Le temps était radieux au pays des orchidées. Le vent sifflait dans la flore aux mille bruissements, ces si diverses orchidées, tandis que l’eau s’écoulait tranquillement. Calme, paix et repos semblaient régner en maître en ces lieux coupés de l’influence des myriades de périls offrant son surnom à la fameuse Grandline. Pourtant, près des volcans éteint à la végétation luxuriante, des activités peu vertueuses se tramaient à l’ombre des rochers. Deux individus à la sombre réputation préparaient en effet là leur coup en vue des prochaines nuits des fameuses orchidées des rêves. Ermann et Normann, les frères Birminmann étaient connus… En tout cas sur Shivering Island et Micqueot ils étaient connus… Enfin il fallait savoir qui étaient les deux énergumènes ayant dévalisé le commerce de Brice de Pin et le vignoble de Marchelin Verlenberg. Donc au final, comme l’indiquaient leurs primes relativement honorables pour des petites frappes, cette fratrie était bien loin de faire partie des génies du crime et des cibles prioritaires du Gouvernement Mondial. Ce n’était que deux malfrats parmi tant d’autres sur les Blues. Pourtant, les deux frangins avaient des ambitions, des ambitions biens réelles qu’ils espéraient pouvoir réalisés grâce à Pa no Kuni. Si les pirates aspiraient à trouver le One Piece au terme de la route de tous les périls, Grandline était également une sorte de paradis de la pègre, le territoire où les plus puissantes organisations rivalisaient de ruses, de trafics et de manipulations économiques pour tisser et maintenir leur toile. L’Empire des Birminmann, c’était cela leur rêve. Deux frères se voyant déjà maître de la pègre et n’aspirant qu’à une chose : profiter des conditions spécifiques de cette île pour voguer vers Reverse Mountain le temps venu et franchir ce Cap des Tempêtes devenu Cap de Bonne Espérance, aussi craint qu’espérer pour tous les rêves que nourrissait cette partie équatoriale du monde.

-Je suis sûr que c’est pour ce soir ! On va pouvoir passer à l’action ! affirmait Ermann.

-J’ai tellement hâte. On va piller au passage quelques villages côtiers pour compléter notre capital de départ, insista son petit frère.

Leur rêve était à porté de main. Les orchidées des rêves fleuriraient ce soir pour leur ouvrir la voie… Tout du moins c’est ce qu’ils semblaient pensés. Leurs calculs, basés sur les informations recueillis à droite à gauche, étaient en réalité parfaitement erronés. Il faut dire que cela n’était pas la meilleure idée du monde de faire confiance à un loubard saoul interrogé à un bar et à un marchand véreux pratiquant sur Micqueot ce que certains appelaient le « drop shipping ». Les deux petites frappes ayant les yeux plus gros que le ventre s’imaginaient pourtant déjà le parfum se répandre sur la contrée et se repaissaient de leurs propres espérances en l’avenir.

-Tu entends ce bruit mon frère ? L’or qui dormait dans les poches de ces bourgeois chante à nos oreilles pour nous inciter à passer à l’action, s’amusa Normann en secouant une bourse pleine de berrys de Marchelin Verlenberg.




-Vous allez arrêter de raconter de la merde ?

La voix ayant émergé du néant surpris les deux frères qui s’étaient mis ici à l’écart des agriculteurs du coin pour discuter. Les deux malandrins manquèrent de trébuchés et de se retrouver les quatre fers en l’air, croyant fermant être seul jusque-là. Qui les avait entendus ? Qui devait être éliminé pour leur permettre de conserver un effet de surprise la nuit venu ? Ils manquèrent à nouveau de tomber sur leur arrière-train quand le rocher assez massif sur lequel ils s’étaient initialement assis se souleva soudainement, semblant presque l’éviter. C’est alors qu’ils aperçurent une silhouette sous la masse granitique, une silhouette qui laissa le rocher chuter à côté de son corps avant de faire craquer sa nuque et d’agiter ses bras tandis que les deux brigands se mettaient en position de combat.

-Il n’y a pas moyen de s’entraîner tranquillement même dans un trou paumé comme celui-là ?

Après les jours passés à travailler son endurance dans les vasières de l’île, peu après sa rencontre avec un certain Yashin Archer, la demoiselle dont la chevelure rousse caractéristique se révélait incandescente sous les rayons solaires avait décider de renforcer musculairement davantage ses abdominaux. S’étant mise en « planche » pour faire du gainage, pour ajouter le poids nécessaire à rendre l’exercice efficace sur son corps surentrainé elle avait placer un rocher assez imposant sur elle-même. Cela faisant maintenant 26 heures d’affilés qu’elle avait maintenu cette position, mais les voix des deux lascars perturbaient sa concentration sur la douleur de ses propres muscles et l’avait poussé à abandonner pour l’heure l’exercice. Le regard de Rébéna passa de l’un à l’autre tandis que la boue qui couvrait la majorité de son corps commençait à goutter de manière abondante sur le sol depuis ses avant-bras.

-Déguerpissez avant de le regretter…

Les deux loustics s’échangèrent un regard, puis d’un commun accord décidèrent de prendre leurs jambes à leur cou… Tout du moins pour l’instant. Ils n’allaient pas mettre en danger leur avenir dans un tel moment : il valait mieux revenir pour prendre par surprise cette femme qui les avait épié. C’est ainsi que les deux frangins se perdirent dans les champs en discutant. Arrivés en trombe non loin de l’endroit où Milou se trouvait, la discussion audible pour la jeune pirate livrait quelques informations sur cette mésaventure et perturberait sa sieste.

-C’est qui celle-là ? pesta Ermann. Pas le choix, on doit l’éliminer.

-Tu es sûr de notre coup ? C’est pas la capitaine pirate dont les villageois parlaient ce matin ? Tu sais celle qui à fait du remu ménage en arrivant sur le dos d’un monstre marin sur l’île ?

-Je suis sûr que le bouche à oreille à exagérer cette histoire. Si elle se trouve sur cette île elle doit pas être si terrible que ça, puis qu’est-ce que ferait une capitaine de Grandline dans ce trou paumé ? On arrive dans son dos et on la poignarde. Le tour sera joué comme ça.

-Et si elle a un équipage avec elle comment on s’en charge ? s’interrogea Normann.

-T’inquiète. On est des criminels balèzes, c’est pas un équipage pirate qui va nous faire peur ! Et après ça, zouuuuu on file vers Reverse Mountain et à nous Grandline !

À ces mots, ils se retournèrent pour filer droit en direction de l’endroit dont ils revenaient tout juste. N’était-ce pas une occasion en or pour Milou ?

Elle venait du Nouveau Monde… Oui elle venait d’un tout autre monde que les misérables racailles de cet océan cardinal ne pouvait imaginé. Elle faisait face à des défis dont ils n’avaient pas même la chance de faire face dans leurs cauchemars. Ces mers désolées et lointaines, là où l’anarchie et l’apocalypse étaient le quotidien des forbans s’étant eux-mêmes couronnés seigneurs des eaux, nécessitaient des capacités faisant d’une tentative d’homicide en plein sommeil un défi à relever parmi tant d’autres. Le fluide de l’observation de la Té Ra l’avait alerté sans grande difficulté de la menace ridicule qui s’approchait et, pour tout dire, elle était même parvenu à sentir qu’ils avaient fait demi-tour après leur rencontre avec elle. La Navarque attendait le dernier moment pour que son jugement tombe telle la lame du bourreau sur la nuque du condamné. Pourtant une autre voix portée par des sentiments bien différents les accompagnaient. La rousse patientait, assise en position du lotus, se demandant ce que cette contrée pouvait bien lui réservé. Les mers les plus calmes pouvaient cacher en leurs seins des surprises bien intéressantes. C’est ainsi que finalement un Saïmiri surgit dans sa direction afin de l’alerter des ambitions machiavéliques des deux brigands qui s’étaient fait menacés un peu plus tôt. Mais pourtant, Rébéna ne bougea pas d’un pouce à ce moment-là.

