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[FB] Maître et élève. [Pv Christopher]
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Lun 30 Avr - 0:20

Maître et élève
ft Christopher




Le bruit sourd raisonnait et se répercutait en boucle et en écho facétieux au sein de l'une des cour secondaires du manoir de la famille Kudo. C'était un endroit paisible, légèrement à l'écart des dépendances, sans pourtant être plongé dans le charme sauvage de la forêt locale ou l'effervescence marchande des rues passantes. Un endroit idéal, en bref, pour tuer le temps durant ses périodes de repos certes peu nombreuses et souvent bien brèves, mais bel et bien existantes. Alexander n'avait jamais oublié ses origines, pas même un seul instant. Il était né soldat et, il l'imaginait sans peine, finirait par mourir soldat. Fut-ce au sein d'un champ de bataille anarchique, foudroyé de plein fouet par des nuées de balles scélérates sifflant de toutes part, ou fut-ce contre à un tas de muscles trop robuste et trop aguerri, le noiraud le savait quasiment viscéralement : ce serait un combat qui l'arracherait à ce monde, d'une manière ou d'une autre. En attendant, il n'avait donc qu'une seule et unique chose à faire : s'entraîner, de sorte à ce que son corps soit plus ou moins paré à toute éventualité. Il était illusoire d'espérer ainsi retarder l'échéance, mais il croyait naïvement encore avoir le droit de partir avec panache... Chance inouïe refusée à Anastasia, son ex compagne disparue depuis désormais bien trop longtemps. Non sans un grognement bestial, son poing se fit plus virulent que jamais à cette pensée entêtante qui demeurait constamment terrée dans un coin de sa tête en patientant tranquillement jusqu'au moment opportun pour se manifester et le tourmenter d'autant plus efficacement. Le mannequin de bois, qu'il percutait grâce à ses poings couverts de simples bandages de tissus, virevolta soudain à travers la cour et, bruyamment, alla s'écraser contre un arbre non loin. Faisant grincer ses dents, aussi agacé qu'exaspéré par ces chimères qui ne le quittaient jamais vraiment, le Tylor passa quelques doigts dans sa chevelure tout en jetant un coup d’œil à l'astre solaire qui, péniblement, amorçait sa descente. Il ne travaillait pas, cet après-midi : il reprendrait le service de garde le soir venu, jusqu'à minuit passé. En attendant, il entendait donc s'entraîner, et s'il s'était échauffé seul, il savait pertinemment que la suite serait plus animée... Car il avait convié Christopher à se joindre à lui.

Christopher... Cela faisait quelques temps qu'il avait recueilli ce gamin dans les rues d'Okalmoa et qu'il avait commencé à lui apprendre les rudiments du combat à mains nues. Et force était d'admettre qu'il avait plus que correctement progressé... Au point même de flirter avec les compétences actuelles du mercenaire, lequel n'avait stagné que bien trop longtemps. Il avait quitté la fureur des batailles pour se complaire au sein d'une vie sereine et tranquille, sur cette petite île paradisiaque et quiète égarée au sein des flots glaciaux de North Blue. Était-ce une erreur ? Pas vraiment, il en avait l'absolue conviction : il n'aurait jamais su, dans le cas contraire, qu'il avait secrètement enfanté Natsumi... Et il aurait toujours pris le fruit de ses entrailles pour le résultat de l'amour d'un autre. Il devait toutefois rebondir, dorénavant... Cela ne viendrait qu'avec le temps, c'était également certain. Il pouvait toutefois s'y préparer : en redoublant d'efforts lors de leurs séances musclées, justement. Quant au reste ? Les occasions de casser du pirate interviendraient bien assez vite. Alexander avait décidé de suivre sa fille au sein de la marine locale, et ils allaient probablement être dépêchés dans un coin plus palpitant, plus vivant. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il avait un mal de chien à croire que les hauts-gradés pourraient décemment tenir un esprit aussi calculateur et méthodique que celui de la gracile blondinette à l'écart des véritables enjeux. Certes, elle n'avait pas l'air des stratèges bourrus qu'on imaginait dans leurs bureaux, les tempes grisonnantes de leurs expériences passées et des années évanouies, la bouille plus sillonnée de rides que les champs de batailles ne comptaient parfois de tranchées... Mais elle en avait toutefois le pragmatisme posé et le sang froid. Et lui, d'ailleurs ? Avec son passé de mercenaire et celui, plus récent, de garde-du-corps, il était un candidat parfait pour être dépêché sur le front dans l'heure. Déjà entraîné, déjà rompu à l'exercice martial, déjà doté de compétences foudroyantes... Un parfait petit soldat assez endurci pour devenir le pivot d'une unité de choc, destinée à éradiquer les petites frappes avant qu'elles ne prennent de l'ampleur. Était-ce l'avenir auquel il aurait souhaité se destiner ? Le Tylor préférait ne pas y songer. S'il n'avait jamais été atteint de rêves égocentriques et démesurés, s'il n'avait jamais eu l'ambition suffisante pour espérer caresser, ou seulement effleurer la grandeur de certains noms renommés sur toutes les mers de ce damné monde, il devait admettre qu'il restait toujours plus exaltant de casser sa pipe contre un Yonkou plutôt que contre Jean-Machin, pirate alcoolique et boiteux issu des bas-fonds de Luvneel...

-Pfiouu... On s'y remet...

Un soupir s'était échappé, suivi de quelques mots prononcés d'une voix basse et négligente, tandis qu'il s'était approché du mannequin d'entraînement pour le redresser. Il reprit alors la série de coups vifs, ne prêtant pas la moindre attention à son torse seyant et déjà perlé de sueurs : il faisait chaud, pour une telle mer, et les rayons solaires étaient plus qu'agréables, ainsi accompagnés d'une brise maritime encore chargée d'embruns...


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Mar 1 Mai - 0:04
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford


Aux quatre coins du monde naissaient chaque jour des individus qui se verraient dotés, plus tard, d'un puissant et indéfectible sens de la justice comme il y en avait peu dans ce monde. Ces hommes et ces femmes d'horizons très différents, ne pouvant rester insensibles face à la criminalité toujours croissante et à la misère partout où leur regard se posait finissaient par ne plus pouvoir supporter cet horrible spectacle. Déterminés à mettre la main à la pâte pour changer les choses, guidés par des rêves illusoires autant que par leur sens du devoir, ils s'en allaient revêtir cet uniforme bleu et blanc représentatif des forces armées du gouvernement mondial. Quel meilleur moyen pour apporter sa pierre à l'édifice ? Seulement voilà la réalité n'était jamais à la hauteur de l'imagination débordante de ces jeunes individus, si bien que beaucoup se trouvaient déstabilisés voir déçus au sortir de leur formation initiale. Ils étaient bien loin les combats dantesques, envolées les acclamations de peuplades en liesse, disparus les remerciements : seule subsistait l'amère réalité. Certains de ces protecteurs en devenir finissaient par s'habituer à leur condition et s'y adapter, mais la transition n'était pas aussi aisée pour tout le monde.

Observez donc cette petite base de la marine sur cette île mineure de North Blue, observez donc les trois jeunes hommes en uniformes bleu et blanc montant la garde à la porte nord, puis maintenant essayez de devenir lequel d'entre eux avait le plus de mal à accepter cette position. Était-ce ce grand blondinet aussi épais qu'une brindille assis sur une caisse en bois, tentant de résister à la chaleur assommante de cet après-midi ? Peut-être s'agissait-il de ce petit rouquin dont le dos était reposé tout contre le mur d'enceinte comme seul point d'appui ? Ou alors ce jeune individu à la tignasse marmonnée cachée sous une casquette, tournant en rond devant l'entrée ? Oui, votre intuition était la bonne, il s'agissait bien du troisième individu.
Cela faisait presque depuis le début de sa garde qu'il tournait en rond sous le regard exaspéré de ses collègues et subordonnés, soit depuis au moins trois bonnes heures, grommelant et shootant dans tous les cailloux à sa portée pendant son éternelle marche circulaire. Bientôt, à force d'observation mettant à mal sa patience, l'un des deux autres marines lâcha à l'encontre de son camarade :

- T'as fini de faire les cent pas ? Tu m'donnes chaud.

Bien évidemment cette intervention n'eut pas le moindre effet et, toujours perdu dans ses pensées, le jeune marine - au haut d'uniforme largement entrouvert pour laisser la légère brise venir rafraîchir son corps – poursuivit sa ronde infinie jusqu'à ce que le marine précédent l'interpelle de nouveau, cette fois-ci en haussant le ton d'un cran.

- Eh oh, Crawford ! J'te cause !

Le jeune Crawford avait beau être concentré dans son grommellement qui durait déjà depuis plusieurs heures, ce fut l'intervention et l'irrespect de l'autre marine qui parvinrent à l'extirper de ses pensées. Stoppant sa marche, il pointa le marine d'un doigt accusateur tout en répliquant :

- C'est sergent Crawford, d'abord ! Et non, j'ai pas fini ! J'me coltine encore la garde comme un péon de base, c’est n'importe quoi !
- C'est pas si mal, au moins on est peinard.
- C'est un boulot de troufions, oui. Vous deux encore, je comprends, mais moi ? Moi ! Franchement c'est du gâchis.
- Sympa...

Si de prime abord le jeune sergent pouvait semblait se montrer outrageusement irrespectueux envers ses camarades et subordonnés, ne s'y prenant pas de la meilleure des façons pour s'attirer leur sympathie, ce n'était pas totalement volontaire. En effet qui prendrait la peine de converser avec des personnages secondaires en prenant des pincettes ? Ces hommes n'avaient pas la moindre importance dans le grand ordre des choses ni dans le chemin glorieux qu'arpentait le jeune Crawford, les traiter avec déférence serait donc une pure perte de temps. Reprenant sa marche, frustré d'être coincé à faire le poteau à l'entrée d'une base parmi les plus tranquilles au monde, le marine fut de nouveau interpellé par son collègue :

- Tu veux pas t'foutre à l'ombre et arrêter de râler ?
- Et puis qu'est-ce que tu vas faire ? T'as un rendez-vous, peut-être ?
- Justement, oui !
- Dommage, ça va devoir attendre ce soir.

Attendre ? Non, certainement pas. Son maître et lui-même se rencontraient quotidiennement pour échanger des idées ou des coups et, même depuis son incorporation aux forces de la marine, Christopher Elias Crawford n'avait jamais manqué un seul de ces rendez-vous si précieux. Cela faisait plusieurs minutes que son maître de classe devait déjà l'attendre et, apparemment, le sergent avait écopé de la garde de cette entrée durant tout le reste de la journée. Non, il ne pouvait pas rester coincé ici à faire ce que le premier troufion venait pourrait accomplir ! Il devait viser le sommet !


- Oh et puis merde, j'y vais ! Si on me cherche, j'suis parti sauver un chat coincé dans un arbre !
- T'es sérieux ? Et nous ? Tu vas nous lâcher ? Reviens !
- M'en fous !

Ni une ni deux le jeune homme prit ses jambes à son cou en direction du manoir où travaillait encore son maître, le jeune Christopher arpenta les rues de la ville à une vitesse folle jusqu'à pénétrer dans la propriété sans même s'arrêter. Si au début sa présence ici avait été vue avec une surprise mêlée de suspicion, après de nombreuses années toutes les personnes qui travaillaient ici avaient fini par accepter ses allers et venus incessants. Cela faisait partie de leur routine quotidienne, pour ainsi dire.
Guidé par l'écho des coups portés par son maître, le jeune homme courut à vive allure et, au moment de pénétrer dans la cour où se trouvait le Tylor, le futur héros bondit en avant, le pied tendu, tout en s'écriant au dernier moment :

- BONJOUR, MAÎTRE !

Si d'autres pourraient trouver cette façon de faire étrange voire irrespectueuse, cette façon d'attaquer son maître en guise d'introduction était un rituel mis en place au fil des années. C'était autant une façon musclée de se dire bonjour qu'un moyen quotidien d'évaluer les progrès du jeune héros. Bien sûr une simple esquive du garde du corps et son poulain se mangerait le mannequin de plein fouet, mais ce n'était qu'un détail.
Isalia (c) 16

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Mar 1 Mai - 15:29

Maître et élève
ft Christopher




-Je te l'ai pourtant déjà dit...

Avec vélocité et réactivité, le noiraud se pencha. Il aurait pu se contenter de laisser son élève passer généreusement au-dessus de lui pour s'éclater contre le mannequin ou, à défaut, se ramasser au sol lourdement, mais cela n'aurait été pas très didactique et formateur. S'il était un professeur intransigeant, il était surtout homme à ne négliger aucune piste, à ne renoncer devant aucune méthode pour inculquer à son élève tumultueux et explosif l'art de la guerre. Cela impliquait, au jour le jour, une certaine dose, parfois généreuse sinon débordante, de brutalité que d'aucuns auraient volontiers qualifié d'excessive. Pourtant, avec Christopher, il était complexe de perdre son temps en cours théoriques fastidieux et interminables : il apprenait bien mieux et bien plus vite par les muscles plutôt que par l'esprit. Ainsi, pour rendre davantage de profondeur et de pertinent à tout un ensemble de leçons qu'Alexander avait déjà pu dicter, sous la houlette sérieuse de son passé de combattant confirmé et rodé, le garde-du-corps prit momentanément la décision de se montrer plus fourbe et plus violent qu'à l'accoutumée. Désormais penché, ayant encore un laps de temps plus que raisonnable pour agir, tant la discrétion avait fait défaut à son jeune élève impulsif et compulsif, et puisqu'il s'était annoncé avec un joie bien trop loquace et assumée, le noiraud attrapa à deux mains la base du mannequin d'entraînement et, démontrant ainsi sa force physique effarante, il se redressa en amorçant un mouvement de rotation, entraînant le mannequin à la suite de ses bras. L'objectif ? Offrir à Christopher une première rencontre fracassante avec ledit mannequin qui, pour le coup, était davantage celui qui portait le coup plutôt que celui qui, docilement, les recevait sans broncher...

