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Lun 13 Oct - 17:11
Un monde sous les cendres.
Une femme d’affaire se doit d’être toujours à l’affut. Elle est dans l’obligation d’explorer toutes les pistes qui pourraient lui apporter un tant soit peu de bénéfices. Seulement, les bons filons étaient rares et, souvent, Elina se retrouvait à poursuivre des chimères. Son actuel voyage vers Shivering island risquait fort de la désappointer une nouvelle fois. Néanmoins, il lui était impossible d’ignorer les « on-dit » concernant cette ile volcanique. Une ville prospère aurait été ensevelie, un siècle auparavant, lors d’une éruption sans précédent. La cendre noire recouvrait depuis le ciel de l’île lui conférait un aspect lugubre, telle une nuit éternelle drapant ce pays en ruine. Un informateur anonyme, prétendument archéologue, aurait fait circuler le bruit selon laquelle les ruines abriteraient un trésor inestimable, oublié et insoupçonné de la plupart des habitants. Forte de cette indication, l’araignée avait décidé de vérifier la rumeur par elle-même. Shiro et Seika, quant à eux, récoltaient des informations concernant ses prochaine destination : Yakoutie island et une île exportatrice de vins, apparemment dirigée par un pirate.
Pour l’heure, Elina explorait ce pays plongé dans l’obscurité, à la recherche d’archéologues compétents. En effet, si elle était tout à fait capable de repérer des êtres humains qui tentaient de se cacher parmi la foule, ou bien de se déplacer sans un bruit pour assassiner en silence sa cible, déterrer des cités englouties ne rentrait pas dans le cadre de ses capacités. Elle aurait donc besoin de professionnels assez dégourdis pour l’aider dans ses recherches. En parcourant les rues, Elina n’avait de cesse de constater les dégâts de l’éruption, pourtant des années a posteriori. La végétation peinait à pousser, et les rares plantes qui y parvenaient restaient rachitiques au possible.
De même, les habitants semblaient pâtir des conséquences de ce ciel obscurcit, la plupart se démarquaient par une peau pale, à la limite du livide. Assurément, avec son teint rose et frais, Elina dépeignait. De plus, leurs loques et les frusques ne tenaient pas la comparaison avec sa tenue, certes peu élégante par rapport à ce qu’elle avait l’habitude de porter, mais visiblement chaude et de bonne qualité. Elle avait choisi, pour son aventure sur cette île hivernale, un pantalon et une veste en daim gris. Des bottines en fourrure noire lui ceignaient les pieds et des gants de la même couleur lui couvraient les mains. Elle avait coiffé ses cheveux d’ébène en un chignon simple et élégant, qui éviteraient à ses cheveux de tomber devant ses yeux au moment inopportun. Les locaux la dévisageaient avec insistance. Apparemment, les étrangers n’étaient pas les bienvenues sur cette île. Mais peu lui importait.
« Qu’ils médisent ou pestent, je n’en ai cure. », se dit l’araignée à elle-même.
En furetant dans les ruelles de la ville, elle finit par trouver un établissement qui la comblerait sans doute. La bicoque vétuste s’élevait sur un seul étage et des fenêtres parsemaient une façade de briques à la chaux défraichie. Le toit d’ardoise avait également connu des jours meilleurs et, sur la façade, on pouvait lire en lettres peintes en noir « cabinet d’archéologie ». Voilà qui répondait à ses attentes. Elle passa la porte et se retrouva dans une salle aussi peu engageante que l’extérieur du bâtiment. L’endroit était organisé sous la forme de plusieurs guichets où des locaux traitaient les demandes des éventuels clients. Elle trouva une place et s’y assit en attendant d’être appelée. En laissant trainer ses oreilles, Elina découvrit rapidement que ce collectif d’archéologues espérait voir renaitre la fameuse ville engloutie. Bien vite elle comprit que, plutôt que d’avoir à quémander de l’aide, ce seraient eux qui s’empresseraient d’accourir. La chose n’était pas pour lui déplaire ! Elle attendit patiemment son tour, récoltant des informations sur cette organisation, l’air de rien.
Elle prit le temps d’étudier les lieux et les personnes présentes. La plupart ressemblaient à des locaux. Pales, minces et pour la majorité la cinquantaine bien tassée, ils avaient piètre allure. Ils déambulaient autour des tables ou des chaises miteuses, discutaient d’histoire ou de mythes, des étoiles dans les yeux. Certains différaient quelques peu, les mains et le visage couverts d’une poussière noirâtre, ce devaient être des mineurs ou des spéléologues. Après tout, ce genre d’activité requérait certes des cerveaux, mais aussi des muscles et des bras puissants.
Une guichetière finit par l’appeler d’un air amical. Pas plus vieille qu’une vingtaine d’années, la jeune fille portait une tenue beige des plus communes et souriait avec entrain à Elina. L’araignée s’approcha rapidement et la discussion s’engagea :
- Bonjour, j’aimerais connaitre les services que vous proposez, demanda-t-elle sobrement. - Bonjour madame ! Et bien, cela dépend de ce que vous recherchez, mais tout ce qui touche à l’archéologie est possible ici ! - Bien. De ce que j’ai cru comprendre, vous cherchez à déterrer la cité engloutie sous les cendres ? Pourtant, cela fait plusieurs décennies qu’elle a été ensevelie. À quand remonte la création de votre entreprise ? - Et bien... commença la jeune fille, un peu mal à l’aise à présent. Nous avançons comme nous le pouvons, avec les moyens du bord. Je dirais que nous existons depuis plusieurs dizaines d’années. - Le facteur limitant est donc l’argent, déclara Elina en savourant d’avance la scène à suivre. Je vous propose un marché. Je n’ai que peu de temps à passer sur cette ile, mais j’aimerais absolument voir cette fameuse citée. Combien de spéléologues et d’archéologues pensez vous pouvoir me fournir ? - Vous voulez lancer une expédition sous les ruines ? comprit la jeune fille, estomaquée. - Précisément. - Oh ! Mais c’est merveilleux ! Et bien, je peux réunir une équipe motivée d’ici demain matin ! - Excellent. Je prendrai en charge les frais pour rassembler l’équipement, les vivres et payer les hommes. Dernière précision, pensez vous que l’exploration puisse être dangereuse ? Je ne parle pas des risques inhérents à la spéléologie, mais bien d’éventuelles rencontres à risques ? - Je ne pense pas, madame. Bien sûr il existe des animaux sauvages sur l’ile, mais guère plus. - Je vois. Merci pour ces renseignements. Je reviendrai demain.
Malgré les dires rassurants de la jeune fille, Elina préférait jouer la sécurité. Elle se retourna pour scruter les visages dans la salle, à la recherche d’un chef d’expédition capable de faire face à d’éventuels soucis. Mais, comme elle s’y attendait, personne ne semblait présenter la fibre nécessaire... Elle avait pourtant senti quelques regards se poser sur elle, lorsque la guichetière avait annoncé qu’elle comptait explorer les ruines. Au moment où elle allait sortir de l’établissement, déçue, l’araignée repéra du coin de l’œil un homme à l’allure particulière. Elle se retourna vers lui et s’aperçut que, lui aussi, l’avait remarquée. Il s’avançait à présent à sa rencontre, ses longs cheveux noirs ondulant au gré de sa marche. Sa taille impressionnante aurait pu mettre mal à l’aise la jeune femme, mais elle ne sentait aucune animosité dans ses yeux à moitié fermés. Malgré son air nonchalant, presque négligé, il dégageait une impression de force qui plut à la jeune femme. Sans doute pourrait-il lui être utile. Elle attendit qu’il s’arrête devant elle pour prendre la parole :
- Et bien, et bien, qu’avons-nous là ? Vous n’êtes pas d’ici non plus, je me trompe ? Néanmoins, comme vous fréquentez aussi cet établissement, sans doute l’archéologie vous intéresse-t-elle ? Si tel était le cas, j’aurais un travail pour vous. Je me nomme Elina, femme d’affaire passionnée par l’histoire. Explorer les ruines de cette ile en ma compagnie vous intéresserait-il, monsieur... ?
