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Le Tournoi des Étoiles Bleues - Second Part
Pyras D. Dante
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Mer 1 Juil - 19:14
Rempart

Quelques heures seulement s'étaient écoulées depuis la premier round. Chacun de nous avait reçu des soins assez rudimentaires, et nous avions dû rester en équipe de dix pour éviter de nous éparpiller durant notre voyage. En effet, la deuxième épreuve du Tournoi des Etoiles Bleues se déroulait sur une île qui ne m'était pas inconnue, à savoir Friend Island. Voir au loin son volcan laisser des cendres jaillir en continue de son cratère me rappelait cette période de ma vie où je m'étais isolé, ayant pratiquement perdu la raison. Bien entendu, depuis le temps, les statues que j'avais faites avaient disparues depuis un moment. Néanmoins je me sentais on ne peut plus nostalgique en regardant le rivage se rapprocher à grands pas. Si nous avions eu le droit d'utiliser au maximum les pouvoirs de nos Fruits du Démon, sans doute Joe et moi aurions su tirer grand avantage de la proximité du volcan.

Cependant, alors que je fixais mon équipe, j'étais plutôt loin d'être confiant. Je n'avais pas peur pour moi, tout simplement parce que j'estimais être seul responsable de mes victoires et de mes défaites. Néanmoins, je ne pouvais pas en dire du reste de l'équipe. Joe était... Bon, c'était Joe quoi ! Je m'inquiétais sans cesse pour elle, même si elle était une combattante de valeur. Et même si elle avait été la plus grande guerrière de tous les temps, je me serai quand même inquiété pour elle. Nous avions avec nous trois autres membres qui semblaient assez forts, du moins si je me fiais uniquement aux apparences. Mais ce qui m'inquiétait réellement, c'était le groupe de cinq gamins. Ces derniers avaient failli être exécutés lors du précédent round et il était évident qu'ils n'avaient pas les compétences requises pour participer à un tournoi de cette envergure.

Restait à espérer que le caractère diversifié des épreuves soit à notre avantage. Un concours de n'importe quoi, mais pas du combat ! Voilà ce que je me disais intérieurement. Mais même si le destin ne jouait pas en notre faveur, j'avais promis à ces gosses de faire en sorte d'augmenter nos chances de réussite. Et je n'étais pas du genre à trahir mes promesses. J'essayais de les rassurer, tout en cherchant les meilleures stratégies possibles selon les épreuves que je pensais pouvoir avoir. Mais alors que je me creusais la tête, l'escargophone sur le pont du navire m'interrompit dans mes réflexions pour nous expliquer les règles du deuxième round.


Bienvenue à tous les heureux vainqueurs de la première manche ! Voici comment se déroulera la phase deux. Vous êtes dix par équipe. Pour gagner, il vous suffit de vous emparer du drapeau de l'équipe opposée à la votre qui se trouve sur cette île.

Une course ? Voilà qui allait faciliter les choses ! Je soupirais de soulagement en entendant cela. Une course était quelque chose qui allait mettre de côté le caractère combatif, même s'il y allait avoir des affrontements au niveau des drapeaux. Il me suffisait de mettre les gosses à l'écart des combats pour assurer leur sécurité. Même si cela allait être difficile, à cinq contre dix, c'était toujours jouable selon l'équipe contre laquelle nous allions tomber. Mais bien sûr, cela aurait été trop beau si l'escargophone n'interrompit pas mes réflexions à nouveau.

Pour vous emparer du drapeau adverse, il vous faudra cependant abattre les membres "Remparts" de l'équipe adverse. C'est à vous de désigner les membres "Remparts" de votre équipe. Plus vous en avez, plus il sera difficile pour l'ennemi de s'emparer de votre drapeau. A contrario, moins vous en avez, plus vous pouvez vous permettre de lancer des forces ennemis dans la bataille. Car oui, les membres Remparts ne peuvent pas quitter le drapeau au-delà des cinquante mètres qui l'entourent. Choisissez bien et bonne chance à tous !

Déclaration on ne peut plus gênante. Les "membres Remparts" se devaient d'être forts, mais ne pourraient pas participer à l'assaut pour s'emparer du drapeau adverse. Il fallait trouver le bon équilibre... Ce qui n'était pas évident quand on savait que seuls cinq membres de l'équipe avaient de réelles capacités de combat. J'entendais déjà les trois autres guerriers essayer de mettre au point des stratégies en désignant des membres Remparts. Mais les faits étaient là : nous avions un gros problème d'effectif. Alors que l'atmosphère se dégradait, que tous commençaient à monter le ton, même Joe, la faute retombait peu à peu sur la fratrie qui était désemparée et désespérée d'être "si faible" comme tout le monde s'accordait à le dire. A croire que bientôt, ils allaient leur tomber dessus et les étriper.

