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| Dim 24 Avr - 11:41 Le fluide de la vie [1]
La clairière dans laquelle se trouvait Erwin était recouverte de mousse. Il s'en dégageait une couleur émeraude hors du commun, scintillant grâce à la rosée et aux rayons du soleil matinal. Depuis combien de temps méditait-il ainsi, le corps entièrement concentré sur un entraînement draconien ? Son torse nu luisait autant que le sol, preuve qu'il avait lui aussi subi le dépôt de l'eau présent dans l'air. Ses mains agrippaient ses genoux recouverts d'un pantalon en toile fin, alors que son souffle semblait s'échapper à intervalles extrêmement réguliers de ses narines. Les ténèbres l'enveloppaient de toute part, en dehors de la clairière : dans cette forêt, les arbres feuillus ne laissaient filtrer aucune lumière. Ce n'était que leur absence salvatrice qui permettait à ce lieu de paix d'exister.
Un lieu de paix ? Il aurait été fou de penser une telle chose. Après tout, qu'est-ce que la paix avait en commun avec la dangerosité d'une telle entité ? Le rocher au-dessus duquel méditait le garçon profitait d'avantages considérables : la mousse qui le recouvrait était empoisonnée. Elle avait pour unique propriété de paralyser quiconque posait un peu de sa peau dessus. La paralysie, si elle n'était qu'un de premiers effets, se propageait à tout le corps. Bien sûr, il fallait pour cela que les insectes immunisés de cette mousse, nés de cette mousse, n'aient pas eu la charmante idée de dévorer le corps de l'immobilisé avant.
Et ce qui permettait au garçon de survivre, c'était avant tout le fait qu'il semblait méditer dans les airs de manière totalement naturelle. Un simple mouvement de montée et de descente prouvait qu'il n'était pas totalement à l'écart des lois physiques de la nature. Ainsi, très régulièrement, il utilisait son pouvoir de téléportation pour se rehausser de quelques centimètres dans les airs. Son Haki, sans cesse activé, lui permettait de définir la hauteur qui le séparait du haut du rocher et donc du premier insecte qui n'attendait qu'une chose : pouvoir le dévorer.
Un autre point intéressant était la présence de pygmés à l'orée de la clairière. Ils lançaient parfois des fléchettes, tantôt pour surprendre le garçon et le faire tomber, d'autres fois dans le but de le tuer sur le champs. Cette clairière avait la propriété, pour leur peuple, d'être un lieu où aucun humain ne pouvait poser le pied. Et si une personne s'y trouvait, c'est qu'elle n'était en aucun cas du monde matériel. Erwin, en revanche, était une anomalie, dès qu'ils tiraient, il arrêtait leurs fléchettes par le bout, à quelques centimètres de son corps, et les jetait sans répondre à leurs provocations.
- Croooooac.
Un crapaud se jeta soudainement sur la mousse, avançant de quelques pas. Ses sucs empoisonnés combattaient ceux de ces lieux. Cependant, les pygmés lui tirèrent immédiatement dessus, le tuant sur le coup. Une voix s'éteignait. Erwin interrompit tout à coup sa méditation, se téléportant à l'écart de la clairière, toujours dans le même accoutrement qu'auparavant. Il regarda la montre qu'il avait prise avec lui, et analysa rapidement le reflux des vagues. Il s'était écoulé à minima deux jours.
L'endroit où il était apparu, à l'orée de la forêt, en bord de mer, n'avait rien à voir avec les précédents lieux de méditation du garçon. Il y avait installé, quelques jours plus tôt, un campement pour s'entraîner. Un escargophone traînait par ailleurs pour l'alerter en cas d'ennuis. Si il se passait quelque chose, il n'était pas totalement déconnecté du monde. Cependant, il avait confiance dans les personnes qui s'occupaient des affaires courantes. Soupirant, il but un peu d'eau pour se désaltérer et se posa sur le bord de la falaise tandis que le soleil l'illuminait.
Bientôt, la personne qu'il avait contacté quelques jours plus tôt devrait arriver. Il s'était promis de l'aider à contrôler ses capacités un peu mieux : principalement son fluide de l'observation, dans lequel il était passé expert quelques mois plus tôt et qu'il n'avait eu de cesse d'affiner depuis. Qu'allait-il pouvoir bien développer à son tour ? Erwin avait développé une capacité à lire dans les souvenirs des autres grâce à sa proximité aux humains et au passé, mais Kyoshiro était un être si ouvert d'esprit qu'il aurait certainement infiniment plus de possibilités. Cependant, pour cela, il fallait qu'il découvre son Haki comme jamais. Un sourire sur les lèvres, le rouquin se dit que l'épreuve allait bientôt commencer. J'ai repris le terme "Pygmé" pour désigner les personnes de petite taille des forêts équatoriennes. | | | | |
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| Dim 24 Avr - 18:28 Le fluide de la vie pv Erwin | Grand Line Pour qu’un individu puisse survivre dans ce monde hostile et cruel il devait s’armer d’une détermination sans faille avant toute chose, afin que les horreurs qu’il serait amené à vivre ou voir ne puissent entamer sa volonté d’avancer encore et encore, mais malheureusement la volonté seule ne suffisait pas à garantir la survie d’un individu. Plusieurs fois au cours de sa vie le jeune homme avait rencontré des individus qui n’avaient que la parole et la volonté pour seules armes, plusieurs fois il avait vu que le simple fait de louer un idéal sans avoir la force de le réaliser était ridicule tout au plus. Alors qu’est-ce qui manquait à un individu déterminé à changer le monde, ne serait-ce qu’à son petit niveau ? La force nécessaire pour accomplir ce changement, tout simplement. Dans ce monde chaque personne essayait de tirer son épingle du jeu et d’obtenir ce qu’il voulait le plus au monde, que ce soit de l’argent, de la puissance ou encore ce concept flou et ridicule appelé renommée. Comment les en blâmer ? Il était normal de vouloir se créer une place au soleil et, malheureusement, même les plus nobles des objectifs viendraient forcément contrarier ceux d’autres individus moins recommandables. Au final, aussi longtemps que l’homme resterait un individu irrémédiablement égoïste et borné, les gens n’arriveraient jamais à se comprendre et s’accepter mutuellement. Pourquoi ne pouvaient-ils pas être aussi désintéressés et généreux que le bretteur ici présent ? Était-ce si compliqué de laisser ses objectifs personnels de côté, l’espace d’un instant, afin d’œuvre pour le bien des plus faibles ? Même s’il était candide et un peu bête comme ses pieds, très tôt le garçon comprit donc l’importance de s’endurcir et il passa par plusieurs étapes pour devenir l’homme qu’il était devenu aujourd’hui. En premier lieu il avait appris à manier cette sublime arme qu’était le sabre, autant pour se défendre lui-même que pour défendre les autres, puis il découvrit et apprit à canaliser la puissance de la malédiction du fruit de la lumière et, en dernier lieu, il apprit à maîtriser les voix qui martelaient sa tête et qu’on appelait communément le haki de l’observation. Il avait donc trois armes, trois atouts bien distincts à son actif pour faire face aux épreuves qui l’attendaient mais il n’était plus assez naïf pour croire que cela suffirait, rester sur ses acquis était le meilleur moyen de rencontrer prématurément un funeste destin. Chaque jour, depuis son entrée sur ces mers, il s’était tenu à une stricte rigueur martiale en pratiquant des exercices quotidiens afin de ne pas rouiller et de continuer à progresser et si, plus tard, ces entraînements firent place à des combats acharnés encore plus stimulants, Kyoshiro ne cessa jamais de mettre son corps à rude épreuve. Comme je vous l’ai dit plus haut, ce n’était pas avec sa volonté seule qu’il pourrait mettre un pied devant l’autre lorsque son corps serait tordu et brisé dans tous les sens. Corps et mental, la force résidait en une savante combinaison de ces deux éléments. Quelques jours après avoir quitté ses deux camarades de toujours sur une île dont il n’avait pas retenu le nom, traînant clairement des pieds à l’idée de revenir vers son équipage et de partir vers de nouvelles aventures aussi palpitantes que dangereuses, ce lumineux jeune homme reçut un appel de son camarade passe-partout qui lui fit une proposition qui ne manqua pas de piquer son intérêt. Laquelle ? L’aider à s’entraîner et, plus précisément, à maîtriser son haki. Alors oui le jeune bretteur savait que son haki de l’armement devait encore être amélioré, pas de toute là-dessus, mais c’était celui de l’observation que le rouquin voulait l’aider à développer. Pourquoi est-ce que cela intrigua le maudit ? Parce qu’il pensait qu’une fois avoir maîtrisé les voix martelant sa tête c’était fini, il pensait être arrivé au bout de sa maîtrise aussi ne comprenait-il pas pourquoi son ami voulait l’aider dans ce domaine-là. Mais après tout de l’aide n’était jamais de refus, surtout pas maintenant, aussi l’ancien candide accepta-t-il cette charmante proposition. Le temps de trouver la position de l’île indiquée par son ami, le jeune homme arriva aux abords de l’île et sentit la voix du téléporteur avant d’atterrir non loin de lui dans un éclat lumineux qu’il tenta de réduire autant que possible pour ne pas éblouir son interlocuteur. Affichant un petit sourire en coin, observant avec une curiosité évidente l’environnement qui s’étendait devant ses yeux, le bretteur lâcha : « Décidément nos rencontres se font toujours dans de drôles d’endroits. » Cet environnement grouillait de vie, il n’avait même pas besoin de son haki pour s’en rendre compte et c’était peut—être cette effervescence qui expliquait la présence d’Erwin ici pour aider son camarade. Ce même camarade se tourna vers lui et, un air légèrement gêné sur le visage, il reprit : « Au fait je ne te l’ai pas dit mais…merci. Tu n’étais pas obligé de me proposer ton aide, tu dois avoir suffisamment à faire de ton côté, mais j’apprécie vraiment le geste. » © ANARCISS sur epicode | | | | |
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| Lun 25 Avr - 14:52 Le fluide de la vie [2]
L'arrivée de l'homme-lumière se fit bien rapidement. Il apparut comme par magie aux côtés du garçon qui sentit sa présence bouger sur plusieurs centaines de mètres et put la suivre grâce à son Haki. Les jambes ballantes, il se contenta de tourner sa tête vers lui alors qu'il prononçait ses premières paroles. Un lieu insolite, c'était certain. Cette île ne figurait que sur peu de cartes, malgré son appartenance à Grand Line. C'était un bout de terre de plusieurs dizaines de kilomètres de rayon, où on trouvait une diversité d'espèce plus importante que n'importe où. Partageant alors un sourire avec son ami, le garçon se leva et alla se vêtir d'un tee-shirt qui le recouvrit enfin. Le soleil et le vent avaient séché sa sueur : ce n'était certes pas très hygiénique mais les circonstances l'amenaient à ne pas y faire attention.