Attendant sa réponse, la jeune femme lui adressa un sourire aimable, sans être aguicheur pour autant. Elle n’aurait probablement pas à user de ses charmes pour le convaincre de l’accompagner, étant donné qu’il s’était donné la peine de venir jusqu’à elle en premier. Voilà qui simplifierait grandement les choses !
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Sam 18 Oct - 20:03
Un monde sous les cendres.
La surprise manqua de ternir le masque amical plaqué sur le visage de l’araignée. « D. » ? Cet homme était donc un des rares êtres affublés de cette fameuse lettre, annonciatrice de catastrophes ou, tout du moins, de grands bouleversements. Contrairement à la plupart des gens, Elina y voyait un signe de bon augure dans le cas présent. La raison en était fort simple : Lothbrok semblait tout disposé à l’aider ! Accueillant la nouvelle avec joie, la femme d’affaire allait aiguiller la conversation sur les origines du guerrier, car il était de toute évidence un homme d’armes plus qu’un fin érudit, lorsque ce dernier reprit la parole :
- Je ne voudrais pas paraître blessant, mais vous ne ressemblez pas à l'image qu'on se fait d'un scientifique, surtout dans le domaine de l'archéologie. Quelles sont vos motivations dans cette affaire ?
« Un brin curieux et observateur ? Il ne lui manquerait plus qu’un léger penchant pour « les affaires », et cet homme-là ferait une recrue de choix... », songea Elina.
- Oh ciel, je ne suis pas une scientifique, rectifia la jeune femme d’une voix amusée. J’aime la culture et l’histoire, tout du moins, mais ce n’est pas là mon métier. Mes affaires me permettent quelques fois de m’adonner à ma lubie : découvrir des lieux de légendes. Or, sous les cendres volcaniques de cette ile se trouverait une cité ensevelie depuis plus d’un siècle ! Je rêverai de pouvoir la contempler et, puisque mon travail m’a emmené près d’ici, je me suis laissée tenter...
Soudain, la menteuse émérite fut interrompue par un vieil homme qui trébucha et se cogna contre son invité. Ce dernier ne cilla pas même une seconde, tel un roc inamovible. Le vieillard, quant à lui, se retrouva à terre, une épistaxis en prime. Loin de s’offusquer, le guerrier se montra aimable et aida l’ancêtre à se remettre sur pieds. L’araignée comprit qu’elle avait vu juste : cet homme était de la même trempe que Shiro, un artiste martial aussi dur que la pierre. Il allait lui être utile lors de l’expédition ! Soudain, un grondement sinistre s’éleva, aussi faible qu’un murmure, puis de plus en plus puissant, jusqu’à éclipser toutes les discussions. La salle en fut secouée, mais l’assistance s’affola bien plus encore. Comme un seul homme, les habitants se précipitèrent vers la sortie en hurlant. Ces brebis galeuses devraient pourtant être habituées à de simples tremblements de terres ! D’expérience, Elina savait que celui-ci n’était pas particulièrement dangereux, tout juste bon à briser un verre ou deux. Alors pourquoi courraient-t-ils donc ? Se pourrait-il que ce ne soit que le prélude d’une catastrophe de plus grande ampleur ? Comme les trompettes annonçant une quelconque apocalypse ? Le pire scénario serait, bien entendu, le réveil du volcan. Ce qu’elle pensait n’être une petite chasse au trésor sous les décombres pourrait vite se transformer en son propre tombeau...
D’une oreille distraite, elle écouta la conversation entre Lothbrok et le vieillard bedonnant. Ainsi donc, le volcan venait bien de se réveiller ! Elle serra les dents mais, après un bref instant de réflexion, décida tout de même de tenter sa chance : elle maintiendrait l’exploration et découvrirait si ce fameux trésor existait, oui ou non ! Le guerrier rejoint la sortie, avant de se tourner vers elle pour planifier la suite de leur collaboration. La jeune femme sourit devant le calme et l’assurance de cet homme :
- Il faudra attendre demain pour être fixés, j’en ai bien peur. Je suis obligée de recourir à cette organisation pour recruter des spéléologues et des archéologues compétents, mes propres associés travaillant déjà sur d’autres projets. Mais je crains que nous ne soyons guère nombreux à explorer les entrailles de l’ile, après cette petite avarie naturelle. Que diriez-vous de diner ensemble pour faire connaissance ? J’aurais besoin de savoir de quels types de compétences vous vous targuez, par souci d’organisation.
La curiosité de l’araignée requerrait certaines réponses. Le sang froid et la maturité de cet homme avaient attiré son intérêt, et elle espérait bien que ce ne soit pas qu’une fausse impression ! Il avait proposé son aide de lui-même, ce qu’elle appréciait. En effet, elle n’espérait pas vraiment l’amadouer en usant de ses charmes, puisque les Budokas n’étaient généralement pas réceptifs à ce genre de procédés. Néanmoins, un point restait à éclaircir : pourquoi avait-il été si prompt à aider une parfaite étrangère ? Ses vêtements et son arme semblaient en bon état, de même que sa chevelure noire. Il dégageait même une aura de santé et de force ! Il ne semblait pas sans le sou, ni même particulièrement avide. L’archéologie ne le passionnait pas de son propre avoeu, mais il venait tout de même se renseigner dans cet établissement spécialisé... Avait-il eu vent des rumeurs concernant ce fameux trésor, lui aussi ? Serait-il également en train de jouer un double jeu, afin de la priver de sa part, le moment venu ? Elle devait rester prudente. Il n’avait pas l’air d’être un adversaire qu’elle pourrait vaincre facilement. Un peu d’alcool délierait certainement les langues !
- Je n’ai pas aperçu d’auberge sur mon chemin, mais nous pourrions sans doute en trouver une ? Je doute que les locaux soient disposés à nous indiquer le chemin, particulièrement après ce tremblement de terre. Mais nous pourrions tout de même essayer. Qu’en dites-vous, Lothbrok ?
Je précise qu'Elina m'a autorisé à la faire se détrousser par le vilain garnement :X
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Kokuro Elina
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Mer 22 Oct - 14:49
Un monde sous les cendres.
Elina suivit Halfken lorsqu’il se dirigea vers la sortie de l’établissement. Elle nota la galanterie de l’homme et en fut agréablement surprise : ce n’était pas tous les jours qu’elle se voyait ouvrir ainsi la porte ! Son instinct avait donc été de bon conseil lorsqu’elle avait décidé de jeter son dévolu sur lui. L’araignée emboita le pas du gentleman dans les rues de Shivering Island. La pauvreté et la misère se voyaient à tous les coins de rues, aussi la femme d’affaire ne fut pas étonnée de voir un enfant mendiant les interpeller d’une voix faible. Son apparence crasseuse ne dépareillait pas avec le décor ambiant. Il portait de véritables haillons, la saleté, la poussière et la crasse le recouvraient intégralement, ce qui ajoutait à son air malade et dépenaillé. Elina nota qu’il avait replié une jambe sous son corps, afin de mimer une amputation. Elle s’amusa intérieurement de la ressource du gamin.
- Encore toi ? lança Halfken à la surprise de la jeune femme.
Après un court échange Lothbrok lui proposa, en généreux aventurier qu’il semblait être, deux cent mille Berrys contre la localisation d’un restaurant digne de ce nom. La somme, ma foi rondelette, suffirait à l’enfant pour se passer de mendicité pendant plusieurs semaines s’il savait se rationner. Sans hésiter, le vagabond sauta sur l’occasion et leur dessina rapidement un plan qu’il confia à son bienfaiteur. Cependant, il semblait que sa cupidité n’ait pas été totalement satisfaite. Non content d’accepter la somme d’Halfken, il se débrouilla pour voler quelques billets dans une poche d’Elina, et autant dans celle du généreux budoka. L’araignée se retint d’écharper le gamin sur place, préférant voir là une bonne occasion de tester les capacités d’observation de son nouvel associé. Loin d’être un débutant, le petit ingrat savait y faire, sans être pour autant d’une astuce ou d’une discrétion extraordinaire. Si Lothbrok était incapable de s’en apercevoir, elle devrait revoir son jugement.
