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Lun 5 Fév - 12:02
Effacé.
Si il avait encore été conscient, Heziel aurait sans doute été laissé dans l'incompréhension la plus totale. Néanmoins, ce n'était plus le cas. Plus à proprement parler, du moins. Alors qu'il se sentait poursuivi par une force invisible et vorace, un prédateur nouveau l'ayant chassé jusqu'aux recoins de sa propre conscience pour finalement lui sauter sauvagement à la gorge, tout avait cessé. Tout... y compris sa propre conscience. Sans même le savoir, le Coffe avait atteint un était de psyché que nul n'aurait su décrire. Il avait disparu, mais il était encore là. Il n'existait plus qu'ici, pourtant c'était bien son corps qui détruisait Sobel au dehors. L'était-ce vraiment ? Il ne pouvait pas s'en soucier : le principe même de se soucier de quelque chose n'avait pas de sens, dans l'état où il se trouvait.
C'était comme flotter dans une mer lumineuse. Ou nager dans un ciel immaculé ? Tout se confondait, tout se mélangeait. Les pensées, les émotions, les actes et les paroles... il était comme perpétuellement attiré vers un point unique dont il ne connaissait pas l'emplacement, irrémédiablement éparpillé puis fédéré à nouveau par des manipulations incongrues et mystérieuses. Il ne se souvenait à vrai dire même pas de son propre nom. Il ne se souvenait de rien : il n'avait pas besoin de souvenirs. Juste de progresser dans cet espace infini qui semblait tout à la fois le noyer et n'attendre que lui. Le noir était devenu blanc, les ténèbres étaient devenues lumières... et la terreur s'était effacée au profit de cette douce léthargie, cette apathie nouvelle et sibylline qui avait gommé ses peurs et ses doutes. Partout et nul part à la fois.
Perdu dans le vide.
Pourtant, il avait l'impression de ne pas être seul. Mais ça ne le gênait pas. C'était même plutôt agréable. Il sentait des présences autour de lui, sans pour autant pouvoir les définir... sans pour autant réellement s'en soucier. Il n'avait aucune idée de ce qui se déroulait au dehors : aucune idée qu'en réalité, la bête qui venait de s'éveiller au travers de son être commençait un carnage sans précédent et affronterait bientôt le capitaine de l'équipage du Borgne. Il n'avait pas connaissance des tenants et aboutissants de sa situation : de la monstruosité qu'il venait de devenir. Du mal qui s'était à jamais enraciné dans son être tout entier. La rage. La colère. La violence. Tout ça était à milles lieues de l'esprit du noiraud. Tout ça n'avait pas de raison d'être, ici. Rien d'autre que cette lancinante sensation d'être tiré vers le néant, doucement, presque avec tendresse. Presque comme une caresse.
- Où ...?
Sa voix résonna dans l'univers imaginaire que son subconscient avait créé pour le protéger de la folie meurtrière qui lui rongeait le cerveau dans le monde réel. Faible et forte à la fois, aussi douce qu'une brise, mais aussi certaine que les vents marins. Un écho lui semblant sans fin lui renvoya cette phrase inachevée, sans lui apporter le moindre élément de réponse. Il ne s'offusqua pas. Il n'angoissa pas. Il n'en était pas capable, après tout : pourquoi avoir posé cette question, en premier lieu ? Il ne le savait pas. Au fond de lui, quelque part, le peu de présence restant en lui l'exhortait à se réveiller de ce rêve cotonneux. Un cri de désespoir qui se perdait dans les strates de son âme, n'atteignant celle qu'il habitait que sous la forme d'une infime sensation qu'il ne cessait d'ignorer.
Lentement, se satisfaisant de cette absence de réponse, il se laissa à nouveau glisser sur des distances sans fin, au travers d'un voyage qui semblait ne pas être destiné à s'arrêter un jour. Aucun vent ne soufflait sur sa peau, aucun air vivifiant n'emplissait ses poumons. Pourtant, il volait. Il volait plus librement qu'il n'en aurait jamais été capable. Plus librement que quiconque n'aurait été capable de le faire. Il s'évaporait dans ce trajet vers l'inconnu, s'abandonnant totalement à l'absence qui l'apaisait.
