La Guerre sans honneur se faisait génocide. La Guerre sans clairvoyance se faisait désastre. La Guerre sans cœur se faisait apocalypse. Le Jugement devait s’abattre sur les responsables de ces usages abracadabrantesques mettant fin à la vie de bien des innocents… Un Jugement dur… Un Jugement intransigeant… Car celui qui pervertissait la guerre au nom de sa pseudo liberté n’était rien d’autre qu’une engeance qui ne méritait pas sa place au panthéon des combattants, une ordure qui venait ternir l’art de guerroyer dans l’optique puéril de se l’approprier, l’amenant à pervertir la noble Guerre pour satisfaire ses ambitions et son orgueil. Ishtar détestait ces gens-là. Ces profiteurs. Ces criminels. Ces monstres qui périraient dans les flammes de l’oubli dans les limbes infernaux. Comment violer ainsi les lois de l’art guerrier pour s’attaquer à des civils sans défenses qui ne s’était investit militairement dans aucun conflit. Ils n’avaient pas accepté les risques mortels que pouvait comporter le combat. Ils n’avaient pas voulu disparaître pour une futilité pareille au déshonneur de ces minables crapules.




Courroucée par le comportement méprisable de ces scélérats, le visage froid et impassible de la bilcane fixait les orbites du chef de ce ramassis de bandits de bas-étage. Les iris argentés incisives étaient perçantes, tant et si bien que la guerrière mesurant trois mètres de haut pénétrait l’âme de l’homme qu’elle tenait au cou et soulevait progressivement sans que ses pieds ne puisse trouver la terre. Les quatre ailes dans son dos se mirent à battre, faisant tomber trois criminels au sol qui semblaient apeurés par cette incarnation sauvage qui se retrouvait dans un tel état bestial à cause de la colère qu’ils lui procuraient. Ils avaient ni plus ni moins raser tout un petit village d’une île qui en comptait à peine trois. Ces hors-la-loi comptaient bien s’emparer de tous les biens et tous les vivres sans même prendre le temps d’enterrer les corps des personnes qu’ils avaient tué. Malheureusement pour eux, ils n’avaient pu s’attaquer qu’à trois ou quatre habitations avant que la créature céleste ne soit informée de l’assaut. Manque de chance pour eux, elle avait fait une halte dans ce coin paisible après être rentrer de Jaya, où elle avait rencontré l’éminent vice-amiral Ghetis Archer qui lui avait fait une bonne impression, via Puerto Havana et ses intrigues commerciales, ainsi que sa seconde rencontre avec Sairento Stasujin. Double malheur, depuis qu’elle avait prit sa décision de demeurer sur les mers bleues, repoussant à plus tard son retour à Bilca d’où elle avait chuté à l’âge de dix-huit ans, sa détermination avait redoubler d’intensité et ces pourritures n’avaient pas tenu deux secondes en face d’une véritable combattante.

-Une bande comme vous ne vaux rien. Cela m’étonnerait fortement que tu en sois le vrai chef. Tu n’inspire rien à tes hommes qui n’ont même pas écouter les esquisses d’indication que tu leur as donner. J’en conclut que tu es dirigé par quelqu’un de plus dangereux. Qui est ton supérieur ? Qui veut détruire ce village de cette manière ? demanda l’inquisitoriale femme en quête d’une sombre proie à qui faire rencontrer le poing de la vertu guerrière.

-C’est… C’est Lionel Abrudick… Il se vante d’avoir une prime sur sa tête, mais j’suis pas sûr que ce soit vrai… Il se cache avec le reste des gars d'la bande sur une île inhabitée non loin d’ici... dans une caverne… Euh… Elle se trouve par-là ! déclara-t-il, en bégayant, tout en pointant effectivement une terre épousant l’horizon. Euh… Euh... Vous voulez qu’on vous y emmène ?

-Ça ira merci.

Sans plus de cérémonie, elle relâcha l’homme qui tomba sur le sol, son fessier en prenant un sacré coup.

-Déguerpissez.

Cette ordre brutale sonna dans les esprits des bandits qui retournèrent immédiatement à leur embarcation sous le regard de la De Lérhane qui attendit qu’ils s’éloignent. Elle s’approcha alors des villageois pour leur expliquer ce qu’elle allait faire.

-Je vous emprunte un de vos escargophone. S’il y a le moindre souci, contactez-moi.

Sur ces mots, elle fit volteface et se dirigea vers la plage. Ishtar plia ses jambes, puis, les dépliant, se propulsa dans les airs tout en se métamorphosant. Des plumes poussèrent sur son corps alors que des écailles ventrales apparaissaient. Ses iris d’argent virèrent à l’or pendant que ses pupilles prenaient une forme allongée verticalement. Sa langue devint bifide et ses dents se rarifièrent alors que son corps mesurait désormais huit mètres de long, ses jambes s’étant réunis pour former une queue. Battant de ses quatre ailes recouvertes du plumage d’un vert pur aux reflets d’émeraude, la maudite du mythologique Serpent à Plumes, empereur de jade des forêts tropicales, fendait les cieux à toute allure sous sa forme hybride.

L’ombre du serpent volant passa devant le soleil, l’éclipsant de la vue de trois malandrins attroupés sur la plage. En un instant, Ishtar plongea en piquet en direction de ses proies, se détransformant à quelques mètres du sable après avoir donné un coup avec ses quatre ailes. Elle percuta ainsi le sol, atterrissant en posant un genou au sol, émettant une onde de choc violente qui ratissa le sable sur plusieurs mètres tout en déchainant un vent puissant qui emporta le tricorne d’un des bandits sans que celui-ci n’est à craindre de s’envoler. L’archange tombé du ciel se releva, se dressant du haut de ses quatre mètres pour fixer de son regard aux reflets lunaires ces forbans qui devait sans aucun doute appartenir au groupe de ce fameux Lionel Abrudick. De face, pour ces criminels, elle était complétement plongée dans l’ombre du soleil qu’elle cachait sur quelques mètres devant elle, donnant assez bien plus sombre et intimidant à la maudite mythique. Elle s’avança alors de quelques pas en prenant la parole.

-Vous devez être des hommes d’Abrudcik, j’imagine. Où se trouve son repaire ?