Je coupais cours à toute réflexion et toute discussion en prenant une voix grave, fronçant les sourcils et prenant ce que Joe se plaisait à appeler "ma tête des mauvais jours". M'avançant vers les neuf membres, je lançais une déclaration qui se voulait solennelle et on ne peut plus surprenante.


Je serai le membre Rempart... Seul.

Une déclaration qui eut l'effet d'une bombe, tout le monde se taisant et écarquillant les yeux en se demandant si j'avais ou non perdu la boule. Nous ignorions combien l'ennemi aurait de membres remparts et combien iraient à la recherche de notre drapeau. Cependant, ne mettre qu'un seul rempart était un pari on ne peut plus risqué. J'entendis Joe soupirer, comprenant que j'avais fait mon choix et que rien ne me ferait changer d'avis. Les trois combattants aguerris, en revanche, semblaient davantage réticents à l'idée. Je repris alors la parole rapidement avec un ton toujours sec, mais plus posé que précédemment.

Si vous craignez que ce soit de la folie, vous n'avez qu'à vous débrouiller pour attraper le drapeau des autres avant qu'ils n'arrivent au nôtre.

Voilà le genre de tirade qui avait le don de calmer les esprits échauffés. S'ils pensaient que leur destin n'était plus entre leurs mains, je venais de leur dire l'exact opposé. Si véritablement ils avaient peur que je ne perde, ils allaient devoir se débrouiller pour éviter que je ne me batte. En posant les choses sous cet angle, même s'ils ne semblaient guère à cent-pour-cent d'accord, ils se contentèrent de soupirer en faisant un signe de la main pour dire d'accord. J'espérais juste avoir pris la bonne décision. Au moment où nous débarquions, je regardais alors l'aîné des cinq gosses, lui faisant un sourire avec un clin d'oeil. Il était temps pour moi d'honorer la promesse que je lui avais faite quelques heures plus tôt.



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Mer 8 Juil - 8:26
Confrontation

Cela avait été plutôt difficile de convaincre mes camarades que j'allais endosser seul la responsabilité de notre victoire, ou de notre défaite. Néanmoins, certains étaient heureux de se sentir dédouanés d'un tel fardeau, alors que d'autres avaient à cœur d'aller à la rencontre de nos adversaires, chose impossible en ayant le rôle de rempart. Néanmoins, aucun d'entre eux n'était réellement rassuré, sauf peut-être la fratrie de cinq qui avait visiblement une foi en moi inébranlable depuis le premier round. Je savais cependant que j'avais pris une position risquée, qui nécessitait de tout faire pour éviter de perdre. Cela allait être sans doute difficile, selon le nombre d'opposants qui allaient nous faire face. En me plaçant seul en défense, cela nous permettait de tout axer sur l'offensive, plutôt que sur la défensive. Restait à savoir la stratégie que nos adversaires allaient employer. Ce match se jouerait finalement sur un point fondamentale : la vitesse !

Cela faisait déjà un bon quart d'heure que mes neufs compagnons m'avaient laissé avec la charge du drapeau, sur la plage où nous avions débarqué. Et pour être franc... Je m'ennuyais au plus haut point. J'en étais à mettre des cailloux de chaque côté d'un crabe pour le voir faire du gauche-droite non-stop en se demandant comment il allait s'en sortir. Passe-temps plutôt ignoble, certes, mais je m'amusais avec ce que j'avais à disposition. J'en étais presque à espérer la venue de la Marine pour corser un peu les choses, c'est dire. Il me fallut attendre trois ou quatre minutes de plus pour que mon souhait se voit presque exaucé. Sauf qu'au lieu de la Marine, ce furent six individus qui atterrirent pratiquement tous simultanément face à moi, sortant de la végétation en bordure de la plage.

Les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer. L'un des combattants se mit à parler avec une voix nasillarde et un air hautain, amusé. Alors qu'il déblatérait des choses que je n'écoutais pas, je libérais le crabe pour qu'il puisse s'enfuir, avant de foncer à toute allure vers lui et lui asséner un coup de poing dans l'estomac, le coupant en plein milieu de ce que j'aimais appeler le "speech du trouduc". Vous savez, ce moment où un type qui se croit super fort commence à vouloir vous ridiculiser en vous disant combien il est beau, combien il se brosse les dents avec un dentifrice ultra-white, combien vous n'avez pas eu de chance de tomber sur lui, tout ça tout ça. Le genre de truc gonflant qui ne donne pas envie de le laisser finir sa phrase. En l'occurrence, notre ami n'eut que le temps d'écarquiller les yeux avant que ces derniers ne manquent de gicler hors de ses orbites lorsque mon poing s'enfonça dans son abdomen pour l'envoyer au loin, se cogner contre un tronc d'arbre qu'il manqua de fracasser. Ses yeux révulsés montraient qu'il était déjà hors combat. Comme quoi, chien qui aboie ne mord pas.

