Deux jours, voilà le temps qu’elle avait passé depuis son arrivée sur cet archipel au climat tropical. Deux longues journées où la scène d’adieu avec ses compagnons de route la poursuivait. Elle regrettait ces adieux brefs. Elle aurait aimé leur montrer un peu plus de reconnaissance, mais maintenant c’était trop tard. Ils étaient partis. Partis pour de bon, vers une destination inconnue.

Soupirant, la rose se mit à regarder distraitement les nuages. En deux jours, elle n’avait pas fait grand-chose. Se renseigner, voler de l’argent à un bourgeois pas très futé, explorer l’île pour finir par s’allonger dans l’herbe, à regarder le ciel. Tout ceci n’était pas vraiment une occupation en soi et la demoiselle s’ennuyait. Maugréant doucement, elle ferma les yeux puis fronça les sourcils. J’veux devenir pirate, mais je suis complètement paumée. Oui, c’était plutôt un coup dur. Un coup qui donnait envie d’abandonner. Après tout, cet archipel ressemblait plus à une station balnéaire qu’à un endroit où un pirate pouvait prendre son envol. J’aurai dû attendre avant de descendre de ce foutu navire. Attendre une bonne île au moins, où il y aurait eu de l’action.

Soupirant à nouveau, la rose rouvrit les yeux quand elle entendit un bruit se rapprocher. Se redressant doucement, elle regarda Volpha arrivée vers elle en trottinant, l’air fier d’elle. Quand la louve fut à sa hauteur, Holly se mit à la caresser.

« Alors ? Y’a du neuf en ville aujourd’hui ? »

La louve, d’un pelage éclatant de blancheur, émit un petit grognement, signe qu’il se passait quelque chose. Souriante, la jeune fille continua pourtant à poser quelques questions.

« Des choses importantes ou non ? »

Le grognement se fit plus fort, signe d’impatience. Souriant encore plus, Holly se leva, ramassa les quelques affaires qu’elle avait prises avec elle et se dirigea en dehors de la petite clairière où elle avait élue domicile.

Le chemin de ce coin tranquille au brouhaha de la ville ne prit même pas cinq minutes. Cinq minutes où la rose avait retenue avec peine son impatience. C’était limite si elle ne sautillait pas sur place en chantonnant. Trop d’ennuis vous fait griller quelques neurones apparemment… Riant doucement, la jeune fille reprit son sérieux à l’entrée de la ville. La foule dense ne lui plaisait pas vraiment. Ca va encore être galère pour se repérer. Ne pipant pas un mot, elle suivi la louve, essayant de faire en sorte de toujours l’avoir dans son champ de vision. Les passants la bousculaient, ne lui prêtant même pas attention. Soufflant doucement pour se calmer, elle se concentra uniquement sur le pelage doux de Volpha. Mais si cela pouvait paraitre étrange, le simple fait de la toucher la calmait.

Après trois minutes de calvaire, à slalomer entre la foule, le duo arriva au port. Et plus précisément face à un navire de taille moyenne, ayant pour emblème sur son drapeau une tête de mort. Des pirates. Souriante, la rose s’approcha du navire, identifiant le pavillon tout en s’approchant sans en avoir l’air. C’est ce qui l’amena à passer à côté de deux membres d’équipages, qui s’éloignaient du navire.

« Tu crois que c’est prudent de laisser juste une personne pour surveiller le bateau ? Surtout avec ce qu’on a à l’intérieur.

-T’inquiètes ! Personne ne montera à bord. »

Et ils s’éloignèrent, ne prêtant pas attention à Holly qui elle, avait fait attention à eux. Et elle avait bien entendu, ils avaient apparemment quelque chose de précieux dans ce navire. Souriant à pleine dents, la demoiselle retourna près de la louve, qui l’avait attendue à l’entrée du port. L’écartant doucement, elle l’emmena dans un coin tranquille, où des oreilles indiscrètes n’avaient pas lieu d’être. La rose était de nature curieuse et la conversation de ces deux pirates n’avait fait qu’attiser sa curiosité naturelle. C’est donc tout naturellement qu’elle avait décidée de s’aventurer sur ce navire pour dérober cette chose précieuse dont il avait été question.

