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Dim 11 Mar - 2:09
[Flashback ] Le jour où j’ai rencontré cette fille
Episode Spécial
Ce qui s’est passé ce jour-là, je n’arrive toujours pas y croire tellement cela semblait irréel. La journée avait pourtant bien débutée, peu de patient et une matinée radieuse, peu de neige et beaucoup de soleil. J’avais contacté Beth pour lui proposer de dîner ensemble et je vis à l’expression qu’affichait l’escargophone que mon idée lui plaisait. Aussi, je me rassis dans mon fauteuil avant de saisir le dossier de mon prochain patient : le jeune Othello, dernier de la famille Norbert. Il était moins docile que ses frères, mais ça viendrait avec l’âge. Onze heures pile, avec son élégance habituelle, Carla entra dans mon bureau pour m’annoncer que Mme Norbert était là, ponctuelle comme d’habitude. Elle serrait le petit Othello dans ses bras, avec son large sourire et me tendit sa main droite pour que je la salue – ce que je fis, naturellement. Après tout, son fils était maire de la ville – et nous prîmes place. Othello était là pour sa visite mensuelle. Hormis quelques problèmes de digestion, il n’avait rien, mais Mme Norbert m’assurait qu’il avait eu un accident et que ses os étaient peut-être brisés. Je fus donc contraint à effectuer une analyse supplémentaire, dont je connaissais déjà le résultat.
C’est alors qu’un brouhaha émana de la salle d’attente. D’après ce que j’avais cru comprendre, une personne venait d’entrer dans la pièce. De l’autre côté de la porte, je pouvais entendre la voix de Carla s’intensifier. Elle avait apparemment affaire à une personne peu commode. Mme Norbert, agacée par toute cette agitation, me demanda ce qu’il se passait. Je lui répondis avec le plus grand calme qu’il n’y avait aucune crainte à avoir, c’était sûrement un client mécontent comme cela arrivait de temps en temps. Pourquoi fallait-il que ce genre de problème arrive maintenant, au moment où je recevais l’une de mes meilleures clientes ? Mon rythme cardiaque s’intensifia légèrement et j’espérai que Carla règle le problème le plus rapidement. Soudain, malgré les cris de mon assistante, ma porte s’ouvrit dans un grand fracas et une jeune femme déboula dans la pièce, accompagnée d’un étrange partenaire.
- Qu’est-ce que c’est ! Fit Mme Norbert, indignée
- Navrée docteur, je lui ai dit que vous étiez occupé mais elle…
- C’est vous, le Dr Tpiloca ? Aidez-moi ! Ma chauve-souris est blessée ! Cria-t-elle, paniquée
- Euh… Je… Mais vous ne pouvez pas…
- S’il vous plait ! Golbat est mon ami ! Je payerai tout ce qu’il faudra s’il le faut, mais sauvez-le, je vous en conjure ! Implora-t-elle, sur le point de fondre en larmes
Cette situation était vraiment surréaliste. A ma droite, Mme Norbert s’était lancé dans un long monologue sur les bonnes manières et le respect d’autrui. Elle hurlait carrément sur la jeune fille à l’entrée précipitée et critiquait sa tenue vestimentaire qu’elle trouvait carrément vulgaire. Dans ses bras, Othello n’arrêtait pas d’aboyer, il était comme cela depuis qu’il avait aperçu la chauve-souris inconsciente sur le dos de la jeune demoiselle. Regrettant de s’être levée se matin, Carla, mon assistante, essayait tant bien que mal de calmer les ardeurs des Norbert. Enfin, de mon côté, debout derrière mon bureau, je fixais cette jeune femme droit dans les yeux depuis son arrivée, la bouche légèrement entre ouverte, tant la situation me dépassait… La scène perdura ainsi un certain temps – une poignée de secondes, quelques minutes ? A vrai dire je n’en savais rien – jusqu’à ce que Mme Norbert m’interpelle.
- Enfin Docteur ! Ressaisissez-vous ! vous n’allez tout de même pas accepter cette jeune dévergondée, venue de nulle part, qui fait irruption dans votre cabinet sans même avoir pris rendez-vous au préalable ! S’indigna Mme Norbert, tandis qu’Othello continuait d’aboyer.
Elle avait raison, cette fille n’avait rien à faire là. Son animal était peut-être en danger, mais elle n’avait pas à débouler ainsi dans la pièce. Qui plus est, elle avait dépassé tous les autres clients qui patientaient dans la salle d’attente. Même si son cas était urgent, je n’étais qu’un simple vétérinaire, si tout le monde devait enfoncer les portes dès que son animal était blessé, ça n’irait pas. Et puis son accoutrement … Elle avait des vêtements assez courts, un bandeau avec une tête de mort et un sabre ! Son magnifique visage jurait avec ses vêtements, mais on pouvait aisément douter de la véracité de ses paroles. Dans tous les cas, elle était étrangère, étonnant qu’aucun garde ne l’ait interpellée durant son trajet depuis le port. Portant un bref regard vers Mme Norbert, la demoiselle m’empoigna le bras avec fermeté.