Plus que cinq ! Voilà ce que j'avais à l'esprit en regardant le reste du groupe qui, au lieu d'être choqué ou quoi que ce soit par la soudaine expulsion de leur camarade, soupira, comme s'ils s'y attendaient un peu. Pour peu, j'aurais même juré voir certains d'entre eux sourire, comme s'ils étaient heureux d'être débarrassés de lui. Sans doute qu'eux aussi n'aimaient pas les types qui s'adonnaient au "speech du trouduc". Je leur avais sans doute rendu service sans le savoir. Néanmoins, j'étais rassuré de voir que six ennemis étaient présents. Cela voulait dire que les neuf autres allaient avoir la charge de seulement quatre ennemis. J'espérais que Joe et les gosses allaient bien s'en sortir. Mais pour l'heure, je n'avais pas le droit d'y penser, sous peine de perdre le combat essentiel que j'allais devoir mener ici.

Signalant que "c'était parti", quatre de mes adversaires se jetèrent sur moi simultanément, alors que les deux derniers restaient en retrait, les bras croisés. Deux d'entre eux vinrent au corps-à-corps, pendant qu'un autre, muni d'une épée, semblait guetter le moment opportun pour porter une estocade. Le dernier, quant à lui, tirait sans hésitation. Ce dernier avait parfaitement saisi toute l'opportunité que sa situation présentait. Il devait me mettre hors-jeu, juste moi, pour remporter la manche. Mais s'il tirait sur ses camarades, cela faisait des ennemis en moins pour les prochains rounds. En ce sens, il pouvait se permettre de les abattre sans restriction. Ce point important, c'était ce que j'allais devoir exploiter pour gagner le combat, sans quoi, cela risquait d'être compliqué. Car en effet, si l'on voyait les choses sous cet angle, ce n'était plus un six contre un, mais un Battle Royal où j'étais juste une cible prioritaire parmi les autres personnes à abattre. S'ils ne cherchaient pas à se protéger, cela me faciliterait la tâche, sans pour autant la rendre aisée.

Alors que j'essayais d'esquiver les coups de mes deux adversaires pugilistes, je devais admettre que ces derniers étaient on ne peut plus agiles. Je finis par attraper le bras de l'un d'eux qui manque de peu de me frapper au plexus. L'autre en profita pour me frapper dans l'abdomen. Le coup fut assez puissant pour m'envoyer au loin. Mais je ne lâchais pas mon étreinte du larron que j'avais agrippé. Alors que je me dirigeais avec lui droit sur le bretteur, je vis celui-ci prêt à me réceptionner avec son arme. Tandis qu'il porta un coup d'estoc qui se voulait mortel, je tirais mon camarade de volée devant moi pour m'en servir comme bouclier humain. Celui-ci se fit embrocher sans que son bourreau ne montre la moindre hésitation ou le moindre regret. Je sentais néanmoins le bout de la lame s'enfoncer dans mon flanc gauche. Le fait qu'il y ait déjà un morceau de viande sur l'épée l'empêcha de pénétrer trop profondément, mais cela suffit à faire quand même pas mal de dégâts, évitant cependant mes organes vitaux.

Un deuxième était hors-course, tandis que je le lâchais pour reculer, posant ma main sur ma blessure qui saignait tout de même de façon abondante. Si seulement je pouvais utiliser les pouvoirs du Magu Magu no Mi, aucun d'entre eux n'aurait pu me blesser ainsi. Et sans doute auraient-ils hésité avant de venir au contact. Mais pour l'heure, je ne devais compter que sur mes seules compétences physiques et sur mon esprit de combat. C'est dans ce genre de situation que je me rendais compte combien j'avais laissé mon corps se reposer sur le pouvoir défensif de mon Logia. Il faudrait que j'entraîne davantage celui-ci pour éviter d'être trop faible lorsque je viendrais à rencontrer un ennemi pouvant vaincre ma défense.

Je n'avais néanmoins pas le temps de trop penser à cela, une balle fusant dans ma direction, me laissant à peine le temps de pencher la tête sur le côté pour l'éviter de justesse. Un fin filet vermeil coula le long de ma joue. Mais à peine avais-je réalisé cela que le bretteur se jetait vers moi à nouveau. Je n'eus que le temps de sortir partiellement ma lame de son fourreau, l'acier rencontrant celui de mon opposant, alors qu'un bon tiers de mon arme était toujours dans son étui. Gratifiant mon opposant d'un coup de pied dans le ventre pour le repousser, je sortais l'épée complètement, reprenant mon souffle difficilement. Les choses devenaient un peu trop tendues pour un seul combattant. Et plus inquiétant encore, les deux autres guerriers qui n'avaient encore rien fait. Tous deux vêtus d'une longue cape blanche à capuchon, ils se contentaient de rester les bras croisés en nous regardant. A travers l'obscurité de leur capuche, il était impossible de distinguer leur faciès. Et cela m'inquiétait au plus haut point.

