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Ce que nous rendons à la terre [Solo] [ Flashback 4 ans avant]
Rainbow Dieulegrand
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Ven 6 Mar - 23:37
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Ce que nous rendons à la terre.





« Rose ! Youhou ! Rooooose ! N’oublies pas que tu es de corvée pour étendre le linge aujourd’hui ! »

En tournant la tête vers la colline d’en face, j’aperçois Leora qui me fait des grands signes. Ah ca, pour son âge, elle a encore l’énergie et la force d’un bambin de 15 ans, pour sur ! Je lui souris et me mets à battre des bras comme un oiseau fou en lui répondant avec autant de vigueur dans la voix que ma cage thoracique me propose.

« Oui, oui, j’arrive ! J’ai juste quelques petites choses à terminer ! »

Le temps de la voir mettre les mains sur les hanches avec son regard désapprobateur, et je lui tourne déjà le dos… Eh oui, depuis le temps, elle me connaît ! Quand il y a des choses à découvrir et des aventures sur l’ile, c’est tellement rare que je peux facilement disparaître pour aller jusqu’au fin fond de l’histoire. Aucun secret ne m’a échappé pour l’instant, et ca n’est pas maintenant que ca va commencer !

Je m’enfonce dans cette forêt aussi petite que dense, la seule que cette modeste île d’Azalariane puisse offrir, à la poursuite de ma découverte de la veille. Oh, rien qui pourrait réellement faire s’extasier la plupart des adultes que je côtoie, rien qu’un animal… Un petit animal roux, absolument adorable, et qui contrairement à ses congénères a accepté de faire ami-ami avec moi par la plus improbable des circonstances. Un écureuil ! Oui, ce petit être m’a aperçu hier et s’est approché de moi… C’est simple dit comme ca, mais il s’est passé quelque chose d’absolument fusionnel, comme s’il comprenait ce que j’étais, et qu’il voulait entrer en contact, et interagir avec moi ! Ses petits yeux pétillants n’avaient de cesse de me fixer et semblaient crier une amitié éternelle… Oui, j’ai vu dans les miroirs de son âme qu’il avait trouvé quelque chose en moi comme je venais de me retrouver en lui. Somptueux… J’en ai encore le cœur qui bat la chamade. Le fait est que d’habitude, les animaux ne se comportent pas ainsi, ils fuient à la vue des humains. Comment pouvais-je ne pas revenir ici ? Notre entrevue avait été écourtée par l’arrivée soudaine de Kotobuki venu chercher des mûres dans un coin encore plus reculé… Cela avait fait fuir le petit. A croire que je suis la seule qui puisse le contenter, ce qui serait encore plus impressionnant et… Flatteur.

Quand j’arrive enfin à notre point de rencontre, je n’ai plus aucun doute… Il est là. En face de moi. L’écureuil ! Et le voilà qui de ses petits yeux noirs recommence à m’observer de la même manière que je ne peux détacher mon regard du sien. Je m’assois en tailleur à même le sol, tout doucement, et d’un geste doux tend lentement ma main vers lui, paume vers le ciel. Ses minuscules oreilles frémissent alors doucement, et il commence à se rapprocher. D’abord très peu, puis il fait de plus en plus de pas vers moi, jusqu’à être à quelques centimètres de ma main. Puis une plume froide… Son museau qui renifle le bout de mon index, les moustaches tremblotantes, une petite hésitation encore présente jusqu’à ce qu’arrive ce moment prenant… Oui. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la petite chose rousse se retrouve dressée sur ses pattes à même mes jambes et le museau à quelques centimètres de mon nez. Mes yeux s’ouvrent grand sur cette chose incroyable, et je me retiens de faire le moindre geste pour éviter de l’effrayer. Je prends alors sur moi, et ouvre les lèvres pour lui adresser la parole de la voix la plus lente et douce possible.

