Valen.

Chacun s'en était prestement retourné à son poste et à ses occupations. Dans les faits, ce voyage n'était censé n'être rien d'autre qu'une banale formalité, dont les gouvernementaux s'affranchissaient au nom du prestige de la famille Thalassa. Leur proximité avec Mariejoa empêchait les Empereurs d'agir librement et de les menacer frontalement, d'autant plus qu'Eko Taka avait fort à faire avec Mijushike Hojo et qu'Erika Orato, quant à elle, était actuellement confrontée par Kyo Kara. Tengen et Hadès auraient bien été susceptibles de s'en prendre à eux si la chose avait pu revêtir un quelconque intérêt, à leurs yeux : sauf que la protection rapprochée du paternel de la future mariée, assurée par Zang en personne, avait de quoi refroidir les ardeurs même des plus proches lieutenants des impétueux Yonkous. Abattre un amiral n'était pas chose aisée : et le fils aîné de Yang n'était pas arrivé au sommet de la Marine fortuitement, à l'instar d'un John Pacifique. Non, il avait mérité son grade, et sa foultitude d'exploits durant ses quelques années de service le prouvaient amplement... Ainsi, tenter de le mettre à bas nécessitait un déploiement de troupes colossales qui, du point de vue d'un regard extérieur, était tout bonnement risible considérant les possibles débouchées de ce mariage politique. Dans le pire des cas, les Thalassa allaient effectivement réussir, sous la houlette et les conseils pertinents d'Arenam Odio, à augmenter leur influence au sein du Nouveau Monde... Et alors ? Tant que la menace Decima planait encore, le Gouvernement Mondial ne risquait pas d'étendre ses frontières au-delà du raisonnable. Les îles les plus menacées étaient donc à la rigueur les possessions civiles, détachées de tout influence externe, et les possessions révolutionnaires gouvernées par Andromède, laquelle n'avait assurément pas les moyens de nuire à cette escorte rassemblée à ce jour. En bref ? Seuls les rivaux d'Odio étaient susceptibles de leur glisser des bâtons dans les roues. Tenter un assassinat sur sa personne pour s'accaparer les fruits de son business, c'était le stratagème qu'ils avaient imaginé et qui avait poussé ce criminel à accepter l'union qui allait être bientôt formulée, directement en Terre Sainte. Allaient-ils toutefois prendre le risque d'attaquer l'embarcation dépêchée par l'Étoile sur le trajet du retour ? La réponse ne tarda guère à pointer le bout de son nez et Valen, comme les autres passagers, se rendit bientôt compte du fait que des voiles noires pointaient à l'horizon. Des voiles drapées des symboles des pires crapules que les flots du Nouveau Monde recelaient actuellement : des mercenaires, pour l'essentiel, capables de se parjurer pour une somme rondelette...

-A bâbord ! Et à tribord ! Bordel de merde... Ils sont partout !

Thalassa Zang et Arenam Odio.

-Les enflures... Pourquoi maintenant ?!
-Hahaha ! Les futés !
-Qu'est-ce qui vous fait rire ? Ils vont nous cerner et nous couler par le fond !
-S'ils avaient attaqué sur la terre ferme, je les aurais tous tué, seul !

Zang semblait hilare, malgré la menace qui planait réellement sur leur escorte. Les navires adverses qui s'approchaient de toute part et à vive allure s'élevaient facilement à une douzaine d'embarcations, et la majorité d'entre elles abritaient des têtes fameuses, appartenant à des cartels et à des organisations parfois rivales, parfois plutôt alliées. Mais voir autant de têtes célèbres du mercenariat et de la chasse aux gouvernementaux rassemblés en une seule flottille avait de quoi glacer le sang d'Odio : ses ennemis avaient dû débourser des milliards pour s'offrir les services de cette élite du monde criminel ! De son côté, le Thalassa savait qu'il n'allait être que d'une aide relativement modeste, dans la mesure où ils étaient parfaitement encerclés. Comme il l'avait justement souligné, sur la terre ferme, affronter un tel lot d'ennemis n'était pour lui ni plus ni moins qu'un jeu d'enfant : il avait l'habitude de souffrir d'un sous-nombre grossier sur le champ de bataille, et cela ne le gênait pas outre-mesure. En revanche, le fait qu'ils aient attendu pour les assaillir en haute mer prouvait qu'ils étaient au courant pour sa nature de maudit et qu'ils entendait bien en tirer un profit maximum... Ils n'allaient pas s'approcher, ou alors seulement sporadiquement pour tenter d'occasionner autant de dommages que possible sur la coque du navire qui les portait. Ils voulaient les noyer, tuer les survivants et pêcher les cadavres pour offrir les dépouilles au plus offrant... Tactique simpliste au possible mais qui risquait fort de toucher au but si l'escorte n'était pas capable d'assurer le rôle pour lequel on l'avait appelée. Sauf que si ces types avaient été sélectionnés par son père, Zang avait toutes les raisons du monde de leur adresser sa confiance également : aussi se contenta-t-il, dans un premier temps, de demeurer volontairement en retrait. Il bouillait d'envie de se jeter dans la mêlée pour voir ce dont leurs adversaires étaient faits, mais il avait conscience du fait qu'observer la jeunesse dans l'effervescence des préparatifs pouvait également s'avérer formateur... Peut-être que l'un d'entre eux réussirait à l'impressionner ?