Alors que je fixais les deux hommes, une autre balle parti, me ratant de peu, et se dirigeant vers l'un d'entre eux. Le plus impressionnant fut de le voir l'arrêter à mains nues, comme si de rien. Cela me fit écarquiller les yeux en voyant son poing s'ouvrir et laisser tomber le projectile. Sans aucune hésitation, je pouvais dire qu'au moins l'un des deux était une grosse pointure. De celles qui avaient une puissance comme on en croise plus généralement sur Grand Line que sur les Blues. Si je ne finissais pas rapidement les trois guignols face à moi, cela allait être difficile de l'affronter par la suite. J'allais devoir me montrer davantage sérieux si je voulais avoir une chance de gagner. Reportant mon attention sur mes opposants, je pris sur moi de m'occuper en premier lieu du pugiliste qui fonçait dans ma direction. Alors qu'il stoppa mon arme avec ses deux mains, les claquant sur le plat de la lame de façon assez impressionnante, je cessais de pousser pour faire dévier ma lame sur le côté, réduisant la distance qui nous séparait de façon brutale. En m'avançant ainsi et jouant sur la surprise de ce mouvement, je laissais mon crâne entrer en contact avec celui de mon adversaire, avec un bruit qui était sans doute suffisant pour faire grincer des dents les spectateurs qui nous regardaient à travers l'escargophone planqué je ne sais où.

Ce simple coup suffit à faire chanceler le guerrier et lui faire fermer les yeux la seconde suffisante pour que je me rétablisse en levant ma main armée, laissant l'épée le frapper en diagonale du bas vers le haut et le mettre hors course. Un coup de feu retentit juste après l'attaque, frappant mon épée pour l'envoyer voltiger au loin. Je me tournais d'un coup vers notre ami à la gâchette facile. J'étais certain qu'il aurait pu empêcher que je ne touche son compagnon s'il avait tiré plus tôt, mais il avait délibérément attendu que je ne mette ce dernier à bas pour faire feu. Je pouvais le dire sans hésitation, ce type était une ordure. Six mètres nous séparaient, et je n'ignorais pas qu'il aurait l'occasion de me plomber au moins deux ou trois fois le temps que je franchisse cette distance. Levant mon poing, je frappais soudainement le sol de la plage de toutes mes forces. Bourrin comme pas deux, cela suffit à soulever un épais nuage de sable et de poussière, me voilant à la vue de notre ami tireur qui ne dut pas s'attendre à une telle manœuvre. Alors qu'il était ainsi pris au dépourvu, je surgis du nuage de poussière tel un diable hors de sa boîte, le surprenant davantage, pour lui asséner un violent coup de poing. Je sentis sa mâchoire se disloquer au contact de mes phalanges, alors qu'il vola au loin, glissant sur la mer pour finalement finir avec finalement le postérieur hors de celle-ci tandis qu'il restait immergé.

Un de moins, mais il restait toujours le bretteur. Celui-ci me faisait face, ne bougeant pas et me fixant avec une certaine insistance. Je remarquais qu'il tenait dans sa main gauche ma lame qui était allée se planter un peu plus loin. Sans me prévenir, il me lança celle-ci pour que je l'attrape au vol. Le simple fait de faire un mouvement aussi ample avec mon bras suffit à me faire grimacer. La blessure qu'il m'avait infligé précédemment continuait de me lancer atrocement, alors que, même s'il s'était légèrement calmé, le saignement ne s'était pas pour autant arrêté. Contrairement à son homologue au revolver, notre sabreur semblait vouloir faire les choses de manière correcte. Grimaçant légèrement à cause de la douleur, je me mis cependant en position. J'allais devoir terminer ce combat rapidement, en particulier à cause des deux autres hurluberlus qui attendaient toujours. J'étais incapable de savoir s'ils allaient rester immobiles encore longtemps ou non.



