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Dim 11 Mar - 22:36
Le paradis des centenaires
1 : la liste
On pouvait expliquer le succès des pizzas végétariennes à Acciaroli par deux critères : leur prix et la particularité de ses consommateurs. L'île de Senex était un coin paisible, peu fréquenté par les voyageurs en raison du temps considérable nécessaire au log pose pour se recharger et du... manque d'animation. Un trou perdu en somme, sur lequel étaient disseminés ça-et-là des hameaux de maisons, "village" étant trop disproportionné pour les décrire. — Je cherche monsieur... Elle fit une pause, le temps de retrouver le nom exact dans le document. Bucciarati, Bruno Bucciarati. Vous savez où je peux le trouver ? — Bruno ? Sa maison se trouve dans cette direction, près de l'étang. Mais à cette heure-ci il doit probablement déjà dormir.
La viande coute cher; surtout si elle est rare et que le seul hameau à en vendre n'est pas capable d'en produire en quantité suffisante pour l'ensemble de l'île. La majorité des habitants d'Acciarioli s'en passait au quotidien pour n'en consommer qu'à quelques rares occasions comme la fête du village d'aujourd'hui par exemple. — Vous lui voulez quoi à Bruno ? Je le connais plutôt bien. — Ah oui ? Vous êtes un membre de sa famille ?
Parmi ses 800 consommateurs de pizzas ; soit la population d'Acciaroli, 87 d'entre eux avaient plus de cent ans. Se présenter chez Fabio, le gérant de la pizzeria locale, pour un poste de livreuse était une couverture idéale pour enquêter sans éveiller de soupçons. La gazette que Zora tenait sous le bras avait consacré une page entière à ce fait exceptionnel, listant notamment les noms de ces fameux centenaires. Une histoire exceptionnelle qui donnait matière à réfléchir : pour quelles raisons cet endroit contenait une telle concentration de personnes agées et en bonnes formes ? La réaction intuitive du lecteur face à une telle information était l'interrogation, rapidement suivie par une phase de doute. — ... Et puis surtout, je l'ai vu chier ! C'est-à-dire que j'étais là, à le regarder dans les yeux pendant qu'il chiait, le genre d'expérience qui crée un lien indéfectible. Je veux dire, tu ne peux pas faire plus intime que ça, pas vrai ? — Ou... ouais... ?
C'était pour éclaircir ce doute qu'elle avait fait le déplacement et pas une énième mission de la Révolution. Leur contribution s'était limitée à l'Eternal Pose vers Momorio pour le trajet de retour, quelle misère. Malheureusement ses premières heures d'enquête n'avaient fait que renforcer ses soupçons. En effet, elle avait rapidement fini par apprendre que Geraldina Bolini, présumée centenaire agée de 112 ans d'après l'article était en fait morte depuis au moins une dizaine d'année. Zora avait déjà perdu une matinée entière à tenter de la localiser, pour finalement retrouver un corps en fin de décomposition à l'arrière d'un cabanon isolé au milieu d'un champ. — On parle, on parle, mais je vais devoir vous laisser sinon je vais rater le début du bingo. — Le bingo ?
Le vieil homme lui tendit un dépliant en guise de réponse. La fête annuelle du village commençait par une soirée bingo organisée pour les seniors d'Acciaroli et les environs, dans la salle des fêtes à 17h30. — J'ai des pizzas en trop, ça devrait les intéresser.
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Harlock Zora
Karim Ookami
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Ven 23 Mar - 11:42
Il était bourré. Encore. À vrai dire, c'était ce vieux con de charpentier qui l'avait fait boire jusqu'à ce que sa gorge soit aussi asséchée qu'une citerne trouée. Il titubait dans les rues, agressant du regard ceux qui osaient le défier. Parfois un humain, parfois un animal, et parfois même un objet prenait pour son grade. Les foudres de l'Ookami étaient si incohérentes que lorsqu'il s'effondra au milieu de la rue, seuls quelques sourires un peu moqueurs vinrent cueillir sa maladresse, et on le laissa là.
Il se réveilla quelques heures plus tard. Il avait ronflé tout du long, mais la journée touchait à sa fin. Il était temps d'aller dans les bars, se dit-il en plongeant une main dans ses poches vides. Un petit grognement : il n'avait plus de sous. Il allait falloir qu'il fasse la manche... Enfin du moins, c'est ce qu'il avait prévu de faire, comme il lui arrivait d'emprunter sans rendre ou de boire et d'oublier de payer, mais un étonnant bâillement vint cueillir son envie de se fouler.