- Si mon savoir peut t'être utile, je serai ravi de le partager avec toi, mon ami.
Erwin redoubla son sourire et se tourna brusquement vers la forêt. Même d'ici la lumière ne semblait pas pouvoir pénétrer les bois. Le garçon n'avait pas besoin de fermer les yeux pour être plongé dans les ténèbres : elles se trouvaient juste devant lui. Il inspira un coup, s'en extrayant difficilement. Son ami avait quelque chose qui lui permettait de créer sa propre source lumineuse, et qui lui serait sûrement utile en cet instant. Cependant, c'était un atout dont il devrait se passer.
- Ton fruit est puissant, mais les ténèbres qui seront ton ennemi aujourd'hui ne devront pas être percées par la lumière que tu es capable de faire émaner, expliqua le rouquin en prenant une expression sérieuse.
Il tira sa dague de sa ceinture et commença à jouer avec. Cette forêt était sans nulle doute un lieu dangereux : créatures empoisonnées, pygmés, végétaux carnivores... Une variété considérable de vie grouillait en elle. C'était là un défi grandiose pour quiconque voulait tester sa capacité à survivre... ou à mourir. Pourtant, ce risque était calculé. Il en valait la chandelle : parfaire la maîtrise de l'observation se ferait pas l'écoute des voix dont il n'avait pas l'habitude de se soucier. Pour se frayer un chemin à travers la végétation, il devrait suivre les trajectoires empruntées par les créatures de la forêt. Pour esquiver les fléchettes empoisonnées des pygmés, il devrait faire attention aux insectes sur les troncs d'arbre à côté de lui.
Ici, le jeu était celui de la survie, et Erwin comptait y jouer avec lui. Il n'allait après tout pas le laisser s'entraîner tout seul. Et si quelque chose n'allait pas, il serait là pour venir en aide à l'homme-lumière, le soigner et recommencer l'entraînement. Cependant, si le garçon lui donnait tout de suite la clef de la réussite, cela ne servirait à rien. La maîtrise du Haki Avancé venait avant tout à partir de la compréhension de ce qu'était le Haki. Avancer à tâton dans les ténèbres serait l'épreuve idéale pour cela.
- Au milieu de cette forêt se trouve une clairière, lança le garçon à son camarade. Cette clairière renferme un rocher sur lequel se trouve un fanion que tu dois prendre. Tu n'as pas le droit d'utiliser ton fruit pour t'éclairer ou esquiver les attaques : seuls ton corps et ton Haki te sont autorisés, ainsi que ton sabre.
Une fois les explications finies, Erwin fit le premier pas dans la forêt. Il n'avait à sa disposition que quatre de se sens, ainsi que son fluide de l'observation. Bien plus étendu que celui de Kyoshiro, il lui permettait d'avoir une longueur d'avance sur ce dernier. Les premières racines se trouvaient au-dessus du sol, telles des obstacles indétectables, mais des insectes en tout genre grouillaient autour. Leur position, la forme de leur voix, permettaient d'indiquer à quiconque prenait ces informations qu'elles formaient un pont vers les racines pour y monter d'autres insectes ou de la nourriture et les ramener dans leur maison, construite dans un tronc d'arbre. | | | | |
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| Mer 27 Avr - 23:42 Le fluide de la vie pv Erwin | Grand Line Le plus dur pour un combattant, quelle que fut son origine, était bien de ne pas se laisser sa fierté guerrière entraver ses mouvements, obscurcir son jugement et raccourcir son espérance de vie. Un guerrier portait toujours une part de fierté en lui. La fierté d’avoir été entraîné par les meilleurs, la fierté qui croissait à chacun de ses nouveaux faits d’armes ou bien la fierté d’avoir un nom dont l’écho provoquait crainte et fascination dans le cœur des hommes par sa simple évocation. Si les plus grands changements de ce monde ne pouvaient se faire que par la violence et le sang, bien malheureusement, les guerriers étaient les piliers de ces changements et ils avaient clairement de quoi être fiers. Mais au fil du temps cette fierté pouvait se transformer en arrogance et mener ce guerrier à faire des erreurs, à continuer de combattre quand il devrait fuir pour se battre un autre jour, ou à rester seul plutôt que de demander de l’aide à certains alliés de circonstance. C’était dur pour un homme d’armes que de demander de l’aide à quelqu’un car c’était un aveu à demi-mot d’une faiblesse qu’il n’osait envisager, dur d’envisager qu’un obstacle ne pouvait être franchi seul et, au final, encore plus dur d’attraper la main qui était tendue. Même s’il ne l’avouait pas le jeune bretteur avait aussi une part de cette fierté enfouie au fond de lui, elle était minime comparée à certains de ses pairs mais belle et bien présente. Il aimait aider autrui mais il appréciait de pouvoir changer les choses avec ses propres mains, aussi les derniers évènements mirent à mal, il lui était difficile d’avoir sa difficulté à faire face aux récents affrontements et encore plus difficile d’accepter l’aide de son ami. Mais il devait laisser ça de côté et penser à la vue d’ensemble, il ne s’agissait pas de sa petite fierté ici, il y avait des choses bien plus importantes en jeu que ses petits sentiments et ce fut la raison pour laquelle il répondit positivement à la proposition de son ami. A la première réponse de son camarade, le jeune homme se contenta de pencher légèrement la tête en avant en une posture d’un remerciement discret. Malgré les ténèbres qui envahissaient ce lieu, en se redressant le jeune homme n’usa pas de son pouvoir pour aider à se repérer et repérer son ami, usant de son haki pour sentir sa voix et identifier sa position. Le pouvoir d’un fruit du démon était une chose formidable mais on lui avait répété plusieurs fois de ne pas trop compter sur lui pour la victoire. Après tout, il était un bretteur avant d’être maudit. Devant l’explication et le ton clair qui sortirent de la bouche de son interlocuteur, l’ancien candide sut qu’il était sur la bonne voie et tendit les oreilles pour écouter la suite. Ce lieu était empli de ténèbres où grouillaient des créatures toutes plus immondes et sournoises les unes que les autres, il n’aurait fallu qu’un battement de cils pour que Kyoshiro y apporte la lumière et révèle au grand jour toutes ces créatures, mais quel intérêt en retirerait-il ? Il s’agissait sans nul doute d’une mise à l’épreuve, le téléporteur voulait que le bretteur use de son corps ainsi que de ses sabres et de son haki pour rejoindre un rocher et y récupérer un drapeau. Cela pouvait paraître simple mais il allait naviguer à l’aveugle, au beau milieu d’un environnement qu’il ne connaissait guère, autant dire que la partie était très loin d’être gagnée. Très, très loin. Mais c’était le jeu, c’était en se mettant en difficulté qu’il parviendrait à repousser ses limites, à chaque fois un peu plus loin. Un pas après l’autre. « Très bien. On se revoit sur la clairière. » Se redressant, faisant paix dans son esprit, le jeune homme dégaina l’un de ses deux sabres et s’en servit comme bâton d’aveugle. Prenant une profonde inspiration, laissant son haki combler vulgairement les trous laissés par sa vue devenue inutile en ce lieu, c’est avec une démarche mesurée et prudente que le bretteur s’enfonça dans cette forêt. A l’image d’un ciel étoilé, les voix de toutes ces formes de vie qui grouillaient autour de lui créèrent une carte dans l’esprit du jeune homme, une carte qu’il avait énormément de mal à déchiffrer de par sa complexité mais une carte malgré tout. Suivant la première ligne de voix devant lui, il leva la jambe et tâtonna avec son sabre avant de reposer le pied et de poursuivre sa route, mais ce fut sans compter cette branche fourbe sur laquelle aucun insecte ne marchait, il se la prit en plein front et retomba sur les fesses, grommelant dans sa barbe inexistante : « D’accord, je vois le genre. Je sens que ça va me plaire. » Était-il sincère ou cynique ? Seul lui possédait la réponse mais cette première rencontre avec une branche donnait assez le ton quant au reste de sa promenade champêtre. Lentement il se redressa et s’enfonça de plus belle dans la forêt. Ça n’allait pas être simple. © ANARCISS sur epicode | | | | |
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| Ven 13 Mai - 20:58 Le fluide de la vie [3]