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Ven 7 Aoû - 20:45
Incompréhension et Prémices

Le dernier de mes adversaires actif me fixait alors que je le dévisageais de manière toute aussi insistante. Nul doute que tout allait se jouer dans les secondes qui suivraient. S'il avait l'air assez en forme de son côté, du mien, on pouvait voir le sang qui perlait très légèrement, laissant des bruits aigus retentirent sur la plage. Le sable situé sous mes pieds se teintait d'un rouge vermeil, absorbant le liquide vital comme s'il s'agissait d'une simple goutte de pluie. Je n'avais néanmoins pas le temps de me préoccuper de ce genre de détail. Dans mon esprit, les choses étaient claires : Je voulais gagner... Je devais gagner ! Sans quoi je pouvais dire au revoir aux informations que je cherchais. Et même s'il n'y avait aucune garantie que gagner ce concours me donne accès aux renseignements que je désirais, je ne pouvais pas laisser passer cette chance.

Notre ami bretteur prit ses appuis, faisant glisser ses pieds dans le sable, en même temps que moi. Je déglutissais un court instant, avant que finalement, nous ne nous élancions l'un vers l'autre en hurlant de toute notre âme, comme si cela nous aidait à manifester notre conviction. Lame brandie vers l'arrière, nous nous apprêtions à abattre celle-ci l'un sur l'autre pour enfin clôturer cet affrontement qui n'avait que trop duré. Et même si ce n'était pas le moment, je ne pouvais m'empêcher de penser à Joe et au reste de l'équipe. Et alors qu'arrivait le moment fatidique, un bruit aigu parvint à mes oreilles. Au moment où nos armes auraient dû entrer en contact, une violente lame d'air passa entre-nous, nous envoyant valser tous les deux. Je retombais lourdement sur le sable, laissant une exclamation de douleur jaillir de ma bouche.

Me relevant difficilement, sentant ma blessure me faire encore plus mal suite à ce choc, je comprenais que le son sourd n'était autre qu'une alarme, émanant de l'un des deux encapuchonnés situés un peu plus loin. La lame d'air n'était autre qu'une projection faite par le plus grand des deux. Celui-ci tenait à la main une épée somme toute des plus singulières. La lame était d'un noir de jais et semblait faite d'une matière nettement différente du métal, sans pour autant avoir à lui envier la moindre caractéristique. Quant à la poignée, elle semblait banale pour un oeil profane, mais tout épéiste un peu perspicace aurait aisément décelé qu'il ne s'agissait pas de vulgaire acier. En se concentrant un minimum, on pouvait voir comme des superpositions de ce matériaux, à la manière d'une peau écaillée. Cette arme n'était pas à prendre à la légère, de même que celui qui la maniait. De plus, l'air autour de l'épée semblait vibrer légèrement, comme cela peut le faire au-dessus d'une surface chauffante. Cette arme était... chaude ?

Mais je n'eus pas le temps de me concentrer davantage sur l'homme tenant cet artefact si particulier, qu'il disparut de mon champ de vision. J'entendis un râle de douleur derrière moi qui me fit écarquiller les yeux. Je vis cette épée noire plongée dans le torse de mon adversaire, alors qu'un filet de sang coulait de sa bouche. Il s'effondra brusquement sur le sol, d'une façon lourde, comme s'il n'était devenu rien d'autre qu'un objet sans vie. D'un geste vif de la lame, son bourreau fit partir le sang présent sur l'arme, avant de me fixer. Je ne pouvais pas en être certain, certes, mais je sentais son regard sur moi, comparable à celui d'un prédateur qui regardait son futur repas. J'ignorais qui était ce type, mais même s'il était d'une vitesse et d'une force imposante, je ne l'aimais pas. Il venait de tuer un homme qui me semblait vouloir un duel à la loyale, du moins c'est ce que j'avais compris lorsqu'il m'avait rendu mon épée. Cet homme gisait maintenant inerte sur le sol, baignant dans son propre sang et dans le sable.

J'étais déjà blessé et mes forces avaient déjà été consumées en partie par le combat que j'avais livré. Je le savais pertinemment : je ne pouvais pas gagner le combat qui m'attendait. Était-ce pour autant que j'allais abandonner ? Certainement pas. Je savais que si j'avais l'impression d'être seul face à deux guerriers expérimentés, il n'en était rien. Quelque part ailleurs sur l'île, Joe et le reste de notre équipe livraient sans doute un combat acharné pour arracher la victoire. Soit je tenais bon en ayant confiance en eux, soit je trahissais leur confiance en abandonnant. La seconde option n'était même pas envisageable dans mon esprit. Je rejetais toute pensée d'abandon ou de défaite. Tout ce que j'avais à faire, c'était de survivre ! Voilà la seule pensée qui m'habitait alors que je me tenais face au bretteur et à son étrange lame. Son équipier ne semblait cependant pas décidé à bouger de là où il était. C'est alors que le porteur de l'épée se mit à parler, d'un ton solennel et d'une voix grave.