Heureusement pour leur accord, ce dernier reprit instantanément le contrôle de la situation. Généreux jusqu’au bout des ongles, il laissa le voleur s’en tirer à bon compte, lui intimant juste de remettre la somme volée à Elina. Il s’excusa précipitamment, sans que l’araignée ne puisse lui tenir rigueur de quoi que ce soit. Elle lui en fit d’ailleurs part d’une voix faussement amusée, ayant en réalité horreur de se faire dérober quoi que ce soit :
- La faim, qui ose tout, pousse parfois à ce genre d’extrémités.
Halfken ne sembla pas l’entendre, absorbé par un petit rire à la vue du « plan » de l’enfant. D’un bref coup d’œil, Elina en comprit la raison : ce sale gosse ne s’était pas foulé ! Enfin, ils avaient leur adresse tout du moins. Les deux associés se dirigèrent tranquillement dans la direction indiquée et, bientôt, arrivèrent sur une grande place bien éclairée. Cette partie-ci de l’île semblait avoir échappé un tant soit peu à la pauvreté. Un établissement à la fière allure s’élevait en face d’eux, rehaussant l’architecture médiocre de la ville jusqu’à lors. L’enseigne indiquait « les victuailles enchantées », titre pompeux s’il en était...
« Si leur cuisine est aussi étudiée que leur arrogance, cela devrait convenir amplement. », pensa la jeune femme en acceptant le bras tendu d’Halfken, décidément très bien éduqué.
Ils furent accueillis de manière impeccable par un homme élégant en costume trois pièces. Son invité annonça deux couverts et ils furent amenés à une table isolée, proche d’une cheminée crépitante. Un serveur en chemise blanche et pantalon noir leur apporta une carte chacun, avant d’allumer une chandelle. Cela tournait un peu trop au diner romantique, là où Elina aurait préféré une ambiance plus sérieuse... D’autant plus que, encore une fois, elle doutait que Lothbrok soit le genre d’homme à se laisser envouter facilement. L’araignée s’en contenta sans rien laisser paraitre de son léger agacement. Elle parcourut la carte tout en prenant la parole de nouveau :
- Ne vous retenez pas Halfken, vous êtes mon invité. Je vous conseille même de prendre des forces avant notre expédition de demain. J’ai bien peur que nous ne soyons pas nombreux à partir.
Après une courte pause, elle reprit d’une voix chaleureuse :
- Mais dites-moi, vous m’avez dit tantôt ne pas vous passionner pour l’archéologie ? Je suis un brin curieuse, aussi vous me pardonnerez ma question qui pourrait être un brin déplacée. Que diantre recherchez-vous en m’aidant de la sorte dans mon projet sous-terrain ? Mis à part votre salaire, bien entendu.
L’araignée aimait être prudente et détenir un maximum d’informations sur les personnes qui l’entouraient. Malgré la bonne impression qu’il donnait à Elina, elle préférait explorer un peu plus les motivations d’Halfken. Après tout, elle risquait de se retrouver seule avec lui, ou en très petit comité, à explorer des galeries instables sous la terre, dès le lendemain ! De plus, elle ne le connaissait que depuis quelques heures. Sa réponse était donc capitale pour le bien des opérations. Elle l’observait de ses yeux noirs profonds, à l’affut du moindre signe de duplicité. Des yeux fuyants, un certain pli au niveau de sa bouche, des mains tremblantes et cachées ou, au contraire, particulièrement mises en valeur, un tressautement d’épaule ou même un mouvement de tête inopportun... Elina connaissait bien des manières de repérer un menteur ou un manipulateur. Ces intuitions étaient même tout à fait nécessaires pour ses activités ! Néanmoins, elle ne doutait pas que ce genre de question n’attiserait pas de méfiance de la part de son vis-à-vis. Quoi de plus naturelle, pour une future employeuse, de s’interroger sur les personnes qu’elle emploierait pour une mission périlleuse ? D’ailleurs, il devait sans doute lui réserver pareille attention.
Tout en prêtant une oreille attentive à Halfken, Elina appela un serveur pour qu’il leur amène du vin. Non content de savoir délier les langues, ce genre de breuvage lui plaisait... et elle n’était pas femme à se refuser ce qu’elle désirait.
Le serveur prit soin de nous conduire avec une dégaine impeccable jusqu'à notre table qui se trouvait d'ailleurs face à un petit brasero fort agréable. La température dehors n'était pas particulièrement rude, bien que la lente descente vers le crépuscule rafraîchissait l'atmosphère, mais un coin chaud se révélait toujours plus confortable. La carte qui venait de m'être distribuée s'avérait bien remplie et je ne savais vraiment pas quoi choisir. D'ailleurs j'étais en train de me dire qu'il s'agissait très certainement de la première fois que je mettais les pieds dans un véritable restaurant. Jamais je n'avais eu accès à une telle richesse, bien que cela ne m'ait jamais manqué. En fait, depuis que ma bourse s'était alourdie grâce au prix du concours de forge que j'avais remporté, je n'avais jamais réellement profité de tout cet argent.
- Ne vous retenez pas Halfken, vous êtes mon invité. Je vous conseille même de prendre des forces avant notre expédition de demain. J’ai bien peur que nous ne soyons pas nombreux à partir.
Et a priori, je n'allais pas plus en profiter aujourd'hui. Ne nous méprenons pas, l'initiative d'Elina me touchait vraiment, mais j'avais l'impression d'être malhonnête à lui laisser me payer des mets alors que je jouissais d'une richesse inépuisable (ou presque). Cependant, par politesse, je pris le décision d'arrêter de me triturer l'esprit et de profiter de la belle invitation qu'elle me proposait. Notre garçon de table ayant remarqué que nous prenions notre temps pour décider du repas à venir, il s'apprêtait à se retirer quand je levais ma main gauche afin de lui indiquer de mon choix.
- C'est vraiment très aimable à vous et je n'oserais refuser un tel présent . - Mais dites-moi, vous m’avez dit tantôt ne pas vous passionner pour l’archéologie ? Je suis un brin curieuse, aussi vous me pardonnerez ma question qui pourrait être un brin déplacée. Que diantre recherchez-vous en m’aidant de la sorte dans mon projet sous-terrain ? Mis à part votre salaire, bien entendu.
Elle était rapide, directe. Et pourtant sa démarche paraissait tout à fait cordiale et naturelle. Son art oratoire était décidément poussé à son paroxysme et ses questions cherchaient parfaitement bien à me cerner. Bien sûr cette attitude n'avait rien d'étrange pour une future employeuse, mais une telle prudence pouvait dérouter quelqu'un de prudent, lui aussi.
- J'ai de l'argent. Bien plus que je n'en aurais jamais besoin. Ce dont je manque en revanche c'est de personne en qui je puisse avoir confiance, avec lesquelles je puisse discuter. J'ai passé une bonne partie de ma vie sur une toute petite poussière d'un très vaste monde sans jamais le savoir. Aujourd'hui, bien que sans être réellement vieux, je me rends compte de tout ce que j'ai raté, on peut donc dire que la soif de savoir est aussi l'une de mes raisons. Alors je profite de ma liberté pour voguer où le vent me porte et espérer répondre à certaines questions. Vous savez, ce repas et la possibilité que vous m’offrez de participer à cette expédition sont tout le salaire dont je peux avoir besoin.