Alan "le Prince", Chef des Mercenaires "Umi no uta", et Hannybal Sepharide, capitaine des "Seagull Eaters", primé à 265.000.000 berrys.

A bâbord, Alan, le chef des Mercenaires Umi no uta, était l'une des têtes tristement célèbres issues de l'île des Hommes-Poissons. Il prétendait être un membre de la famille royale, arrière petit-fils du frère d'un monarque quelconque, par le passé. Si nul n'avait jamais pu vérifier la véracité de ses dires, force était d'admettre qu'il était tout de même quelqu'un d'assez altier, qui inspirait une certaine forme de respect. Il avait su s'attirer l'admiration de plusieurs hommes de main vaillants et compétents et ils avaient tous ensemble formé une guilde qui offrait ses services aux employeurs les plus généreux. Ils étaient redoutables, en haute mer, puisque Alan était un membre de la peuplade des sirènes. Une bonne frange de son équipage était également constituée d'autres ressortissants des peuples amphibiens, chose qui risquait de les rendre particulièrement redoutables s'ils parvenaient à s'approcher excessivement.
Hannybal, contrairement à Alan, disposait quant à lui d'une réputation plus sinistre. On le savait ouvertement engagé contre les troupes de la Marine et, plus largement, du Gouvernement Mondial. Le nom de son équipage venait d'une habitude tenace et cauchemardesque : il consommait ses ennemis après les avoir tué sur le champ de bataille. Il s'agissait également, autrefois, d'un chasseur de primes : il avait simplement décidé de retourner sa veste en considérant qu'il valait mieux se trouver du côté des criminels plutôt que de celui des justiciers, en tout cas sur le Nouveau Monde. Il disposait également d'un équipage à la réputation solide, et son navire disposait de canons frontaux similaires à ceux qu'on trouvait sur les embarcations de guerre monumentales du Quartier Général de la Marine.
Ces deux belligérants menaient donc le flanc gauche : ils chargeaient à toute allure, en première ligne, et risquaient d'engager les hostilités d'une minute à l'autre, probablement légèrement avant les ennemis situés à tribord qui avançaient plus raisonnablement. La flottille ennemie renvoyait donc une image d'elle relativement désorganisée : restait à savoir si c'était feint, ou si leurs affiliations distinctes avaient eu raison de leurs accords préalables.

Haendrick, capitaine des Rotte Pirate, primé à 200.000.000 berrys, et Belezbuth, chef du Quintet Infernal, primé à 365.000.000 berrys.

A tribord, les quelques têtes célèbres qui émergeaient au lointain n'étaient pas pourvues d'une réputation beaucoup moins solide. Haendrick était, à titre d'exemple, capitaine de deux embarcations qui voguaient vigoureusement en direction du navire de l'escorte de l'Arenam. Il s'était fait un nom en traversant Paradise puis en parvenant sur le Nouveau Monde où il avait su conserver une place relativement sécurisante d'outsider : aucun Yonkou n'avait pour l'instant tenté de l'assimiler de force à sa flotte et lui, de son côté, avait évidemment eu la décence et l'intelligence de ne pas provoquer des ennemis qui auraient été susceptibles de le briser sans la moindre difficulté. En d'autres termes, il n'était pas vraiment un gros poisson dans le coin, mais il en était conscient et c'était probablement là sa plus grande force : il était capable de surgir et de frapper promptement, puisque personne ne le surveillait jamais. Mais il disposait surtout d'un équipage dispatché sur deux bateaux, donc, et qui comptait plus d'une centaine de matelots rompus à l'exercice des batailles navales... Une armada plus que modeste, certes, mais qui s'intégrait facilement aux embuscades telles que celle-ci, communément avec d'autres groupuscules criminels.
Belezbuth, en revanche, était bien plus détonnant au milieu de ce paysage. Son embarcation à lui était plus fluette, et il n'était, dans son équipage, que cinq membres en le comptant. Ils étaient une force de frappe considérable, toutefois, et étaient cinq mercenaires parmi les plus prisés du Nouveau Monde : bon nombre de Royaumes avaient recours à leurs services hors de prix pour se débarrasser d'une armée adverse trop tenace ou trop aventureuse. Si sur l'océan, ils risquaient d'avoir moins de poids que l'équipage d'Haendrick ou que les hommes-poissons d'Alan, ils risquaient toutefois de devenir de solides assaillants dans le cadre d'un abordage... Raison pour laquelle il valait mieux tenter de les conserver à distance, a fortiori tant que le reste des criminels étaient encore libres de leurs mouvements et donc capables de pilonner sans relâcha la position gouvernementale.