Je suis désolé Pyras D. Dante, mais nous n'avons plus le temps de nous amuser. Je te prie de donner tout ce que tu as maintenant, que l'on en finisse et que l'on passe à autre chose.

Le fait qu'il m'appelle par mon nom ne me plu pas vraiment. C'était qu'il me connaissait ou avait entendu parler de moi, ce qui, dans les deux cas, n'était pas bon signe. S'agissait-il d'un Marine venu pour me capturer ? Me tuer ? Ou encore un chasseur de primes ? Je n'avais aucune information à son sujet, pas même son visage. Mais s'il voulait me voir me donner à fond, il allait être servi. Même sans les capacités du Magu Magu no Mi, j'avais un esprit ardent digne d'un Dragon dans la fleur de l'âge, prêt à embraser les terres qu'il survole. J'allais lui montrer de quoi le Ruyy no Me était capable. Affichant un rictus carnassier qui n'était en rien de l'arrogance, mais juste la manifestation du fait que j'étais excédé par ses paroles et son attitude, je finis par me jeter sur lui, lame brandie au-dessus de moi. Sautant, je commençais à faire siffler mon épée dans une multitude de coups aussi rapides que puissants.

Sans bouger de là où il se trouvait, mon opposant se contenta de parer chaque coup en tenant son épée d'une seule main. L'autre se trouvant dans sa poche, il donnait l'impression de véritablement gérer le duel comme s'il combattait un gosse de trois ans. C'était vexant et énervant... Au point que chacun de mes coups se fit de plus en plus fort, sans que je ne réussisse à contenir toute la colère que cela provoquait chez moi de me voir ainsi maîtrisé. Au final, perdant ma contenance, je finis par donner un coup d'épée vertical en y mettant toute ma force, sans mesurer celle-ci, sans contrôle, comme se doit de le faire un épéiste. Le résultat fut des plus déplaisants. D'un coup vers le haut, l'épée de l'encapuchonné brisa la mienne comme s'il eut s'agit d'un simple morceau de verre. Les yeux écarquillés, je n'eus que le temps de voir un début de mouvement avec la main qu'il venait de retirer de sa poche, avant de sentir celle-ci me frapper au niveau de la nuque. Cette attaque m'arracha un cri, en même temps qu'une gerbe de salive et de sang, mes yeux commençant à se révulser avant que je ne m'écroule sur le sol.


Plutôt décevant...

Je vis alors cet homme se diriger vers le drapeau, tandis que je gisais au sol. Si je voulais l'en empêcher, je devais me relever. Je devais donner tout ce que j'avais pour ne pas m'évanouir. Cela me demanda un effort de concentration pour cesser de voir trouble et surtout pour ne pas céder à la douleur qui parcourait l'ensemble de mes nerfs. Mais finalement, notre homme cessa son avancée en entendant mon poing frapper le sol. Serrant les dents, je m'appuyais sur ce dernier, respirant de façon bruyante et saccadée, pour essayer de me relever. Lorsqu'il se retourna, il vit que je venais juste de réussir. La tête tournée vers le ciel, les yeux à moitié voilés, je tenais juste grâce à la stabilité de ma posture. Si je venais à perdre l'équilibre, je risquais de tomber sans pouvoir me relever cette fois-ci. Une seule pensée animait mon esprit : ne pas tomber... Jusqu'à ce que Joe et les autres s'emparent du drapeau, je ne devais pas tomber ! Ne pas tomber bordel !

Je donnais l'impression d'être aussi fragile qu'une feuille, prêt à s'écrouler à la moindre bourrasque. Mais je baissais alors la tête pour fixer notre bretteur avec les pupilles contractées. Je donnais tout ce que j'avais d'énergie pour être concentré sur lui, pour ne pas le lâcher du regard, sous peine de perdre connaissance. Le sang ruisselait de ma plaie, j'avais les membres engourdis par sa dernière attaque, et je ne tenais debout que par la force de ma volonté. Je ne pouvais plus lever mon bras pour brandir ce qui restait de mon arme. Je sentais bien que l'énergie manquait à mon corps... Mais je ne pouvais pas abandonner. Je ne voulais pas.

Il semblait surpris de me voir toujours debout, mais cette surprise fut accentuée lorsque son homologue, jusque là immobile, arriva à mon niveau. Un coup de poing suffisant pour me mettre immédiatement au sol dans un fracas colossal, créant un cratère de sable, vint me percuter, me laissant complètement inerte, face contre sol.


Cette comédie a assez duré. Il est loin de nos espérances. Prends le drapeau et finissons-en avec cette mission stupi...