« Même le Haki ne peut pas tout voir. » pensa Erwin en entendant le bruit de son ami qui tombait au sol, suite à la rencontre certaine avec une racine d'arbre inhabitée. L'un des pouvoirs du Haki de l'Observation, c'était de ressentir les êtres vivants. Les arbres avaient beau respirer, ils n'avaient cependant pas de conscience. La conscience d'un monde qui bouge autour de soit, la capacité à créer quelque chose, une culture, une organisation, ou à influencer le monde de son propre chef. Toutes les créatures qui étaient capables de telles prouesses pouvaient être ressenties par le Haki. Erwin avait maîtrisé l'art de les localiser, de jouer avec leurs voix, de suivre le chemin qu'elles traçaient devant elles. Il pouvait voir leurs histoires, aussi nombreuses fussent-elles, à travers des moments d'infortune. La dernière fois qu'il avait utilisé ce don, il avait obtenu le souvenir d'une femme en pleur sur la tombe de son mari. Parfois, il se sentait doublement maudit.
- Lancinante, la végétation se fait. Aucune voix au travers ne te permet de l'entendre. Pourtant, tout autour de toi est vivant, dans une acception moindre pourtant.
Les paroles du rouquin, peut-être énigmatiques, pouvaient s'apparenter à ce qu'on lisait dans quelques contes pour assagir les enfants. Elles étaient en réalité étudiées. Lui-même avait appris de nombreuses choses sur le Haki de l'Observation : dans les livres d'une part, mais surtout de manière orale. Il fermait les yeux et se souvenait de ces conversations interminables, de ces informations volées dans la mémoire des hommes. Il y a longtemps que personne n'avait développé de manière intense ce type de Haki, celui qui était capable de tout lire. Il fallait pour cela plusieurs considérations vis à vis du monde : la capacité de s'ouvrir, de regarder les choses dans leur intégralité, le besoin de comprendre... Oui, c'était peut-être ce dernier argument qui avait été avancé par les experts qu'Erwin avait côtoyé. Le besoin de comprendre.
- Ils approchent, marmonna le rouquin en inspirant profondément.
À moins d'un kilomètre, une demi-douzaine d'indigènes se préparaient à passer à l'attaque. C'était étrange, ils étaient toujours au courant de toutes ces choses qui se déroulaient constamment sur ce bout de terre : ils semblaient communiquer avec plusieurs formes de vie pour arriver à un tel prodige. L'un d'entre possédait peut-être un fruit du démon capable de ces prouesses. Peu importe, ce n'était pas du ressort d'Erwin Dog. Il ne pouvait intervenir dans le combat que devrait entamer l'homme-lumière, dont le haki devrait bientôt localiser les indigènes.
- Entends... Ressens... Pense...
Et la voix du jeune homme disparut alors qu'il se téléportait dans plus loin dans la forêt. Les ennemis seraient prochainement sur l'intrus dans la forêt. Leurs sarbacanes, braquées sur l'homme-lumière, allaient tirer des flèches empoisonnées. Muni de son seul Haki, il devrait anticiper leur trajectoire, la distance qui le séparait des ennemis, et la parcourir sans son fruit. Il risquait bien sûr de se prendre à nouveau les pieds dans une racine s'il ne prêtait pas attention à l'expérience qu'il venait de vivre.
Pourquoi ces hommes prenaient-ils d'assaut un inconnu par ailleurs ? Sûrement à cause de la peur qu'ils ressentaient. Cachée sous leur hargne, elle était la réponse à leur hostilité. Ils étaient terrifiés de perdre leur habitat sombre, humide et piétiné par deux formes de vie inconnues dans la même journée. Les pygmés détestaient ça, ils détestaient les hommes, les femmes, les enfants. Ils détestaient être dérangés, et encore plus, ils détestaient leur incapacité à comprendre. La vie pouvait avoir bien peu de saveur dans ces cas-là. Le hurlement d'un animal de la forêt qui se précipita vers Kyoshiro ne les perturba pas : c'était une sorte de hibou d'une cinquantaine de centimètres de hauteur, le bec acéré, l'envie de défendre la terre de ces hommes... De ces êtres vivants. | | | | |
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| Lun 16 Mai - 18:40 Le fluide de la vie pv Erwin |Grand Line Sans que personne n’ai jamais eu besoin de le lui dire le jeune bretteur savait qu’il était en retard par rapport à ses collègues et qu’il allait devoir trimer et ramer pour rattraper son retard et ne pas se laisser distancer. Pourquoi ses camarades accepteraient-ils de le garder s’il finissait par devenir un boulet pour l’équipage ? C’était une question qui le hantait et qui le poussait à mettre un pied devant l’autre à chaque instant de la journée, la peur que personne n’ait plus besoin de lui était plus que jamais présente dans son esprit. Peu importait si cette peur avait une quelconque chance de se réaliser, peu importait que cette éventualité n’avait et n’aurait jamais aucune réelle emprise dans le réel, c’était l’une des sources de motivation qui alimentait son corps comme une machine bien huilée. Sans qu’on ait eu besoin de le lui dire il savait qu’il ne devait pas trop se reposer sur son fruit car c’était une incroyable puissance brute qui pouvait être difficilement contrôlable même entre des mains aussi prudentes que les siennes. Même avec la meilleure volonté du monde il ne pouvait deviner qui seraient les victimes de ses incroyables explosions, il ne pouvait qu’observer et réfléchir avant d’agir pour minimiser les victimes innocentes. Dans ce cas il ne lui restait que deux domaines sur lesquels se reposer pour accroître sa puissance et son utilité au sein de son groupe et de la société : ses talents de bretteur et son haki nouvellement acquis. Son haki acquis…vous avez compris ? Vous n’êtes vraiment pas drôles. L’art de sabre était une discipline qui demandait un entraînement régulier, voilà pourquoi cet ancien naïf ne passait pas une journée sans manier son sabre, ne serait-ce que pour éviter de rouiller et de se maintenir dans une forme optimale. Ne restait donc plus que le haki à améliorer, mais comment ? Quelques semaines auparavant il ignorait jusqu’à l’existence de ce haki, ignorant par la même occasion l’origine des voix qui naissaient dans sa tête et réduisaient en miette sa concentration. Tout ignorant qu’il était, il avait dû se tourner vers d’autres pour avoir des explications et, une fois encore, il recevait de l’aide de l’extérieur pour lui permettre d’avancer et ne pas rester à la traîne. Il était reconnaissant de cette aide mais en même temps frustré de devoir compter sur autrui pour s’améliorer, il aurait aimé ne pas avoir à le faire…vraiment. Mais qu’importe, il était ici sur cette île, il avait accepté cette main tendue et il était trop tard pour se laisser ralentir par les chaînes d’un égo qui n’avait plus sa place ici. Contrairement aux aveugles, ces pauvres hères qui avaient été privés de lumière depuis leur naissance ou par accident, le jeune homme avait toujours connu et senti la chaude caresse du soleil sur son visage, il avait connu des éblouissements tels qu’ils le forcèrent à protéger ses yeux par sa main ou son bras. Et aujourd’hui son ami lui demandait d’oublier ce qui était un réflexe naturel, il lui demandait de ne plus compter que sur une étrange capacité qu’il ne comprenait qu’en partie pour se repérer dans un environnement qu’il pourrait éclairer en un battement de cils. Certains disaient que lorsqu’un sens était éteint, par choix ou par la force des choses, les autres sens s’en trouvaient renforcés et le jeune bretteur supposait que l’idée de son camarade fonctionnait sur le même principe. Peut-être espérait-il qu’en le privant de sa vue cela forcerait son haki à croître par nécessité. Était-ce un fait avéré ou juste une théorie fumeuse ? Il n’appartenait pas à Kyoshiro d’en décider, il devait déjà s’estimer suffisant heureux qu’on l’aide de cette façon. Ses premiers pas dans cette forêt ne furent pas aussi aisés qu’il l’avait imaginé, il avait été capable d’esquiver un obstacle sans pour autant prévoir qu’une branche d’arbre pouvait ne pas grouiller de bestioles comme la précédente, et le choc de cette découverte le propulsa en arrière, sur ses fesses. La douleur était une très bonne enseignante, au moins il savait désormais