-Si tu crois qu’on va parler sale chienne ! lança un intrépide imbécile qui s’élança en faisant tourner ce qui lui semblait être son sabre d’abordage… alors qu’il s’agissait d’une bouteille de rhum qu’il venait de finir.

Donnant une impulsion avec son pied, la De Lérhane se saisit du crâne du flibustier ayant rejoint cette troupe de hors-la-loi, puis, en deux pas, elle s’approcha d’un bar improvisé que la petite bande avait installer sur la plage pour festoyer. D’un mouvement de main, elle usa de sa force surhumaine pour planter la tête de son ennemi dans le meuble en bois, permettant au pirate de se retrouver entouré par quelques bouteilles qui lui tiendrait compagnie durant son inconscience. Elle se tourna alors vers les autres, son visage demeurant inexpressif comme d’habitude, marque laissé par les temps où elle fut discriminée pour ses différences physique avec les autres bilcans, alors qu’elle ressentait pourtant les émotions comme tout être humain normalement constitué.

-Euh… La caverne où est amarrer le bateau du chef est une petite crique dissimulée dans la falaise un peu plus au nord, commença le premier.

-On peut y accéder par la forêt. Il y a un passage. Pour se repérer, on utilise deux palmiers qui se croise pour faire un X… L’entrée se situe à une trentaine de pas dans l’axe du X depuis un amas de rocher situer à plusieurs mètres des deux arbres, termina le second.

-Merci, bien, déclara-t-elle avant de s’approcher et de se saisir de leurs cheveux pour faire percuter leurs fronts, envoyant sans grandes souffrances les deux hommes dans les bras de Morphée.

Soudainement, l’escargophone que l’ange avait placé à sa ceinture à côté d’Ashunera, une claymore de deux mètres de long ayant appartenue à son père dont elle ne servait pas pour combattre et qui faisait plutôt usage de symbole de ses rêves, se mit à sonner. Elle décrocha alors en croyant que les criminels étaient déjà de retour pour attaquer le village.

-Allô allô, déclara un vieil homme.

-Oui. Il y a un problème ?

-Non, c’est pour vous informer qu’une autre dame viens d’arriver et elle dit qu’elle voudrait vous porter main forte.

-Ah ! Et bien, je vais l’attendre.

-Elle devrait arriver d’ici une petite demi-heure je pense, lança-t-il en se souvenant du temps qu’il prenait jadis pour atteindre cette fameuse île au doux nom de Mont Danora pour la montagne qui composait le corps de l’île qui avait accueillit au fil des millénaires du sable, de la terre et enfin de al végétation pour en faire une véritable île, celle-ci servant régulièrement aux habitants du village pour chasser lorsqu’ils avaient peur de trop affecter la faune de leurs terres.

Ishtar avait eu le temps de calmer ses nerfs mit à vif par ces criminels qui avaient oser s’en prendre à des villageois sans défense. Elle s’était assise à l’un des tabourets et faisait quelques courtes séances de méditation, vérifiant de temps à autre que les malandrins ne se réveillent pas et qu’aucun n’autre n’arrive en renfort. Ainsi, elle pénétra à plusieurs reprises dans son monde psychique, son esprit se vidant petit à petit de ses pensées néfastes au fur et à mesure que le fluide imaginaire emportait ses énergies négatives. C’était un moyen comme un autre de passer le temps, mais c’était plus que ça pour celle qui devint Wan l’année précédente suite à un long enseignement à l’Île aux Prières l’année précédente. La moine-guerrière pouvait passer jusqu’à plusieurs heures par jour à méditer afin de maîtriser son esprit, canaliser les flux énergétiques, détendre son corps, reposer son âme… La philosophie de combat de la De Lérhane étant de toujours viser la sérénité pour prendre constamment du recul sur l’affrontement afin d’analyser les capacités, les stratégies et la mentalité de l’adversaire. Si cela n’était pas tellement visible face à des ennemis de faible calibre comme ceux qu’elle avait vaincu sans peine jusque-là, c’était car elle avait pu juger de leur force et de leur réflexion même si la phase d’analyse s’était avérer courte que ce soit pour les assaillants du village que pour les trois huluberlus de ce bar en plein air. Si l’on prenait par exemple le second cas, l’effet de la vague d’air qu’elle avait engendré à l’atterrissage qui avait su déstabiliser les bandits couplés au manque de prise de conscience de l’homme qui avait brandit une bouteille en arme de fortune alors qu’il avait une épée à porter de main prouvait qu’ils ne faisaient pas le poids.

L’archange observa finalement quelque chose s’approcher. Elle demeura silencieuse et patiente à mesure que la petite embarcation grossissait pour dévoiler la femme qui allait l’aider. Celle-ci arborer une chevelure noire et semblait porter deux katanas. C’était rare de croiser des guerriers qui, comme Ishtar, portait une arme sans en avoir recours pour combattre, donc elle supposa temporairement que la jeune femme s’en servait pour se confronter à ses adversaires. Qu’un escrimeur manie deux lames fines tels les katanas ou une claymore lourde de deux mètres comme celle à la taille de la bilcane ne changeait de toute manière rien. Celui-ci pouvait tout aussi bien utiliser majoritairement des frappes puissantes avec des sabres subtiles que faire preuve de rapidité et d’agilité en maniant une épée de gros calibre, en fonction du style du bretteur ainsi que de sa force, ceux se basant uniquement sur la vitesse et l’agilité pour manier leurs armes étant tout aussi nombreux que ceux qui user de leur puissance physique. Pour bien accueillir la nouvelle venue et n’étant pas en mesure de sourire naturellement, son visage demeurant impassible sinon, elle se força afin de mimer ce type d’expression avec ses lèvres avant de prendre la parole.

-Bonjour. Je suis Ishtar. En effet, on m’a dit que vous m’aiderez à affronter ces vils scélérats. Vous êtes une épéiste je me trompe ? Enfin, vous avez raison, nous devrions y aller. Ils ont pu m’indiquer une façon de trouver leur cachette. J’imagine que nous aurons le temps de converser et de mieux se connaître en route, déclara-t-elle en se levant avant de commencer à se diriger vers la forêt.

Malgré les apparences, la De Lérhane gardait une certaine méfiance envers Nora qui pouvait tout à fait avoir des intentions malsaines. L’ange avait connu bien des situations et bien des trahisons, sans parler des tentatives de kidnapping qu’elle avait subit de gens qui avait tenté de paraître amical et qui voulait vendre la créature céleste en tant qu’esclave à quelques riches mafieux.