La voix du deuxième homme se coupa lorsqu'il sentit une douleur le traverser. Il ne s'agissait pas d'une douleur due à une blessure infligée en combat. Il s'agissait du type de peine qui vous frappe lorsque vous vous chahutez avec votre frère et qu'il vous tord le bras par exemple. En réalité, ce qui le fit cesser de parler de façon si désobligeante à son binôme, ce fut la sensation que procurait ma main alors qu'elle étreignait sa cheville, de toute mes forces, manquant de la lui briser. Mais ce n'est pas ce qui l'interloqua le plus. Ce qui le surpris davantage fut de constater que ce mouvement n'était pas volontaire. Car en effet, à en juger mes yeux fermés et l'état de mon corps, j'étais véritablement inconscient. Ce n'était que par la force de volonté que ma main l'avait attrapé pour l'empêcher d'avancer vers le drapeau. Et même si cela ne l'empêcherait pas de se dégager de mon étreinte et de me "terminer", inconsciemment, je n'avais pu m'empêcher de réagir. Grimaçant, notre homme finit par faire un mouvement ample de la jambe afin de dégager sa cheville de ma prise. Son partenaire finit par rire légèrement en s'adressant à lui sur un ton moqueur.

Il semblerait qu'il ne soit pas de ton avis. Ce gosse... Il est de la même trempe que son paternel. Il semblerait qu'il ait hérité de la "volonté du D".

Pestant en me regardant, celui dont je venais de lâcher la cheville semblait dubitatif en me regardant. Même si je n'étais plus conscient, on pouvait sentir que mon corps désirait continuer à se battre, ne serait-ce qu'à mes spasmes, refusant de rester immobile sur la plage de sable fin.

Et donc ? Si tu le juges apte, qu'est-ce que tu comptes faire pour la suite ? Rien ne dit qu'il acceptera de nous aider, qu'il soit utile ou qu'il ne deviendra pas comme son grand-père. Tu comptes faire quoi ? Peut-être qu'il sera amené à se battre contre nous plus tard... Il serait plus facile de dire à sa Majesté qu'il est mort pendant le tournoi tu ne crois pas ?

Notre bretteur s'approcha de mon corps, me fixant avec insistance. Finalement, il se décida à lever son épée, sans que son acolyte ne lève le petit doigt pour l'en empêcher. Sa lame se planta alors juste à côté de mon cou, s'enfonçant dans le sable. Il se tourna vers son partenaire pour lui expliquer son point de vue tout en s'éloignant du drapeau et de ma personne.

Je pense qu'il est préférable de le laisser se renseigner sur le Royaume d'Ignitios. Lorsqu'il rencontra sa majesté, ce dernier essaiera sûrement de le convertir à sa cause. Nous saurons alors de quel bois ce gamin est fait. S'il est comme son père... Ou comme son grand-père. En attendant, laissons ce fruit mûrir, encourageons-le et remplissons notre mission. Il nous suffira de dire au roi que nous avons croisé son petit-fils et que ce dernier est en phase de combler ses attentes.

Et pour le Brise-Crâne ?

Fixant l'épée qui gisait à côté de mon corps, notre homme émit un léger rire avant de lever les mains au niveau de ses épaules, comme s'il mimait la fatalité et le fait que sa réponse coulait de source.

Il s'agit de l'épée emblématique du Royaume d'Ignitios. Il est normal qu'elle lui revienne. Sa mère me l'a donnée pour cette mission afin que je la le lui remette... Si je décidais de ne pas le tuer.

Plus dubitatif et incertain que son camarade bretteur, celui qui m'avait assommé s'éloigna de moi et laissa une dernière remarque derrière lui avant de disparaître dans la forêt en compagnie de son binôme.

Reste à savoir si notre "Petit Prince" sera un homme prisant la liberté comme son père et sa mère... Ou un futur tyran comme son grand-père. J'espère d'ailleurs qu'en nous voyant revenir sans ton arme, ce dernier ne décidera pas de te faire exécuter. Toutes tes manigances risquent de te coûter cher à force... Monsieur le Capitaine de la Garde Royale...

Alors que la silhouette des deux hommes disparut dans la jungle bordant la plage, il fallut attendre quelques secondes de plus pour que le résultat finisse par tomber. La voix de l'animateur était comparable à celle d'un chauffeur de salle ou d'un vendeur à la sauvette, donnant dans le fantastique, même pour annoncer des choses aussi futiles que le concours de tricot d'un petit village de campagne au nom imprononçable.

Après tous ces rebondissements, les vainqueurs peuvent désormais être désignés ! La fratrie Britanicus au grand complet ! Castiel Andréa ! Lazarus Joe ! Pyras D. Dante ! Les attaquants de l'équipe adverse ayant abandonné le tournoi, les survivants annoncés pourront prendre part à la troisième manche qui se tiendra dans huit jours au sein d'une autre île ! A bientôt pour la suite du Tournoi des Étoiles Bleues !