« Bonjour petit écureuil… Je m’appelle Rose. Je suis ravie de faire ta connaissance ! »

La petite bête se redresse alors encore plus sur ses pattes, se grandissant comme jamais et plongeant ses yeux dans les miens… Le tout avant de grimper à même mon bras jusque sur mon épaule, plongeant directement dans mon chandail !

« Woaaaaah mais qu’est-ce que tu fais ? Mais… Mais… »

Je me retrouve alors vacillant sur mon assise à sentir les petites griffes de l’animal s’enfoncer dans ma peau… Il y a plus agréable, c’est sur ! Celui-ci bouge jusqu’à avoir trouvé un emplacement confortable, en je ne pourrai pas l’en blâmer ! Qui l’eut cru ? Le petit est maintenant pelotonné et enroulé solidement autour de mon cou.

« Euh… Bah… D’accord… On va dire qu’on est copains, hein ? Mais évites de refaire ca, ca fait sacrément mal tes petites griffes dans ma peau … Bon, pour ma part, je t’adopte ! Il faut qu’on rentre à l’orphelinat maintenant. Sinon, Leora risque de ne pas être contente et de me filer des tâches en plus. »

Ni une ni deux, je repars, mon écureuil accroché au cou, jusque l’orphelinat. Arrivée je suis attendue de pied ferme par Leora qui tique en voyant l’animal. Certes elle tique, mais… Pas autant que l’invité surprise qui arrive alors à ses côtés.

« Crispy ! Eh bien voilà Leora, toi qui râles sur ta petite souris adepte des secrets, regarde à quoi sert son talent ! Elle a retrouvé l’écureuil que j’avais égaré sur Azalariane ! Et surtout… Il me semble que Crispy l’a adoptée. »

Le sourire de cet homme me fait bizarre, comme si je l’avais déjà vu quelque part. Semblant être du même âge que Leora, il semble au moins aussi en forme qu’elle, et a un regard des plus doux, sans l’être trop. Le voilà à me dévisager de ses yeux d’un bleu presque violet ce qui a le don de faire monter le rouge à mes joues. Ah ca, chez moi la timidité peut débarquer oui, mais uniquement quand on me regarde comme une jeune fille. La gardienne de secrets a du culot et du chien, la jeune fille… Beaucoup, beaucoup moins ! Enfin bon. Crispy, c’est donc ca son nom ? L’intéressé roupille toujours autour de mon cou, paisiblement, et un serrement se fait autour de mon cœur. S’il le nomme, c’est qu’il doit sans nul doute être à lui, et cela voudrait dire que l’animal est domestiqué, et qu’il n’y avait en fait aucun mystère au fait qu’il ait pu m’apprécier. Leora fait une petite tape amicale à l’homme avant d’annoncer, de sa voix suave qu’on lui connaît tant :

« Je pense que nous allons pouvoir discuter un peu devant une tasse de thé, tous les trois… Enfin, tous les deux en fait vu que ton rongeur t’a délaissé ! Rose, je te laisse préparer et apporter le tout dans mon bureau ? Nous montons dans mon bureau Len et moi.

- Tu n’as qu’à garder Crispy pour l’instant en effet, Rose, ca serait dommage de le réveiller alors qu’il est si paisiblement installé ! »

Je hoche la tête, un sourire légèrement triste sur le visage, et m’en vais vers la cuisine pour chauffer l’eau en savourant la chaleur de l’animal autour de mon cou. Crispy comme il s’appelle n’est pas du tout gêné ni par mes mouvements, ni par les bruits d’eau ou encore par les sifflements de la bouilloire. Sacrée bestiole qu’il a là, ce vieux Len ! Il est totalement habitué au bruit humain, complètement apprivoisé. Je n’avais jamais vu ca avant, c’est dire. Je prépare donc un petit plateau, surplombé de tout ce qu’il faut : tasses, théière, thé et boules à thé, mais également des petits gâteaux. En sortant en direction du bureau de la doyenne, je croise Soralia affublée du panier de linge avec qui je manque de me télescoper.