-C’est quoi cette merde ? beugla Normann en envoyant un couteau de lancé pour tenter de blesser la créature qui venait de vendre la mèche.

C’est à ce moment là que l’originaire d’Himitsu Shima se mit en action. Dans un geste si vif qu’il fut imperceptible pour les personnes présentes, elle déploya son bras et vint saisir l’arme au vol. Ses doigts se refermèrent sur la lame métallique et empêchèrent celle-ci de continuer sa trajectoire vers le petit singe. Les deux malandrins clignèrent des yeux, le temps que l’information n’atteigne leurs cerveaux et qu’ils comprennent ce qu’il venait de se passer. Serrant sa poigne sur la petite arme, la flibustière des mers lointaines brisa en une centaine d’éclats l’acier et ce sans même avoir à employer son Raem, son Brise-Pression. Ouvrant finalement sa main, la rousse couverte de boue laissa les derniers restes du couteau choir dans le sol. Se levant finalement, la Té Ra observa son avant-bras et la paume de sa main ouverte. Les deux brigands furent témoins, tout comme Milou, de la teinte extrêmement sombre que prenait le bras de la femme. Mais qui parmi eux avait la moindre connaissance du haki de l’armement ?

-Ce n’est pas très sympathique de s’en prendre à une zoan comme ça.

Une voix présentant des sentiments humains dans un corps animal ainsi qu’une prise de parole clair, c’était de l’évidence et plus une déduction à ce stade. Levant son bras semblant gorgé de ténèbres en direction des deux individus aux primes ridicules, l’ancienne championne de la Salle de Combat laissa son fluide offensif jaillir de son corps et prendre la forme d’une explosion. Il s’agissait là de sa maîtrise avancé dudit fluide et même les logias ne pouvaient ainsi échapper à ce brasier dévastateur. Emis ici sous la forme d’un geyser, le feu vint toucher Normann qui fut traverser de part en part. Lâchant un hurlement démontrant toute la douleur que procurait pareil supplice. Suite à cela, Rébéna plongea son autre main dans le sol et en sortit… environ trois ou quatre mètres cubes de roche qu’elle balança comme s’il s’agissait d’une balle de baseball droit en direction d’Ermann qui, happé par ce « projectile » tenant plus de la météorite que du ballon, disparu du paysage. Alors que Normann, étendu au sol, tentait de ramper en quête d’une secours miraculeux mais en infectant sa blessure béante un peu plus à chaque mouvement, Rébéna se retourna vers le Saïmiri.

-C’est rare de voir des gens intervenir de cette manière par bonté d’âme par les temps qui court. Qui es-tu ?

La peur. La terreur. Il s’agissait de sentiments instinctifs, de comportements logiques face à une menace incompréhensible, innommable, qui était en mesure de réduire une vie à néant en un instant. Que la petite créature frétille sous les effets de la peur suite au terrifiant spectacle d’une domination unilatérale, dans laquelle la rousse n’avait engagé qu’un fragment ridicule de sa force d’une autre dimension par rapport à ses adversaires, était à vrai dire tout à fait rassurant. Ce n’était pas ce genre de psychopathe insensible ou de têtes brûlées prêts à bravés un défi insurmontable pour faire ses preuves.

-Oh, tu as déjà rencontré des énergumènes dans ce genre ? On en croise un bon nombre sur les mers avec le chaos qui règne, que ce soit des pirates malintentionnés ou des criminels issus de la pègre près à tout s’saccager, mais aussi des mercenaires n’ayant d’autres choix que de louer leurs services pour servir les ambitions et la vanité d’autres… Et certes je suis intervenue pour te sauver, mais tu as le potentiel qui sommeille en toi pour t’en sortir par toi-même le jour venu. Il suffit de croire en soit et de faire ses propres choix.

Rébéna avait toujours lutter contre le déterminisme. C’était à la force de sa seule volonté qu’elle s’était taillé le corps dont elle disposait et continuait chaque jour à repousser les limites de la nature afin d’atteindre les sommets, alors que son lignage était on ne peut plus banale et que ce n’était qu’une enfant parmi d’autres dans les taudis d’Himitsu Shima à sa naissance. C’était son mantra en quelque sorte, sa règle d’or : les gens doivent s’aider eux-mêmes, se sauver eux-mêmes de leurs conditions de vie. Compter sur une sauveuse miraculeuse revenait uniquement à repousser une échéance à la prochaine domination qui surviendrait. Les gens devaient choisir par eux-mêmes, luttés par eux-mêmes. Ce n’est qu’une fois le choix fait que la rousse pouvait apporter son concours et délivrer ceux qui le méritaient des tourments d’une tyrannie, mais en aucun cas elle n’offrait gratuitement une résolution salvatrice tombant telle un deus ex machina. Tous devaient faire montre de la volonté de s’en sortir par eux-même. C’était la même chose ici : exploiter le potentiel en son propre corps ne dépendait que de soi, et la plus belle des preuves de cette réalité était l’existence des haki de l’observation et de l’armement que tous être pouvait éveillé un jour, généralement après s’être donné les moyens d’atteindre un nouveau niveau de son existence.

-North Blue, tu viens donc de cette mer. J’y ai vécus plusieurs années dans un monastère, s’amusa celle qui y était devenu une des Psyjiques. En effet, je suis une pirate du Nouveau Monde. Je me nomme Rébéna Té Ra, navarque de la Ligue Egéenne de Milon.

Le nom que l’on se choisissait prévalait sur ceux que l’on recevait de figures parentales déchus et reniés. Arèsclès et Kassandra Alfitalia Cainéghys appartenaient à un passé lointain. Elles avaient effectués leurs renaissance sur cet océan septentrionale sous le nom de Rébéna.

-Je suis néanmoins venu seule ici. Les équipages sous mes ordres ont leurs propres aventures à vivre, leurs propres histoires à écrire et leurs propres mers lointaines à explorer, répliqua la lionne de feu à l’excitation de la zoan qui lui faisait face et qui semblait bien animé par une flamme de fascination et d’un désir d’aventure qui n’était pas sans rappeler la joyeuse et aventureuse naine Médolie Canondor à la Té Ra.

Finalement, la zoan reprit forme humaine, dévoilant les traits de son visage et la couleur de sa chevelure. Le choix de la prise de parole suivante surpris quelque peu la native de la contrée aujourd’hui sous le joug de Konan. Ces malfaiteurs avaient ainsi un plan pour le soir venu. Les paupières de la rousse se fermèrent.

-Ce soir ? … J’imagine que la floraison des orchidées des rêves doit être pour ce soir alors. Il s’avère que cette nation cache un secret. Ces fleurs spéciales dégagent un parfum lors de leur floraison, un parfum ayant certains effets hypnotiques et provoquant notamment l’oubli de tous les événements se déroulant durant les quelques nuits que dure l’événement. Il me semble que les criminels sont nombreux à profiter de cette occasion pour mener des activités totalement illégales, et même parfois attaqués des villages. Si les deux malandrins avaient un plan, cela devait être en lien avec ça… Et s’ils étaient certains d’eux c’est qu’ils n’étaient pas tout seul à s’être engagé dans une aventure pour la floraison des orchidées des rêves… Il se pourrait qu’ils se soient associés à d’autres malfrats, voire à un réseau de la pègre, afin de s’assurer des profits et préparer un départ pour Grandline, là où fuient généralement ceux ayant participer à ces nuits afin de s’assurer que la population les oublient complètement.