Je pris soin de garder pour moi le fait qu'un micro soit implanté dans mon bras droit et que j'espionne contre mon gré tout en essayant d'infiltrer une des plus grandes si ce n'est la plus grande organisation criminelle de l'ère. Ce genre d'informations s'avérait très sensible, peu crédible, et bien trop importante pour être divulguée à la première personne rencontrée. Notre serveur attitré s'approcha à nouveau de nous avec une bouteille de vin et nous servit chacun un petit fond en inclinant délicatement la bouteille afin de juger. Et se recula de quelques pas en attendant notre réponse définitive. De mon côté j'imaginais parfaitement ce que Steve penserait en voyant mon verre « C'est marée basse ? ».
- Je m'excuse d'avance pour la morbidité que pourrait prendre la suite de la conversation, mais puisque nous en sommes au point de mieux se connaître j'ai moi aussi deux questions peut-être un peu trop déplacées. Vous pensez être une personne bien Elina ? (Je laissais un bref silence s'installer en plongeant mon regard dans le sien) Selon vous, quand est-ce qu'une personne bien décide si elle va tuer ?
Tout en écoutant sa réponse, je m'apprêtais à m'occuper de l'un de mes plus grands plaisirs. Il faut savoir que lorsque le vin est versé pour goûter, on ne trinque jamais, ce qui expliquait que je pris l'initiative seul. Sur ce je vins décrire la robe du breuvage qui reposait dans mon verre aux motifs fleuris. Une teinte sang se couplait à des reflets pourpres et le tout scintillait à la lumière des chandelles luxueuses qui parcouraient le plafond de la pièce. Trempant mes lèvres dans cet élixir divin, je commençais à en décrypter les saveurs ô combien complexes et trépidantes.
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Sam 25 Oct - 19:12
Un monde sous les cendres.
Cet homme avait décidément plus d’un atout dans sa manche. Il était donc riche ? Au-delà même de tout ce qu’il pourrait dépenser en une vie, de son propre aveu ? Il manquait juste d’imagination, si tel était le cas. La nouvelle intrigua l’araignée, mais pas autant que sa « liberté » dont il lui fit part, ou de son envie de découvrir le monde. En effet, alors qu’il articulait le mot « liberté », son expression faciale changea un court instant. Sa bouche se rétracta une fraction de seconde. Mais surtout, son regard « tiqua » et, à ce moment précis, se déporta vers le côté gauche un bref instant. Selon une certaine théorie, cela pouvait signifier qu’Halfken venait de se remémorer un souvenir visuel. Et, au vu de la mimique qu’elle avait surprise, Elina devina qu’il ne s’agissait pas là d’une expérience plaisante.
« Il a l’air franc, lorsqu’il se dit libre de ses gestes, ou lorsqu’il parle de son envie de découvrir le monde. », pensa Elina. « Cependant, il ne me dit pas tout... Et l’omission est un mensonge, en soi. »
Cette aptitude n’était pas infaillible. « Lire le visage » d’autrui était profondément lié à l’interprétation faite par « le lecteur », ou « la lectrice » en l’occurrence, des mimiques faciales. Loin d’être une science exacte pour repérer un menteur, cette méthode ne procédait que par indices. Il fallait donc user de patience et de raffinement pour en réunir un maximum. Enfin, lorsque l’on disposait d’assez d’éléments, il fallait les utiliser à bon escient, en les couplant aux informations que l’on détenait à propos de son interlocuteur. Cette technique restait pour autant très utile pour des personnes de la trempe d’Elina, qui baignaient dans un monde de mensonges et de tromperies. Halfken ne ressemblait pas à un espion, et ne dégageait pas ce petit quelque chose de fourbe, de sournois, qui donnait invariablement des envies de « jeux » à l’araignée. Au contraire, sa bonté et sa franchise ne semblaient pas factices. Malgré tout, elle devrait choisir ses mots avec attention à l’avenir. Tout du moins jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse. Sans doute était-ce là un excès de défiance, mais l’expérience lui donnait malheureusement raison. Dans son métier, on n’était jamais trop prudent.
Le serveur revint soudain avec le vin et en versa une petite quantité dans chacun des verres. Pendant ce temps, Elina en profita pour parcourir de nouveau la carte d’un œil distrait. Elle hésitait fortement, le menu étant bien plus fourni que ce à quoi elle s’attendait. C’est alors que son invité reprit la parole, en s’excusant d’avance de la « morbidité » à venir de la discussion. À ce mot, Elina prit soin de se composer une expression amène, tout en saisissant délicatement son verre de vin. Est-ce qu’elle pensait être une personne bien ? Alors qu’elle réfléchissait à la question, en admirant la robe pourpre du cru, voilà qu’Halfken engageait la conversation sur une pente glissante... Peut être était-il un indicateur, tout compte fait ? Il lui fallait user de subtilité. Avant de lui répondre, Elina lui adressa un regard étonné, mais l’homme semblait on ne peut plus sérieux. Elle posa son verre et s’adressa tout d’abord au serveur :
- Je vais prendre le lapin, merci.
Une fois le garçon éloigné, elle reprit leur entretien là où il s’était arrêté :
- Une personne bien ? demanda-t-elle en faisant mine de réfléchir. En affaires, non, je ne le suis pas. Je respecte les règles posées par le gouvernement mondial, mais ne pousse pas la « bonté » plus loin. Si l’on veut prospérer dans ce milieu, il faut se montrer intraitable. Lorsque l’on baigne au milieu des requins, il n’y a guère d’autres solutions à vrai dire... D’un autre côté, ma vie ne se résume pas à mon travail. Je sais m’émerveiller devant les beautés de ce monde, aider mon prochain lorsque le besoin s’en fait sentir et, bien sûr, prendre soin de mes amis. Sans être une sainte, je ne pense pas être quelqu’un de mauvais, non.
Elle laissa sa dernière phrase en suspens, soutenant le regard de l’homme intriguant. Ce dernier goûtait le vin tout en l’écoutant et semblait en tirer une grande satisfaction. Elina se donna un peu de temps pour élaborer une réponse convaincante à sa seconde question. Elle aussi leva son verre et fit tournoyer le liquide d’un geste expert. Devant l’aspect très peu visqueux du breuvage, elle conclut que sa teneur en alcool était réduite. Elle le porta ensuite à son nez, afin d’en apprécier le bouquet. Un parfum boisé et, peut être, une légère odeur de résine. Le gout confirma ce que son odorat avait cru déceler. Un bon cru, sans être extraordinaire. Elle posa son verre et reprit la parole :
- Je trouve, par contre, votre deuxième question bien plus surprenante. Malheureusement, la mort est affaire courante en ce monde. Inutile de vous rappeler les pires forfaits des pirates ou des bandits de notre ère ? La marine fait un travail exemplaire en contrôlant autant que possible les pires engeances des mers et de la terre. Les officiers tuent, ou mettent sous les verrous quantité de malfrats. Pourtant ils incarnent la Justice, ce sont donc forcément des personnes « bien ». N’est-ce-pas ? Le meurtre n’est pas incompatible avec un caractère bienveillant, ils en sont tout à fait la preuve.
Elle reprit une gorgée de vin tout en observant la réaction d’Halfken. Elle feignit tout à coup de comprendre quelque chose, et reposa son verre avant de lui lancer d’un air mi-intrigué, mi-outré :
- À moins que vous ne me pensiez capable de tuer quelqu’un ?
Ce faisant, elle ne le lâcha pas du regard. Son visage, devenu tout à coup très sérieux, laissait entendre qu’elle attendait une explication. L’homme n’était pas sot et avait du sentir quelque chose en elle, pour poser pareille question. Ou bien n’était-ce là que de la prudence avant une expédition périlleuse ? L’araignée n’arrivait pas à lire pleinement en Halfken, ce qui la déroutait. N’était-il qu’un voyageur curieux, ou bien un agent en mission ? Si cela avait été possible, elle se serait passée de ses services. Mais elle avait besoin d’aide pour explorer les ruines ensevelies... Elle allait devoir se montrer habile et patiente. Pour l’heure, ses deux yeux noirs ne reflétaient rien d’autre que son interrogation, voire son indignation, qu’un inconnu la traite à demi-mot d’assassin ! Après tout, elle n’était qu’une femme d’affaire férue d’histoire et d’archéologie. Elle ne pouvait laisser passer pareil affront ! Du moins était-ce là une réaction tout à fait logique, au vue des informations détenues par le guerrier.