Levé, il sentit le vent qui se portait contre son corps à moitié nu. Il avait perdu son tee-shirt ? Il s'était endormi avec pourtant... Et merde, on le lui avait retiré. On avait aussi du lui voler ses derniers berrys.
- Oh, jeune homme, que faîtes-vous ici ?
Il tourna la tête et fronça les sourcils. C'était un vieillard qui venait de lui adresser la parole, enfin, un gars bien bâti avec la cinquantaine bien tassée. Il avait le regard moqueur et la tape dans le dos de l'homme-loup finit de faire grommeler ce dernier qui s'écarta pour partir. Quand son regard se porta alors sur le sol, il put voir sous son pied un papier froissé. Il le prit et observa avec intérêt son contenu. « Bingo »... Est-ce que ça lui permettrait d'obtenir de l'argent ?
Un sourire s'érigea sur son visage tandis qu'il prenait l'affiche à pleines mains. Il se tourna alors vers le vieil homme qui comprit la raison de ce soudain gain d'intérêt : il avait affaire à un expert en Bingo, de toute évidence ! C'était une très bonne chose, puisqu'il allait pouvoir prendre ce poulain sous son aile.
- Tu veux venir jouer avec moi ? - Ouais ! Allez, le vioque, on y va !
Il était enjoué, et si la présence d'humain le débectait, il pouvait l'outrepasser pour se procurer de l'alcool. Lorsqu'il fut amené au Bingo, il fallait savoir qu'il n'avait aucune idée de l'île sur laquelle il se trouvait. Karim avait été amené ici par un vieil homme charpentier, un contremaître qui semblait vouloir s'amuser un peu et l'éloigner de cet atmosphère étouffant qu'était la pression des docks de Water Seven. Quand on était en conflit avec la majorité de ses collègues... Mais de toute évidence, pour le vieillard, Karim était un peu le reflet de sa propre image quand il était jeune.
Arrivant bientôt au bingo, le natif de l'île et l'homme-bête firent belle impression. D'un coup de pied énergique, il défonça la porte en bois qui le menait à l'intérieur de la salle de bingo. Il était 17h20.
Karim Ookami
Harlock Zora
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Dim 10 Juin - 16:36
Le paradis des centenaires
2 : marketing
Son recrutement en tant que livreuse s'était déroulé en un éclair. Fabio Pluto, le responsable, était un homme simple. Afin de s'adapter à la configuration particulière de l'île, il avait opté pour un modèle de restauration plutôt original : la restauration sans restaurant. Vivant dans une ferme perdue aux milieux des vastes plaines de l'île, il avait transformé l'une de ses granges en gigantesque cuisine. — Oui allô, Fabio ? C'est Zora. Je viens de voir une affiche pour la fête d'Acciaroli, ça m'a donné une idée !
Sa femme et lui-même passaient leur journée à réceptionner les commandes par escargophones, puis à transmettre des instructions à l'équipe en cuisine. L'idée de génie de Fabio fut d'avoir recours à la jeunesse local pour faire livrer ses plats. A la suite d'un bref entretien au cours duquel il se voyait poser des questions tout ce qu'il y avait de plus banal — "Quel est votre groupe sanguin ? Êtes vous carnivore ? Quand vous êtes-vous rasé pour la dernière fois ?" — chaque livreur était ainsi envoyé aux quatre coins de l'île selon les commandes. Leur salaire, directement versé à la fin de chaque journée de travail, dépendait directement du nombre de livraisons effectuées. — ... Certes, mais imagine, tous ces vieux incapables de se déplacer ça te ferait une nouvelle clientèle ! rétorqua-t-elle avec vigueur en feignant l'enthousiasme.
Fabio n'était pas jouasse à l'idée de distribuer des pizzas gratuitement, mais il se laissa convaincre par les arguments de sa nouvelle livreuse. Cette publicité lui couterait dans un premier temps, mais le retour sur investissement compenserait amplement cela, il en était certain.
[...]
Il n'était que 17h20 et pourtant les nombreuses tables disposées dans la salle étaient déjà presque remplies. Ils sont ponctuels ici, tiens. J'en connais qui devraient en prendre de la graine. A son inscription, chaque participant se voyait remettre un numéro, lui indiquant par la même occasion la place à laquelle il serait assigné durant la partie. Les joueurs seraient par la suite libre de se déplacer ou bon leur semblait durant la suite de la fête. — Bonjour, tenez, une pizza végétarienne de Chez Fabio, n'hésitez pas à commander chez nous ! annonça-t-elle d'une voix enjouée au duo qui venait de franchir les portes.