Ses yeux s’ouvrirent finalement à nouveau après ce bref plongeon dans sa mémoire concernant cet endroit. Ses prunelles se dirigèrent vers le bandit qui était trop occupé à souffrir pour se concentrer sur la conversation qui se déroulait non loin de lui. Ces moucherons pouvaient attirer d’autres moucherons pour nuire à l’entrainement de la Té Ra.

-C’est l’occasion de sentir ce parfum et de voir ce à quoi aspirent les criminels de cette année.

Finalement, elle décida de revenir à son interlocutrice, la traitant alors véritablement comme si elle avait sa polémarque Médolie en face d’elle.

-C’est une aventure dangereuse, mais pleine de péripéties et d’une découverte unique. Les orchidées des rêves ne poussent qu’ici, c’est la seule chance de faire l’expérience de ce parfum.

La flamme de l’aventure brûlait-elle véritablement dans le cœur de Milou ?

Être ou ne pas être, telle était la question. La rousse renchérit sans connaître les détails de la vie de son interlocutrice.

-Ne pas sentir la place que l’on a dans la hiérarchie est un péché mortel lorsque règne la loi de la jungle. Selon Phoenicia, depuis plusieurs siècles, l’individualisme l’a emporté sur le groupe. Autrefois, les hommes se définissaient par le groupe dans lequel ils se trouvaient et une personne n’étant intégré à aucun groupe n’avait pas d’existence sociale. Mais le fléau de l’individualisme est l’orgueil mal placé. Chacun se pense unique et cela aboutit à des idiots qui se croient les meilleurs, des êtres supérieures. Quelle bonne blague… Il faut mériter d’être supérieure.

Certains naissaient avec des talents particuliers certes, avec des prédispositions naturels, mais cela ne faisait que leur rendre le plafond de verre encore plus difficile à franchir. Quelqu’un qui avait passé sa vie à évoluer constamment, comme l’avait fait Rébéna, avait franchit chaque palier avec une détermination sans borne et ayant toujours consciences de ses limites à l’instant T. Pour survivre dans le monde des combats l’humilité était nécessaire pour ne pas se faire écraser avant d’avoir éclot et même maintenant qu’elle était à la tête d’un empire émergent il lui fallait écouter ses conseillers et envisager les possibilités qu’avaient ses rivaux. Sous-estimer un adversaire par orgueil c’était lui laisser des coups d’avance. Pourtant, la Té Ra était un monstre d’orgueil, convaincue de pouvoir franchir chaque échelon jusqu’au sommet de la chaîne alimentaire et d’écrire un mythe dont se souviendrait de futures générations, mais le réalisme devait être prégnant dans celui-ci si elle voulait demeurer la meilleure. Le monde n’est pas blanc ou noir, un véritable orgueil s’installe dans le gris.

-Oh une pirate, sourit malicieusement la fière navarque. Le tout c’est d’y aller étape par étape. Il ne faut pas laisser l’ambition consumer ta vie. Commence par explorer, vivre des aventures sur cette mer, comme celle d’aujourd’hui. Prépare-toi à vivre le grand voyage, la véritable aventure, celle qui attends sur la Route de tous les périls. Les Blues regorgent de mystères dissimulés, de coins cachés où des phénomènes uniques peuvent s’observer, des lieux tous droits sorties de rêves, mais c’est bien sur Grandline que tous cela pullule. C’est là où dorment les péripéties, où se trouve les aventures qui feront battre ton cœur et te nourriront d’adrénaline. De la même manière, ne te lance pas sur le Nouveau Monde avant d’être prête. L’impatience peut nous gangréner, mais chaque aventure peut être la dernière alors il ne faut pas se précipiter au risque de ne jamais en revenir.

Faisant vagabonder ses pensées, l’ancienne championne de la Salle de Combat d’Himitsu Shima laissa s’échapper quelques exemples.

-Il existe des îles dans le ciel dont le sol est fait de nuages, une île volcanique crachant pour seule lave des litres de peinture qui repeignent constamment cette île, une autre où le vent crée des chants plus magnifiques que ceux des hommes en passant dans les cavernes des immenses falaises et une légende parle même d’un pays entier construit sur le dos d’un éléphant. Certains disent parfois que la réalité dépasse la fiction… Alors si cela t’intéresse lit Brag Men. Les librairies des Blues te diront que c’est un roman d’aventure, mais les aventuriers connaissant bien Grandline savent bien que cela s’apparente davantage à un journal de bord.

Puis vint le moment de savoir si Milou était prête à vivre une aventure en cette contrée des orchidées. L’enthousiasme débordant que manifesta la petite créature rappelait à Rébéna les réactions de Médolie. Rare étaient les pirates parvenant à conserver l’excitation des jeunes années. Un vieux aigri comme Hadès Tenryon avait sûrement perdu son âme d’aventure, l’équivalent de l’âme d’enfant mais pour les pirates. Cela faisait toujours plaisir de voir la motivation qui régnait chez les nouvelles générations prêtes à s’élancer sur les mers. Si l’on pouvait remercier Gol D. Roger d’avoir lancer l’âge d’or de la piraterie, c’était bien pour la naissance de telles passions. Et en parlant d’enfant, la jeune demoiselle voulait visiblement que la fière championne lui serve de guide. L’innocence de la jeunesse avait quelque chose d’attendrissant, mais de toute manière la Té Ra désirait sentir par elle-même ces senteurs des orchidées.

-Je vais aussi être de la partie. J’ai bien envie de savoir ce qui se trame ici.

Se levant, Rébéna invita Milou à la suivre, quitte à ce que cette dernière grimpe sur elle, mais la navarque ne l’aiderait pas à le faire dans ce cas.




Les heures passaient et aucune nouvelle des deux idiots n’arrivait.

-Ils vont nous lâcher ces deux crétins… Tant pis, dès qu’on sait où il se trouve, on les fait égorger.

Le grand patron de la Mafia des Cicatrices Sanglantes était arrivée quelques jours plus tôt. Depuis que la situation était devenu instable au sein de la pègre de Mirror Ball, le fringant « Blood » Barker avait décider de s’expatrier dans un autre océan pour relancer ses affaires sur de nouvelles bases. Le conflit entre la Marine et l’Inquisition sur North Blue était prometteur après tout pour tirer son épingle du jeu. Le balafré n’était pas enfant de cœur. C’était avant tout un trafiquant d’armes qui fournissait tant les révolutionnaires que la Marine. Ancien révolutionnaire lui-même, il avait été membre de la Révolution Extrémiste de Sayouri Taka et avait participer à sa façon à l’opération mené à Water Seven en collaboration avec Ren Tao et Shadow Ghost. Néanmoins, la mort de leur leader après son ralliement à Centes Décima avait poussé l’homme d’affaire à reconvertir ses actions pour devenir un pur hors-la-loi. Officiellement patron de Bok And Bond Corporation, il camouflait de moins en moins ses activités, au point que les concurrents de son entreprise craignaient d’entrer en conflit avec lui… Après tout, plusieurs d’entre eux avaient été retrouvés sauvagement assassinés et la froideur de Barker face à ces événements n’incitait pas à avoir confiance en son humanité. Les balafres sur son visage, souvenir du précédent parrain de cette mafia, celui qu’il avait renversé et fait écarteler en vengeance de ces cicatrices, le grattait de temps en temps, mais l’heure n’était pas à tergiverser aujourd’hui.

