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[FB] Graine verte sur une terre noire (Ft Erwin)
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Kanäe Toupex
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Lun 2 Juil - 11:13
Une terre noire

A un instant elle se trouvait sur l’île de Powder Island, la seconde suivante, à peine avait-elle pensé aux rivages de son île natale que la mer visible depuis ceux-ci se matérialisaient devant elle. Dos à la forêt caractéristiques de sa belle Noréa, la maudite du scorpion fut prise à la gorge par le spectacle qui s’offrait à elle : l’océan de GrandLine. Ce paysage-là n’avait pas changé d’un pouce, identiques au jour où elle avait quitté l’île pour rejoindre le monde. Les quelques récifs étaient là, bien présent et toujours identiques, la plage n’avait pas changé, elle était la même, toujours aussi belle et agréable. Les vagues elles-mêmes semblaient s’être figées pendant plus d’une dizaine d’année en attendant le retour de la fille de cette terre esseulée dans un coin de la mer des périls. Sous le coup de l’émotion, Kanäe saisit instinctivement la main du roux qui se tenait à ses côtés, sans même faire attention que son amie les avait suivi ici, et articula quelques mots entre deux sanglots.

C’est Noréa, je suis née ici.


Ses larmes mêlaient un profond sentiment de joie, celle de retrouver la terre de son clan, une véritable appréhension, née des derniers mots d’une chasseuse de prime et une profonde tristesse : il s’agissait aussi de la terre où elle avait rencontré Norok. La bête ailée, morte depuis peu, lui manquait atrocement et fouler le sol de la terre où ils s’étaient affrontés, où il l’avait attendu et où ils s’étaient retrouvés avait finalement ravivé tous ses souvenirs douloureux. Serrant un peu plus la main du leader de l’inquisition, la maudite sécha ses larmes et profita encore de ce magnifique paysage maritime, sans même faire attention à ses deux acolytes qui s’étaient peut-être retournés ou peut-être pas. Alors, prenant une grande bouffée qu’elle imaginait d’air frais, la Zoan remarqua quelque chose qui lui était alors passé à côté de la tête : l’odeur qui régnait en ces lieux.

Pourtant en extérieur, et face aux embruns de l’océan, une odeur pestilentielle se laissait sentir qu’en arrière-plan et ne sautait finalement au nez que lorsque l’on y prêtait véritablement attention, du moins dans cette position encore proche des flots. Ayant évolué depuis son départ, et ayant combattu à de nombreuses reprises, la femme-scorpion ne prit que peu de temps pour reconnaitre certaines des odeurs. Sang, mort et pourriture, il y avait là des senteurs qui n’inspiraient que la terreur et la peur au cœur de la native des lieux. Les mots de la chasseuse de prime, définissant son île autrefois verdoyante comme une terre lugubre et sombre, résonnèrent finalement à l’esprit de la Toupex et lui arrachèrent un cri de douleur. Réveillé par la tristesse de sa titulaire, son haki de l’observation refaisait à nouveau surface pour obliger sa victime à plier le genou et pour l’empêcher de regarder l’île qui l’avait vu naître. Prenant alors quelques instants pour s’habituer aux migraines horribles, Kanäe finit par réussir à se redresser, avec une possible aide extérieure, et par voir le paysage de son enfance. Elle avait chassé dans ces arbres, appris l’herboristerie grâce à ces plantes, s’était nourrie de la chair des animaux de cette terre et s’était réchauffée grâce à leur peau. Elle était née, avait grandi, était devenue une jeune femme sur Noréa. Alors enfin, lorsque ses yeux verts se posèrent sur la forêt où elle avait vécu, son visage se fendit d’un rictus de terreur ; sa terre natale, elle ne la reconnaissait tout simplement pas.

Parmi les éléments du décor, quelques-uns lui semblaient vaguement familiers : un rocher marqué de quelques coups de lame et recouvert de mousse, un arbre spécial qui avait encore un peu grandi depuis le temps, un petit dénivelé au sein de paysage forestier ; oui, elle avait évolué ici mais … le reste. Les arbres n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Autrefois verts et touffus, les troncs étaient maintenant grisâtres et les branches ne comportaient presque plus la moindre feuille. Partout dans les cimes s’étendaient de gigantesques toiles d’araignées aux proportions démesurées et qui sillonnaient apparemment l’île de part en part. Les troncs étaient creusés par la faim, ouverts par endroit, maculés de sang séché. Au sol, l’herbe était piétinée et parsemée de squelettes de bêtes diverses et de leur sang ayant tâché le peu de verdure que l’on pouvait encore trouver. La majorité des dépouilles n’avaient plus la moindre parcelle de chair et tout présentaient des traces profondes dans les os, preuve que le prédateur avait des crocs ou des griffes particulièrement efficaces et profondes.

Puis, parmi les différentes bêtes ayant vécu ici, Kanäe reconnut la morphologie de l’un des tas dos. Il s’agissait là d’un ensemble osseux qui représentait véritablement quelques choses pour l’herboriste, un corps qu’elle avait pu étreindre un grand nombre de fois, qui l’avait sauvé et qu’elle avait sauvé également, celui de son Norok, celui d’une chauve-souris géante. Voir la dépouille mortelle d'une telle bête la ramena encore quelques jours en arrière, le jour de la disparition de son fidèle ami. Elle n'avait pas été là, pas présente pour l'accompagner dans son dernier voyage. Bien que cela n'aurait rien changé, elle s'en voulait de n'avoir pu lui dire adieu correctement. Alors, se penchant sur les ossements de ce compatriote décédé également, Kanäe apposa une main douce sur le crâne poli du prédateur et ferma les yeux quelques instants. En pensée, elle adressa un ultime message à son compagnon de route, à ceux de sa race qui avaient perdu la vie ici, sur Noréa. Puis, elle se redressa et se tourna vers ses deux compagnons de l'heure.

Dans ses yeux, toute trace de nostalgie avait disparu et seules restaient de la colère et de la détresse. La chasseuse de prime avait dit vrai, son île n’était plus la terre qu’elle avait connu et deux races s’affrontaient donc.

La chasseuse prime m’a dit que les chauves-souris géantes étaient aux prises avec des arachnides. L’île n’est plus la même, j’imagine qu’elles en sont la cause. Vous pouvez partir si vous le souhaitez, tous les deux, moi je dois rester et aider la race de Norok, je lui dois bien ça. Si l’île n’est pas encore perdue, je dois la sauver.


Le regard empli de détermination, la traitresse était prête à en découdre, elle comptait bien massacrer les arachnides sans la moindre pitié. Ces saloperies avaient causé la perte de Noréa, elle serait leur fléau.
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Mar 3 Juil - 23:18
Graine verte sur une terre noire [1]

L’espièglerie dont avait fait preuve Louise démontrait deux choses : elle ne connaissait pas le fonctionnement du fruit de la téléportation, et elle cherchait définitivement quelque chose. Avant même d’observer l’endroit dans lequel ils étaient apparus, le rouquin jeta un regard suspicieux à son amie d’enfance. Il trouvait ça très suspect cette manière qu’elle avait eu de s’attacher à lui au dernier moment pour participer à leur petit voyage… Mais ne releva pas. Il ne releva pas, car il avait peur de tirer une vérité de ses constatations, et si l’horreur existait dans l’irréel, ce n’était que dans le concret qu’elle prenait une forme bien définie : celle de la perte, de la trahison ou de la peur. Ainsi, tant qu’il se berçait de douces illusions, la présence Louise était une bénédiction et une possibilité de racheter ses pêchés : celui de l’avoir laissé voguer sur les mers, d’avoir fui son amitié et son meilleur ami.

Quand enfin il quitta cet état de léthargie dans lequel de brèves secondes s’étaient écoulées, il concentra son attention sur la constatation de Kanaë puis partagea avec elle l’émotion que ce paysage lui faisait ressentir. La mer était sublime. Les vagues, clémentes, n’étaient pas assez hautes pour menacer quelconque embarcation. La plage déserte semblait accueillante et bienveillante. Pourtant, pas un chat, pas âme qui vive, comme si quelque chose avait disparu. Avec l’idée qu’il pourrait y trouver des réponses pour sa sœur, le jeune homme imaginait qu’il y avait de quoi se prélasser quand ils voudraient revenir en vacances, quand ils en auraient.

- C’est un bel endroit.

Il serra la main de la jeune femme, tandis que celle-ci semblait constamment recluse dans ses pensées mélancoliques, au point d’en verser une larme qu’il accueillit d’un sourire apaisé. Son ami, mort au combat, était né ici certainement. Aujourd’hui, il n’était plus qu’un souvenir qui éveillait quelques émotions. Pleurer était une partie du deuil après tout. Inspirant légèrement, le jeune homme finit par sentir la même odeur pestilentielle que sa sœur. Un terrible présage dans un endroit aussi clairsemé. Se figeant, il saisit toute l’horreur de la situation : ce n’était pas seulement mauvais, c’était un paysage misérable qui trônait dans son dos.

- Qu’est-ce que…

Les troncs d’arbre, la misère végétale, tout contrastait avec la plage et ses environs très proches. Il avança un pas comme pour briser une illusion dont il aurait pu être pris, mais cet endroit n’était pas le genre d’endroit qui relevait de l’imaginaire. Il était ancré dans une dure, sordide et malfaisante réalité. Quelque chose était anormale, même pour quelqu’un qui n’était jamais venu. Le visage froid et inexpressif de Louise détaillait chacun des éléments du décor, avec l’unique idée que tout pouvait être sujet à danger ici. Cette île était dangereuse.

Avançant, le jeune homme se figea en observant le champ de squelettes devant lui. Il déglutit fortement, comprenant qu’il s’agissait de ceux d’animaux. S’il fut à moitié soulagé, il se rappela tout de même qu’il s’agissait de l’espèce dont faisait partie Norok. Puis, comme une vague d’émotions déclenchée par son Haki, le rouquin sentit la colère de sa sœur. Il déglutit discrètement en sentant que les choses risquaient de dégénérer rapidement s’il ne parlait pas avec elle… Et finalement, ce furent les paroles de cette femme au fort caractère qui tirèrent le rouquin de sa nouvelle léthargie.

- Je reste, dit-il simplement.

Louise acquiesça discrètement et se contenta de se diriger vers des troncs d’arbre pour en tirer quelques toiles d’araignées. Elle fit d’une voix sèche mais analytique, la première que le rouquin entendait depuis un long moment :

- Les toiles ne sont pas empoisonnées. Ces araignées doivent se servir de leurs mandibules pour déchiqueter leur proie après les avoir piégées dans les toiles.

Analyse… Assez pertinente, il devait se l’avouer. Qu’était devenue cette femme durant toutes ces années ?
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Kanäe Toupex
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Mer 4 Juil - 13:28
Pétrifiée

Forte de la présence de son frère à ses côtés, et accessoirement de la jeune femme qu’il connaissait mais qui demeurait toujours une éternelle inconnue pour l’ex-mouette, la maudite ne s’en trouva pas calmer pour autant. Erwin avait toujours eu la faculté de calmer les nerfs de Kanäe en ne rien faisant de particulier, héritage tacite de leurs soirées infantiles à se consoler mutuellement. En ce jour, si l’on pouvait croire que ce n’était pas le cas aux vues de l’état de la verte, il y avait fort à parier que celle-ci aurait déjà découpé la moitié la forêt si elle avait seule. Pour l’heure, elle se contenait et fixait avec mélancolie le squelette de la chauve-souris géante toujours à ses pieds. Entendant les constations de l’inconnue en leur compagnie, la Zoan ne put s’empêcher de remarquer que cette jeune femme savait définitivement beaucoup de chose, un peu trop pour une simple civile. Mais elle ne la connaissait pas, elle faisait confiance au jugement de Dog et n’hésiterait pas à la découper à la première occasion si elle s’avérait être une ennemie. Ne dit-on qu’il faut être proche de ses amis mais davantage de ses ennemis ? Actuellement, si elle était une ennemie, elle se tenait très proche du duo révolutionnaire et pouvait voir la lieutenante de l’inquisition sous un jour difficile.

Passant sur ses doutes, ayant l’esprit un peu ailleurs quand même, la Toupex releva la tête et balaya du regard les alentours. Apparemment, aucune de ces saloperies n’étaient à l’horizon et si l’une d’entre elles devaient se pointer, nul doute que le rouquin la sentirait venir avec son haki de l’observation. En balayant la zone du regard, Kanäe remarqua immédiatement un petit chemin à peine effacé au milieu des buissons. La nature avait pu reprendre ses droits l’espace de quelques années mais le passage mortel des arachnides ayant vidé les buissons de tout leur feuillage, le chemin était en partie visible.

Comme hypnotisée, elle s’avança vers ce dernier et vint s’accroupir devant celui-ci, posant sa main chaude sur le sol tempéré de son île natale. Les larmes ne coulaient plus, mais l’émotion était forte. Ce chemin de terre balayé par la mousse, elle le connaissait très bien : il s’agissait d’un des sentiers de cueille qu’utilisait les membres de son village pour ravitailler le groupe en produits végétaux. Ce petit sentier, elle l’avait emprunté en compagnie de sa mère dès son plus jeune âge pour apprendre l’herboristerie et la botanique. Mais avant toute considération de son passé subsistait un élément du présent, la destination au bout de ce sentier.

Ce chemin, il mène au village de mon clan…


Effectivement, au bout de cette voie se trouvait l’endroit qui avait vu naître la petite Toupex, celui qu’elle avait considéré comme son foyer la plus grande partie de sa vie, celui où elle avait appris à combattre, où elle avait poussé ses premiers cris. Ce petit village, le Dog en avait évidemment entendu parler comme d'un lien simple mais à la beauté majestueuse, où verdure et bois se mêlait parfaitement sous couvert de l'ombre des grands arbres : un lieu de mythe pour celle qui lui avait conté ces histoires.