que la tâche serait plus ardue que prévue et que cette blessure n’était que la première d’une longue série. Il entendit les paroles de son ami qui firent écho à ses propres pensées, comprenant que ne pas sentir de voix ne voulait pas dire que le danger n’était pas présent, il se releva et reprit donc périple au milieu de ces épaisses ténèbres. Mais bientôt son esprit repéra une poignée de voix qui s’approchèrent de lui à une vitesse qui ne laissait aucun doute quant à leurs intentions. Pourquoi lui ? Cela n’avait aucune espèce d’importance. Soufflant en sentant ces voix se diriger vers lui, il pensa à voix haute : « Je n’aime vraiment pas faire ça… » Rangeant ses fourreaux à sa ceinture, le jeune bretteur dégaina ses deux sabres et effectua un mouvement de tranche pour repousser la bestiole volante qui se dirigeait vers lui. Qu’elle défende son foyer ou non n’avait pas d’importance, il ne pouvait pas mourir loin et oublié de tous dans cette sombre forêt. Repoussant le premier volatile, le jeune homme bondit devant lui, tout en brandissant ses sabres devant lui autant pour protection que pour détection des éventuelles branches. Pivotant sur le côté, il entendit quelque chose venir se planter dans un arbre non loin de lui sans arriver à savoir ce que cela pouvait être. Pendant les poignées de seconde qui suivirent le jeune homme se contenta de courir en cercle, trébuchant de temps à autres sur une racine en se servant de ses sabres et de son agilité naturelle pour se relever à temps, sentant de temps en temps des petites choses sans voix le frôle de peu. Sans voix…ces créatures étaient-elles en train de lui lancer des cailloux ou autres choses du genre ? Fort probable, cela expliquerait qu’elles préfèrent garder leurs distances. L’un des projectiles finit par rebondir sur la première lame du jeune homme qui n’osa se demander s’il s’agissait là d’un simple caillou ou si son optimisme avait bien failli provoquer son trépas. D’un simple mouvement du bras il trancha l’air et créa une lame qui força le petit groupe à se disperser aux quatre vents. Bondissant sur le côté pour se maintenir à distance de ces créatures, il manqua d’attention et percuta un tronc d’arbre qui faillit être son trépas, aussitôt remis du choc il bondit vers le haut et sentit trois projectiles lui frôler les pieds : c’était moins une ! Désormais perché sur une branche d’arbre, il lâcha deux lames d’air qui eurent autant pour but de disperser ces créatures que de lui dégager le terrain. Désormais cette partie de la forêt était un peu plus dégagée et il aurait moins de soucis pour s’y mouvoir, désormais il allait pouvoir passer à l’assaut et les neutraliser les uns après les autres. © ANARCISS sur epicode | | | | |
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| Mer 18 Mai - 19:47 Le fluide de la vie [4]
Cette épreuve avait sûrement un goût bien amer pour le jeune bretteur : ses capacités étaient liées à un fruit du démon qui lui servait bien souvent de support. Il apportait destructions et ravages autour de lui, tout comme les autres logias. C'était là l'un des avantages de ces pouvoirs : être capable de devenir une arme humaine, une des seules qui puissent réduire une armée au silence en un rien de temps. Et Nakata Fenice avait deux camarades munis de ces capacités. Erwin en avait bien sûr rencontré d'autres, mais il était toujours stupéfait de voir en action des personnes de cette « espèce » de surhommes à part. Pourtant, ici, il avait contraint son ami à ne pas utiliser sa plus avantageuse carte. Plusieurs raisons étaient liées à ce choix : elle rendrait d'abord l'épreuve inutile, et l'amélioration de son Haki devait passer par une attention particulière à ses différentes fonctionnalités. Il comprenait bien sûr que ce n'était pas chose aisée, mais le rouquin avait une confiance aveugle en l'homme-lumière. - Que se passe-t-il ? Pensa-t-il alors que l'île se mit à gronder en son centre. Une sorte de voix semblait remonter à la surface. C'était étrange, car depuis qu'il était là il avait noté que les entrailles de la terre n'étaient pas habitées, pas même par des insectes si on concentrait ce pouvoir de perception au-dessus d'un mètre sous terre. Fronçant les sourcils, il mit une main sur sa ceinture avant d'entendre un craquement au niveau d'un arbre. Ce dernier tomba en direction de Kyoshiro, emportant par la même occasion un nid d'oiseaux qui avait élu domicile en son sommet et quelques oisillons destinés à mourir dans la manœuvre. Si le rouquin pouvait les sauver, il n'en fit rien, comptant sur son ami, et préféra observer ce qui sortait d'en-dessous des racines. - Mais c'est quoi ce truc, putain ?! Sortie des entrailles...La créature haute de deux mètres cinquante semblait avoir été tirée tout droit d'une histoire d'horreur. Frémissant, Erwin tira une arme de sa ceinture mais finit par renoncer. Au final, la situation pourrait profiter à l'entraînement de son ami. Entre les pygmés et cette créature, il allait avoir du fil à retordre... Un grognement sourd et quelques morceaux de terre qui dégringolaient le long de son corps. La créature ouvrit ses yeux aveugles et fit mine de sentir l'air autour d'elle. Elle avança un instant sans buter contre aucune racine, sans rencontrer aucune branche qu'elle n'écarta d'un coup de griffe. Autrefois, on la nommait Séraphine. Elle avait ce nom lorsque ses parents, des hommes-taupes, lui donnèrent la vie. Malheureusement, ils furent tués par un coup du destin et elle fut privée d'une vie normale. Obligée de survivre par elle-même sur cette île hostile et dénouée d'humanité, Séraphine développa des compétences hors du commun. Elle voulait être plus forte, pour un jour pouvoir quitter ces lieux. A nouveau le sort frappa : son corps était devenu dépendant de la mousse qui poussait dans la clairière au centre de l'île. Mais les pygmés ne voyaient pas ses consommations d'un bon œil : aucun humain ne pouvait manger de cette plante empoisonnée. C'était forcément un monstre. Ainsi elle fut bien rapidement bannie, chassée et dut se terrer dans les souterrains. Elle découvrit alors la nappe phréatique d'où provenait l'eau qui alimentait la clairière, et où la mousse avait poussé. C'était un paradis, un paradis sombre qui lui coûta la vue. - Humain...Elle s'approchait de Kyoshiro comme si elle lui voulait quelque chose, mais sans jamais dire de quoi il s'agissait. Les pygmés, pris de frayeur par le retour de ce monstre, se mirent à l'attaquer. Leurs attaques furent sans effets. Séraphine ne leur prêta guère d'attention et continua sa route. Son apparence monstrueuse ne pouvait être perçue dans la pénombre. Seule la forme de sa voix donnait une bonne idée de ce qu'elle était. Ainsi, lorsque ses paroles résonnèrent à l'adresse du garçon, caverneuses, elle lui dit simplement : - Tu cherches... ce que j'ai... Gardien. | | | | |
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| Jeu 19 Mai - 2:33 Le fluide de la vie pv Erwin | Grand Line Si je vous disais que le jeune homme avait appris à mordre la poussière depuis ces derniers mois ce ne serait pas pour attirer vers lui un regard compatissant de votre part mais pour établir la simple vérité. N’allez pas croire qu’avant son arrivée sur Graou Island le jeune homme n’avait jamais eu à sortir sa lame de son fourreau, il avait bien eu son lot d’affrontements, mais ils n’étaient rien - en quantité, difficulté et importance – comparables avec ce qu’il connut suite à son intégration dans l’équipage de ce blondinet aux pouvoirs si étranges et impressionnants. Graou, Area Eleven, Time End, Alabasta : tous faisaient partie des théâtres d’opération dans lequel il avait été impliqué. Parfois bien malgré lui. Grâce aux capacités qui étaient les siennes, qu’elles soient liées à ses sabres pendus à s ceinture ou au fruit ingéré depuis de nombreux mois, il avait fait face à de formidables opposants qui le dominaient autant en terme d’expérience que de puissance et il était encore là, aujourd’hui, pour en parler. Mais aujourd’hui sa situation différente car il ne s’agissait plus simplement de faire face à un opposant et de se ruer sur lui en donnant tout ce qu’il avait