-Vous deux, c’est aujourd’hui ou jamais. Si on ne frappe pas un grand coup, on restera une organisation de seconde zone.


-Si ça peut te faire plaisir patron, siffla Ashned.

Cet individu, officier de la Marine ayant peu fait parler de lui, était bien le bourreau au service de « Blood » Barker. C’était même davantage que cela, derrière son apparat de gentil lieutenant de la Marine le jour se cachait un macabre tueur en série la nuit, un tueur frappant impulsivement et sans distinction, laissant sa marque distinctive dans la chair des cadavres et lui avalant son surnom de « All Scars ». Ce tueur en série était d’ailleurs recherché pour 25.000.000 de berrys. Dommage pour ses camarades de dortoirs qui ignoraient vivre dans la même pièce que ce monstre qui admirait Sairento Satsujin.

-Ma lame suivra toujours vos ordres, ajouta Yatanahi.

La Tatoueuse était une ancienne esclave sauvée par Barker lors d’une opération de la Révolution extrémiste. Depuis lors, c’était devenu son bras armé sur le terrain. Pour ne pas dévoiler son identité, le parrain ne pouvait pas prendre part aux opérations en général. C’était donc elle qui recevait les ordres et dirigeait la majorité des coups de la mafia. Bien entendu, elle était également celle qui tatouait le signe distinctif du clan sur le torse de chaque membre. Fière de ses compétences au sabre, elle suivait aveuglement son sauveur en raison de la dette qu’elle avait envers lui et, après avoir tant souffert de l’esclavage, se moquait bien que des humains souffrent de ses propres actions. Primé à 17.000.000 de berrys, elle n’en demeurait pas moins une redoutable épéiste pour North Blue, ayant même mis en échec le colonel Jodova lors d’une opération à Seppen Town.

-Il est l’heure d’y aller les gars, conclut le parrain en se dressant de ses trois mètres de hauteur et en laissant sa cape flotter dans son dos pour ajouter à sa prestance.

-Vous avez l’allure d’un Edward Lawrence, s’amusa Ashned.

-Ferme-là le meurtrier, déclara Barker en claquant la langue, agacé que ce malotru impulsif ne remu le couteau dans la plaie de sa jalousie pour celui qui était devenu un célèbre capitaine au service d’Erika Orato.




Le soir arrivait enfin. Les couleurs crépusculaires embrasaient le ciel dans un galant spectacle digne de la toile que l’on trouvait dans la bibliothèque de Lunas, le fameux Soleil couchant du nord de Théodoric Gothingen. La plantation d'Orchidées des Rêves se trouvait sur le versant du volcan orienté vers le village de Makakalikasan.

-Tu vois les gens s’activer là-bas ? Ils préparent leurs fameuses ventes aux enchères je suppose. S’il y a un gros coup à faire, j’imagine qu’un groupe criminel va tenter de devancer tous les autres pour s’emparer de tous le butin.

En effet, en observant l’activité du petit village, on pouvait remarquer une sorte de marché nocturne qui se mettait en place, des estrades, des échoppes et d’autres structures éphémères qui permettraient de présenter des produits illicites une fois la nuit tombé. D’ailleurs, les premières orchidées des rêves commençaient à éclore. C’était encore très léger, une par ici, une à l’autre bout de la plantation. Mais l’odeur commençait déjà à s’intensifier. Les particules pénétraient les narines des deux femmes et laissaient la senteur envahir les récepteurs olfactifs, s’imposant dans les pensées pour submerger la conscience et préparer le futur oubli programmé par le pouvoir étrange de cette plante.

-J’imagine qu’un parfum fait à partir de cette fleur est encore le lot principal des enchères. Je comprends pourquoi…

En guise de réponse à l’ultime question de son interlocutrice, la dame à la crinière flamboyante avait hoché la tête afin de confirmer l’existence des lieux qu’elle venait de mentionner, dont les îles célestes d’où provenait d’ailleurs Ishtar De Lérhane, la disciple que la navarque formait. En tout cas, le temps était venu de mettre un point final aux machinations puérils et inutiles qui gangrénaient la nuit qui s’annonçait. La pègre jouerait à nouveau des coudes pour tenter de s’insinuer une nouvelle dans les interstices que les systèmes nationaux avaient à offrir. La nuit des orchidées. Astucieux mais cela gâchait la poésie que l’on pouvait tiré de ces instants. Néanmoins, c’était d’autres personnes qui pouvaient se laisser attendrir par le parfum suave et exaltant de ces fleurs fantasmées. La Té Ra, avec Milou sur l’épaule, traversait l’espace et le temps en bravant les chaînes de l’émotion mentale, s’affranchissant des poids morts qui pouvaient retenir son bras armé face à l’adversité, peu importe ce qui constituait ladite adversité. Les particules de pollen des Orchidées des rêves s’étendaient comme un brouillard, annonçant qu’ils recouvriraient bientôt une large partie de ce pays. Mais pourtant, Rébéna ne s’arrêta pas à l’orée de ce voile qui s’étirait, elle le traversa sans crainte, sans un instant d’hésitation. Comme lorsque l’on pénètre à Dreams Island, il fallait s’imposer dans l’univers irréel qui se cachait dans ce qui serait un rêve lointain au petit matin.

-Nous voilà à Makakalikasan…

Les étals venaient garnir les rues du village traditionnelle, qui s’était beaucoup moins modernisés qu’une partie du littoral. Les demeures étaient en bois, les toitures faites majoritairement de paille, l’isolation préparé artisanalement. Des vieillards préparaient une spécialité gastronomique locale dans des grands bacs. La marinade, composée du vinaigre, de sauce de soja et d'ail doré dans l'huile, semblait s’épaissir à mesure que les grands-parents faisait revenir la mixture, attendant avant de faire mijoter les fruits de mer et les légumes dedans. Rébéna, bien loin d’être une spécialiste culinaire, ignorait que ce plat portait le nom d’adobo, mais elle saisissait au moins que ce serait ce qui serait servit cette nuit pour manger lors de ce « festival » de la vente aux enchères.

-AREEE YOUUUU READYYYY ?!

Depuis une estrade, un homme en costume traditionnel de Pa no Kuni chauffait une foule composé manifestement de beaucoup plus d’étrangers que de locaux. Ces derniers étaient en effet beaucoup plus impliqués dans l’organisation de l’événement puisque c’était le moment de l’année où ils pouvaient gagner des revenus supplémentaires pour rendre leur vie plus appréciable qu’avec la seule exploitation des cultures vivrières. Les acheteurs levèrent leurs pancartes pour indiquer qu’ils étaient prêts. La plupart se montraient très sérieux et ne s’investissaient pas dans l’aspect festif que les habitants cherchaient à donner à la fête.

-Nous allons commencer cette vente aux enchères par une mise en bouche : la cargaison de contrebande issu du naufrage de l’Increman, le navire hors-la-loi coulé sur nos mers par le Contre-Amiral Jack Frost. Nous avons ainsi à disposition tout un lot de contrefaçons, de sacs et de vêtements notamment se faisant passer pour du Dosukoi Panda, dont vous pourrez tirer de biens tendres bénéfices en les vendant au prix des produits de luxe qu’ils imitent.

La rousse observait l’assistance tandis que les premières pancartes se soulevaient, signe des premières enchères. Rien d’anormal pour l’instant, mais c’était normal que s’il devait se passer quelque chose, cela arrive aux moments des produits les plus importants. Le soucis était que le binôme ignorait quand ceux-ci seraient présentés.

