Et comme une malédiction, comme une insatiable envie de conflits et de combats, Military Island semblait ne pas vouloir se défaire de ses clans criminels et odieux, de ses luttes incessantes pour les maigres richesses et pouvoirs qui échappaient encore et toujours aux honnêtes gens. Pleins d'espoir, les gouvernementaux avaient décidé de remettre le maire, véreux et vicieux, aux autorités compétentes, suffisamment candides pour songer que cela finirait tôt ou tard par apaiser la situation... Et seulement deux ou trois jours d'attente au port pour permettre aux blessés de récupérer purent leur prouver le contraire. C'est estomaqué qu'Ito fut même contraint, le lendemain de la démission forcée du maire, de réaliser des tours de surveillance au sein de l'île, parmi les campements principaux, afin de forcer les bandits à garder leurs armes bien en sécurité. La présence de la marine était suffisamment insolite et surprenante pour avoir l'effet escompté, à savoir tenir tranquille les populations divergentes... Mais pour combien de temps encore ? Le vampire savait pertinemment que plus le temps passait, plus les risques de batailles regrettables s'accentuaient, et s'ils n'étaient pas assez nombreux pour raser toute trace de crime sur Military Island, les soldats de la paix pouvaient toutefois tenir ces bandits de grand chemin en laisse et les forcer à faire profil bas... En bref, la situation était tendue, et s'ils avaient à l'origine souhaité quitter l'océan dès que possible, ils s'étaient bien rapidement rendus compte que tout n'allait pas être aussi simple. Le sergent avait entendu dire que le quartier général de Marineford refusait d'envoyer des renforts pour prendre l'île et y établir un poste avancé : leur dernier espoir d'aide extérieur venait donc du contre-amiral Wenham, qui était certainement bien plus inquiété par des affaires d'une importance autrement plus cruciale. Pour l'apprenti sabreur, il n'y avait donc plus qu'une paire d'options : soit un équipage errant décidait, par un fabuleux coup de sûr, de leur prêter main forte et de les aider à rétablir la situation calme qui avait déserté les lieux depuis désormais plusieurs années, soit le Nabeshima et son supérieur allaient devoir s'occuper de cette trop fastidieuse tâche parfaitement seuls. Même le contre-amiral Nowaki ne semblait plus vouloir pointer le bout de son nez... Cependant, une fois encore, le jeune marin ne pouvait pas en vouloir à son supérieur : selon ses dernières informations, le héros de Baltigo avait en effet été appelé d'urgence pour régler une crise gravissime qui menaçait d'ébranler le Royaume d'Alabasta, aux côtés d'autres pointures parmi lesquelles l'ancien capitaine d'Hato, le mentor du vampire : le Schichibukai Phoenix, ainsi qu'une partie de son équipage.
Rien que de penser à l'ampleur des dégâts au pays des sables avait de quoi faire frissonner le jeune soldat : chacun des combattants appelé au royaume désertique devait être cinq, six, dix fois plus habile que lui, et la tâche qu'ils avaient eu à résoudre avait certainement été à la hauteur de leurs forces puisque selon les rumeurs qui couraient, le Roi en était décédé... Si les Decimas, manifestement liés à l'événement, continuaient de croître en puissance, alors le Gouvernement Mondial risquait d'être rapidement à court de souffle. Néanmoins, Ito n'était pas assez présomptueux pour imaginer pouvoir y changer quelque chose : il avait conscience que ses capacités n'étaient encore que risible, qu'il ne faisait assurément pas le poids et qu'il avait en tout premier lieu une quantité dantesque d'efforts à fournir. Ne se décourageant pas, son sabre fétiche bien accroché à sa ceinture, le garçonnet quitta la cabine du navire au sein duquel il était hébergé et se dirigea promptement en direction du pont, où son supérieur, le lieutenant Armstrong, devait alors se trouver. Au même titre que leurs supérieurs et collègues aux quatre coins du monde, il était de leur ressort que de redoubler d'efforts et de hisser le pavillon de leurs convictions : la guerre n'allait probablement pas tarder à faire rage puisque ses prémisses émergeaient déjà, et ils allaient devoir être parés à toute éventualités s'ils ne voulaient pas lamentablement fléchir au moment venu. Quoi qu'il en fut, le jeune homme fut rapidement sur le pont du navire, où il se pressa à travers les quelques matelots présents, qui abandonnèrent tous leurs tâches pour le saluer respectueusement. Toujours intimidé par ces conventions finalement réalisées sans broncher par des hommes qui avaient véritablement l'âge d'être son père, l'adolescent se pressa d'arriver à la hauteur de son supérieur hiérarchique direct pour les imiter, plaçant sa main au niveau de sa tempe tout en faisant claque ses talons sur le parquet du bâtiment maritime :
-Bonjour, lieutenant Armstrong !
Des salutations en bonne et due forme, en guise de préambule à une journée qui s'annonçait des plus sportives, mais aussi des plus épiques... Le sergent entendait bien montrer au monde entier qu'il méritait son grade et qu'il savait aussi, parfois, auréoler le monde d'une justice qui lui revenait de droit.
La plupart des nouveaux venus qui portaient l’uniforme blanc et bleu débarquaient dans le monde avec des rêves et des valeurs plein la tête, avec la volonté de changer le monde et de mettre fin au règne de terreur des plus grands criminels de ce monde, mais la vie leur apprenait de la manière la plus dure qui soit que les choses ne pouvaient être changées aussi aisément. Si la volonté, à elle seule, suffisait à remporter un combat cela se serait su depuis bien longtemps. Aussi, malgré toute la bonne volonté du monde, le lieutenant devait accepter un échec comme tel et se dire que débarrasser une ville de son leader corrompu ne garantissait pas nécessairement que tout allait bien se dérouler par la suite. Malgré ses bonnes intentions le maire avait commercé avec des criminels ce qui justifiait son arrestation, mais il aurait été naïf de penser un seul instant que tous les maux qui accablaient cette île venaient de ce seul individu. Les citoyens de cette île en avaient assez de vivre sous le joug des criminels de tout poil qui arpentaient ce lieu, ils en avaient assez de vivre dans la peur et sur ce coup-là le lieutenant ne pouvait que comprendre et respecter leur décision de vouloir se défendre pour enfin vivre en paix. Des moutons auraient baissé la tête et continué à vivre misérablement, eux avaient eu le cran de prendre un risque pour que les choses changent, mais aussi braves soient-ils il y avait des lois à respecter et Nathanael ne pouvait fermer les yeux.
Lui aussi, au début, avait cru que cette voie serait simple et que le doute n’aurait plus jamais aucune emprise sur lui, qu’il lui suffirait de suivre les ordres et que tout rentrerait dans l’ordre sans le moindre accroc, mais plus il avançait et plus ce tableau s’assombrissait en puisant dans ce qui lui restait d’humanité. Peut-être que tout cela serait resté simple et clair s’il avait souhaité rester un simple soldat, un mouton à qui on aurait confié une arme, mais il était devenu officier et avec cette promotion vinrent les questionnements moraux qui hantaient parfois son esprit.
Devait-il punir des scélérats aussi sévèrement que des individus ne désirant que défendre leurs foyers ? La loi disait que oui, la loi ne différenciait pas un criminel d’un autre mis à part pour la durée de sa peine ou le montant de sa prime, ce n’était pas forcément très équitable mais un crime restait un crime et ce n’était pas à Nathanael que de remettre en question ce système. Il avait été mis en place bien avant sa naissance et le serait encore lorsque son corps ne serait plus qu’une carcasse rongée par la rouille.
Les jours qui suivirent l’arrestation du maire frauduleux, Nathanael fit des allez-retours-réguliers entre le pont et l’infirmerie pour s’enquérir de l’état de ses hommes et de son sergent qui, au bout de trois jours, avait repris connaissance et commençait tout doucement à se relever. Il ne serait pas en état de combattre avant une bonne semaine aux bas mots, mais il était en vie et c’était bien là le principal. Mais malheureusement le colosse ne pouvait se permettre de se tourner les pouces et, pendant les trois jours consécutifs, il tenta de convaincre son commandant de demander des renforts pour les aider à conquérir cette île une bonne fois pour toutes.