Respecter l'ordre établi, rester à la limite de la loi. Ses paroles me rappelaient étrangement celle de l'instructeur de l'académie quand il nous parlait des différents moyens d'obtenir une information. Menacer de mort, disait-il, pouvait se révéler très efficace. « Mais il faut violer la loi pour cela ? » avais-je demandé d'une naïveté flagrante à l'époque. « Bousculer, pas violer » eût-il rajouté. Elle aussi semblait se complaire dans cette nuance, à marcher sur un fil. Quand elle tenta ensuite de se définir dans son milieu quotidien, elle préféra rester humble encore une fois en n'exagérant pas sa bonté. Pourtant à mon sens, cette réponse était bien trop longue. Qu'on le veuille ou non, sa réplique paraissait être réfléchie et construite, s'interrogeant sur chaque élément de sa vie pour s'expliquer. Quelqu'un de bon ne dirait-il pas simplement « Oui, je le pense. » ? Elle reprit ensuite la parole pour se concentrer sur ma deuxième interrogation en se basant sur une idée simple : La Gouvernement qui représentait la justice dans ce monde tuait des hors-la-loi, ils n'en restaient pas moins de bonnes personnes. Je réfléchissais alors à la manière d'articuler mon propre raisonnement, quand après avoir bu une gorgée de vin, elle me questionna à son tour.
- À moins que vous ne me pensiez capable de tuer quelqu’un ?
Ses yeux qui m'observaient déjà très intensément depuis le début du repas devinrent encore plus perçants comme si peu importe la carapace que je portais, elle pouvait voir directement à travers mon cœur rouge et crépitant. De plus, elle semblait un peu bougon après ma question, peut-être n'appréciait-elle pas la manière et le sujet dont mes questions faisaient l'objet. Aussi, avant de lui expliquer ma vision, je pris soin de rétablir une bonne entente.
- Ne vous méprenez pas très chère, jamais je n'irais insinuer qu'une personne soit capable de tuer, en particulier une jolie et polie demoiselle comme vous, et si vous l'avez perçu ainsi, acceptez mes excuses les plus sincères. Les questions que je viens de vous poser ne sont autres que celles que je me suis moi-même posé il y a un peu moins d'une vingtaine d'années. (Après avoir repris ma respiration, je continuais) Vous avez abordé un autre sujet avec ces pirates cela dit. A vous entendre ils sont une nuisance évidente, en plus d'être légitimement tués par la marine et son gouvernement. Pourtant, j'ai tué probablement bien plus de gens que la majorité d'entre eux et pour des motifs probablement bien plus horribles que les leurs. Et aujourd'hui, je dîne avec vous, appréciant chaque minute de cette ambiance mémorable. Permettez-moi d'ailleurs de vous faire remarquer que vous n'avez pas vraiment répondu à ma deuxième question. Je ne demandais pas si une personne bien peut se permettre, ou doit tuer mais bien quand est-ce qu'elle décide de le faire. Enfin, je ne voudrais pas vous indisposer.
Le serveur, toujours dans une posture impeccable, droit et propre, s'avançait avec nos deux plats prenant soin de se placer à la gauche d'Elina. De tradition, on sert généralement par la droite mais dans le cas présent, la cheminée à sa droite gênait le service. Il se déplaça ensuite vers moi déposant mon assiette constituée majoritairement de homard. Il termina en nous souhaitant un excellent repas et un bon appétit, en remplissant à nouveau nos verres.
- Après vous, indiquais-je afin qu'elle puisse débuter son repas. Quant à la marine... J'imagine qu'il est voulu qu'elle soit vue et considérée par tous comme une force de la justice implacable, inébranlable mais pensez-vous réellement qu'ils soient une véritable incarnation du bien en ce monde ? Si c'était le cas, pourquoi certains s'y opposeraient-ils alors ? Après tout, un organisme si valeureux devrait être prôné devant toute autre chose. La raison est simple, tout va dépendre du point de vue de la personne. Et dans ce cas, comment quelqu'un ou, quelque chose peut-il se prévaloir d'être le symbole de la justice en ce monde ? Évidemment tout cela n'est qu'ébats philosophiques et l'on peut toujours tourner les mots de la façon dont cela nous arrange n'est-ce pas ? Demandais-je en inclinant légèrement mon visage vers l'avant. Et vous, Elina, comment vous considérez-vous au milieu de cet univers ? Espérez-vous changer les choses, vivre votre vie, trouver le bonheur ? Quel est le but que vous poursuiviez, qui vous pousse à vous lever le matin et à bouger chacun de vos muscles pendant des heures et des heures ?
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Mar 28 Oct - 23:51
Un monde sous les cendres.
L’araignée réussit à se contenir d’extrême justesse. Il aurait tué « bien plus de gens » que la majorité des pirates pour des motifs plus sombres et inavouables encore que l’envie de sang, la cupidité, la brutalité ou l’avide recherche de pouvoir ? Elle ne savait plus vraiment sur quel pied danser, à présent. Jouait-il un rôle de parfait gentleman depuis le début ? Ou bien venait-il de lui servir cette confession, afin de l’inviter à faire de même ? Mais dans quel but ? La piéger, ou simplement afin de mieux connaitre son employeuse ? Cependant, cette fois-ci, Elina n’avait repéré aucun signe de duplicité... mais ses capacités n’étaient, encore une fois, pas infaillibles. L’envie de lui demander s’il jouait fréquemment avec la loi lui brûlait les lèvres, mais il était trop tôt pour lui accorder cette de confiance et ainsi se risquer. Alors qu’elle écoutait Halfken la relancer sur sa dernière question, le serveur lui sauva la mise. Il revenait déjà avec leurs plats et, malgré la présence de la cheminée, fit tout l’étalage de son art de l’hôtellerie. Il s’éloigna élégamment, après nous avoir souhaité un bon appétit.
- Après vous, l’invita le guerrier à entamer son assiette.
La jeune femme ne se fit pas prier, tandis qu’il devisait à présent à propos de la marine. La dichotomie du bien et du mal était un sujet sensible, d’autant plus lorsque l’on ignorait tout de son interlocuteur. Cependant, Halfken se livrait sans aucune retenue apparente. Certes, il avait relevé le point le plus important : la Justice n’était dictée que par le camp des vainqueurs. Lorsque l’on avait déjà assis sa domination physique, délimiter l’ordre moral, en se posant en prêtre de la Vérité, devenait un jeu d’enfant. Ce genre de discours ne seyait guère à un marine, même infiltré. Non pas qu’Elina ne leur prêtât pas de capacités cognitives, mais plutôt une certaine opiniâtreté... à la limite de l’obsession maladive. Cette « Justice » qu’ils brandissaient, tel un étendard de vertu, relevait bien plus du pavillon souillé que ne le pensait la majorité de la population. Or la plupart, même sous couvert d’une mission, étaient incapables de la remettre en cause à ce point.