-Attendons de voir le moment qui pourrait tourner à la pagaille avant d’agir. Vu le monde attroupé et les gens armés présents, si les choses dérapent cela pourrait tourner à la bataille rangée et à l’effusion de sang.

Suivant les mouvements de la maudite avec son fluide perceptif, Rébéna ne broncha pas. Si elle désirait voir d’un peu plus prêt la situation, s’intéressée à ce monde nocturne qui vivait à son rythme, libre à elle. De la manière qu’un élément du quotidien peut paraître exotique pour quelqu’un provenant d’un pays lointain, aller à la découverte de ce que l’on ne connait pas impliquait faire face à ceux pour qui tout cela était parfaitement normal. Avec son expérience, pour la rousse tout ceci n’avait rien de bien fascinant. Si les orchidées en elles-mêmes avaient leur charme et certains paysages de l’île étaient beaux, comparaient à certains des paysages de Grandline cela n’était rien de plus que de la normalité. Elle n’allait donc pas gâcher ceux pour qui tout cela relevait de l’événement majeur, d’un moment unique. La navarque restait là à observer, de sa prééminence dans la chaîne alimentaire elle ne se sentait aucunement menacé, quand bien même des dizaines de personnes armées se trouvaient autour d’elle. Aucune menace ne semblait véritablement être en mesure de mettre à l’épreuve son corps et sa volonté impériale. Telle une tour de contrôle observant son environnement, la Té Ra essayait de suivre les mouvements du plus de personnes possibles. Finalement, Milou revint vers elle, mettant un terme à sa petite échappée dans la forêt de jambes.

-On ne peut pas parler de guerres, mais avec les gredins présents ici il y a toujours à craindre comment les choses peuvent tourner.

Il existait autant de types de criminels que de type de justicier. Que ce soit dans la piraterie, la pègre ou la Marine, il y avait des tyrans, des héros, des protecteurs, des destructeurs, des cupides… Mais ceux qui saisissent certaines opportunités de faire le mal sont souvent de certains profils particuliers. Après tout, comme disait un célèbre avocat autrefois « Si vous voulez faire le mal, faites le bien. » Statistiquement, certaines personnes présentes devraient quand même être humanistes et empathiques, mais se préparer au pire permet toujours de faire face aux dangers avec plus de simplicité.

-Non ça devrait…

Rébéna ne termina pas sa phrase, car en suivant la voix de Milou grâce à son haki de l’observation, elle remarquait que l’attention de la zoan s’était tournée vers tout autre chose. Se reconcentrant sur ce qui l’entourait, la Té Ra se demande si en effet elle n’aurait pas dû emporté un peu plus d’argent lors de son départ du Nouveau Monde. Un milliard ou deux en lettres de change au cas où il y avait un soucis quelque part. Ce n’était pas grand-chose dans le budget de la Ligue Egéenne de Milon après tout non ? Milou revint finalement et découvrit devant les yeux de la rousse un petit papillon qui fut ainsi libérer. Avec des réflexes surhumains, propre aux grands de ce monde, la navarque attrapa entre deux doigts la créature qui essayait de s’échapper et la redéposa dans les mains de la Saïmiri.

-Si tu ne veux pas le laisser partir, fais attention. Dans le cas contraire, regarde le profiter de sa liberté.

C’est alors qu’une nouvelle personne arriva alors que l’on se disputait des bouteilles de vins volés à Micqueot.


Un individu en uniforme de Marine s’approcha, générant certaines craintes au sein d’une partie de la foule, mais ce dernier chercha rapidement à calmer le jeu.

-Je vais veiller à tous ce que passe bien, mais rassurez-vous, je ne vais pas vous dénoncer. Moi aussi je compte participer aux enchères voyez-vous.

Rébéna fronça les sourcils.

-Ce n’est pas normal.

Yatanahi apparu alors sur l’estrade apportant le lot suivant au présentateur qui enleva le drap cachant l’objet.

-Le prochain lot sera une bombe artisanale parfaite pour faire sauter un coffre-fort d’une banque ou pour ce que vous voudriez bien en faire ! Les enchères commencent à 2.000.000 de berrys.

Décidément, la marsupiale avait bien du mal à tenir en place et conserver son attention focalisé plus de quelques instants. Cela lui rappelait le comportement de certains Tontatta lorsqu’ils sortaient de leur monde et découvraient le reste de l’humanité. Ses mouvements de va et viens montraient ses hésitations et son indécisions. Cela avait un côté mignon en soit, mais cela démontrait surtout qu’elle n’était pas encore prête pour affronter les plus grands périls qui se dresseraient sur sa route si Milou poursuivait ses aventures jusqu’à Grandline. Quoi que… Parfois des aventuriers chanceux parvenaient à survivre longtemps. Mais peut-être n’avait-elle pas autant de chance étant donné qu’un homme ne tarda pas à lui rentrer dedans à force d’effectuer des mouvements erratiques. Celui ne tarda pas à considérer que l’animal était en fait un zoan. Cela signifiait que c’était quelqu’un en ayant déjà croisé et qui ne considérait pas les fruits du démon comme une légende, quelque chose que l’on pouvait croiser pratiquement que sur les Blues. Milou revint ainsi rapidement vers la femme à la crinière flamboyante qui ne se fit pas prier pour jeter un regard dédaigneux au malandrin. S’approchant d’un pas, elle le toisa.

-Avant d’être une zoan, c’est une personne. Ne laissez pas les malédictions définir ce que les gens sont. Toucher à un poil de cet animal et je vous ferai comprendre cette vérité.

L’homme ne s’était fait connaître qu’au travers d’une intervention, un commentaire même. Mais par ce biais la Té Ra espérait surtout apaisé la petite créature qui se servait d’elle pour se cacher, histoire de pouvoir se concentrer à nouveau sur ce qui l’avait conduit ici. Le brigand en question haussa les sourcils, prenant mal la remontrance et l’intervention qui semblait peut justifier…

-Pour qui vous vous…

Rébéna ramena ses iris vers lui, le transperçant de part en part d’un regard noir dont émanait une sévère envie sanguinaire, un besoin cathartique soudain de fracasser ce qui se trouvait devant elle. Par instinct, la malotru sentit une bouffée de chaleur monter, son front suant à grosse goutte tandis qu’il tombait sur les fesses, terrorisé sans vraiment comprendre pourquoi, par ce simple regarde de la femme à qui il s’adressait. Se redressant en panique, il s’éloigna au plus vite, sous le regard d’autres spectateurs qui ne comprenait pas les motifs d’une telle fuite. Certains s’interrogeaient, se demandant si l’individu était malade, d’autres s’il avait oublié quelque chose. Milou ne tarda pas à profiter de la présentation de la bombe pour questionner sa sauveuse. Cette dernière fut si surprise par la candeur de l’idée première que présentait Milou et par sa recherche d’une action accomplir qu’elle ne put retenir un sourire.

-Eh bien. À vrai dire j’attends que ceux qui préparent un mauvais coup se découvrent pour être certaine de tous les attraper ensemble. D’après leurs voix, je dirais que le Marine et la femme qui vient d’apporter la bombe sont traversés par trop de sentiments différents des autres pour ne pas tramer quelque chose. Néanmoins, il y en a peut-être encore quelques-uns qui peuvent sortir de n’importe où. Une fois que je penserai avoir repéré assez de cibles, j’irai les envoyer valdinguer en l’air comme tu dis. Je peux t’en laisser un si tu souhaite faire quelque chose en particulier ? Après, je ne compte pas voler les biens de qui que ce soit. Rien ne m’a attiré l’œil, tous cela me semble assez insignifiant par rapport aux ressources que la Ligue possède, avoua-t-elle.