Bien sûr le commandant refusa en bloc la première fois, affirmant que les pertes parmi ses hommes étaient bien trop nombreuses et parlaient d’elles-mêmes : ils n’étaient pas prêts à prendre une île à eux-seuls. Ravalant sa fierté et son envie de dire au commandant que cette île serait déjà pacifiée s’il daignait bouger son cul de son fauteuil en cuir pour enfin mettre les pieds sur le terrain, Nathan ne baissa pas les bras et retenta l’expérience pendant les deux jours qui suivirent.
C’est au matin du quatrième jour que Nathanael mit en jeu sa propre carrière devant son commandant pour achever de le convaincre, affirmant que s’il n’était pas capable de ramener la paix sur une île des blues alors il ne pouvait se prétendre lieutenant de la marine. Surpris de voir que son officier était prêt à aller si loin ne serait-ce que pour le convaincre du bien-fondé d’une action, le commandant soupira et ses épaules s’affaissèrent, signe de résignation. Il allait appeler des renforts et ceux-ci arriveraient dans les heures qui suivraient, au mieux.
Soulagé de cette décision, Nathanael vint sur le pont et commença à étaler une carte de l’île sur une table prévue à cet effet. Appelant les combattants expérimentés à le rejoindre autour de cette table, il fut surpris de voir son nouveau sergent debout de si bonne heure. Lui rendant son salut, lui lui demanda alors :
« Bonjour sergent. La forme, aujourd’hui ? »
Oui, une telle familiarité ne lui ressemblait pas, surtout face à quelqu’un qu’il ne connaissait que si peu, mais ces derniers jours avaient été épuisants et il avait laissé les bonnes manières et le protocole de côté pour cette fois. Posant un regard sur l’assemblée réunie autour de lui, Nathanael se pencha sur la carte de l’île et lança :
« Maintenant que vous êtes tous là, je vais vous expliquer ce qu’il va se passer. Dans les heures à venir, des renforts vous venir nous épauler et nous allons organiser une battue sur cette île. Je ne fermerai pas l’œil jusqu’à ce que cette île soit débarrassée du dernier de ses hors la loi, j’espère que c’est clair pour tout le monde. »
Malgré la surprise de cette annonce, tous étant sceptiques depuis quelques jours quant à la possibilité de renforts, aucun matelot ou officier ne manifesta un certain mécontentement au regard des méthodes du lieutenant. Pourquoi ? Parce que tous savaient que ce n’était pas de la sévérité qui transpirait dans ses paroles mais de la détermination. Si lui était prêt à mettre en jeu sa vie, sa santé et son repos pour pacifier cette île, il espérait que ses efforts inspirent ses petits camarades à en faire de même. Il ne demanderait jamais à ses hommes de faire quelque chose qu’il n’était pas lui-même capable de faire, cependant il attendait d’eux qu’ils comprennent l’importance de l’action à venir.
« Vous pouvez commencer à vous préparer, nous répartirons les forces lorsque les renforts arriveront. »
Observant plus en détail la carte alors que ses hommes s’éparpillaient désormais sur le navire, Nathan commençait déjà à réfléchir à la répartition des forces ainsi que les angles d’attaques. Le jeune sergent devait-il aller avec lui ou allait-il lui confier quelques hommes ? Il hésitait.
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Ven 25 Sep - 11:37
Finir le taf.
Avec Nathanael.
Il s'était tout juste présenté à lui, fébrile et tremblant, que le lieutenant s'était tourné dans sa direction avec un air familier, paternel et chaleureux, lui renvoyant ses salutations et s'empressant de s'inquiéter quant à l'état de santé du jeune Nabeshima. Celui-là, des étoiles dans les yeux tant il baignait dans un émerveillement constant, fier de pouvoir servir la cause d'un gradé à l'écoute de ses hommes et prêt à leur prêter main forte à la moindre seconde où ils fléchiraient, s'empressa tout autant de répondre avec un sourire éclatant :
-Oui, lieutenant !
Deux simples mots, il n'en fallait pas beaucoup plus pour retransmettre sa fierté et sa joie. Il rompit sa position conventionnelle et épuisante et assista à l'arrivée d'autres pointures de l'équipage, généralement plus bas en grade que lui mais tout aussi bons combattants. En vérité, du haut de ses dix-huit années, l'épéiste avait conscience qu'il n'était en rien une pointure du monde de la marine : il manquait d'expérience au moins autant que son épée ne manquait de tranchant, et ses seules véritables points forts résidaient tout bêtement dans sa façon d'être, enjoué et honnête qu'il était. Si le Gouvernement Mondial manquait de gens foncièrement bon, cela expliquait pourquoi il avait tapé dans l’œil d'Ericken alors que bons nombres de loups de mers plus expérimentés que lui attendaient une promotion depuis parfois des décennies... C'était une chance qu'on avait su lui offrir, une chance qu'Ito ne voulait pas gaspiller. Il avait déjà subi un échec des plus cuisants et entendait bien montrer à son supérieur qu'il était également capable du meilleur, que le bien-être des bonnes gens de Military Island serait bientôt rétabli et qu'il n'y serait évidemment pas tout-à-fait étranger. Déterminé et courageux, le jeune garçon écouta donc les dires de son supérieur, réconfortants et rassurants : celui-là annonça à l'ensemble des militaires présents sur le pont que des renforts étaient en route pour leur prêter main forte. Alors certes, le vampire s'attendait bien à ce qu'ils ne soient pas menés par un haut-gradé aussi prestigieux et redoutable que le contre-amiral Nowaki, il se doutait également que leur force de frappe ne serait pas dantesque, mais rien qu'une cinquantaine de bras supplémentaires ne seraient pas dérisoires pour nettoyer la pègre qui s'était progressivement enracinée ici bas... Et c'était d'autant plus vrai si les hors-la-loi qui avaient mis le lieutenant et le Nabeshima en échec étaient toujours présents. A cette idée, le bretteur en herbe frissonna : comment de tels monstres pouvaient s'intéresser à une île aussi miséreuse ? Ils n'avaient certainement aucune valeur, devaient probablement cracher sur les vies humaines à partir du moment où ils réalisaient leurs bénéfices... Ce genre de criminels était certainement le plus pitoyable d'entre tous, et très certainement d'ailleurs celui qui motivait l'adolescent à poursuivre son chemin au sein de la marine.
Quand le lieutenant leur annonça quelques dernières minutes de répit, Ito quitta le pont du navire avec plus ou moins de précipitation, sans se mettre à courir pour autant, allant trouver refuge dans sa cabine, plus sombre que l'extérieur imbibé du soleil du sud. Sans même savoir qu'il souffrait d'une malédiction due à son sang de vampire, le jeune homme savait évidemment qu'il ne tolérait pas le soleil, et qu'il ne l'avait finalement jamais toléré d'aussi loin qu'il puisse s'en souvenir. Il se dirigea donc vers l'une de ses armoires et se saisit d'un manteau de fonction à capuche, qu'il enfila promptement avant de rabattre ladite capuche sur sa tête, espérant que cette maigre protection ne l'empêcherait pas de combattre aussi habilement que possible.
Après quelques minutes d'un répit bien mérité, l'être nocturne se dirigea une nouvelle fois vers le pont du navire, nouant presque religieusement son sabre à sa ceinture, s'assurant qu'il serait toujours là, en bon allié fidèle, lorsqu'il aurait besoin de lui. Car l'élève d'Hato ne se faisait aucune illusion : s'ils allaient sur Military Island et qu'ils avaient besoin de renforts, c'est que le lieutenant savait pertinemment qu'ils y rencontreraient une forme de résistance... Et en tant que sergent, il était de son ressort d'être paré à toute éventualité pour protéger la vie de ses subordonnés. Droit et fier, Ito débarqua donc une fois de plus sur le pont de leur navire, remarquant avec surprise qu'il avait été plutôt bien inspiré : un navire du Gouvernement Mondial pointait d'ores et déjà le bout de son nez à l'horizon... Très certainement les renforts. De ce qu'il pouvait en deviner, ce bâtiment naval ne semblait pas très imposant, pas plus en tout cas que celui sur lequel il se trouvait alors : il y avait donc fort à parier que les renforts n'en étaient pas vraiment... Le plus gros du travail leur reviendrait donc, mais cela, l'épéiste en herbe s'y était déjà préparé. Il alla s'adosser contre le mât, prenant garde à bien profiter de l'ombre de celui-ci, fermant ses paupières pour jouir d'un dernier instant de calme. Bientôt, l'autre navire viendrait jeter l'ancre à côté du leur et les forces disponibles se rejoindraient alors, dans une effervescence monstrueuse que seul le lieutenant Armstrong serait en mesure de régir. Pour le coup, le Nabeshima n'était pas mécontent de n'être encore qu'un bas-gradé...