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Dix minutes plus tard, c’est une Holly motivée qui se dirigeait de manière normale vers le navire. Après tout, si elle avait tenté une approche plus « discrète » cela aurait éveillé les soupçons des personnes qui allaient et venaient sur le quai, regardant d’un œil mauvais ce bateau. Ou alors cela aurait juste éveillée sa paranoïa, allez savoir. C’est donc d’un air naturel, détaché, qu’elle monta, suivi de Volpha, sur ce navire étranger pour elle. Etranger et plutôt mal-entretenu. Réprimant une grimace de dégoût face aux déchets jonchant le sol, la rose se faufila discrètement sur le pont. Il n’était plus question de la jouer naturelle. Si elle se faisait découvrir, elle ne donnerait pas cher de sa peau.

Discrètement, elle ouvrit une porte. Enfin discrètement… Le plus discrètement possible vu que la porte se mit à grincer. Retenant de justesse un juron bien sentit pour ce capitaine et ces marins d’eau douce qui ne savaient pas entretenir un navire, elle entra dans la pièce qui était tout simplement une cuisine. Une cuisine où la saleté primée avant toute autre chose. Une cuisine où elle ne mangerait pas de sitôt. Se bouchant le nez dans l’espoir de ne plus sentir toutes ces odeurs infectes, la demoiselle sortit prestement, refermant vite fait la porte, sans se préoccuper du fait qu’elle grince ou non. Tant qu’elle échappait aux odeurs, elle était contente.
Respirant un air à peu près sain, elle se mit à se demander sérieusement si cette histoire de trésor n’était pas qu’un leurre. Après tout, comment ils pouvaient en avoir un alors que leur bateau était dans un état de crasse de niveau maximal. Grommelant un peu, la rose parcourut le pont, cherchant un petit truc qui pourrait la mettre sur la voie. Il fallait qu’elle trouve avant leur retour. Réfléchissant, elle ouvrit une porte au hasard. Une porte qui ne grinçait pas. Légèrement étonnée, elle jeta un coup d’œil à l’intérieur de la pièce. Coup d’œil qui se révéla intéressant par ailleurs. Elle avait, en face d’elle, une pièce bien entretenue et ranger. Une pièce qui contrastait fortement avec le reste du bateau. Souriante, elle s’avança, refermant la porte derrière elle après avoir fait pénétrer Volpha.


Fouillant parmi tous les documents et autres objets placés dans cette pièce, la rose découvrit sur une étagère une boîte plutôt grosse et surtout joliment décorée. La prenant délicatement, elle la plaça sur le bureau, face au fauteuil où elle s’installa confortablement. Si ça s’trouve, le trésor réside là-dedans. Souriant, elle l’ouvrit délicatement après avoir jeté un regard vers la louve. Pourtant, son sourire s’envola dès qu’elle eut ouvert la boîte. En effet, celle-ci ne contenait qu’une espèce de fruit un peu bizarre. D’ailleurs, elle n’était pas certaine que cela ressemble à un fruit. C’était plus un truc rond avec des spirales dessinaient dessus. Bizarre. Regardant Volpha, elle lui demanda silencieusement la marche à suivre. Tout remettre en ordre et partir bredouille ? Ou bien continuer ses recherches ? Dans tous les cas, une chose était sûre, elle voulait savoir ce qu’était cette chose.

Prenant son courage à deux mains, elle porta ce « fruit » à ses lèvres, croquant dedans. Après avoir mâché et avaler, elle fit une grimace, souhaitant limite recracher cette chose. C’est infect ! Comment on pouvait garder ça sur soi ? Elle ne savait pas. Mais en tout cas, dorénavant, elle ne goûterait plus rien. Pas si quelqu’un n’avait pas goûté avant elle. Jetant le reste de cette chose dans la boîte elle la reposa sur l’étagère avant de sortir. Une sortie qui se voulut remarquer d’ailleurs.


Une dizaine de personnes se tenaient devant elle, dont un qui en imposait plus que les autres. Un vieux moustachu avec à sa ceinture un sabre. Oups... Souriant de manière crispée, elle leva les mains en l’air.