-La discrétion et la lâcheté ne sont pas la même chose !

Christopher devait se résigner à user d'intelligence pour exploiter son potentiel à son paroxysme. Il était déjà un jeune homme débrouillard et dégourdi, solide et robuste, endurant et vif, preste et souple, rapide et réactif... Il se devait désormais d'être plus timoré dans son approche, plus réservé, plus pondéré. Ce n'était qu'en modérant son impatience et son engouement parfois indigestes qu'il saurait en venir à tenir tête à son mentor qui, pour l'heure, conservait encore grâce à cette tare une longueur d'avance non négociable... Les vainqueurs des combats n'étaient pas toujours les plus puissants, ou comme aurait pu l'assumer le garnement enrôlé dans la marine dans l'un de ses accès de folie incompréhensibles, les plus "hauts niveaux". Ruse et tromperie étaient parfois mère d'une réussite... La gloire ne s'acquérait pas que par la force et les valeurs respectables : l'Histoire ne retirait parfois de la fourberie qu'une intelligence pragmatique et calculatrice, signe d'une pertinence effrontée.
Leur rôle à eux, c'était celui de soldat. C'était d'autant plus vrai pour Christopher, d'ores et déjà enrôlé au sein de la marine et que le très bas grade n'excluait guère des champs de bataille, même routiniers... A ce titre, ils devaient prendre des décisions salvatrices et utiles non seulement pour eux, mais pour une communauté toute entière. Leurs collègues et leurs frères d'armes devaient pouvoir trouver en eux des pivots fiables, des pièces stables, des clés de voûte susceptibles de maintenir la cohésion sociale du groupe même durant les heures les plus sombres. S'il conservait ses mauvaises habitudes et se contentait de frapper sans songer un traître instant aux conséquences, et à tout ce qui pouvait en découler de néfaste, il risquait de se glisser dans de beaux draps, tôt ou tard... Après avoir repoussé son élève, qu'il l'ait purement et simplement balayé ou que ce dernier ait réussi in extremis à bloquer la contre-offensive de son professeur, Alexander replaça le mannequin à même le sol et prit appui sur ce dernier en soufflant un bon coup, jaugeant le soldat encore en uniforme d'un regard curieux. Puis une interrogation le titilla soudain, l'amenant à cligner des yeux béatement.

-Oï, oï, t'es encore en uniforme ? Me dis pas que...

Il ne poursuivit pas davantage. Il n'en avait pas besoin. Le Tylor avait déjà la réponse à sa question... Bien sûr que Christopher avait faussé compagnie à son bataillon, quelle que soit la tâche dont on l'avait affublé ! Ce n'était pas la première fois et, à l'évidence, ce ne serait pas la dernière... Désespéré, le quarantenaire se massa la tempe, non sans soupirer ostensiblement et exagérément. Avec une conduite pareille, il y avait fort à parier que le jeune sergent aurait un mal de chien à gravir les échelons... Sa témérité pouvait lui attirer la sympathie de certains de ses supérieurs, mais tous les autres, ceux notamment qui faisaient passer la discipline avant tout le reste, ceux-là même allaient faire de lui leur bête noire et éprouver un malin plaisir à le malmener et à le tourmenter afin de l'ériger en exemple auprès de ses confrères. Ce type de comportement allait assurément le conduire à récurer plus d'un toilette... Enfin ! L'ancien mercenaire n'oubliait pas que malgré sa déjà longue expérience, il n'avait jamais foutu les pieds dans quelque instance gouvernementale que ce fut. Certes, il avait déjà bossé avec plusieurs de leurs représentants, et ce à maintes reprises, dans toutes sortes de circonstances, mais il n'avait jamais ressenti la nécessité de poursuivre cet échange sommaire de manière plus construite et élaborée...

-Bien... Tant pis ! Maintenant que tu es là, échauffe-toi. Et plus vite que ça.

Avec nonchalance, le noiraud se redressa et empoigna fermement le mannequin, l'entraînant avec lui quelque peu à l'écart du terrain tandis que son élève s'exécutait probablement. Lorsqu'il se sentirait prêt, le gros de l'entraînement pourrait commencer : une séance de combat à mains nues, certes routinière et archaïque au possible, mais néanmoins incontournable pour apprendre au garnement les rudiments du combat et pour l'aider à corriger la moindre de ses postures, ainsi que le moindre de ses gestes. C'était la persévérance qui forgeait les grands hommes, et les ignares qui affirmaient le contraire n'avaient certainement jamais demandé au Yonkou le nombre d'années qu'ils avaient dû passer à répéter les mêmes gestes avant d'atteindre le niveau qui était le leur...


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Mar 1 Mai - 18:58
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford

Parmi ceux qui faisaient le choix de prendre les armes pour des raisons qui leur étaient propres il y avait une catégorie de personnes faisant ce choix dans une volonté de perfectionnement permanent. Ces hommes et ces femmes finissaient par se concentrer sur une seule et unique mission : devenir le meilleur dans leur catégorie. Si cela faisait semblait très égocentrique et arrogant que de vouloir être le meilleur, le jeune Christopher ne jetterait jamais la pierre sur une telle personne car cela relèverait plus de l'hypocrisie qu'autre chose. Pourquoi ? Parce que depuis qu'il avait réalisé que le monde qui l'entourait n'était qu'un seul et même jeu de rôle, le désir de devenir le meilleur avait été la seule chose guidant la moindre de ses décisions. Seulement voilà il y avait une différence majeur qui séparait le jeune Crawford de tous les autres combattants désireux d'atteindre le sommet de la montagne, cette différence résidait dans la raison de cette recherche de performance. Beaucoup de ces combattants voyaient ce perfectionnement comme un moyen ou un pré-requis nécessaire à l'accomplissement d'un autre objectif, qu'il s'agisse de protéger sa famille ou de devenir riche par exemple, mais pour le jeune Christopher Elias Crawford le fait de devenir le meilleur était un but en soi.
La richesse n'avait que peu d'importance pour lui quant à sa famille elle ne lui était pas assez précieuse pour lui dédier toute sa vie, depuis sa première victoire il avait ressenti le besoin impérieux de devenir le meilleur botteur de culs du monde car c'était ce à quoi un héros en herbe était supposé aspirer. Bien entendu la gloire qui irait avec pareille était plaisante voire même grisante mais le simple fait d'être le meilleur suffirait à le combler de bonheur : après tout, qui n'aspirait pas à s'élever au-dessus de sa condition actuelle ? Qui pouvait se contenter de l'être médiocre qu'il était actuellement ? Pas lui en tout cas, certainement pas lui.
Il avait donc remis son destin entre les mains de maître Tylor, son maître de classe au passé douté et au background solide l'ayant pris sous son aile afin de lui apprendre ce qu'il savait, comme tout mentor était supposé le faire. En l'espace de quelques années le futur héros avait donc largement enrichi son éventail de techniques, plus qu'il ne l'aurait espéré d'ailleurs, avec le but évident de dépasser son maître comme pour symboliser son gain de puissance. Bien entendu malgré ses efforts quotidiens il n'était pas encore arrivé à mettre en difficulté son maître au cours de leurs nombreux échanges, mais il ne perdait pas espoir pour autant : sa suprématie finirait forcément par apparaître, tôt ou tard.
C'était pour cette raison que jour après jour, que ce soit en guise de salutations ou bien dés qu'il voyait une ouverture possible, le jeune homme partait à l'assaut de son mentor pour essayer de le prendre au dépourvu. Bien entendu chacune de ces tentatives était un échec cuisant mais le jeune Christopher apprenait bien plus par la pratique que par les plus ronflantes des explications, il arrivait bien plus facilement à établir une stratégie face à un coup qu'il venait de se prendre que face à une explication théorique sur la façon de procéder.
Aujourd'hui était une occasion supplémentaire d'essayer de mettre en difficulté son maître mais, quand le mannequin arriva rapidement en direction du futur héros, ce dernier réalisa son erreur et ne répondit que par un :

- Oups.

Même les bras croisés devant son visage n’empêchèrent pas le jeune Crawford d'être repoussé de plusieurs mètres en arrière, sous la force du coup de son mentor. Alors que le garçon se relevait et époussetait son uniforme qui n'était plus aussi immaculé qu'avant, écoutant son mentor lui expliquer l'importance de la discrétion, ce fut avec le point serré et brandi devant lui que Chris répondit :

- les héros ne se cachent pas et ne frappent pas depuis l'ombre ! Ils terrassent leur ennemi avec toute leur magnificence, en faisant face à l'adversité !

Devrait-il se retenir de beugler pour saluer son maître, la prochaine fois ? C'était une idée à retenir mais qui le ferait frôler de trop près la fourberie à son goût. Après tout ce n'était pas la fourberie qui décrivait le mieux les héros dont on parlait dans les romans et les histoires épiques, mais plutôt le courage et la vaillance. Mais tout ceci n'était finalement que de la théorie car, mis à part l'attaque pirate ayant eu lieu quelques années plus tôt, le jeune Christopher n'avait vu qu'assez peu de combats et ne connaissait pas encore la guerre sous son jour le plus laid. Cela finirait par arriver, tôt ou tard, mais en attendant il se référait à la vision idéalisée qu'il avait de l'héroïsme.
Alors que son maître remarqua enfin que son jeune poulain portait encore son uniforme, signe qu'il n'avait pas encore pris le temps de se changer avant de venir, ledit poulain clarifia la situation d'un :

- Garder l'entrée ou vous rejoindre, le choix était vite fait.

Il était bien conscient que son attitude allait poser quelques problèmes s'il voulait accéder aux rangs supérieurs de la hiérarchie de cette faction, il avait d'ailleurs fait des efforts récemment pour arrêter de refuser toutes les quêtes non-prestigieuses qui lui étaient proposées, mais il ne s'inquiétait pas outre mesure pour cela. Pourquoi ? Parce que ses futurs faits d'armes et le gain de réputation associé finiraient forcément par compenser la perte de réputation liée au refus des quêtes les plus ennuyeuses. Mais il essayait quotidiennement d'en refuser de moins en moins, cela allait être un travail de longue haleine qui porterait forcément ses fruits. Il ne pouvait en être autrement, un héros ne pouvait stagner au même point durant toute sa vie.
Enlevant sa veste d'uniforme pour aller la poser ailleurs, laissant son t-shirt blanc comme seul rempart entre son corps et les rayons ardents de ce satané soleil, Christopher s'échauffa comme il en avait l'habitude afin de réchauffer son corps pour le préparer aux efforts auxquels il allait bientôt être soumis. Flexions, extensions et toute le tremblement : rien n'était assez bon pour préparer son corps, son outil de travail.

Bientôt les étirements prirent fin et les deux individus se firent face, le jeune et le mature, l'élève et le maître, le fougueux et l’aguerri. Les yeux pétillant d'une énergie nouvelle face à cet entraînement, motivation qui ne décroissait jamais avec le temps, le jeune ouvrit les hostilités en bondissant en direction de son mentor. Le poing droit armé et prêt à frapper, ce fut en utilisant ce qu'il considéré comme une feinte que le garçon beugla au dernier moment :

- HEROIC KICK !

En lieu et place d'un coup de point le garçon se mit à tourbillonner en l'air, brandissant son pied droit qui viserait la tempe gauche de son maître. Si celui-ci esquivait, le tourbillonnement ne prendrait pas fin pour autant et le garçon tournerait encore pour frapper et balayer les jambes du Tylor. Une ouverture rapide et énergique, digne de lui.

Isalia (c) 16
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Lun 7 Mai - 18:11

Maître et élève
ft Christopher




-T'es vraiment irrécupérable...

Et à plus d'un titre. La lubie que son apprenti entretenait religieusement pour le flamboyant et l'éclatant tenait quasiment du grotesque, du point de vue du garde-du-corps qui, de toute sa carrière, n'avait jamais privilégié que ses chances de victoire ou, à défaut, de survie. C'était incompréhensible, de son point de vue, que de se refuser à la lâcheté... ou plutôt à la ruse. Car il y avait un fossé indéniable entre la couardise, infamante, et l'intelligence, plus saine et plus glorieuse. La force des muscles ne suffisait pas toujours à terrasser les obstacles qu'on avait à écumer... Et, tôt ou tard, s'il persévérait au sein de la marine, Christopher risquait fort d'être justement confronté à un obstacle qu'il ne saurait surmonter. Tout ce qu'espérait son mentor, c'était que ce jour serait tardif et qu'il aurait, en attendant, plus que le loisir d'encourager le garnement à parfaire ses compétences et à s'entourer d'alliés susceptibles de rattraper ses bavures qui, il n'en doutait pas, s'entasseraient bien vite au point d'en devenir innombrables. Car s'il était de bonne volonté, le combattant novice était surtout incroyablement stupide... Et le choix qu'il avait réalisé entre la mission de garde, certes barbante et ennuyeuse mais néanmoins nécessaire, et le petit entraînement auquel ils allait se livrer en était encore une preuve certaine. Sans doute à peine rentré le sergent allait-il se faire sévèrement recadré par ses pairs ou ses supérieurs, et sans doute finirait-il, une fois de plus, envoyé vers les toilettes qu'il lui faudrait récurer en un temps record s'il espérait bien pouvoir dîner avant d'aller dormir... Mais Alexander s'en moquait, dans l'état des choses. Il savait pertinemment que ce ne serait pas en fustigeant ce garnement qu'on en obtiendrait un homme raisonnable et mesuré. A dire vrai, il songeait même qu'on ne pourrait jamais rien façonner d'autre que le jeune combattant impétueux et impatient qu'il était déjà... D'où la nécessité de son propre rôle, en tant que maître d'arme.