D’ordinaire la préparation d’une opération sur toute une île incombait à un commandant ou à un colonel, en tout cas il n’incombait pas à un simple lieutenant de préparer une telle opération mais ce même lieutenant avait remarqué, ces derniers temps, le laxisme et le je-m’en-foutisme de son supérieur. Ce dernier restait terré dans son bureau à éplucher les journaux et les rapports de situations, si bien que les hommes s’étaient naturellement tournés vers le lieutenant. Feriez-vous confiance à votre patron si ce dernier ne pointait jamais le bout de son nez, ne serait-ce que pour faire bonne figure et montrer qu’il était encore vivant ? Se tourner vers un individu plus présent et plus fiable était une réaction naturelle.
En d’autres circonstances n’importe qui aurait écrit un rapport sur l’incompétence du commandant et son manque de responsabilité face à la tâche qui lui incombait, mais Nathanael n’était qu’un simple lieutenant et écrire un rapport incendiaire sur son supérieur lui assurait de transformer sa carrière en véritable enfer. Qui voudrait d’un lieutenant crachant sur le dos de son officier supérieur ? Qui voudrait d’une langue de pute ? Personne. Aussi le lieutenant prit la décision de garder ces remontrances pour lui-même et de continuer à faire son travail malgré le laxisme du commandant, jusqu’au moment où un navire de la marine se dessine à l’horizon : les renforts étaient arrivés. Faisant signe au sergent de le suivre pour accueillir leurs nouveaux camarades, le lieutenant se dirigea vers les deux hommes qui s’avancèrent vers lui et, à mesure que la distance les séparant diminuait, il se fendit d’un sourire amusé alors qu’il reconnaissait l’homme face à lui. Ce dernier le reconnut également, apparemment, puisqu’il s’approcha du colosse en s’exclamant :
« Nathanael ? Si je m’attendais ! »
Les deux hommes faisaient à peu près la même taille et la même carrure, des colosses tout le deux à vrai dire, et outre son aspect un peu sauvage le plus remarquable chez ce nouvel arrivant était la paire de lames attachées dans son dos. Massives et forgées en forme de croix, voilà des armes que l’on n’avait pas vraiment l’habitude de voir. À la place d’un salut militaire en bonne et due forme, les hommes échangèrent une poignée de main sèche et virile accompagnée d’une accolade, preuve qu’ils n’étaient pas simplement que deux collègues. Surpris de voir cet individu présent ici, Nathanael répondit alors :
« Danny ! C’est donc à toi que nous devons ces bras supplémentaires ? Ils ne seront pas de trop. »
Lorsqu’on faisait ce métier on était généralement assigné à un endroit ou à un équipage fixe pour une durée indéterminée, mais Nathanael avait toujours eu la bougeotte et avait été dans plusieurs équipages avant d’arriver dans celui-ci, autant vous dire qu’il ne s’attendait pas à avoir la chance de revoir un ancien camarade. Agréablement surpris, il s’écarta donc et se tourna vers son sergent, conscient qu’il devait trouver cela étrange de telles familiarités.
« Sergent Nabeshima, je vous présente le lieutenant Evans. Nous avons servi sous le même commandant pendant quelques temps. »
Quelques rires furent échangés pendant quelques secondes mais bien vite tous se mirent au travail, le lieutenant Evans redonnant le ton de la conversation en lâchant un :
« Bon alors, tu me fais le topo ? »
Ni une ni deux, Nathan lui expliqua que :
« Le maire avait commandé des armes au marché noir, pour défendre ses villageois. On l’a mis aux arrêts, comme tu t’en doutes, mais cette île regorge toujours de canailles qu’il va nous falloir appréhender. Je préconise donc une méthode simple : une battue. »
Pas le temps de tergiverser et de parler de leur défaite cuisante face à ces mystérieux adversaires, il fallait désormais faire face aux criminels qui étaient toujours présents sur cette île.
« Une idée des forces en présence ? »
À bien y réfléchir il était assez dur de compter tous ces criminels puisqu’ils se terraient comme des lapins, ils devaient être assez nombreux mais il serait impossible de mettre un chiffre exact sur leurs têtes.
« Pas vraiment. Je ne pense pas qu’il y ait une grande force présente sur cette île mais plutôt plusieurs petits groupes, ils se cachent et ça va être à nous de les débusquer. Je gage que l’on rencontrera aussi les subordonnés d’une primée que j’ai capturée quelques jours plus tôt, je ne dois pas être en odeur de sainteté auprès d’eux mais je ne m’en fais pas trop. Leur chef et sa bras-droit étaient coriaces mais eux ne valent rien. »
Réfléchissant donc aux informations qui lui parvenaient, posant sa main sur son menton, le lieutenant proposa alors :
« Je vois. On va donc devoir diviser nos forces pour couvrir plus de terrain. 4 groupes : toi, moi, ton sergent et mon sergent-chef. Ça te va ? »
Nathanael avait longtemps hésité à donner à son sergent un groupe à lui tout seul mais si son camarade proposait également cette idée alors il n’avait plus vraiment besoin d’hésiter. Se dirigeant doucement vers son navire, il conclut par un :
« Très bien. Allez, direction le navire. On jettera un œil à la carte de l’île pour répartir les 4 groupes, on formera les groupes et on pourra y aller ensuite. »
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Sam 26 Sep - 22:15
Finir le taf.
Avec Nathanael.
Le navire des renforts s'était promptement approché du leur jusqu'à jeter l'ancre juste à côté, permettant donc à ses occupants de se déverser sur l'embarcation du lieutenant Nathanael. Sachant parfaitement que son rôle était d'ailleurs leurs glorieux renforts, grâce auxquels ils pourraient enfin combattre l'infamie et sa sinistre tyrannie, le sergent s'approcha aux côtés de son supérieur hiérarchique directe et se mit au garde-à-vous dès lors qu'il aperçut la silhouette de l'autre haut-gradé, qui lui était manifestement supérieur en mérite. Cette première impression fut pleinement approuvée par le comportement du lieutenant Armstrong, qui semblait connaître personnellement son homologue : il l'annonça d'ailleurs quelques embrassades viriles à souhait plus tard. Ainsi, ils avaient combattu ensemble pendant quelques temps ? S'il se détendit légèrement, notamment devant l'air chaleureux du blond à la carrure massive et tout bonnement impressionnante, Ito n'en fut pas moins admiratif. Ainsi donc, cet homme également possédait la force et la droiture de son propre supérieur ? Il n'en suffisait pas plus pour lui donner à nouveau une foi inébranlable en la marine, et en la qualité de ses hauts-gradés ! Tant qu'il luttait pour des hommes bons et que ses convictions indéniablement louables étaient honorées, le jeune vampire n'avait aucune raison de se plaindre, au contraire... Il espérait tout simplement et de tout cœur qu'il serait aussi imposant et impressionnant sur le champ de bataille que sur un navire durant une rencontre formelle mais humble... Malheureusement, le Nabeshima comprit bien rapidement qu'il n'aurait pas l'occasion de le savoir, en tout cas pas dans l'immédiat : l'idée de disperser les troupes dont disposaient les marines en quatre bataillons de tailles équivalentes, qui agiraient ainsi sous les ordres des quatre plus grandes autorités présentes fut bien rapidement amenée... Et même si son grade n'était encore situé que tout au bas de l'échelle, le bretteur en herbe lui-même fut cité comme l'un des leaders de cette opération de nettoyage. Désarçonné et surprit, il arqua un sourcil avait de jeter un regard à son propre supérieur, Nathanael, qui sembla approuver les dires de son collègue. Pour le coup, l'adolescent n'était pas certain de pouvoir gérer de telles responsabilités avec brio, mais il ne se sentait pas non plus l'âme d'un protestataire : il s'agissait d'un ordre et il n'avait pas à le discuter... Ils se mirent donc en marche en direction d'une carte, à bord du navire, qui serait en mesure de leur indiquer les lieux avec plus de précision pour répartir les zones de chacun quand le sergent-chef du lieutenant blond s'approcha de l'élève d'Ericken, prenant la parole avec un sourire bienveillant :
-Tu es le sergent Nabeshima, c'est bien ça ? -Ah... Oui, sergent-chef !