« Pardon, Rose, je ne t’avais pas vue ! Ce panier est tellement rempli que je peine à voir devant…

- Tu m’étonnes… Dis, So’, tu… Tu pourrais me laisser trainer avant de venir pour t’aider ? Il y a un vieil homme venu avec cet écureuil qui est blotti contre mon cou ! Visiblement Leora le connaît, mais je…

- Tu veux espionner, je connais le refrain. Je n’avais même pas remarqué ton écharpe, c’est vrai que c’est un charmant tableau tiens ! Bon. Viens quand même assez vite, j’ai pas que des fringues à étendre, faudra que tu m’aides pour les draps ! »

Elle vient bien entendu de me couper la parole pour finir ma phrase… Elle est vraiment une sœur jumelle, pour moi ! Nous avons grandit ensemble sous ces murs, je n’en attendais pas moins d’elle… Je la remercie avec des étoiles dans les yeux cependant qu’elle trace le chemin, me laissant libre champs pour mon activité préférée… L’espionnage. Hihihi ! Si seulement je ne pouvais faire que ca de ma vie, voyager telle une intrépide pour découvrir tous les secrets dont recèlent les blues ! Je manque renverser mon plateau garni tellement je suis surexcitée, et arrive au bureau de Leora souriante comme une enfant qui aurait découvert le plus merveilleux des jouets sous son oreiller. Malheureusement, après avoir posé le matériel, Leora me congédie… A sa sauce.

« Pas la peine d’essayer de nous espionner ! Len est un vieil ami, et ce que nous devons partager est totalement intime et ne t’intéresserait pas. Va rejoindre Soralia, tu sais le nombre de draps qu’il peut y avoir à étendre et comme c’est éreintant. »

Bah… Fatalement, Leora me connait encore mieux… Elle et Len sourient comme de vieux singes à qui on n’apprend pas à faire la grimace, et moi je rougis à la fois de honte et de déception. Suis-je donc stupide ? C’est vrai que s’il y a bien une personne sur terre que je ne peux plus duper c’est bien cette vieille femme. Mais comme j’aurais aimé savoir qui est cet homme ! La doyenne reçoit souvent d’étranges vieux amis dont on ne connaît jamais l’histoire, et qui repartent sans qu’on sache rien d‘eux. Kotobuki, Priss, Soralia et moi nous amusons même de défilé en pensant que tous ces hommes sont des soupirants qu’elle a éconduit et qui reviennent fréquemment lui demander sa main ! Après tout, cette femme est un sacré roc …!

Je rejoins Soralia qui devient hilare rien qu’à ma tête, pas besoin de lui expliquer ma mésaventure. Tss, ca le fait vraiment pas toute cette histoire. J’aide donc mon amie dans sa besogne, et m’aperçoit que pendant ce temps, un certain rongeur se permet même de ronfler ! J’aimerais bien être un écureuil, là, tout de suite…

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Ce que nous rendons à la terre.





Le lendemain, me voilà avec une nouvelle mission personnelle. Trouver pourquoi diantre ce type ci est resté ?! Qu’il passe la nuit, oui, ce sont des choses qui arrivent. Mais là, ce Len, il vient carrément de s’installer dans l’établi de chimiste de notre Leora ! Le genre de truc qui n’arrive jamais… Crispy, lui, est resté avec moi, comme s’il avait toujours été mon compagnon, et est à présent perché sur mon épaule gauche. J’approche l’air de rien vers le lieu de travail improvisé de l’homme, ne me cachant pas le moins du monde, et mettant totalement de côté les bonnes manières.

« Je travaille le bois, jeune Rose. »

Je m’arrête, statufiée, et quelque peu décontenancée par la réflexion du vieillard qui n’a même pas eu à se retourner pour savoir qui j’étais. Je m’attendais plutôt à me faire mettre dehors, mais là c’est plus une invitation. Invitation que je ne refuserais pour rien au monde… Je me place donc face à lui, de l’autre côté de l’établi, et ouvre les yeux en grand en découvrant ce qu’il fait de ses mains.