Enfin, comme son élève avait un grain apparent et évident, les deux hommes ne perdaient que très peu de temps en bavardages et en divagations : ils allaient à l'essentiel, et c'était là une qualité recherchée tant pour les soldats de la Marine, cette institution guerrière et intrépide, que pour le garde-du-corps en charge de la sécurité du manoir Kudo. Cela fut prouvé lorsqu'à peine l'un face à l'autre, les hostilités s'enclenchèrent et s'annoncèrent palpitante, amenées notamment, évidemment, par les actions folles et impulsives du plus jeune des deux larrons. Lorsque ce dernier s'élança vers son maître en engageant l'attaque par le biais d'une feinte, Alexander arqua un sourcil interrogatif : il était rare qu'il parvienne à surprendre un Christopher plongé en pleine réflexion, et cela semblait pourtant être le cas actuellement. Il privilégiait effectivement une approche rusée et réfléchie à ses habitudes de bourrin décomplexé, chose qui prouvait qu'il s'adaptait petit-à-petit à l'adversaire formidable qu'était l'homme au costume et qu'il tâchait de tirer profit de leurs entraînements conjoints à répétition afin de le prendre de court et de maximiser ses chances de l'emporter. Alors certes, la tentative était encore trop maigre et trop discrète, mais elle avait au moins le mérite d'être avancée...

Le rôle du Tylor, au final, était assez simple. Il devait se contenter d'opposer à Christopher une réponse ferme et stable pour lui montrer que ces premiers efforts et que ces premiers mouvements ne suffisaient pas, et qu'il allait par conséquent devoir redoubler d'ardeur pour espérer prendre l'ascendant, même un moment fugace durant. Le premier coup, qui visait sa tempe, poursuivit simplement sa course sans rencontrer quelconque résistance : le noiraud s'était baissé d'un geste prompt et expert, de sorte que le pied ne puisse l'atteindre. Sauf que son élève, qui s'attendait très certainement à une telle manœuvre, tâcha de renchérir dans le but de le cueillir au niveau des pieds. Réagissant avec vigueur et fermeté, Alexander lui opposa son propre coup de pied : les deux membres se rencontrèrent violemment sans qu'aucun des deux assaillants ne puisse, pour l'heure, se targuer d'avoir pris les devants ou d'avoir infligé une blessure à son adversaire.

-Paci-Sweep !

Que faire ensuite pour renchérir encore ? Dans l'état des choses, il suffisait de rester sur la défensive et de pousser Christopher à s'énerver davantage : cela passait par quelques attaques dans le but de le tenir en respect, mais sans véritablement le mettre en danger de quelque manière que ce fut. Le noiraud opta donc pour une approche frontale et simplissime : il serra son poing gauche et l'expédia à la rencontre de la mâchoire de l'ennemi, attendant avec patiemment de constater la défense qui pourrait être érigée sur son chemin et la riposte envisageable qui pourrait venir garnir ce premier échange brutal et solide.

-Paci-Fist !


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Mar 8 Mai - 1:18
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford

Par définition les héros étaient des individus qui sortaient du lot autant par leur charisme que par leurs nombreux faits d'armes et, de ce fait, leur supériorité rendait ces individus assez incompris du reste de la population. Destiné lui aussi à atteindre ces sommets non sans une dose surhumaine d'efforts quotidiens, Christopher avait accepté depuis longtemps qu'on le regarde avec surprise ou incompréhension car il n'était pas comme le reste des jeunes de son âge. Tenait-il rigueur à tous ceux qui portaient de tels regards sur lui ? Non, il ne pouvait pas en vouloir aux simples d'esprit de ne pas voir la grandeur qui résidait au plus profond de lui, il ne pouvait pas en vouloir à son maître d'être désespéré quand il mettait en avant la vaillance et la courage au détriment d'une fourberie que certains jugeaient nécessaire, tous finiraient tôt ou tard par ouvrir les yeux de toute façon. Il ne pouvait en être autrement.
Aujourd'hui pouvait sembler être un jour comme les autres mais c'était un pas en avant de plus pour le jeune homme, une marche de plus franchie sur le grand escalier de la vie qui allait le mener tout en haut de la montagne, dans les sommets au-delà des nuages où ne vivaient que les plus grands guerriers de ce monde. Un cercle qui lui était encore fermé mais qui, avec acharnement et détermination, ouvrirait ses portes au jeune Crawford tôt ou tard. Bien sûr à chaque marche viendrait s'ajouter une nouvelle dose de bleus et d'os cassés, les précédents ayant été infligés lors de sessions comme celle d'aujourd'hui, mais étrangement cette douleur ne semblait pas décourager le jeune Christopher. Bien au contraire. Les plus fabuleuses histoires étaient gravées dans le sang et les larmes, dans la rage et la douleur : il ne pourrait pas percer les nuages s'il n'était pas prêt à payer au moins ce prix-là.

Alors oui le désir de perfection du jeune homme lui accaparait beaucoup trop de son temps compte tenu de son métier, mais c'était en pleine connaissance de cause qu'il avait choisi le premier élément bien au-dessus du second. Certes son métier de marine était un moyen pour lui d'atteindre d'autres zones et de se confronter à d'autres dangers, mais au final ses entraînements étaient primordiaux dans sa recherche d'amélioration constante. Si un jour il était amené à choisir entre son avenir comme futur héros et sa carrière au sein des forces armées de la marine, il choisirait la première option à chaque fois et il espérait que, avec le temps, son mentor l'ait enfin compris.
De prime abord le jeune homme pouvait sembler être un bourrin écervelé guidé par son désir de gloire et son aversion pour la fourberie, mais comme tous les héros il était aussi capable de réflexion en commençant par s'adapter à son adversaire. Une stratégie directe et claire avait forcément ses limites, Chris l'avait bien compris en affrontant son mentor encore et encore jusqu'à ce que quelques stratégies et feintes jaillissent dans son esprit. Non il ne s'agissait pas de lâcheté ou de fourberie mais simplement d'une adaptation de son style de combat à la situation, il n'y avait rien de déshonorable là-dedans, c'était même une marque d'intelligence qui ne pourrait pas le désavantage dans sa quête en cours.

L'attaque bondissante du jeune poulain ne fut donc pas un franc succès comme il s'en doutait un peu mais, en laissant son assaut se poursuivre, le futur héros et son maître se firent face dans un fracas puissant. Une jambe face à l'autre, Christopher ne manqua pas de serrer les dents sous la douleur du choc car, s'il était encore utile de le préciser, il jouait sur la vitesse et l'agilité tandis que son mentor avait la force physique pour lui. Autant dire que dans un affrontement direct, le Tylor aurait toujours l'avantage.

Voyant son mentor partir à l'assaut, le guerrier en devenir attendit le dernier moment pour se décaler sur la droite, usant de sa main gauche pour dévier davantage le coup de son maître avant de faire un pas en avant.

- Heroic Dodge !

Bientôt son coude droit allait s'expédier directement au niveau de la gorge de son maître pour lui couper le souffler. Et ensuite ? Ensuite Chris utiliserait cette petite fenêtre pour frapper le garde du corps au ventre avec assez de force pour le faire reculer....ou tout du moins l'espérait-il.

- Heroic Punch !


Isalia (c) 16
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Mar 8 Mai - 22:50

Maître et élève
ft Christopher




S'il laissait Christopher s'exprimer martialement par le biais de ses enchaînements, il lui octroyait un moyen durable de récupérer l'ascendant, quelle que soit la situation originale et le danger qui menaçait le garnement. Cela, son mentor l'avait imprimé depuis belle lurette, car l'héroïque jeunot avait à tout le moins une qualité indéniable et indubitable : son sens de l'improvisation. Il mettait ses compétences et ses automatismes au service de son intelligence immédiate et tâchait de réagir avec pertinence et promptitude à des situations données. C'était cela qui lui permettait de contrebalancer l'expertise de son maître, et cela marchait en général plutôt bien. La preuve en fut d'ailleurs apportée une fois de plus après qu'Alexander, suite au coup de pied contrecarré, tenta de s'en prendre frontalement au garnement pour lui faire passer l'envie de s'approcher imprudemment. S'il s'était bien entendu attendu à ce que l'élève parvienne à éviter son coup de poing direct et prévisible au possible, il n'avait pas imaginé, a contrario, que ce dernier tâcherait de le mettre à profit dans le but d'apporter une réplique immédiate et qui ne manquait guère de répondant. Voilà qu'il visait la gorge du noiraud, sans la moindre impunité ! Un tel coup porté même faiblement pouvait totalement inverser les rapports de force, dans une rixe au corps-à-corps, et l'ancien mercenaire ne pouvait en aucun cas l'ignorer. Il avait précisément gagné plus d'une lutte grâce à cette astuce : une respiration stable était la clé de voûte de tout artiste martial qui se respectait, et la rendre saccadée, même de façon infime et provisoire, c'était s'offrir une myriade d'ouvertures conséquentes et béantes. Il allait donc sans dire que le Tylor ne pouvait pas tolérer que son compagnon d'entraînement touche à son but de la sorte : il usa donc de sa main libre pour bloquer le coup qui le menaçait si sèchement, avant même qu'il ne soit irrémédiablement porté à sa gorge. Sauf que cela n'était que la première facette de la contre-offensive que déployait actuellement le jeune marine et l'homme au costume s'en rendit compte une demie-seconde trop tard.

Car l'instant suivant, précisément, un coup de poing vif et vigoureux de son apprenti qui l'était tout autant le surprit et le surpassa, le contraignant à glisser à même le sol sur deux bons mètres tout en serrant les crocs. L'attaque n'était pas suffisante pour le désarçonner totalement, mais elle avait eu le mérite de le surprendre et de le sonner momentanément, le rappelant ainsi violemment à l'ordre. Christopher n'était pas à sous-estimer, en aucun cas et d'aucune manière... Il était capable de pertinence, même si sa façon d'être pour le moins simplette laissait certainement présager le contraire. Néanmoins, il manquait encore de poigne et de puissance brute : le noiraud était encore capable de livrer bataille, malgré ce premier choc enduré, et ne tarda guère à repasser à l'action pour le prouver à son fieffé élève.
Quelques pas amples et précipités le portèrent bien vite à la hauteur du garnement, dans le but de repartir à l'assaut aussi vite qu'il en avait été écarté. Le premier objectif du garde-du-corps était effectivement d'acculer son partenaire d'entraînement pour l'empêcher de prendre confiance et de jouer de sa vitesse certaine. Puisqu'il était plus jeune, il avait potentiellement plus de fougue et de souplesse que son mentor, après tout... Les muscles d'Alexander étaient certes colossaux et affûtés mais ils n'en restaient pas moins légèrement abîmés et éreintés par des années d'une surveillance assidue et somnolente sur la famille Kudo. Il était rouillé... Et ces passes d'armes lui permettaient justement de renouer avec son lui du jadis, ce guerrier nettement plus prompt qu'il ne l'était à l'heure actuelle.

-Paci-Flight !

Une approche directe et sans la moindre subtilité pour porter au menton de Christopher un coup généreux et potentiellement déterminant, voire décisif quant à la suite de leur petite rixe. L'uppercut risquait effectivement de percuter le jeune homme avec un fracas démentiel, le contraignant non seulement à quitter le sol de ses deux pieds mais le condamnant aussi et surtout à être déboussolé de longs instants durant. C'était là une région charnière du système nerveux de l'être humain, après tout... Et le choc qui pouvait naître d'un assaut précis avait parfois des conséquences désastreuses, en situation réelle. C'était là aussi une part du rôle de mentor qui en incombait au noiraud : il devait se montrer capable d'user des mêmes stratagèmes et des mêmes mouvements que les criminels qui risquaient tôt ou tard de s'en prendre au jeune soldat. S'il ne le faisait pas, comment diable ce dernier pourrait en venir à se prémunir de leurs exactions sordides ?
Ainsi, si l'attaque du Tylor fonctionnait, ce dernier se ruerait à la suite de Christopher pour lui délivrer un Paci-Kick surpuissant : s'agissant d'un simple coup de pied en estoc, il était davantage taillé pour catapulter un ennemi à l'horizon plutôt que pour se livrer à un enchaînement des plus destructeurs. En revanche, si l'attaque échouait, il reviendrait bien vite à une posture défensive pour garantir sa propre sécurité et revenir à la charge dès lors qu'il apercevrait une ouverture...