Un rire clair et sincère sortit de la gorge toute déployée de l'autre homme tandis qu'Ito, de son côté, semblait plus interloqué que jamais. Alors qu'il ne savait visiblement pas à quelle sauce il allait être dégusté, son homologue marine entreprit de lui expliquer son point de vue sur la chose :
-Ne prend pas ce ton formel, nous avons le même âge. C'est assez rare de croiser des types aussi rares que nous, surtout avec des responsabilités, alors autant en profiter.
Le jeune vampire ne sut quoi répondre, dans un premier temps : il était admiratif devant la simplicité de son interlocuteur, qui avait pourtant plus de pouvoir et probablement même plus de puissance que lui, sous bien des aspects. Cela étant, il ne pouvait décemment pas le contre-dire : c'était la première fois depuis des lustres qu'il croisait quelqu'un d'aussi jeune, sur un navire ! En règle générale, les jeunes adultes étaient souvent confinés aux bases bien sédentaires, où ils passaient le plus clair de leur temps à s'entraîner avant d'être jetés dans la gueule du loup, une fois assez mûrs pour savoir user d'un sabre et d'un pistolet de manière quasiment irréprochable... Ils étaient donc en quelque sorte l'exception qui confirmait la règle et qui promettait, quelque part, que ce glorieux Gouvernement Mondial n'avait pas encore passé ses beaux jours. Après un moment de silence et d'hésitation, le Nabeshima décida donc de répondre avec plus de sympathie et d'humanité, comme le lui avait demandé son nouvel ami :
-J'imagine que tu as raison... -J'ai entendu dire que tu avais servi sous les ordres du contre-amiral Ericken ? Il t'a appris à utiliser son katana ?
Pour le coup, Ito fut réellement ébranlé par la question de son homologue : il était honoré de voir que celui-ci avait pris la peine d'éplucher les quelques notes que les dossiers devaient contenir à son nom, mais il était surtout sidéré par l'interrogation qui avait suivi et à laquelle il ne pouvait décemment pas répondre de façon honnête. Si le vampire regrettait quelque chose dans le fonctionnement du Gouvernement Mondial c'était bien l'extrémisme de certaines de ses mesures : le décret Decima, qui consistait à punir tous ceux qui nouaient des relations plus ou moins amicales et fraternelles avec des brigands, était l'une d'entre elles. S'il s'était senti pousser des ailes grâce à son grade de sergent et qu'il avait décidé de répandre la vérité, annonçant à qui voulait l'entendre qu'un Supernova avait été son premier maître d'arme et qu'il l'avait formé des rudiments de l'escrime jusqu'à un niveau sensiblement équivalent à celui qu'il arborait alors, il aurait probablement dû tirer un trait sur le reste de sa carrière, qu'il aurait passé à l'ombre des barreaux d'Impel Down. Pourtant, le bretteur en herbe ne pouvait pas concevoir que l'on exècre ainsi un homme sous prétexte qu'il s'était hissé pour revendiquer ses droits, et sa liberté. Songeant brièvement qu'Hato était mort pour cela, qu'il avait décidé de donner sa vie pour permettre à d'autres de croire en une existence plus sereine, il arbora un sourire attristé qui arracha un léger soubresaut à son interlocuteur, qui n'eut pas besoin d'un autre signe pour comprendre qu'il n'avait peut-être pas posé la question la plus sage pour amorcer le dialogue :
-Hm, désolé, je pense que c'était déplacé... -J'ai presque tout appris du meilleur professeur que l'on puisse espérer avoir. Le contre-amiral m'a ensuite permis d'ouvrir mes horizons, mes réflexions, mon sens stratégique... -Je vois... Deux professeurs, hein. T'as eu du bol, vu la façon dont t'en parles.
Le sourire admiratif du sergent fut suffisant pour résumer le fond de sa pensée, et les quatre gradés franchirent le pas de la porte qui les séparait de la cabine, et donc de la carte qui pourrait leur permettre de se séparer pour agir avec plus d'efficacité. Légèrement fébrile, le sergent Nabeshima ôta sa capuche avec politesse et respect et se plaça silencieusement légèrement en retrait, suffisamment proche de la carte toutefois pour pouvoir la détailler précisément.
La plupart des marines en herbe ou des non-initiés voyaient les officiers de la marine, ces militaires de carrière, comme des individus assez secs et autoritaires autant dans leur façon d’agir que dans leur façon de penser. Vus comme des symboles d’autorité et de justice, d’implacables et incorruptibles guerriers, il était tout à fait normal que cette réputation finisse par les précéder et les desservir dans certains cas. Bien que, comme toujours cette réputation avait un fond de vérité car certains hauts gradés de la marine étaient connus pour leurs actions extrémistes et leur intransigeance face à la criminalité sous toutes ses formes, il serait assez maladroit de supposer que tous les membres de la marine étaient semblables à ces individus. J’imagine qu’on vous a déjà dit que ce n’était pas parce qu’un fruit était pourri que tout l’arbre était à jeter, non ? Eh bien cette expression s’appliquait également au sein de la marine.
La marine était une organisée soudée, certes, mais comme toutes les chaînes elle était composée d’un ensemble de maillons – allant du plus jeune mousse au plus ancien amiral – et chaque maillon possédait sa propre histoire et ses propres croyances. Tous se référaient aux textes de loi comme les religieux se tournaient vers leurs Bibles, c’était une évidence, mais certains interprétaient ces textes avec plus ou moins de laxisme. De là émergeaient les divergences d’opinion. Mais malgré toute cette rigueur imposée par cette vie militaire, il arrivait trop souvent aux jeunes marines d’oublier que, comme eux, leurs supérieurs étaient également des êtres humains et qu’il était tout de même possible de forger des amitiés dans ce métier. Nathanael et Danny en étaient la preuve vivante.
Évidemment ce métier était risqué et les amitiés étaient rarement durables, sauf quand il s’agissait de très hauts gradés qui étaient plus souvent derrière un bureau que sur le terrain, mais dans le cas présent elle était bien réelle. Ces deux hommes avaient des styles de combat assez différents, l’un ne jurait que par ses poings et l’autre que par ses deux lames massives, mais il partageait un même sens de la justice et une même vision des choses apprise au contact de leur commandant commun. Étaient-ils semblables pour autant ? Bien sûr que non. Danny avait toujours eu tendance à apprécier les combats, à les apprécier un peu trop selon les critères de son camarade, il voyait parfois cela comme un jeu et en oubliait presque le danger qu’il courait tous les jours.
Mais oui, mis à part cela ils étaient assez similaires. À peu près le même âge, le même goût du travail bien fait et une vie privée tout aussi désastreuse chez l’un que chez l’autre. L’un avait essayé de s’y mettre et cela avait magnifiquement foiré, l’autre, le blondinet, n’avait jamais essayé car il était persuadé que ce n’était pas fait pour lui. Ils étaient donc tous les deux des bourreaux de travail, ils vivaient pour celui-ci et s’en contentaient très bien.
S’approchant de la table où était étalée la carte, montrant les quelques rares bâtiments reconstruits ainsi que les ruines des bâtiments rasés lors de l’explosion qui avait rendu cette île comme elle l’était aujourd’hui, les deux officiers se mirent à discuter de la répartition des forces. Est-Nord-est, Nord-Est Nord, Nord Nord-Ouest, Nord-Ouest Ouest : voilà à peu près la direction que prendraient les 4 groupes mais encore fallait-il décider qui irait où. D’un coup d’œil les deux officiers voyaient bien que leurs poulains arrivaient à fraterniser assez facilement et, se disaient-ils, ce serait peut-être l’occasion de les rapprocher un peu plus. Ils avaient sensiblement le même âge et étaient tous deux bretteurs, le sergent-chef était juste un peu plus expérimenté que son collègue mais ils restaient tous deux adeptes de la voie du sabre.
