Cela faisait désormais plusieurs jours que je voguais sur ma petite embarcation et il fallait vraiment que je trouve une île. Ma dernière escale avait pour ainsi dire mal tourné et j’avais dû en repartir en catastrophe avec une grosse blessure au ventre. J’avais réussis à me soigner du mieux que je pouvais mais la blessure me faisait encore mal et la faim se faisait désormais sentir de plus en plus forte. N’ayant pas pu faire le plein de vivre à cause de cet incident cela faisait déjà deux jours que je n’avais rien avalé et l’eau allait bientôt manquée elle aussi. Je buvais une gorgée à ma gourde avec difficulté, grimaçant sous le gout de l’eau presque rassie mais je n’avais pas vraiment le choix. J’étais vraiment en très mauvaise posture et si je ne trouvais pas rapidement une île pour manger et me soigner je serais certainement mort dans les deux jours. C’est alors que comme une réponse à mes prières une forme apparue au loin, une île! Aussitôt l’espoir se forma dans ses yeux, quelle honte! Il se vengerait ça il en était sûr. Il retrouverait ceux qui l’avaient forcé à se retrouver à ce point-là, à vivre de l’espoir! Mais pour l’instant il utilisa ses forces restantes pour diriger sa barque vers l’île qui s’agrandissait de plus en plus.


Après quelques minutes qui lui semblèrent interminables il sentit le sable crisser sous le bois de sa barque et celle-ci ralentir pour finalement s’arrêter. Il voyait devant lui quelques arbres et de la verdure qui lui firent chaud au cœur, sentiment qu’il n’avait encore jamais éprouvé. Il rassembla toutes ses forces et tenta de se relever dans la barque sans y réussir. Il rampa alors sur le bord jusqu’à se faire basculer sur le sable mouillé. La douleur lui faisait de plus en plus mal et la faim lui faisait perdre ses forces. Il rampa sur quelques centimètres, remontant vers le haut de la plage avant de remarquer une jeune femme à plusieurs mètres de lui. Sa vue était légèrement trouble et il ne savait donc pas si elle l’avait vu mais il ne pouvait pas rester ici à ramper devant les gens, c’était trop qu’il ne puisse en supporter. Il rassembla alors ses dernières forces et au prix d’une grimace de douleur réussit finalement à se tenir debout de manière fébrile. Il lança alors à la femme du ton le plus dur qu’il put faire dans son état :

Hey vous là-bas! Dîtes moi où il y a une taverne et un médecin! Tout de suite!

Il voulut continuer à se faire menaçant mais ses forces le lâchèrent et il s’écroula littéralement, ne réussissant qu’à se tenir avec un genou posé à terre. Il regarda de nouveau en direction de la femme tandis que sa main était posée sur sa plaie qui se remettait à saigner. Même si ça ne lui plaisait pas il allait avoir besoin de l’aide de cette inconnue car il ne ferait pas dix pas de plus seul dans cet état.

La jeune femme venait de tomber dans l’eau visiblement et s’apprêtait à me répondre lorsque je m’étais écroulé ce qui sembla l’inquiéter puisqu’elle accourue vers moi. La pitié! La générosité! Des sentiments de faibles qui me répugnaient mais auxquels j’étais contraint de faire appel aujourd’hui. Quelle honte! Il allait falloir que je tue un paquet de personne pour me laver de cet affront. Je me crispai et ma main se referma sur le pommeau de mon katana lorsque la femme passa un bras autour de moi et me releva. Elle me dit qu’elle allait m’aider, m’emmener voir un médecin, répugnant! A sa place je n’aurais pas hésité une seule seconde à tuer le malheureux blessé immédiatement mais heureusement pour moi le peuple vivait dans l’entraide et la faiblesse. Elle commença à me forcer à avancer et je ne résistais pas, je n’avais pas le choix. Nous arrivâmes finalement devant une vieille maison décrépie qui me calma légèrement, enfin un décor que j’appréciais un peu plus. Lorsque la porte s’ouvrit je pus voir une vieille toute aussi décrépie que la maison dans laquelle elle vivait. Elle sembla m’examiner ce qui me fit crisper encore plus ma main sur le pommeau de mon katana, j’avais actuellement une folle envie de le sortir pour leur faire tâter de ma lame mais je réussis à me retenir au prix d’un grand effort, j’avais encore besoin d’eux. Elle nous fit entrer dans la maison et m’allongea sur une sorte de petit lit, m’ordonnant alors de ne pas bouger. Cette femme ne devait pas tenir à la vie car j’en avais tué pour bien moins que ça mais mes envies de meurtre devraient patienter encore un peu.


Les deux femmes étaient sorties depuis quelques secondes lorsqu’un vieil homme entra dans la pièce et s’approcha de moi. Il s’assied sur le tabouret placé à côté du lit et déboutonna ma chemise afin de pouvoir examiner la plaie. Il fit une petite grimace en la voyant et se retourna en disant :

Vous avez une sale blessure mais ça devrait se soigner rapidement le petit problème c’est qu’elle n’a pas été soignée tout de suite.