Nora ne tarda guère à avouer qu’elle maniait ces deux armes et ceux depuis sa plus tendre jeunesse, temps de tous les espoirs qui était le point central du fondement de la personnalité de la personne qui pouvait avoir des répercussions jusqu’à l’âge adulte. Une autre information intéressante était que cette demoiselle se prétendait chasseuse de prime et qu’elle venait affirmer cette histoire de prime qui devenait de plus en plus louche au fil des minutes. Un nom qui ne dit presque rien à la guerrière qui sillonnait toutes les mers et s’informait régulièrement des situations océaniques, ce qui voulait dire que c’était un criminel d’envergure restreinte, très localisé, qui n’avait pas réellement fait énormément parler de lui, une subordonnée qui avouait ne pas en être sûr et enfin une chasseuse de bandits qui n’avait pas souvenir du montant de la dite prime… Enfin, cela ne comptait au final que peu, puisque de toute manière ce n’était pas un tel nombre qui définissait les capacités d’une personne. Cela était un indicateur partiel se basant uniquement du point de vue de la dangerosité vis-à-vis du Gouvernement Mondial et les civils que l’entité politique suprême protégeait. Il suffisait d’être relativement discret ou garder pour soit ses véritables capacités pour flouter ce système construit par la toute puissante coalition des nations dirigé depuis l’olympienne Marijoa. Pour preuve, l’archange avait beau être une décima, en désaccord avec les idéaux de sa faction depuis un certain temps certes mais une décima quand même, et une combattante d’un bon niveau vis-à-vis des Blues, ses actes n’avaient jamais été dangereux pour quelques civils, qu’elle s’évertuait à protéger en réalisant même parfois ses missions à sa manière pour éviter cela, et lors de la majorité de ses confrontations avec la Marine elle n’était qu’une membre d’un attroupement plus vaste qu’elle ne dirigeait pas, que ce soit avec l’équipage révolutionnaire du Centaurus ou au cours de quelques conflits où elle avait dû remplir son rôle de simple soldate. Elle n’avait donc aucune prime sur sa tête alors qu’elle était une ennemie de la Marine, ce qu’elle désirait plus pour pouvoir faire face aux puissants adversaires que comptent leurs rangs plutôt que par véritable soucis avec leur autorité. La femme jadis tombée du ciel avait même noué une bonne relation avec un vice-amiral, qui connaissait sa filiation avec la faction de Centes ainsi que son désir de quitter cette dernière ce qui avait pousser l’Archer à proposer à la damoiselle de rejoindre son équipage.

-Non, cette claymore ne me sert pas à combattre. Je me bats juste avec mes poings et ma malédiction. Ça peut être déroutant car je la porte souvent même durant des batailles. En fait, ce fut l’arme de mon père que je me suis approprié durant mon adolescence même si je n’arrivais jamais à l’utiliser pour faire face aux tyranniques oiseaux de Bilca. Depuis, je la garde comme un symbole… Un symbole de mes rêves et de mes ambitions ainsi qu’un souvenir de ma vie bilcane, me rappelant à la fois les joies de la vie et du combat ainsi que les malheurs qui peuvent être causé par soit ou par les autres. Enfin, je pourrais en parler longtemps, mais je ne vais pas vous embêter avec ces histoires d’enfance, finit-elle en se forçant à nouveau à sourire tout en fermant les yeux pour prendre un visage conciliant.

La forêt commençait à défiler autour d’elles et quelques animaux passaient par-ci par-là.

-Au fait, il nous faut trouver deux palmiers qui se croisent en formant un X. Si jamais tu les vois, n’hésite pas à le dire… Sinon, d’où viens-tu ? Qu’est ce qui t’as motivé à devenir chasseuse de primes ?

La De Lérhane écouta avec intérêt le court récit de la jeune demoiselle qui résumait plutôt facilement sa vie, enfin la vie qu’elle prétendait avoir puisque l’hypothèse qu’elle soit une alliée de ces mécréants ou qu’il s’agisse d’une manipulatrice malintentionnée persistait malgré la faible probabilité. Bien évidemment, la bilcane conservait ce genre de doutes pour toutes nouvelles personnes rencontrées et n’en tenait pas réellement rigueur, c’était surtout une raison pour toujours demeurer sur ses gardes et ne jamais se laisser surprendre car les coups de poignard dans le dos existaient. Accorder trop de confiance et laisser son empathie prendre le dessus lui avait déjà jouer des tours par le passé, il était hors de question que cela arrive de nouveau.

-Yakoutie Island ? Je connais bien. J’y suis allé six ou sept fois durant les neuf dernières années… enfin surtout les huit dernières puisque ma première année sur les mers bleues, je l’ai passé exclusivement sur Grandline. En tout cas, c’est bien d’avoir l’envie d’explorer, mais malheureusement sur North Blue vous tomberez très régulièrement sur des îles en proies à la neige, c’est le climat particulier de cet océan. En tout cas, si vous voulez découvrir des choses surprenantes, en parlant justement de basses températures, il existe une île qui possède un volcan de neiges, la Gorge Polaire… Oui oui. Au lieu, d’avoir du magma qui sort, c’est de la neige qui provoque des avalanches. Enfin, l’envie de se perfectionner dans son style de combat est une noble cause, alors j’espère que vous y parviendrez.

L’archange continua de marcher et écouta la question de sa camarade du jour, ne tardant pas à y répondre. Elle tournerait d’abord la tête vers Nora avant de ramener son regard sur la forêt tout en fournissant une explication.

-Je vois… Vous ne devez donc pas connaître les fruits du démon. En fait, sur cette terre il existe d’étranges fruits que l’on nomme fruits du démon. Celui qui en mange un ne peut plus nager et coule irrémédiablement comme une enclume lorsqu’il est immergé. En contrepartie, la malédiction attribut un pouvoir. Il en existe trois types. Les plus rares sont les logias qui permettent de transformer tout son corps en un élément ainsi que le produire. Les zoans permettent de se transformer en animaux ou en formes hybrides entre l’animal et l’humain. Les derniers sont les paramecias qui est un peu la catégorie fourretout au final, même s’il existe, il me semble, quelques familles dedans. Pour ma part, j’ai manger un zoan comme vous pourrez le deviner, d’où le serpent. Mais vous devez vous demander quelle espèce de serpent vole. C’est tout à fait normal, mais en vérité j’ai mangé un fruit d’une sous-catégorie de zoan qui est encore plus rarissime que les logias, les zoans mythiques. Il s’agit de fruit permettant de se transformer en des véritables créatures mythologiques, poussant à se demander si ces bêtes n’existeraient pas quelque part en ce monde. Pour ma part, je suis l’incarnation du Serpent à Plumes.