La discussion se recentra soudain sur sa propre personne. Cet homme était décidément étrange. Sans doute était-elle trop prudente, voire paranoïaque. Après tout, il était tout à fait normal que l’on cherche à en apprendre le plus possible sur la personne avec qui l’on pourrait passer plusieurs jours sous terre. Néanmoins, la manière de procéder d’Halfken la surprenait. Il jonglait entre questions sensibles et propos plus libertins, à la limite de la calomnie à l’encontre de la marine. Sans doute lui cachait-t-il quelque chose. À moins que le bon vieil adage ne soit vrai ? Après tout, il était fréquent de voir les autres tel un reflet de soi-même, lorsque l’on était sous pression. Et qui mieux qu’elle jouait sur la duplicité ? Elle avala une gorgée de vin et s’essuya délicatement la bouche avant de répondre :
- Bien des motivations permettent de se donner la force de continuer, afin de voir des jours meilleurs. Tenter de changer l’ordre du monde n’apporte que des ennuis, selon moi. De plus, peu importe quels défauts pourraient présenter nos dirigeants, leurs remplaçants seraient peut être pires. Non, je préfère tenter de pourvoir aux besoins de mes proches au mieux, afin qu’ils ne manquent jamais de rien. Un objectif bien simpliste, en somme. Mais tout se paye en se bas monde. Aussi, même s’il n’achète pas le bonheur, l’argent permet de former le terrain fertile à partir duquel la joie s’épanouira.
Elle reprit une gorgée de vin avant de regarder l’homme, l’humeur adoucie :
- Mais et vous, Haflken ? Vous m’avez dit tantôt devoir répondre à « certaines questions » ? Je ne peux pas me targuer de connaitre grand-chose au monde, ni même d’être une femme influente... Mais peut être pourrais-je vous aider à mon tour, si vous m’expliquiez quels sont vos interrogations ?
En déviant ainsi la discussion, Elina souhaitait l’éloigner sur des sujets plus légers. Elle espérait avoir réussi à lui faire oublier sa question précédente, concernant les motivations poussant aux meurtres. Mais n’était pas tout à fait certaine d’y être parvenue. Il aurait été malvenu qu’il voit par delà le voile savamment entretenue de cette « jolie et polie demoiselle ». Suivre une femme riche et bienveillante sous une terre en fureur était une chose, parcourir des galeries souterraines instables avec une assassin en était une autre... L’araignée prêta élégamment l’oreille à son vis-à-vis, tout en découpant son râble de lapin. La viande de cet animal, un peu fade avant d’être travaillée, pouvait devenir succulente entre des mains expérimentées. Elle fut agréablement surprise par la consistance moelleuse et le gout légèrement rehaussé par des aromates de son plat. Elle en avala une autre bouchée, puis s’accorda une autre gorgée de vin. Elina allait devoir être prudente. Elle possédait une certaine résistance à l’alcool, mais il finissait toujours par délier les langues plus que l’on ne l’aurait souhaité. Pour l’instant, elle n’en sentait pas les effets, mais préféra ralentir sa consommation.
« Prudence, prudence... Nous avons attiré un oiseau bien curieux dans nos filets. Il serait regrettable qu'il nous écharpe en s'en défaisant. »
J'étais heureux de voir que nous partagions le même point de vue concernant les idéalistes pensant pouvoir modifier la société en profondeur. Notre monde est un arbre constitué de plusieurs branches, et nous ne sommes qu'une feuille parmi tant d'autres ; Quand bien même nous modifierions toute la partie visible, il resterait les racines tapies dans le sol et inconnues de tous qui dirigeraient absolument tout dans l'ombre. Le directeur Viktor Poka faisait partie de ces êtres immondes et j'espérais bien me tirer un jour de ses griffes. Autre chose qui nous rapprochait : la volonté de prendre soin de notre famille. De son côté elle parlait bien de les combler au niveau financier, du mien il s'agissait de les garder en vie et loin de mes tourments. L'île sur laquelle ils vivaient était totalement recouverte d'une épaisse couche de neige, en plus d'être pratiquement déserte et sans intérêt notable : il s'agissait d'un véritable havre de paix et de tranquillité.
- Mais et vous, Haflken ? Vous m’avez dit tantôt devoir répondre à « certaines questions » ? Je ne peux pas me targuer de connaître grand-chose au monde, ni même d’être une femme influente... Mais peut être pourrais-je vous aider à mon tour, si vous m’expliquiez quels sont vos interrogations ?
Elle se souvenait sans problème du début de notre conversation. Rien d'incroyable me direz-vous, quand quelqu'un parle, l'écouter est la moindre des politesses. Mais entre temps plusieurs sujets différents furent abordés et de tous, c'est sur celui-ci qu'elle préféra revenir, à savoir : moi. La philosophie que je soulevais finissait peut-être par l'ennuyer il fallait donc redoubler de créativité dans ma rhétorique pour rendre cette partie intéressante tout en évitant les informations gênantes.
- En voilà une question compliquée, comment pourrais-je tourner ceci... Et bien disons que j'ai entraîné mon village dans mes ennuis. Pour garder ses habitants et ma famille en sécurité j'ai dû faire des choix. Entre autre celui de les abandonner. Il ne se passe pas une journée sans que je ne me questionne sur la pertinence de cet acte. A côté de celà, disons qu'en me mêlant de ce qui ne me regardais pas, j'ai fini par dépasser la ligne rouge. Aujourd'hui, la liberté dont je jouis a un prix, et là encore je ne suis pas certain de suivre le bon chemin. Il faut pourtant avancer n'est-ce pas ? Quant au reste... Si nous devions répondre à toutes les questions qui me hantent nous en aurions pour la journée ! Et puis nous avons déjà bien philosophé pour ce soir.
Laissant un sourire se dessiner sur ma bouche pour détendre l'atmosphère, je fis tournoyer le liquide dans mon verre avant d'en boire une bonne gorgée. Cela faisait longtemps qu'un alcool de si bonne qualité avait traversé mes lèvres et envahit de saveurs mes papilles endormies. A peine avais-je étanché la sécheresse dans ma bouche et je m'apprêtais à satisfaire les exigences de mon estomac. Le homard s’avérait être un produit très noble qui se suffisait à lui-même, nul besoin de fantaisies dans l'assiette pour faire un bon plat, juste cette petite pointe de sauce d'aïoli pour relever la chair tendre et moelleuse du crustacé.
- Sachez en tout cas que je passe un merveilleux moment. Il est rare de trouver des femmes si séduisantes et distinguées ces derniers temps. (Je profitai d'un petit instant pour essuyer le coin de ma bouche). J'espère qu'il en est de même pour vous. Ah et considérez ma participation totalement acquise pour votre projet. A vrai dire je n'arrive qu'à vous trouver des compliments. Non pas que cela soit un problème, mais tout me semble bien trop parfait. Vous qui travaillez « au milieu des requins » devriez comprendre plus que n'importe qui la prudence dont je fais part actuellement. Votre odeur est sombre et compliquée, voilà ce que je ressens. Comme quoi il arrive de se tromper, terminais-je avec un rire tout à fait courtois.
Chacun des mots que je prononçais avait une raison. Si on me demandait de faire une description d'Elina le seul mot qui pourrait me venir à la bouche serait « parfaite », à l'exception de ses manières dans son travail qu'elle admet pourtant ouvertement. On ne pouvait pas parler de confiance entre nous, puisque personne ne possède le privilège d'avoir la mienne, mais en effet un lien semblait nous unir. Mon sixième sens ne m'avait pourtant jamais trompé. Devais-je me méfier d'elle ou pas ? Peu importe, avec ce que venais de dire, je m'étais engagé.
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Lun 3 Nov - 22:42
Un monde sous les cendres.