« Ce sont… Des sortes de bateaux miniatures ? Mais… Pour quoi faire ? »

Ses yeux se mettent à pétiller et il rit de bon cœur à ma réflexion.

« C’est curieux, n’est-ce pas ? En fait, j’ai construit ces chaussures sur le modèle d’un plan que j’ai trouvé dans l’atelier de mon ancienne maison. Figure toi que je sui un voyageur, jeune fille, et que c’était la première fois en un bon paquet d’années que je remettais les pieds chez moi… J’étais à la recherche de quelque chose. Enfin… Quelqu’un, mais c’est une autre histoire. Au bout de toutes ces années, je débarque comme un inconnu, et la seule chose qui me vient à l’esprit, c’est de me mettre à travailler le bois comme lorsque j’étais jeune, juste en voyant ces plans juste derrière la porte d’entrée ! »

Levant la chose en bois et le posant dans mes mains, c’est comme s’il m’offrait la chose la plus fragile au monde, une œuvre d’art mélancolique… En regardant un peu mieux, je commence à tourner l’objet sous tous les angles et il me fait indéniablement penser à une…

« Chaussure. Tu es intelligente, petite Rose, ca se voit ! Tu es faite pour découvrir, apprendre, retenir, écouter… Quand tu perçois le mécanisme de l’énigme, tes yeux révèlent les étoiles du firmament ! Héhé ! C’est un beau spectacle. Figures-toi que ces chaussures ont une forme de bateau car elles sont sensées permettre à quelqu’un les portant de traverser un cours d’eau pourvu qu’il soit calme. Enfin, c’est ce que dit la notice ! A mon avis, si le cours d’eau est trop fort, peu importe les chaussures, on finit par se faire emporter… »

Voilà donc ce qu’il fait… Il sculpte dans le bois des arbres de notre île des chaussures capables de faire marcher sur l’eau. Regardant encore plus précisément, je trouve cette chaussure très petite ! Comment un homme comme lui avec de grands pieds compte-t-il faire rentrer ses petons dedans ? A moins que… Je relève les yeux et plante mon regard dans celui de Len qui m’observe déjà, avec un air improbable et un sourire en coin qui ne trompe pas.

« Vous… Les faîtes pour moi ?

-Pour qui d’autre ? Observe bien ces plans… Avec le poids du bois, c’est exponentiel. Ces plans sont là pour construire des chaussures qui n’iraient qu’à de petits pieds fins, mais pas n’importe lesquels. Ceux d’une personne adulte, et crois moi, il n’y a pas énormément de personnes avec tes mensurations dans mes connaissances. La personne qui a laissé ces plans savait que je saurai à qui les destiner, en l’occurrence à toi. Et Leora me tient assez au courant de tes pérégrinations pour que je puisse conclure que quelqu’un a laissé ces plans pour que je te construise ces « passe-courant » comme je les appellerai. »

Je suis soudain apeurée. Les construire pour moi… Quelqu’un qui laisse les plans pour moi ?... Leora et lui s’échangent des messages à mon sujet ? Impossible. Je suis orpheline. On m’a abandonnée, ma famille est ici, et je ne me suis jamais assez liée à quiconque hors de l’île qui puisse vouloir construire ces plans pour moi ! Mon visage se ferme et une colère me ronge de l’intérieur. Ce type est complètement fêlé, ne sait-il donc pas sur quelle île il se trouve ?

« Vous vous trompez. Ca ne peut pas être moi, je suis orpheline… On m’a abandonnée à mon triste sort alors que je venais de sortir du ventre de ma mère, ne me laissant qu’une stupide gourmette sans un véritable prénom dessus ! »

Me reculant, dégoutée de lui, je me déplace vivement jusqu’à l’embrasure de la porte et m’y stoppe, visage et regard baissé en fixant le sol alors qu’il est tourné vers moi et me regarde. Le venin verbal se met à suinter de mes lèvres.