Sur ces mots, elle se transformerait comme elle l’avait fait pour quitter la plage du village, passant ainsi sous forme hybride en gagnant en taille tandis que le plumage vert et les écailles ventrales la recouvrait.

La réaction de la jeune chasseuse de primes était tout à fait naturelle. Lorsque l’on apprenait l’existence des fruits du démon, on avait généralement du mal à croire à leur existence. La première confrontation avec un possesseur d’un tel pouvoir était toujours un moment incroyable à vivre, sauf quand l’utilisateur de ce pouvoir était une personne aux ambitions similaires à ceux des criminels qui avaient attaqués le pauvre village. C’est ainsi que le déluge question s’abattit, la timidité réprimé cédant en effet sa place au désir de découverte qui animait la demoiselle, la raison de son départ de Yakoutie Island apparaissant de manière bien plus tangible, l’expression corporelle et la lumière dans le regard se trouvant à une dimension supérieure à celle d’une simple déclaration orale. Là, on saisissait clairement le genre de nuances qu’il fallait chercher chez Ishtar pour la comprendre lorsqu’elle ne modifiait pas volontairement son expression, ce qui n’était pas toujours une mince affaire. En tout cas, la bilcane eu l’occasion de répondre à Nora avant qu’ils ne parviennent à destination.

-Les fruits du démon sont très difficile à trouver, tant et si bien que la majorité du temps c’est le hasard qui permet d’en découvrir un. Il y en a également certains spécimens en circulation dans le monde de l’ombre, le prix du fruit à l’unité étant généralement d’une centaine de millions de berry mais des rumeurs prétendent que si le fruit est très rare cela peut monter à des prix pharaoniques, ou certaines personnes influentes en gardent en secret. En tout cas, je peux te garantir que leur gout est ignoble et seule la première bouchée octroie les pouvoirs. Si jamais tu en trouve un, ne te force pas à le manger entièrement. De plus, on ne peut en manger qu’un seul et unique par personne, sinon on explose, enfin c’est ce que l’on dit. Enfin, la majorité du temps, le pouvoir que l’on obtient est désigné par la chance. Mise à part si le fruit que tu découvre est répertorié dans un catalogue de fruits du démon et que tu as l’ouvrage sous le coude, les exemplaires étant assez rare à ma connaissance même si c’est sur ces ouvrages que peuvent se baser les fameuses ventes de fruits pour définir la rareté, il n’y a pas de moyen de découvrir sur quelle pouvoir tu es tombé.

La bilcane n’eut pas l’occasion de continué parce que les deux demoiselles avaient atteint le fameux X. La De Lérhane reprit la parole afin de dire des instructions à sa comparse du jour.

-Bon alors normalement il faut monter sur un amas de gros rochers… Ceux là sont assez éparpillés, il n’y a que là que l’on peut vraiment prendre de la hauteur et que l’on peut traiter d’amas…, déclara-t-elle en réfléchissant à haute voix afin de communiquer en même temps pour faire comprendre ce qu’elle faisait. Il faut donc faire trente pas par là et on devrait trouver l’entrée, ajouta-t-elle en brandissant le bras dans l’axe du X. Il vaut mieux se fier à tes pas à toi vu que les miens sont plus grand que la moyenne et donc ceux de ces bandits.

Si Nora s’exécutait et effectuait les trente pas dans la direction indiquée, les deux femmes découvriraient un rocher très plat, ressemblant presque à une plaque, posé sur le sol et caché par l’herbe et la végétation alentour. Sous cette pierre se trouvait une échelle qui permettait de descendre.

-Je ne passerais pas sous forme humaine ou hybride avec mes ailes, constaterait la bilcane. Je te laisse passer devant. Je vais prendre ma forme purement animale.

Il leur restait une dizaine de minutes avant d'arrivée au repère de la crique...


-Mais oui puisque j'te le dis Marcus ! Il faut qu'on rase cette île.

Assis sur un trône en bois fait avec les moyens du bord, Lionel avait posé sa tête sur l'un des accoudoirs tandis qu'un de ses pieds se trouvait sur l'autre. Ses jambes étaient croisé et l'homme profitait de sa cigarette tout en conversant avec un de ses subordonnée. Les trente-six hommes de la crapule attendait en réalité que l'Abrudick et le fameux Marcus finisse de choisir quelle serait leur cible.

L’ange passa sans mal l’étroit passage grâce à sa forme purement animale, celle d’un serpent d’une dizaine de mètres de long qui pouvait voler et déchaîner la météo d’un simple regard. Le réseau souterrain alors apparut clairement et les différents restes de tonneaux qui se trouvaient ici et là dans ces tunnels de pierre et de terre commençait à mettre l’esprit de la De Lérhane sur la piste de la vérité. Le voyage commença ainsi dans ce dédale souterrain aux usages qui pouvaient être multiples. Les lanternes placées à des crochets, espacée de manière régulière comme pour compter l’étendue des galeries, émettaient la lumière nécessaire à se déplacer librement dans le coin. Si c’était la bande de criminels qui avaient construit cet endroit et creuser la roche, il était sur l’île depuis un bon moment, ce qui serait étonnant puisque les habitants les auraient croisés au moins une fois, eux qui viennent chasser sur l’île de temps à autre. Plusieurs hypothèses toutes crédibles se dessinaient, avec un trait de plus en plus précis à mesure que les installations et systèmes présent dans la cachette se dévoilaient. Ce lieu servait bel et bien de zone secrète à l’origine, mais ce n’était pas juste un repaire, c’était une zone de stockage immense. Est-ce que des pirates avaient jadis élue domicile sur l’île et avait dévellopé leur environnement pour stocker de manière durable des richesses et des denrées ? Etait-ce la pègre qui avait user de ce lieu pour garder en secret des marchandises importantes pour leurs trafics ? Une plantation de drogue peut-être même. Ou il s’agissait simplement de marchands qui s’en servait d’entrepôt géant.