La simple pensée de retrouver son premier foyer après autant de temps terrifiait la maudite et la pétrifiait d’une telle façon qu’elle ne pouvait ouvrir la marche, totalement bloquée devant ce buisson nu. En réalité, ce n’était pas tant le village qui tétanisait mais ce à quoi le sentier menait juste avant le village : une zone sombre et triste, déjà à l’époque de la belle Noréa. Un endroit que Kanäe avait largement empli après l’attaque des forbans sur son île, un endroit de souvenir et de tristesse pour celle qui n’avait alors que douze ans, accompagnée seulement du sage du clan. Cet endroit, où deux après, elle avait laissé ce même sage. Le cimetière qu’elle avait creusé pour ses amis, les membres de la tribu, pour ce sage qui lui avait enseigné le combat et pour ses parents.

Si revoir le village, probablement ravagé par la guerre animale et par la reprise par la nature de ses droits effrayait la traitresse, la pensée de se retrouver face à la pierre tombale de fortune de ses parents lui coupait le souffle. Erwin le sentirait sans de grandes difficultés grâce à son haki : sa grande sœur ne pouvait avancer, pas seule en tous les cas. S’ils arrivaient, le Dog et l’invitée, à la faire bouger, alors elle les mènerait jusqu’à sa premier foyer. Et, a fortiori, jusqu’à la dernière demeure de ses parents.

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Sam 7 Juil - 14:11
Graine verte sur une terre noire [2]

Le conte de cette île était inscrit dans la mémoire de la Toupex. Il était à couper le souffle, plein de rebondissements, de mélancolie, de pertes… Il était semblable à tant d’histoires inscrites dans les périples d’une jeunesse de plus en plus marquée par la rupture. Lorsqu’ils étaient face à leur avenir, les enfants avaient aujourd’hui l’amer sentiment qu’il ne serait qu’un long et pénible chemin rempli de doutes. Lorgnant sur Kanaë, le jeune homme ne put qu’afficher un air fraternel et protecteur. Il la voyait, tétaniser, se projeter sur une route qu’elle ne voulait pas prendre. Sur cette île, il y avait sa famille, les restes d’un village sûrement dévasté : de pénibles et douloureux souvenirs.

- Avançons, fit insensiblement Louise en prenant les devants.
- Laisse-lui le temps, rétorqua le rouquin sèchement.

Il n’aimait pas la nouvelle attitude de la jeune femme. Elle qui autrefois avait été d’une bonté sans pareils, qui malgré les malheurs liés à son enfance avait su octroyer à chacun un peu de bonheur… Cette femme d’une grandeur d’âme sans pareil n’avait laissé qu’un fantôme, une ombre maussade et peu ragoûtante. Erwin était froid avec elle à présent, voyant qu’il devait concentrer ce qu’il avait de bon en lui vers Kanaë. Il posa une main sur l’épaule de la jeune révolutionnaire à ce moment-là, ayant avancé de quelques pas pour être assez proche d’elle. Leur proximité était suffisante pour qu’elle ne s’offusque pas, même si l’ambiance n’était pas là. Pourtant, Erwin serrerait légèrement sa main et dirait sur un ton concentré :

- Je suis à tes côtés. Nous devons découvrir ce qu’il s’est passé ici…

La vérité, c’était qu’ils avaient le devoir moral de débarrasser l’île des nuisibles qui s’y étaient installées. Si les araignées avaient le rôle de prédateur, elles finiraient par chercher d’autres moyens de se nourrir. Deux solutions : le cannibalisme, ou la colonisation. Et les animaux pouvaient se montrer très intelligents lorsqu’il s’agissait de traverser la mer pour aller s’accaparer les biens d’autrui, ou pour dévorer les voyageurs qui se trouvaient ici. Plus encore, il restait peut-être quelques membres de l’espèce de Norok à sauver.

- A mon avis, on ferait bien d’explorer les grottes et les collines, ou les pieds des grands arbres, il devrait y avoir des nids d’araignées là-bas. Pour les tuer, mieux vaut les brûler, ça détruira aussi les œufs.

Louise avait parlé avec une telle froideur et un tel pragmatisme que cela effrayait le rouquin. Cependant, elle était correcte dans ses propos, et le révolutionnaire laisserait à sa sœur le choix à faire. Il fallait qu’elle puisse faire avancer les choses d’elle-même pour continuer son petit bout de chemin vers le deuil. Voir la tombe de ses parents était éventuellement une bonne idée, cependant mettre le feu aux nids… Outre le bienfait que cela pourrait provoquer sur le coup, les vents de l’île risquaient de faire tourner un incendie à transformer l’endroit en terre brûlée. C’était cependant peut-être la seule bonne chose à faire dans l’idée d’empêcher l’espèce de proliférer.

Muet, le rouquin observa le ciel. Il soupira, las à l’idée de ne pouvoir aider sa sœur. Quand celle-ci serait revenue à elle et aurait répondu, ils avanceraient sûrement vers le village où ils découvriraient un champ de ruine, ravagé par le temps, recouvert de toile d’araignées. S’agissait-il d’un nid parmi tant d’autres ?
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Sam 7 Juil - 17:19
Adieux  

Lorsque la main du Dog toucha l’épaule de la Toupex, celle-ci en ressentit la chaleur, une chaleur qui lui permit de rester avec eux, en leur compagnie, alors qu’une migraine avait commencé à envahir son esprit mais elle avait été stoppée par ce geste pourtant si simple. Kanäe resta encore quelques instants à regarder le chemin en faisant une totale abstraction des remarques de l’amie d’Erwin et du ton sur lequel celui-ci répondait à la principale intéressée. Bruler les nids, elle y avait pensé dès le moment où la chasseuse de prime lui avait parlé de ça mais en l’état c’était impossible. L’île était entièrement recouverte de verdure aujourd’hui morte, du bois qui prendrait feu avec une très grande facilité de telle sorte que l’île sera rapidement et entièrement réduite en cendres. En l’occurrence, une telle extrémité ne pouvait être admissible tant que l’île était potentiellement encore habitée par des membres de la race des chauves-souris géantes. Nan, elle ne pouvait s’y résoudre.

Alors, encouragée par son petit frère et l’autre qu’elle commençait finalement à apprécier de moins en moins, la native des lieux commençait à mettre un pied devant l’autre, difficilement, pour finalement se lancer sur le sentier. Etonnamment, plus ils s’avançaient dans la forêt, plus le cœur de la maudite s’allégeait et le rose lui revint aux joues de telle sorte qu’elle revint à partager quelques anecdotes avec ses camarades. De cette façon, en passant devant un arbre massif, l’ex-mouette expliqua au rouquin qu’elle avait fait sa première chute arboricole sur le citoyen de la forêt en question. Une erreur simple de placement du pied et elle avait buté sur une branche mal orientée, causant ainsi une chute de près de six mètres qui s’était terminée dans les bras musculeux du paternel de l’empotée de l’époque.  Elle croisa également quelques rochers portant des traces de lame sur lesquels la Zoan expliqua de vieux souvenirs, les marques étant ses propres petits bras qui les avaient causés. Enfin, il y avait un ravin, un tout petit ravin sur le côté, assez proche du village, ce fut ici qu’elle attendit plusieurs heures avant de parvenir à mettre à mort son premier animal en compagnie de son cher père. Tout cela n’était que des souvenirs joyeux qui redonnaient du baume au cœur de la Toupex.

Enfin, le groupe arriva à quelques pas du village, sur une zone plus morbide mais qui l’avait toujours été : le cimetière. Machinalement, la maudite ne regarda pas en direction de son lieu de naissance et tourna en direction de la zone de repos éternel de ses aïeux. Si, avant de la rejoindre ou non, Erwin regardait en direction du village, il pourrait remarquer quelque chose d’étrange : de la verdure. Contrairement au reste de l’île, le village ne semblait pas touché, ou en tout cas, moins impacté par la violation des arachnides. S’il usait de son haki de l’observation, il pourrait alors sentir une présence à la voix organisée, pas un animal mais bel et bien un humain calme situé au milieu du village.

Dans le cimetière, la traitresse venait se s’agenouiller devant deux pierres tombales de fortune, deux monuments qu’elle avait elle-même érigé une dizaine d’années auparavant, deux cavités communicantes qui immortaliseraient l’amour que ses parents se portaient même dans la mort. Sur la tombe de gauche, celle du père, une lame massive en os émoussée par le temps. Sur celle de droite, une petite dague totalement rouillée, un ustensile de cueillette. Le combat et l’herboristerie, son père et sa mère, son héritage. Ces lames, elle les connaissait et avait vu chacun de ses parents s’en servir au quotidien et elle avait elle-même utilisé des armes similaires, ces lames, elles étaient magnifiques, comme l’était les membres du couple régnant sur le clan.

Autour d’elle s’étendaient des dizaines d’autres monuments de moindre importance, Kanäe ayant, presque logiquement, accordé plus de temps et de travail à la dernière demeure de ceux qui lui avaient donné la vie. Posant finalement une main douce sur chacune des lames, elle relâcha une larme qui vint à pénétrer la terre de la tombe maternelle.

Papa, Maman, c’est moi, Kanäe. Excusez-moi de ne pas être revenue plus tôt… Je...


Les sanglots se firent alors plus grands et les larmes suivirent le chemin ouvert par la première, humidifiant de plus en plus le sol sous les genoux de la verte. Dix ans… Dix ans qu’elle n’avait pu leur parler. Plus encore, aigrie et froide par cette épreuve, elle n’avait pu les pleurer au moment de leur mort, elle n’avait pleuré que quelques années plus tard, lorsqu’elle tenait dans ses bras un jeune rouquin qui était maintenant derrière elle. Aujourd’hui, elle se libérait, laissait libre cours à sa tristesse, à la joie de les retrouver et à l’adieu qu’elle leur adressait finalement.

J’ai parcouru le monde, j’ai rencontré des personnes formidables… Je … Je me suis construite une nouvelle famille, des gens exceptionnels, l’un d’entre eux est avec moi. Vous l’adoreriez autant que je l’aime. Et il y avait Norok…  


Totalement happée par l’émotion, ses mots n’étaient plus simples à déclamer et les sanglots lui pressaient la gorge à tel point qu’un instant, elle laissa son front venir au contact du sol, comme pour communier en reprenant son calme.

J’avais un compagnon, une chause-souris géante de Noréa qui a été tué… J’ai changé… Maman, Papa… J’ai rejoint la révolution, je me bats pour qu’aucun homme n’ait à subir ce que vous avez subi. Je vous le promets, j’y arriverai. Avec ma famille, nous y arriverons.  


Elle se redressa pour revenir sur ses genoux et posa ses mains ses créations mortuaires, les paumes couvertes de ses larmes. Elle fit quelque chose qu’elle n’avait alors jamais fait, quelque chose qui n’était pas réellement de son fait mais qu’elle sentait devoir faire depuis tant d’années.

Je suis désolé…. Si j’avais été là…  


Cela n’aurait rien changé. Son père avait été un grand guerrier, mais il avait été démis par Gadomasou, si Kanäe s’était trouvée là, elle serait morte comme les autres. Elle le savait pertinemment mais pouvait-elle réellement penser autrement ?

Papa, Maman, je vous aime.


Etouffant alors son dernier sanglot, Kanäe Toupex, ancienne jeune fille sans force et actuelle révolutionnaire primée et redoutée se remit sur ses pieds et tourna les talons. Une fois dos à la tombe, un courant d’air s’insinua entre les arbres morts pour relever sa chevelure verte caractéristique de son clan à la manière dont le faisait sa mère lorsqu’elle la peignait. Cette sensation tira un sourire timide et ému sur le visage marqué par la peine de la traitresse. Elle s’approcherait alors de son frère adoptif non-loin de là et viendrait, sans l’étreindre, poser son front sur son torse.

Ne meurs jamais, j’ai déjà enterré assez d’êtres aimés.  


Elle restera comme ça, le front simplement posé sur son torse avant de reprendre la route et, enfin, d’elle aussi noté la verdure provenant de son village natal.

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Dim 8 Juil - 16:00
Graine verte sur une terre noire [3]

La scène était d’une émotion grandement palpable. Louise s’était tue tandis que le rouquin avait délaissé ses propres chimères pour se concentrer sur celles de la Toupex. Il était empathique même avant son Haki, partageant la plupart des joies et des peines de ses amis. Le lien fraternel qui l’unissait à la verte était si puissant qu’il lui coupait souvent le souffle. Ils avaient fait un choix difficile en se promettant un accompagnement mutuel, car ni l’un, ni l’autre ne possédait un parcours typique. Ils étaient enfouis dans les grands enjeux de l’existence. La peur, la haine, l’amour, le bonheur, tout ce qu’ils avaient au fond d’eux était lié à leurs instants présents, à leurs moments passés et aux événements futurs qui pouvaient les lier. S’ils savaient que l’autre était dans une situation délicate, ils ne pouvaient pas profiter de leur petit coin de paradis, quand bien même celui-ci fut-il avec des personnes qu’ils appréciaient.

Quand il lui avait dit qu’il allait se marier, le rouquin ne craignait pas la désapprobation de la Toupex, mais il souhaitait tout bonnement son accompagnement. Il voulait qu’elle soit celle qui l’amène devant l’autel, il voulait qu’elle soit sa demoiselle d’honneur là où d’autres auraient pu faire un autre choix, à cause de l’éloignement. Il était facile de parcourir les distances, mais lorsque le cœur était absent… Erwin lâcha une parole à l’égard de la tombe des parents de Kanaë, quand celle-ci eut séché ses larmes et qu’il eut retenu suffisamment les siennes, laissant à ses yeux embués le soin de prouver sa sensibilité profonde.

- Je vous promets d’être là pour votre fille. Elle est mon amie, ma sœur, ma famille. Ne vous en faîtes pas.

Si Louise n’interrompit pas ces paroles mielleuses, elle n’en pensa pas moins. De toute évidence, cependant, la mort des parents de Kanaë semblait l’affecter. Elle avait perdu les siens au moment où ils l’avaient laissé seule, dans ce culte de Skarn qu’elle avait détesté durant tant d’années, coupée de ses amis. Les géniteurs ne pouvaient être que des parents s’ils apportaient l’amour à leurs enfants. Elle se croyait plus proche d’Erwin sur ce point-là : les siens étaient des monstres qui avaient privilégié leur survie ou leurs ambitions à la vie de leur enfant. Elle ne savait pas ce qu’ils devenaient à présent, mais elle pensait qu’ils ne méritaient pas l’amour de leur fils.