« Je ne sais pas ce que vous essayez de faire, si c’est une mauvaise blague, ou si vous vous jouez de moi dans un esprit malsain, mais dans les deux cas j’espère que vous déguerpirez bientôt de cette île ! Vous n’êtes qu’un menteur et un semeur de trouble ! Je ne comprends pas comment Leora a pu vous faire assez confiance pour vous permettre de poser les pieds sur cette terre d’orphelins modestes. »

Je me mets alors à courir sans réfléchir vers les bois, me ruant le plus profondément possible jusque dans le cœur de la forêt. Là, je m’y assois, submergée comme je ne l’ai jamais été par des sentiments contradictoires, me rappelant si bien à quel point je n’ai jamais osé pensé à la raison de mon abandon. La tristesse, la peur, la rage et… L’espoir. Ce satané espoir qui peut donner de si grandes désillusions. Cet espoir qui pourrait très bien apporter des larmes. Toujours l’espoir… Je me mets alors à fredonner en boucle ce poème, l’eau ruisselant sur mon visage, et Crispy tentant de grignoter mes cheveux qui s’envolent avec les courants d’air frais.

« Courage, courage,
Que me susurres-tu,
Comme un vieil adage,
Le nom des âmes perdues…

Amour, amour,
Qu’étreins-tu,
Dans ton vieux four,
Réside le cœur déçu…

Espoir, espoir,
Où brilles-tu,
Dans les larmes du soir,
Sur le visage des vaincus… »

Jusqu’à la nuit tombée, sans manger, je chante, je chante, jusqu’à perdre la tête pour oublier cette question qui enserre mon cœur si violemment. Pourquoi ?

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Ce que nous rendons à la terre [Solo] [ Flashback 4 ans avant] B7pn3

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Ce que nous rendons à la terre.





Quelques jours plus tard, me voilà en plein entrainement avec Crispy… Croyez le ou non, cet écureuil est un sacré petit futé ! Il comprend tout ce que je lui dis, sais faire des tours… Et la course. Et il me bat toujours à plates coutures, disons qu’il sait me faire bosser mon cardio ! Lui au sol, prêt à démarrer, voilà que je fais le décompte.

« T’es prêt Crispy ? Jusque la forêt, à mon départ ! 3, 2, 1… PARTEZ ! »

Et nous voilà en train de détaler comme des lapins… J’ai à peine fait quelques mètres que lui en a quelques autres d’avance sur moi. Sacré écureuil ! Je rigole à gorge déployée et poursuis le rongeur jusqu’à l’orée du bois, où il m’attend, arrivé bien en avance par rapport à moi. J’arrive donc à sa suite, et le lui tend mon bras pour qu’il puisse grimper à mon épaule tranquillement.

« T’es trop fort, Crispy… Je crois bien que je ne saurai jamais te rattraper, tu me devanceras toujours ! »

Je souris, heureuse, et me lance dans notre petite rituel habituel à deux. Nous sommes maintenant comme cul et chemise… Et je peux à peine envisager que cette mignonne petite bête puisse un jour reprendre la route avec ce vieux raconteur de bobards…C’est vrai, ca, je me suis attachée, malgré moi, et Crispy aussi… La petite boule de poil choppe une noisette et vient se blottir contre moi pour la manger en paix, pendant que je m’occupe de la cueillette des fruits rouges… Au menu, myrtilles, framboises, groseilles, cassis… Tout ce genre de petits fruits bien sympas qui feront de parfaites tartes, ou tout simplement un bon complément en fin de repas avec le fromage du soir. Une fois mon tee-shirt « spécial récolte » rempli de fruits et autres baies, c’est chemin de retour… Et voilà qu’en arrivant dans notre maison, monsieur Bobards en personne m’attends tel un parfait piquet, arborant un sourire simple et portant les chaussures dans ses mains. Il tente de me parler alors que je passe à côté de lui, alors je m’arrête au moins pour écouter ces paroles.