Pendant un moment Nathan hésita à mettre Danny dans le groupe juste à côté de celui de son propre poulain, gageant que son expérience d’épéiste pourrait bénéficier au jeune sergent, mais finalement il décida que ce serait plus judicieux de mettre les deux jeunes esprits côte à côte. Les deux iraient donc au centre et les deux officiers plus expérimentés feraient le tour pour abattre les dernières poches de résistance et capturer les éventuels fuyards.
Ainsi, faisant signe aux deux jeunes de venir les rejoindre autour de la carte, Nathan leur lança alors :
« Sergent Nabeshima, vous ratisserez l’île en prenant la direction Nord, Nord-Ouest. Danny, ton poulain ira direction Nord-Est et bifurquera jusqu’au Nord. J’irais vers L’Ouest, toi vers l’Est comme convenu. Des questions ? »
Il s’attendait, bien sûr, aux questions habituelles comme les règles d’engagement mais il répondrait à tout cela durant le petit discours aux hommes. Les groupes étaient formés, tous attendaient sur le pont du navire que le signal de départ leur soit donné. Le Lieutenant Armstrong n’avait pas de grands talents d’orateurs mais il savait aller à l’essentiel, il connaissait bien ses hommes et savait qu’eux ne désiraient pas patienter plus longtemps. Aussi, son explication fut courte :
« Bon, on va faire simple. Le maire a fait une erreur et il la paye, mais ça n’empêche pas les habitants de cette île d’avoir le droit d’être en sécurité et nous sommes-là pour nous assurer que ce sera le cas. Fouillez chaque tente, chaque grotte, chaque bâtiment en ruine que vous trouvez et débusquez-moi le moindre criminel. On ne repartira pas d’ici aussi longtemps que ces habitants ne pourront pas dormir sur leurs deux oreilles : c’est clair ? »
Ses propres hommes savaient de quoi il retournait et Nathanael supposait que son camarade avait lu les rapports, mais tout acquiescèrent face à la nécessité de pacifier cette île et de permettre aux civils de vivre paisiblement à nouveau. Ils étaient tous calmes et concentrés, conscient de l’importance de la tâche qui se présentait à eux et, pour les lâcher sur le terrain, le colosse en fer blanc conclut par un :
« Allez messieurs. Allons faire notre boulot. »
Et c’est ainsi que le train se mit en marche. Une cohorte d’individus en bleu et blanc se déversa du pont de ce navire et les bottes claquèrent au même rythme, comme si ce n’était qu’une créature géante qui venait de sortir de ce navire. Cette créature était faite de chair et de sang, dos et d’acier : une marée humaine, une marée guerrière allait nettoyer cette île de fond en comble.
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Ven 2 Oct - 16:47
Finir le taf.
Avec Nathanael.
Les cibles étaient tombées. Les deux jeunes s'occuperaient conjointement du nord, leurs groupes respectifs agissant avec une distance raisonnable, probablement pour les rassurer et leur promettre un appui conséquent en cas de pépin tout en couvrant le maximum de superficie, tandis que les deux lieutenants s'occuperaient de l'ouest et de l'est. Ainsi, la majorité des hors-la-loi risquaient de tomber bêtement dans leurs filets, tendus glorieusement et rigoureusement : Military Island n'avait plus reçu la visite d'une main armée gouvernementale entreprenante depuis belle lurette, puisque même la précédente offensive de la marine ne ciblait pas les criminels qui se tairaient au sein des civils mais le maire et la pègre qui l'entourait. Ito comprenait sans peine qu'il risquait d'avoir beaucoup de travail, et qu'il devrait redoubler d'attention pour éviter de mêler des innocents au conflit : vivre ici n'était pas un crime, et les morts devraient être évités au maximum, pour permettre à tout un chacun de jouir d'un procès en bonne et due forme, afin de traiter des cas personnellement. Ainsi, le sergent pourrait veiller à ce que seuls les plus sanguinaires et dangereux individus finissent derrière les barreaux : les autres n'étaient que des victimes, et c'était finalement pour eux que les justiciers allaient agir. Les capturer serait ainsi non seulement ironiquement, mais aussi terriblement indécent... Après un soupir difficilement contenu, principalement destiné à lui fournir un peu de courage, le bas-gradé suivi son propre supérieur sur le pont où celui-là s'en laissa aller à un exercice de galvanisation, qui sembla fonctionner à merveille. Les tempéraments semblaient plus électrisés que jamais, et quelque part, le jeune épéiste n'échappait pas à la règle : il avait rejoint l'armée de la marine dans le but de répandre le bien et de détruire les injustices, et c'était précisément dans ce but qu'ils allaient tous agir, ce jour-là. Déterminé, il prit donc la direction qu'on lui avait assigné, capuche de nouveau placée sur la tête et sabre bien attaché à la ceinture, toute une clique de subordonnés sur ses talons. Le Nabeshima vient bientôt les deux navires du Gouvernement Mondial disparaître à l'horizon, tandis qu'il s'enfonçait dans ce qui semblait être les vestiges d'une végétation autrefois luxuriante. Les ruines, les décombres étaient légions, et s'il n'était pas natif du coin et donc incapable de savoir avec certitude ce qui était advenu à cette île, le vampire avait la certitude que cela n'avait rien d'un phénomène climatique ou naturel désuet. S'il avait dû imaginer qu'un seul homme, grâce à son seul fruit du démon, avait été capable de générer un tel désastre, il aurait peut-être insisté pour retourner s'entraîner derechef...
Les premières minutes de progression se firent sans la moindre difficulté, et les quelques êtres humains qui croisèrent alors leur chemin n'étaient que de pauvres âmes en peine. Après s'être assurés que ces pauvres hères ne manquaient de rien, tout en leur recommandant précieusement de s'écarter des troupes de la marine et de rester au calme pendant les heures qui suivraient, le supérieur de la petite troupe ordonna à ses camarades de se remettre en route, les imitant aussi sec. Le premier campement qu'ils eurent à fouiller n'avait rien de bien criminel en son sein, mis-à-part quelques sachets de drogues et quelques armes qu'ils relevèrent par précaution, sans réussir à trouver les propriétaires de ces objets. Ito ne s'en formalisa guère, préférant laisser une paire de criminels dans la nature plutôt que de rafler l'entièreté du campement pour une histoire de pistolets rouillés et manifestement inutilisable. S'il espéra bien vainement que ses collègues auraient autant de chance que lui et que celle-là, par la même occasion, continuerait à lui sourire, il déchanta promptement : le second campement lui délivra en effet l'opportunité de démontrer ses talents de stratège dans une bataille certes d'ampleur dérisoire, mais suffisamment acharnée pour blesser deux de ses hommes et cinq des forcenés responsables de la fusillade. Après qu'il eut de lui-même prit part aux combats, l'épéiste vampire parvint à défaire leurs opposants sans tuer le moindre d'entre eux, les enchaînant ensuite pour les empêcher de prendre la tangente en voyant que la situation ne leur souriait plus. Le sergent remarqua rapidement que ces types-là étaient manifestement du profil recherché, comme avait pu le lui décrire le lieutenant : outre les armes qu'ils savaient manifestement utiliser avec une certaine dextérité, un lot incroyable de trésors fut saisi dans leurs tentes personnelles, quelques richesses qu'ils avaient sans aucun doute soutiré aux populations locales et aux marchands de passage. South Blue n'était pas l'océan de tous les répits, et les hautes autorités avaient probablement fort à faire, mais laisser une telle pègre s'enraciner si durablement sur une île sous prétexte qu'elle n'appartenait pas à leur juridiction avait de quoi estomaquer le Nabeshima. Certes, il comprenait sans mal que les justiciers ne pouvaient pas être partout, qu'ils avaient un choix à faire et qu'ils devaient se concentrer sur les populations les plus nombreuses pour permettre la liberté du plus grand nombre, mais à son sens, le Gouvernement Mondial aurait pu gagner en efficacité en délaissant la politique et en se concentrant sur le militaire. Bien dépité par les choix des têtes pensantes qu'il n'avait de cesse de remettre en cause, certainement fruit de son inexpérience et de son immaturité, le jeune garçon reprit le chemin après s'être assuré que ses prisonniers étaient escortés jusqu'aux navires des deux lieutenants sous bonne garde, pour les empêcher de s'enfuir. Sa troupe armée était peut-être réduite de moitié mais elle n'en était pas moins imposante, notamment pour les citoyens qui n'avaient jamais vu les hommes en bleu de toute leur triste existence...