La bilcane ne saurait jamais la vérité, mais c’était un condensé de deux de ses pistes. Les négociants avaient construit ce lieu de stockage pour garder leurs marchandises à l’abri de pirates et de voleurs, mais surtout à l’abri des créanciers et ceux qui imposaient les taxes. Malheureusement, leur commerce avait été démantelé lors d’une enquête d’envergure de la Marine… il y a bien deux cents ou trois cents ans. Entre temps, un groupe de pirates avaient trouvés l’endroit ainsi que ce qu’il restait de l’ère des marchands. La quantité non négligeable de rhum les avaient poussés à demander à leur capitaine de faire de cet endroit leur repaire, ce que le forban accepta finalement. Ainsi ils vidèrent petit à petit l’endroit de son contenu, le renflouant grâce à leurs prises issues de leurs abordages, et vécurent des jours heureux grâce à cette planque, l’armée navale du Gouvernement Mondial ne parvenant pas à mettre la main sur eux, ne se doutant pas qu’ils se cachaient à l’opposée de leur zone d’activité de pirate au sein de la mer du Grand Nord. La zone se retrouva à nouveau abandonnée suite à la retraite de la troupe de flibustier dont un revint ici à la fin de sa vie pour mourir paisiblement là où il avait passé une jeunesse flamboyante, rejoignant ainsi ses acolytes d’autrefois en partant du lieu où ils vivaient alors. En tout cas, c’était en s’égarant que ces bandits étaient tombés sur ce coin… et ceux deux semaines avant cette journée.

Comme cela avait été spécifié par le premier homme qui avait livré des informations à Ishtar, le cœur même du repaire était une grotte faisant office de crique souterraine, une caverne très spacieuse dont le niveau de l’eau était assez élevé en général, cachant l’entrée de cette dernière qui ne faisait de deux mètres de haut. Seule la marée basse permettait suffisamment à l’eau de se rétracter pour qu’un bateau de petite taille puisse pénétrer l’endroit ou en sortir. Ainsi on trouver tout un coin transformé en salle de réunion par la bande de criminel qui menait un peu plus haut à quelques constructions en bois faites de poutres espacées faisant office de dortoirs aux vues des hamacs qui y étaient tendus, des escaliers improvisés faisant le tour de chacune de ces structures aux pieds desquelles on trouvait la réserve de vivres de la bande. À l’opposée, la pierre descendait et menait à un quai improvisé constituer de deux pontons perpendiculaires, l’un permettant de rattacher le tout stablement à la paroi et l’autre menant au navire, qui était ici un petit sloop arborant en guise de pavillon une peau d’ours.




-Mais puisque je te le dis. Avec ça ma prime va passer de six millions à douze ! lança le primé en se redressant, mentant une fois de plus sur le montant que l’on offrirait en échange de sa tête.

En effet, c’était tout à fait logique que Nora ne parviennent plus à ce souvenir de cette fameuse prime vu qu’elle était ridiculement basse en vérité. À peine 14 516 berrys ! Voyant les indications de Nora, l’ange hocha la tête et lui murmura quelques mots.

-Je m’occupe de tout ceux-là. Je te laisse le chef. Tu mériteras pleinement l’argent que tu obtiendras pour sa capture comme ça.

Attendant donc que la chasseuse de prime se mette en place, l'ancienne révolutionnaire patienta. Elle avança finalement se mettant à la vue de tous les hors-la-loi qui ne tardèrent pas à l’apercevoir et à s’affoler, cherchant leurs armes, alors que la femme céleste les toisaient de ses trois mètres et de son regard argenté des plus froids. L’homme masqué pencha la tête sur l’avant en se levant, regardant la demoiselle de ses deux yeux mauves par les trous du crâne qu’il portait constamment sur sa tête.

-T'es qui toi ? lâcherait-il avec dédain. On a pas commandé de prostitués désolé. Repasse plus tard.

Un sourire sournois s'inscrivit finalement sur son visage.

-À moins que tu ais envie de te faire violer ? rajouta-t-il en se disant que pour ça on lui filerait vraiment une prime décente.

Si Nora attaquait dès maintenant, elle serait surprise de voir que sa cible avait suffisamment de réflexe pour esquiver le coup, même si cela passerait in extremis.

Le criminel chuta magistralement sur l’accoudoir qui céda sous son propre poids. Alors que sa mâchoire touchait le sol, Lionel repensa à toutes ses personnes qui s’esclaffait de sa situation autrefois. La rage commença à bouillir en lui alors qu’il se relevait en trombe.

-Comment ose tu faire ça salope ! Je vais te pulvériser la face à coup de pied tu vas voir ! Je suis le grand, le magnifique, le démoniaque, l’unique Lionel Abrudick ! lança-t-il en serrant le poing.

En vérité, il flippait sa race le p’tit Abrudick. Il passait son temps à se jeter des fleurs, à se la péter avec sa prime imaginaire de six millions de berrys, à prétendre qu’il pouvait faire ceci ou cela, mais en vérité il n’avait aucune confiance en lui. Persécuter pendant toute sa jeunesse pour les cornes qui poussaient naturellement sur son front, il avait vécu entouré par la haine et le désir de se venger de tout ces gens, de ces jeunes et grands qui se moquaient de lui. Finissant par attraper un crane qu’il bricola pour faire passer ses cornes pour celles de l’animal mort, il sortit de sa position de victime pour faire la seule chose qui était possible pour arrêter de souffrir : faire semblant de s’affirmer et prendre le dessus par la force par ces crétins qui le persécutait. C’est ainsi qu’il avait prit la tête de ceux qu’il haïssait et qu’il leur laissait tout le boulot, n’ayant jamais le courage de réaliser les menaces qu’il proférait. Piégé dans la spirale du mensonge, Lionel avait continué à se faire passer pour une raclure alors qu’au fond c’était un gars sympa qui avait mal tourné à cause des autres et l’influence de leurs jugements sur lui. Aujourd’hui, il essayait de viser toujours plus loin pour que les gars sous ses ordres ne voient pas la supercherie et il en était au stade critique où ils doutaient de lui. Il fallait à tout prix qu’il fasse quelque chose de monstrueux, même si ça lui brisait le cœur, afin de ramener le précieux avis de recherche à ses camarades… Il allait devoir en tuer une des deux et violer l’autre pour que la survivante aille tout raconter à la Marine… Il était tellement concentré à rechercher du courage pour réaliser cet acte qu’il ne se rendit même pas compte que s’il faisait ça la Marine trouverait sa planque grâce à celle qui s’en sortirait. Il retint ainsi un soupir, puis lança à Nore une provocation.