Arrêtes ton baratin et donne-moi à bouffer!

J’avais craqué, j’avais vraiment trop faim et je ne pouvais pas supporter de voir ce vieux faire ces petits tours pourris qui allaient certainement durer des heures. Déjà j’allais manger et après je verrais si je le laisserais me soigner ou si je me contenterais de prendre des médicaments chez lui pour le faire moi-même.

Attends un peu voyons, chaque chose en son temps on va commencer par s’occuper de ta blessure.

Aussitôt je sortis mon katana et le plaçai sous la gorge du vieillard.

Je crois que t’as pas compris, il faut vraiment que je bouffe alors tu vas m’amener de quoi me remplir la panse on s’est compris?

Le vieil homme tremblait et semblait effrayé par la lame qui frôlait sa gorge et commençait à bégayer lorsque la porte s’ouvrit d’un coup et que la jeune femme qui l’avait amené ici dise d’un ton joyeux :

Alors comment va le blessé?







Sans attendre la réaction de la nouvelle-venue je sortais mon pistolet et le pointais sur elle. Ces mouvements brusque me faisaient souffrir mais je gardais un masque de menace sur le visage afin de ne pas trop faire voir ma faiblesse actuelle.

Non le vieux tu restes là et toi la fille tu vas me chercher de la bouffe tout de suite ou je bute le vieux.

Je la regardais alors fixement, tentant de ne pas faire paraitre la douleur qui me parcourait mais prêt à les tuer tous les deux si elle tentait quoi que ce soit.

En premier lieu elle resta sans bouger, parfaitement immobile et visiblement surprise de ce qu’elle voyait, fixant l’arme comme si elle était sûre de mourir. Je connaissais très bien toutes les expressions que l’on pouvait avoir lorsqu’on était menacé de mort, pour les voir quotidiennement. Ici je pouvais voir dans son visage un mélange de peur, d’incompréhension et de surprise. Suite à sa phrase elle sembla reprendre esprit et lentement porta ses mains vers son sac, je me fichais qu’elle puisse en sortir une arme car j’étais persuadé de pouvoir tiré une dizaine de fois avant qu’elle ne puisse l’utiliser. Elle commença à lui parler en tentant d’ouvrir son sac, lui disant qu’il semblait avoir repris du poil de la bête et lui demandant de relâcher le médecin. Au moins l’illusion de sa forme semblait fonctionner alors qu’en réalité il souffrait le martyr actuellement mais il savait que dès l’instant où il aurait pu reprendre des forces après avoir mangé il serait capable de se soigner en utilisant quelques médicaments et bandages qu’il voyait dans la pièce. Ce ne serait certainement pas aussi efficace que ce qu’aurait pu lui donner le médecin mais ça suffirait à le soigner, même si ça prendrait plusieurs semaines. Mais à la demande de relâcher le vieux il ne fit qu’avancer légèrement sa lame sur la gorge de l’homme, lui faisant sentir la froideur du métal. Ceci eut pour effet d’augmenter ses tremblements tandis qu’une larme perlait sur sa joue.

Surtout te mets pas à chialer je suis pas d’humeur!

La femme me présenta alors son panier à l’intérieur duquel je pus apercevoir des sandwichs qui sentait vraiment bon, me mettant l’eau à la bouche, affamé que j’étais j’aurais mangé n’importe quoi. Mais la sécurité en premier!

Ou sinon tu ne pourras pas en prendre avec tes deux mains prises.

Comment osait-elle me dicter ma conduite alors que je la menaçais d’un pistolet? Elle pensait vraiment que ce serait aussi facile? Certes je ne les tuerais certainement pas du fait qu’ils m’avaient aidé, mais je n’allais pas prendre le risque de voir débarquer des marines ou je ne sais qui. J’allais manger tranquillement et quitter cette île dès que j’aurais pris de quoi me soigner, en attendant eux resteraient avec moi, au cas où.

Pose le sac à côté de moi et emmène le vieux s’asseoir avec toi dans le coin de la pièce là-bas.

J’avais fait un bref coup de katana dans cette direction pour lui indiquer, de toute façon le vieux était trop effrayé pour tenter quelque chose, ce qui ne semblait pas être le cas de la jeune femme. Je n’étais qu’un gamin de quinze ans mais j’avais déjà tué et recommencerais encore sans hésiter si elle m’y obligeait. Je lui portais un regard insistant, je n’avais pas vraiment envie de les tuer et cela me gênait, je ne voulais pas trainer ici car c’était la première fois que je n’avais pas envie de tuer quelqu’un. A moins que la fille ne joue aux héroïnes je ne les tuerais pas mais je partirais le plus vite possible.