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Mer 9 Mai - 22:52
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford

Des entraînements comme celui-ci pouvaient durer des heures entières et, le plus beau dans toute cette histoire, c'était que les deux individus ne voyaient même pas le temps passer. Certes il ne s'agissait pas de se battre comme si leur vie en dépendait mais les conditions de ces affrontements devaient se rapprocher au mieux de la réalité, afin de préparer le jeune héros en devenir à ses premières batailles. Certes il s'était déjà battu à plusieurs occasions, notamment lors de l'attaque de l'île où il fit face à un pirate armé et dangereux, mais il ne s'agissait là que d'un cas isolé qui faisait pâle figure au regard des autres affrontements à venir. Son maître, lui, même s'il n'en parlait jamais vraiment, avait vu son lot de batailles et c'était la raison pour laquelle il était plus qu'indiqué afin d'éduquer le futur héros et l'aider à se mettre sur les bons rails en direction du haut de la montagne. Quel meilleur professeur pouvait-il avoir qu'un guerrier qui avait roulé sa bosse ?
Fort de cette détermination qui ferait de lui l'un des meilleurs combattants de ce monde, Christopher rassembla donc ses esprits et plongea de nouveau dans cet affrontement musclé, faisant preuve d'assez de jugeote pour esquiver le coup de son mentor et enchaîner derrière. Rares étaient les fois où le jeune homme arrivait vraiment à toucher son maître de plein fouet, aussi fut-il agréablement surpris de voir son coup porter en faisant reculer le garde du corps. Retenant une exultation qu'il sentait monter en lui à la suite de cette attaque portée, le futur héros se contenta de serrer son poing droit comme s'il essayait d'y garder enfermée cette petite victoire. Malheureusement sa jubilation fut de très courte durée lorsqu'il réalisa que son mentor revenait à la charge, plus déterminé que jamais à donner une leçon à son élève.
Par réflexe plus qu'autre chose le jeune homme croisa les bras devant lui, braqués vers le bas pour absorber le choc. Malheureusement c'était peine perdue car la puissance fut telle que le marine décolla du sol sans même s'en rendre compte.

- Quel pWHOUAH  !

Fauché avant même d'avoir pu finir sa phrase, le jeune héros fut télescopa à travers la cour et, malgré la meilleure volonté du monde, il racla le solo sur plusieurs mètres jusqu'à enfin s'immobiliser. Il resta ainsi pendant plusieurs secondes jusqu'à ce que l'adrénaline le ramène à la réalité, jusqu'à ce qu'il relève la tête en affichant un franc sourire qui jurait étrangement avec la branlée qu'il venait de subir. Ses dents habituellement blanches désormais enlaidies par un liquide rougeâtre qui remplissait sa bouche, le guerrier en devenir se releva tout en crachant ce liquide vital par terre, toujours sans se départir de son énervant sourire. Avait-il des tendances masochistes ? Pas le moins du monde, mais être confronté à la puissance brute de son maître le stimulait au plus haut point et lui donner un objectif à atteindre et dépasser : comment pourrait-il faire autre chose que sourire face à un tel opposant ?

- Je disais donc, quel punch ! À mon tour !

Se penchant en avant, forçant sur ses jambes tout en serrant son poing droit, Christopher ne laissa pas la pression du moment retomber et repartit aussitôt à l'assaut : il fallait enchaîner avant que le combat ne s'enlise.

- Heroic speed !

L'instant d'après le jeune homme disparut et, réapparaissant juste devant son maître avant d'annoncer :

- Heroic punch !

Le direct du droit allait être télescopa en direction du plexus solaire de son mentor afin de lui couper le souffle ou au moins de le déséquilibrer l'espace d'un instant. Que ferait le poulain si cette action fonctionnait ? Il pivoterait pour envoyer un heroic kick retourné en plein visage de son maître, mais pour cela il fallait déjà que la première attaque porte. Ce ne serait pas une mince affaire : il était coriace ce garde du corps !
Isalia (c) 16
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Jeu 10 Mai - 14:56

Maître et élève
ft Christopher




Il s'était attendu à devoir renchérir d'autant plus fermement, mais il n'en fut rien : son coup, brusque et dévorant, suffit amplement à repousser son jeune adversaire avec virulence. La parade que Christopher avait tenté de lui objecter s'était montrée trop fébrile, trop précaire, trop imparfaite pour lui permettre de gommer le fossé qui les séparait tout deux. En terme de force physique, le constat était écrasant et sans appel : il ne pouvait ni ne devait tenter de lutter. Il devait jouer sur sa vitesse, son agilité et sa souplesse là où Alexander lui opposait ténacité et robustesse. Il devait miser sur son endurance quand il forçait le garde-du-corps à sortir des sentiers battus afin de prendre les devants... Et, plus important encore, il devait jouer sur la ruse et l'intelligence pour tâcher de le mener dans des pièges farfelus et imprévisibles. Malheureusement, ce comportement n'était pas encore très ancré chez le jeune héros, pour ne pas dire qu'il était quasiment absent. Les progrès, encore discrets, mais bel et bien tangibles, commençaient néanmoins à s'annoncer et à gommer légèrement ce constat pour le moins désespérant. Il n'y avait qu'à voir l'approche grâce à laquelle il avait su porter un coup à son mentor...
Le noiraud, qui venait donc d'envoyer son élève balader, entreprit de se redresser et décida de ne pas se ruer dans sa davantage d'entrée de jeu dans le but de le malmener sadiquement. Bien sûr, cela aurait été le comportement de tout ennemi digne de ce nom, mais il préférait envers et contre tout laisser une limite palpable entre les entraînements et le combat réel. Il n'était guère sadique, et il ne pouvait pas espérer de grand développement dans le style de combat de son pupille s'il se contentait de le harceler sans relâche... En voyant que ce dernier se redressait bien assez vite, prestement, comme si son coup n'avait pas eu grand effet, le Tylor afficha un sourire amusé et se remit lentement en garde. La volonté de ce marmot, en tout cas, ne pouvait pas être niée... Et il était toujours plaisant de le voir retourner sur le front avec autant d'impétuosité qu'il avait pu en être chassé, comme si les sentiments de frustration ou d'effroi lui étaient parfaitement étrangers. Encore quelque chose qui jouait à l'encontre de son instinct de survie relatif... Mais qui pouvait le guider vers les hautes strates de la Marine, pour peu qu'il pondère quelque peu son tempérament irresponsable !

-Aah... C'est ta nouvelle technique, ça...

Il avait maugréé entre ses dents en voyant son élève fondre dans sa direction avec une vitesse excessive et exagérée. Alexander n'avait jamais été assez véloce pour imiter un tel mouvement, mais il en avait néanmoins plusieurs fois été confronté sur les champs de bataille, autant au sein de ses alliés que de ses ennemis. Le soru et ses dérivés étaient particulièrement efficaces pour se rapprocher puissamment d'une cible éloignée, mais en combat frontal, son utilité était déjà plus mitigée... Sauf lorsqu'elle était utilisée de manière à précipiter un contact que l'adversaire avait tout intérêt à vouloir fuir. Or, pour le coup, le noiraud ne comptait pas se dérober : il n'avait aucune raison de le faire. Autrement dit, la meilleure méthode pour y réagir était encore de ne rien faire et de conserver son calme : ce déplacement instantanément était utile, mais inoffensif en lui-même. Christopher devait momentanément marquer l'arrêt avant d'enchaîner sur une technique plus redoutable... Et cela fut bientôt le cas lorsque le poing armé du marmot tâcha de revenir à la charge avec une trajectoire assurément orthodoxe. Il visait le plexus... Et encore une fois, il prouvait qu'il avait bien retenu les leçons théoriques de son entraîneur personnel, quand bien même il assurait être un homme d'action peu fasciné par les longs discours. S'en prendre systématiquement aux points faibles de l'organisme auquel on tenait tête, quelque soit son engeance et son espèce, voilà la clé de la réussite face à un adversaire qui était en tout point notre équivalent. Quiconque perdait son temps et son énergie à s'acharner sur le dos ou les cuisses, des endroits peu exposés et pour le moins solides, voyait nécessairement ses efforts balayés en temps et en heure par une riposte carabinée.
Ainsi donc, le mentor n'oublia pas de réagir en temps et en heure quand l'offensive, assez prévisible de par sa nature directe, menaça de le percuter en plein buste. Sa main gauche, vigoureuse, vint taper sur le bord de celle de son assaillant pour dévier son coup momentanément. L'attaque eut lieu, envers et contre tout, mais percuta plutôt les côtes du Tylor qui ne fut toutefois pas pleinement épargné : il grimaça et crachota un instant avant de recouvrer son sang froid, juste à temps pour observer le pied qui menaçait de le faucher en plein visage. Il interposa donc son avant-bras libre, conscient du fait que cette attaque-ci ne devait pas être prise à la légère. Les coups de pieds étaient toujours nécessairement plus dangereux que les coups de poings : rares étaient les combattants qui possédaient plus de force dans le haut du corps plutôt que dans le bas, et Christopher n'en faisait certainement pas parti, considérant sa propension à multiplier les cabrioles et les mouvements secs, soudains.

Si ce blocage lui fut salvateur et lui permit d'éviter le gros des dégâts auquel il était ostensiblement exposé, l'ancien mercenaire n'en grimaça pas moins, une fois de plus, en reculant sur une bonne trentaine de centimètres. Ce garnement ne manquait pas de force et il valait parfois mieux concéder un peu de terrain pour revenir à l'attaque plus virulemment encore... Ainsi, n'attendant pas que Christopher recouvre la totalité de son équilibre, le quarantenaire privilégia une approche qui manquait singulièrement de subtilité : d'un bond vif, il s'élança en présentant son épaule à son élève, dans le but de le percuter de plein fouet. Dans le meilleur des cas, l'héroïque garnement serait repoussé vers l'arrière et le garde-du-corps pourrait alors renchérir d'un Paci-kick, en ligne droite, en visant directement son buste... Car, comme d'habitude, ni l'un ni l'autre des combattants n'étaient avares en empoignades : ils distribuaient les coups généreusement, et jaugeaient également leur résistance en la mettant au défi. Ce n'était qu'à force d'endurer ce genre de désagréments qu'ils apprenaient à les supporter, de toute manière...


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Jeu 10 Mai - 19:58
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford

Comme beaucoup de jeunes individus le Crawford ici présent avait une vision biaisée et légèrement trop optimiste de la réalité et en particulier de ce que les vieux soldats appelaient l'horreur de la guerre. Son éducation il l'avait faite au travers de séances de jeux de rôle et de lecture de romans fantastiques, décrivant les héros comme des personnages inaccessibles que rien ni personne ne pouvait terrasser. Cette éducation se révélerait être, un jour, son plus grand atout tout autant que sa plus grande faiblesse. Pourquoi ? Parce que si cette image du héros invincible imprégnait tout son être d'assez de courage et de force pour faire face à tous les dangers, un jour viendrait où la réalité le frapperait en plein visage pour le remettre sur les rails. Un jour viendrait où le jeune homme assisterait à la chute d'un héros et il comprendrait que nul dans ce monde n'était vraiment invincible, que personne ici bas n'était assez fort pour échapper à la froide caresse de la faucheuse.
En avait-il seulement conscience ? Réalisait-il que son aveugle causerait un jour sa perte ? Que tout ce qu'il avait déjà lu n'était qu'un ramassis d'histoires fictives n'ayant aucun lien avec la réalité ? Non, pour lui toutes ces histoires étaient aussi réelles que le jeu de rôle dans lequel il se trouvait et, à ce titre, il n'avait aucune raisin de craindre une quelconque déconvenue. Peut-être qu'un jour le couperet finirait par tomber mais, inconscient de cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, Christopher avait bien l'intention de vivre pleinement sa vie encore désespérément vide.

Replaçant ses esprits dans le moment présent et le combat qui avait toujours lieu, Christopher tenta de faire abstraction du goût métallique que le sang lui laissait dans la bouche. Ce n'était pas un goût auquel il était encore parfaitement habitué mais il savait au moins ce que cela signifiait, il savait que le fait que son propre sang coule était le signe qu'il avait encore beaucoup de chemin à faire avant de vraiment être une menace pour son maître d'armes. Fort de son premier assaut réussi, le jeune homme reparti donc à la charge en utilisant sa pleine vitesse mais il ne réalisa que trop terre l'erreur commise. En effet si user d'une telle technique pour prendre son adversaire de vitesse n'était pas une mauvaise idée, attaquer de plein fouet un individu qui lui était supérieur sur le plan physique était une toute autre paire de manche.
Ainsi, lorsque son attaque ne porta qu'en partie et que son coup de pied fut bloqué par son mentor, le Crawford pesta contre lui-même et la simplicité de son plan. Oui il avait appris à viser les points faibles de son adversaire, ne voyant pas cela comme de la fourberie mais de la stratégie, mais par contre il se laissait trop facilement emporter par ses petites victoires. Il était trop facilement grisé et aveuglé chaque assaut porté et, malheureusement, cela créait des opportunités qui ne pourraient que profiter à son mentor.
Alors même que le jeune guerrier reprenait son équilibre, il fut forcé de croiser les bras devant lui pour encaisser l'assaut frontal de son mentor qui lui fit grincer des dents. Si son maître avait l'intelligence suffisante pour penser à utiliser son point fort pour bloquer les coups de Christopher, pourquoi ce dernier s'entêtait-il à combattre le feu par le feu ? Il aurait mieux fait d'esquiver plutôt que de bloquer, quel idiot ! Bien évidemment il fut repoussé en arrière sur deux bons mètres et, lorsqu'il redressa la tête, il vit un pied se diriger directement vers lui.

Apprenant de ses leçons précédents le marine laissa de côté la possibilité de bloquer le coup et choisit une autre alternative. Se décala sur le côté gauche, il enroula son bras autour de la jambe de son mentor avant de pivoter par la droite. Faisant presque un tour complet sur lui-même, la jambe de son maître toujours fermement tenue, Chris usa de sa jambe droite pour faucher la seule jambe du garde du corps encore fermement ancré sur le sol : de quoi le faire chuter si cela fonctionnait. Que ferait-il ensuite ? Il profiterait de la chute du Tylor pour le lâcher et lui expédier un heroic kick en plein dans l'estomac, pendant qu'il tomberait ;

En espérant que cela fonctionne, bien entendu.