-Toi l’épéiste déloyal qui a voulut me tuer par surprise, arrête d’avoir les boules de m’affronter et approche-toi. Je vais te défoncer. Ça se passe entre toi et moi !

-Il a raison, c’est entre toi et lui. Je t’ai dit que je m’occupais des autres.

C’était la voix d’Ishtar qui avait raisonné au moment même où le corps d’un des brigands traversa les airs, effectuant un vol plané pour venir s’écrouler sur le sloop amarré dans cette crique caverneuse. Quelques instants plus tard, la silhouette de l’Archange du Typhon s’interposait entre Nora et le groupe d’hors-la-loi qui la prenait pour cible. Elle détestait ce genre de personnes, ce genre de propos. Parler de manière si direct d'un acte aussi barbare... C'était presque inhumain. Même après en avoir rencontré plusieurs, la décima sentait toujours son sang bouillir en entendant ce genre d'irrespect flagrant. Cependant, elle se canalisait, prête à repousser les vagues organiques et l'écume d'acier de ces malotrus.

-Aucun d’entre vous ne représente un défi pour moi. Mes années d’expérience de combats m’indiquent clairement que vous commencez à peine à vous y mettre. Allez… ESSAYEZ DE PASSER !




Les poumons de la demoiselle expulsèrent tout leur air alors que les cheveux de la guerrière furent projetés vers l’arrière par son cri court mais intense. Sa voix frémissait, indiquant qu’elle jouait avec la limite de ses cordes vocales, pendant que ses veines qui parcourait son corps semblèrent se gonfler. L’aura bestiale se dégagea de son corps alors que la guerrière céleste retrouvait les sens et l’instinct reptilien de l’empereur de jade du monde forestier des tropiques, l’inspiration mythologique donnant une dimension occulte au phénomène parcourant son corps et lui donnant la chair de poule durant le temps de la métamorphose. Son corps commença à grandir, ses plumes apparurent tout comme ses écailles, ses jambes se réunirent, ses dents se rarifièrent tout en devenant acérées comme des lames de rasoirs, sa langue devint bifide, sa chevelure rejoignit le plumage… Elle souleva violemment ses paupières, révélant des prunelles d’argent qui commencèrent à se muer en des iris d’or, la transformation lâchant une vague immuable et invisible transportant psychiquement la volonté sauvage de la combattante animale qui allait s’emparer de ses proies, tandis que la pupille prenait une forme verticale. Face à la découverte du pouvoir mythique et le beuglement surprenant de la femme aux proportions surdimensionnés, les criminelles se stoppèrent, même ceux qui étaient en assaut pour s’attaquer à Nora. Alors que le changement de forme venait de se terminer, la queue de l’Archange du Typhon fendit l’air devant elle pour balayer en un seul coup les trois scélérats de la première vague qui se retrouvèrent propulsés droit vers la paroi de pierre de l’autre côté de la grotte. La puissance physique surhumaine d’une femme mesurant de base trois mètres de haut couplée à la force que lui octroyait cette transformation l'hybridant avec une créature de légende, voilà le mur infranchissable qu’allaient devoir affronter cette horde de criminels pour tenter de venir au secours de leur chef.

En dépit de la puissance que la maudite dégageait, comme elle l’avait avoué, elle ne cherchait pas spécialement un défi dans ces ennemis dont elle allait s’occuper incessamment sous peu. Elle n’allait donc aucunement impliquer des techniques complexes ou simili, l’Archange du Typhon allait se contenter d’user basiquement de ses capacités pour repousser tous ces malandrins. Pouvait-on vraiment appeler ça ? La bilcane pensait que non, mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’userait pas de ses atouts, ce serait manqué de respect à ses adversaires, même s’ils ne méritaient pas forcément tant d’honneur. Elle jetterait également de temps en temps un regard vers Nora et Lionel pour constater l’avancer de leur duel tout en vérifiant que sa camarade du jour ne la trahisse pas. Même si elle avait appris à davantage faire confiance à la Starkinight au fur et à mesure de leur discussion, l’ancienne révolutionnaire conservait la possibilité d’un coup fourré dans un coin de son esprit qui voulait toujours demeurer sur ses gardes et avait donc besoin de constater qu’on ne l’attaque pas en traite. Une rémanence des événements avec Volga peut-être.

La puissante guerrière amena son poing à la rencontre du visage d’un premier ennemi qui retrouva propulsé jusqu’aux grandes poutres aux hamacs qui lui tombèrent dessus. Deux lames surgirent pour tenter de couper le bras de la maudite tandis qu’un autre voyait là une possibilité de secourir son boss. La queue fila droit vers le cou de ce dernier autour duquel elle s’enroula pour le balancer dans l’eau tandis qu’Ishtar frappa de son autre poing l’arrière du crâne d’un des deux sabreurs qui fonça sur son comparse. Seul le second pu se relever, l’autre ayant sombré dans les limbes de l’inconscience. Un ricanement se propagea alors que le dénommé Marcus se saisit de son pistolet dont il usa dans l’espoir de toucher la titanide ailée qui se dressait, implacable, contre eux. Malheureusement pour lui, avec la différence de niveau et la souplesse du serpent elle n’eut aucun mal à esquiver, en ondulant et en avançant vers un autre scélérat, la salve… salve dont un des projectiles vint frôler la cuisse de Lionel, ce dernier parvenant à esquiver, tandis qu’un autre s’approchait dangereusement de Nora qui aurait le loisir de le trancher plutôt aisément. D’un mouvement ample, la créature céleste vint se munir du crâne d’un adversaire qu’elle balança en direction du fameux Marcus qui se retrouva entrainé par la puissance du lancer. Il fut ainsi projeté dans l’eau avec celui qui l’avait percuté. C’est alors que la maudite donna une impulsion avec ses ailes qui balaya ces ennemis de bas niveaux pour les stopper momentanément. Un nouveau coup de queue en balança trois à l’autre bout de la grotte. Rampant de tout son long sur le sol rocheux, elle se redressa subitement et vint frapper un autre combattant avec un laria qui lui coupa le souffle. L’homme finit sa course à l’endroit où Nora c’était caché précédemment.