Il fallait dire que Rébéna, au travers de la Compagnie Hellène des Indes Equatoriales, était à la tête d’un empire commercial surpuissant qui était en mesure de fournir l’Armada Egéenne tant en vivre qu’en navires ou en armes. La Ligue n’était pas dépendante de commerces extérieures, elle pouvait faire beaucoup en vase clôt. Il n’y avait bien que des ressources et marchandises exotiques qui pouvaient susciter son intérêt. Néanmoins, elle n’était pas assez coquette pour acheter un de ces parfums aux orchidées. Tout son être était tourné vers l’apprentissage du combat. Phoenicia Onassis, l’une des Trois Cyclopes Ouraniens de la Ligue et la femme chargée de la politique et de l’économie au sein de la Ligue, aurait peut-être eu d’idées de choses à faire avec certains produits ici présent, mais ce n’était pas dans les motivations de la Té Ra de faire cela.

-Est-ce que tu as une idée de quel ennemi tu aimerais affronter et ce que tu compte faire pour la battre ? Prépare plusieurs stratégies et idées avant de se jeter dans un combat est toujours une bonne idée, plutôt que foncer tête baissé.

Alors que Rébéna observait avec détachement les réactions de Milou, elle pensa que plus la zoan agissait, plus elle ressemblait à Zylphia. Cette petite gouvernementale avait néanmoins disparu il y a plusieurs années déjà et la Té Ra la connaissait surtout à travers les récits d’Ishtar, mais la seule fois où la rousse avait rencontrer la petite « fée » son comportement était véritablement dans la même vaine que celle-ci. Une forme d’innocence, presque une jeunesse intrinsèque et symbiotique de leur manque d’expériences et de leur découverte d’un monde si vaste que la majorité était une inconnue. Milou parvint finalement à se calmer, permettant à Rébéna de se reconcentrer sur ce qu’elle faisait ici. Ce n’était pas comme si c’était vital. C’était presque un geste philanthropique de bon samaritain, elle aurait très bien pu passer son chemin et s’en aller, mais se dégourdir les poings de tant en tant faisait du bien pour la pugiliste ancienne championne de la Salle de Combat d’Himitsu Shima. Le petit jeu mental de la Green pourrait certainement la rassurée car la rousse n’y réagit en aucun cas : si certains maîtres du haki de l’observation se spécialisaient effectivement dans la lecture mentale, la voie de Rébéna était tout autre. Faisant partie des très rares cas de personnes nées avec un haki déjà éveillé, à savoir celui de l’armement dans son cas, c’était dans celui-ci que la lionne de feu s’était spécialisé et avait atteint des sommets. Rare étaient les haki de l’armement à pouvoir passer le sien, la majorité se trouvaient sur le Nouveau Monde, à Marijoa ou au sein de l’Amirauté… Et si elle continuait sur cette voie, bientôt seul les yonkous seraient à son niveau. Milou expliqua ainsi sa petite stratégie de combat normal, jouant sur la ruse puisque ne disposant pas de capacités martiales selon ses propres dires… et comme cela transparaissait physiquement.

-C’est déjà ça. Mais ce n’est pas cela qui troublera une personne maîtrisant comme moi le fluide perceptif. Faire le mort ne sert à rien contre nous car nous sentons que les personnes sont encore en vie. À la limite, se planquer dans une pile de personnes mourantes peu fonctionner, mais s’il s’agit uniquement de cadavres non.

On en venait ensuite à la question du manque de vocabulaire. Les gens qui venaient de quitter leur île d’origines avaient souvent ce problème, mais pour ne pas connaître le mot « stratégie », Milou devait venir d’un coup à l’abri des affaires militaires.

-Oui c’est comme un plan, mais assez élaboré et généralement pour se confronter à quelqu’un. C’est très employé dans le domaine militaire ou martial, mais on peut y ajouter un adjectif si on veut spécifier de quel domaine on veut parler.


Le grand gaillard filiforme ne passait pas inaperçu avec ses deux mètres de hauteur et ses balafres apparentes. Son air agressif dès son apparition poussa pas mal de monde à se méfier de lui, mais les regards se tournèrent à nouveau vers l’estrade où un nouveau lot était présenté suite à la vente de la bombe en même temps que le groupe de musique animant la soirée changeait de chanson. Les conspirateurs qui avaient préparés leurs coups avaient en réalité piéger cette bombe pour qu’elle se déclenche d’ici peu et sème le chaos dans la vente, leur offrant l’opportunité de rafler la mise. Le nouvel objet présenté était en effet un canon à dials volé à Dialo Fusion Company et capable de faire des ravages. C’était une arme de destruction très pratique pour nombre de gredin et Barker comptait bien s’occuper de récupérer celui-ci quand ses camarades voleraient le plus d’autres marchandises possibles. Sifflant, il fit passer le mot à ses subalternes que l’heure d’entrer en action était venu.

-C’est l'heure, déclara alors Rébéna qui fut la première agir et arriva directement au niveau de la bombe acheté qu’elle pulvérisa en un seul coup de poing, détruisant toute l’électronique à l’intérieur ce qui empêcha son activation.

Suite à cela, la Té Ra sauta sur l’estrade en donnant un coup de pied aérien Inamo Yatanahi qui dans le même temps dégainer son katana. Son visage déformé par l’assaillante, la mafieuse se retrouva propulsé des dizaines de mètres plus loin en laissant derrière elle une trainée de dents. Frappant le vide, un poing d’air se dirigea vers les jambes d’Ashned qui commençait à s’en prendre au public. Fauché dans son mouvement, il ne put rien faire quand Rébéna arriva à son niveau et lui donna un coup de genou qui lui fissura le crâne et l’envoya chez Morphée. Enfin, elle se tourna vers Blood Barker qui venait de tuer quelqu’un avec des dagues, avançant doucement, elle le rattrapa en un bond quand celui-ci abandonna finalement le combat pour tenter de fuir. Un coup du tranchant de la main en plein nuque suffit à l’étaler au sol au milieu de la foule paniquée.

Le combat, si on pouvait réellement appeler cela ainsi puisque pour la Té Ra cela ne faisait même pas office d’entrainement vu l’écart de puissance, touchait à sa fin. Observant les alentours, la rousse nota que certains membres de la bande de mafieux avaient commencés à agir avec leur patron mais qu’ils avaient rapidement prit la poudre d’escampette en voyant la déroute qui se présentait. Il n’avait fallut que quelques secondes pour retourner la situation, mais le calme n’allait pas forcément revenir dans toute la foule tout de suite. Il fallait le temps que les gens se rendent compte qu’il n’y avait plus de danger, sachant que la panique des voisins pouvait alimenter la propre panique d’une personne. Ce n’est pas pour rien que les mouvements de foule pouvaient conduire à des morts par piétinement. C’est ainsi que la rousse leva la jambe à la verticale pour l’abattre sur le sol avec violence, générant un vacarme assourdissant ramenant le calme tout en créant cratère autour d’elle. Par ce geste, elle ramenait le calme en générait une peur qui paralyserait beaucoup de personnalités présentes assez de temps pour qu’ils se rendent compte que tout allait pour le mieux, même si vu le nombre de criminels présents cela pouvait repartir d’un moment à l’autre. Voyant que malgré tout, le silence revenait autour d’elle, Rébéna se pencha pour attraper le corps inconscient de Blood Barker qu’elle souleva afin de le poser sur son épaule, le portant comme s’il s’agissait simplement d’un sac de pommes-de-terre. C’est à ce moment là que Milou revint finalement vers elle, montrant un bout de chair qu’elle était parvenu à arracher à un malandrin durant les affrontements. D’après la voix qu’elle avait ressentis, c’était certainement celui qui avait détaler précédemment en suivant certainement son instinct qui lui disait de fuir la prédatrice.