Isalia (c) 16
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Dim 13 Mai - 12:04

Maître et élève
ft Christopher




Son coup d'épaule, à la fois imprévisible et soudain, avait effectivement su désarçonner Christopher et tirer parti de son déséquilibre momentané. Le noiraud n'aurait pas pu rêver de mieux : c'était un bon moyen de commencer à livrer un enchaînement des plus destructeurs et qui risquait fort de précipiter la fin de leur petite rixe, si son élève ne trouvait pas le moyen d'y opposer une résistance digne de ce nom. Alors qu'il s'élançait à la suite dudit élève, Alexander se prépara donc à lui offrir un coup de pied frontal et virulent dont il avait le secret... mais fut pris de court par la riposte surprenante du garnement. Force était d'admettre que l'un comme l'autre usaient de cet affrontement pour se montrer particulièrement pertinents et pour prendre des risques. La réponse du jeune marine aux agissements de son mentor, justement, en fit indéniablement parti... Et parvint à tirer profit de la charge héroïque de l'ancien mercenaire qui avait potentiellement et malencontreusement sous-estimé les compétences de son jeune ennemi, ainsi que la détermination que ce dernier pouvait déployer lorsqu'il s'agissait de s'offrir une chance de reprendre l'ascendant.
Car plutôt que d'encaisser bêtement une nouvelle fois, chose qui aurait certainement projeté le pauvre élève vers l'arrière sur des mètres et des mètres, tant la force déployée dans ce geste naturel était colossale, ce dernier prit le parti de miser sur sa vitesse et sur son habileté. L'esquive se fit sans que le noiraud ne parvienne à l'anticiper et celui-ci fronça les sourcils en commençant à comprendre l'objectif de Christopher, analysant le moindre des mouvements esquissés par ce dernier. Lorsque sa jambe fut prise au piège, capturée par l'un des bras véloces de son apprenti, qui l'était tout autant, le chef des gardes-du-corps eut un sourire à la fois amusé et teinté de fierté. Le gamin crotté et larmoyant avait laissé place à un combattant fiable et inventif... Les années s'étaient écoulées, et leur résultat s'avérait assurément fructueux. Le Tylor, donc, vit son équilibre lui être dérobé lorsque l'une des jambes de son opposant faucha le seul membre qui lui permettait de tenir debout : il commença donc inexorablement à chuter, chose terrible dans un combat de close combat, et à mains nues. S'il laissait le garnement prendre l'avantage technique de cette manière, il lui offrait inévitablement une chance inouïe de renverser définitivement l'affrontement en sa faveur...

Et effectivement, Christopher semblait bel et bien décidé à prendre l'avantage de manière irrémédiable et définitive : il tâcha d'accompagner la chute de son maître d'un coup de pied descendant féroce et d'une précision chirurgicale. Fronçant les sourcils un court instant, esquissant l'agacement et la frustration qu'il ressentait lorsqu'un combat échappait à son plein contrôle, Alexander ne tarda guère à retrouver son sang froid et sa superbe en plaçant ses bras croisés sur la trajectoire de cette offensive. Il parvint ainsi à la contenir sans trop de difficultés, mais l'assaut n'en toucha pas moins au but... L'ancien mercenaire fut ramené sur le sol avec une violence formidable qui lui coupa le souffle l'espace de quelques secondes, parcourant son dos tout entier d'une douleur vive et sèche qui s'en alla comme elle était venue. Cela le plaçait immanquablement en position de faiblesse et d'infériorité : non seulement son élève le dominait, mais en plus il avait le luxe de pouvoir le contraindre à une immobilité a minima partielle si le pugiliste expérimenté voulait être en mesure de se défendre des assauts qu'il pouvait lui expédier. De surcroît, le colossal garde conservait à l'esprit que son homologue marine était plus prompt et svelte qu'il ne l'était : autrement dit, le repousser succinctement ne suffirait clairement pas à retrouver un statu quo, et il allait devoir lui rendre la monnaie de sa pièce afin d'être assuré de retrouver une posture plus viable et plus honorable, ainsi que de la maintenir durablement.

Il aurait pu tenter de s'en prendre à la virilité du jeune homme dans le but de lui apprendre à demeurer constamment sur ses gardes, même lorsque l'envie de hurler sa victoire lui brûlait les lèvres, mais il n'en fit rien. Il y avait une limite à la pédagogie qu'il essayait généralement de ne pas outrepasser... Néanmoins, le Tylor, y compris dans cette posture précaire, conservait un moyen de se libérer en jouant sur la ruse et non pas sur la force brute, qui lui était d'une aide mitigée et somme toute relative ainsi positionné. Tandis qu'il laissait l'un de ses bras replié, en défense, pour contrer un éventuel coup de pied ou de poing en se plaçant sur sa trajectoire, l'autre se déplia fiévreusement et farouchement. L'objectif était le suivant : frapper au creux du genou, à l'arrière de sa jambe porteuse, dans le but de la plier sèchement et de commencer à le faire choir, à son tour. Si cette stratégie portait ses fruits, alors le bras du quarantenaire, resté en défense, ne tarderait guère à tenter d'agripper la tenue de son élève pour le tirer violemment sur le côté. Rien d'incroyable ou de redoutable, en soi : le but, et il ne s'en cachait pas, n'était ni plus ni moins que de gagner quelques précieuses secondes pour se redresser et retrouver une posture plus droite et plus fière.

Si cela fonctionnait de bout en bout, alors Alexander retrouverait sa mobilité tant désirée et ne tarderait guère à la mettre à profit. S'il n'avait pas l'ambition nourrie de faire mordre la poussière à son opposant, il n'en demeurait pas moins adepte du retour de flammes puissamment et savamment calibré... Toute action méritait réaction et l'infamante position dans laquelle il s'était retrouvé devrait être vengée.

-Paci-Knock V2 !

Qu'il essaye d'utiliser cet assaut-là contre l'homme en costume, pour voir ! Ce dernier, levant sa jambe droite, déploierait une puissance extraordinaire pour s'élever d'un bond et menacerait de retomber puissamment en fracassant l'épaule gauche du marine dans un mouvement descendant à la fois rapide et net. Le deuxième avantage indéniable d'une telle manœuvre, c'était que le Tylor pourrait, si Christopher évitait à nouveau avec simplicité, retrouver son habileté dans l'instant qui suivrait : son pied retoucherait bien vite le sol, après tout. Voilà qui lui permettrait de surenchérir d'un Paci-Fist basique, mais débordant néanmoins d'une rancune méritée...



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Dim 13 Mai - 14:18
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford

Les histoires qui étaient parvenues aux oreilles du jeune homme parlaient de combattants formidables capables de se battre pendant des jours entiers, faisant fi de la fatigue et repoussant cette dernière aussi longtemps que leur adversaire ne serait pas au tapis. Ces histoires pouvaient paraître incroyables voire même insensées et pourtant le futur héros y croyait dur comme fer de plus, au plus profond de lui-même, il aspirait un jour à atteindre ce niveau d'endurance. Oh oui c'était aussi une question de détermination mais clairement, son mentor serait sans doute d'accord avec cela, la motivation et la détermination étaient deux éléments dont le jeune Crawford ne manquait pas le moins du monde. C'était d'ailleurs tout le problème. Certes il était motivé et ne connaissait pas le sens du mot abandonner, mais la nature héroïque de son âme le poussait à foncer face à des dangers qu'il ne pouvait pas toujours surmonter. Le marine avait appris depuis longtemps que le moyen le plus rapide de devenir fort était de s'opposer à des adversaires de plus en plus fort, afin d'utiliser la douleur pour repousser ses propres limites encore et encore, mais bientôt viendrait un jour où il viserait beaucoup trop haut pour lui et où la chute serait fatale. En avait-il conscience ? Pas le moins du monde et, en attendant, il s'efforçait de s'améliorer chaque jour afin de pouvoir égaler les héros dont il avait lu les récits. Viendrait un jour où il se battrait pendant quatre jours de suite et où cet exploit ferait le tour des mers, viendrait un jour où son nom ferait la couverture des jours et où sa simple évocation ferait fuir les couards en masse.
Mais c'était un objectif qui était encore bien loin de sa portée, le chemin allait être aussi long que tortueux. Pour l'heure il arrivait à se confronter à son mentor pendant des minutes voire même des dizaines de minutes mais, systématiquement,venait un moment où son corps lui faisait comprendre qu'il avait atteint ses limites. Même avec la plus grande volonté du monde, typique de Christopher, ce dernier ne parvenait pas à repousser indéfiniment ces même limites. Ce n'était que partie remise, cela finirait par changer un jour.

Le combat reprit donc de plus belle à un rythme croissant, comme à chaque fois. En effet à chaque entraînement le jeune Christopher commençait à opposer sa force à celle de son maître comme pour se tester soi-même et, lorsqu'il réalisait que c'était peine perdue, il laissait son intellect prendre le pas sur son orgueil afin d'établir une autre stratégie qui lui assurerait la victoire sans entacher l'aspect héroïque de sa personne. Se montrer malin était une chose, mais jamais Christopher Elias Crawford n'accepterait une victoire reposant sur la lâcheté ou la fourberie. Oui, peut-être bien que cet entêtement finirait par lui coûter la vie, mais personne ne pouvait changer la nature même d'un héros en devenir.
Aussi après quelques échanges de coups et un goût métallique de sang omniprésent dans sa bouche, le jeune Crawford avait décidé que l'esquiver des coups pomperait moins d'énergie à son corps que le blocage frontal de toutes les attaques de son maître et, s'il devait apprendre à se battre sur la durée, il allait devoir apprendre à économiser son énergie plutôt que de foncer comme un débile face au danger. Il tenta donc d'esquiver le coup de pied de son mentor plutôt que de l'encaisser et de profiter de la situation pour retourner celle-ci à son avantage, montrant une fois encore qu'il pouvait être héroïque et fier sans être idiot pour autant. Le coup de pied qui suivit ne toucha que partiellement au but mais le guerrier en devenir s'en contenta pour le moment, conscient que face à un guerrier expérimenté comme le Tylor il ne fallait pas s'atteindre à une domination totale mais bien une lutte acharnée.
Malheureusement Chris n'eut pas le loisir d'enchaîner avec un autre assaut car un vif pic de douleur s'empara de sa jambe lorsque son maître la frappa au niveau de l'articulation, rappelant ainsi à son élève que lui aussi pouvait viser les points faibles sans vergogne. Vivement jeté de côté, encore sous le choc de cette attaque et de la douleur qui immobilisait sa jambe, le Crawford rassembla ses pensées et tenta de faire fi de la douleur pour se relever : une opération beaucoup plus simple sur le papier qu'en pratique. Cependant, lorsque le marine prit enfin conscience de la situation, il posa ses prunelles sur le garde du corps qui n'allait pas tarder à s'abattre sur lui. En d'autres circonstances et s'il avait eu plus de temps le jeune garçon se serait jeté sur le côté pour se subtiliser à cet assaut, mais malheureusement il avait mis trop de temps à se relever, un tel mouvement n'était plus d'actualité.
Croisant les bras au-dessus de sa tête en attendant l'assaut, Christopher sut dés le début comment tout cela se terminerait mais il fit front malgré tout, en l'absence d'autres alternatives il devait faire avec les moyens du bord. Puis, inévitablement, le pied du garde du corps percuta son poulain qui posa un genou à terre sous la puissance de l'assaut. Pendant un très court instant Christopher se berça de l'illusion qu'il pourrait bloquer l'assaut et même se relever sur ses deux jambes, mais la vive douleur dans ces bras le ramena bien vite à la réalité : il allait morfler. S'il put tenir pendant quelques courtes secondes, au final l'assaut eut raison de lui et le jeune homme put projeté à la terre, la tête la première, dans un fracas aussi lourd qu'assourdissant.
Combien de temps resta t-il ainsi, face contre terre ? Au moins une bonne vingtaine de secondes et ce fut avec la plus grande difficulté du monde qu'il se servit de ses bras douloureux pour se relever, s'y reprenant à trois avant d'arriver enfin à se redresser correctement. Oh oui c'était un miracle qu'il arrive encore à se servir de ses bras après pareil assaut, il y avait même fort à parier qu'il ne pouvait pas bloquer le prochain assaut avec ses bras, mais cela ne l'empêcha pas de se relever pour autant. Si son sourire narquois et satisfait avait définitivement disparu, il fit place à un autre sourire qui ne reflétait que de l'admiration face à la branlée qu'il venait de se manger. Comment pourrait-il en être autrement ?

- Impressionnant, maître. Je ne sens plus mes bras.

Sans plus attendre, forçant sur ses jambes elles aussi douloureuses, le jeune homme disparut de nouveau mais, cette fois-ci, réapparut devant son maître pour lui faucher la jambe gauche d'un coup de pied fouetté. Le but était de lui faire perdre son équilibre une nouvelle fois et, si cela fonctionnait, d'enchaîner avec un coup de pied de bas en haut visant le menton de son mentor. Cela le projetterait en l'air et, à ce moment-là, il pourrait le rejoindre d'un autre bond pour lui porter un autre coup de pied dans les côtes. En espérant que l'attaque initiale fonctionne, évidemment.