Se relevant, après avoir ployé un genou à terre, le rouquin se tourna vers sa sœur et sentit sa tête s’appuyer contre son torse. Il ne fit qu’observer le ciel, sans un geste qui aurait pu paraître réconfortant mais qu’il jugeait superflu. Seul le battement de son cœur rappelait qu’il était en vie à sa sœur, et c’était peut-être tout ce dont elle avait besoin à cet instant-là. Lorsque les lèvres du jeune homme bougèrent à nouveau, il dit sur un ton sérieux :

- Je ne mourrai pas.

Il mourrait. Un jour, plus ou moins lointain, il mourrait de ses ambitions, de vieillesse ou d’une injustice de ce bas-monde. On lui avait souvent prêté de nombreux dons qu’il ne possédait pas, mais celui d’immortalité, c’était la première fois.

- Allons au village.

Lorsqu’il était passé prêt de ce dernier, son apparence l’avait dérangé. Il n’était cependant pas assez conscient de ce qu’il s’y déroulait et de la nécessité de quadriller le terrain pour activer son Haki de l’Observation à ce moment-là, ainsi il partait avec aussi peu d’informations que la Toupex. Un air absent, il laissa la jeune femme prendre les devants. Louise suivit de près, essayant de se montrer le plus discrète et effacée possible, au cas où on lui aurait fait un reproche.
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Dim 8 Juil - 23:56
Une petite graine

Qu’il meurt un jour ou l’autre, la maudite le savait mais ce jour ne devait néanmoins jamais se produire tant qu’elle serait elle-même de ce monde. Ils vivraient ensemble, ils mourraient ensemble et elle serait prête à se sacrifier pour elle. Alors, et même s’il s’agissait là d’une promesse intenable, l’engagement du roux à ne jamais rendre son dernier souffle remit un peu de baume au cœur de la verte qui voyait en lui l’être qu’elle aimait le plus. Ils avaient vécu beaucoup de choses en tant de temps malgré un trou de plusieurs années entre leurs différentes rencontres et pourtant… Pourtant, aujourd’hui, comme avant et probablement comme après, Kanäe Toupex et Erwin Dog étaient encore la jeune adolescente et l’enfant qui s’étreignaient pour se remonter le moral au cœur de la nuit, dans le salon familial des Arsenal. Il avait passablement grandi, elle finalement très peu mais tous les deux étaient devenus de bons combattants. Plus jeunes, ils avaient subi, aujourd’hui, ils établissaient leur règle. Les mots qu’il avait pu prononcer sur la tombe des parents de la Toupex étaient lourds de sens pour l’orpheline qui n’avait plus besoin d’aucune preuve pour illustrer l’attachement qu’ils pouvaient avoir l’un pour l’autre. Ils s’aimaient, ils le savaient et c’était très bien comme ça.

Dégageant alors une dernière larme du revers de sa main, elle entendit la proposition de son petit frère et vint à finalement détacher son front du torse du Dog pour reprendre la marche. Cependant, elle ne s’éloigna pas tant que ça et resta assez proche de ce dernier, la proximité la rassurant grandement dans son état psychologique encore un chancelant. Elle fit donc quelques pas, ouvrant la marche vers le lieu qui l’avait vu naître mais fut bientôt interpellée par quelque chose, quelque chose d’absent sur le reste de l’île : de la couleur. Devant eux, on ne percevait encore aucun hutte, aucune maisonnette, ni même le moindre vestige de l’existence d’une présence humaine, seulement quelques arbres donnant sur une petite clairière. Et pourtant, les arbres les plus proches de la clairière ne présentaient pas une écorce grisâtre comme leurs frères végétaux, leurs branches n’étaient pas nues et la vie ne semblait pas les avoir quittés. Plus encore, le petit bout de clairière visible, qui faisant en réalité office de place centrale du village, présentait lui aussi une belle verdure de pelouse battue par le vent. Au milieu de toute cette désolation, le village de la tribu faisait exception, il était un sanctuaire. Mais comme cela était-il seulement possible ? Kanäe pensa d’abord, naïvement, que les esprits de ses ancêtres avaient protégé les lieux de toute intrusion.

Pourtant, si le village avait effectivement protégé de toute attaque arachnéenne, le protecteur n’était pas un esprit mais bel et bien un être vivant. En posant un premier pied sur le sol de la clairière, son village apparut à Kanäe qui remarqua non seulement la présence des anciennes habitations, mais aussi et surtout, une fillette allongée dans l’herbe, tête orientée vers les visiteurs, un air étonné sur le visage.


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Autour de cette jeune personne s’étalaient donc les huttes qui avaient abrité de nombreuses familles, dont une dans le fond, très proche d’un arbre d’une taille impressionnante, un peu plus grosse que la moyenne. Il s’agissait là de la demeure du chef du clan, de la demeure de la famille Toupex, de la demeure où Kanäe avait poussé ses premiers cris. Le village, et les habitations, avaient presque totalement disparue sous une couche démentielle de mousse et de lierre.  La nature avait beaucoup donné pendant des décennies et avait finalement fini par reprendre ce qui lui était dû. Cette scène noua le cœur de l’ex-mouette qui abandonna bien vite la vision de son ancienne demeure pour rester fixer sur la petite occupante des lieux. Y regardant de plus près, la maudite remarqua alors la fleur que l’enfant portait sur sa tête mais aussi, le calme impressionnant qui se dégageait de cette jeune personne.

Abandonnant alors le duo qui l’accompagnait, et espérant bien être suivie par son roux préféré, la verte avança pour venir se planter devant la femme-végétale. Leurs regards se croisèrent et, immédiatement, quelque chose s’alluma en elle, un sentiment de proximité apparemment réciproque. Kanäe traduisant ce sentiment par un sourire timide et sincère alors que Nana affichait un bonheur éclatant. Ce fut alors celle qui apparaissait comme l’ainée qui brisa la glace et s’intéressa à la présence de la cadette.

Dis-moi, qui es-tu ? Et que fais-tu là ?


Devant ces questions qu’elle semblait comprendre, la petite végétale prit le temps de la réflexion, ou simplement cherchait-elle ses mots avant de les déclamer, probablement incomprise par le chef de l’inquisition et son amie blonde. En effet, la jeune femme enchaina une suite de mots totalement incompréhensibles composés de « Miam », « dodo » et de très nombreux « Nana ». La primée ne sembla pas comprendre elle-même mais se fixa finalement sur un mot précis.

Nana ? C’est ton prénom ? Je suis Kanäe, enchantée Nana.


Un sourire et un signe de tête plus tard, la discussion entre les deux était enclenchée et plus elle avançait, plus la Toupex arrivait à trouver du sens dans les interventions de cette petite au sang végétal. Des années à travailler parmi les plantes lui avaient peut-être conféré un certain talent pour tout simplement les comprendre, était-ce la cause de cette si bonne entente ? Quoiqu’il en soit, si Erwin et l’autre visiteuse restaient près d’eux, elle tenterait de traduire au mieux les interventions de la jeune protectrice qui expliquait, en substance, vivre ici depuis quelques temps, être originaire d’une île voisine mais aussi, et surtout, protéger la zone des arachnides qui attaquaient plus ou moins toutes les nuits. Nana semblait parfaitement comprendre la langue commune des hommes et répondait du mieux qu’elle pouvait aux questions, qu’elles soient posées par Kanäe, Erwin ou l’étrange jeune femme.

En fond justement, le soleil terminait sa course descendante, bientôt la nuit régnerait et les araignées sortiraient. Kanäe proposa alors au groupe de se protéger, au moins pour cette nuit, dans l’endroit le plus sûr qu’elle connaissait : le vieux temple. En effet, au sein des racines de l’arbre magnifique se tenant à l’arrière du village avait été creusé un temps dédié à la nature par les ancêtres de la Toupex. Le groupe y serait en sécurité, a priori.

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Lun 9 Juil - 10:37
Graine verte sur une terre noire [4]

- Une enfant.

Le regard du rouquin s'attarda sur la demoiselle pour la décrire mentalement. C'était une femme-végétale, de toute évidence. La proximité des lierres, et de la mousse, dans un environnement si chaotique, la présence qu'elle dégageait, l'aspect juvénile, tout semblait laisser penser qu'elle était d'une simplicité exemplaire. Elle ne semblait pas capable de parler. Les quelques paroles qui se dégageaient de sa gorge étaient si succinctes qu'elles en étaient attendrissantes. Un petit sourire sur le visage, Erwin finit par laisser sa sœur et cet être à part se rencontrer. Peut-être une enfant sauvage, ce qui expliquerait le peu de compréhension qu'elle avait du langage humain... étrange cependant qu'elle ne soit pas méfiante au peureuse.

Se tournant en direction du reste de l'île, il ne prit plus en compte les habitations mais ferma les yeux et commença à scanner les lieux. Il se mit un peu à l'écart pour cette opération, cherchant à utiliser son Haki de manière bien plus approfondie. De manière beaucoup, beaucoup plus approfondie.

Quand on utilise le Haki, on perçoit des choses qui sont de l'ordre du vivant. De la présence des insectes grouillants dans le sol à celle des oiseaux volant dans le ciel. Avec sa maîtrise, le rouquin pouvait ressentir ces choses sur une très grande distance. Il savait que certaines personnes, rares, étaient capables de percevoir les objets et leur histoire. C'était un don incroyable, d'entendre des voix de choses inanimées.

- Je ne perçois... Rien. Pas un insecte, pas un mammifère, pas un oiseau.

Il semblait inquiet. Sans faire de typologie, il sentait que ce n'était absolument pas normal. Cette situation nécessitait qu'ils perçoivent quelque chose d'autre. La seule biodiversité qu'il pouvait « entendre » était celle du lieu où la petite fille se trouvait et qu'elle avait peut-être déjà protégé. Inquiet, Erwin rouvrit les yeux. Il se tourna vers Kanaë à qui il devrait aller faire son rapport. Louise, elle, n'avait pas bougé. Son regard froid fixait la petite fille végétale avec une pointe de... jalousie. Lorsqu'elle remarqua qu'elle était observé, elle détourna ses yeux et alla se mettre sèchement à la frontière du village et de la forêt morte.

Se dirigeant vers la demoiselle verte et sa nouvelle amie, Erwin sourit chaleureusement à celle-ci. Il leur avait laissé le temps de faire un peu connaissance, de s'échanger quelques mots. À présent, il fallait parler de choses sérieuses. Pourtant, il commença par quelque chose d'amical en direction de la jeune pousse à l'aura si enfantin :

- Je m'appelle Erwin, enchanté.

Il réfléchirait et sortirait quelque chose de sa poche. Il s'agissait d'une sucrerie qu'il avait acheté dans une boutique bien particulière, tenue par un homme bien particulier. Tout à fait inoffensive mais excessivement bonne. Lorsqu'il l'offrit, il savait que ça allait faire plaisir. Elle était à la fois douce et sucrée, mais sans être excessivement dure.

- Je ne ressens plus de vie qu'ici sur l'île. Les araignées ont du faire leur nid ailleurs.
- Elles doivent se préparer à attaquer cet endroit,
ironisa Louise en refaisant quelques pas en leur direction. Un havre au milieu d'un désert, et leur seule source de nourriture...

Qu'elle ait tort ou raison n'était pas réellement ce qu'ils allaient chercher à démontrer. Simplement, ils ne pouvaient pas se permettre de ne pas agir s'ils voulaient préserver le peu de flore qui restait ici, et lui laisser reprendre ses droits plus tard.

- Que fait-on, Kanaë ?
Erwin
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Lun 9 Juil - 11:11
Les bourreaux de Noréa

Si elle avait d’abord pensé à la préservation en proposant de se terrer dans les racines du grand arbre, l’ex-mouette fut décontenancée par la remarque du titulaire du haki de l’observation. Aucune vie, pas la moindre en dehors de la zone où il se trouvait, étrange, les araignées devaient se trouver plus loin ou dans un état de sommeil qui les rendaient indétectables. Mais avant tout, et plus inquiétant encore, le Dog n’avait perçu aucun signe de vie parmi le peuple des chauves-souris géantes. Tout cela causa un certain trouble en la Toupex qui se mit à réfléchir sur la marche à suivre au moment où Erwin lui posa la question de leur destination. Silencieuse jusque-là, trop occupée à manger goulument la friandise offerte par son nouveau copain et qu’elle avait accepté parce que « ça sentait bon, que ça avait une bonne tête et que le roux semblait sympa », en substance, ce fut finalement Nana qui brisa le silence en se relavant sur ses petites jambes.

Se collant alors à elle-même un bon coup au niveau de la poitrine, elle agrémenta son effet de style d’un petit cri assez simple, son prénom.

Nana !


Sur le coup, Kanäe ne comprit pas vraiment ce que cela signifiait puis elle vit le regard de ce petit être balayer la lande où ils se trouvaient et elle comprit assez facilement et simplement : la petite végétale combattait chaque nuit pour préserver son petit coup de verdure, elle devait mener le combat seule depuis un long moment et avait probablement perdu de plus en plus de terrain pour finir par se retrancher ici, dans une zone suffisamment petite pour qu’elle soit défendable. Et alors qu’elle s’apprêtait à lui demander comme pouvait-elle tenir les arachnides en respect depuis tant de temps, la petite porta sa main à une petite sacoche et en sorti des graines en tout genre. En les voyant, les yeux de la Toupex s’écarquillèrent. De telles graines, elle avait déjà eu l’occasion d’en voir à quelques reprises, et même d’en cultiver quelques-unes dans un jardin commun qu’elle partageait avec Ghetis Archer : des pop-greens. Ainsi, la petite végétale n’était pas étrangère à la botanique et semblait tenir bon à l’aide des plantes qu’elle comprenait si bien, elle était en partie l’une d’entre elle après tout. En voyant cela donc,  la Zoan prit la résolution qui s’imposait et décida qu’il était temps d’honorer la mémoire de Norok et de défendre ses terres.

On reste et on les affronte. Si Louise a raison, le village sera bientôt prit d’assaut, ton haki de l’observation nous sera utile lorsqu’elles approcheront et, la petite à l’air de sentir les intentions, comme elle l’a fait en me montrant ses armes avant que je lui demande, elle le maîtrise peut-être aussi. On se bat, toute la nuit s’il le faut, et nous prendrons les décisions qui s’imposent demain.  