dans ses tripes, il ne s’agissait plus de croiser les doigts pour que cela passe et qu’il puisse voir un nouveau jour se lever le lendemain matin. Aujourd’hui le jeune bretteur devait arrêter de faire quelque chose d’aussi naturel que de respirer pour n’importe quel humain normalement constitué, il devait arrêter de compter sur ses yeux de braise pour se repérer dans l’espace au profit de quelque chose qu’il ne maîtrisait encore qu’assez sommairement et depuis bien moins longtemps. Était-ce compliqué ? Très, mais c’était bien là le but du téléporteur en le faisant venir sur cette île oubliée de tous. Ils n’étaient pas là pour le plaisir ou pour jouer les touristes mais bien parce que le lumineux maudit avait besoin d’un bon coup de collier car, un jour ou l’autre, son capitaine mettrait les pieds dans le nouveau monde et il devrait être prêt à ce moment-là. Pour un observateur extérieur cela aurait sans doute pu être marrant de voir le jeune homme galérer ne serait-ce que pour mettre un pied devant l’autre, il était capable de bien des prodiges et avait la possibilité de balayer un village de la carte en moins de temps qu’il ne faudrait pour le dire mais ici, dans cette lugubre et sombre forêt, il était aussi impuissant qu’un nouveau-né…à peu de choses près. Alors qu’il faisait face à des créatures dont il ne parvenait pas à déterminer la nature, des humains peut-être, la terre se mis à trembler comme si l’île allait se fendre en deux et, son haki toujours activé, il sentit les voix face à lui se disperser à une vitesse alarmante, à l’exception d’un petit groupe d’entre elles. Calant le manche d’un de ses sabres dans sa bouche, il bondit sur le côté et rattrapa de peu ce qu’il identifia, par le toucher et le son, comme un nid d’oiseau. Posant le nid dans un coin tout en agrippant le manche de son sabre désormais un peu humide, il sentit une voix massive jaillir du sol même de cette satané île. Entre ces petites bestioles et cette grosse voix, une question émergea dans la tête du jeune homme : « Erwin, ça ne te dérange pas si je choisis notre prochain lieu de rencontre ? Parce que là…» Avant même qu’il n’ait pu finir sa phrase, soulagé de voir que les bestioles avaient reporté leur attention sur le retardataire, le bretteur fut surpris que cette chose massive soit capable de parler et encore plus surpris qu’elle s’adresse à lui. Comment le savait-il ? Son camarade était bien trop loin, et la voix de la chose bien trop proche pour qu’il s’adresse à quelqu’un d’autre que lui. Mais ce fut définitivement la phrase de la chose qui fit émergea une petite expression de surprise sur le visage si expressif de Kyoshiro, apparemment la chose semblait posséder quelque chose que le maudit voulait et ce dernier pensa immédiatement au fanion évoqué plus tôt par son ami. Qu’est-ce que pouvait bien faire une créature avec un drapeau à part se moucher dedans ? Le garçon n’était pas sûr de vouloir le savoir. « Et j’imagine que tu ne vas pas me le donner, gentiment. » Même son ton avenant n’y fit rien car, à une vitesse prodigieuse pour quelqu’un de sa taille, la créature frappa le torse de son interlocuteur du plat de sa main griffue, l’envoyant percuta un arbre dont il traversa le tronc avant d’être arrêté par un rocher un peu plus solide que la moyenne. À moins que ce soit un autre arbre, difficile à dire sans ses yeux. Serrant les dents en ressentant cette vive piqure de douleur lui labourer le dos, il s’autorisa dans un soupir un : « J’aimerais avoir tort, de temps en temps.» Se penchant en avant pour se redresser, sentant le goût métallique du sang désormais présent dans sa bouche, il se servit de l’un de ses sabres pour se redresser sur ses jambes encore flageolantes. Pourquoi n’avait-il pas laissé le coup de cette chose le traverser ? Parce que, tout stupide qu’il était, il avait respecté la consigne de son ami jusqu’au bout et avait fait taire son pouvoir et l’intangibilité qui allait avec. Il aurait pu éviter de se faire blesser s’il avait brisé la règle mais il avait donné sa parole et, s’il était encore nécessaire de le rappeler, il mettait un point d’honneur et aller jusqu’au bout de ses engagements. Maintenant qu’il était fièrement dressé, ses armes fermement tenues, il pouvait sentir sa poitrine se gonfler et s’affaisser douloureusement au rythme de sa respiration régulière. Il était calme et serein, non pas parce qu’il se savait capable de vaincre cette bestiole mais parce qu’il avait appris depuis longtemps à faire paix dans son esprit avant le premier assaut. Et bientôt, alors qu’un arbre finissait de s’affaisser par terre, ignorant totalement les petites créatures, le bretteur et la chose aveugle se ruèrent l’un sur l’autre et les lames rencontrèrent les griffes dans un fracas de tous les diables. La bête contre l’homme, l’instinct contre l’entraînement, la bestialité contre le contrôle : ce combat débutait enfin. © ANARCISS sur epicode | | | | |
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| Dim 22 Mai - 10:57 Le fluide de la vie [5]
Erwin voulut réagir au premier coup que se reçut l'homme-lumière, mais il se retint. Bien sûr, il aurait pu interférer et mettre fin rapidement à l'affrontement auquel il assistait grâce à son Haki, ayant atterri à côté du tronc d'arbre fendu. Il inspira brièvement, essayant de sentir ce que la créature qui attaquait son ami ressentait : elle était un peu perdue, mais surtout elle cherchait quelque chose. Il se demandait quoi. Une personne ? Un objet ? Une pensée ? Tirant sur ses armes, le rouquin bloqua soudainement une attaque venue juste devant lui. Les pygmés ne pouvaient pas s'en prendre à Kyoshiro alors ils venaient à sa rencontre ? Les lâches ! Riant à moitié, le rouquin éjecta une lame d'air vers l'ennemi qui avait commencé à le chercher. La sarbacane qui lui servait de lance-fléchettes empoisonnées fut scindée en deux par l'attaque du garçon. Pourtant, la petite lame d'air s'arrêta à quelques centimètres du visage de l'ennemi. Une puissance bien dosée se fit remarquer le jeune homme en sentant qu'il venait de créer une peur nouvelle chez ses opposants : il répliquait pour la première fois. - J'imagine qu'ils ne s'attendaient pas à ça. Kyoshiro ferait bien de s'en sortir.Alors qu'il pensait à cela, une demi-douzaine d'ennemis s'avança vers lui, armés cette fois-ci de lances improvisées. Ils voulaient l'affronter sur le plan du corps à corps ? Qu'ils viennent. Dégainant sa deuxième dague, le rouquin s'élança sur ses opposants en sautant de branches en branches. Il les intercepta dans les airs et envoya le premier au sol en un rien de temps d'un coup de pied. Deux autres tentèrent de profiter de l'ouverture pour l'attaquer dans le dos, mais il arriva à temps contre le tronc d'un arbre qui lui permit d'esquiver d'un salto arrière. Il décida alors de ne montrer aucune pitié et trancha leurs armes en deux avant d'utiliser le plat de l'arme pour les projeter contre le sol. Le nuage de fumée qui fut soulevé par l'action renforça encore les ténèbres qui résidaient dans ces lieux. - Humain... Méchant... Tuer... Humain...Un des pygmés avait donc des bases de langage ? Il s'était en tout cas tourné vers le rouquin qui venait tout juste de retrouver un équilibre au sol et lui avait adressé ces quelques paroles. Des mots segmentés de leur unité phrastique... Ainsi il voulait le tuer. Pas l'assommer, ni l'expulser, mais le tuer. C'était comme ça qu'ils allaient donc la jouer... Soupirant, le jeune homme décida de se mettre en garde tandis que son opposant arrivait sur lui à toute vitesse. Il était sûrement l'un des hommes les plus forts de Grand Line, sans qu'il n'en eut pour autant conscience, et cette personne en face de lui n'avait même pas la notion de puissance. Sortie des entrailles...Le combat plus bas faisait toujours rage. La créature semblait capable de prouesses digne des plus grands combattants de Grand Line. Elle avait ce petit quelque chose en plus... Une sorte d'animosité qui masquait quelque chose de plus profond. Le Gardien. Comment savait-elle pour le Gardien ? Peut-être à cause de sa capacité à lire dans les choses comme dans un livre ouvert. Son Haki de l'Observation, Memories of the Untold, était assez particulier : chaque élément avait le souvenir de ce qu'il s'était passé autour de lui. Grâce à ce Haki, elle était donc capable de voir que Kyoshiro recherchait quelque chose... Mais aussi qu'un Gardien en était le protecteur. Elle était capable de lire dans la mémoire d'un caillou, et même d'un tronc d'arbre. Mais la limite de son pouvoir était le côté relativement aléatoire des souvenirs. - Tu recherches... Puissance... Pour protéger... Pour comprendre...Un instant, elle arrêta de combattre. Son corps entier se contorsionna et elle hurla. Alors une de ses griffes vint se planter dans le sol, et elle en tira un rocher relativement solide qu'elle lança sur l'homme-lumière. Profitant de cette diversion, elle tenta une attaque sur l'endroit où il allait esquiver. - Montre-moi... Le... Gardien !Et une nouvelle vague de rage l'enveloppa. Un hurlement. Puis le combat, encore. | | | | |