« Bonjour ! Et au revoir, je n’aimerai pas vous déranger plus longtemps. Atchao ! »

Alors qu’elle essayait de fuir, deux personnes lui barrèrent le passage tout en ricanant. Ils m’énervent à ricaner comme ça ! Fronçant les sourcils, elle regarda celui qui devait être le capitaine s’approcher d’elle, caressant le manche de son sabre.

« Et bien et bien jeune fille. On s’aventure comme ça sur un navire et on n’assume pas les conséquences de ses actes ? »

A cet instant, la rose aurait aimée être loin de lui. Son haleine était pire que l’odeur qu’elle avait sentie dans la cuisine.

« C’est pas que j’assume pas, mais je n’aimerai pas que l’odeur de ce rafiot s’imprègne trop, vous comprenez. »


Elle avait dit ça de manière nonchalante, accompagnée de son plus beau sourire. Sourire qui ne fit ni chaud ni froid à son interlocuteur qui prit très mal que la rose traite son navire de « rafiot ». D’ailleurs, cela se vit aussitôt qu’il eut tiré son sabre, marquant le coup d’envoi des hostilités. Je suis mal. Soupirant, elle les regarda tour à tour. Ils ne possédaient que des armes blanches de ce qu’elle voyait. Et elle n’avait qu’un malheureux couteau. Volpha pourrait l’aider, mais Holly avait peur qu’elle se fasse blesser. Pourtant, il va falloir qu’elle se batte sur Grand Line. Soupirant, elle siffla, donnant l’ordre à la louve de se tenir prête. Sortant son couteau doucement, Holly regarda la distance qu’il lui fallait parcourir pour s’échapper. Une courte distance, mais la sortie était bien gardée. Trop bien même.

Le premier pirate s’avança, l’attaquant de front. Attaque qui se résuma par une esquive et une morsure de la part de Volpha. Il était à terre, se tenant le bras de douleur. S’ils sont comme ça, je devrais pouvoir m’en sortir sans trop de dégâts. Le manège continua ainsi. Une fois, deux fois. Ils n’apprenaient pas, se comportant comme de vulgaire pantins seulement créer pour le combat, pas pour la réflexion. Des pantins moins forts que ce que la rose aurait cru. Même si cela ne se voyait pas spécialement, elle était soulagée. Soulagement qui se transforma en grimace quand elle vit un sabre se diriger droit vers sa jambe gauche. Elle n’avait pas le temps d’esquiver. Serrant les dents, elle attendit que l’acier morde sa chair. Attente veine.

Les yeux exorbités, elle vit le sabre la traverser sans qu’elle ne ressente pas la moindre douleur. Et ce qui l’étonna le plus, ce fut la neige qui s’était formée autour de l’endroit où son sang aurait dû couler. Ce spectacle marqua une pause dans le combat. Tous regardaient sa jambe. Se pinçant machinalement, Holly ne put que constater qu’elle ne rêvait pas, qu’elle ne ressentait bien aucune douleur, que son corps rejetait même de la neige. Qu’est-ce qu’il m’arrive ?! Paniquée, elle chercha une explication dans les regards craintifs qui lui étaient lancés. Un mot revenait sur les lèvres de la plupart de ces personnes : Logia. Logia ? Qu’est-ce que c’est ? Qu’on m’explique ! Elle pétait légèrement un câble dans sa tête. Et les gémissements craintifs de Volpha ne l’arrangeait pas. Enlevant le sabre que cet idiot de pirate n’avait pas eu le courage de le faire, la rose vit sa plaie se refermer, ne laissant aucune marque.


Elle restait interdite, n’osant plus bouger ou dire quoi que ce soit. Son cerveau devait emmagasiner ça. Et c’était plutôt dur. La rose avait l’impression que le temps s’était figé, que rien ne casserait son trouble. Pourtant, des cris parvinrent à ses oreilles, des cris la tirant de ses pensées où tout se mélangeait.