-Finalement tu as réussi à te mettre un adversaire sous la dent… Littéralement.

Restant impassible en dépit du fait qu’elle venait de faire une blague, tapotant son épaule, l’Alpha Predator invitait la marsupiale à grimper et se tenir à côté de sa tête. Ce serait plus simple pour discuter. En attendant, son regard passait d’un criminel à l’autres. Certains discutaient à l’écart, revoyant certainement ce qu’ils étaient venu acheter ici pour voir si ça valait le coup de rester ou se demandant s’ils auraient tout ce qui leur fallait pour ce qu’ils comptaient faire après cet événement. En tout cas, l’un des organisateurs s’approchaient pour remercier la rousse qui avaient plus ou moins sauver leur événement.

-Veuillez accepter…

-Désolé, cela ne m’intéresse pas et j’ai d’autres choses à faire. Simplement, si quelqu’un parmi vous pourrez nous conduire au champ des Orchidées des Rêves qui ont éclot.

-Euhhh oui c’est possible madame.

S’inclinant, le membre du staff fit un signe à sa femme, une agricultrice locale, qui se rapprocha et salua la Té Ra ainsi que l’animal qui l’accompagnait.

-Allons-y.

Suivant les chemins dans les cultures, Rébéna sifflotait, mais si Milou voulait poser des questions à l’insulaire qui les guidait, elle avait le champ libre avant qu’ils arrivent à destination.

La Saïmiri s’agitait beaucoup sur l’épaule de la flibustière, mais cette dernière n’en prit pas la mouche. En un sens, cela pouvait être pris pour une forme de massage non ? En tout cas, il était clair qu’elle était impatiente d’aller à la découverte des fameuses fleurs propres à ce pays et la cause d’amnésie. C’était d’ailleurs amusant de noter tant d’impatience pour quelque chose dont on risquait ne plus avoir de souvenirs d’ici peu. Quelle serait la réaction de ces hors-la-loi qui avaient perdu lorsqu’ils se réveilleraient sans souvenirs de leur défaite mais avec celui de leur plan prêt à être appliqué ? La navarque aurait bien aimée voir leurs têtes. C’est alors que Milou quitta son épaule pour avancer, encore plus impatiente que Rébéna ne pensait qu’elle l’était. La petite zoan s’en alla de l’avant pour devancer la petite troupe mais se décida finalement à faire volteface pour revenir rapidement à la position initiale. La Té Ra l’observa reprendre forme humaine et s’interrogea sur ce choix, ou plutôt sur le fait de le faire maintenant. Si la pirate restait de marbre, l’agricultrice elle manqua de tomber sur son postérieur, tressaillissant à la vue de la transformation et bégayant quelques mots avant de comprendre qu’il devait s’agir d’un de ces fameux fruits du démon. Sur de nombreuses îles des Blues, les fruits du démon relevaient encore de la légende, et pourtant ici ce n’était pas la première maudit à passer par cette île, attiré par ces ventes aux enchères. Néanmoins, c’était rare de voir les pouvoirs à l’action et donc peu d’habitants avaient été confrontés à la réalité du pouvoir de ces fameux fruits du démon.

-Euhhh oui oui, je suis natif de cette île. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui quittent une autre île pour émigrer ici. La plupart des locaux sont des insulaires nés ici. Comme vous, ceux qui viennent d’ailleurs sont généralement simplement de passage, en simple voyageurs ou pirates.

C’était le cas pour beaucoup d’îles à vrai dire. On croisait beaucoup de monde sur les mers, entre ceux qui cédaient à l’appel de l’aventure, les marchands audacieux, ceux luttant pour une cause révolutionnaire ou à l’inverse les personnes s’engageant dans la Marine. Mais quand on se penchait en conséquence sur les habitants des royaumes, la plupart étaient des natifs justement. Les voyageurs qui allaient de par le monde ne s’arrêtaient pas en cours de route, ils vivaient en nomade. La seule exception à cela se trouvait dans le Nouveau Monde, là où des équipages pirates se sédentarisaient en rejoignant l’un des Empires Pirates. Honeycomb, la Ruche, l’île des Pirates, était par conséquent le contre-exemple puisque la majorité des résidents étaient des équipages se servant de l’île principale d’Hadès Tenryon comme base. Les autres QG de yonkou pouvaient ainsi avoir un rôle similaire, mais l’histoire  d’Honeycomb en faisait l’anti-modèle par excellence.

-Je suis originaire d’Himitsu Shima. C’est une île de Grandline où règne la pauvreté, la violence et la faim. La survie est un combat du quotidien là-bas. Se battre était un moyen de survivre et l’une de nos rares échappatoires était justement la Salle de Combat. On pouvait y affronter d’autres personnes devant un public qui misait sur le gagnant, c’était l’un des rares gagne-pains d’Himitsu Shima à l’époque, bien qu’aujourd’hui Konan se soit installer là-bas et a apporté quelques changements. Mais enfin c’est comme ça, lorsque l’on a rien, on fait comme on peut. J’ai finis par quitter l’île justement à l’arrivée de Konan pour ne pas devenir une de ses larbins et j’ai commencé mes aventures à travers le monde à ce moment-là.

Elle n’avait pas énormément de bons souvenirs de sa terre de naissance, c’était assez évident.

-Et toi alors ?

Puis Milou resta tout autant active, s’émerveillant avec sa candeur habituelle de tout et de rien, en bonne ingénue qu’elle était. Mais, la petite troupe arriva finalement sur le versant d’un volcan éteint, là où se trouvait l’une des plantations de ces orchidées des rêves qui s’étendaient presque à perte de vue, se dévoilant enfin avec cette floraison qui n’arrivait qu’une fois par an.

-Je me laisserai guider par les courants marins puisque je n’ai pas de destination fixe actuellement. À ma connaissance, personne d’autre ne fait ça, mais je nage d’île en île. Je considère que cela me permet de me maintenir en forme, un peu comme quelqu’un qui irait travailler en faisant de la course à pied. Enfin, il s’agit pour moi d’une petite balade à travers North Blue actuellement. Au moins, je ne dépense rien pour voyager. Si je ramenais l’un des navires de la flotte il faudrait se charger de l’entretien, et je préfère les laisser à l’Arsenal où j’ai davantage confiance dans les compétentes des charpentiers et du matériel. Et sinon, je devrais payer ma présence à bord d’un navire. Certains doivent même engager des mercenaires pour se protéger durant les trajets. Les mers ne sont pas très sûrs après tout. C’est encore plus le bazar depuis que Roger a fait son annonce sur le One Piece…

Soudainement, plusieurs individus s’interposèrent soudainement, contraignant la petite troupe à se figer momentanément pour observer les agresseurs. L’agricultrice prit rapidement peur : sans défense, une telle menace ne pouvait pas être ignoré pour elle, surtout avec le surnombre qui était en défaveur du trio. Là où Milou analysait en détail les armements des ennemis, Rébéna se contenta d’un coup d’œil pour saisir l’arsenal de chacun et jugeait du positionnement qu’ils allaient mettre en place pour attaquer. La marsupiale zoan ne tarda pas de son côté à grimper sur le dos de la navarque, certainement pour s’en servir afin de sauter sur l’adversaire. La Té Ra de son côté se mit donc en action pour venir saisir avec une seule main le canon de l’arme à feu, offrant l’opportunité attendu par Milou de bondir sur son adversaire désigné. Rébéna quant à elle tordit ladite arme à feu juste après que la bandite appuyait sur la gâchette. La balle vint s’éclater sur une plaque de haki de l’armement, ne laissant aucune trace de son impact sur le corps de la rousse qui balança sur le côté l’arme qui était désormais inutilisable. L’agricultrice était désormais hors de danger. Balayant les environs à l’aide de son fluide perceptif, la navarque comprit la situation de la jeune pirate qui s’engageait dans un affrontement chaotique, plus instinctif que raisonné, rappelant quelque peu le fameux style de l’homme ivre.