On venait d'annoncer un résultat de victoire, et pourtant, je gisais sur le sable, inanimé, comme si j'avais été occis. Et en réalité, Joe devait se douter de la réaction que j'allais avoir à mon réveil. Voilà pourquoi elle ne tarda pas à arriver dans ma chambre d'hôpital une fois que je finis par apprendre ce qui s'était passé. Un cri de rage et une hausse de la température notable lui avait indiqué que j'étais non seulement réveillé, mais en plus au courant des événements. Il fallait dire que j'étais dans une colère noire. En plus d'avoir des bandages un peu partout et d'avoir manqué trois jours de repas, j'avais été battu à plate couture par mes opposants. Mais pire que tout, ces derniers avaient visiblement préféré quitter le tournoi après m'avoir mis hors course, en nous laissant gagner. Était-ce de la pitié ? De l'ennui d'avoir eu un opposant aussi minable que moi ? Ou une autre raison dont la simple évocation aurait suffit à me provoquer une coulée de lave le long de ma peau ? Dans tous les cas, j'étais on ne peut plus de mauvaise humeur. Et à chaque fois que je regardais l'épée laissée à mon attention par le bretteur qui m'avait mis en échec si aisément, je sentais ma tension monter. J'avais encore beaucoup de progrès à faire... Mais mon égo avait du mal à l'accepter, surtout lorsque ce point était souligné de la sorte. Joe me mit une mandale derrière la tête lorsque j'avais évoqué l'idée de m'enfuir de l'hôpital afin de m'entraîner encore plus dur... Sans tenir compte des deux jours supplémentaires de convalescence que le médecin m'avait prescrit. Une chose était certaine, cette défaite cuisante, bien que marquée comme victoire au tableau des résultats du tournoi, allait me pousser à me dépasser encore plus.



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Sur une plage de Friends Island, au milieu des nuées de cendres volcaniques, cela faisait maintenant un jour que le résultat de la deuxième manche du Tournoi des Etoiles Bleues était tombé. Sur un rocher devant la mer, les deux hommes encapuchonnés fixaient l'horizon avant que le plus grand des deux ne sorte de sa poche un escargophone, composant un numéro dont la seule perception suffit à figer celui qui se trouvait derrière l'appelant. Le silence relatif à cause des vagues s'échouant sur la plage fut brisé par l'homme tenant le Den Den Mushi.

Mes respects votre Altesse. Comme convenu je vous rends compte du résultat de notre mission. Nous avons pris contact avec votre petit-fils et l'avons "testé". Il en ressort qu'il n'a pas encore assez de maturité et de force, exactement comme vous le pensiez. Il a cependant fait montre d'une volonté remarquable. Comme vous nous l'aviez ordonné dans le cas où nous le jugerions apte, nous avons fait en sorte de le laisser accéder aux manches suivantes du tournoi afin qu'il puisse obtenir des renseignements sur Ignitios et sur vous. Par ailleurs, j'ai pris l'initiative de lui laisser le Brise-Crâne. Étant de la famille royale, j'ai estimé qu'il était en droit de tenir cette arme jusqu'à votre rencontre. S'il ne satisfait pas vos exigences à ce moment là, il nous sera toujours possible de la récupérer. Rapport terminé.

Un silence pesant régna alors, tandis que nos deux hommes demeuraient en attente d'une réponse qui pouvait signer leur retour au pays... Ou leur arrêt de mort. Du moins, c'était ce que l'on pouvait penser en entendant celui des deux hommes restés en retrait déglutir de façon plus qu'équivoque. Au final, un seul mot filtra à travers l'escargophone, scellant l'issue de cette conversation.

Bien...

Suite à quoi, le Den Den Mushi ferma les yeux, laissant un son signaler que la personne au bout du fil avait raccroché. Le binôme baissa alors la tête en soupirant de soulagement.

Quand même... Je persiste à dire que laisser ce gamin est un gros risque !

Se relevant en rangeant l'animal de communication dans sa poche, le "Capitaine de la garde" se passa un coup sur le manteau pour essuyer en vain les cendres tombées sur lui. Tout en ouvrant la marche vers leur navire situé à quelques centaines de mètres de là, il conclut leur échange de manière plutôt théâtrale.

Pour gagner, il faut parfois parier et prendre des risques. Sans cela, Ignitios ne sera jamais libérée. Je suis prêt à parier sur ce gosse si l'issue s'annonce aussi favorable que je l'espère.

Et sans une autre parole, il fit dos à son partenaire, levant la main pour lui signaler qu'il était temps d'y aller.

Les choses se mettaient en mouvement et les pions de l'échiquier se révélaient peu à peu...



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