Elina réfléchissait suite à la déclaration d’Halfken. Il était donc curieux, peut être même un peu trop si elle en croyait ses dires. Cette curiosité avait fini par apporter des ennuis à son village et à sa famille, l’obligeant à s’éclipser pour leur sécurité. Mais ce qui l’intéressait bien plus était cette notion de « prix » à sa liberté. Voulait-il parler d’obligation morale, de culpabilité, d’un revers de la médaille... ou bien d’un poids plus lourd et sombre ? L’araignée ne pouvait pas le deviner, avec les éléments dont elle disposait, mais elle décida de garder ce détail à l’esprit. Halfken réussit néanmoins à sourire, avant de reprendre un peu de vin. Il semblait apprécier la bonne chère étalée devant lui, dévorant d’un bon appétit son homard. Son invité finit par reprendre la parole et ne tarit pas d’éloge sur elle. Il lui annonça officiellement sa participation pour l’expédition de demain, avant de relever un point crucial, chez Elina :
- À vrai dire je n'arrive qu'à vous trouver des compliments. Non pas que cela soit un problème, mais tout me semble bien trop parfait. Vous qui travaillez « au milieu des requins » devriez comprendre plus que n'importe qui la prudence dont je fais part actuellement. Votre odeur est sombre et compliquée, voilà ce que je ressens. Comme quoi il arrive de se tromper.
Il termina par un petit rire, mais semblait réfléchir, continuer à se méfier un peu... L’araignée comprit soudainement ce qui le poussait à continuer. Ne l’avait-il pas admis lui-même : il était curieux, bien trop curieux. La jeune femme lui sourit et, après une nouvelle gorgée de vin, reposa son verre devant son assiette vide. Elle prit appui sur la table de ses coudes et joignit ses deux mains ensemble, avant de poser délicatement son menton sur ce piédestal pour son visage. Elle prit alors la parole d’une voix amusée :
- Voilà le plus grand talent des femmes, mon cher. Si elles le désiraient, vous n’apercevriez jamais rien d’autre qu’un parfait reflet, puissiez-vous vous acharner des semaines durant. Ce n’est que lorsque vous tenteriez de cueillir votre rose, que vous vous confronteriez aux épines. J’ai des défauts, Halfken, bien plus que vous ne semblez l’imaginer. Mais ne préférez vous pas être embauché de la sorte ?
Elle le laissa réfléchir quelques instants, alors que le garçon venait débarrasser leurs plats à présent terminés. Ils avaient presque vidé la bouteille à deux, mais ni l’un ni l’autre ne semblait montrer le plus petit signe d’ivresse. Elina en avait certes l’habitude, mais elle avait espéré ainsi tromper les défenses d’Halfken. Dommage... Le serveur revint peu après, avec une carte des desserts.
- Je ne prendrai rien, merci, lui déclara-t-elle d’un air charmant.
Puis, elle se pencha vers son invité, avant de lui glisser sur un ton de confidence jouée :
- Je fais attention à ma ligne !
La soirée avait déjà porté ses fruits, aussi elle se désintéressa quelque peu du choix de l’homme. Qu’il prenne un dessert ou non ne changerait en rien sa participation à l’aventure sous-terraine du lendemain. Elina se contenta donc de vin, attendant patiemment qu’Halfken termine son repas. Bien sûr, elle répondrait poliment et astucieusement, si l’envie prenait au guerrier de relancer la discussion. Néanmoins, elle se contenterait à présent de banalités, les arrangements étant scellés de sa propre bouche.
« Il ne reste plus qu’à patienter jusqu’à demain. J’ai bien peur que les locaux ne se montrent que peu enclins à nous suivre, après l’incident de cet après midi. J’espère que nous pourrons trouver tout de même un guide compétent en spéléologie... », pensa l’araignée en prêtant une oreille distraite à l’homme en face d’elle.
La réussite de cette mission n’était certes pas capitale. Elle doutait même qu’elle puisse accéder à la fameuse cité perdue. Et, même si tel était le cas, sans doute n’y trouverait-elle que des ruines et pas l’ombre d’un trésor. Cela dit, elle disposait d’un peu de temps avant de se rendre sur Micqueot. Elle devait attendre la prochaine navette et, surtout, les informations capitales que Seika et Shiro récoltaient pour elle. De plus, ses deux associés avaient besoin de temps, afin de préparer son arrivée sur Yakoutie Island. S’il existait une opération où l’échec était absolument inenvisageable, c’était bien celle-ci ! Transformer Yakoutie Island en plateforme tournante demanderait du temps et de la préparation, ainsi que des fonds, bien entendu. Aussi, ce temps passé sur Shivering Island n’était pas dépensé en vain, bien au contraire.
Une pose bien féminine précéda sa réponse. L'art oratoire dont profitait Elina était parfaitement maîtrisé et calculé. Et même au moment où elle semble m'avouer les défauts qui l'habitent, je suis encore sous un charme admirable, persuadé par ses paroles enchanteresses. Sa question finale sonna comme un glas sur le petit discours qu'elle venait de prononcer. Incroyable, tout se révélait si bien dosé, sa gestuelle, sa façon de prononcer certains mots. Il s'avérait évident qu'elle avait bien plus à m'apprendre que d'obscures vieillards aux connaissances accumulées.
- Non, vous avez raison. J'aime être mystifié, parce qu'au fond je ne préfère pas connaître la vérité.
Toujours dans sa démarche classieuse, notre garçon de table arriva au pas pour nous proposer la carte à nouveau. Elina refusa poliment et m'indiqua l'attention qu'elle portait à son physique sur un ton de confidence. « Ca se voit » lui confiais-je avec la même discrétion d'un sourire charmeur. Pour ma part, je ne comptais bien évidemment pas déguster quelque chose devant elle, hors de question. Je fis part de mon choix au serveur et pris la même attitude qu'elle en me penchant :
- Moi non plus j'aime pas le poisson.
Aucun commentaire merci, on ne choisit pas ses parents, et bien on ne choisit pas non plus son sens de l'humour. Quant au vin, et bien je me restreignais grandement depuis tout à l'heure pour ne pas passer pour un ivrogne fini, donc je pensais bien la laisser déguster le reste de la bouteille en paix, a si tenter qu'elle veuille la finir. La suite de la soirée se termina dans des conversations plus simples et plus joviales, et avec moins de mon humour pour le grand bien de tous. Au moment de se séparer j'hésitais, mais j'ai finalement fini par lui tendre mon visage pour une bise respectueuse, après tout elle m'avait fait passer une magnifique soirée. Je donnais comme point de rendez-vous la rue en face du centre archéologique où nous nous étions rencontrés puis partais en direction d'un hôtel de plutôt bonne qualité. A défaut d'avoir des draps tout doux et des matelas confortables, le prix restait au moins très peu onéreux.
En tant que futur employé je me devais d'être impeccable. Et c'est pourquoi j'avais pris le temps de me lever aux aurores pour arriver à la première heure devant ledit établissement. Au vu de son caractère et de son implication dans l'affaire, pensais en toute logique à ce qu'elle soit pareillement à l'heure.
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Sam 15 Nov - 14:44
Un monde sous les cendres.
La tentative d’humour d’Halfken passa inaperçue auprès du serveur, mais Elina crut comprendre la référence à « la ligne » utilisé par les pécheurs. Elle feignit un air amusé, mais n’en pensa pas moins que, si son invité savait se montrait cordial et prévenant, son humour pouvait laisser à désirer. Cela étant, le repas se termina peu à peu sur des banalités autour de la bouteille de vin. Fort heureusement, Halfken ne tenta plus de pareilles plaisanteries et Elina lui en sut gré. Leur séparation pour la nuit fut marquée par une petite familiarité de son futur employé, mais ici encore l’araignée se prêta au jeu. L’accolade fut brève et respectueuse, et non pas le prétexte à la moindre tentative de goujaterie. Ici encore son invité se distinguait par son savoir vivre étonnant de la part d’un aventurier qui, de son propre aveu, n’avait jamais foulé le sol d’un restaurant. Ils se donnèrent comme point de rendez-vous la rue adjacente au centre d’archéologie, puis retournèrent à leurs hôtels respectifs.