Et le reste de l'action sous l'égide d'Ito ne fut pas plus fructueuse. A part à nouveau quelques armes abandonnées, dévorées par les rouages du temps, il ne fut plus en mesure de découvrir quoi que ce soit qui sorte de l'ordinaire. Il avait visiblement tiré le numéro gagnant puisqu'il n'avait pas non plus retrouvé la moindre trace des brigands s'en étant pris au lieutenant et à lui-même, quelques jours plus tôt... Songeant qu'il ne servait à rien de demeurer oisif plus longtemps, le vampire mena donc ses hommes jusqu'aux navires qu'ils n'avaient quitté que durant quelques heures tout au plus, fier de sa première réussite solitaire.
Le travail d’un officier de la marine ne consistait pas simplement à arrêter les méchants et à connaître toutes les lois sur le bout des doigts afin de les faire accomplir à toute heure du jour et de la nuit, il y avait dans leur métier bien plus que la fonction guerrière que les plus jeunes d’entre eux recherchaient. Bien sûr qu’ils devaient se battre et qu’ils devaient s’entraîner quotidiennement afin de pouvoir faire face à toutes ces racailles qui avaient fait du pillage et du meurtre un mode de vie, mais en enfilant le manteau d’officier chaque marine se devait de porter plusieurs autres casquette : celle de meneur d’hommes, de stratège et de tacticien.. Il ne s’agissait plus seulement de foncer dans le tas en donnant tout ce qu’ils avaient car désormais d’autres individus plus inexpérimentés comptaient sur l’officier pour les guider, les faire progresser et les aider à survivre dans ce monde de brutes. Ainsi chaque officier devait connaître chacun de ses hommes, leurs forces et leurs faiblesses afin de pouvoir analyser la situation et répartir les forces en sa possession en conséquence. Ce n’était pas simple car généralement le temps était toujours compté pour ce type de décision, mais avec le temps leur esprit finissait par s’affuter et ils devenaient de plus en plus à l’aise avec cet aspect de leur boulot. En même temps ils étaient un peu obligés car sans ça ils feraient des fautes, les fautes impliquant des pertes humaines, et ils auraient tôt fait de se faire rétrograder. Pas top pour un militaire de carrière, n’est-ce pas ?
Ainsi si le colosse ne connaissait qu’une partie de ses forces sur le bout des doigts, l’autre provenant d’un équipage dont il ne savait pratiquement rien, il pouvait se permettre d’avoir suffisamment confiance en son vieux camarade pour répartir ses hommes correctement et agir en conséquence. Après tout ils étaient tous deux au même grade, tous deux confrontés aux mêmes difficultés et tous deux soucieux de la santé de leurs hommes et compagnons d’armes. Nathanael fit donc son petit discours et, sans plus de cérémonie, laissa les trois autres groupes se diriger vers les positions respectives. Chacun savait très bien quel était son boulot et l’importance de ce dernier, aussi il n’y avait nul besoin de traîner en longueur : chaque minute passée à traîner ici donnée une opportunité aux criminels de s’enfuir. Bien sûr quelques groupes d’hommes restaient au port et sur les navires afin d’intercepter tout criminel tentant de fuir la Justice, par simple précaution, mais le gros du travail serait fait par ces 4 groupes, assurément.
Finalement Nathanael fut le dernier à partir, suivi de quelques-uns de ses hommes de confiance et ils se dirigèrent tous vers l’ouest comme cela avait été préalablement convenu. Les hommes passèrent donc parmi les tentes plantées là comme des demeures précaires et tous purent voir à quel point les habitants de cette île avaient les traits tirés et fatigués. Ils n’étaient pas maigres si affamés mais ils étaient simplement épuisés par cette vie, fatigués d’être rackettés régulièrement, fatigués de ne pouvoir dormir sur leurs oreilles : fatigués de tout. Nathanael n’avait même pas besoin de se retourner, savoir que ses jeunes compagnons voyaient la même chose que lui l’assurait qu’ils comprendraient ce que vivaient ces habitants. Un discours motivant était une bonne chose, mais il n’y avait rien de plus marquant que d’être confronté à la dure réalité et cette réalité venait de frapper ces jeunes hommes et femmes en pleine figure, ils avaient devant eux le résultat d’années et d’années de tyrannie et de terreur.
Pour s’assurer de la motivation de ses hommes le lieutenant se serait peut-être retourné, en leur disant qu’ils devaient redoubler d’effort s’ils voulaient voir de nouveau un sourire éclairer ces visages fatigués, mais le silence qui accompagnait leur passage était suffisamment éloquent.
À mesure que les marines s’éloignaient du centre de ce qui restait de cette ville, les visages fatigués laissèrent leur place à des regards belliqueux et des individus qui ne prenaient même pas la peine de masquer leur hostilité face à ces conquérants parés de bleu et de blanc. Certains pouvaient voir les marines comme des bienfaiteurs mais malheureusement le colosse avait appris que tous n’accueillaient pas le gouvernement et ses représentants avec autant d’allégresse. Après quelques minutes à errer encore et encore, s’écartant un peu des sentiers battus en suivants des traces de pas comme la fois précédent, le petit groupe arriva en lisière d’un camp peuplé d’une poignée d’individus.
Les marines ne cherchèrent même pas à être discrets et, lorsqu’ils sortirent des fourrés, des fusils furent levés et pointés vers eux. Le colosse lança un avertissement à ces individus, leur demandant de baisser leurs armes et qu’aucun mal ne leur serait fait, mais une balle rebondissant sur sa poitrine fut la seule réponse qu’il reçut. D’instinct ses camarades se dispersèrent, l’un d’entre eux se positionna même derrière lui, ayant sans doute compris que son incroyable solidité faisait de lui le meilleur des boucliers humains. L’instant d’après une pluie de balle se déversa sur lui mais rien n’en fit, il avança vers ces gredins comme si ces balles n’étaient rien de plus qu’une brise caressa son visage…et en vérité c’était encore moins que ça. Il était fait d’un alliage métallique parmi les plus résistants au monde : qu’espéraient faire ces racailles avec leurs projectiles bas de gamme et leurs armes usées ? C’était insultant, vraiment.
Une fois à portée, le boxeur activa ses systèmes de propulsion et plongea dans la mêlée à la surprise générale, et c’est ainsi que la vapeur de cet affrontement fut renversée. Certains furent neutralités sous le coup de la surprise, d’autres tentèrent de fuir mais furent abattus par les marines embusquées : au final tous furent neutralités ou éliminés et seuls quelques marines fut blessés par des balles perdues.
Laissant ses camarades terminer de menotter les criminels qui avaient survécu, Nathanael s’avança sur la plaine et observa plusieurs traces de pas se dirigeant vers une ruine un peu plus à l’aise, le toit de celle-ci était à peine visible par-dessus les fourrés mais elle était bien réelle. Ce serait leur prochaine destination, et peut-être la dernière.
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Ven 9 Oct - 16:53
Finir le taf.
Avec Nathanael.
