« Où pars-tu, petit frère… ? »Un long sentiment de dégout et de peur envahit mon corps tout entier à l’entende de cette voix doucereuse et au combien douloureuse. Je venais de franchir le seuil de la prison que déjà la mort avait revêtit un masque des plus funèbres. Mon frère, toi qui es pour l’être le plus précieux à mon cœur, fallait-il vraiment que cela se passe comme de la sorte ? Je me souviens des jours heureux, où nous courrions tous les deux sur les bancs de sable blanc de West Blue. Mon regard se posa sur le sien, l’air attristé et réclamant clémence. Il était là, face à moi. Une fine lumière tombait des cieux, striés de nuages, et les larmes du ciel coulaient sur la roche en y traçant des motifs sinueux. Aucune personne n'aurait put s'empêcher de pleurer devant ce spectacle que jamais un homme n'aurait imaginé avoir un jour le privilège de contempler : les cieux déversant leurs précipitations sur la surface des pierres maintenant blanches d’Impel Down. Tout était rassemblé en un seul lieu : la neige, la pluie, le soleil et même les éclairs qui faisaient apparaitre des flashs, participant à l'illumination d'une terre morte. La tempête faisait rage. D'énormes nuages d'orage enflaient et tournoyaient dans le ciel comme si d'anciens dieux oubliés, armés de titanesques marteaux, se livraient bataille au milieu des nuées, frappant à coups redoublés sur des enclumes de fer forgé et se criblant de lances en forme d'éclairs fourchus. Pour la silhouette qui les contemplait, ce spectacle ressemblait étrangement à une vision de l'enfer, un théâtre ou le décor était planté et n'attendait plus que les acteurs d'une grande tragédie.
« Mon frère… Toi qui as toujours été mon âme, ce jour je cesse d’être ton ombre et m’en vais découvrir le monde… »Galvanisée par cette pensée, je frayais un passage à travers le maelström de lumières et de couleurs. Je pouvais sentir les énergies libérées se tarir à mesure que je gravissais la pente afin de mieux les observer. Parfois, il y avait de minuscules étincelles qui scintillaient brièvement dans l'obscurité, mais à peine les remarquais-je qu'elles s'évanouissaient. Des déchirures lumineuses apparaissaient aussi parfois dans le tissu des ténèbres, des déchirures à travers lesquelles des éléments de mon être pouvaient être attirés. Puis le spectacle s'évanouit subitement et je remarque une nouvelle silhouette qui s'aventure vers moi, même voilé à travers le brouillard, je devinais qui elle était. Son allure décrivait un énorme changement, plus assuré dans ses pas, un gain évident de volonté, un Haki plus inquiétant néanmoins reconnaissable entre tous. Depuis deux ans maintenant que nous nous étions séparés par la force, chacun ayant voulut arracher la faible lueur de vie qu'ils tentaient de garder éveiller au sein de leur âme. Mes prunelles d’ambre vacillèrent un instant quand je me remémorais le sanglant duel qui avait eut lieu sur ces versants enneigés de Drum. La rencontre allait-elle se finir par la même conclusion ? Au plus profond de moi, je savais qu'il ressentait de la haine et la haine faisait partie de la force. Plus fort il l'était sans aucun doute, mais ses motivations avaient-elles changé ? Je consentis à me tourner vers lui pour y plonger mon regard de nouveau et sonder ce qui restait de sa nature humaine. Je ne vis qu'un gouffre qui ne laissait transparaitre aucune émotion. Deux ans après la sanglante conclusion de notre combat, j’avais erré en quête de réponse, à la recherche de la plus infime trace qui nous avait conduits à nous entretuer. Et finalement les doutes apparurent, tout d'abord ce fut rien de plus qu'un murmure au fin fond de mon être qui me disait que si j’avais été dans l'erreur depuis le début, alors tout ce que j’avais entrepris, tout ce que j’avais accomplis jusqu'ici n'avait été que le fruit d'une folie qui ne me menait qu'à mon autodestruction.
Puis tout fut plus brutale, plus sauvage, et je me rendis compte que la vérité était amère à entendre, et encore plus à comprendre. Non, ce ne fut pas une illusion, je l’aimais de tout mon être. Tandis que la silhouette se rapprochait de plus en plus de moi, Je sentis la musique augmenter, palpiter dans mes veines et frémir contre ma peau pâle. Alors que mon frère s’approchait, je cru soudain se tenir... Devant un véritable miroir de glace. Rapidement, il dégaina son revolver et vint me caler l’embout contre l’épaule avant de faire feu. Tout se bousculait maintenant dans ma tête. Qu’allais-je bien pouvoir faire ? J’étais bien trop faible face à lui, et jamais je ne serai au niveau qu’il à atteint en ses lieux. Le deuxième homme, toujours dans le brouillard, observait cette confrontation sans rien dire alors que mon corps tomba lourdement sur le sol neigeux. Je soupirais, me relevant avec peine et disgrâce. Ma main vient saisir la garde de mon katana mais il m'étais juste impossible de croiser le fer face à lui. Il vint alors me rouer de coups, plaçant des balles dans des points non vitaux de mon organisme en jubilant, priant le Dieu qui lui était unique, celui de la mort.
« Mon frère… Tu ne souhaites pas… Me tuer… ? »« Je ne serai pas celui qui décidera de ton destin funèbres, mon imbécile de cadet. Tu sembles vouloir découvrir le monde. La sottise, l’erreur, la lésine, la haine, tout cela gangrène les humains, ils ont fait de nous des monstres, des bêtes assoiffés de sang, penses-tu pouvoir seulement survivre ou te faire des amis ? Que tu es Naïf. Ils alimentent leurs aimables remords comme les mendiants alimentent la peste. Sur l’oreiller du mal, c’est Satan trismégiste qui berce longuement leurs esprits enchantés. Va et vois, si Dieu le veut, notre funèbre destin. La prochaine fois que nous nous verrons, l’un de nous deux mourra, si toutefois, tu arrives à survivre à la mer glacée. »Il me poussa à l’eau de son pied, en riant aux éclats, alors que moi, je partais en errance totale, bercé par le grès des eaux. Je ne sais toujours pas aujourd’hui comment j’en suis sortie vivant. Plus le temps passe, et plus je me rends compte que ses dires étaient vrais. Je ne connais personne, je ne flirte qu’avec la mort. Mes repentirs et lâches, j’aime la chasse, j’aime le sang, j’aime tuer. Ainsi qu’un pauvre débauché qui baise et mange le sein martyrisé d’une antique catin, je vole à la vie un plaisir clandestin, que je presse bien fort comme une orange pour tenter de me délecter d’une quelconque pulpe amère. Tu le connais, humain, ce monstre délicat, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère !