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Le commencement (ou la fin ?)
Nils Gratz
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Dim 9 Avr - 21:14



Retour aux sources



Les côtes s’étaient rapidement solidarisées depuis le combat naval qui avait eu lieu sur South Blue. Nils avait pu se soigner pendant le retour avec l’équipage qui leur était venu en secours mais le nouveau gradé fut bien vite mis sur une île pour être transféré vers Toroa, au final, il ne prit pas le temps de sympathiser s’attirant les foudres de tout l’équipage bien qu’il ait pu être héroïque dans cette bataille. La force de ses actions en manœuvre militaire en avaient surpris plus d’un… jusqu’à surprendre même Nils au final, malheureusement…

Chassez le naturel, il revient au galop ! A peine avait-il été rétabli que l’ancêtre avait recommencé à faire des siennes. Tant et si bien qu’il avait même dû finir son trajet en pédalo. Sans doute un coup du destin face à des jeunots totalement ingrats…


P’tits cons !

C’est que le grand-père devenait rancunier avec l’âge !

A peine avait-il posé le pied sur la terre ferme que Nils eut un soupir las. La vision autour de lui n’était plus la même que le jour où il était parti : certains bâtiments n’avaient pas été reconstruits, faute de moyens sans aucun doutes ou bien à cause des victimes qui n’avaient de fait, plus besoin de toit autre que celui de leur cercueil. D’un autre côté, la ville semblait tout de même avoir repris son cours depuis quelques temps. Ceux qui étaient dans les rues paraissaient même joyeux, sans doute avaient-ils intériorisé ce qu’il s’était passé il y a maintenant quelques mois.

Accompagné de sa fidèle faux, le vieillard avançait relativement lentement dans les rues. Le visage fermé, il ne répondait pas à ceux qui l’avaient potentiellement reconnu. Certains l’avaient oublié, d’autres se réjouissaient, cependant tous paraissaient étonnés de voir les galons de commandant orner son uniforme. Ne cherchant nullement le contact, le vieux Gratz prit sans hésiter la direction de la ferme.

Le chemin fut relativement court mais chargé en émotion. Plus il se rapprochait, plus les ressentis étaient puissants. Au loin, il voyait ainsi ses champs presque détruits. L’ancien fermier s’était approché un instant pour voir d’un peu plus près. L’épi qu’il saisit alors s’effrita sans insister, comme si le temps et un mauvais entretien en étaient la cause. Se relevant, Nils reprit simplement son chemin jusqu’à la ferme. La désolation de ses champs semblait tout de même particulièrement douloureuse.

La ferme n’avait pas beaucoup changé depuis ses débuts et encore moins depuis son départ. Sur la gauche du bâtiment était fièrement dressée une niche qui n’avait jamais servi. Le couple d’anciens avait prévu d’offrir un animal de compagnie aux petits-enfants. Sans doute que ceci ne se ferait jamais. Les souvenirs, une fois ressassés, s’estompèrent instantanément : sur e porche, un bouquet de fleurs récent ornait les marches mais c’est lorsque l’ancêtre constata que sa porte d’entrée était fracturée que son cœur fit une embardée des plus violentes. Se saisissant de son arme et se mettant en garde, son fruit du démon ne lui répondit plus et c’est en courant vers l’entrée que son corps fut entièrement recouvert de poison.

Le dirigeant, c’est une vague lente qui descendait depuis son corps pour commencer à monter sur les murs de la ferme. Sans rentrer, le poison commençait à s’insinuer au travers de tous les interstices possibles et imaginables. Une couleur violette significative commençait à imprégner l’ensemble de la bâtisse. Bientôt, le poison corrosif aurait raison de l’ensemble de la ferme et cette dernière risquait de s’effondrer sans le moindre avertissement au préalable. Aveuglé par sa rage, comme si finalement le poison canalisait une colère indicible : sa femme lui manquait, il la respectait comme jamais et comme personne, la seule chose qu’il souhaitait, c’était l’honorer. Comment pouvait-on ainsi briser les dernières volontés de l’ancêtre ?

Soudainement, un cri d’horreur et de douleur survint depuis la bâtisse. Ce cri, d’une rare puissance vint tirer le vieillard de sa torpeur démoniaque et Nils écarquilla les yeux avec ce stimulus des plus dénaturés. Clignant des yeux plusieurs fois, le poison se stoppa dans sa progression et Nils sembla reprendre un instant ses esprits : il connaissait cette voix.

_________________________

Eric était resté cloîtré depuis plusieurs heures maintenant dans la maison. Il n’avait pas eu le courage de quitter la ferme et tentait désespérément de faire le deuil de sa mère. La tête enfouie dans ses bras, le jeune père maintenant sans enfants et orphelin n’en voulait qu’à lui-même. Pleurant silencieusement à chaudes larmes, il ne voulait pas faire le moindre bruit, allant jusqu’à presque s’interdire de penser qu’il avait le droit de vivre. La culpabilité le rongeait à un point non mesurable : incapable de protéger ses enfants, c’était sa mère qui avait sacrifié sa vie pour leur venir en aide. Ainsi, il ne se rendit pas immédiatement compte de ce qui se passait autour de lui. Ce n’est que lorsqu’une poutre s’effondra qu’il finit par comprendre : la maison était en train de s’écrouler et une substance particulièrement corrosive s’installait progressivement. Un peu comme des termites invisibles, le bois s’effritait sans être touché par le parasite.

- Qu’est-ce que ?

La réaction du fils de Nils en disait long concernant son état. La dangerosité de la pièce était assurée et la substance coulait maintenant à même le sol. Peu d’espaces étaient libres. Tremblant et paniqué, il monta d’abord sur le canapé avant de finalement s’élancer sur un tabouret situé à un mètre à peine. Se rattrapant au bar encore intact, il manqua de tomber… en réalité, c’est le tabouret qui céda et Eric fut obligé de se rattraper en posant un pied à terre à travers la substance même. Un cri résonna alors dans l’ensemble de la bâtisse et ce dernier prit finalement son courage à deux mains pour courir vers la sortie. Les pieds rongés par l’acide, il perdit totalement ses chaussures et une partie de son bas de pantalon. Plusieurs brûlures apparurent également, il ne lui restait sans doute que peu de temps avant d’y laisser un ou deux orteils ou pire encore…


_________________________

Du côté de Nils, la ferme semblait presque entièrement couverte de poison. Le visage fermé, le regard enflammé et sévère au plus haut point, les traits figés par la colère, sa faux partit instantanément en direction de l’homme. Un coup net, précis, presque chirurgical en direction du Thorax d’Eric.

Le temps se figea alors un instant : comme si la prise de conscience de l’ancêtre avait été une évidence. Arrêtant la pointe de son arme à quelques centimètres à peine du point d’impact, le regard ahuri de Nils resta bloqué tandis que celui d’Eric était maintenant vide. Le poison se résorbait peu à peu, retournant à son créateur à une vitesse impressionnante tandis que le fils s’effondrait finalement inconscient aux pieds du vieillard.

Nils réagit immédiatement. Prenant ses antidotes, il chercha à soigner les brûlures présentes sur les pieds. Sans un mot, il agissait étonnamment en véritable médecin. Les bandages, les crimes, le vieillard prit le corps du jeune homme pour l’emmener l’allonger dans sa grange un peu plus loin dans les champs. Les ressources avaient maintenant disparu, tout comme la volonté de l’ancêtre : il vacillait.






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Dim 9 Avr - 21:23
Ca fait chier !

- Ca fait chier !

Le voyage a été plutôt rude. Je pensais que ça ne serait qu’une croisière et quelque chose d’assez simple mais revenir ici m’a donné un mal de cœur infini. Je sais pas si c’est « tête de tanche », le capitaine incapable du navire, qui savait pas naviguer ou bien si j’étais anxieuse quant à mon retour sur Toroa. En vérité, je ne sais pas trop ce que j’espérais : est-ce que je voulais vraiment revoir mamie ou bien est-ce que je cherchais à trouver une explication ?

Tout en me questionnant sur ces éléments, je pose le pied à terre sans même remercier l’équipage… après tout, ils m’ont juste acceptée, rien de plus quoi !

Manque de chance, le paysage n’a pas vraiment changé : il y a tout de même eu pas mal de morts dans le lot et devoir reconstruire ne devient pas vraiment nécessaire quand on a personne à qui confier la bâtisse. J’avance finalement assez lentement dans la rue principale avec le sabre à ma ceinture. Visiblement, celui que j’ai pu choppé sur l’ancêtre lors de l’attaque de Yakoutie n’a pas tenu le choc et je dois malheureusement faire sans…

- Hey toi là ! Viens m’aider à transporter ça t’as vu ?! C’pas que je ne suis pas assez fort t’as vu, mais voilà, faut qu’on se bouge ça va pas se faire tout seul t’as vu ?!

Au détour d’une ruelle, un jeune garçon m’interpelle. Les cheveux ébouriffés noir de jais, des lunettes bizarres sur le crâne et un côté bad boy viril… vite un surnom ! Vite !.. Rien ne vient…

- Ca fait chier !

Je ne comprends pas ce qu’il peut bien se passer : je commence à avoir chaud, je déglutis, je bafouille un truc inaudible et commence à me tortiller sur place. Mais qu’est-ce qu’il se passe ?! Voilà que j’ai maintenant mon rythme cardiaque qui s’accélère.

- ça va mademoiselle t’as vu ?
- C’est pas tes oignons !


A peine les quelques mots proférés que je tourne les talons et m’enfuis en courant dans la direction opposée… c’était qui ce type ? Je ne parviens plus du tout à me concentrer. Et merde ! Pourquoi j’ai réagi comme ça ?

_______________________


Jone Snow


Le jeune homme ainsi resté sur place fut éberlué devant la réponse de celle qu’il avait repérée. Toujours en mouvement, il ne cessait de bouger dans tous les sens sans savoir ce qui se jouait et passa finalement à autre chose en se déplaçant vers une autre personne à l’air robuste… bizarrement, il ne demandait qu’à des jeunes femmes en leur courant après. Visiblement, il ne comprenait pas grand-chose mais c’était tout à fait normal pour Snow.

Depuis peu, Jone était pourtant assez connu dans ce petit village portuaire : le jeune homme avait perdu ses deux parents dans l’attaque de Toroa et même s’il n’avait pas toujours été le parfait petit garçon, il n’en restait pas moins encore plus motivé à se trouver une famille. Pour ça, il pensait principalement qu’il fallait se trouver une petite amie.

Seulement l’ambiance morose qui régnait parfois dans les villages en bord de mer qui avaient subi les attaques rendait la quête plutôt difficile. Du coup, sans vraiment comprendre, il partit en quête de reconnaissance pour son bien futur mais également pour faire de nouvelles rencontres. S’il voulait trouver l’amour de sa vie, il devait aider à la reconstruction de l’ile pour avoir de nouveaux lieux et ainsi trouver l’amour.

Si seulement il était capable de savoir quand on tient à lui mais il semblait être une cause perdue… Jone Snow ne sait rien.


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Dim 9 Avr - 21:32



Paternité



Tout semblait flou pour le grand-père : ses souvenirs partaient dans tous les sens et il ne réalisait pas qu’il avait manqué de tuer son propre fils. Faisant un feu pour se réchauffer à cause de la nuit qui était tombée si vite. Eric était maintenant dans le coma, aucune discussion n’avait émergé depuis le retour de l’ancien. Tournant le dos à son enfant, le médecin avait le regard perdu dans le feu. Ressassant les souvenirs en agitant le feu à l’aide d’un bout de bois, l’ancêtre était silencieux au possible. En temps normal, il aurait sans doute cherché à le réveiller par tous les moyens mais il n’en avait ni l’envie, ni le courage. Une peur le tiraillait grandement avec cette brève retrouvaille : comme si tout ce qu’il avait imaginé était tombé à l’eau. Se relevant nonchalamment, le vieil homme alla chercher de nouveaux bandages pour changer ceux déjà présents. Il pleurait. Le surplus d’émotion devenait insoutenable, Linedea avait été infirmière et ce qu’il faisait était habituellement lié à sa tâche. Il ne voulait pas perdre d’autres membres de sa famille et il avait espéré trouver sa à Toroa… vainement.

Finalement, une fois les bandages placés, le grand-père couvrit de nouveau son fils de sa verste de marine avant d’aller s’endormir près du feu, le cœur lour.

__________________________

Nils fut réveillé particulièrement tôt le lendemain matin. Ouvrant les yeux comme s’ils ne s’étaient jamais fermés, le vieillard avait bien plus que des poches sous les yeux. Le feu s’était éteint pendant la nuit, visiblement, ses larmes s’étaient elles aussi éteintes.

En se levant de nouveau comme pour changer les bandages de son fils, Nils eut soudainement un haut le cœur et un accès de panique : Eric n’était plus là. Le médecin oublia la fatigue et courut directement au dehors. Cherchant du regard l’homme blessé, il le retrouva finalement près de la femme maintenant détruite à presqu’une centaine de mètres de lui. Soupirant longuement, il reprit sa faux avant de partir rejoindre son fils. Il aurait voulu s’installer à côté de lui pour lui parler ou au moins le prendre dans ses bras mais il s’arrêta à quelques mètres de lui incapable de faire quoique ce soit. Un long silence s’installa entre les deux hommes, sans doute trop fiers pour exprimer quelque chose. Finalement, c’est Eric qui commença à parler.

- Je n’ai pas su m’occuper de tes champs, je suis désolé.

La phrase, anodine en apparence, témoignait du fait qu’Eric n’en voulait pas à son père. Tout du moins, pas pour le moment ou sur l’instant présent, il était prêt à parler ou à simplement écouter ce qu’avait à dire l’ancêtre.

Nils était toujours malhabile dans ce genre de situation. Formaliser ses ressentis, exprimer ses affects, avouer qu’il avait échoué… autant d’éléments qu’il ne parvenait tout simplement pas à manifester. Néanmoins, depuis deux longues années, il avait attendu ce moment, il avait fait divers scénarios et même le pire d’entre eux ne prenait pas en compte un fils blessé et une femme décédée avec des petits-enfants portés disparus.

S’avançant finalement, Nils considéra cette parole comme une invitation à s’assoir juste à côté de lui, chose qu’il fit sans prononcer un mot pendant de longues minutes. Finalement, le vieillard le brisa alors qu’on approchait de midi (comme quoi le temps… c’est long…).


J’ai échoué, je voulais protéger maman, toi et les enfants et je n’en ai pas été capable, si j’avais été là…
- si tu avais été là, tu aurais pu sauver tout le monde oui… si je n’avais pas été remplacé par toi il y a deux ans, tout le monde serait sain et sauf… si j’avais pu fai–


Tout était presque dit ici. Nils n’avait simplement pas pensé à cette possibilité : Eric s’en voulait à lui-même, il culpabilisait de sa propre couardise, de sa faiblesse… il n’avait de toute façon jamais été à la hauteur des attentes de ses parents et il le savait très bien. Nils n’avait pas ce sentiment mais il le laissa cependant continuer son récit, il savait qu’il avait besoin d’évacuer son surplus d’émotions.

- J’ai bien vu ton regard hier. Tu avais de la haine dans les yeux, tu voulais vraiment me tuer. J’ai d’ailleurs bien cru que j’allais enfin être délivré. Ce matin j’ai même hésité à finir le travail à ta pla…

Soudainement, un taquet particulièrement violent percuta le crane du jeune homme. D’abord éberlué par l’action du grand-père. Eric ne pipa finalement mots et se contenta de baisser la tête alors que le son résonnait encore au loin. Un silence lourd et particulièrement pesant s’installait tandis que seule une légère brise occupait les ondes sonores. Le clivage entre le paysage désolant qu’offraient la ferme détruite et le paysage des champs était terrible. C’était comme si le temps s’était arrêté et c’est finalement Eric qui reprit la parole, le regard perdu dans l’horizon.

- Je n’ai rien pu faire…
- Il fait beau aujourd’hui hein ?
- Maman a aidé les enfants à s’échapper…
- Je mangerais bien du rôti à midi, non ?
- ça sert à rien, j’ai rien pu faire, j’étais paralysé et…


Cette fois ci, le grand-père ne réagit pas immédiatement. Depuis quelques jours déjà, l’ancien était dans le déni de la réalité mais il avait finalement accepté les faits. Il ne pardonnait pas pour autant et était toujours triste par moments mais il allait de l’avant. Le déni du conflit qu’il mettait en œuvre de façon quasi-permanente vint de tout de même à s’effriter et vieil homme prit alors une voix emplie d’émotion.


Tu n’es pas en tort. Je suis parti il y a maintenant plus de deux ans et voulais te protéger toi et ta mère.
Se relevant pour s’épousseter, il reprit avec un sérieux que peu lui connaissaient.


Ginny va bien, Chloé est à l’abri et Al’ aussi, j’en suis persuadé. J’aurais dû rester ici et revenir à la moindre occasion, je le voulais mais je ne parvenais pas à le faire. J’ai pu vivre des choses particulièrement complexes et ait cru voir les trois bambins à plus d’une reprise. J’ai même cru que tu avais fait un tour sur Torino. J’ai aussi essayé de vous joindre à l’aide d’un escargot…
Se plaçant derrière son fils, Nils laissa sa faux au sol pour continuer.


L’erreur est là. Je n’aurais jamais dû partir et laisser Line’ comme ça. J’aurais dû te laisser y aller : tu n’as jamais vraiment eu de courage et je sais qu’on t’a beaucoup couvé ta mère et moi. Ce qu’il te faut depuis tout le temps…
Soudainement, Nils arma son pied et frappa d’une force incommensurable le derrière de son fils qui vola ainsi sur presque trois mètres tout en hurlant.


C’EST UN PUTAIN DE COUP PIED AU CUL !
Le choc et la surprise furent terribles pour le jeune père qui ne comprit absolument pas ce qui se jouait en cet instant. Depuis le début, il avait cherché à expliquer ce qu’il ressentait, à communiquer autour de son mal être mais n’était reçu par son père qu’avec un coup que son anus risquait de garder en mémoire un long moment. Tout au moins, son fessier risquait d’accuser le coup pour au moins une semaine ou deux. Se relevant de façon virulente, le visage rouge de colère, Eric matraqua d’un poing en avant pour manifester sa rage.

- NON MAIS CA VA PAS SALE DEBRIS !

Cette fois ci c’en était de trop, Eric fulminait véritablement et courut en direction de Nils bien décidé à lui en décoller une. Une bataille féroce commença alors entre les membres de la famille, une lutte où Nils retenait finalement ses coups mais où les cris de rages retentissaient au loin. Un mélange de cris et de larmes, comme deux hommes virils qui échangeaient finalement une « discussion ».

De son côté, Eric déchargeait l’ensemble de ses ressentis sur Nils. Une colère qui finalement n’était plus vraiment dans la culpabilité mais dans l’expression de ce qu’il avait tout au fond de lui. Nils quant à lui se laissait presque faire, subissant les attaques de son fils et pleurant à chaude larmes. En réalité, il souriait, il était heureux de retrouver son fils.


Tu frappes vraiment comme une gonzesse…

Les deux combattants finirent par s’épuiser assez rapidement pour terminer finalement dans les bras l’un de l’autre. La journée passa ainsi en forme de retrouvaille pour les deux compères. Pour ne pas tomber dans le pathos, ils restèrent à parler de tout et de rien et retournèrent dormir dans la grange une fois la nuit tombée. Père et fils, grand-père et père, enfin réunis, pouvaient maintenant penser l’avenir. De grandes discussions s’ouvrirent alors sur les projets de chacun… en réalité c’est surtout Eric qui s’épancha. Il était maintenant question de de prendre sa vie en main sans vraiment savoir où il allait aller mais au moins, il évoluait. Nils parvint à esquiver ses propres projets… il avait bien quelques idées, mais devant les progrès de son fils, il ne pouvait décemment pas en faire part. Demain, la journée serait chargée.






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L'enterrement



Le lendemain, lorsque le vieillard se réveilla, il constata assez tristement que son fils n’était plus là. Il aurait tout de même aimé discuter avec lui encore un peu ou ne serait-ce que suffisamment pour savoir comment faire pour le retrouver si jamais il cherchait à le revoir… de temps en temps en somme. Un départ de ce genre ne signifiait qu’une seule chose pour le grand-père, visiblement, son fils ne voulait plus revoir son père pour l’instant.

Se débarbouillant un peu, le regard perdu dans le vague, Nils passa quelques longues minutes à se donner un aspect respectable. Allant même jusqu’à se recoiffer, c’est finalement propre comme un sou neuf qu’il se rendit de nouveau en direction des ruines fumantes de la ferme. Se posant quelques secondes, il attendit un moment comme dans une prière silencieuse avant de finalement aller sur place au centre même des débris. L’ancêtre semblait être absorbé par son travail et cherchait quelques objets en particulier. Le premier qu’il trouva fut une ancienne tenue qui appartenait à la grand-mère, à peine quelques minutes plus tard il trouva une assiette brisée avec de jolis motifs : se souvenant du jour où il avait pu lui offrir ce service à vaisselle, Nils rangea très vite l’objet pour éviter de sombrer dans le pathos.

Ainsi c’était une véritable chasse au trésor qui débutait pour le vieillard. Il mit d’ailleurs un certain temps pour trouver suffisamment d’objets : entre ses mains, en plus de ce qui a déjà pu être cité, il était possible de trouver une boule de neige, un tablier ou encore le rouleau à pâtisserie qu’il aimait tant. Regardant son œuvre en posant chacun des objets au sol, Nils regarda une dernière fois en direction de la ferme avant de s’en aller sur une colline un peu spéciale : c’était là que le couple venait parfois pour se ressourcer, d’ici, ils avaient passé de magnifiques moments et avaient la meilleure vue sur l’océan avec la ville portuaire qui, le soir, offrait un paysage des plus reposants.

C’était évident pour le grand-père, la tombe de la grand-mère, le lieu de recueillement serait ici. Imbibant son pouvoir à même le sol, Nils fragilisa un peu la terre et l’éventuelle roche qui s’y trouvait. Se retirant finalement, c’est avec ses propres mains qu’il creuserait la tombe de sa femme. Le travail fut long et éprouvant et Nils commença à avoir quelques gouttes de sueur sur le front. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser du vieillard devant une tâche aussi ingrate que ça, il ne rechigna pas une seconde et semblait même plutôt heureux de son sort. C’était comme si agir de la sorte lui permettait de se vider l’esprit et c’est même sans un mot que Nils continua de creuser jusqu’à ce que tous les objets qu’il avait choisi puissent être contenus.

Recouvrant le sol de terre, il vit que la tombe bombait un peu le sol. Un peu plus loin, il se saisit d’un rocher assez gros qu’il eut du mal à transporter. Sûr de lui, il découpa très grossièrement la pierre à l’aide de sa faux et finit le modelage principal à l’aide de son poison. S’installant confortablement, cette fois-ci les sentiments prirent le dessus et Nils commença à pleurer à chaude larme. En même temps, il souriait. Usant une nouvelle fois de son fruit, il fit quelque chose de bien plus précis finalement : recouvrant uniquement son index droit et tenant la plaque préalablement découpée de la main gauche, le vieillard se mit à écrire avec son index à l’aide de son poison corrosif. Au bout d’un instant, les lettres violacées laissèrent place à un texte creusé à même la roche et plutôt bien calligraphié, surtout pour un médecin. Sans hésité et une fois le travail terminé, Nils plaça la pierre au sommet de la tombe. Sentant qu’il manquait quelque chose, il ne se retint pas davantage et planta la faux familiale derrière comme un leg qu’il était nécessaire de faire. Il était parti avec et avait tellement vécu avec cette arme : c’était pour lui le symbole et la façon la plus claire de dire qu’il resterait avec sa femme quoiqu’il puisse advenir et à jamais.

Restant un long moment encore à contempler son travail, il en profita même pour lui adresser quelques mots plutôt inaudibles. Sans doute était-il dans le repenti et dans le regret même si au bout de plusieurs minutes, le vieux marin retournait d’où il était venu. Continuant son chemin alors que le soleil se couchait, le grand-père ne s’arrêta pas à sa grange bienveillante pour se reposer et continua encore à marcher quelques kilomètres en direction de la forêt où il disparut.






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Dim 9 Avr - 21:38
Ca fait chier !

Il m’aura quand même fallu un moment pour me décider à aller voir la ferme. Au départ, je suis juste allée à la maison de papa. Je l’ai vu en train de pleurer comme une madeleine un de ces quatre et je ne sais pas vraiment si c’était de la pitié ou du dégout que j’avais alors éprouvé en cet instant-là. Il me donne envie de vomir maintenant… lui aussi il aurait peut-être mieux fait de protéger sa mère ! Jetant un regard ailleurs, je pars alors dans la direction opposée. Je passe divers champs de céréales pour finalement arriver au niveau de la fe…

Je suis bouche bée. Alors oui, je n’étais pas revenue depuis bien longtemps, certes pas aussi longtemps que l’autre vieux, mais de là à ce que la maison soit totalement rasée… je n’en reviens pas. Le sabre à mes côtés, je cours tout de même jusqu’à la batisse. En inspectant un peu le bois et les matériaux ainsi que les débris, je constate que la destruction de la ferme ne date pas d’aujourd’hui. Alors que je me relève en fronçant les sourcils, je suis tout de même à la recherche de quoique ce soit d’utile ou de survivant… inutilement…

Je me déplace alors à la grange avant qu’un bruit n’attire finalement mon attention.

- Oh hey ! T’as vu ?!

Non mais c’est pas vrai ! Il est encore là celui-là ?

- Je… c’est que…

Et merde ! Pourquoi est-ce que je suis incapable de lui répondre convenablement ? Et c’est quoi ce feu qui commence à dévorer mes joues ?! Et pourquoi il me regarde celui-là ?!

- Tu veux ma photo ?

Fais chier ! Tête de bique fait un mouvement de recul avec mes dernières paroles. Rhaaaa mais pourquoi ça m’embête au final ? Je mets mes mains en avant comme si je voulais le retenir mais je me ravise à temps vu qu’il prend très vite la parole.

- Wowowow ! Calme t’as vu ! J’voulais juste que tu m’aides pour remettre c’te baraque d’aplomb t’as vu ?!
- Et ta sœur elle a du plomb aussi ?!

Merde merde merde ! Mais qu’est-ce que je fous encore moi ! Cette fois-ci c’en est trop : j’ai trop honte et je n’ai plus le choix. Tournant sur moi-même dans la direction opposée, je m’élance en courant tellement je peux avoir honte de moi. Non mais des fois… Et puis qu’est-ce qu’il foutait là lui ?! Ma course effrénée s’arrête finalement en haut d’une colline : perdue dans mes pensées, je ne parviens tout simplement pas à m’arrêter et fermant les yeux de honte, j’en suis tout simplement venue à trébucher sur une motte de terre. Foutue faux posée là ?!

Et voilà ! J’écarquille les yeux devant ma découverte en réalisant ce sur quoi j’ai trébuché.

- PUTAIN ! MAIS MÊME QUAND T’ES PAS LA TU ME FAIS CHIER LE VIOQUE !

J’en viens même à hurler tellement je peux être énervée de la situation. Cette faux, la sépulture, la tombe… tout est l’œuvre du vieux et je le sais. Mes joues passent une nouvelle fois au rouge mais pour d’autres raisons : je suis folle de rage. Sans comprendre vraiment ce qui m’anime j’en viens à tenter de taillader la faux du vieillard mais rien y fait. Voyant que je ne parviens pas à la briser, je la retire finalement du sol pour enlever ce « leg » du grand-père : il manquerait plus que tout lui soit associé !

En fait, une idée me traverse finalement l’esprit tandis que je regarde la faux ainsi récupérée. Ce salaud a déshonoré l’esprit de grand-mère avec cette lame et il a même craché sur sa tombe de cette façon. Alors que je suis hors de moi, je m’apprête à lancer la lame mais suis finalement retenue par mon idée. J’entame un premier moulinet quelque peu hasardeux… puis un second… et un troisième. Peu à peu, cette lame me donne des envies… comme des envies passablement meurtrières…

« Nils Gratz, tué par sa propre lame, par sa propre petite-fille. »

Un sourire carnassier sur le visage, je reviens à la réalité en regardant ma lame, cadeau de mon père il y a de cela plusieurs années. Rangeant cet aspect malin de mon visage, je pose la faux plus loin comme pour honorer mamie avec ma véritable aspiration. Mon sabre remplace finalement la faux initialement prévue…

- C’est bien mieux comme ça…

Finalement je décide de passer un peu de temps auprès de la tombe de grand-mère avant de repartir. En prenant la faux avec moi sur mon dos, je trouve un ainsi un équipage de retour à Yakoutie avec la ferme intention cette fois ci de m’entrainer et de progresser. Le regard sombre, alors que je suis sur le pont d’un navire commerçant qui me prend finalement en pitié, je m’entraine dans une danse des plus macabres. Bientôt, je serai une femme, comme mère poule !


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Nils Gratz
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Le retour du père



Plusieurs jours passèrent ainsi sans que Nils ne donne signe de vie. Retranché dans la forêt, il avait simplement besoin de faire son propre deuil de façon permanente. Il était revenu plusieurs fois à sa grange ou à la maison familiale sans pour autant oser retourner sur la tombe qu’il avait faite. Privé de sa faux qu’il avait eu l’habitude d’avoir comme canne, l’ancêtre s’était simplement taillé un bâton dans du bois : l’opération lui avait pris un temps considérable et son talent pour la charpenterie avait été mis à rude épreuve… surtout dans la mesure où il n’en avait aucun. Plutôt solide, cette canne tenait de l’ordre de la racine sculptée plutôt que du simple bout de bois. Capable de soutenir son poids, cette « arme » serait plus un bâton qu’autre chose.

Rien n’y avait fait, peu à peu, il tentait d’enfouir ses sentiments au fond de lui mais tout revenait toujours à la charge. Dès qu’il commençait à ne plus percevoir cette culpabilité qui le rongeait, c’était le visage de sa femme qui lui apparaissait lui rappelant sans cesse son échec pour la protéger.

Au final, il aurait simplement pu en devenir fou de cette situation et c’était d’ailleurs aux portes de cette même folie que l’ancêtre eut son illumination défensive : il devait venger son ex-femme et retrouver ses petits-enfants. Rien que le fait de penser qu’il s’agissait d’une ex-femme était salvateur pour le vieillard. Dorénavant, au bout de plusieurs jours de retranchement, Nils savait ce qu’il lui restait à faire. Bien décidé, remettant en place sa tignasse et ses sourcils broussailleux, le vieillard sortit de sa tanière d’un pas décidé. Mal habillé et pas spécialement propre, il essaya de se débarbouiller avant de prendre la route de la ville fortifiée au centre.

Lorsqu’il se rendit dans les premiers temps au quartier général de la marine, il fut surpris de constater l’ampleur des dégâts, des tours n’avaient pas été reconstruites et beaucoup d’éléments manquaient finalement depuis le temps. Avançant dans la cours, le vieil homme savait ce qu’il avait à faire et c’est avec un regard décidé, des yeux flamboyants et une démarche volontaire qu’il s’approcha du premier garde qui semblait être le videur des lieux réservés aux gradés. Fixant le jeune homme dans les yeux, Nils était en réalité d’échafauder un plan pour rentrer dans la bâtisse de la façon la plus rapide qui soit. Le regard du vieillard faisait peur au petit nouveau qui avait bien évidemment déjà reconnu Nils. Au bout de quelques secondes, sans même chercher à comprendre, le jeune mousse laissa le passage libre pour laisser passer son supérieur hiérarchique vu que c’était maintenant un gradé.

Nils en revanche ne comprit pas et fit lui aussi un pas de côté pour continuer à fixer le jeune homme comme ça. Il réfléchissait d’ailleurs tellement qu’on aurait pu imaginer de la vapeur sortir de ses oreilles.

Octave n’était pas une jeune recrue et avait lui aussi servi pour la marine lorsque Nils était encore en formation à Toroa. A l’époque, lui était sergent alors que le médecin n’était qu’un simple mousse. Toujours volontaire, Octave manquait tout de même de courage et c’est pour cette raison qu’il n’était resté que lieutenant affecté à la surveillance de la base. Il gérait les réparations et quelques hommes mais rien de plus.

Nils ne le reconnut cependant pas et alors que le jeune homme marquait un nouveau pas de côté comme s’il laissait la place à Nils de faire ce qu’il voulait, l’ancêtre continua lui aussi de le suivre. La scène se déroulait dans un silence des plus absolus et seule la tension entre les deux par le regard semblait être prenante… en réalité, Octave ne comprenait simplement pas ce que voulait le grand-père tandis que Nils était toujours en pleine réflexion.

Soudainement, le vieillard tomba au sol et roula sur lui-même pour simuler une simple crise de foie et Octave écarquilla les yeux en comprenant ce qui se jouait. Peu sûr de lui et pas téméraire pour deux sous, il prit finalement la parole.

- Euh… Colonel ? Vous pouvez entrer hein… vous… euh… n’avez pas besoin de de feindre de maladie vu que vous êtes gradé maintenant… euh… colonel ?

L’arrêt de la comédie du vieil homme toujours allongé à se tenir le ventre se fit en un instant et ce dernier se releva comme s’il était au courant. C’est vrai qu’Hornigold n’était plus très jeune et sans doute que ce jeune marin avait confondu Nils avec le colonel en charge de l’ile ! Essayant d’imiter le colonel qu’il avait gardé en souvenir, il se dirigea vers son bureau en prenant une voix grave et en bombant le torse. Arrivant finalement devant le bureau qu’il pensait être celui du colonel en chef, il finit par toquer timidement devant le regard effaré de la secrétaire qui semblait se bidonner de la situation. Le contraste entre ce que Nils offrait à voir, ce qu’il était vraiment et ce qu’il cherchait à montrer rendait la scène des plus comique.