Isalia (c) 16
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Lun 14 Mai - 9:55

Maître et élève
ft Christopher




Voilà que le noiraud avait rendu la pareille à son élève, le catapultant face contre terre dans un constat sans appel et indéniable : la force pure et brute était de son côté. En même temps, il partait avec un avantage considérable : entre l'impulsion qu'il avait déployée et la puissance colossale dont ses jambes étaient pourvues, ainsi que la position déséquilibrée de son jeune élève encore étourdi par ce revirement de situation impromptu, tout allait pour le mieux et il en tira savamment profit. Une fois cela fait, et une fois Christopher allongé, bien malgré lui, Alexander prit le parti de reculer de quelques légers bonds, dans l'optique de récupérer une légère distance de sécurité pour éviter d'être directement exposé à une riposte immédiate et possiblement cuisante. Après tout, il était bien placé pour savoir que le marine ne manquait guère de répondant et qu'il s'évertuait même à offrir à son mentor autant de fil à retordre que possible... ledit mentor, de son côté, songeait déjà à mettre un point final à cette partie-ci de leurs exercices réguliers. Le combat n'allait désormais plus connaître grande péripétie, à s'en fier à leurs états physiques respectifs. Le quarantenaire était nettement plus en forme, plus endurant et moins blessé que son homologue plus jeune... C'étaient là autant de données qui fortifiaient l'avantage de base, conféré par leurs multiples différences qui ne faisaient rien de plus que s'estomper avec le temps. Car c'était là un goût amer que celui qui emplissait la bouche pâteuse du garde-du-corps, envers et contre sa victoire apparente et immédiate... Christopher progressait. A une vitesse folle, pour dire vrai : en l'espace de quelques années, il était arrivé à un niveau suffisamment élevé pour tenir tête à l'ancien mercenaire, plusieurs minutes durant. Ce dernier, de son côté, n'avait qu'une seule impression, nettement moins glorieuse : celle de s'être empâté, d'avoir perdu en rigueur et en pugnacité au fil des années égarées ici, au manoir Kudo. Et pourquoi, au final ? Pour accompagner Fuyumi, qui s'était mariée à un autre et qui avait enfanté, scellant définitivement l'union dont elle était déjà liée ? Les dents du Tylor grincèrent tandis qu'il songeait brièvement à cela, avant de chasser ces songes de son esprit effervescent. L'adrénaline lui battait encore les tempes avec une régularité mélomane, et le moindre de ses muscles chauffait ardemment. C'était le combat qui lui permettait de se montrer psychologiquement si serein... Là où il savait pertinemment qu'en temps normal, quitter Okalmoa, dans l'état des choses, n'était ni possible, ni viable. Pas sans risquer de raviver le souvenir d'Anastasia, lequel constituait déjà une plaie purulente à souhait...

-Te jeter vers l'avant sans pouvoir compter sur tes bras c'est courir à ta perte !

Fort heureusement, quand il était aux côtés de Christopher, Alexander avait bien d'autres choses sur lesquels s'appesantir plutôt que sur les démons qu'il ressassait quotidiennement : son apprenti n'en finissait plus de se montrer audacieux et inventif, lorsqu'il ne mettait pas en exergue sa stupidité et son impulsivité légendaires. Cette fois-ci n'y fit pas vraiment exception : grisé par la perspective d'une lutte âpre, le jeune homme en oubliait jusqu'à la plus élémentaire des règles de prudence. Ne jamais s'en prendre à un ennemi plus fort et plus en forme sans un plan judicieusement dressé au préalable... Et à en croire son approche sans fioritures, il allait sans dire que ce n'était pas aujourd'hui que le noiraud assisterait à la mise en place d'un stratagème rigoureusement élaboré de la part du marine, qui avait décidément encore beaucoup à apprendre. Heureusement qu'ils n'étaient là qu'en entraînement, après tout : sur un véritable champ de bataille, sa témérité sotte aurait pu lui coûter très cher.

-Paci-Kick V2 !

Il augmentait graduellement la férocité de ses réponses afin de profiter du corps déjà échauffé de son élève pour le mettre au défi... Et cette fois-ci n'allait pas faire exception. L'approche de Christopher était prévisible : il l'avait déjà usitée en début de combat, après tout. La première fois, le quarantenaire avait pris le parti de bloquer d'un coup de pied similaire, démontrant la puissance physique qu'il possédait et qu'il pouvait mettre à profit dans le seul but de garantir sa protection. Maintenant, il était grand temps de montrer au jeune homme que l'attaque était parfois la plus saine des défenses... Un bond de la part d'Alexander lui permit de supprimer irrémédiablement le peu de distance qui les séparait, et que le garçonnet n'avait pas encore rognée. Ce mouvement eut en finalité une double vertu : premièrement, cela lui permit de passer au-dessus de l'offensive du marmot, la laissant glisser le long du terrain d'entraînement improvisé, et deuxièmement, cela lui permit de tenter de décocher au niveau du buste du marine un coup de pied frontal et virulent. De l'aveu direct de ce dernier, ses bras avaient déjà été mis à l'épreuve... Arriverait-il à bloquer une offensive de cette teneur, dans ces conditions ? Ou allait-il à nouveau miser sur l'esquive, chose qui serait certainement rendue plus compliquée par l'attaque qu'il avait amorcé ? Le Tylor était pressé de découvrir la réponse à cette énigme...
Si son coup touchait au but, alors l'homme au costume se contenterait de retomber habilement et prestement à même le sol. Il époussetterait vaguement et machinalement son pantalon en enjoignant son élève à cesser les hostilités : il n'était guère nécessaire de persister davantage sur la voie du conflit. Le surmenage ne menait jamais à des résultats très concluants... A contrario, les deux hommes pourraient s'en aller réaliser quelques échauffements postérieurs à toute lutte qui se respectait : de quoi remettre leurs corps d'aplomb et leur permettre de minimiser les risques de blessure regrettable durant les jours à venir. Et ils avaient bien besoin de cette légère précaution, s'ils s'en fiaient à l'infatigable tempérament conquérant du jeune Christopher...



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Mer 16 Mai - 23:12
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford


La plupart des non-initiés ou des individus n'ayant connu que la paix pouvaient trouver cela étrange de voir deux individus d'origines très différentes se rencontrer quotidiennement pour se taper dessus et, ce qui leur semblait le plus étrange, était sans doute la satisfaction que ces deux combattants retiraient de tels échanges. Depuis quand la douleur pouvait-elle être source de contentement et de plaisir ? Oh non il ne s'agissait pas d'une forme étrange de masochisme, il s'agissait plus d'avoir la capacité à voir ce qui pouvait se cacher derrière ce voile d'effort et de sueur et tendre la main pour l'attraper. Ce que ces hommes de paix ne comprenaient pas était que rien n'était donné gratuitement et qu'il fallait payer le prix et faire des sacrifices pour arriver au point visé, que ce sacrifice soit monétaire ou temporel, et rares étaient les personnes avec une vie paisible désireuses de faire un tel sacrifice. Si certains membres de la marine traitaient avec respect et bienveillance celles et ceux qui avaient décidé de vivre loin de tout conflit et de vivre une existence paisible, Christopher était beaucoup plus critique dans sa façon de voir les choses et c'était sans doute lié à sa propre vision du monde. Quel joueur de jeu de rôle avait déjà eu le moindre respect envers un simple paysan travaillant la terre ? Quel joueur s'était déjà arrêté pour observer l'insignifiance d'un individu ? Ils étaient peu dans ce cas là et le jeune Crawford n'en faisait pas partie. Il voyait le simple fait de baisser la tête et ignorer les conflits comme un aveu de faiblesse et, à ce titre, cet aveu ne générait en lui que dédain et arrogance.
Lui-même avait pris le courage de voir la réalité en face, sous son jour le plus horrible et le plus violent, sans détourner le regard. Si le petit gringalet qu'il était avait réussi à sacrifier son temps et son énergie pour transformer son corps en un instrument bien huilé, pourquoi ces pouilleux ne s'en donnaient-ils pas les moyens ? Appréciaient-ils la médiocrité de leur vie ? Apparemment oui et c'était désespérément navrant. Mais Christopher et Alexander étaient des personnes différentes du commun des mortels, ces deux hommes avaient décidé de transcender leur condition et de sortir du lot grâce à la simple décision de s'entraîner quotidiennement. Certes cet entraînement était sans doute plus bénéfique pour le jeune marine que pour son mentor mais, à n'en pas douter, ce dernier devait sans doute voir quelques bénéfices à continuer de maintenir son corps en forme jour après jour. Surtout compte tenu de sa profession. Si ce n'était pas le cas, si ces sessions n'étaient que pure perte de temps, Christopher se doutait bien qu'elles auraient été menées à leur terme depuis bien longtemps. Ce n'était pas le cas, autant en profiter !

Le combat du jour gagnait en intensité à chaque instant, se faisant de plus en plus impardonnable et, malheureusement, le jeune marine fit l'erreur de laisser son adrénaline mener l'assaut à sa place sans réfléchir. Il bondit donc vers son mentor sans avoir regagné le contrôle complet de ses bras et en pensant que ses seules jambes suffiraient à faire la différence, ce qui était évidemment une grossière erreur. Il ne réalisa cela que trop tard lorsque son maître vint à sa rencontre en lui coupant le soufflant avec un coup de pied aussi direct que violent. Le jeune combattant sentit son monde s'arrêta lorsqu'il fut coupé dans son élan et projeté en arrière, crachant le contenu de ses poumons en même temps qu'un peu de sang.
Ce ne fut qu'une fois face contre terre qu'il réalisa l'ampleur de son erreur, ses jambes avaient beau être très puissantes mais l'amplitude nécessaire pour porter leurs coups était le problème surtout à très courte portée. Il aurait pu user de la méthode la plus directe en bloquant le coup, plus coûteux mais plus rapide, s'il n'avait pas bondit à l'assaut avant d'avoir gagné le contrôle complet de ses membres. Crachant sang et poussière tout en relevant la tête, il déclara :

- Bon, j'avoue, je me suis peut-être laissé un peu emporter.

Peut-être avait-il le sang chaud et tendance à trop laisser cette caractéristique le guider mais il n'en restait pas moins capable de prise de recul et de réflexion. Oui il s'était laissé emporter et laisserait la douleur de ce violent coup lui rappeler cette erreur pour ne pas la répéter. Se redressant, son éternel et énervant sourire illuminant son visage comme d'habitude, il conclut son intervention d'un :

- On continue ? Je pourrais faire ça toute la journée !


Isalia (c) 16
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Jeu 17 Mai - 9:48

Maître et élève
ft Christopher




-Non. Nul besoin de prolonger outre mesure. On en a fait assez pour aujourd'hui.

Le constat du garde-du-corps était implacable et sans appel. Considérant l'impuissance de Christopher face à son dernier coup, et considérant vaguement les douleurs qui devaient être les siennes, le noiraud préférait arrêter maintenant un combat qui, s'il était prolongé, risquait de laisser quelques lésions à son élève. Il y avait un juste milieu entre la persévérance et l'acharnement abusif. Si le jeune marine n'était pas encore susceptible de la saisir, nul doute que cela viendrait, au fil du temps, et peut-être de la pire des manières qui soient : d'une déconvenue, qui risquait de l'incapaciter et de l'handicaper sur le plus ou moins long terme. C'était parfois à la force des défaites que se formait la sagesse, là où l'audace se complaisant dans une série de victoires aisées et redondantes. Or, un excellent combattant ne pouvait pas qu'être courageux : il se devait d'avoir un semblant de réflexion et d'intelligence pour soutenir son style de combat, et c'était ce genre de considérations que le mentor essayait d'intégrer tant bien que mal au sein du caractère effervescent de son jeune élève.
Dans tous les cas, Alexander, de son côté, en avait eu assez pour constater les importants progrès de Christopher. Le gamin poussiéreux et larmoyant qu'il avait recueilli et entraîné par la force de ses poings, des années auparavant, avait bien mûri. Il était devenu à la fois plus féroce, plus véloce et plus acéré dans son approche. On ne pouvait lui reprocher une hypothétique absence d'énergie et de détermination... De tous les habitants d'Okalmoa, il était fort probablement celui qui persévérait le plus, bien au-delà de la majorité des citoyens qui se contentaient de survivre sans se poser davantage de questions. Si tous les employés de la famille Kudo pouvaient être aussi réceptifs au moindre de ses enseignements, le quarantenaire pourrait sans doute s'épanouir bien plus puissamment au sein de son travail de formateur... Mais ça n'était pas le cas : le Crawford avait pris la décision de se diriger vers une carrière gouvernementale, comme beaucoup d'autres, et le Tylor respectait trop ses convictions pour tenter de le détourner de cette prestigieuse carrière qui l'y attendait.

-Étire-toi, pour l'heure. Et prends garde à tes bras.

Sans plus tarder, le noiraud s'approcha de l'un des arbres qui peuplaient cette cour et attrapa l'une de ses branches basses, se hissant jusqu'au poitrail et se laissant ensuite retomber avec lenteur. Il réitéra l'action une bonne trentaine de fois, usant de sa force physique dans ces exercices de traction afin de repousser un peu plus loin les limites de son propre corps. Il préférait toujours agrémenter le moindre de ses combats d'entraînements personnalisés afin d'infliger à ses muscles un coup de grâce pour aider à leur développement. Quand bien même il était parfois lessivé, l'ancien mercenaire n'oubliait pas que la rigueur était la première vertu des sportifs et que sans sérieux, il n'avait pas la moindre chance de progresser, d'aucune manière.
Pour autant, Alexander n'arrivait pas à se concentrer véritablement sur l'exercice qu'il était en train de réaliser. Après quelques répétitions, il se laissa donc finalement retomber et se mit à réaliser de larges mouvements circulaires des bras, non sans poser son regard sur son élève, à quelques mètres de là. Une question le taraudait, et il en tarda guère à la lui soumettre.