-Et bien ? Vous rendez les armes ? demanda la guerrière en voyant ses adversaires hésiter.

Ishtar balaya à nouveau l’air avec sa queue, ces ennemis ne semblant pas en mesure de bloquer ce genre de coup qui serait très peu efficace face à un adversaire de son propre calibre. Deux nouveaux combattants virevoltèrent. C’était les lois du jeu, elle ne pouvait pas rencontrer des ennemis exceptionnels à tous les coins de rues et il faut bien commencer faible avant de devenir fort. Peut-être que cet affrontement unilatéral permettrait à certains d’entre eux d’en tirer des leçons et d’évoluer tout en recevant un déclic sur leur agissement. Bien entendu, pour la moine-guerrière, s’il n’avait pas la sagesse et la clairvoyance nécessaire pour comprendre que leurs actes étaient ignobles, il ne l’aurait pas pour tirer partie d’une défaite afin de s’améliorer ce qui serait bien triste.

-Ce n’est pas en affrontant des civils innocents et en pillant de pauvres villages que vous serait davantage connu. C’est ceux qui battent des guerriers et ont le courage de faire face aux autres factions qui sont reconnu comme potentiellement dangereux par le Gouvernement Mondial. Ils aideront les civils en envoyant une unité et puis c’est tout. Ce n’est pas avec vos malversations que vous arriverez au sommet. Tout ce que vous faites, c’est vous complaire dans votre faiblesse en s’attaquant à des êtres encore plus faibles que vous. Tant que vous ne respecterez ces innocents en ne vous confrontant pas à ceux qui les protègent, vous ne serez qu’une menace artificielle, profiteuse, sans véritable valeur.

Ce rapide discours moralisateur avait pour intention de rajouter à sa domination un impact mental suffisant pour tenter de procéder à un changement de leur vision des choses, même si seul le temps permettrait de savoir si ça avait eu un quelconque effet… Surtout qu’ils risquaient d’être envoyés en prison avec cette arrestation de leur patron. Elle donna un coup du tranchant de la main dans la nuque d’un adversaire qui s’écroula au sol dans l’inconscience. Elle tourna légèrement la tête tout en évitant une lame pour observer l’évolution de l’affrontement entre Nora et Lionel. Si ça continuait de dégénérer, elle allait finalement devoir intervenir. Se saisissant du crâne de l’homme qui venait de tenter de la toucher, elle le balança sur le sloop tandis que Marcus parvenait à sortir de l’eau et se redresser pour traverser le petit ponton et tenter de revenir combattre.




Le masque d’os tomba sur le sol et l’instant qui suivit, le visage de l’Abrudick se tordit de douleur et des larmes se mirent subitement à longer les lignes de ses joues. Il recula tout en tentant de cacher ses cornes de manière maladroite alors que son regard vagabondait, remplis de terreur, en direction de ses compagnons d’infortune. Ils allaient rire. Ils allaient se moquer de lui. Ils allaient l’humilier. Le criminel recula et tomba à genou en secouant la tête en sanglotant.

-Non. Ne vous moquez pas. Ce n’est pas ma faute. Je n’ai pas voulu ça. Ce n’est pas de ma faute, commença-t-il à ressasser en boucle avant de se relever à nouveau et de courir en direction des galeries afin de trouver une cachette où il pourrait se faire oublier, où le monde oublierait son existence, ses cornes, son être.

Ils prenaient ses jambes à son cou, filant en laissant une traîné de larmes dans les airs derrière lui, alors que les démons de jadis revenait le hanter. Il voyait tout ces visages. Ces visages qui l'insultaient, qui se éclataient de rire. Ce masque était un rempart physique pour sa difformité, mais surtout un bouclier moral lui permettant de jouer le rôle de gros dur, comme si c'était le masque et non lui, comme si c'était une autre identité qui le protégeait. Ce qui était certains, c'est qu'il ne chercherait plus du tout à se battre.

La surprise d’Ishtar fut assez similaire à celle de Nora quant au sujet de cette homme qui partait en braillant comme un bébé. L’ange avait également eu une adolescence difficile avec une discrimination forte à cause de ses quatre ailes. À contrario de Lionel, elle s’était relevée et avait pu trouver un moyen de faire abstraction de ce rejet en ce concentrant sur une tout autre cause via laquelle elle avait put se défouler, la lutte contre les volatiles de Bilca. Lui s’était abandonné au malheur qui l’avait perverti et avait trouvé un moyen plus sombre de sortir de cette souffrance. Ainsi, même si la De Lérhane et l’Abrudick partageaient un passé similaire, ils avaient des différences fortes prenant leurs sources dans les choix différents qu’ils avaient fait. À travers les larmes de l’homme et son mouvement sur ses cornes, la bilcane avait revu une scène vers ses dix ans où elle commençait à être repoussé par les adolescents de son âge qui cédaient l’insouciances aux vices de la jeunesse grandissante. Même Eva ou Omnis changèrent durant cette période où toutes personnes changeaient et se muait du besoin d’exister, que ce soit par soit même ou à travers les autres, d’où le besoin récurant de notoriété pour faire valoir son existence aux autres. Ainsi, elle pouvait comprendre l’origine du mal qui l’habitait même si elle était en désaccord avec ce que la personne était devenu. Malheureusement, une justification malencontreuse sortit des abysses du temps ne pouvaient pas rattraper les actes commis avec réflexions. Il devait assumer ce qu’il était devenu, l’accepter et en ressortir grandit. Il ne devait plus avoir peur de montrer ses cornes, car celles-ci feraient partit de lui pour toujours, tout comme l’archange qui était aujourd’hui fier de ses ailes. Il ne faut jamais se laisser démoraliser par les obstacles de la vie, même ceux-ci t’ont été octroyés par la nature à la naissance. Que tu sois myope, dyslexique, dysgraphique, handicapé ou même trisomique, il faut maintenir le cap pour sortir la tête de l’eau, ignorer les détracteurs qui te jugent et filer droit vers l’avenir en te battant pour ce que tu es et ce que tu as puisque l’abandon ne t’amènera qu’à davantage de souffrance et te poussera au pire. L’anormalité n’est pas un fardeau. L’anormalité est ce qui te définit et te donne un plus, un soupçon d’originalité, ce qui te permettra d’être unique. Montre aux autres que ce n’est pas mal. Montre aux autres qu’être unique et ne pas suivre la masse est tout aussi bien que de le faire, c’est ainsi que tout à chacun comprendra qu’il n’y a pas de normalité, que c’est l’homme qui a façonné une globalité afin de se rassurer et se sentir en sécurité, prêt à rejeter la différence. Brandit tes quatre ailes et éblouit l’horizon de tes convictions afin de dissiper les ombres entourant la banalité, n’y cède point.

