dans les épaules et gardant mes bras le plus proche possible de mon corps, comme pour prendre le moins d'espace possible. Pour faire le moins de vagues possible.
« Ne t'inquiète pas. Je découvrirai comment tirer pleinement parti de ta malédiction et faire de grandes choses avec elle. Ce n'est qu'une question de temps et de volonté de ta part, ma jolie Perséphone. »
Je serre les dents, frissonne. Il l'a encore fait. Il l'a encore dit alors que, pourtant, il était d'accord pour m'appeler Penelope. Pire encore, Hypérion se permet d'allonger une main vers moi pour faire... je ne sais trop quoi. M'offrir une caresse sur la joue peut-être ? Poser sa main sur ma tête à la manière d'un père aimant en guise de support ? Je l'ignore et ne le découvrirai jamais. J'ai bougé par réflexe, guidée par un instinct de préservation primal. C'était comme de retirer sa main d'un feu ou, dans ce cas ci, de bloquer une attaque qui fusait vers moi avec malveillance. Ça avait été plus fort que moi et, sans comprendre pourquoi ou comment, le pétillement de puissance que j'apprenais doucement à associer au haki de l'armement avait parcouru ma main comme pour me défendre de la sienne. Nous restâmes ainsi figés, bloqués dans nos mouvements respectifs, pour ce qui paru une éternité. Non. Oh non. Je voyais la colère dans son visage, le dégoût, la déception. J'étais en train de tout gâcher. J'allais tout gâcher et tout ça pourquoi ? Parce que j'avais peur de lui ? De mon propre père ?!
« Je suis désolée ! Je ne pensais pas... Je ne voulais pas...! »
« Je suis profondément déçu ! J'ai choisi de te croire, de te faire confiance et de t'accueillir chez moi comme ma propre enfant et c'est ainsi que tu me remercies ? Je te croyais meilleure que cela. Je croyais que tu voulais rejoindre notre famille, pas m'humilier ainsi ! »
« Non ! Père, je n'ai pas fait exprès, je suis vraiment désolée ! Laissez-moi juste une seconde chance de— »
« Suffit. J'ai besoin de repos. Si tu es sincère alors utilise ce temps à bon escient et réfléchi à ton comportement et à ta volonté réelle d'être ma fille et, je l'espère, de te comporter comme telle. Bonne nuit, Perséphone. »
Il s'était levé, avait récupéré son carnet et était parti sans même emporter sa tasse qu'il n'avait au final pas touchée du tout. Le coeur brisé et la gorge nouée par la honte, je parvins à laisser échapper quelques mots alors que, déjà, sa silhouette disparaissait dans le haut de l'escalier menant aux chambres.
« Bonne nuit, père... »
Je n'avais même plus la volonté de le corriger. Je n'avais pas la force de lui rappeler que je voulais les rencontrer et en apprendre plus sur eux, mais que ça ne voulait pas dire que j'allais quitter Unite et m'installer ici pour autant. Certes j'avais dit que ma famille de sang passerait avant celle de la Marine, mais... Peut-être au fond que mon erreur était là. L'impression que je lui avais donné avait nourri ses espérances et, à présent, je le décevais car incapable de m'en tenir à mes propres mots. Ce ne serait pas la première fois que je blessais autrui de cette façon, pas vrai ? Je poussai un grand soupir, appuyant ma tête contre la table et fermant les yeux. Pourquoi avais-je arrêté son geste ? Pourquoi était-il si difficile pour moi de simplement lui faire confiance ? Pourquoi mes intestins me donnaient-ils l'impression de former une boule douloureuse de noeuds en tous genres ? Pourquoi cet inconfort ? Cette incapacité de m'ouvrir vraiment et de me sentir chez moi ?
« Je suis si nulle... Après tout ce temps à rêver de le rencontrer et maintenant je me comporte comme ça... Je crois que je vais vomir... »
Mes bras, faibles et tremblants après tant de tension, m'enlacèrent doucement alors que je tentai de me calmer. Je sentais le bois contre ma joue, les vertiges qui auraient menacé de me faire chuter si je n'étais pas assise. Il me fallait respirer, rester calme, sinon j'allais avoir une véritable crise de panique. Il fallait arrêter de réfléchir, arrêter d'empiler mes faux pas et d'en faire l'inventaire avec cruauté. Ne pas penser à Ghetis. Ne pas me repasser en tête le regard noir de mon père. Ne pas songer aux cruelles paroles de ma mère. Ne pas revoir le ventre rond de la nouvelle femme de mon ex-mari. Ne pas me laisser atteindre par mon inhabilité chronique à faire partie d'une famille. Ne pas revoir les grands yeux de Primrose se remplir de larmes alors que je partais, que je l'abandonnais sur un quai d'Ironfall à la recherche de mon destin. Je déglutis difficilement, des larmes roulant sur mes joues et s'abîmant contre la table.
« Je voulais juste... Je veux juste... rentrer chez moi... »
Des mots vides de sens puisque je n'en ai pas, de chez moi. J'ai juste mon travail. Juste un équipage d'amis. Mais une famille ? Une maison ? Comme si je méritais ça.