Car oui, dans l’esprit de Kanäe, plusieurs scénarios étaient encore possibles et si l’île était totalement gangrénée, elle n’aurait d’autre choix que de suivre le plan initial de Louise et d’apurer les lieux totalement, d’une manière ou d’une autre.  Mais pour l’heure, la décision était prise, ils allaient se battre, tous ensemble, en équipe. Enfin, tous ensemble…

Louise, je ne sais pas si tu es ou non une combattante. Je ne peux te faire courir un risque aussi grand si tu ne sais pas te défendre. Si c’est le cas, va dans le vieux temple, sous l’arbre gigantesque là-bas. Tu y seras en sécurité pour la nuit. Si non, je serai heureuse de compter deux bras en plus à nos côtés.


Pendant qu’ils devisaient, le voile nocturne commençait à recouvrir l’île et une belle et grande pleine lune apportait une lumière spectrale sur Noréa. Le visage de cette dernière avait bien changé en quelques années et il était temps de se battre pour lui redonner ses anciens traits, pour lui offrir une ultime chance.

***


A l’autre bout de l’île, quelque chose bougeait dans l’ombre, beaucoup de choses, vraiment beaucoup. Des bruits à glacer le sang se firent entendre et bientôt, des premières pattes émergèrent des quelques cavernes de l’île ou descendaient des plus grands arbres.


[FB] Graine verte sur une terre noire (Ft Erwin) Spider10

Il était temps pour les membres de cette race de se mettre en marche pour, encore une fois, essayer de bouffer la petite humaine qui leur opposait une résistance farouche nuit après nuit. Elles l’avaient repoussée au maximum mais la petite garce résistait toujours, il était tant de finir tout cela. Les arachnides ignoraient alors que des renforts étaient arrivés. Manque de chance, ce soir était leur soir, et elles arriveraient en grand nombre, en très grand nombre. Dans les minutes à venir, Erwin Dog, Kanäe Toupex et Louise rencontreraient les bourreaux de Noréa.

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Lun 9 Juil - 12:18
Graine verte sur une terre noire [5]

La nuit tombait sur l'île et le plan exposé offrait une seule possibilité : l'affrontement et la mort des araignées. Le génocide n'était pas dans les habitudes du rouquin, cependant il ne voyait pas d'autres possibilités. Fort heureusement, ce n'était pas des fantômes à qui il avait affaire, cela aurait posé problème autant pour son intégrité en tant que révolutionnaire que pour la grandeur qu'il tentait de se donner dans les moments critiques. Ce soir-là était spécial, cependant, car la lune pleine et ronde semblait donner des ailes au jeune homme. Il pouvait voir comme en plein jour, ou presque. Le large sourire sur ses lèvres parut tandis qu'il s'était avancé à l'une des frontières du village. Il avait muni chacun d'un Den Den Mushi miniature pour les communications sur les longues distances. Ils étaient reliés entre eux, capables de transmettre les paroles à l'écart. Et comme un grand-frère, il avait pris le temps d'expliquer son utilisation à Nana, s'assurant qu'elle ne soit pas démunie devant cela.

À la grande surprise du roux, Louise était restée en acquiseçant. Il n'avait pas osé lui demander de quelle manière elle se battait, et à vrai dire il préférait ne pas le savoir immédiatement. Elle était dans son esprit encore la jeune femme qu'il avait toujours connu. Une jeune femme forte mais une combattante ? Il fallait avouer que lui non plus n'était pas un grand combattant dans sa jeunesse. Lorsqu'elle regarda l'horizon avec un regard franc et dénué de doutes, il comprit cependant qu'il était inutile de s'inquiéter et se dirigea vers son emplacement dédié. Le début de la nuit commença sans réels soucis. Cette fois-ci, il discuta dans le Den Den pour laisser quelques souvenirs remonter à la surface :

- Vous savez, lorsque j'étais jeune, j'ai appris à lire et à écrire dans une école où la maîtresse était très étrange, elle avait la mauvaise manie de toujours rajouter -deku après ses phrases.
- Et toi, tu lui disais toujours -su, pour faire -dekusu, et tu trouvais ça drôle.


Louise venait de parler d'une voix amusée, et un petit rire sortit tandis qu'Erwin ne put retenir un petit son amusé à son tour. Elle se tut cependant bien rapidement, comme ramenée à ses pensées. Le rouquin laissa le silence s'installer à nouveau. Lorsqu'il regarda l'horizon, finalement, quelques paires d'yeux rouges commencèrent à sortir hors des ténèbres. Il écarquilla les yeux, puis d'une voix prudente annonça : « Elles sont là. ». Elles s'étaient arrêtée assez loin pour que, sans se concentrer, il ne puisse pas les percevoir. Étrange, puisqu'elles auraient du venir jusqu'aux bords du village pour l'attaquer. Et de toute les manières, elles devaient être de son côté de l'île...

- Je les vois aussi, fit Louise, à l'opposé du rouquin. Je crois qu'elles ont décidé d'encercler le village.
- Quelle plaie, lâcha le jeune homme. Kanaë, est-ce que tu vois quelque chose ?

Il ne doutait pas que les choses allaient s'envenimer s'il les laissait s'approcher, tout comme il n'avait aucun doute en sa capacité à les exterminer. L'évidence était là : elles n'étaient pas assez fortes pour ne serait-ce que le toucher. De même, si elles avaient réussi à prendre du terrain, l'enfant semblait être en excellent état. C'était leur nombre qui posait problème, puisqu'elles s'étaient multipliées avec le temps. Le havre de paix qu'était le village allait finir par s'effondrer devant une telle masse d'ennemis.

À moins qu'ils n'agissent. Les tuer serait efficace, mais il faudrait aussi détruire leur nid. Si un membre de l'espèce survivait cependant, cela signifierait la possibilité d'une nouvelle prolifération. Et les œufs qui n'étaient pas encore à un état suffisamment avancé seraient indétectables au Haki de l'Observation... Avec un air contraint, le rouquin mit ses mains sur ses armes tandis que Louise se mettait, à l'opposé de l'île, en position de combat. Ils n'attendaient plus que le signal pour débuter l'affrontement.
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Lun 9 Juil - 13:27
Sang noir

Le plan de la Toupex, primaire et se traduisant seulement par la décision de rester pour combattre fut rapidement compléter par les efforts de guerre du Dog et la fourniture d’appareils de communication. Se diviser éparpillait les forces révolutionnaires mais leur permettaient aussi d’agir sur plusieurs fronts, de ne pas être pris à revers et, également, de prendre les ennemis en tenailles si ceux-ci ne se concentraient que sur un seul et unique point. Malheureusement, et Kanäe le savait bien, les prédateurs agissant groupe ne s’aventuraient jamais sur un seul front, il profitait de leur nombre et mettait à l’épreuve leurs ennemis sur le maximum d’angle possible, pour le prendre à défaut, le pousser à la faute. Son peuple avait appris à chasser de la sorte, elle avait appris à chasser de cette façon et tous les prédateurs organisés qu’elle connaissait le faisaient alors pourquoi ces arachnides feraient exceptions.

Le plan se mettait en place, comme les quatre membres de l’équipe le faisaient également. Dans l’attente, Erwin partagea ce souvenir d’enfance dont la Zoan n’avait de souvenir, elle avait souri tendrement en entendant cela alors que de l’autre côté, Nana avait ri, peut-être sans trop comprendre de quoi il s’agissait mais en entendant le bonheur de chacun. Puis, le silence et les bruits, le fourmillement. Dotée de son haki de l’observation, la petite végétale avait senti la troupe arrivée près de sa position, nombreuses, très nombreuses ce soir. Elle pensa, l’espace d’un instant, qu’elles s’étaient toutes rassemblées de son côté mais son denden mushi la prévint que ce n’était pas le cas. Erwin et Louise en avaient, Nana aussi et lorsque la question fut posée à destination de Kanäe, ce fut la cadette qui répondit.

Nana broouuuuuh !


Elle en voyait plein, ça peut-être que la Toupex était la seule à l’avoir comprise mais elle ne traduisit pas, elle avait les yeux fixés dans le vide nocturne de la forêt, droit devant elle. Car après tout, si les trois autres pouvaient voir ces yeux rouges, pourquoi n’en serait-il pas de même pour elle. Alors, abandonnant une partie de son humanité au pouvoir qui le conférait son fruit du démon, la maudite se transforma en un être hybride, mi-femme, mi scorpion. Une queue lui poussa dans le bas du dos pour se terminer une poche à venin et un dard pointu à souhait, ses mains cédèrent la place à deux pinces animales et aiguisées alors que son corps se couvrait d’une carapace solide, presque imprenable. Devant elle, elle vit la plus avancée des prédatrices se reculer, très peu néanmoins. Le bout des pattes qu’elle avait pu distinguer était maintenant invisible et la saloperie avait compris qu’elle avait affaire à une bête, elle aussi. Pourtant, si elle pensait que la Zoan était le réel danger, elle se trompait, le Dog, totalement humain, était celui à abattre en premier, celui qui était néanmoins le moins facile à toucher. Personne ne bougeait, aussi bien dans le camp de la défense que dans celui de l’attaque, tout le monde attendait le premier mouvement. En tant que native de l’île protégeant un peu de son histoire, la maudite prit le parti de donner ce coup d’envoi, d’initier cette bataille qui serait violente, longue et morbide. Avant qu’elle ne lance les hostilités, elle répondit simplement à la question de son petit-frère et traduisit un complément d’information que Nana avait pu donner.

J’en ai aussi, Nana dit qu’elle n’en a jamais vu autant. Elles ont probablement décidé d’en finir avec elle. Préparez-vous.


Alors, d’un geste rapide, sec et violent, Kanäe dessina un arc de cercle extrêmement large devant elle à l’aide sa pince. Immédiatement, l’air se tordit devant elle pour prendre la forme de son coup et se mua en une lame d’air aiguisée qui fondit droit devant, emportant d’abord quelques arbres avant que les premiers cris se fassent entendre : signal de la mise à mort. Et alors que la lame disparaissait après quelques dizaines de mètres, une zone franche se libéra devant le regard de la traitresse. Les souches coupées étaient recouvertes d’un liquide noir reflétant la lumière de la lune, du sang, énormément de sang. Au milieu des arbres en pleine chute se distinguaient déjà les premiers cadavres arachnéens qui disparurent bientôt sous une nuée. Une nuée de pattes et de corps se jetant directement dans la bataille en direction de celle qui avait ouvert les hostilités. Partout autour du village, leurs semblables se mirent également en marche pour détruire tous les opposants.

L’expression candide et heureuse du visage de la présumée enfant se mua alors, elle devint froide, intraitable et destructrice libérant dans sa zone des combats des plantes en tout genre qui n’avaient qu’un seul but : ravager les rangs des insectes. Loin de ses camarades, les plantes de Nana ne risquaient pas de faire du mal à autre chose qu’à ces assaillantes poilues. Plantes carnivores, ronces gigantesques et autres lianes rassemblées en tête de dragon clairsemaient déjà les effectifs ennemis.

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Lun 9 Juil - 14:07
Graine verte sur une terre noire [6]

En y regardant de plus près, les globes rouges qui parsemaient le camp ennemi avaient de cela d'incroyable qu'ils étaient de tailles et d'intensité différentes. Si certains étaient vifs, d'autres semblaient plus éteints. Cela ne signifiait pas grand chose pour le rouquin qui, dans l'idée, pensait plutôt à la manière dont il allait vaincre ses adversaires. Il n'était pas très intéressé par leurs caractéristiques, et en quelques instants seulement il était persuadé qu'il pourrait abattre ces araignées. Sur Grand Line, cependant, elles devaient être plus puissantes que sur les Blues. Et sur le Nouveau Monde, qu'est-ce que cette espèce aurait donné ? Fermant le poing, Erwin secoua la tête. Il ne pouvait pas se donner la peine de trop réfléchir. Jamais il n'avait aimé les araignées, de toutes les manières.

La Toupex, au loin, s'était décidée à lancer l'assaut. Un assaut sanglant qui fit s'éteindre nombre de voix, tandis que Nana commençait à en faire de même. Louise, elle, semblait user d'un corps à corps particulièrement efficace. La fougue de la demoiselle était si impressionnante que le rouquin se demanda si elle n'était pas un monstre de combat. Cependant, il n'eut pas le temps de se poser plus de questions que déjà les ennemies avaient commencé à lancer l'assaut. Des toiles vinrent recouvrir le ciel, lancées comme des bombes inarrêtables.

- Je n'aime pas ça, soupira le rouquin.

Il sortit simplement ses dagues de leurs étuis, et lorsqu'il se décida enfin à agir, il lâcha une seule lame d'air. Celle-ci vint rencontrer les toiles lâchées par ses ennemies, brassant la zone devant lui. Il ne fit en réalité pas que la brasser. L'entièreté du décor fut ravagé. Les araignées qui virent arriver l'attaque sur elles ne purent pas réagir, et furent balayées en quelques centièmes de secondes. Le rouquin soupira en observant les corps découpés ou ceux qui avaient été balayés et dont le choc avait été mortel. Les voix s'étaient éteintes si vites, sans un sentiment de douleur. Il soupira, c'était tout ce qu'il pouvait leur offrir.

- J'aurais peut-être du y aller moins fort, lâcha-t-il en s'avançant en direction du champs d'araignées décimé.

Et il s'aperçut que plus loin d'autres araignées, en arrière-ligne, avaient commencé à fuir le champ de bataille. Il fronça les sourcils : elles avaient un bon instinct de survie... Et cependant, il continua à s'avancer. Il pouvait découvrir où était leur nid dans ce cas-là, ou du moins c'est ce qu'il se dit. Alors qu'il y réfléchissait, une forme se détacha des ténèbres. Le rouquin écarquilla les yeux : il n'avait pas senti sa voix. C'était une autre araignée, mais plus grande que les autres. Elle se releva au milieu des cadavres de ses sœurs déchues, s'en étant servi comme bouclier lors de l'attaque du rouquin.