Son plan était simple : distribuer son stock d'invendus à ceux qui franchiraient la porte, jusqu'à ce que le bingo commence. Une démarche que ne semblait pas apprécier l'organisatrice de l'évènement qui n'avait eu de cesse de lui jeter des regards noirs. Mais peu importait, avec ces deux dernières pizzas elle écoulerait ses réserves et cette petite opération marketing serait un franc succès. — Bien Bien Bien ! Bonsoir à tous ! Ce bingo est parrainé par la boucherie William qui nous a fait grâce du prix de cette année.
De l'autre côté de la scène, une majestueuse vache fit son apppiration.
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Harlock Zora
Karim Ookami
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Ven 22 Juin - 14:23
Ça sentait mauvais. En général, les vieilles personnes puaient à cause des produits d'entretien qu'on leur imposait. Une chose en amenait une autre, on leur proposait de talquer leurs fesses comme celles des bébés ou de gérer leurs incontinences avec des couches qu'ils oubliaient parfois de changer plusieurs jours d'affilés. Cet endroit était pire qu'une épave, et quand l'Ookami entra dans la salle, une salle des fêtes peut-être, il eut le reflux des odeurs qui lui arriva en plein nez, comme une vengeance pour la porte qu'il avait violemment ouverte. Il se pinça le nez et observa le vieillard bien bâti qui s'avançait sans s'en soucier. Ces humains n'étaient même pas propres ! Au moins, chez les hommes-loups, on savait se laver quand le besoin s'en faisait sentir, ou alors quand on était vieux et que l'on n'avait rien à transmettre, on savait se laisser mourir rapidement...
Un fardeau pour la clan n'était après tout qu'un fardeau de plus pour les soldats. Seuls ceux qui représentaient un intérêt stratégique étaient gardés. L'Ookami avait été élevé dans cette mentalité mais n'en retirait qu'une seule chose : les vieux humains étaient bien plus faibles que les vieux hommes-animaux. Ils étaient aussi bien plus nombreux...
- Je vais te présenter à mes am... Oh, des pizzas, viens voir !
Le loup se dirigea avec la plus grande des flegmes vers la vendeuse de pizza. Elle était de là ? Elle avait l'air de puer un peu moins que les autres. Par contre, sa bouffe ? Une horreur ! Il sentit l'odeur des légumes qui émanait de cette spécialité de Chez Fabio. S'il avait pu faire une remarque désagréable sur l'inutilité de l'existence d'un tel met aussi peu ragoûtant, il n'en eut pas le temps : l'organisatrice qui jetait des regards noirs vers le petit attroupement annonça la présence de la vache. Les sourcils froncés, l'Ookami ne s'attendait pas à des réactions aussi excités de la part des vieillards.
- Une vache ! Quelle bonne idée, renchérit le cinquantenaire que le loup accompagnait. - Vous êtes bizarres.
La sanction de Karim était assez immédiate. Il n'avait pas sa langue dans sa poche et s'il trouvait les campagnards étranges, il n'était pas au bout de ses surprises. Quelques petits sourires et rires vint accueillir sa remarque, comme si c'était lui l'anomalie dans cet événement... Et à vrai dire, s'il devait être là pour obtenir de quoi se payer ses bières, il se dit que vu l'intérêt qu'ils avaient eu pour la vache, il trouverait bien un moyen de l'échanger contre un bon tonneau de bière rempli à ras bord.
Il alla donc s'installer aux côtés du cinquantenaire. Lorsqu'il observa tout le monde s'agiter, et quelques personnes déguster les pizzas et lui proposer des parts comme à un poupon qui ne mange pas assez. Il refusa bien évidemment : pas assez de viande sur ces morceaux de pizza. Perdu dans ses pensées, il finit tout de même par demander à la personne à ses côtés :
- Comment ça se joue le « Bingo » ?
Il n'allait pas vraiment s'y intéresser, mais s'il pouvait comprendre les règles, il aurait déjà plus de chances de gagner. Quelques rires cette fois-ci moqueurs d'une jeunesse qui ne connaissait plus rien, et un ou deux regards outrés plus tard, il se demanda s'il n'aurait pas mieux fait d'aller se bourrer et de partir sans payer... Bah, il représentait quand même son contremaître ici, il valait mieux qu'il se tienne à carreau pour éviter de donner mauvaise réputation à son dock. Ses mains déjà écharpées montraient par ailleurs qu'il était charpentier, ce que ne manquerait pas de remarquer un peu plus tard une vieille dame aux intentions bien flagrantes et peu charitables.