-Tu penses rester sur Okalmoa encore longtemps ? Tu peux y faire ta carrière, bien sûr, mais... Est-ce que c'est vraiment ce que tu recherchais en entrant au sein de la marine ? Tu n'aimes pas faire le guet, tu as besoin d'action, tu détestes les corvées... Je ne vois pas trop comment tu pourrais te satisfaire dans un tel environnement.

C'était là une observation simpliste et basique : quiconque connaissait même superficiellement Christopher pouvait l'affirmer sans détour ni hésitation. Il n'était pas fait pour monter la garde bêtement et studieusement, comme il venait de le prouver encore une fois en faussant compagnie à ses camarades pour rejoindre les entraînements palpitants que lui réservait son maître d'armes. Il avait besoin de s'aventurer, par-delà les mers, et de comprendre ce qu'était le monde. A son âge, Alexander avait déjà parcouru plus de la moitié de North Blue, à la recherche de conflits et de criminels à terrasser, en compagnie de sa bande de l'époque... Certes, en continuant à lutter jour après jour contre le quarantenaire, le jeune homme continuait à parfaire ses compétences, mais il avançait à un rythme de croisière réduit comparativement aux personnes qui se mettaient directement en danger, et qui basaient leur progression sur le frisson de se sentir en péril. C'était moins risqué, mais c'était également bien moins fructueux... Et c'était une certitude d'autant plus éclatante chez le noiraud qu'il avait eu la chance de passer de l'une à l'autre de ces deux vies. Et, en fin de compte, il avait l'impression d'avoir davantage progressé pendant sa courte adolescence plutôt que durant les vingt dernières années, dépensées aux côtés de Kudo, à assurer la protection de cette famille qui ne possédait pas le moindre ennemi. Lui était déjà un adulte fait et accompli. Il avait écumé plus d'un champ de bataille et terrassé plus d'un hors-la-loi... Ça n'était pas le cas de son élève, qui avait sans nul doute besoin de goûter aux plaisirs d'une vie de marin véritable avant de savoir ce qui lui était nécessaire.

-Sois honnête. Tu restes ici parce que j'y suis également, n'est-ce pas ?

La question avait le mérite d'être posée. Restait à savoir ce qu'en songeait le jeune gouvernemental... Dans un sens, le Tylor avait peur d'être un frein à la progression de ce combattant qu'il avait pourtant généré de toutes pièces. Comme un sculpteur réduisant en poussières son ouvrage le plus somptueux, il craignait de n'incarner en fin de compte qu'un obstacle pour l'épanouissement de son petit protégé. Un sentiment conflictuel, quasiment paradoxal, et qui lui donnait de temps à autres l'envie de balancer Christopher sur un navire et de le surveiller tandis qu'il prenait le large... Les petites frappes des Seas Blues n'allaient pas lui poser problème bien longtemps. Certes, les grands noms pouvaient sans doute l'atomiser d'un claquement de doigts, mais de toute manière, il fallait se rendre à l'évidence : jamais le marine ne parviendrait à leur niveau en se tournant les pouces de la sorte, positionné sur une île aussi tranquille et sans histoire... Et pour cause : son mentor lui-même n'avait pas la prétention de s'estimer à leur hauteur. North Blue ne manquait pas de grands noms, et si le gamin voulait un jour devenir l'un d'entre eux, il allait devoir prendre son indépendance, tôt ou tard...


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Lun 21 Mai - 1:48
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford


N'importe qui connaissant le jeune homme pourrait l'affubler de bon nombre de défauts à commencer par l'arrogance et l'irrespect envers ceux qu'il estimait inférieurs, sans oublier une propension évidente à la recherche de l'action à tout prix, mais au milieu de ce tas de défauts émergeaient quelques qualités indispensables pour faire de lui un être d'exception. Sans parler de sa beauté indéniable ou de sa personnalité radieuse, force était de constater que le Crawford était un homme au mental d'acier et à la témérité sans pareille. Certains pourraient y voir une marque d'idiotie ou d'aveuglement face à ses propres limites mais, en vérité, il s'agissait surtout de courage et de bravoure sous leur forme la plus pure. Aussi, que ce soit pour un entraînement ou en conditions réelles, le jeune homme saurait se relever encore et encore si bien que son physique finirait par lâcher et craquer bien avant son mental. Aujourd'hui le futur héros avait tenu tête à son maître sans pour autant être pleinement satisfait de sa prestation, il n'avait pas vraiment mis en difficulté son mentor et avait cependant encaissé bon nombre de coups. Oui son corps le faisait souffrir malgré l'adrénaline qui pulsait à travers tout son corps, le faisant se sentir plus en forme et pétillant qu'il ne l'était en réalité, mais sa volonté de faire ses preuves était pourtant intacte. Se redressant suite au dernier assaut encaissé, il clama haut et fort sa capacité à poursuivre cette joute avant que son maître ne le coupe dans son élan, clamant à son tour que cela suffisait pour aujourd'hui. Le garde du corps était-il fatigué ou s'inquiétait-il pour l'état de son poulain ? L'un dans l'autre le poulain en question ne saurait se jeter sur un homme n'ayant plus la volonté de combattre, cela serait une forme de lâcheté à laquelle il ne pourrait décemment pas s'adonner.
Certes la réflexion sur ses propres limites n'était pas encore le point fort de Christopher, cette lacune finirait peut-être par causer un jour sa perte, mais pour l'heure il voyait cela comme un reflet de son futur héroïque. Les combattants de légendes s’embarrassaient-ils de stratégie ? Les chevaliers en armure prenaient-ils des pincettes une fois face au souffle chaud de l'horrible et terrifiant dragon ? Bien sûr que et, malgré les nombreux avertissements de son maître, Christopher continuait de se jeter à corps perdu dans la bataille en étant persuadé que son maximum serait toujours suffisant pour surmonter les obstacles.
Sur les conseils de son mentor il se redressa de toute sa hauteur et commença à s'étirer les jambes dans un premier temps, afin d'éviter de douloureuses courbatures le lendemain matin ou même quelques heures plus tard. Au bout de quelques instants il commença à regagner un contrôle à peu près acceptable de ses bras et, s'autorisant quelques secondes afin de tester ses réflexes, il soumit ensuite ses deux bras à quelques étirements à leur tour. Puis, comme à son habitude afin de mettre à mal son corps et de tester quotidiennement sa souplesse, le jeune homme se laissa tout doucement tomber à terre jusqu'à réaliser un grand écart, non sans éprouver une certaine douleur au niveau des adducteurs. De par son style de combat assez agile et gourmand en énergie, la souplesse était un point important sur lequel travailler et le Crawford n'en faisant jamais l'impasse, rien n'était trop beau ou trop douloureux pour atteindre ses objectifs.
Et justement en parlant d'objectif, alors que le marine prenait des respirations régulières tout en maintenant sa position inconfortable et douloureuse, son maître crut bon de briser le silence pour question son poulain sur son avenir. Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Ce n'était pas dans les habitudes du Tylor de s'interroger des motivations profondes de son élève, il ne l'avait que très peu fait depuis leur toute première rencontre et pourtant aujourd'hui il remettait le couvert.
Ne pouvant maintenir son exercice douloureux et mener une conversation en même temps, Chris revint à une position plus agréable non sans ressentir un profond soulagement. Prenant une autre inspiration pour rassembler ses esprits, il hocha la tête horizontalement tout en répondant franchement :

- Bien sûr que non. Cette île n'est qu'une étape, je ne compte pas finir mes jours ici. Mais vous le saviez sans doute déjà, maître.

Certaines personnes pourraient être vexées de voir un jeune homme avec si peu de considération pour son île natale mais le jeune concernait s'en ficherait pas mal de toute façon, aujourd'hui rien n'était plus important que d'aller à la rencontre de son glorieux destin. Puis, enfin, le garde du corps osa demander s'il était la raison pour laquelle son élève n'avait pas encore quitté cette île perdue, ce à quoi le concerné répondit sans détour.

- Je reste parce que je ne suis pas encore prêt à passer au niveau supérieur, mon corps le sait et je le sais aussi, notamment parce que je ne suis pas encore capable de vous battre. Mais le jour où cela arrivera sera le dernier jour que je passerai sur cette île.

Levant les yeux au ciel tout en laissant ses pensées de perdre dans cette étendue bleutée, Chris avait déjà pris assez de recul pour savoir que les entraînements n'étaient qu'une façon lente et limite de progresser car rien ne valait la réalité d'un combat à mort. Si de prime abord il avait estimé que faire assez de quêtes pour cette mission lui suffirait pour passer à la zone suivante, il avait rapidement compris que cela ne serait pas suffisant. Pourquoi ? Parce que cela reviendrait à entrer dans une zone qui serait bien au-dessus de son niveau, il avait besoin de s'améliorer et de battre le boss de la zone précédente pour s'estimer prêt pour une telle transition. Et dans son esprit, aussi tordu que cela pourrait être, son maître Tylor était le boss de la zone et son passe-droit pour la prochaine île. L'espace d'un instant le Crawford se surprit à vouloir que l'île se fasse de nouveau attaquer pour qu'il soit enfin confronté aux flammes du combat, mais chassa une pensée peu héroïque. Pourquoi ? Parce qu'un héros fonçait face au danger et n'attendait pas qu'il vienne à lui. Non, il ne pouvait pas fuir face à cette pensée, il devait lui faire face comme n'importe quelle autre menace. Aussi, les yeux toujours rivés vers le ciel, il conclut :

- Je sais que je manque d'action, de combats réels si bien que mon esprit en vient à espérer que l'île soit une nouvelle fois attaquée. Aussi peu héroïque que soit cette pensée, elle est omniprésente dans un coin de ma tête. Comme une chanson dont l'air parasite vos pensées, sans vous lâcher.

Isalia (c) 16
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Mar 22 Mai - 11:30

Maître et élève
ft Christopher




Voilà déjà des éléments de réponse qui permirent à Alexander d'avoir une idée plus fiable et plus précise des enjeux qui poussaient Christopher à l'immobilisme et à la passivité : il voulait s'entraîner et se juger enfin digne de pouvoir quitter l'île avant de s'y résoudre pleinement. Pour une fois, c'était une posture particulièrement rationnelle et raisonnable de sa part, qui semblait pourtant entraîner une certaine dose de frustration, qui se manifestait notamment par le souhait qu'il évoqua de voir un jour Okalmoa attaquée par d'autres criminels assoiffés de brutalité. Ce n'était pas forcément un espoir que le garde-du-corps partageait... Au contraire, même. La dernière fois, Natsumi aurait bien pu le payer de sa vie, à cause du manque de professionnalisme des autres gardes de la famille Kudo, qu'il avait eu le temps de former bien plus fermement depuis lors... Des brigands de North Blue pourraient-ils donc en venir à leur poser problème, durablement, maintenant que des précautions avaient été prises et que la marine s'était souvenue qu'un danger menaçait toujours, tant que les ennemis du Gouvernement Mondial pullulaient dans les environs ? Difficile à dire, dans la mesure où les dangers les plus titanesques n'étaient pas foncièrement destinés à se diriger vers une île à la fois si modeste et si tranquille... Difficile d'imaginer que les révolutionnaires finiraient par venir se perdre ici bas, à titre d'exemple. Pour le peu que le Tylor savait de leur ligne de conduite actuelle, ils passaient plutôt leur temps à tirer dans les pattes de la Marine aux abords de Luvneel, île d'un autre prestige et d'une toute autre teneur... Puis, dans l'absolu, l'ancien mercenaire n'était pas stupide et savait pertinemment que son élève ne souhaitait pas voir chaos et désolation s'abattre sur leur petite île sans histoire : il voulait simplement ardemment une occasion de briller, de se faire remarquer et de mettre ses compétences martiales au service de la veuve et de l'orphelin. Une pensée désintéressée, motivée principalement par son ambition démesurée... Un paradoxe, en soi, qu'il avait pourtant analysé depuis bien longtemps : dans le cas contraire, si son élève n'avait pas été une bonne âme, courageuse et volontaire, alors il n'aurait jamais pris le risque de l'entraîner et de lui apprendre à user de son corps comme d'une arme destructrice et robuste...

-Et si tu ne me bats jamais ? Loin de moi l'idée de prétendre au rang d'homme le plus fort du monde. Nombreux sont ceux qui pourraient m'étaler sans bouger un orteil... Mais je reste redoutable. Et si tu n'affrontes personne de plus puissant que moi, ou si tu ne t'entraînes même avec personne qui puisse t'enseigner des choses différentes, tu seras peut-être condamné à demeurer à mon niveau, dans le meilleur des cas, sans jamais réussir à l'excéder.

C'étaient là des mots que le quarantenaire prononçait sans vraiment trop y croire. Il avait stagné. Un constat froid et déjà répété incessamment, mais qui s'intriquait en lui de manière de plus en plus tangible. Avait-il d'ores et déjà atteint ses limites ? Était-il absolument incapable de s'élever au-delà des capacités qu'il avait d'ores et déjà développées ? Cette question le tourmentait depuis belle lurette... Depuis, à dire vrai, qu'il avait vu Christopher le rattraper et gommer de plus en plus prestement le fossé titanesque qui les séparait originellement. Alexander n'avait jamais eu l'ambition d'être un soldat hors norme, susceptible de jouer un rôle y compris dans les batailles du Nouveau Monde les plus âpres et les plus sanguinaires. Il n'avait jamais pensé qu'il pourrait un jour ou l'autre marquer l'histoire en faisant parler de lui et de la force de ses poings, à la fois inébranlables et voraces... Pourtant, il demeurait frustré en constatant l'ambition démesurée de son poulain, et en remarquant que c'était là leur plus grande différence. Lui-même n'avait jamais eu d'envie ou de rêve particulier : il s'était contenté de vivre, de passer de bataille en bataille et d'agir conformément aux ordres qui lui étaient octroyés, sans se poser de questions ni sans jamais chercher à s'élever au-delà de la plèbe. Il avait des compétences, bien sûr, ainsi qu'une expertise acquise au fil des déconvenues... Mais avait-il quoi que ce fut d'autre de respectable et d'honorable ? Le Tylor reprit finalement d'une voix traînante, non sans persévérer dans ses étirements insoutenables, lesquels le délivraient d'un poids déplaisant.