Voyant que la petite ne réagit pas, Nils entra finalement sans attendre de réponse : après tout, pour la supercherie, il s’agissait également de son bureau. Le vieillard ne put d’ailleurs s’empêcher de compléter son rôle afin de paraître plus crédible. Regardant la jeune femme, Nils imagina tout un scénario crédible pour Hornigold et lança quelques piques.


Pénélope. Tu penseras à vérifier les contrats pour les costumes, j’ai peur qu’on ait dépensé un peu trop… parce qu’entre nous : j’aime ma femme, et les accusations, je doute de les supporter si jamais on se fait pincer…
La jeune femme ne comprit absolument pas mais de toute façon, Nils était déjà entré dans le bureau, pensant que sa diversion avait été des plus efficaces.






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En route pour le Compost !




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Colonel Hornigold et Jone Snow


- Allez ! C’est bon dites oui t’as vu ?!
- Je…
- Nan mais allez quoi t’as vu ?!
- JE PEUX PAS EN PLACER UNE !
- Nan mais z’êtes sérieux t’as vu ? Franchement, ça se fait trop « aps » t’as vu !
- Dégage de là j’ai dit oui !



Le contraste entre la personnalité habituellement lente du colonel Hornigold et le jeune homme qui bougeait en réalité dans tous les sens était pour le moins déconcertant. Finalement, le colonel envoya un petit objet à travers la fenêtre : comme un instinct animal, le jeune homme se mit alors à se transformer en renard avec une crinière des plus blanches avant de sortir par la même fenêtre. Intrigué mais pas pour autant désabusé de la situation, Nils revint bien vite sur ce qui l’amenait.

D’abord dévisagé par son homologue septuagénaire, c’est le colonel en charge qui prit la parole.

- Félicitation collègue pour votre promotion ! Vous avez parcouru pas mal de chemin depuis le début.

Le colonel Hornigold mit un temps fou à parler et à bouger en même temps : au final, il n’était pas surnommé la tortue pour rien. Nils accusa le coup mais s’installa sans même réagir au terme de collègue. Réfléchissant très vite, il balança tout ce qu’il savait en relatant tout de ce qu’il avait appris des attaques de Toroa, ajoutant ce qui avait pu se passer pour sa femme et sa famille.

- Du coup j’ai décidé que je voulais un équipage pour traquer tout le monde, c’est nécessaire et…
- D’accord.
- Non mais ne le prenez pas comme ça ! Je sais bien qu’on est pas d’accord la plupart du temps..
- J’ai dit oui…
- Nan mais j’ai bien compris, « mais »…
- Je…
- De qui ? De quoi ?


Beaucoup trop simple : il devait y avoir une belle baleine sous le caillou, et même si Nils ne s’en rendait pas compte, c’était effectivement le cas. Alors que Nils en venait à chercher ses mots, c’est finalement le colonel Hornigold qui reprit la parole avec un débit plus soutenu, comme si l’idée qui venait de lui être proposée était une bénédiction.

- C’est même une excellente idée ! Je connais déjà quelques hommes qui seront parfait pour vous accompagner dans votre périple… je pense notamment aux lieutenants Tomane et Palnore : les deux meilleurs éléments dans leur catégorie !

L’idée d’un équipage poubelle était une idée merveilleuse en réalité, elle permettrait de mettre en retrait tous les rebus de la marine et des Blues, tous ceux qui seraient à la retraite ou proche de l’être. Le Compost serait le parfait mouroir pour anciens de la marine, c’était une chance inespérée que de le constituer.

- Oui mais…
- J’ai encore plein de noms en tête mais il faut qu’on fasse quelques recherches ! Considérez que c’est bon ! J’vous envoie les deux loustics et d’autres viendront bientôt du coup…


Hornigold disait vrai et Nils était complètement déboussolé : à la fois heureux comme pas deux à l’idée d’avoir enfin son propre équipage, il n’était cependant pas habitué à recevoir quoi que ce fut de la part des gradés. Il s’était préparer à devoir batailler férocement pour ne serait-ce qu’obtenir la moitié de ce qu’il espérait. Le docteur Gratz n’en revenait tout simplement pas et ne savait quoi dire : ses projets allaient enfin pouvoir se concrétiser. Il lui faudrait simplement acheter le navire et procéder au recrutement… après tout : servir les Gratz était un honneur !

De son côté, après s’être débarrassé du Gratz, le colonel demanda à sa secrétaire de joindre les différents responsables des blues au sein de la marine. L’idée qu’il avait eue concernant l’équipage Gratz permettait de résoudre bien des « problèmes », il suffisait maintenant de réunir tous ces problèmes au sein d’un même endroit pour vendre ça comme un équipage d’élite formé par un colonel d’expérience et vétéran… Le Compost serait bientôt créé : ici même, à Toroa.






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