- Tu viens d'exterminer mes sœurs.
- Oh, depuis quand ça parle une araignée ?
Fit le jeune homme en fronçant les sourcils.
- Tu as exterminé mes sœurs, et par ta faute, mon peuple...

L'araignée profita avec fourberie de cet instant pour cracher une toile. Elle était capable de parole, ce qui signifiait sûrement une chose : ce n'était pas une véritable araignée. Peut-être une Zoan, ou alors une espèce issue du Nouveau Monde. Quoiqu'il en soit, elle était très en colère, cela se ressentait. Erwin déglutit en se disant qu'il aurait peut-être du les épargner, mais le mal était fait. Si elles avaient un chef... Ou alors « mes soeurs », cela voulait-il dire que ce n'était pas le leader ? Où était-il alors ?

- Qui es-tu ? Demanda le jeune homme en coupant la toile avec sa lame recouverte de Haki.

D'abord l'araignée fut étonnée puis elle se posa tranquillement. Ils allaient sûrement pouvoir discuter.
Erwin
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Lun 9 Juil - 16:14
Au coeur de la bataille

La bataille semblait faire rage sur tous les fronts et si Kanäe avait vu la lame d’air de son frangin faire encore davantage de dégâts que la sienne, elle ne remarqua pas que Monsieur était entré en parlementassions avec l’une de ses saloperies. Elle s’était retrouvée un peu occupée et enchainait les bestioles les unes après les autres, parfois plusieurs en même temps, dans une danse mortelle pour la race d’insecte géant. Au détour d’un tour sur elle-même, elle avait vu l’enfer qu’avait engendré la petite Nana, une véritable furie végétale qui avait relâché ce qui pouvait être considérées comme les pires plantes qui pouvaient exister. Les plantes carnivores avalaient les araignées entières à tour de bras, les bras de ronces balayaient des dizaines de créature sans que celle-ci ne puissent rien faire alors que des barrières de bambous apparaissaient de temps à autre pour prémunir leur jeune maîtresse. Concrètement, il apparaissait que la petite Nana était un véritable titan lorsqu’il fallait gérer de la masse en vitesse.

De son côté finalement, Kanäe reprit un appui solide et utilisa de nouveau sa technique de lame d’air pour noyer une nouvelle vague de huit pattes dans leur propre sang. A l’image de la première attaque, celle-ci se fraya un chemin entre les arbres encore debout et parmi les corps maintenant démembrés des arachnides sur son passage. A cette deuxième occurrence, les assaillantes semblèrent avoir compris le message et s’éparpillèrent dans la zone autour de la maudite sans pour autant quitter la zone de façon définitive. Il semblait que la Zoan soit trop forte pour elles, au même titre que tous les autres membres du groupe qui décimaient les adversaires avec une facilité des plus déconcertantes. Au final, après un court temps de stagnation, les arachnides repartirent à l’attaque en des vagues différents, les ennemis se concentrant sur deux fronts et cherchant à venir prendre la Toupex en cisaille. Le combat allait encore durer un bon moment du côté de la traitresse tellement les forces de l’ennemi semblaient inépuisables.

Vague après vague après vague, les arachnides revenaient toujours plus nombreuses et plus virulentes que précédemment  sans qu’elles n’arrivent à faire quoique ce soit. Le peu d’ennemis qui parvenaient à venir au contact échouaient sur la carapace chitineuse de la combattante qui ne souffrait d’aucune altération. Finalement, ces êtres innommables étaient d’un niveau qui ne pouvait tenir la distance, des êtres qui avaient pu  vaincre les chauves-souris de GrandLine mais qui ne pouvaient faire face à la puissance d’humains éduqués à combattre sur l’océan de tous les périls.

Saloperies…  


Une bestiole venait de refermer ses mandibules sur la jambe gauche de l’ex-mouette qui l’éradiqua d’un coup de pince dans le crane sans que le coup n’ait entamé ses défenses. Elle repoussa ensuite deux toiles en les balayant d’un coup de pince dans l’air soulevant une lame plus large et contondante. Au final, seul Erwin semblait au calme et pouvait obtenir des informations. Kanäe noyée dans la colère, commençait à abandonner la position et à avancer vers les retranchements ennemis pour détruire de plus en plus d’adversaires en moins de temps possible. Sous ses coups, la forêt commençait réellement à se clairsemer et le sang noir à inonder le sol.

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Lun 9 Juil - 17:12
Graine verte sur une terre noire [7]

L'araignée semblait avoir pris du poil de la bête. Elle était en colère, et maintenant un peu triste, mais son aspect majestueux dans le règne animal semblait toujours présent. De toute évidence, elle était au-dessus de tout, y compris des siens. Pourtant, le rouquin se disait qu'il ne s'agissait pas de la maîtresse de l'île. Y avait-il quelque chose dont il n'était pas informé ? Une forme de vie qui voulait prendre le contrôle de ces lieux à des fins démoniaques ? Lorsque ses lèvres bougèrent, le jeune homme savait qu'il avait une drôle de manière d'adresser ses paroles, mais il ne voyait pas comment faire pour qu'elle lui réponde honnêtement. Alors il piochait les informations directement dans sa tête, en utilisant son pouvoir avancé. Cela le rendait un peu vulnérable, cependant avec la force de ces araignées, d'ici à ce qu'elles puissent le toucher, il serait loin...

- As-tu un maître ? Es-tu esclave ?

Les souvenirs de son interlocutrice vinrent directement heurté le rouquin qui sentit que tout n'était qu'une mascarade. Elle se souvenait du jour où on les avait amené sur l'île, elle et ses sœurs. Il s'agissait d'un bien sombre souvenir : contrairement à ses congénères, lorsqu'elle était née, elle avait quelque chose en plus. Issue du Nouveau Monde, on l'avait mêlée à des araignées normales, bien que plutôt grandes et agressives. Elle avait su se faire sa place dans sa tribu, en tant que créature hybride à l'intelligence supérieure. La personne qui les avait déposé là leur avait donné un seul ordre : détruire ces lieux. C'était là son maître, là sa peine et son châtiment. Elle ne pouvait faire autrement qu'obéir, sans retour en arrière possible à présent qu'elle avait fait tant de mal.

- La peine capitale, humain, est une notion que nous ne connaissons pas. La mort est la seule chose qui existe quand nous désobéissons aux lois de notre peuple. Nous n'avons plus de maître, nous ne sommes plus des esclaves !

Elle s'élança vers le rouquin qui esquiva d'un mouvement souple sur le côté. Sa dague vint trancher l'une des huit pattes de son adversaire. Quand elle tomba au sol, un cri retentit, strident et sourd à la fois comme s'il était piégé entre les deux.L'araignée, penchée, se retourna vers le jeune homme qui ne prenait aucun plaisir à cela. Il savait qu'elle ne voulait donner ni son identité, ni ses origines, et qu'il lui avait volé cette dernière. Le « Voleur de souvenirs », le « Traître », on aurait pu lui donner de nombreux surnoms et pourtant personne ne semblait avoir d'idées sur son titre. Il semblait s'en ficher, de toute évidence, puisqu'il s'arrêta un instant avant d'ajouter :

- Tu aurais été une alliée précieuse, mais je doute que tu puisses un jour me pardonner... Nrogara.

Son nom aussi, il le lui avait volé. Sa lame s'abattit, franche. Une lame d'air parut, et elle scia en deux son adversaire dont les yeux exorbités se séparèrent bientôt d'un nouvel espace. Il se mordilla la lèvre, avant de se se retourner. Les organes tombèrent, le sang fut recueilli par un sol nouvellement nourri. Bientôt, des insectes issus de la partie paisible de l'île viendraient grignoter les cadavres laissés sur ce chemin. Finalement, Erwin activa son Haki pour percevoir que certaines araignées continuaient de fuir vers le nid, ou du moins le supposé nid. Il en avait la direction, mais il ne comptait pas aller seul.

Il repéra autour de lui les combats. Kanaë et Nana s'en sortaient bien, quant à Louise... Elle était en train de terminer le combat avec ses derniers adversaires. S'assurant qu'aucune araignée ne s'immisce dans le havre de paix, et tuant celles qui auraient franchi les lignes alliées, le rouquin attendit que les combats respectifs de ses alliés soient terminés pour leur indiquer la direction du nid, vers laquelle les bourreaux pourraient silencieusement se mettre en marche. Il leur raconterait alors l'histoire de ces araignées.
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Lun 9 Juil - 18:57
Etat de nécessité  

Plus elle avança au milieu du champ d’arbre coupé, plus les victimes se faisaient rares, la majorité des assaillantes ayant d’ores et déjà compris qu’elles ne gagneraient pas la bataille ce soir, et peut-être même jamais dans que les trois humains étaient en compagnie de la petite femme plante. Entre ce rouquin bien trop rapide, cette blonde intransigeante et mortelle et cette verte totalement imprenable pour leurs armes, il semblait évident que les chances étaient faibles. Les quelques spécimens encore un peu fous sautaient de temps à autre sur la traitresse pour tenter de lui porter le coup fatal mais rien à faire. Lorsqu’elle n’esquivait ou ne tuait pas avant de pouvoir entrer en contact, la carapace maudite de cette inconnue au Zoan bloquait toute progression mortelle. Au fur et à mesure, alors qu’elle n’avait finalement avancé que de quelques mètres, l’armure et le corps de la guerrière se couvrait de sang noir. Découpant des araignées la survolant d’un saut ou ayant tenté de la mordre, la Toupex ne prenait plus en considération l’hygiène des créatures et les massacraient, purement et simplement.

D’extérieur, il semblait qu’elle ne pensait à rien, qu’elle se contentait de combattre pour la sauvegarde d’un intérêt légitime mais en réalité, elle pensait bien à quelque chose, à quelqu’un. Elle avait éprouvé de la rage mais là, son humeur et ses sentiments étaient identiques : plats. Elle n’était plus en rage, pas réellement triste ni en colère, aucune trace de joie, non, elle tuait en ayant l’image de Norok en tête. La chauve-souris géante, ses congénères étaient morts entre les pattes de ces saloperies alors elle les décimait, comme un juste retour des choses. Cette humeur inexistante donnait quelque chose d’effrayant à la maudite qui avançait toujours en abattant les quelques rares et folles créatures. Puis finalement, une dernière lui sauta dessus, elle l’esquiva d’un pas de côté et vint à expédier sa poche à venin sur le crane de la bête. Dans un mélange horrible d’os brisés et de chair écrabouillées, la bête expira un dernier souffle de vie avant de rejoindre bon nombre de ses sœurs, toutes tombées en cette nuit de pleine lune. Autour d’elle, Kanäe ne trouva plus la moindre cible et reprit alors un semblant de consistance, l’image de son fidèle protecteur disparaissant de son esprit. Alors, pour elle-même, et pour lui, elle murmura quelques mots.

Comme mes parents, c’est ici que nos chemins se séparent mon ami.  


Elle le savait, elle rencontrerait encore des arachnides avant son départ de l’île mais une fois qu’elles seraient vaincues, une fois qu’elle quitté l’île, Norok et elle seraient définitivement séparés. Seul resterait un souvenir de lui. Devant l’inactivité de sa zone, et son apparence physique déplorable, la venimeuse fit demi-tour pour revenir vers le village et constata que l’ensemble des combats avaient cessé. Nana était assise par terre et rangeait quelques-unes de ses pop-greens dans sa sacoche, Erwin approchait et Louise venait de terminer apparemment. Si le Dog proposa de se rendre sans attendre au nid, la Toupex lui indiqua alors qu’elle ne serait pas contre une toilette rapide. Alors sans attendre aucun aval, elle se rendit à un endroit qu’elle connaissait bien, éventuellement en compagnie de ses camarades, n’étant pas pudique devant les femmes et encore moins devant son frère qui ne trouvait pas d’intérêt intime dans le corps féminin.

L’endroit en question était un petit lac, presque un étang, où les membres de son clan avait pour habitude, à l’époque de laver le linge et les corps. Aujourd’hui, l’atmosphère des lieux avait perdu de sa superbe bien que la zone avait profité de la protection de Nana et comportait encore une eau claire et une verdure toujours présente. Kanäe prendrait alors le temps de plonger et d’ôter le sang qu’elle pouvait avoir sur elle. Une fois revenue à la surface, et profitant un temps de la fraicheur de l’eau, elle en profita pour apostropher le rouquin qui ne devrait, dans tous les cas, pas être bien loin, à moins que la nudité de sa sœur l’ait effrayé.

Erwin, répond moi sincèrement. Tu penses que nous pouvons entièrement détruire ces saletés sans … purifier l’île ?  


Lorsqu’elle parlait de purification, la maudite faisait clairement référence à un incendie, celui suggérer plus tôt par Louise. Elle avait entendu l’histoire contée par Erwin suite aux souvenirs volés à l’une des bestioles, si quelqu’un avait une réponse s’agissant de l’ampleur du problème, c’était bien lui. Qu’il réponse par la positive ou non, Kanäe sortirait vite pour se rendre au dit nid en compagnie de la bande : il fallait au moins essayer.

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Lun 9 Juil - 20:22
Graine verte sur une terre noire [8]

Lorsqu'il retrouva sa sœur, celle-ci voulut aller se laver. Il suivit avec les deux autres femmes et, sans regarder, la jeune femme s'assit à un endroit pour qu'elle puisse débarbouiller. Louise ne semblait quant à elle pas vouloir se débarbouiller. Elle avait un peu de sang mais la majorité de ses victimes avait subi des dommages internes qui avaient poussé leurs organes à succomber de lourdes blessures sans forcément éclabousser sa douce peau. Un air absent lors de cette baignade, le rouquin attendit quelques instants que sa sœur lui dise ce qu'elle allait faire. Il la regarda finalement dans les yeux quand elle vint lui poser sa question. S'il dut y réfléchir un court instant, le jeune homme finit par répondre :

- Oui, je pense que c'est possible. La prolifération de ces créatures semble être assez contrainte par leur nid... Si on réussit à le détruire avec tous les œufs, ça devrait être possible.