Au dehors, la mort se déchaînait sans la moindre once de remord. Des remords qu'il devrait affronter dès son réveil.
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"Are you a man... or a monster ?"
Heziel Coffe
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Mer 7 Fév - 15:09
Effacé.
- Qui suis-je ?
À nouveau, un écho sans fin. Au bout d'un moment, qui aurait tout aussi bien pu être une micro seconde qu'une éternité, il sembla à ce qui restait de la conscience du Coffe que cette question lui était adressé. Il ne se rappelait plus l'avoir posée. Il ne se rappelait plus de qui l'avait posée. Il ne comprenait même pas le sens de cette interrogation. Il était... qui était-il, déjà ? Aucune importance. Tout ce qui importait pour le moment, c'était cette léthargie savoureuse dans laquelle il se laissait happer avec un certain délice. Des réminiscences d'une douleur sans fin lui étaient revenues en tête, avant d'être promptement éliminées par le tranquillité. La sérénité. Cette dimension immaculée aux confins encore inexplorés, dont il avait l'impression de ne rien connaitre tout en s'y sentant en parfaite sécurité.
Pourtant, au loin, à une distance que n'auraient su définir ses yeux imaginaires, des formes bougeaient. Au travers d'un voile opaque et lumineux, semblable à des nuages qui progressaient paresseusement dans le néant, l'homme pouvait entrapercevoir des silhouettes. Il arrêta sa progression dans le vide, ou du moins en eut-il l'impression. Les formes bougeaient, s'échinaient. Comme si il avait été au travers d'un écran. Mais qui donnait sur quoi, sur qui ? Il n'en avait aucune idée. Un gosse. Un grand gaillard semblant manier une arme incongrue. Plusieurs autres formes humaines s'approchant, se reculant, courant, sautant. Chassées par quelque chose. Quelqu'un.
- Qui sont-ils ? Que font-ils ?
Encore une fois, aucune réponse. Il oublia bien vite avoir posé sa question. Le peu de présence mentale qu'il parvenait à concentrer en ces lieux s'évaporait assez vite, comme neige au soleil. Il luttait doucement pour rester présent, rester là. Exister. Pourtant, contrairement à ce qu'on aurait pu attendre de lui, il ne plaçait aucune conviction dans ce combat. Ce poison délicieux qui emplissait sa psyché, l'enfermant dans un déni dont les barreaux n'étaient même pas visibles, venait de l'intérieur. Il était en proie à la plus belle forme de fuite qui fut. Coupé du reste de ce qui existait, enfermé dans ce monde imaginaire tandis que son corps répandait la destruction. Comme si, quelque part, quelqu'un l'avait mis sous les verrous pour l'empêcher d'intervenir. Sauf qu'il n'en avait même pas conscience... pour lui, tout ce qui se passait ici était normal. Pour cause : il n'avait aucune idée de ce qui était normal ou non, dans cet état second qui le rendait amorphe.
- Je suis fatigué...
Comme pour exaucer un vœu latent, ses paupières irréelles s'alourdirent. Il ne bailla pas, ne pipa mot. Il ferma juste les yeux et scella ses lèvres, laissant son enveloppe éthérée s'alléger, se détendre. Puis il se remit à flotter vers une autre destination inconnue, vers d'autres temps, d'autres lieux, tandis que ses responsabilités s'accumulaient dans la peur et le sang.
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Jeu 15 Fév - 11:15
Effacé.
Jusqu'à quel point était-il possible de fuir la réalité ? Une question intéressante. L'être humain, merveille de diversité et de potentiel, allait de paire avec une psyché à la profondeur encore insondée, capable de produire des miracles comme le pire des poisons. Alors, dans quel cas se situait Heziel, actuellement ? Nul n'aurait su le dire, surtout pas lui. Déconnecté de son corps, perdu dans un monde qu'il ne reconnaissait pas, il se pensait en réalité libre de toute contrainte... sans aucun bénéfice à en retirer, cependant. Après tout, il ne se souvenait même plus de son propre nom. Ce qui, de son point de vue, n'était qu'un long voyage apaisant et sans limites dans la lumière était en réalité une prison dorée dans laquelle son esprit avait fini par le confiner afin de le protéger, le préserver des horreurs qu'il était en train de commettre auprès de ses compagnons. Cependant, quelque part au fond de lui, à son insu, il tentait de se réveiller... en témoignaient ces formes qu'il apercevait parfois sporadiquement au loin, ces mimes des mouvements de son équipage à l'extérieur alors qu'il était engagé dans un combat sans merci.