Le sergent, satisfait et soulagé d'avoir mené sa propre mission à bien, avait donc donné l'ordre à ses hommes de retourner au navire, les imitant bien évidemment : la direction qu'ils avaient à nettoyé était désormais entièrement purgée du mal qui l'habitait, et même si l'épéiste en herbe avait vraisemblablement joué de chance pour se retrouver confronté à si peu d'ennemis, les justiciers n'avaient pas de raison de s'attarder davantage en un lieu désert et désormais inhabité. Songeant que les prisonniers qu'ils avaient faits seraient bientôt derrière les barreaux en l'attente d'un jugement qu'il espérait humain mais strict, Ito se mit donc à flâner sans vraiment faire attention aux environs, baladant son regard sur la désolation qui l'entourait avec un air légèrement désespéré. Il avait du mal à concevoir que des hommes puissent vivre dans un tel taudis, et se doutait donc qu'il devait, pour la plupart d'entre eux, y avoir une présence sentimentale qui les force à demeurer sur Military Island... Cela mis en exergue, le sous-officier songeait qu'il serait rassurant de voir les juges et les magistrats faire leur travail de la manière la plus dure et solide qui soit, traitant les cas des hors-la-loi que ramèneraient les gouvernementaux avec la fermeté qu'exigeait cette terrible situation. Détruire le peu de quiétude dont les civils présents jouissaient encore relevait d'un sadisme froid, cruel, affligeant... C'était là un crime bien plus grand que d'embrasser la piraterie par instinct libertaire, ou la révolution par envie d'équité : ce n'était plus seulement mettre en danger via un comportement plus ou moins irresponsable et égoïste, c'était semer le chaos et s'en repaître pleinement. Au final, si les types de ce genre n'existaient pas, sans doute que la marine pardonnerait plus facilement aux forbans rêveurs et aux autres idéalistes en quête de bonheur et de justice... Mais la folie des uns engendrait l'extrémisme et la radicalisation des autres. Malgré son bien jeune âge, le Nabeshima n'avait aucune difficulté à cerner cette pensée, notamment grâce aux maigres mais efficaces enseignements qu'Ericken avait pu lui apporter en terme de morale. A cette pensée, l'adolescent songea qu'il serait bénéfique pour l'humanité toute entière de voir le contre-amiral progresser encore et encore, jusqu'à atteindre l'amirauté principale : le monde avait besoin d'hommes aussi mesuré, et si West Blue jouissait de cet état d'esprit que possédait le haut-gradé, ce n'était malheureusement pas le cas de tous les océans... Il n'y avait qu'à arpenter South Blue pendant quelques semaines pour s'en rendre compte. En quelques jours, le vampire y avait en effet trouvé bien plus de guerres et de conflits qu'il n'avait pu en vivre durant tout le reste de sa courte existence. C'était à se demander pourquoi certains sacrifiaient leur vie... Si la liberté était une colombe, la candeur lui coupait bien souvent les ailes.
Ainsi donc le petit bataillon rebroussait chemin lorsqu'un bruit attira l'attention du sergent, le tirant sèchement de sa torpeur : une explosion, immédiatement suivie par des cris, entremêlant terreur et hargne, rage et crainte. Sous l'emprise d'un puissant coup de sang, le bas-gradé tira momentanément son arme de son fourreau et se plaça en garde, au milieu de soldats incompréhensifs et désarçonnés aussi bien par ces cris qui avaient raisonné si sèchement que par leur jeune supérieur, si prompt à l'affrontement. Celui-là leur ordonna rapidement de faire silence et de tirer leurs armes, afin d'être parés à toute éventualité : lorsque cela fut enfin le cas, Ito se tourna dans la direction des bruits qui continuaient de se faire entendre, avant de reconnaître la voix du sergent-chef qui accompagnait l'ami du lieutenant. Manifestement, les gouvernementaux étaient tombés dans un piège en essayant de se frayer un chemin jusqu'à l'escouade menée par l'épéiste en herbe... Et ils avaient grand besoin d'un coup de main ! Sans plus réfléchir, le vampire donna l'ordre à ses camarades de le suivre et se fraya brusquement un chemin entre vestiges natures et humains. Il parvint rapidement à une quinzaine de mètres d'un champ de ruines où les forces de la justice étaient prises au piège : encerclées de toutes parts par des bandits armés qui avaient profité des restes d'un village pour demeurer tapis, ils devaient essuyer explosifs et projectiles sans avoir la moindre chance de se frayer un chemin vers une position plus stable. Incapables de reprendre leurs esprits, certains de leurs collègues étant d'ores et déjà tombés sous le feu nourri des ennemis, ils semblaient soumis à leurs opposants qui entendaient bien les décimer jusqu'au dernier... Exception faite pour le sergent-chef qui, sabre en main, avait rapidement avalé la distance qui le séparait d'un peloton de tireurs pour en terrasser deux ou trois d'une dextérité indicible. Malheureusement, le Nabeshima avait pleinement conscience du fait que même le bas-gradé finirait par tomber si ses ennemis se tournaient tous dans sa direction... Il prit donc la décision de partir à sa rencontre, gardant son katana bien dégainé tout en beuglant à ses hommes de prêter main forte aux soldats coincés. Comment ? Il ne le savait pas trop, et les laissant donc juger de la méthode la plus intelligente : parmi eux se trouvaient des soldats bien plus expérimentés que lui et s'ils n'étaient pas à même de trouver une solution, il ne le pourrait pas non plus. Et alors qu'un tireur isolé était sur le point de tenter sa chance afin d'abattre le sabreur aux deux épées, l'élève d'Hato vint lui couper toute possibilité d'un avenir glorieux au sein du monde underground en le tranchant subitement au niveau du dos, le faisant chuter dans une gerbe de sang et un cri de douleur.
-Sergent-chef, nous sommes là !
Un cri destiné à ses alliés, à leur faire savoir que les renforts étaient enfin arrivés et qu'il était enfin l'heure de la contre-attaque : cela alerta également les hors-la-loi, qui prirent la décision périlleuse de briser le cercle qu'ils avaient stratégiquement mis-en-place pour tenir tête à la première troupe de justiciers afin de faire face en un seul bloc uni aux bleus regroupés. Cette bataille s'annonçait pour le moins mouvementée...
Pour des raisons évidentes de confidentialité il avait été expressément interdit au lieutenant Armstrong de révéler à qui que ce soit la nature des expérimentations effectuées sur son propre corps, sa nature de cyborg n’était d’ailleurs même pas mentionnée dans son dossier militaire et seule la section scientifique avec ton la latitude de divulguer ou non cette information. Pourquoi ne le faisaient-ils pas ? Parce que mis à part les pacifistas, rares étaient ceux qui étaient au courant de l’existence de cyborgs au sein du gouvernement mondial et c’était sans doute bien mieux ainsi…comme une légende urbaine pour ainsi dire. Remplacer un bras ou une jambe perdue par une prothèse cybernétique était une chose assez simple finalement, rien qu’un bout de métal connecté aux nerfs d’un individu afin qu’il puisse le mouvoir à volonté, mais remplacer pratiquement toute une personne par une machine était une opération bien plus complexe et sujette à controverse. Comment faire confiance à une telle personne qui n’avait d’humaine que l’apparence ? Les machines étaient froides et calculatrices, dénuées d’émotions, ne prenant que des décisions logiques et c’était sans doute cela qui faisait d’elles des créatures imprévisibles et dont la confiance était très difficilement accordable. Il ne serait donc pas étonnant que quelqu’un dont le corps était une machine à 95% se voit accorder le même traitement.
L’existence des programmes comme celui qui avait vu renaître Nathanael était donc gardée dans le plus grand secret, connue uniquement des plus hautes instances de la marine comme les amiraux et quelques vice-amiraux pour ne citer que ces individus. Était-ce mieux ainsi ? Très certainement car le savoir était une arme très efficace à conserver précieusement. Il ne faudrait pas que les plans de construction de telles créatures tombent entre des mains mal intentionnées. Alors comment se débrouillait le boxeur dans la vie de tous les jours, pour garder ce secret ? Le médecin de bord avait été le premier à percer le mystère, après que le boxeur ait été blessé au combat et emmené à l’infirmerie, mais il avait toujours gardé le secret sans jamais s’en plaindre. Après tout cela faisait au moins un individu de moins dont il n’aurait pas à s’occuper, si on y réfléchissait bien.
Mais si le médecin était un homme discret et digne de confiance, qui ne trahirait sans doute jamais ce petit secret, il n’en était pas forcément de même pour tous les autres individus qui arpentaient ce navire. Comment faire alors ? Il ne pouvait jamais vraiment libérer sa pleine puissance quand il était accompagné de ses camarades, à son grand regret, la prudence et le secret étant peu à peu devenu des poids qui l’empêchaient de se battre à 100% de ses capacités. Bien trop rares étaient les fois où il était seul face un opposant, bien trop rares étaient les fois où il pouvait ouvrir son torse et cracher une pluie de balles perforantes sans crainte que le mystère sur son aspect mécanique ne soit éventé.