Il y avait bien un facteur chance dans l'histoire, ou plutôt malchance : qu'une araignée ne soit pas rentrée au bercail ou qu'un œuf ait été pondu loin, mais il ajouta qu'il irait vérifier rapidement une fois leur aventure terminée qu'il n'y avait plus de trace des araignées sur l'île. Leurs cadavres viendraient nourrir les lieux qui reprendraient progressivement le dessus. La nature retrouvait toujours ses droits, après tout. Quand il regarda à l'horizon, il intima à sa sœur de remettre des vêtements. Chose faite, ils se dirigeraient sûrement vers le nid.

Le voyage serait assez peu long, mais oppressant. Les araignées avaient détruit l'île et des cadavres, parfois d'animaux, parfois d'aventuriers, traînaient de plus en plus nombreux à mesure qu'ils s'approchaient des lieux. L'agitation était palpable malgré le manque total de vie : la terre grouillait, les ennemies avaient ramené des traces de sang sur leur passage et parfois les chaussures des voyageurs étaient couvertes d'une boue noire qui n'était autre que le liquide vital des arachnides. Ce n'était pas agréable, encore moins rassurant.

- J'ai rarement eu l'occasion de vivre des moments aussi stressants, fit Erwin en observant l'environnement.
- On ne dirait pas qu'il y a eu une vie avant, ici, surenchérit Louise dont les lèvres s'étaient progressivement déliées. On peut néanmoins noter que les morts sont plutôt anciennes, sûrement une demi-douzaine d'années.

Les corps étaient totalement décomposés, et les derniers lambeaux de chair avaient disparu. Seuls quelques cheveux trônaient encore sur les crânes durs des êtres disparus. La jeune femme avait l'air nostalgique devant ces corps dénués de vie... Mais elle reprit rapidement du poil de la bête en sentant arriver une araignée. Celle-ci s'avançait prudemment, de sorte à ne pas se faire repérer. Le rouquin sembla l'ignorer en continuant d'avancer, même s'il était certain qu'il en sentait la présence. Elle pesta donc un instant avant de se mordiller la lèvre mais retint ses coups. Quand ils arrivèrent finalement devant le nid, ce dernier était recouvert de toiles en tout genre capable de capturer les ennemis des insectes. On pouvait y voir des cocons dans lesquels étaient enfermées les dernières réserves de viande de l'île.

- Je vais m'occuper des œufs, fit le chef révolutionnaire à contrecoeur. Vous, allez vous occuper des araignées restantes.

Coupables d'avoir bu le sang des autres espèces, coupables d'avoir tué leurs ennemis. Elles étaient tout simplement et fatalement coupables des mêmes crimes que les humains, mais on les privait de leur vie pour sauver d'autres espèces. Elles étaient purement et simplement dédiées à l'idée de tuer, c'était peut-être ça qui les différenciaient des autres. Quand Erwin entra dans les lieux, il sentit que les yeux rouges le suivaient et l'accusaient de la mort de leurs amies. Cependant, elles n'étaient pas assez folles pour l'attaquer. Instinct de survie, à nouveau.
Erwin
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Lun 9 Juil - 21:15
L'antre de la bête

Après avoir retrouvé une apparence humaine non-couverte d’un amas d’immondice noirâtre et avoir délaissé sa nudité pour reprendre ses vêtements, ce qui semblait nettement plus commun et logique avant une bataille, le groupe se mit en marche vers le nid. Dès les premiers instants, une première limite à la coopération se fit remarquer : les petites jambes de Nana lui faisaient prendre un retard significatif si elle ne fournissait pas un effort majeur. Alors, après quelques centaines de mètres, la verte s’arrêta et initia une tradition qui se perpétuerait souvent à l’avenir : elle hissa la petite végétale sur ses épaules avant de rattraper Louise et Erwin. Le chemin que le groupe empruntait, Kanäe le connaissait parfaitement, il avait été l’un des chemins de chasse de son clan, un endroit où les animaux herbivores de l’île se trouvaient souvent démunis devant les techniques de chasse humaine du groupe du père de la maudite. Arpenter ce nouveau souvenir aurait pu être douloureux mais les choses allaient mieux, réellement mieux.

Avoir dit adieu à ses parents et à Norok, sur leur sol natal, avait allégé un cœur alourdi de ce fardeau depuis des années. De plus, depuis qu’elle se trouvait sur ses épaules, la femme-plante s’amusait à sculpté une natte couronne sur la tête de la Zoan, ce qui avait également le don de la calmer, comme sa mère le faisait, bien des années auparavant. En silence, la Toupex se demanda qu’elle serait sa petite passagère pour l’avenir. En si peu de temps, tellement peu, elle avait créé quelque chose avec cette femme à l’apparence d’enfant, un lien fort, un lien de dépendance entre deux femmes qui deviendraient des sœurs, des protectrices l’une pour l’autre. Inconsciemment et naïvement, la primée se demandait si cette petite n’avait pas été placée sur sa route pour qu’elle puisse oublier Norok ou, à tout le moins, le remplacer. Qu’elle trouve une âme sœur à protéger, une personne de qui elle pourrait prendre soin. Nana serait-elle cette personne ?

Ses tergiversations furent interrompues par le Dog qui partagea son humeur du moment, rapidement suivi par Louise. L’un faisait part de ses impressions alors que la seconde se contentait d’observer et de partager des faits. A son tour, la Zoan intervint.

Etrangement, je meurs d’excitation… J’ai appris à chasser ici, sur ses sentiers, dans ses bois. Ils ont changé, mais leur constitution est la même. J’ai l’impression de revenir des années en arrière, je ressens l’excitation de la chasse… Comme le disait mon père : « Kanäe, tu dois être sans pitié si ta vie en dépend ». On dirait qu’il avait prévu ce jour.


Alors, le silence se réinstalla mais la verte le rompit avant même d’arriver au nid, une question à l’attention de Nana.

Nana, voudrais-tu me suivre, parcourir le monde et te battre avec moi ? L’île n’est peut-être pas perdue mais je ne veux pas te laisser ici. Tu sais te battre, tu pourrais être d’une grande aide pour…


Elle fut alors interrompue simplement par les mains de la cadette qui vinrent se poser calmement sur son crâne, comme si elle comprenait que son avenir dépendait de cette réponse et qu’elle avait besoin de temps, pour réfléchir, pour savoir si elle se sentait simplement capable de quitter cette île, si proche de l’endroit où elle était née, elle aussi. Devant ce comportement, l’ex-mouette ne poussa pas la persuasion et attendrait le temps qu’il fallait pour que la jeunette se décide. Quoiqu’il en soit l’attente serait repoussée à la fin de leur aventure, le Dog annonçant le plan, signifiant qu’ils arrivaient sur place. Les toiles présentes témoignaient de cet état de fait et bientôt la verte transforma son corps une nouvelle fois et fit descendre sa passagère.

Ok, je m’occupe des araignées.


Sitôt dit, sitôt fait, il n’avait pas fallu plus d’une seconde à la Zoan pour relancer une lame d’air verticale qui vint annihiler de nombreuses toiles tendues entre les arbres près d’une sorte de caverne ainsi que quelques œufs qui explosèrent en rencontrant la lame. Réagissant au quart de tour pour protéger leurs intérêts, des dizaines, des centaines, peut-être des milliers de spécimens de toute taille sortirent de la caverne et descendirent des arbres. Levant les yeux, un sourire étrange illumina le visage de Kanäe : la chasse sur Noréa reprenait. A l’image de son père, elle n’ajouta qu’une phrase à l’attention de ses camarades mais peut-être aussi des arachnides.

Tu dois être sans pitié si ta vie en dépend.


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Mar 10 Juil - 22:43
Graine verte sur une terre noire [9]

Louise avait repris une posture de combat aux côtés d'une Kanaë plus sérieuse que jamais. Cette jeune révolutionnaire était impressionnante de ressources mais semblait manquer de bon sens. Elle se laissait trop aisément portée par ses émotions, ce qui la rendait vulnérable devant tant d'ennemis pour lesquels elle avait du ressentiment. L'amie d'enfance du rouquin ne fit cependant pas de commentaires, se contentant de garder ses pensées pour elle. Quelque soit la décision de cette femme, quelque soit son sort, ses dilemmes, elle n'en avait rien affaire. Ce n'était pas ce qui allait changé son monde, et tout cela était loin de son objectif. Car oui, Louise était venue avec un objectif qu'elle comptait bien remplir tôt ou tard. S'élançant dans les airs, elle se mit au-dessus d'un paquet d'araignées et frappa l'air avec virulence. La pression, l'onde qui en ressortit, balaya instantanément toutes les créatures dans un rayon de trois mètres au niveau du centre de l'attaque. Certains moururent sur le coup tandis que d'autres furent simplement propulsées.

- Redoutable comme style, fit-elle avec un air secrètement fier. Cependant, il peut encore s'améliorer.

Et elle repartit à l'attaque. Elle était de plus en plus loquace, signe qu'elle retrouvait la vie qu'elle avait perdu. Ce n'était plus l'outil emprisonné par le père d'Erwin : elle n'avait plus de chaînes, simplement un besoin intense de détruire, de se battre. Elle sourit et tandis que son poing frappait une nouvelle ennemie, détruisant ses mandibules au passage, elle ressentait ce besoin de massacre grandir en elle.

Au milieu de ces yeux rouges qui lorgnaient avec intensité sur le rouquin, celui-ci semblait concentré sur sa cible. Les araignées savaient, elles aussi, que si elles ne l'arrêtaient pas, c'était tout l'espèce qui était menacée. Cependant... Qui aurait pu les blâmer pour écouter un instinct de survie si intense ? Personne, de toute évidence. Alors qu'il continuait à marcher, il semblait être de plus en plus entouré de créatures octopodes. Et enfin, quand il arriva au niveau des œufs, géants, il put assister au déchirant spectacle de la naissance d'une de ces créatures voraces. Elle se jeta immédiatement sur le premier bout de cadavre qui traînait dans le coin, dévorant un membre d'aventurier un peu trop impétueux. Ces bestioles étaient... sanguinaires, portées sur leur survie. Elle ne méritaient pas d'être exterminées, pas selon les lois de la nature.

Cependant, entre nature et culture, il fallait choisir. Lorsque le choix était à faire, il devait se mettre du côté de l'espèce humain. Pas de l'humanité. Car s'il avait cédé à celle-ci, il aurait cherché désespérément un moyen de sauver tout le monde. Or, qui était-il en simple humain pour se croire capable de sauver tout le monde ?

« Ce ne sont que des bestioles. ». « Ce ne sont de petites créatures sans âme. ». Qu'est-ce que l'âme ? Qu'est-ce que la peur ? Elles avaient peur. Elles étaient tétanisées à l'idée d'être exterminées. Pourtant, elles avaient tellement tuer. Le dilemme qui se présentait devant lui, il aurait aimé y échapper plus longtemps. Cependant, sortant Excalibur de son fourreau, le rouquin se rappela qu'il avait déjà fait son choix. Il ne pouvait pas revenir en arrière. D'un geste large, tandis que les araignées se reculaient en espérant ne pas voir leur maison détruite, le rouquin abattit sa sentence. Un millier d’œufs disparut en un instant. Un millier de petits prêts à déferler sur le monde, emprisonnés dans des cocons, et qui ne verraient finalement jamais le jour.

En un instant, les finalement paisibles habitantes de l'île se ruèrent sur le jeune homme. D'un large geste circulaire, il fit disparaître les créatures sans broncher. Son regard franc laissa paraître une once de pitié pour ses ennemies, pour celles qui avaient détruit l'île, mais il dut s'en défaire rapidement. Il était acculé, ou plutôt elles étaient acculées dans leurs derniers retranchement. Un nouveau coup d'épée vint transpercer le nid et créa une ouverture vers le toit.

- Je ne ferai pas de longs discours. J'ai cru comprendre vous n'étiez pas coupables. J'en suis désolé, vous n''êtes que les victimes d'humains trop prétentieux.

Qui pouvait donc les avoir amener ici ? Alors qu'il sentait qu'y réfléchir ne ferait que le contraindre à arrêter son assaut, il remit à plus tard ce questionnement. Il se promit cependant d'y répondre, car quelque chose le chiffonnait : pourquoi cette île en particulier ?
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Lun 16 Juil - 13:37
Résignation  

Elle n’avait pas réattaqué que déjà l’amie du Dog, cette Louise si secrète était passée devant Kanäe et avait débuté la mise à mort globale, se complaisant elle-même devant son propre style de combat. Plus loin derrière, Nana était, elle aussi, entrée en action et faisait montre de la véritable puissance de ses pop-greens : le combat contre la masse. Pour ne pas risquer de blesser l’une de ses nouvelles amies, la petite végétale s’était éloignée avant de libérer des plantes carnivores massives et des ronces mouvantes gigantesques qui détruisaient la vie de dizaines d’arachnides au moindre passage. Si elle était sans doute efficace en duel, la future Toupex numéro deux semblait particulièrement à l’aise lorsqu’il s’agissait de clairsemer une armée d’opposant : elle était donc servie.

Plus esseulée que jamais depuis leur arrivée sur l’île de GrandLine, un retour en ce qui concernait la native, celle-ci commença à regarder autour d’elle, posément, cette lueur vive toujours présente au fond de son œil. Elle voyait les cadavres des octopodes volés en tous sens suite à la violence des ronces de Nana ou aux chocs des ondes de Louise. Elle sentait l’odeur de la mort emplir son nez et son corps d’une façon qui la répugnait au plus haut point, imaginant même que le corps sans vie de Norok se trouvait là, non loin. Elle ressentait la chaleur du sang noir qui pouvait asperger sa peau de temps à autre suite aux coups de ses camarades. En résumé, elle ne voyait autour d’elle que mort, désolation, violence et tristesse. Ce fut à cet instant précis, où toute beauté semblait avoir disparu, qu’elle transforma le reste de son corps pour adopter sa forme hybride avant de s’élancer vers les hauteurs arboricoles. Sautant d’arbre en arbre, tranchant les corps trop faibles des arachnides au passage, la maudite prenait de l’altitude, toujours et encore, dans le but de combattre dans une position stratégique : au-dessus des ennemis. Ces bestioles qu’elle haïssait tant seraient obligées de monter le long des troncs pour l’atteindre et alors ils seraient à sa merci, elle pourrait faire pleuvoir un enfer de lame sur eux sans le moindre arrêt, sans leur laisser la moindre chance de survie.