« Je les ai finies. Tu devrais les essayer, ca te fera peut-être changer d’avis sur moi ? »

Ses paroles me troublent. Je crois qu’au final, je ne sais même plus si j’ai envie de l’écouter, de le croire ou de le dénigrer… je ne sais pas. Je ne sais plus rien, dans mon cœur c’est juste une vaste bataille, une guerre civile où aucun camp n’est réellement sincère.

« D’accord… Si elles me vont comme la pantoufle de cendrillon irait à cendrillon, j’accepterai vos dires, et je ne vous prendrai plus pour un vil menteur. »

La réponse est sortie à mi voix, et je ne sais que penser de ce que mes lèvres viennent de laisser sortir… Je me contente alors d’aller poser mon butin à la cuisine, de monter mettre un nouveau chandail à l’étage et de redescendre. Nous nous rendons alors sur la plage dans une zone où plus loin nous pourrons tous deux avoir pieds, et me voilà prête pour l’expérience… Avec difficulté, je laisse Crispy rejoindre l’épaule du sculpteur de chaussures pour pouvoir essayer ces fameux « passe-courant ». Je retire mes petites pantoufles et glisse alors mon premier pied dans la pièce en bois… Un frisson parcourt mon échine, du bas du dos vers le haut. Ces chaussures, ces « passe-courant »… Mes pieds s’imbriquent parfaitement dedans, ce sont des chaussons, comme si… Comme si… Ah merde. Merde. Je baisse la tête bien bas, cachant comme je peux les gouttes glissant par flopées sur mes joues, et enfilant dans un seul mouvement le deuxième élément de la paire, je serre les dents et me met à courir en direction de l’eau… enfin courir, il y a beaucoup de constantes, comme les mouvements des masses d’eau, les courants d’air, mais je marche réellement sur l’eau. Parmi les constantes, le fait que je ne puisse pas rester sans bouger les pieds, sans quoi ces derniers s’enfonceraient dans l’eau, mais du moment que je suis en piétinement ou marche constante, ca marche ! Trèves de plaisanteries, passons aux choses sérieuses. Je relève la tête, et c’est sous un ciel bleu sans défaut que je me sens voguer sur mes pieds, et avancer vers l’horizon. Mes yeux grands ouverts, le cœur battant, j’observe le bleu de l’océan et le bleu du ciel qui s’affrontent.

Mais la poésie est de courte durée… Je ne peux pas avancer plus, mes jambes commencent à avoir du mal à faire face au courant, car oui marcher avec ces chaussures demande d’avoir de bons muscles dans les cuisses, et des muscles encore plus fermes dans les mollets. Je veux bien être athlétique, mais à ce point là … ! Je m’excuse, mais non, pas vraiment. Je bats des ailes avec l’aide de Len venu en me voyant patauger pour rejoindre le rivage les pieds toujours dans mes chaussons, et je manque tomber plusieurs fois en chemin car l’effort est de plus en plus douloureux pour mes pauvres muscles. Une fois de retour sur la plage, je m’étale dans le sable telle une étoile de mer trop heureuse d’être sortie sèche de cette aventure, et haletant bruyamment à cause de mon effort. Ca, pour une aventure… Mine de rien, un instant j’étais tellement concentrée que toutes les idées me sont sorties de la tête. Crispy vient me rejoindre et gesticule dans tous els sens avant de se décider enfin à se rouler en boule sur ma poitrine pour faire un petit roupillon. Len s’asseoit à côté de moi, en tailleurs, et fixe l’horizon qui s’étale devant nous. Je sais déjà ce qu’il va me dire, mais d’une certaine manière je ne pourrai pas repousser éternellement certaines questions, n’est-ce pas ?