-De gros poissons dans un petit bocal. Voilà ce que nous sommes destinés à devenir, sur Okalmoa... Il n'y a rien de glorieux ni rien d'épique ici bas. Rien d'autre que des pêcheurs et des marchands en quête d'un petit profit.

C'était un constat cynique, bien entendu, mais des plus justes néanmoins. Okalmoa n'était ni plus ni moins qu'un terrain de jeu où ils pouvaient simuler les fiers guerriers, où ils pouvaient faire croire à ceux qui les observaient qu'ils étaient des surhommes et qu'ils pouvaient se targuer de réaliser des exploits dont on entendrait forcément parler durant des décennies... Toutefois, ce qu'ils étaient sur cette île faible et sans histoire n'était ni plus ni moins que la norme, en d'autres circonstances. Sans parler des prestigieux amiraux de la Marine ou des terrifiants Empereurs, dont le seul nom suffisait à effrayer des mers entières, combien de pirates et de marines étaient susceptible d'oblitérer cette fichue île égarée d'un claquement de doigts ? Leur progression était limitée par l'espèce de cage dorée que leur océan constituait... Et tant qu'ils ne parvenaient pas à s'extraire de cette dite cage, alors ils tourneraient en rond sans jamais parvenir à parfaire leurs compétences de manière tangible.

-Je vais partir, Christopher. Quitter la garde des Kudo. Rejoindre la Marine. Et partir avec Natsumi. J'ai dépéris ici pendant trop longtemps. Il est grand temps que je passe à autre chose. Notre départ aura sûrement lieu dans les heures qui viennent...

Il avait déjà déposé sa candidature, au Quartier Général local. On allait le recevoir, éventuellement lui donner un grade... Et dès lors, plus rien ne les retiendrait ici, lui et Natsumi. Il était grand temps que le gros poisson ronflant et paresseux qu'il était devenu retrouve un milieu moins propice à la fainéantise...


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Mer 23 Mai - 0:01
Maître et élève

Alexander V. Taylor. & Christopher E. Crawford


Il y avait une fine limite entre l'excès de confiance et l'aveuglement pure et simplement mais, malheureusement, bon nombre de personnes s'imaginaient que le jeune marine avait depuis longtemps franchi cette ligne pour ne plus jamais être capable d'en revenir. Ces gens-là étaient-ils dans l'erreur ? Plus qu'ils pourraient ne l'imaginer mais, fort heureusement, le futur héros n'avait pas de temps à perdre à essayer de raisonner des faibles d'esprit pour leur faire voir la vérité. Qu'ils continuent à se bercer d'illusion et à sous-estimer le combattant si cela leur chantait, le concerné avait mieux à faire et ne laisserait pas quelques sceptiques se mettre en travers de sa glorieuse voie. Alors oui avant même que la leçon ne débute Christopher savait ce que son maître voulait lui dire, car il avait lui-même ressassé ce thème dans sa tête plusieurs fois sans trouver de réponse convenable. Même s'il avait fait des progrès indéniables ceux-ci étaient bien trop lents à son goût si bien que, dans un coin de son esprit, le futur héros en était à penser qu'il pourrait évoluer plus rapidement s'il prenait le risque de changer de zone sans avoir battu le boss de fin de celle-ci. Avait-il tort de penser ainsi ? Seul le Maître du Jeu le savait vraiment mais ses voies étaient impénétrables, disait-on.
Le jeune homme ici présent ne désirait rien de plus que de voir son nom briller dans les étoiles pour l'éternité, quel que soit le risque qu'il aurait à prendre pour cela, mais il savait aussi qu'il y avait de très nettes limites à ce qu'une île aussi mineure que celle-ci pourrait lui apporter en terme de gloire et de faits d'armes. Il ne s'agissait ici que de sa zone de départ pour ainsi dire et, pour gagner en expérience et réputation, il allait devoir quitter les frontières de ce bout de rocher perdu pour voir plus loin et plus haut. Ainsi, lorsque son maître évoqua la possibilité qu'il ne parvienne jamais à le surpasser, Christopher laissa son ego froissé de côté pour se pencher sur le cœur du problème. Bien sûr que chaque palier de progression possédait un maître de classe au niveau adapté, le Tylor représentant le tout premier palier à un niveau assez sommaire, il ne pourrait donc faire progresser son élève que jusqu'à un certain point.

Maintenant le jeune homme était assez conscient pour se savoir capable de surpasser son maître un jour, mais d'ici combien de temps ? Des mois ? Des années ? Il ne pourrait pas repousser l'appel de la gloire pendant bien longtemps.

- Je sais, cette île à ses limites et je ne peux pas y rester indéfiniment.

Pour gagner en puissance le futur héros allait devoir partir vers d'autres contrées qui lui étaient inconnues pour se frotter à plus fort que lui, avec la certitude que victoire et gloire seraient au bout du tunnel. Cependant si le Crawford était persuadé que battre son maître sonnerait la fin de la quête de cette île, la révélation que lui fit le gade du corps le prit de court. Comme si de rien n'était le concerné fit part à son poulain de sa volonté de quitter cette île pour accompagner et sans doute protéger la demoiselle dont il était en charge de la protection.
Mais...que...hein ? Depuis quand est-ce que cette étape faisait partie de cette quête ? Depuis quand le schéma habituel avait dévié à ce point ? Dire que Christopher était perdu aurait été l'euphémisme de l'année et ce sentiment se lisait très bien sur la mine déconfite qu'il tira alors. Pendant les secondes qui suivirent cette révélation un silence religieux s'installa dans le cour alors que le jeune essayait de rassembler ses esprits, essayant de déchiffrer le choix devant lequel le maître du jeu le mettait. Devait-il partir de son côté ? Tenter de nouveau de battre le Tylor avant que celui-ci ne parte ? Mordillant nerveusement l'ongle de son pouce droit en essayant de trouver une solution, le futur guerrier renommé parvint à trouver un troisième scénario possible où il suivrait son maître jusqu'à devenir assez fort pour créer sa propre légende. Oui, cette idée n'était peut-être pas si mal et elle lui permettrait au moins de continuer à défier son maître en duel.

Se redressant et écartant sa bouche de son ongle, il braqué ses prunelles ranimées d'une énergie nouvelle en direction de son maître, avant de conclure par :

- Je vois. Ma quête semble donc de vous emboîter le pas jusqu'à ce que je sois en mesure de vous battre, jusqu'à ce que le monde me reconnaisse. Je serais donc des vôtres.

Demander l'avis de la demoiselle concernée ? Pour quoi faire ? Il avait décidé qu'il se joindrait à son maître et il ne pourrait en être autrement.

- Il va falloir que je prépare mes affaires, du coup.

Isalia (c) 16
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Mer 23 Mai - 15:54

Maître et élève
ft Christopher




Si Alexander s'était bien entendu attendu à ce que Christopher ait une réaction quelconque à lui adresser à la suite de cette révélation, aussi soudaine qu'imprévisible, il fut tout de même désarçonné par l'air inconsidéré et par les yeux ronds que son élève arbora, l'espace d'un instant. C'était comme s'il se refusait à croire et à comprendre le sens des mots que le noiraud venait de prononcer... Certes, la chose était brusque, mal amenée et plutôt déstabilisante, dans la mesure où ils ne s'étaient jamais connus ailleurs que sur Okalmoa et dans la mesure où le garde-du-corps des Kudo n'avait jamais montré une envie, même dérisoire, de se faire la malle vers d'autres horizons, vers d'autres luttes plus âpres... Mais son élève avait à l'accoutumée des réactions si viscérales et si spontanées que le quarantenaire en avait malencontreusement oublié qu'il pouvait également lui arriver de douter. Une fois cette évidence remise au goût du jour par l'hébétement dont son jeune apprenti fut la proie, donc, l'impulsivité du jeune marine se fit remarquer derechef tandis qu'il prenait la décision sans concerter personne d'accompagner son mentor vers les épreuves qui l'attendaient. Malheureusement, ce dernier ne put en aucun cas avancer que la chose le prenait de court : il avait su, à l'instant même où il y avait songé, que telle serait la volonté du garnement. Il n'avait pas d'attache particulière à Okalmoa : il l'avait bien souligné lui-même. La base locale de la Marine ne lui promettait rien de détonnant ou d'exaltant... Son avenir ici semblait donc compromis, puisqu'il n'était pas assez radieux pour lui permettre d'être sous la lumière des projecteurs. De facto, le Crawford n'avait plus qu'à prendre la poudre d'escampette... Et, en s'en allant à son tour, le Tylor lui offrait une opportunité dorée de le faire. Le Tylor, justement, avait-il la moindre raison de refuser cette décision arbitraire et catégorique de la part de son jeune élève, de son côté ? Pas vraiment. Il le savait pertinemment : un navire de la marine ne se maniait pas sans bras et si Christopher n'était assurément pas le plus discipliné ou le plus rigoureux des matelots, il n'en était pas moins formidablement robuste et athlétique... Une qualité qui pouvait s'avérer salvatrice, en haute mer, si leur bateau était confronté à la détresse d'une tempête. De plus, Natsumi et lui-même n'allaient pas forcément disposer d'un poids suffisant, en tant que tel, pour prendre leur envol et leur indépendant d'un claquement de doigts. S'appuyer d'un gradé local ayant fait son entrée en service depuis quelques temps ne pouvait que leur fournir davantage de crédibilité... Quand bien même le gradé en question passait davantage de temps à fuir ses responsabilités qu'à remplir les tâches qu'on lui conférait avec un sérieux irréprochable.

Mais le pragmatisme calculateur n'était pas le seul moteur de réflexion de l'homme au costume qui, avant toute autre chose, songeait avec son cœur. Aurait-il été angoissé de savoir Christopher partir sans pouvoir veiller sur lui durant ses premières péripéties ? Sans aucun doute. La vie s'était montrée ironique, avec Alexander : il avait toujours cru n'avoir aucun enfant, et venait finalement tout juste d'apprendre que Natsumi était de son sang. Pourtant, il n'avait jusqu'à présent jamais rempli ce rôle aux côtés de la demoiselle : il s'était contenté d'être le chef des gardes de sa famille, assurant sa sécurité lorsque ses services étaient nécessaires, l'observant distraitement de loin dans le cas contraire, persuadé qu'il était qu'il s'agissait de la fille d'un autre. C'était tout le contraire de la relation qu'il avait tissé avec son élève... Ce gamin des rues, dont il ignorait tout, et qu'il avait recueilli afin de l'entraîner durement, et de lui apprendre les rudiments du combat à mains nues. Était-il un substitut de père, aux yeux du garnement dont il était question ? Une espèce de vague figure paternelle, ayant raffermi sa main et endurci son esprit ? Pour le coup, le quarantenaire n'en avait pas la moindre idée. Toutefois, il savait incontestablement que de son point de vue, le Crawford avait une place toute privilégiée... Une sorte de fils, qu'il aurait sculpté et formé à son image. Était-il plus proche de Christopher que de Natsumi ? Pour l'heure, certainement. Cela viendrait peut-être à changer... Mais il ne pourrait néanmoins jamais nier le fait que ce gamin des rues qu'il avait recueilli des années auparavant avait parcouru un chemin considérable, et qu'il espérait que tout cela n'avait pas été vain. Voguer sur North Blue en sa compagnie, c'était s'assurer que toutes les leçons inculquées puissent un jour ou l'autre porter leurs fruits. C'était parfaire l'enseignement attribué au jour le jour... Et c'était ce dont tout maître d'arme rêvait secrètement, en fin de compte. Quoi de plus gratifiant que de voir un élève réaliser des prouesses ?

-Il vaudrait mieux, ouais. Même si tu as déjà le plus important.

Avec un sourire amusé, Alexander désigna les deux mains de Christopher d'un simple et nonchalant signe du menton. Pour eux, les pugilistes, les attributs et les effets personnels étaient bien souvent superflus... Ils n'avaient besoin de rien d'autre que de leur force pour imposer leur vision des choses et pour pousser autrui à les respecter pour ce qu'ils étaient.
Sur ces entrefaites, le noiraud reprit sa série d'échauffements. C'était les derniers exercices qu'il réalisait ici, à Okalmoa, dans la cour du manoir Kudo qu'il avait servi durant de si longues années... Une pointe de nostalgie l'envahit, mais il la broya sans plus tarder, l'évinçant du fil de ses pensées sans la moindre hésitation. Il s'était laissé vivre paresseusement durant trop longtemps... Il s'était complu, bassement, et s'était vautré dans le confort qu'on lui avait présenté aux côtés d'une femme qu'il n'avait plus le droit d'aimer. Fuyumi appartenait au passé. Natsumi, elle, était le fruit de ses entrailles. Celle qu'il devait préserver de toutes les menaces qui planaient sur ce sinistre monde... Il n'avait d'autre choix que celui de partir, en fin de compte. Et il allait le faire sans le moindre regret... Il était grand temps que l'ancien mercenaire qu'il était reprenne du service, et qu'il dépoussière enfin ses vieux muscles, perclus par des années d'une fainéantise regrettable.


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