Durant son ascension, les mots de son père résonnaient dans sa mémoire : « sans pitié », « protège le clan », « chasse pour vivre »… Puis elle arriva en haut au moment où l’une des dernières leçons de son père lui revint en tête, la fin de la pensée précédente : « Chasse pour vivre mais ne vit pas pour chasser ». Comme livrée à un hasard morbide, ces mots retentirent à l’exact moment où la certitude avait pris possession de l’esprit de la Toupex : devant elle, dans les branchages morts des arbres où seules les cimes comportaient encore quelques feuillages, s’étalaient des dizaines de nid d’araignées. De toutes tailles, elle estimait qu’il y en avait partout, dans tous les arbres de la forêt ou presque. Les bêtes n’avaient pas seulement colonisé l’île, elles l’avaient investi de fond en comble. Se battre comme des fous, même sans la moindre pitié ne changerait absolument rien : Noréa était perdue. Il aurait fallu plusieurs semaines d’efforts pour ne serait-ce qu’espèrer vider la souillure de l’île. Or, ces semaines, Erwin et Kanäe n’en disposaient pas.

Mise devant le fait accompli, la maudite regarda les quelques araignées qui se trouvaient dans les cimes, qui la regardaient sans trop oser se mesurer à elle.

Ai-je le choix finalement ? Erwin m’a dit, vous n’êtes pas là de votre plein gré mais ça ne change pas le fond de l’affaire. Les chauves-souris sont mortes, l’île est morte et vous continuerez votre expansion d’une manière ou d’une autre. Noréa est ma terre natale, je dois y renoncer.  


Alors, sans attendre, le cœur lourd et serré, la traitresse se laissa tomber des grands arbres pour atterrir lourdement non loin du trou créé par le Dog quelques instants auparavant. Se penchant au-dessus de celui-ci, la verte interpella simplement le rouquin.

Erwin, on s’en va…  


Dans son esprit, le roux pourrait lire la résignation et une certaine détresse de celle qui se dirigeait vers Nana pour la récupérer et partir vers son village natal, une dernière fois avant de quitter l’île. Pourtant, en passant près de Louise, l’ex-mouette ne put que lui donner raison.

Tu avais raison, le feu est la seule solution.  


Elle retournerait donc en direction de son village, avec Nana, y attendrait Erwin et Louise pour finalement partir et purifier l’île.

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Mer 18 Juil - 19:00
Graine verte sur une terre noire [10]

Le trou qu'il avait fait servi à sa sœur. Elle le rejoignit un court instant après qu'il eut fini de ravager les lieux. Lui-même avait conscience qu'il serait difficile de sauver l'île entière, et de ne pas en laisser qu'une terre impropre. S'ils oubliaient un seul œuf, une seule parcelle de vie en ces lieux, ils ne pourraient pas ni d'ici mille ans, ni d'ici deux heures, s'assurer de l'entière disparition de ces prédateurs. En ces lieux, il ne restait que la mort et un havre de paradis éphémère. Combien de nids avaient-elles fait ? Combien de temps s'était-il passé exactement depuis que ces lieux avaient été esseulés par tant de violence ? Il ne restait plus que Nana, et elle n'était que le dernier arbre d'une peinture dont on ne souhaitait pas voir la fin. Pourtant, tout comme une peinture, cet endroit était amené à dépérir. Avec une résolution dans le regard, la verte prit une décision forte. Erwin ne tenta pas de la dissuader. Ils se hisseraient en dehors du trou, ils sortiraient aux côtés de Louise et elle annoncerait finalement que cet endroit souffrirait des flammes. Le sol était couvert de combustibles morts, de branches, de sang, de cadavres...

- Retournons au Havre, je pense que tu devrais dire « Au revoir » à tes parents.

Car lui n'en avait pas eu l'occasion quand il s'était cru seul. Et un jour, elle risquait de l'être à nouveau. Elle n'avait pas le fardeau de tant de morts à porter, pour Erwin. Celui-ci se tourna une dernière fois vers les cadavres des araignées. Ils brûleraient, brûleraient des centaines de fois. Alors que certaines espèces portaient leurs œufs sur elles, celle-ci avait, sûrement du fait de sa taille, choisi durant son évolution de les déposer dans un nid. Il n'y en avait plus. Il les avait détruits, d'un seul et unique coup de lame. Fermant les yeux, le rouquin se tourna finalement en direction du village. Cependant la main de Louise l'attrapa, et il l'observa un instant.

- Si l'homme qui a fait ça est toujours en vie, il faut le retrouver...
- J'en ferai un portrait robot et je l'enverrai à nos services. En attendant, fouillons les lieux.


Il était de toute évidence las, un peu abattu. Leur quête de solution s'était soldé par la pire qu'ils pouvaient imaginer. La condamnation à mort d'une île...

Cependant, dans des coins de l'île, le renouveau pourrait paraître. La verdure pourrait refaire surface. La terre pourrait redevenir fertile, et une fois que les créatures qui y habitaient auraient disparu, ils pourraient en réintégrer de nouvelles. La race de Norok n'était pas seulement présente en ces lieux. Ils pourraient, lors de jours plus calmes, retrouver le plaisir de visiter ce lieu et de lui rendre sa beauté d'antan.

- Noréa n'est pas morte, jura le rouquin. On la fera revivre une fois la terre purgée, et elle resplendira de nouveau.

Il sourit à sa sœur avec une pâleur qui ne lui était pas habituelle. Il venait à nouveau de commettre un crime. Il avait détruit une nouvelle espèce, il avait détruit de nouvelles vies. Les araignées étaient peut-être capables du meilleur, mais lui n'était capable que du pire en cet instant. Il savait que l'île pourrait retrouver ses couleurs... Si seulement il avait pu sauver tout ce qui pouvait l'être. Accepter son impuissance malgré sa force...

- Je vais aller voir les maisons, au cas où il y aurait des indices sur le scientifique. Est-ce que tu pourrais... fouiller dans les ruines près de là où tu avais l'habitude d'habiter ?

Il ne voulait pas souiller l'endroit où elle avait vécu son enfance. Louise, de son côté, n'attendit pas d'ordre avant de se mettre à la recherche de quelques indices, quelques objets ou messages qui auraient pu être laissé ici, lorsque les araignées avaient été insérées sur l'île. Le scientifique n'avait peut-être fait qu'un passage éclair, mais il avait du, auparavant, localiser les conditions idéales de diffusion de ces bestioles. Noréa n'était pas morte pour une raison obscure et impensable : il y avait quelque chose, derrière tout ça, qui permettrait de déterminer où chercher... Et où tourner les dernières pages de cette vengeance.
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Mer 18 Juil - 20:28
Racines


Devant les mots se voulant réconfortant du Dog, la Toupex, et la petite Nana ne purent que sourire et acquiescer. Bien que Nana soit née de l’amour d’une femme-arbre et d’un homme et qu’elle ait été élevée en grande partie en-dehors des canons de l’humanité, cette dernière comprenait parfaitement la situation et était attristée de voir que son île maison depuis quelques mois allait disparaitre. Y’avait-il une autre solution que la mise à feu de tout cela ? Non, très probablement pas. En tant que femme-plante, la petite jeune femme n’avait pu se résoudre à faire cramer l’écosystème qui l’avait accueilli, d’ailleurs, elle ne pouvait pas se résoudre à cramer grand-chose. Quoiqu’il en soit, le sourire de l’une comme de l’autre était particulièrement sincère et ce fut la Zoan qui accompagna l’espérance de son petit-frère, elle n’en oubliait pas sa proposition d’adresser un dernier adieu à ses parents.

Parmi les préceptes de mon clan, beaucoup parlaient de chasse ou de l’importance de la vie de communauté. Pour les derniers c’était évidemment des enseignements sur l’importance et la puissance de la nature. Mon père était le guerrier, ma mère l’herboriste. Il prônait l’absence de pitié et ma mère, la force de la nature. Lorsqu’elle a commencé à m’enseigner la botanique, elle m’a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié : « Kanäe, la nature est comme ton père, impétueuse, exigeante mais fragile. Pourtant, comme notre clan, elle se relève toujours ». Mon clan a péri mais je suis encore là. Comme nous, Noréa renaîtra… J’en suis persuadé. Mais… Je laisse une part de moi ici.


Une nouvelle fois dans cette journée, une larme coula sur la joue de Kanäe alors que des images de son enfance lui repassaient en tête : sa première chasse, sa première chute, sa première cueillette, son premier amour d’enfance, ses premiers combats… Noréa disparaissait et laisserait bientôt place à un nouvel endroit où elle ne retrouverait pas tout cela. Elle était triste et repensait au passé mais pourtant ce fut un élément du présent qui la rappela à la raison. Le présent, son présent : l’inquisition, ses amis, sa nouvelle famille et lui… Elle s’approcha du roux et vint poser sa main sur sa poitrine, au niveau de son cœur. Erwin ne le savait pas, mais il s’agissait là d’un acte plein de signification dans le clan de sa grande sœur. Elle le regarderait alors dans les yeux, elle y percevait sa tristesse et ce sentiment de faiblesse.

Rappelle-toi où sont tes racines, quel est ton objectif. Tu ne peux pas tout sauver mais dis-toi que tu as sauvé quelqu’un aujourd’hui, tu m’as sauvé.


Un sourire amusé prit alors forme sur le visage de la traitresse qui reprit immédiatement après un petit blanc comblé par un sourire franc.

De très nombreuses fois déjà…


Alors, Kanäe tournerait les talons et se rendrait au « havre » comme l’avait appelé Erwin. Avançant tranquillement, elle arrivera bientôt au cimetière mais elle n’y entra pas, elle resta à l’entrée de ce dernier, regardant fixement la tombe du couple parental.

Je vous aime…


Elle n’attendit pas un instant de plus et quitta la zone pour entrer finalement revenir à la zone qui l’avait vu naître. Ce qu’elle avait à dire à ses parents, elle leur avait dit quelques heures auparavant, il n’y avait plus rien ajouter que cette dernière preuve d’amour. Arrivée devant ces maisonnées pleines de souvenir et toutes détruites par le temps, Kanäe se dirigea en direction de l’arbre gigantesque en arrière-plan et se fraya un chemin parmi les quelques racines vers un passage souterrain. Ici-bas, des marches creusées à même la pierre étaient maintenant recouvertes de plantes grimpantes en tout genre, le tout menant un peu plus bas, dans les entrailles de l’île, dans le sanctuaire du clan de la Toupex. Evidemment, elle ne trouva aucune preuve, personne n’avait pu trouver ses lieux aussi facilement que cela. Nana semblait l’avoir parfaitement protégé, aucune araignée ne semblait y avoir mis les pieds. Arrivée au fond de ce petit dédale, les deux jeunes femmes arrivèrent dans une grande salle vide. La plus grande se retourna alors vers la plus petite.

Nana, viens avec moi.


La petite la regarda intensément et finit par afficher un large sourire tout en accompagnant le tout d’un signe positif de la tête : Kanäe avait découvert une petite graine verte sur une terre noire.

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Mer 18 Juil - 23:51
Graine verte sur une terre noire [11]

Le rouquin avait laissé sa sœur après avoir acquiescé. Il se rappelait de ses racines avec clarté, et de son objectif à chaque fois qu'il croisait le chemin d'une personne dans le besoin. Il ne pouvait pas tout sauver, c'était une vérité âpre, mais il pouvait aider quelques personnes sur sa route. Cela donnait du sens à sa vie, et donnerait du sens au reste du temps qu'il avait sur cette terre. Il ne put donc qu'émettre un sourire paisible et bienveillant, empli d'une compassion pleine de sens. Quand il était gamin, c'était cette demoiselle qui lui avait montré les premières traces de cette compassion qu'il exprimait aujourd'hui. Il ne faisait que lui rendre ce qui lui appartenait. Elle l'avait sauvé d'innombrables fois, au moins autant que lui ne l'avait aidée. En partageant ces instants d'intimité, le rouquin vivait leur fraternité.

Quelques instants plus tard, il était seul à fouiller les maisons en ruine. Parfois, les toits branlants étaient recouverts de lierres qui maintenaient la structure debout, des troncs solides pour des plantes grimpantes à l'origine. Il n'était qu'admiratif devant une telle volonté de la nature de maintenir quelque chose d'artificiel. À ses côtés, des pots en terre cuite étaient à moitié brisés, et du grain moulu avait laissé derrière lui ses derniers aspects nutritifs.

- C'était un bel endroit...

Le jeune homme souriait, nostalgique. Il se dirigea vers une table, et s'y assit. Il y posa ses mains pour balayer la mousse qui s'y trouvait, et observa les dessins d'enfants qui y étaient gravés. Son sourire laissa finalement place à une expression de tristesse tandis qu'il observa les gribouillis aléatoires, parfois purement factuels d'événements heureux. Un cœur, un animal, une scène de tendresse... Les derniers, les plus récents, représentaient des éléments plus inquiétants. De la tristesse, la guerre... Et des initiales. Celles-ci avaient été tracées avec la main d'un adulte. Le rouquin fronça les sourcils : on avait violemment écorché le bois... Sûrement pour faire passer un message. « L.A. ». De qui pouvait-il donc s'agir ?

- Tu es nostalgique de notre enfance ? Fit Louise en arrivant par une fenêtre totalement ravagée.

Il la regarda un instant. Elle avait quitté son rôle de mutique pour s'investir dans celui de guerrière éclairée. C'était une situation dans laquelle cette femme semblait à l'aise. Il ne pouvait pas mettre derrière lui, cependant, l'image de cette enfant qui avait été obligée de participer aux expéditions du culte de Skarn, aux rites... Elle les avait détestées, toutes ces.... horreurs. Aujourd'hui, elle marchait sur un parquet en bois recouvert de quelques chairs de végétaux. Les insectes grouillaient encore dans cette zone, mais ici uniquement.