-Je m’occupe de les attacher sur leur bateau. C’est ta cible alors rejoints le et ramène le, déclara la De Lérhane, une seule larme suivant les formes de sa joue pour rejoindre son menton et chuter, attirer par la gravité terrestre, sur le sol de pierre.

Nora pourrait ainsi partir à la recherche du primé l’esprit tranquille tandis que celui-ci c’était blottit dans un coin de caverne, s’enfonçant un peu plus alors qu’il se trouvait recroquevillait et croyaient voir des ombres humaines partout, des ombres humaines qui le pointait du doigts, des fantômes qui le huait alors que les flots redoublèrent d’intensité en dégoulinant de ses yeux.

Durant la recherche de l’Abrudick dans le petit dédale souterrain, Ishtar avait amené les personnes encore conscientes sur le sloop du chef criminel avant de récupérer tout ceux qui avaient perdu connaissances pour les placer dans la cale de ce même navire. En effet, il les dimensions de l’embarcation ne permettaient pas d’installer plus de trois ou quatre personnes si on voulait accorder une vie décente à chacun, les gens pouvant très bien s’entasser et se serrer le temps d’une traversée. Bien sûr, la bande disposait d’une autre embarcation… avec laquelle avait décampé les hommes qu’Ishtar avait arrêté alors qu’il assaillait le village. La bilcane ligota donc les prisonniers qui n’osèrent bouger en aucune façon. À partir de ce moment, l’ange s’assaillit sur un tonneau et attendit le retour de Nora avec sa prise. Une fois que celle-ci serait arrivé, la demoiselle ailée parlerait des modalités de la livraison.

-Comment compte tu t’y prendre pour les livrer à la Marine ? L’eau n’a pas l’air de descendre pour l’’instant donc si tu veux emmener ce navire tu vas devoir patienter. Les faire passer par l’entrée par laquelle on est arrivée serait bien trop compliqué mais si l’une de nous les surveillent en haut et l’autre en bas, cela devrait être possible. Après, ils ne tiendront pas dans la barque dont tu t’es servi pour arriver. Du coup, si tu veux que l’on fasse cela, il faudra que tu appelles la Marine, même si au final tu peux aussi le faire pour la première option, pour qu’ils viennent les chercher sur cette île et que tu reste les surveiller en attendant. Dans tous les cas, tu devras attendre. Moi, je retournerais au village. Si tu veux passer me voir une fois que ce sera fait, on pourra discuter un peu. En tout cas, si tu n’as pas envie de continuer à devoir pagayer pour naviguer tu pourrais peut-être utiliser ce bateau-là.

Ishtar tourna la tête vers le mat unique.

-Ses dimensions sont petites et ce genre d’embarcation est assez maniable. Tu pourra jamais transporter énormément de monde ou avoir un vraie équipage et sa vitesse de déplacement ne doit pas être phénoménale, mais c’est toujours mieux qu’une barque non ?

La bilcane attendrait ensuite la réponse de sa camarade afin de savoir précisément ce qu’elles feraient et de quoi il en retournerait.

La bilcane écouta la réponse assez complète de celle qui avait été sa partenaire aujourd’hui. Bon… Le combat était fini et il était peu probable qu’elle parvienne à lui planter un couteau dans le dos d’ici à ce qu’elle quitte la caverne… Nora était donc belle et bien clean. Tant mieux, elle n’aurait pas apprécié tomber à nouveau face à une menteuse manipulatrice.

-Ne me remercie pas. J’ai fait ça pour le village et car je déteste les personnes qui s’en prennent aux civils. Je pense que si tu serais venu toute seule tu aurais été juste plus prudente et tu aurais trouvé un autre moyen de faire face au chef. Et pour la récompense et tout ça, je n’ai nullement besoin de tout cela. La seule chose dont j’ai besoin d’un point de vue matérielle ce sont les vêtements et la nourriture. Ni plus ni moins. La seule récompense que je recherche dans un combat c’est le respect de mon adversaire, et sa chute si celui-ci fait preuve d’une certaine immoralité. En tout cas, si tu as besoin de quelque chose, appelle l’un des escargophones des villageois. Du coup, moi je vais y aller. Je vais retourner méditer. Au revoir les gars. Cogitez bien derrière les barreaux, déclara la moine-guerrière qui était assez détaché du monde matériel.

Saluant la chasseuse de prime d’un signe de la main, puis les criminels, elle commença à se métamorphoser pour prendre sa forme animale. Dans le même temps, elle se dit qu’il y avait peu de chance que des non-primés soient envoyé à Impel Down, et avec la prime très basse de Lionel ce n’était pas sûr également mais l’ange ignorait son véritable montant. Elle décrivit un looping et vola à la surface de l’eau de la grotte pour passer dans le trou qui permettait à un navire de petite taille de sortir quand la marée était basse. Elle continua ainsi jusqu’au moment où elle arriva au village. La De Lérhane reprit forme humaine pour expliquer toute l’histoire aux habitants et également leur proposer de se servir de cette cachette secrète qui pouvait être bien utile à des villageois sans défense en quête d’un refuge en cas d’attaque de forbans. Elle leur rendit également leur escargophone avant de saluer tout le monde et retournait méditer dans la maison de la famille qui l’hébergeait le temps de son court séjour sur l’île. C’est là que Nora pourrait la retrouver une fois qu’elle en aurait fini avec le transfert des hors-la-loi. Les deux femmes pourraient alors converser de divers sujets, allant du combat aux îles de North Blue que la femme céleste connaissait, de quoi fournir quelques destinations à cette demoiselle tout en précisant que certaine d’entre elle était plus dangereuse que d’autres.