La femme sembla avoir compris qu’il ne valait mieux pas me faire perdre plus de temps et prit deux sandwichs dans le panier avant de le refermer et de le déposer à mes pieds, telle une offrande. Il était mieux qu’elle prenne ces sandwichs car le fait de la savoir les mains occupées me permettait de me relâcher un peu, mais pas trop il fallait leur faire sentir que je les tuerais à n’importe quel mouvement suspect. Ensuite elle prit le vieux trouillard par la main et l’emmena dans le coin que j’avais désigné, il se remit alors à pleurer, quelle femmelette je me demandais même s’il ne s’était pas fait dessus, il me faisait vraiment pitié. La fille tenta alors de le calmer et il avait intérêt à s’exécuter car ma patience commençait déjà à s’effriter au son de ses sanglots. Il cessa finalement en commençant à manger un sandwich ce qui sembla le calmer tandis que la jeune fille restait debout à me regarder, à me défier même! Non elle n’aurait pas osé c’était sûrement la fin et ma situation actuelle qui me rendaient légèrement parano mais je continuais à la surveiller du coin de l’œil tandis que j’entamais avec ferveur un premier sandwich. J’avalais ma première bouchée lorsque la femme m’adressa la parole :

Bon appétit monsieur le blessé.

Je me crispais alors serrant de nouveau le pommeau de mon katana avec force. Je n’aimais décidément pas ces formules dîtes de politesse. Je détestais la politesse à vrai dire, la seule façon que j’avais de me montrer poli était de renvoyer à la mort ceux qui ne méritaient pas de vivre. Je me tournais alors vers la jeune fille et lui dit d’un ton ferme :

Assieds-toi! Mange! Et Tais-toi!

Le fait de me rappeler mon infirmité actuelle me faisait d’autant plus enrager, elle venait ouvertement de me défier cette fois-ci et il valait mieux pour elle qu’elle s’arrête là avant de provoquer l’irréparable. J’avais déjà fait des efforts énormes pour éviter de passer à l’acte ce qui relevait de l’exploit mais cet exploit ne tenait plus qu’à un fil. La faim me tiraillait tellement que je laissais passer l’affront et recommençais à manger avec avidité. Les sandwichs étaient excellents mais au point où j’en étais je me doutais que même les fonds de poubelles l’auraient été. J’esquissai néanmoins un léger sourire avant d’entamer le deuxième sandwich, le sac était encore plein, mais elle avait fait à manger pour une légion! Elle ne devait pas être seule alors ce qui voulait dire que quelqu’un allait bientôt commencer à la chercher et il tomberait sur ma barque, mince il valait mieux ne pas trainer plus que ça. Je finis rapidement mon sandwich et me tournais vers les deux villageois, les regardant avec insistance afin de tester la réaction de la fille. Je fis cela à peine quelques secondes avant de vider quelques-uns des sandwichs sur la table, en laissant ainsi à peine trois au fond du sac. J’entrepris alors de mettre des bandages dans le sac ainsi que divers médicaments que le vieillard avait pris après avoir vu ma blessure. Je me fis ainsi une petite réserve et refermais finalement le sac avant de le prendre et de regarder de nouveau les deux inconnus. Je me relevais alors avec difficulté puis me rendit finalement compte que les sandwichs mangés m’avaient permis de regagner suffisamment d’énergie pour qu’il puisse bouger et se battre. Je regardais la fille dans les yeux et lui dis finalement :

Je pars! Si quelqu’un me suit je le tue!

Sur ces mots j’ouvris la porte et me dirigeais lentement vers la plage où j’avais débarqué. Ma blessure me lançait, gênant mes mouvements mais restait de nouveau supportable. J’espérais sincèrement que les deux resteraient dans la maison mais ma lame était d’ores et déjà sortie, prête à faire couler le sang, comme à son habitude.

J’arrivais enfin à mon embarcation, soulagé de la voir encore ici car j’avais eu peur que la fille l’ait déplacé pendant que j’étais dans la maison du vieux. Je jetais un rapide regard en arrière mais personne ne m’avait suivi visiblement, il aurait été stupide de leur part de le faire. J’étais vraiment dans un mauvais état, heureusement que ma barque n’était pas loin de là où on m’avait emmené car je n’aurais pas pu aller beaucoup plus loin. Je grimpais avec difficulté dans ce frêle esquif et entrepris de le pousser un peu afin de le remettre à l’eau. Une fois cela fait je me mettais à ramer comme je pouvais afin de m’éloigner du rivage, même si personne ne m’avait suivi je préférais m’éloigner le plus vite possible de cette île qui, même si elle m’aura apporté des soins, ne m’aura pas laissé un bon souvenir. Une fois assez loin de la plage pour que le courant m’emporte loin de l’île j’entrepris de trier et répartir ce que j’avais pris dans la cabane du vieux. De la nourriture, de l’eau potable, des médicaments et des bandages. Avec tout ça il pourrait tenir jusqu’à sa planque sur les Blues tant qu’il ne rencontrerait pas d’autres problèmes. Ainsi cet épisode serait vite oublié et dès qu’il serait arrivé à sa planque il trouverait tout ce qui lui fallait pour se soigner correctement et se remettre en forme avant de repartir vers Grand Line.