-Et si j’en profitais pour essayer…

Un souvenir lui revint à l’esprit.




Plusieurs années auparavant...

-Soit plus concentrée ! rouspétait Koguryo, assise en position du lotus, se tenant dans le vide avec ses genoux reposant chacun sur un bambou de deux mètres de hauteur, ses kiminos tombant en rideaux de soies depuis sa position en hauteur.

Rébéna, qui était encore appelé Kassandra à l’époque, souffla du nez, repoussant plusieurs mèches rousses qui étaient venu se coller sur son visage à cause de la sueur. Elle ressortait tout juste d’un affrontement contre Leng Xaoxing, qui passait désormais un petit séjour à l’infirmerie de la Salle de Combat. La championne avait triomphé sans trop de problèmes, néanmoins elle s’était faite la remarque que la technique pure du martialiste l’avait quelque peu dérouté à un moment donné. Koguryo lui avait alors proposé de lui expliquer quelques bases, sachant que la Iojowatani était une experte reconnue à la Salle de Combat ayant des connaissances dans plusieurs arts martiaux. Elle n’avait pas encore sa future réputation à l’internationale qui la conduirait à intégrer les Hécatonchires de la Ligue Egéenne de Milon un jour, mais ses compétences se forgeaient déjà à l’époque. De ce fait, c’est bien cette martialiste qui donna des nouvelles bases de rigueurs à Rébéna, bases qui resserviraient plus tard à son arrivée chez les Wans.

-Comme ça ?

Le poing de « Kassandra » trancha l’air, suivit rapidement d’un second, puis de mouvements de pieds, le tout tentant de s’organiser pour former un kata.

-Je suis beaucoup plus instinctive pour l’instant que porté sur de la technique des mouvements. Je n’arrive pas à être précise, s’auto-analysa la future navarque.

Lâchant un petit soupir, Koguryo s’élança en salto depuis les hauteurs, effectuant des vrilles en l’air telle une plongeuse. Atterrissant sur ses deux pieds joints dans le couloir de l’arène d’Himitsu Shima, la Iojowatani se mit en garde.

-Suit mes mouvements.

À Pa no Kuni…

Se concentrant sur son fluide perceptif, Rébéna vint se mettre en garde, les doigts tendus, les paumes biens ouvertes. Lesdites paumes vinrent effleurés les lames des brigands tandis que le corps de la rousse semblait esquiver tout seul les attaques de ses adversaires. Peu importait qu’ils étaient quatre sur elle, la Té Ra semblait danser au milieu d’eux, se jouant d’eux tout en repoussant leurs armes. C’est finalement entre ses dents qu’elle intercepta l’un des sabres. Déployant une pression semblable à celle d’un crocodile avec sa mâchoire, la lionne incandescente vint broyer le métal et pulvériser la lame coincer dans sa bouche sans aucun autre membre de son corps. D’une phalange, elle vint finalement frapper l’épaule de l’adversaire en question qui se déboita violemment en déchiquetant un ou deux muscles et le conduisit à se rouler par terre, terrasser par une douleur extrême. Continuant de s’occuper d’esquiver les coups sans la moindre difficulté, en pleine promenade de santé, la navarque laissait le champ libre à Milou pour tenter de s’en prendre à quelqu’un d’autre.

Rébéna continuait à se mouvoir avec aisance et décontraction au milieu des attaques des adversaires encore debout, peu importe l’intensité et la concentration que ces derniers sous-fifres mettaient dans leurs tentatives d’atteindre l’utilisatrice de fluide perceptif. Son regard porté vers Milou alors que cette dernière courait vers elle était le même que celui d’une personne qui aurait observé la scène accoudé à un comptoir ou un stand d’échoppe. Alors que son corps continuait d’esquiver, c’était presque comme si son esprit n’avait pas besoin de réfléchir aux attaques ennemis pour s’adapter, une sorte d’ultra-instinct qui en vérité était simplement une prescience par lecture d’attention mêlé à un gouffre abyssal d’écart de temps de réaction. Ces adversaires n’étaient même pas plus dangereux qu’une mouche et le coup ridicule qui avait mis hors d’état de nuire un malandrin en était une illustration. C’est alors que la zoan demanda à la Té Ra une explication.

-Oh, avec moins de force que moi, il faut faire une clé de bras comme cela.

Passant dans le dos d’un des bandits en un instant, elle attrapa d’une main le poignet tandis que son pied vint s’abattre sur le dos, histoire de venir clouer le brigand le visage au sol. Ensuite, Rébéna tira d’un coup sec sur le membre, ce qui fait résonner le craquement de l’os et un lourd râle de douleur du malheureux.

-Et pour le remettre en place il faut appliquer beaucoup de pression de manière adéquat.

C’est ainsi qu’elle remboîta l’épaule d’un coup tout aussi sec que le précédent.

-Vous allez arrêter de jouer avec mon corps ? s’insurgea le malfrat.

-On ne t’a pas sonné toi, lâcha la championne en s’accroupissant, esquivant une attaque d’un autre ennemi, afin d’aller attraper la joue de la proie pour la tirer douloureusement, à la manière d’une grand-mère rabrouant son petit-fils.

Suite à cela, elle donna une tape à l’arrière du crâne de l’adversaire qui plongea immédiatement dans l’inconscience. Sans autre forme de procès et sans attendre leur fuite, Rébéna se chargea d’éliminer en un instant les derniers vilains encore debout dont les corps retombèrent lourdement sur le sol après un vol plané de plusieurs mètres et ce alors même que la rousse ne semblait guère avoir bougé. L’agricultrice non loin de là revint vers eux tout en observant la défaite unilatérale des assaillants qui pourtant avait vraisemblablement causé pas mal de dégâts quelques jours avant selon ce qu’avait raconté un autre paysan le matin même.

-Tu commence à fatiguer petite saïmiri, releva l’originaire d’Himitsu Shima qui venait d’abréger ce qui, à ses yeux, ne méritait même pas le nom de « confrontation ». Profite des fleurs autant que tu le souhaite.

Après tout, si elle le voulait, la zoan pouvait même s’endormir dedans afin de trouver la quiétude, même si elle ne se souviendrait plus le lendemain matin la raison de ce choix de couche. Le trio acheva donc sa marche en laissant derrière eux les corps inconscients des malandrins qui y repenseraient à deux fois avant d’attaquer quelqu’un à l’avenir. De toute manière, leurs chefs derrières les barreaux, il n’y avait plus d’avenir prospère devant eux dans l’activité du banditisme. Les étendus d’orchidées sur le versant se mêlait à la couleur de la nuit et au champ d’étoiles célestes qu’incarnait le firmament. Levant la tête vers les étoiles alors que l’odeur floral unique de ces orchidées endémiques se manifestait avec plus de senteur et de présence que n’importe où ailleurs à Pa no Kuni.

-Alors es-tu heureuse jeune aventurière novice ?