« Maintenant que tu me crois, vas-tu enfin arrêter de me prendre pour un menteur ?

-Je… Je présume, oui… »


Je tourne alors mon visage vers le sien, et observe les rides au coin de ses yeux. Il a dû en vivre des aventures, lui ! Des vraies…

« Je vais partir, maintenant que j’ai accompli mon œuvre. »

Mes yeux s’ouvrent aussi grands qu’ils le peuvent, et la nostalgie m’envahit déjà. Serait-il donc venu juste pour ces chaussures… Juste pour moi ? Réellement ? Que de questions en mon esprit… Et tout ca ne me fait que me poser des questions en plus. Je ne saurais même pas réellement par où commencer, alors je lâche surtout les choses dans l’ordre qui me vient à l’esprit.

« Vous avez une idée de qui ca peut être ?

-Pas vraiment, jeune enfant… Mais lui me connaît, en général les commandes qu’on me fait sont toutes uniques, c’est pour ca que je n’ai pas de clientèle régulière, je suis un ébéniste qui ne travaille qu’avec son cœur, et qui crée des objets pour des personnes bien précises. En sachant pour qui je construis l’objet, il obtient une âme bien spéciale, un peu comme la pantoufle de verre qui n’allait qu’à cendrillon, tu vois ? C’est mon credo. Je ne fabrique rien en avance, je fabrique à la demande et pour quelqu’un de précis. C’est pour ca que la personne là a très bien manigancé son affaire, il ou elle savait que je devinerai que ces chaussures t’étaient destinées. Pourquoi ca je ne sais pas…

-Je vois très bien, mais… Mais ca m’inquiète. Vous savez qu’on est sur une île d’orphelins. D’une certaine manière je me dis que soit cette personne n’ose pas venir réellement à ma rencontre et veille sur moi de loin parce que c’est une personne éloignée en terme familial… Soit cette personne est ma mère ou mon père qui m’a abandonnée et alors elle hésite à revenir vers moi pour ne pas faire face à ma colère, ma tristesse et mon incompréhension.

-C’est un bon raisonnement. Mais au jour d’aujourd’hui, veux-tu savoir la réponse ?

-Pas vraiment… Dans les deux cas, je pense que je ne suis pas encore assez grande dans ma tête pour pouvoir comprendre cette solution qu’est la distance dans tous les cas de figure.

-Tu es bien mature pour ton âge jeune fille… Plus loin que la réponse, ca n’est pas ca dont tu dois te souvenir. Abandonné ou non, chaque enfant nait de l’acte d’amour. Et je sais ce que je dis, et peux t’assurer que tous les enfants qui atterrissent sur cette île ne sont pas que des enfants non voulus. Ce sont plus souvent des enfants apportés ici par une esclave n’ayant pas d’argent, et apportant l’enfant qui n’est pas le sien car ses parents sont tous deux morts. D’autres fois ce sont des mères célibataires heureuses d’avoir pu donner la vie mais qui sentent leur vie les quitter et viennent ici déposer le fruit de leur amour passionné dans l’espoir qu’il grandisse heureux dans ce qui se rapproche le plus d’une famille. Voilà la vérité, ma petite. »


Des larmes roulent sur ma joue, pendant que Crispy continue à ronfler tranquillement sur moi. Mais ce ne sont pas des larmes de tristesse, ce sont les larmes de l’espoir. Et pour la première fois depuis trop longtemps, je me dis que je ne serai pas toujours seule. Et que peut-être quelque part au fond de la mer, repose en paix le corps de ma mère et de mon père.

« Tu viens d’en prendre conscience, petite, n’est-ce pas ? L’idée qu’ils t’ont léguée, elle est inscrite dans ta chair. Au fer rouge. Ils t’ont légué la possibilité d’aimer, et le pouvoir de guérir la guerre en la transformant en paix d’un simple et unique sourire. Ils sont en toi, quoi qu’il arrive. Mais il faut bien mourir un jour… Ce que certains ne savent pas, c’est que les idées vivront toujours. Dans les cœurs et les esprits. Mais les corps… Ce sont les seules choses que l’on redonne à cette cruelle mère nature. Voilà. Voilà ce que nous rendons à la terre. »

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Ven 6 Mar - 23:50
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Ce que nous rendons à la terre.