Il n'aurait su dire combien de temps cet état se prolongea. Des heures ? Des jours ? Des mois, voire des années ? Pourtant, il n'était pas en proie à l'ennui, ou encore à la solitude. C'était comme être sous anesthésie, mais dans une autre forme de conscience qui était tout à la fois plus concrète dans ses ressentis et plus effacée dans son rapport à soi. Comme si il était incomplet... une incomplétude qui, pourtant, ne le dérangeait absolument pas, au contraire. Mais tandis que son voyage se poursuivait, tandis qu'au dehors Kain s'était déchaîné pour frapper de toutes ses forces la créature qui avait pris sa place, tandis que le Juggernaut relâchait peu à peu son emprise sur son esprit, la douce chaleur qui l'enveloppait se fit peu à peu froid éreintant. Tandis que la poigne nébuleuse de sa colère glissait doucement dans l'oubli, la lumière vive et brillante perdit de son éclat, jusqu'à devenir faiblarde, lunaire. Il commença à ralentir, cessant peu à peu d'avancer, jusqu'à arriver à une immobilité étonnamment peu rassurante. Il observa autour de lui, tandis que les ombres se faisaient plus proches, plus précises. Il se souvint alors. Peu à peu, les choses lui revenaient, comme si on avait ouvert une valve quelque part au fin fond de son hippocampe.
- Heziel Coffe...
Oui... Heziel Coffe. Il était... il était pirate. De... East blue ? C'était confus, mais bien là. Ça lui revenait peu à peu, alors même que la rage retournait dans un sommeil profond, tel une rivière déchaînée retournant dans son lit. Il lui sembla avoir mal à la tête, mais pour la première fois depuis qu'il était entré dans cet état, il su instinctivement que ce n'était qu'une impression. Impression qui ne l'empêcha pas de se masser les tempes... l'équipage, oui. L'équipage du Borgne. Il était membre de l'équipage du Borgne. Le flux de souvenirs s'accentuant alors qu'aux abords de la ville de Londo, le colosse titubait dans ses derniers pas, s'écrasant finalement, commençant à perdre connaissance à son tour. Londo. Sobel. Ils étaient venus ici pour faire escale, et... il avait... il avait du...
- Non ! N'approchez pas !
Soudain, il écarquilla les yeux en se rappelant de ce qu'il faisait ici. Comme un geyser, sa mémoire lui revint en un bloc douloureux de données aussi bien sensorielles que cognitives. Son corps cessa de flotter, la lumière se fit encore plus froide et glauque autour de lui. Qu'avait-il fait ? Des fragments commençaient à l'assaillir, des visions d'horreur qu'il n'aurait jamais cru voir que dans ses cauchemars. Il avait... impossible ! Puis il tomba. D'un coup d'un seul, il cessa de flotter. Sa descente fut si rapide, si prenante, si terrifiante qu'il voulut crier. Son cri mourut dans sa gorge alors qu'autour de lui, tout disparaissait. Ce monde de fantaisie, ce cocon dans lequel son esprit avait été placé par la douleur et l'envie d'en finir. Les nuages désormais noirs et mesquins volaient en éclat, la nuit reprenait ses droits et l'abysse en contrebas n'attendait plus que lui. Se recroquevillant durant sa chute, Heziel aurait voulu que tout cela s'arrête.
Néanmoins, la vie risquait de rapidement lui apprendre que ce genre de chose gravée dans son être ne l'abandonnerait plus jamais.
Il perdit totalement connaissance alors que son corps humain faisait à nouveau apparition, dans le cratère creusé par la monstruosité qu'il était quelques instants plus tôt.