Il ne répondit pas. Il se contenta de tourner son regard en direction de la fenêtre cassée et d'apercevoir, au loin, des yeux rouges qui le suivaient. Les araignées n'étaient pas encore toutes mortes, preuve que leur massacre n'avait servi qu'à les ralentir. Le crime qu'ils s'apprêtaient cependant à perpétrer mettrait fin à tout cela, et s'ils arrivaient à trouver ce scientifique... « L.A. »...

- Viens voir, fit le rouquin à la jeune femme.

Elle s'approcha proche de lui. Sa tête se baissa et ses cheveux noirs, courts, vinrent se poser sur son épaule. Autrefois, il était fou amoureux d'elle. Les choses avaient bien évolué. Elle fronça les sourcils et passa ses doigts fins mais scarifiés sur la table. Elle analysa rapidement les dessins du regard, puis d'un air contraint sembla vouloir exprimer une pensée profonde.

- S'agit-il d'initiales faites dans l'urgence pour donner des indications sur notre cible ?
- Je ne sais pas... En revanche, tu vois la profondeur de ces gravures, c'est...
- Un adulte qui les a faites, bien sûr. Continuons de chercher, il y aura peut-être d'autres indices.


Il acquiesça. D'autres personnes avaient peut-être voulu dire quelque chose en urgence aussi. Louise, lorsqu'Erwin eut le dos tourné, sourit avec amusement. Les choses se déroulaient sûrement comme elle l'avait espéré.
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Mar 24 Juil - 22:47
Vers la fin

Kanäe profita de ce petit moment au calme, loin de cette Louise qu’il ne connaissait pas et se contenta de prendre la petite Nana dans ses bras lorsque celle-ci accepta de la suivre à l’avenir. Un tendre moment entre les deux vertes, entre cette petite Nana qui venait, officieusement, de prendre un nouveau nom, celui de « Toupex », comme sa grande sœur. La plus grande, au moment de l’étreinte, eut une pensée pour sa mère, pour Norok, pour son père : pour ses êtres proches qui n’étaient plus et qui avaient tous vu le jour sur Noréa. Son île natale avait été le début de sa vie, elle avait été la marque de la fin d’une époque correspondant à la fin de sa vie de famille et maintenant, il s’agissait d’un renouveau. Certes, ce renouveau était sombre et se prolongerait pas la destruction totale de son île natale mais la Zoan retrouvait un nouveau camarade, une nouvelle protégée, une nouvelle âme avec qui partager sa vie. Cette étreinte, elle ne dura que quelques secondes, pourtant, pour l’une comme pour l’autre, elle sembla s’étendre beaucoup plus longtemps, les deux femmes y trouvant une paix qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps.

Durant ses dernières années, une telle paix, une telle quiétude, Kanäe ne les avait ressentis qu’en présence du Dog, de ses amies proches ou de quelques rares personnes. Le magicien fou Shigo Ike en était un exemple et inspirait une certaine folie et une certaine douceur à la Toupex d’une telle façon qu’elle pouvait être elle-même avec lui. Avec Nana, pourtant encore nouvelle dans son cœur et dans sa vie, elle ressentait cette même sensation : une vraie liberté personnelle. Enfin, lorsque le contact cessa, la grande remarqua que la petite présentait quelques larmes sur ses joues. En réalité, depuis la mort de sa chère et tendre mère végétale dans un feu de forêt, la petite n’avait plus jamais reçu de câlin, pas le moindre. Qui aurait pu lu en faire ? Son père qui les avait abandonnés très tôt ? Les araignées de l’île ? Les choix semblaient assez limités.

Après une petite hésitation, elle sécha ses larmes et attrapa la main de Kanäe, prête à se laisser trainer vers la surface, chose qu’initia la primée. Pourtant, dans les escaliers recouverts de plantes grimpantes, l’utilisatrice de pop-green remarqua quelque chose, un petit objet qui reflétait la lumière de la lune qui s’immisçait entre les grandes racines de l’arbre. Elle lâcha donc la main de sa coéquipière et s’approcha de la chose en question pour venir la ramasser et la porter devant son visage. Pour elle, il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une sphère de verre en partie brisée qui recelait une petite aiguille pointée fixement vers le Sud-Ouest. En agitant la chose devant son visage enfantin, elle remarqua alors le reflet de la révolutionnaire qui s’approchait d’elle et qui contrairement à la première avait parfaitement reconnu l’objet en question.

Un Eternal Pose, qu’est-ce que…


Elle sollicita l’objet des mains de la petite et l’étudia rapidement. Pas de nom de destination sur l’objet, seulement cette aiguille pointant toujours dans la même direction peu importe que l’on tourne et retourne l’objet. Hissant alors la petite sur ses épaules, Kanäe avala les marches rapidement et rejoignit Louise et Erwin avant de lui tendre l’objet.

On a trouvé ça dans les escaliers du temple, quelqu’un a dû descendre et le laisser tomber.


L’objet était brisé, signe que la personne ne l’avait pas laissé là à dessein mais seulement par manque d’utilité futur. Erwin avait abordé le fait qu’un humain avait déposé les araignées sur l’île, qu’il pouvait y avoir des indices, Nana en avait trouvé un de toute évidence.

Vous avez trouvé quelque chose ?


Le départ était imminent, mais si la traitresse pouvait mettre la main sur la personne à l’origine de tout cela, elle ne s’en priverait pas.

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Ven 27 Juil - 13:22
Graine verte sur une terre noire [12]

Les recherches continuaient. Le rouquin s'était à nouveau séparé de Louise, dans le but de couvrir un maximum de terrain le plus rapidement possible. Dans l'idéal, il aurait fallu repasser aux mêmes endroits, mais ils avaient déjà consommés beaucoup de temps dans ces lieux. Les araignées avaient du provoquer la terreur des habitants, et la mort qui en avait résulté... C'était un triste sort qui était octroyé à ces personnes-là. Le rouquin passait de temps à autres devant les affres de ce monde, mais quelque chose le choquait plus que de mesure : il n'y avait pas beaucoup de cadavres, du moins... Est-ce qu'ils avaient été enterrés ? Les habitants ne devraient pas avoir eu le temps de faire les rites funéraires, mais il se doutait que quelque chose d'anormal. En passant devant une maison, il fronça les sourcils : une lanterne était allumée ? Il y avait de la lumière. Il s'approcha. Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'il aperçut sur le sol un Dial à côté d'une pierre luminescente. C'est un Audio-Dial... Le jeune homme ouvrit l'appareil. Une voix en sortit : il ne la connaissait pas.

« Ils sont venus. Ils avaient des masques en forme de démons. Les araignées nous ont attaqué durant des semaines et ont réduit nos défenses, puis nous avons commencé à être enlevés progressivement. Une île entière rasée. Ce signe. Des expériences... Sûrement. Aidez-n... »

L'objet s'arrêta d'émettre. Le révolutionnaire avait retenu sa respiration durant tout le court monologue. C'était des informations précieuses : on avait enlevé les personnes qui étaient présents sur cette île, ou du moins ceux qui avaient survécu aux premiers assauts. Les araignées n'avaient jamais été là uniquement pour coloniser. Elles avaient été là pour affaiblir et rendre la capture plus aisée... Le rouquin s'était demandé pourquoi il lui avait semblé que tout cela était relativement normal, c'était parce qu'il connaissait cette méthode. Ses veines devinrent proéminentes tandis qu'il abattit son poing sur le bois à ses côtés.

- Putain, fit-il en serrant les dents.

Il se rendit vers le point de rendez-vous. Nana était présente, avec Kanaë. Les deux demoiselles avaient terminé leur tour de l'île et montrèrent leur trouvaille que le rouquin examina. Ce n'était pas un oubli, ce n'était pas un hasard. Il était derrière tout ça. Il avait tout prévu. Le jeune homme pesta simplement tandis que Louise venait de finir sa fouille. Dans ses mains, une liasse de journaux permettait d'estimer à partir de quand ils avaient arrêté de recevoir les nouvelles de l'extérieur et de donner une estimation : les dernières disparitions avaient eu lieu cinq mois auparavant.

- L.A., ce sont deux initiales que nous avons trouvé sur une table, gravées par un adulte... A, c'est pour Arsenal. C'est mon père qui est derrière tout ça.

Le jeune homme se souvenait de toutes les horreurs qu'il avait faites, et des plans qu'on lui avait exposé. Il détailla ainsi les rouages qui étaient derrière toute cette histoire : on avait mis des araignées pour affaiblir la population, puis des hommes étaient venus capturé le reste de la population. La chasseuse de prime avait sûrement été manipulée pour qu'au moment même où ils rencontreraient Kanaë, elle donne les informations à son frère et l'amène ici.

- Ils veulent nous attirer en retenant prisonnier des personnes de ton village. Je ne sais pas ce qu'ils ont prévu mais... C'est sûrement de mauvaise augure.
- Tu devrais ne pas y aller,
fit Louise, sèchement.
- C'est malpoli de refuser une invitation, rétorqua le rouquin en serrant l'Eternal Pose. Kanaë, cette histoire... Je suis désolé. Je vais résoudre tout ça, je te le promets.

Il n'implorait pas la clémence de sa sœur, seulement sa patiente. Le rouquin comptait bien mettre un terme aux exactions de son paternel. Le maître du Culte de Skarn avait plus d'un tour dans son sac. Il avait capturé des innocents, et il allait s'en mordre les doigts.
Erwin
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Kanäe Toupex
Breaker of Chains
Kanäe Toupex
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Sam 28 Juil - 12:53
Un vieux fantôme

En retrouvant le Dog, la Toupex remarqua immédiatement que quelque chose n’allait pas, il n’était pas souriant, pas depuis les massacres de l’île mais là, sa mine semblait plus dépitée, plus affligée et plus sombre. Cette expression, elle ne l’avait vu que très rarement sur le visage du chef de l’inquisition qui, malgré ses responsabilités, était souvent d’un naturel joviale et enjoué lorsqu’il se trouvait avec les membres de sa famille inquisitoriale. Mais non, cette fois, ce n’était plus cette famille-là qui prenait le dessus et le mettait en joie mais bel et bien son autre famille, les liens du sang, qui se rappelaient à lui et lui causait un grand tourment. Alors, lorsqu’il annonça la cause de celui-ci, lorsqu’il invoqua le nom de son paternel aux oreilles de sa sœur adoptive, les mâchoires de cette dernière se crispèrent d’un coup et son regard changea pour s’emplir d’une violence rarement vue chez elle.

Que le patriarche Arsenal soit derrière l’intrusion des araignées sur l’île aurait suffi à la mettre en rage, qu’il s’agisse de lui ou d’une autre personne d’ailleurs. Pourtant, en l’espèce, ce n’était pas seulement et pas tant la destruction de vie sur l’île qui causait cette déferlante de haine mais seulement les souvenirs que Kanäe associait au nom prononcé par le rouquin. Arsenal… Elle n’avait plus appelé Erwin comme ça depuis près de dix ans, plus depuis le jour où ce père l’avait encouragé à lui laisser l’éducation de son fils, plus depuis qu’il les avait séparé. Puis, avec les retrouvailles, la verte avait appris la triste vérité : manipulation mentale, mauvais traitement, mise en danger… Le dirigeant de ce culte étrange n’avait rien épargné à son fils et pour cette raison, la maudite du scorpion s’était toujours fait une joie de s’imaginer transpercer cet homme encore et encore. Aujourd’hui, il lui en donnait encore une raison supplémentaire. En entendant ce nom, elle revécut une scène, un épisode difficile de sa vie : les instants qui avaient suivi le moment où la jeune Kanäe Toupex avait pris sa première vie humaine. Elle se revoyait, dans les souterrains crasseux du culte, dans une petite chambre partagée avec Erwin, planter l’une de ses dagues dans le cou d’un assassin venu pour le très jeune rouquin. Puis l’instant d’après, devant le père de l’enfant, ce dernier avait tout fait pour l’éloigner, lui dire que sa présence ne serait pas opportune à la sécurité d’Erwin. Jeune, Kanäe avait accepté… Mais si elle avait su, si elle en avait eu les capacités à l’époque, elle aurait simplement tranché la gorge de ce fou.

Aujourd’hui, ce dément, ce vieux fantôme, refaisait donc surface sous la forme d’une apocalypse tournée contre l’une des proches de son fils : il se servait de l’ex-mouette pour atteindre le révolutionnaire… La stratégie était maligne, à n’en pas douter, mais le père Arsenal avait fait une erreur. Peut-être pensait-il pouvoir se prémunir de la colère de son enfant en invoquant les liens du sang, mais l’une des personnes ici-bas n’en avait aucun avec lui. Ainsi, d’une voix sèche et peu aimable malgré elle, la Toupex répondit à son petit frère.

Ne t’excuses jamais pour les agissements de ce connard, il n’est pas toi et tu n’es pas lui. Pour les gens de mon village, non c’est impossible. Ils sont tous morts avant mon départ, il devait s’agir de nouveaux colons venus s’installer sur l’île…


Quelque chose dans cette intervention surprendrait très probablement le Dog qui connaissait bien la maudite : l’usage d’une grossièreté. En temps normal, même devant un vrai salaud, Kanäe ne jurait pas, jamais. Pourtant, lorsque l’on parlait de cet homme en particulier, il semblait qu’elle avait quelques difficultés à se retenir.

Par la suite, elle n’écouta pas la remarque de Louise, qu’elle trouva totalement idiote et se concentra davantage sur la réaction du rouquin, qu’elle trouva bien plus sensée.

Je t’accompagne, évidemment. Et je serai totalement honnête, si tu éprouves la moindre difficulté à en finir, je le ferai pour toi.


Elle ne rajouterait alors rien et partirait se retournerait alors pour regarder une dernière fois son village. Elle respirerait une dernière fois l’odeur de Noréa, viciée maintenant et profiterait une toute dernière fois de l’ambiance du lieu qui l’avait vu naître.

Il est temps d’y aller. Erwin, s’il te plait, embrase l’île.


Comme elle doutait que le Dog puisse un jour tuer son paternel par lui-même, elle ne se sentait pas capable de mettre le feu à sa terre natale. Ainsi, une fois que le brasier serait allumé, elle attraperait Nana et se laisserait emmener loin de là grâce à la malédiction du paramecia, une dernière pensée allant à ses parents reposant aujourd’hui en paix.

©️ Codé par Kari Crown


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