« J’avoue lui avoir donné quelques pistes de réflexions… Pourquoi ne lui parles tu pas plus, Leora ?

-Je serai trop tentée de lui révéler toute la vérité. Sur sa mère, sur son père… Sur son demi-frère qui visiblement depuis qu’il a découvert son existence passe son temps à l’espionner sans jamais oser agir ou venir à sa rencontre.

-Pourquoi avoir peur de lui révéler, pourquoi lui cacher ses origines ? Cette gamine-là est trop futée ! Tu l’as vu, tu le sais, Leora je l’ai vu dans ton regard. Tu la connais par cœur, comme tu connaissais Sarah.

-Len, justement, c’est parce qu’elle est la fille de Sarah que j’ai les pieds et poings liés ! Cette gamine est… Le bien le plus précieux qui existe sur cette planète. Le projet de sa mère était une utopie, et j’ai su ce jour là, en voyant ce petit bébé avec la gourmette… Je savais que c’était sa gamine. Elle a leurs yeux à tous les deux. Mais elle est surtout le portrait de sa mère… C’est la pureté même. Je ne veux pas qu’elle parte en mer, risquer de devenir un minable forban et… Tue. Si elle tue, pour quelque raison que ca soit… Elle va devenir comme son père, perdre la tête et finir par oublier ce qu’est la paix ! Le rêve de Sarah et Klan c’était la paix, leur union et leur volonté de liberté et leur volonté de stopper les guerres et les meurtres ! Je suis sure qu’il n’y a qu’elle qui puisse mener ca au plus haut, Rose est leur descnedante et…

-Léora, calme toi. Elle ne deviendra pas comme son père. Sarah n’est pas devenue comme Klan, elle a réussi à donner la vie et a apporté Rose jusqu’ici !

-Je pense surtout qu’elle savait que s’il découvrait que son enfant n’était pas mort comme elle a dû le prétendre le temps de l’apporter ici, il essaierait d’en faire une bête sanguinaire comme celle qu’il était !

-Mais ca n’est pas arrivé. Regarde par la fenêtre ! Rose est là. Il faut qu’elle parte ! Qu’elle découvre ! Et plus elle voyagera, moins il aura de chances d’arriver ici et de la trouver.

-S’il arrive ici… Il ne voudra pas d’elle, en voyant la frêle jeune fille que c’est. Mais il me tuera, c’est certain. Comme il a tué Sarah en découvrant le pot au rose. Et j’attends ce fardeau depuis bien trop longtemps maintenant…

-Leora… Peut-être qu’il a cessé de la chercher ?

-Il a cessé de la chercher, oui. Ce qu’il veut, c’est moi. Il n’a jamais su où se trouvait Azalariane. S’il arrive ici, la première chose qu’il fera avant de s’intéresser à nouveau à elle, c’est me tuer. Pour avoir subtilisé son enfant. Je subirai le même sort que Sarah…

-Je prie pour qu’il ne trouve jamais cette île alors. Quoi qu’il arrive, je te garderai au chaud dans mes pensées, ma très chère Leora. Tu le sais, depuis les années que ca dure…


-Je le sais, Len… Je le sais. »


CODE DE PHOENIX O'CONNELL POUR NEVER UTOPIA



HRP: Je rappelle qu'à cette époque, Rainbow ne porte pas encore sa perruque multicolore et est donc blonde !

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Ce que nous rendons à la terre [Solo] [ Flashback 4 ans avant] B7pn3

[30/08/14 00:26:35] Zeke: It's a me mario !
Rainbow Dieulegrand
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