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| Lun 23 Mai - 23:51 Le fluide de la vie pv Erwin | Grand Line Il serait présomptueux voire même arrogant de dire que combattre une créature sauvage était à la portée du premier venu, ce qui ne serait en aucun cas mon intention, mais force était de constater que ce jeune homme assez discret avait eu son lot de combat et qu’affronter une telle bestiole ne le stressait plus autant qu’avant. Loin de moi l’idée de vous dire que le stress – aussi infime soit-il – ne faisait plus partie de l’équation, le stress était toujours présent chez chaque combattant censé car cela permettait de lui rappelait l’importance de ce combat et de jauger la puissance de l’adversaire en face. Faire fi du stress revenait à faire fi de la logique ainsi que de son instinct ce qui, en d’autres termes, revenait à se diriger tout droit vers un funeste destin. Que se passerait il s’il faisait fi du stress que son cerveau diffusait en lui pour attaquer un adversaire qui boxait dans une toute autre catégorie ? Le stress et l’adrénaline pompaient à travers les veines du jeune bretteur à chaque fois qu’il était forcé d’extirper les lames de ses fourreaux, il sentait ce poison réchauffer sa peau et faire bouillir son sang à chaque fois que sa poitrine gonflait au rythme de sa respiration, l’adrénaline le faisait se sentir puissant mais sentir la puissance de son adversaire lui ramenait rapidement les pieds sur terre. Il me serait inutile de vous dire que le jeune homme n’avait aucune idée de sa réelle puissance – sans doute à cause du fait qu’il prenait mille et une pincettes à chaque fois qu’il était forcé de combattre - aussi partait-il toujours du principe qu’un combat allait être acharné même si le rapport de force était largement en sa faveur. Pourquoi ? Par humilité très principalement, étant du genre à rester en retrait ce n’était pas dans sa nature de se croire au-dessus des autres, mais aussi parce que les récentes défaites et victoires à l’arrachée lui avaient rappelé qu’un combat n’était jamais gagné d’avance. Un combat n’était jamais gagné d’avance, il ne fallait pas juger un livre à sa couverture, la douleur qui écrasait la poitrine du jeune homme était un puissant rappel de cet état de fait. Il avait senti son souffle quitter ses poumons au moment où cette puissant main vint lui écraser la poitrine et lui briser les os avant de se sentir envolé, projeté comme si rien ni personne ne pouvait arrêter sa course…rien à part un rocher un peu plus solide que les autres. Le bretteur se releva non sans un serrage de dents obligatoire et repartit à l’assaut, les corps se fracassèrent l’un contre l’autre, de la sueur perlé de ses muscles saillants et les deux individus s’entrelacèrent dans une danse bien trop sauvage. Puis, après quelques instants, les deux s’écartèrent dans un dernier échange et la créature se mit de nouveau à parler, semblant identifier le but profond de son assaillant. Bien entendu qu’il cherchait de la puissance pour protéger ses proches mais, par contre, il ne voyait pas vraiment en quoi devenir puissant allait l’aider à comprendre quoi que ce soit. « N’est-ce pas le cas de tout le monde ? » Peut-être était-ce parce qu’il était ignorant de ce monde que le jeune homme n’avait pas l’impression de comprendre la moitié de ce que ses interlocuteurs essayaient de lui dire, mais il avait fini par s’habituer à cet état de fait. Par contre, ce qui le prit au dépourvu fut de savoir que cette chose était au courant pour la présence de son gardien. Pouvait-il répondre quelque chose à voix haute ? Pas vraiment, son camarade téléporteur n’en connaissant pas l’existence et le prendrai sans doute pour un fou si on le mettait au courant. Fermant les yeux pour plonger dans son monde intérieur, il se mit à appeler son protecteur. * Je crois qu’on t’appelle. * * C’est ce que je vois. Cette créature est…étrange. Me laisserez-vous l’affronter, jeune maître ? * * La place est tienne. Tâche de ne pas le tuer. * Kyoshiro savait désormais que son gardien avait échangé de place avec lui plusieurs fois dans le passé, dans des moments de grande nécessité, mais c’était bien la première fois qu’il lui demandait la permission. Comment refuser une si raisonnable demande ? Le silence qui s’était installé accueillit bientôt une fraîcheur glaciale qui fit écho à la lueur qui brillait désormais dans les yeux du jeune bretteur, ces prunelles ne brillaient plus d’une chaude et chaleureuse lumière mais renvoyaient l’image d’un individu bien plus froid et brutal que celui que l’on connaissait. Réprimant un sourire carnassier sur son visage alors qu’il brandit ses deux sabres devant lui, la voix plus rauque du gardien se fit entendre à l’attention de cette chose. « Tu me cherchais ? » © ANARCISS sur epicode | | | | |
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| Jeu 26 Mai - 16:39 Le fluide de la vie [6]
Toujours en garde, Erwin intercepta le premier coup de son ennemi avec aisance, sans même avoir à forcer sur ses propres muscles. Il semblait concentré, prêt à déterminer de quel côté il allait être attaqué et sous quel angle le coup de son adversaire serait lancé. Une analyse précise qu'il ne pouvait faire en anticipation que grâce à son Haki de l'Observation, puisqu'il ne connaissait pas encore le style de combat du pygmée. En quelques secondes, il dut bloquer une douzaine de coups qui l'obligèrent parfois à réajuster sa position mais jamais à bouger. L'attaquant ne se lassa pas de cet état de fait et continua de plus belle ses assauts. Il voulait le descendre, c'était une évidence, et il risquait de réussir si le rouquin ne se décidait pas à répliquer. La première réplique aurait pu suffire à descendre bon nombre d'ennemis. Le coup de dague, en plus d'avoir été exécuté avec une vivacité hors du commun, vint se porter à plat sur le torse de l'attaquant qui, en un rien de temps, traverser une cinquantaine de mètres avant de se réceptionner contre un tronc d'arbre. Crachant une bonne quantité de sang, il se releva avec difficulté et regarda avec animosité le garçon qu'il ne semblait pouvoir discerner à cause de la distance, et peut-être de l'obscurité. - Ne viens pas m'emmerder, fit finalement le rouquin sur un ton de défi, agacé. Bien que son opposant ne l'entendait pas, il recula d'un pas. Apparemment, il venait de comprendre que les choses n'allaient pas aller dans son sens, ce qui était plutôt embêtant dans son cas. Avançant d'un pas, le rouquin fit à nouveau reculer son adversaire qui reprit malgré tout son élan avant de se propulser vers lui. Au moment où il arriva à sa hauteur, Erwin esquiva d'un pas sur le côté et donna un coup de poing dans les côtes de son ennemi qui voltigea. Il souffla alors, relâchant la pression. Le pygmée venait de voler contre un tronc d'arbre. Ce n'était pas tant la puissance du garçon que sa propre énergie accumulée qui l'avait envoyé dans le décor. Il s'écroula alors finalement à terre, sous le regard d'un Erwin exaspéré. Sortie des entrailles...La créature avait enfin obtenu l'attention de celui qu'elle recherchait. Il était éveillé. Elle le voyait dans son regard et dans son attitude détachée du monde. Oui, c'était le Gardien des souvenirs