Mais c’était le jeu, il devait faire au mieux de ses possibilités avec les moyens du bord et, avec le temps et les futurs succès qui jalonneraient très certainement son parcours, peut-être serait-il autorisé par ses concepteurs à lever le voile sur sa nature véritable. Mais ce n’était pas encore le cas, c’était encore très loin de l’être et pour l’heure Nathanael devait agir avec rapidité et efficacité pour que personne ne se rende compte de rien. Il avait donc neutralisé ces quelques premiers bandits avec la rapidité de l’éclair et, après un petit coup d’œil rapide, se dirigea vers les ruines non loin d’ici en compagnie de quelques-uns de ses camarades. Les autres étaient là pour surveiller les bandits encore en vie et neutralisés afin que leurs efforts n’aient pas été vains.
Le groupe s’enfonça dans les fourrés sous la supervision du colosse qui, une fois arrivé à bonne distance des ruines, s’immobilisa et fit signe à ses camarades de faire de même. Plissant les yeux alors qu’il mettait en marche ses capteurs visuels en les forçant à zoomer sur le bâtiment qui se dressait devant lui, il se rendit rapidement compte qu’il avait touché au but. S’il ne pouvait décemment pas manquer les trois gardes en faction devant ce qui restait de la porte d’entrée de cette modeste demeure, les quelques ombres qui passaient devant les deux fenêtres au premier étage parlaient d’elle-même : cette demeure accueillait des habitants qui avaient la bougeotte. Faisant signe à ses camarades de se disperser sur la gauche et la droite, afin de prendre les gardes dans un feu croisé et d’empêcher les autres de se faufiler par une porte dérobée, le colosse leva la main et une pluie de balle faucha les trois gardes lorsqu’il abaissa cette main. Voyant les gardes à la fenêtre lever leurs armes, le colosse fit signe à ses compagnons de continuer à tirer alors que lui se ruait vers la porte d’entrée. La suite ? Eh bien le moins que l’on pouvait dire était qu’il y avait un bordel sans nom à l’intérieur du bâtiment, des cris, des coups de feu et d’autres bruits difficilement identifiables. Mais, après quelques instants, les bruits moururent et c’est dans un silence de mort que Nathanael sortit du bâtiment. Bien sûr ses vêtements étaient légèrement tâchés de sang, mais il tenait surtout dans sa main droite la tête d’un individu. En vérité il n’était tombé que sur des bandits sans cohésion ni expérience, cette tête appartenait à celui qui avait su lui résister le mieux mais il était déçu. Il s’était attendu à tomber sur un big boss quelconque, un adversaire coriace mais ses espérances furent vivement balayées à son grand regret.
Les marines étaient impressionnés par la rapidité avec laquelle le lieutenant avait fait le ménage, mais ils reprirent rapidement leurs esprits et s’occupèrent de leurs prisonniers. Le colosse laissa tomber la tête du bandit à même le sol et, s’adressant à ses petits camarades, lança :
« Je pense que c’est tout de notre côté. Retournons au navire avec les prisonniers, nous ferons le point avec les autres à leur retour. Oh, une dernier chose : bon boulot, les gars. »
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Jeu 15 Oct - 19:16
Finir le taf.
Avec Nathanael.
L'arrivée de renforts sembla rassurer la totalité des troupes du Gouvernement Mondial aux prises avec les hors-la-loi : le sergent Nabeshima n'était peut-être encore qu'un jeunot inconscient et inexpérimenté, mais il était assurément un homme de talent, un combattant qui avait été choisi principalement sur ses capacités physiques et sur son potentiel considérable pour assurer les responsabilités qui incombaient aux bas-gradés dans son genre. Autrement dit, la simple vision de sa lame et le simple son de sa voix suffirent à faire sourire le sergent-chef, qui donna immédiatement l'ordre à ses subordonnés de se ressaisir et de se reprendre en main. Le mouvement des criminels, s'il fut plutôt naturel, fut néanmoins nettement maladroit : ils ne se retirèrent pas totalement et préférèrent au contraire s'écarter des justiciers pendant un temps afin de former un front plus solide et plus uni. C'était assez logique en un sens puisque sinon, leur formation aurait de toute manière été brisée et qu'une partie de leurs hommes en auraient grandement soufferts... Mais cela était aussi déplorable, car Ito et ses camarades n'avaient pas manqué cette occasion de rejoindre l'autre groupe pour imiter les brigands et former une contre-attaque plus imposante ! Dès lors, les prouesses martiales des deux jeunes officiers et l'entraînement constant dont jouissaient les troupes de la marine suffirent à renverser la tendance et à prendre l'ascendant sur les hors-la-loi, clairement moins organisés qu'eux, même s'ils leur opposaient plus de résistance que les autres larrons rencontrés sur Military Island, un peu plus tôt. Après quelques passes d'armes habiles et agiles, les deux confrères sabreurs n'eurent aucun mal à forcer leurs assaillants à prendre la fuite, pour ceux qui étaient tout du moins encore en état de le faire : cette charge héroïque de leur part, agrémentée d'un tir de soutien efficace, leur avait évidemment permis de faire un bon nombre de prisonniers et de blessés, qui n'étaient ainsi plus en état de leur poser problème.
Suite à cet incident qui, fort heureusement, eut une conclusion plus heureuse que cela n'aurait pu être le cas en tout premier lieu, les deux bas-gradés décidèrent de marquer une légère pause afin de permettre à leurs subordonnés de panser leurs maigres blessures et de se préparer au chemin qui leur restait à parcourir : le retour, vers les navires qui les avaient porté jusqu'à South Blue. Bien entendu, la chose allait certainement être moins agitée que l'aller, mais ils n'étaient pas convaincus de ne tomber sur aucun os : après tout, même si leurs captures avaient été nombreuses, d'autres criminels, plus malins ou plus vifs, avaient probablement tiré parti de leur méconnaissance des lieux pour éviter de tomber dans ce filet tout droit tendu. Avec le temps, le jeune vampire avait fini par comprendre que bien des hommes pouvaient faire preuve d'intelligence, et qu'ils ne se trouvaient malheureusement pas toujours du côté des intérêts du peuple : Ito savait pertinemment que le crime existerait encore et toujours, et songeait même que cela était une raison suffisante à l'existence de la marine qu'il servait avec tant d'assiduité. Si personne ne se donnait le mal de protéger les petites gens, qui diable pourrait garantir la sécurité des plus faibles ? Un état de nature n'était pas souhaitable, pas s'ils voulaient à tout prix éviter une domination sans contestation de cadors de la pègre, tels que les Yonkous ou le tristement célèbre Konan... Sa volonté inébranlable s'en était donc trouvée renforcée avec le temps, comme forgée dans un acier de plus en plus pur : plus il mûrissait, et plus il prenait conscience que personne ne pourrait réaliser la tâche qu'il délaissait. Donner à autrui ce que l'on pouvait réaliser soi-même n'avait dès lors plus de sens : certes, le Nabeshima comprenait bien que l'on puisse vouloir demeurer civil, bien à l'écart des conflits, mais dès lors que l'on possédait un tant soit peu de capacités en terme guerriers, il fallait à tout prix les mettre au profit du Gouvernement mondial. Cela pouvait être en jurant allégeance à l'une de leurs institutions, bien évidemment, mais cela pouvait aussi passer par une route plus sinueuse, parfois pointée du doigt : les maîtres d'armes de dojo, les forgerons ou tout simplement les pirates qui suivaient des préceptes moraux et humains droits et fiables n'étaient donc pour lui pas différent d'un marine ou d'un agent de Cipher Pol. Tout ce qui importait, c'était de lutter pour des idéaux purs.
Après une légère pause, qui permit aux deux jeunes gens d'apprendre davantage à ce connaître au fil de quelques mots échangés, les troupes de la justice reprirent la route, toujours sur l'affût, dans la crainte de tomber dans une nouvelle embuscade. Fort heureusement, il n'en fut rien : au contraire, ils parvinrent à rentrer aux navires sans rencontrer le moindre ennemi et jetèrent alors dans les geôles déjà bien pleines les prisonniers qu'ils avaient emporté avec eux. Désormais, Military Island pouvait repartir sur des bases plus saines, et voir sa population de civils profiter d'une vie plus paisible. Tout n'était pas encore joué, bien entendu, mais le plus gros était d'ores et déjà fait...