« LE FRUIT !! Tu as mangé le fruit que j’avais mis dans un coffre ! »

Le fruit ? Elle s’était retournée, pour regarder le capitaine brandir ce qu’elle nommait une boîte. Celle qu’elle avait ouverte quelques instants plus tôt. Là, elle n’y comprenait plus rien. Qu’est-ce que ce fruit au goût exécrable venait faire dans cette conversation ? La réponse parvint à nouveau à ses oreilles par les murmures de cet équipage : Le fruit du démon. Les cris de ce capitaine reprirent, son visage rouge était furieux.

« MON TRESOR ! Comment as-tu pût faire ça ?! Je vais te tuer ! »

Trésor ? C’était donc ça leur trésor ? Un fruit immangeable donnant des pouvoirs ? Cela devait être très rare en effet. Bien plus rare que ce que son apparence laissait prévoir. Alors que cet homme à l’haleine de chacal avançait, la rose était perdue. Perdue dans ses pensées, dans ses interrogations. Elle ne vit même pas le coup venir. Un coup qui aurait dû lui entailler le bras. Un coup qui la traversa simplement, laissant juste voir de la neige. Mon pouvoir serait de la neige donc ? De la neige. Comme sur Dwarf Town. La neige était une matière pouvant être remaniée, pouvant donner une infinie de choses.
Secouant la tête, elle esquiva le nouveau coup que son adversaire voulait lui porter. Ses cris de rage commençaient légèrement à l’agacer et elle voulait partir d’ici pour réfléchir en paix. Se concentrant, la rose se mit à penser à tout ce que la neige pouvait servir, les jeux où on l’utilisait. Et un lui revînt en mémoire, celui de la bataille de boule de neige. Là elle ferait une bataille, mais celle-ci serait à sens unique. Souriant, elle joignit ses mains, formant une boule imparfaite, mais suffisamment solide qu’elle lança aussitôt sur le capitaine, le figeant de surprise. C’est plutôt amusant. Même si cela pouvait sembler étranger, elle s’amusait. Elle s’amusait à découvrir ses nouveaux pouvoirs, ses nouvelles perspectives de combat. Ce fruit était tombé à pic pour elle qui comptait aller sur Grand Line.


Souriant, elle les regarda tous. Personnes ne bougeaient, même pas son adversaire. Tous la regardaient comme si c’était un fantôme. Jetant un coup d’œil sur le côté, la rose vit que le chemin vers la sortie était libre. Heureuse, elle siffla pour signifier à Volpha de partir, la suivant elle-même de près. Alors qu’elle atteignait le bastingage, la rose se retourna, offrant son plus beau sourire à ces pirates de pacotille tout en formant une nouvelle boule de neige, plus grosse que la précédente, qu’elle lança sur eux.

« Quand la neige fond, ça donne de l’eau, vous avez qu’à vous en servir pour nettoyer ce pont. C’est donnant donnant comme ça ! Atchao ! »

Elle ria, tout en courant à la suite de Volpha vers la ville. Aucun n’avait réagi et personne ne la suivait apparemment. Stoppant sa course au niveau d’une ruelle, elle reprit sa respiration, caressant le poil doux de Volpha. Celle-ci se mit à lui lécher sa main, signe qu’elle n’avait plus peur. Cela soulageait un peu Holly, qui n’aurait pas trop su comment réagir si la louve l’avait abandonnée.


Souriante, elle se dirigea plus calmement vers la prairie qu’elle avait laissée ce matin. Le soleil commençait à se coucher et la fatigue prenait le dessus. La découverte d’un tel pouvoir n’est pas anodin, surtout pour un esprit non préparé. Tranquillement, la rose se coucha sur le sol, regardant les différentes teintes que le ciel prenait, au fur et à mesure de la course de l’astre stellaire vers l’horizon. Dorénavant, elle serait plus à même de se battre. Il lui suffisait juste de maîtriser son nouveau pouvoir et son entraînement allait commencer demain, dès l’aube. Qu’importe si ces pirates revenaient à l’assaut, elle les ferait déguerpir. Rien ne pouvait la démoraliser à l’instant présent. Après tout, elle avait l’impression de toucher à son but : devenir plus forte lui permettrait de prétendre à devenir pirate.