du corps de l'homme-lumière. Il était là. Elle avait quelque chose qu'il voulait, et il avait quelque chose qu'elle voulait. C'était la seule créature de son espèce sur cette île. Terrée dans les souterrains d'une île qu'elle n'appréciait plus depuis des années. La solitude, son appétit féroce, tout avait participé à la haine qu'elle éprouvait pour les humains. Pour la vie. - Tu es... la réponse... à l'évolution...Et elle se relança à l'attaque, ses griffes sorties. Apparemment, elle avait décidé d'en finir avec le garçon. Ses intentions hostiles ne pouvaient être que réelles, si on en croyait le Haki de l'Observation. Elle lisait les souvenirs. Elle ne comprenait pourtant pas toutes les choses vivantes qui existaient. Le souvenir d'un rocher n'était rien. Il n'était pas le signe d'une voix. - Tout... n'est qu'énergie... Tout... n'est que vie... Il doit... savoir.Le Gardien devait déjà le savoir. Il devait déjà connaître les tenants et aboutissants d'une telle réalité. Oui, il savait... Il savait que l'évolution de Kyoshiro ne serait réelle qu'après l'acquisition d'une nouvelle forme de pouvoir. Qu'après sa compréhension plus entière du monde. Qu'après la disparition du Gardien. Les griffes devant elle, comme dans une dernière attaque-suicide, comme dans une demande de condamnation à mort après avoir confié son dernier secret, Séraphine s'approchait dangereusement de la face cachée de Kyoshiro. Il pouvait la tuer. Il devait la tuer. | | | | |
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| Mar 7 Juin - 23:39 Le fluide de la vie pv Erwin | Grand Line Beaucoup voyaient en l’absence d’intelligence des créatures sauvage un aveu de faiblesse, une faille dont ils pouvaient aisément tirer parti pour remporter une victoire plus facile que contre un homme en pleine possession de ses moyens. Il était vrai que certaines créatures comme les tigres, les ours et autres prédateurs imposant n’étaient pas connus pour leur intelligence qui était largement compensée par leur vitesse et leurs griffes acérées. Ces bêtes-là étaient prévisibles pour quiconque possédait un peu de connaissance en chasse ou quiconque ayant une certaine expérience du combat, mais leur nature de prédateur pouvait parfois en surprendre plus d’un, prouvant qu’il n’y avait pas que les humains qui pouvaient se montrer imprévisibles. Si au début le jeune homme crut naïvement avoir à faire à une autre de ces créatures, guidée par son instinct et incapable de voir plus loin que le bout de son nez, il comprit bien vite son erreur lorsque les premières paroles de cette bête attinrent ses oreilles et que son premier coup lui vida les poumons en le prenant par surprise. Se rendre compte de sa propre erreur n’était jamais agréable pour personne mais, du fait de la voie qu’empruntait ce jeune homme, ses erreurs lui étaient toujours incroyablement douloureuses. Il n’avait pas affaire à une créature stupide et décérébrée mais à un être doué de suffisamment d’intelligence pour former des mots et peut-être même des phrases ayant du sens. Cette créature avait la puissance d’une bête et une intelligence qui faisait germer en lui une lueur de dangerosité bien supérieur à toutes les bêtes rencontrées par Kyoshiro jusqu’à maintenant. Elle était capable de penser et, peut-être bien, d’établir des stratégies de combat ce qui la rendait infiniment plus redoutable qu’une bête simplement guidée par son instinct. Cela faisait longtemps que le bretteur avait abandonné l’idée de comprendre pourquoi des gens cherchaient à se battre pour autre chose que protéger leurs amis ou leurs familles, il se savait trop différent de ces gens-là pour pouvoir un jour les comprendre. Mais aujourd’hui il faisait face à une bête qui ne cherchait pas la violence gratuite mais qui, en un sens, semblait poursuivre un but bien plus profond et important que la violence pour le seul attrait de la violence. Pouvait-il vraiment la traiter comme les autres, dans ces conditions ? Bien sûr que non. Bien sûr que le jeune homme se demandait comment cette créature pouvait savoir pour son gardien, sachant qu’il n’en avait parlé qu’à son capitaine jusqu’à maintenant, mais il se demandait également ce qu’elle pouvait bien lui vouloir. Ce fut cette curiosité qui le poussa à proposer à son gardien de changer de place pour la première fois de sa vie, redevenant spectateur des mouvements de son propre corps, de l’autre côté de la vitre. Dans un froid glacial et une tension inhabituelle, le gardien apparut pour la première fois depuis plusieurs mois, brandissant ses deux sabres devant lui il écouta les paroles sortant de la bouche de la bête sans pour autant la comprendre. Que voulait-elle dire ? Bien sûr qu’il était celui qui ouvrirait les yeux de son poulain pour le diriger vers les plus hauts sommets mais c’était bien la seconde phrase qui le rendait perplexe. Le gardien était un homme froid et brutal, il n’avait pas le temps ^pour les réflexions profondes et préférait aller droit au but, aussi se contenta-t-il d’un : « Qu’est-ce que tu racontes ? » Plissant ses yeux qui brillaient d’une lueur révélant très clairement ses intentions, le gardien répondit à l’appel de son opposant et se rua sur la bête, les griffes rencontrent les lames qui tranchèrent ces obstacles comme dans du beurre, séparant en deux le corps de la bête en un bruit aussi violent que sec. Elle avait foncé vers lui avec des intentions hostiles et il avait répondu froidement à son appel, sans pitié ni remord. Se redressant, toisant du regard les deux morceaux de la créature, se demandant toujours ce qu’elle avait bien voulu lui dire, il reporta son attention sur le téléporteur qu’il sentait non loin de là. « C’est donc à toi que je dois sa survie. J’imagine que des remerciements sont de rigueur. » © ANARCISS sur epicode | | | | |
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| Jeu 9 Juin - 12:52 Le fluide de la vie [7]
La mort est brutale. Elle ne répond pas à des critères spécifiques, elle peut être apportée par un grand nombre de facteurs. Après tout, pourquoi en serait-il autrement ? Kyoshiro menait sa bataille, Erwin la sienne, et chacun n'avait semble-t-il qu'une seule issue : l'élimination de son adversaire. Le rouquin n'était cependant pas prêt à faire un tel sacrifice. Il avait prévu de rendre inconsciente la personne en face de lui, et cela de la plus simple des manières : un coup sur la nuque avec le plat de sa lame. Encore un assaut, puis un autre, une demi-douzaine de secondes s'écoulèrent... Il répondit à la violence par la violence. L'affrontement fut interrompu par le puissant coup qu'il lui assena avec ses armes. Assommé. Encore en vie. C'était tout ce qui comptait. Il s'en remettrait.
Ce n'était pas le cas de la bête qui traînait, découpée, à quelques mètres du téléporteur lorsqu'il rejoignit son camarade. Il aurait pu s'interroger sur ce qu'il s'était passé, mais les ravages sur cette île étaient assez importants pour qu'il considère que l'issue de ce funeste combat avait quelque chose à voir avec les changements dans la voix du membre des Tengoku. Fermant les yeux, il soupira simplement : chacun avait ses secrets. Et la voix de l'homme en face de lui semblait indiquer qu'il n'était pas loin de la vérité.
- Des remerciements... J'imagine que tu n'es pas... Lui.
Il y avait beaucoup de possibilités qui pouvaient s'extraire de cette situation : possession, double-personnalité, changement subite permanent... Mais ici, il était simplement hautement probable que cet être capable de tuer n'était pas Kyoshiro. Il ne connaissait pas homme plus volontaire à sauver les autres que la lumière. Il y avait donc quelque chose qui clochait définitivement ici. Un nouveau long soupir lui échappa, comme pour évacuer un surplus de stress. Il n'allait pas lui faire une scène maintenant, ça ne servirait à rien. S'asseyant sur une racine plus proéminente que les autres, le jeune révolutionnaire décida qu'il était temps de parler, et peut-être d'obtenir de précieuses informations.
- Cette créature... Issue des profondeurs, elle devait avoir un but en remontant à la surface. La mort est brutale, tu sais. Elle frappe sans prévenir. Et pourtant..