- Ecoutez, vous êtes une sorte de médecin, non ? Votre devoir c’est de sauver des vies, n’est-ce pas ? Alors je vous en conjure, faîtes quelque chose pour Golbat, je ne peux pas supporter de le voir souffrir ainsi ! Je vous en serai éternellement reconnaissante. Supplia-t-elle en s’adressant également aux Norbert, qui détournèrent la tête.
Son regard, il avait une telle intensité… Elle avait l’air jeune, mais dégageait tellement de volonté. Je ne pouvais tout simplement pas l’ignorer. Sans pourtant qu’elle le sache, elle venait de toucher là un point sensible. Lorsque je n’étais qu’une jeune garçon, j’avais un lézard nommé Raxtus, que je chérissais plus que tout. Il est un jour tombé gravement malade et le vétérinaire chez qui on l’avait alors amené nous avait dit qu’on ne pouvait rien pour lui… Je réalise maintenant que c’est probablement la raison qui m’a poussé à entreprendre ce genre d’étude. Oui, je voulais soigner les animaux, sauver des vies, toujours me donner au maximum pour qu’aucune bête ne soit délaissée… Comment en étais-je arrivé à ce stade alors ? Au point où j’hésitais entre l’argent et la vie de l’animal, non, du compagnon de cette jeune femme… Je ne me reconnaissais plus, où était donc passé ce jeune étudiant en médecine plein d’ambition et de volonté. Cette vie était-elle réellement celle dont j’avais envie ? La réponse m’apparut alors clairement lorsque cette femme, comme si elle avait à l’instant lu dans mes pensées, m’adressa un sourire plein de bonne volonté… Oui, je pouvais l’aider et j’étais le seul ici à pouvoir le faire.
- Suivez-moi ! Dis-je subitement en empoignant une paire de gants blancs.
Délaissant complètement Carla et Mme Norbert, je me dirigeai vers la salle d’à côté pour y ausculter le dénomé Golbat. Il présentait une inquiétude trace de morsure sur son aile droite. Elle n’était en soi pas mortelle pour l’animal, toutefois, les yeux livides de ce dernier laissaient entendre qu’il avait probablement été empoisonné via la morsure… Les choses se compliquaient. Cette morsure m’était évidemment bien connue, ces trous dans l’aile du mammifère volant étaient caractéristiques des serpents des mers, rodant près des côtes au sud de l’île. Que diable étaient-ils allé faire de ce côté de l’île ? Tout le monde sait pourtant que c’était un endroit dangereux. Heureusement pour eux, je possédais l’antidote au poison de cet animal. Je désinfectai donc la blessure de l’animal après lui avoir administré le contrepoison, il fallait juste espérer qu’il ne soit pas encore décédé. Ce qu’il nous confirma quelques secondes plus tard, lorsque sa fièvre retomba brusquement. La chauve-souris voleta dans toute la pièce, saine et sauve, pour la plus grande joie de sa maîtresse. Elle me tendit alors une liasse de Berry et je me souvins du sentiment que j’avais éprouvé lors de ma première grande opération…. Sur le coup, je m’étais senti comme l’homme le plus utile du monde, sentiment que je venais encore d’éprouver à l’instant et que j’avais perdu de vue ces vingt dernière année. Tout médecin devrait se sentir utile en permanence, sans avoir à demander quoi que ce soit en retour, c’était mon point de vue en tout cas…
Apparement alertée par un client mécontent, la Marine débarqua à son tour dans le bâtiment, à la grande joie de Mme Norbert. Alarmée par leur venue, la jeune femme s’éclipsa aussi rapidement qu’elle était venue, non sans m’adresser un dernier regard bienveillant… Je n’oublierai décidément jamais le jour où j’ai rencontré cette fille.
<°(((><
- Je vous-ai posé une question Dr Tipolca, que s’est-il réellement passé à votre clinique ce jour-là, qui était cette femme décrite par votre assistante et Mme Norbert ?
- Oh… A vrai dire, le secret médical m’interdit divulguer ce genre d’information, mais tout ce que je peux vous affirmer, c’est qu’elle a changé ma vie… D’ailleurs dorénavant, cet endroit n’est plus ma clinique, je vais quitter cette île et entreprendre un grand voyage…
- Vous n’y pensez pas docteur, nous avons besoin de vous ici, les vétérinaires ne courent pas l’océan ces temps-ci vous savez ?
- Foutaise, une ville comme celle-ci trouvera bien un nouveau vétérinaire, moi je vais aller là où l’on a réellement besoin de moi. Sur ce, je vous dis adieu sergent.
Mon cinquantième anniversaire, n’était-ce pas là le jour ideal pour commencer ma nouvelle vie ?