Celui d’Elina ne se trouvait pas loin du fameux restaurant et, lui aussi, dénotait quelque peu au milieu de la misère locale. D’un aspect pour le moins luxueux, il n’en restait pas moins abordable pour l’araignée qui s’empressa de passer le pas de la porte pour échapper au froid ambiant. Elle se présenta, et l’hôtesse lui confia les clés de sa chambre, précédemment réservée par Shiro et Seika lors de leur passage sur l’île. Elle découvrit une chambre simple mais confortable. Par habitude, elle tissa des toiles sur les fenêtres et la porte, afin d’être avertie en cas d’intrusion, bien qu’elle fut persuadée de passer une nuit tranquille. Elina s’allongea donc sur son matelas de plumes et s’endormit sans tarder.
Le lendemain, elle se leva de bonne heure et, après un brin de toilette et une collation, se dirigea vers le centre d’archéologie. Elle n’y trouva pas grand monde. En vérité seuls les employés avaient trouvé le courage d’investir les lieux après les événements de la veille. La jeune femme s’avança néanmoins d’un pas décidé vers la personne qui l’avait reçue hier. À la mine qu’elle prit lorsqu’elle l’aperçut, Elina comprit qu’elle n’était pas porteuse de bonnes nouvelles. Sa supposition fut confirmée d’entrée de jeu :
- Bonjour, madame. Je suis terriblement désolée mais, après l’activité volcanique d’hier, aucun spéléologue ou archéologue n’est prêt à s’aventurer pour une expédition...
Un silence de mort accueillit la déclaration, tandis qu’Elina la transperçait du regard, on ne peut plus contrariée. Peu à peu, l’araignée se calma car, en vérité, la jeune fille n’avait aucune part de responsabilité dans la couardise des scientifiques de l’île. Elle lui adressa tout de même de rapides mots de remerciement et lui assura qu’elle reviendrait dans quelques temps, lorsque l’île se laisserait aborder sans mauvaises surprises. La jeune fille sembla ravie et lui donna le numéro de l’établissement, afin qu’elle ne fasse pas de voyage pour rien. La femme d’affaire salua le geste, puis sortit du bâtiment, l’humeur décidément assombrie par cette mauvaise nouvelle.
À peine sortie, elle croisa Halfken qui lui demanda comment allait se dérouler la suite des opérations. Elina se força à lui sourire de manière charmante et lui répondit de la sorte :
- Malheureusement, les chercheurs de l’île sont des lâches. Ils refusent de nous accompagner tant que le volcan ne se sera pas calmé. Je regrette Halfken, mais notre expédition est avortée. Peut être pourrons-nous collaborer en d’autres occasions. Laissez-moi votre numéro de Den Den Mushi et je vous tiendrai au courant. Maintenant, excusez-moi, mais j’ai des affaires urgentes à régler et j’ai besoin de convaincre un capitaine de m’emmener sur l’île Micqueot. En vous souhaitant une bonne continuation.
Sur ces mots, l’araignée s’éloigna en direction du port, avec la désagréable impression d’avoir perdu son temps ici. Cela dit, elle dût convenir que rencontrer Halfken n’avait pas été pour lui déplaire. Sans doute arriverait-elle à le convaincre de collaborer avec elle, si leurs chemins se croisaient de nouveau. Mais elle ne pouvait prendre le risque de l’emmener avec elle pour le moment : risquer la bonne conduite de ses affaires sur l’île Micqueot, ou bien sa domination de Yakoutie Island était inenvisageable. Elle le laissa donc sur l’île sans un mot de plus.
Sans grande difficulté, elle croisa un capitaine opportuniste qui, devant le regain d’activité du volcan, avait affrété ses voiles plus tôt que prévu. Il demandait pour son billet presque le double du tarif normal, mais Elina n’avait guère le choix. Plus vite elle partirait d’ici, plus vite elle pourrait mettre en marche ses plans. Elle paya donc à contrecœur la somme requise et, bientôt, le bâtiment s’éloigna, rempli de touristes et d’autres petites gens de passages, tous apeurés à l’idée d’une éruption de lave. L’araignée soupira et se retrancha dans sa cabine. Le voyage jusqu’à Micqueot serait sans doute long, et elle devrait prendre une autre navette pour y parvenir, mais elle espérait que tous ces désagrément ne terniraient pas sa joie, en cas de réussite. L’itelzbulger Stein serait à elle. Au minimum, elle se contenterait d’un accord juteux avec le vigneron. Ce dernier n’avait d’ailleurs pas intérêt à se montrer revêche, vu l’humeur massacrante dans laquelle les événements de Shivering Island l’avaient plongée...
Vu le départ d'Halfken, je conclue le RP ainsi. Halfken, si tu me lis, je répète que je ne t'en veux absolument pas IRL ^^. Elina a juste son petit caractère et je me devais de le retranscrire . Bonne continuation IRl de ton côté .
_________________
Kokuro Elina
Invité
Invité
Sam 27 Déc - 21:29
Coeur Troublé
Feat Elina ~
La réponse de son employeuse attrista Halfken qui pensait développer sa relation avec elle et surtout découvrir des choses inédites sous le sol de cette île. La voix pressante de son interlocutrice lui fit comprendre qu'elle n'avait pas une seconde à perdre, et il sortit aussitôt un bout de papier où il y griffonna ses propres coordonnées escargophoniques ainsi que celle de ses rennes, sait-on jamais. A peine les avait-elle en main qu'elle s'éloignait déjà du forgeron solitaire qui n'eût pas le temps de lui dire au revoir. Ne souhaitant pas quitter de sitôt Shivering Island, Halfken se dirigea vers un bar. Il prit le premier qui croisa ses yeux, sans réfléchir à l'esthétique de celui-ci ou de la qualité du jus de pied qui était vendu à l'intérieur. Poussant le morceau de bois pourri qui servait de porte, il eut tout juste posé un pied à l'intérieur que déjà l'odeur de l'alcool bon marché brûlait ses narines. Les voix fortes qui composaient les conversations s'amenuisaient au point de ressembler à des chuchotements quand le barbu passait près des habitués. Il soupira sans pour autant dire quoi que ce soit. Une place au niveau du comptoir était vide de tout voisin gênant. Il déposa quelques billets avant de commander un hydromel « bien fort » avait-il précisé.
- Je reconnaîtrais ce visage entre mille, celui de l'homme plongé entre réflexion et introspection. Qu'est-ce qui vous tracasse étranger ? Entama le barman en essuyant quelques verres opaques.
Sans même prendre le temps de demander la raison de sa courtoisie avec un « étranger » Halfken répondit directement à la question posée.
- Vous pensez que l'âge est un obstacle à une relation sentimentale ? - Elle sait marcher au moins ? Demanda le barman avant d'exploser de rire. Écoutez, j'ai vu des couples séparés par plus d'années qu'il n'y a de personnes dans cette salle vivre une vie d'amour pleine et agitée là où j'ai connu un couple dont les deux tourtereaux étaient nés le même jour ne pas tenir plus de quelques mois.
Halfken s'empara de son verre et le vida d'une traite avant de reposer le verre devant son confident qui y fit à nouveau couler un peu d'alcool.
- Avoir abandonné sa famille pour la protéger et vouloir démarrer autre chose, c'est une trahison ?
L'homme prit quelques secondes pour réfléchir, profitant de ce temps pour servir une bière à un ivrogne peinant à attraper la chope.
- Une question difficile étranger. Je pense qu'abandonner ceux qu'on aime est un sacrifice déjà plus grand que la vie elle-même. Alors si on peut retrouver quelqu'un qui puisse combler le vide en notre cœur, cela ne me semble être qu'une maigre et nécessaire compensation. Enfin je ne souhaite ce sort à personne. - Moi non plus, ajouta aussitôt Halfken, moi non plus... - Vous avez l'air d'un type honnête, je vais vous raccompagner dehors avant que vous ne regrettiez ce que vous êtes en train de faire ici. Bon courage l'ami.
Est-ce que les réponses l'avaient réellement aider dans le fond ? D'un point de vue morale oui, mais d'un point de vue sentimental... Le moment venu, il espère que la réponse lui viendra. Avec un air dépité, Halfken sortit son escargophone et appela les rennes.