Il s'approcha du corps de la créature, fermant les yeux. Un léger sourire se forma sur ses lèvres dans les ténèbres. On aurait dit qu'il aidait la terre à faire le deuil de cette créature, s'approchant et lui fermant les yeux. Malgré les ténèbres, il semblait encore savoir où se trouvaient les parties mortes de cette « chose ». La mémoire de sa voix, vivante, était malheureusement tout ce qui lui restait. Alors comment ? Le souvenir, justement, d'avoir été en vie.
- Cette créature est morte, et pourtant son corps est fait d'énergie. Cette énergie apparaît parfois à certaines personnes, c'est une compétence du Haki. Kyoshiro... est ouvert à ce monde d'énergies.
Il connaissait beaucoup de choses sur le Haki. Après tout, l'évolution du Haki de l'Observation était un sujet passionnant, dont les meilleurs utilisateurs étaient les garants quand ils avaient compris le processus. Il n'en connaissait que très peu malgré tout, mais les livres en disaient beaucoup, de même que les rencontres avec de vieilles personnes qui en avaient vu beaucoup au travers du monde.
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| Lun 13 Juin - 22:38 Le fluide de la vie pv Erwin | Grand Line Fut un temps où le gardien était plus souvent dehors que dedans, fut un temps où le gardien était libre de tout mouvement et n’était pas enfermé dans le corps de son hôte comme il était depuis quelques mois, fut un temps où c’était ce froid gardien qui faisait la loi dans le corps du jeune homme et qui contrôlait ses souvenirs pour n’en laisser que le meilleur. La bonne époque ? D’aucun dirait que oui mais c’était tout le contraire, ce gardien était né de l’incompétence et de la faiblesse de son maître, son but était de disparaître car cela voudrait dire que son maître serait assez fort pour affronter la violence de ce monde sans le moindre aide. Était-il prêt ? Pas encore, mais les apparitions du gardien de plus en plus espacées étaient la preuve suffisante que le jeune bretteur était dans la bonne voie, se rapprochant un peu plus du bout de son chemin à chaque jour qui passait. Aujourd’hui le gardien réapparaissait sur demande de son hôte, pour faire face à une créature qui voulait lui délivrer un message aussi énigmatique qu’incompréhensible. Que voulait-elle au final ? Était-elle trop peu intelligente pour former des phrases compréhensibles ? Apparemment mais cela importait peu, dans un dernier aussi la créature se rua sur le gardien et il répondit à cet accès de violence par la seule chose qu’il connaissait et maîtrisait : encore plus de violence ! L’affrontement fut rapide et, passées les griffes, la lame trancha la chair et les os de la créature avec une aisance déconcertante si bien que, l’espace d’un instant, le gardien observa sa lame gorgée de sang avec une lueur de surprise dans le regard. Vue la puissance qui se dégageait de la créature il s’était attendu à un affrontement plus acharné, un peu comme si la créature s’était laissée faire…comme si elle avait presque attendu la venue du gardien pour mourir. Alors que le combat se terminait abruptement, le gardien rengaina ses lames et tendit l’oreille pour écouter ce que le téléporteur avant à lui dire. Il avait sans doute deviné par son attitude et ses paroles qu’un changement s’était opéré chez Kyoshiro et, quand Erwin demanda si ce n’était pas Kyoshiro qui lui faisait face, l’intéressé répondit : « Pas vraiment, enfin en partie. » Était-ce vraiment le moment de rentrer dans des débats philosophiques sur ce qui constituait une personne, ou tout du moins son moi véritable ? Non, voilà pourquoi le gardien ne poursuivit pas plus avant dans cette voie, préférant écouter le rouquin se rapprochant du cadavre de cette créature. Cet homme semblait être de ceux pensants que toutes les créatures étaient faites d’énergie et que, à leur mort, cette énergie était libérée dans ce monde en un cycle sans fin. Chassant son opinion sur la question d’un froncement de sourcils imperceptible dans cette obscurité, le gardien se tourna vers le cadavre supposé de la chose et, l’air pensif, fit écho aux paroles de son interlocuteur. « La maîtrise avancée du haki.» Soupirant sans chercher à la masquer, tentant de lever les yeux vers le ciel sans y voir une once de clarté, il termina son intervention par un : « Son corps est prêt à accepter cette évolution, mais son esprit a encore besoin d’un petit coup de pouce. De mon petit coup de pouce. Pas d’inquiétude à ce niveau-là, la prochaine fois que vous vous croiserez il aura atteint ce stade. Je m’y engage.» Une maîtrise plus grande du haki semblait indispensable aux yeux du gardien s’il voulait que son petit camarade soit en mesure de faire face aux dangers futurs. Il ne jouait plus simplement dans la cour des grands désormais, il touchait du doigt le palier supérieur et allait devoir muscler son jeu. Le temps jouait contre lui, vite…vite. © ANARCISS sur epicode | | | | |
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Race : Humain
| Dim 19 Juin - 1:29 Le fluide de la vie [8]
Ainsi son interlocuteur était non seulement conscient du sujet qu'évoquait le révolutionnaire, mais il était en plus tiré par l'envie de faire évoluer Kyoshiro vers un nouveau stade. Qu'avait-il donc en tête ? Ça, le jeune homme ne le saurait certainement jamais. Et il ne le lui demanderait pas. Pourquoi cette part d'ombre voudrait-elle détruire la lumière dans le cœur du pirate ? Erwin n'était pas encore assez sombre pour penser à ce genre de choses. Lui-même possédait une part de ténèbres qu'il gardait enfouie dans les tréfonds de son âme : c'était les souvenirs d'une vie passée, d'une vie d'assassin sous la coupe de son père, du plus grand sentiment d'impuissance qu'un homme puisse ressentir. Et parfois des réflexes de cette vie de corruption restaient encore. Une lame sous la gorge, une parole trop cinglante ou la mort d'un criminel... Pourtant, il haïssait cette part de lui. Il haïssait le fait de n'avoir aucune pitié pour eux.
- Je comprend, nous allons donc quitter l'île. Il n'y a plus rien à faire ici.
Et s'approchant de son interlocuteur, il jeta un dernier coup d'oeil aveugle à la taupe. Puis il les téléporta, lui et l'homme-lumière, sur la côte de cette île, avant de prendre ses affaires et de finalement décider de disparaître sur un lieu plus calme, une plage ensoleillée, rappelant toujours au maudit qu'il ne pouvait pas nager. Il était sur le même axe que la terre empoisonnée qu'ils venaient de quitter, mais ici ils ne risquaient pas de mourir à cause d'un pygmée un peu trop entreprenant. Enfin, il en était presque sûr. S'asseyant sur le sol chaud et fin, il ne put s'empêcher de jouer avec quelques poignées de grains avant de reprendre la parole, cette fois-ci plus léger :
- L'entraînement est terminé. Le rideau est tombé, et nous n'avions plus rien à gagner. À présent... il va falloir que nous pensions à rentrer. J'ai quelques responsabilités de mon côté.
Il soupira : il pensait bien sûr aux dizaines de papiers en vrac qui traînaient sur son bureau. Des plans, des ordres de missions, des contrats commerciaux avec quelques îles un peu étranges. Le garçon n'avait toujours pas eu le temps d'envoyer une expertise pour tel bateau de l'Ancre Noire à telle personne. À présent, il devait surtout, en tout et pour tout, arrêter de déblatérer des bêtises et se remettre au boulot. La prise de Luvneel, suivie de celle de Dwarf Town ne se ferait pas toute seule. Il devait regrouper des membres pour son équipage révolutionnaire, et ensuite peut-être aurait-il le temps de se consacrer quelques heures à lui. Ou à Hope et à Katia. Il avait envie de les voir, pour des raisons différentes bien sûr. Il se mordilla la lèvre supérieure avant de rajouter :
- Nous aurons l'occasion de nous entraîner à nouveau ensembles. Et nous pourrons explorer des lieux intéressants, si ça te dit !
Le ton amusé du rouquin aurait pu en inquiéter plus d'un : « des lieux intéressants » semblait rimer avec dangereux. Très, très dangereux. Mais il avait confiance en son ami : celui-ci avait plus d'un tour dans son sac, et il était prêt à tout pour partager quelques aventures en sa compagnie. Après tout, même si leurs rencontres se finissaient souvent par des morts, elles permettaient aussi de sauver énormément de monde ! Bon, cette fois-ci ça avait été plus compliqué mais... Non, il devait se dire que tout était fait pour une raison. Tant qu'il pouvait aider après tout, ça valait le coup.
Ainsi, en contemplant les quelques rayons à l'horizon, couvert par des sombres nuages qui commençaient à poindre, le jeun homme repensa à tout ce temps passé... Et à tout ce temps futur qui s'offrait à eux. Ils n'avaient qu'à tendre la main. Peut-être que quelqu'un le la leur attraperait.
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