Valen et Thalassa Zang.

Le colonel Seyfried avait pris les choses bien en main dès l'apparition au large des navires ennemis : il semblait vouloir guider la procession gouvernementale d'une main de fer, et c'était chose rassurante pour les matelots qui voyaient en lui une figure d'autorité stable et fiable. Son sérieux apparent et son sang froid en faisaient un repère au milieu de la bataille qui risquait d'éclater d'une minute à l'autre, d'autant plus incontournable que l'ancien amiral ne semblait guère vouloir endosser le rôle qui aurait pourtant dû lui revenir de droit. Toutefois, le peu de cohésion que Logan parvint à susciter se fracasse brusquement lorsqu'un homme de même grade prit la parole à son tour, prononçant des paroles dont la teneur allait à l'encontre même des propos tenus par Logan. Lorsqu'Agon décréta qu'il valait mieux tenir leur position en évitant de se jeter dans la gueule du loup, plusieurs marines cessèrent momentanément leurs activités, interloqués. L'embarcation gouvernementale perdit de sa rapidité, et les canonniers, pour la plupart hébétés, n'en finirent plus d'échanger des regards incompréhensifs tandis que leurs supérieurs commençaient apparemment à se montrer grossiers l'un envers l'autre. Si les responsables de l'escorte n'étaient en eux-mêmes pas certains quant à la marche à suivre, comment diable les matelots pouvaient en avoir une moindre idée ? La plupart des soldats se mirent donc insidieusement à paniquer : leur professionnalisme et leur discipline leurs permettaient de conserver leur calme, bien sûr, mais ils n'en étaient pas moins hagards et alertes, incapables d'entreprendre la moindre action fructueuse tant qu'on ne se décidait pas réellement quant à la marche à suivre. Malheureusement, pendant ce temps, les ennemis progressaient de plus en plus vivement et cela, d'autres gradés semblaient bel et bien l'avoir compris... Lorsqu'une jeune femme s'approcha de lui afin de lui destiner quelques paroles, non sans un brin d’espièglerie que Zang accueillit avec un sourire qu'il souhaitait amical mais qui, comme toutes les expressions que son faciès buriné véhiculait, semblait inquiétant et de bien mauvaise augure.

-Voilà une charmante jeune femme qui sait quoi faire, et quand le faire...

Lorsque le tapis végétal commença à apparaître à même l'océan, le Thalassa se contenta de bondir sur la première des fleurs, continuant à sourire à pleines dents. Il profita du contact de ses pieds avec les pétales et se délecta de la vision des navires criminels qui, au loin, s'approchaient dangereusement. Des grands noms, dans le lot... Une bataille qui risquait de s'avérer divertissante. S'il décidait d'y prendre part frontalement, en tout cas... Pour l'heure, cela ne semblait pas vraiment être à l'ordre du jour : il se contenta de lever un regard vers les cieux tandis qu'une silhouette massive se détachait du navire du Gouvernement Mondial pour s'envoler puissamment, en direction des embarcations ennemies. Ces gamins possédaient des facultés intéressantes, et plutôt atypiques, force était de l'admettre...

Alan "le Prince", Chef des Mercenaires "Umi no uta", et Hannybal Sepharide, capitaine des "Seagull Eaters", primé à 265.000.000 berrys.

Deux lames d'air : une pour chacune des embarcations en tête de la flottille à bâbord. Les criminels s'étaient attendus à être les cibles d'invectives de cette envergure, bien sûr, puisque les gouvernementaux raffolaient de ce type de manoeuvres... Pourtant, pas le moindre des mercenaires ne semblait être réellement affolé à la vue de ces projectiles vrombissants qui menaçaient de fendre le bois d'un coup d'un seul. Factuellement, une pluie de boulets aurait été assurément plus redoutable... Les sabres n'étaient pas faits pour attaquer à distance. Quiconque ayant navigué sur le Nouveau Monde le savait pertinemment : à moins de s'appeler Mifune, Eko Taka ou Tobun Temochida, aucun épéiste ne pouvait prétendre à prendre l'ascendant par le biais d'artifices de cette envergure au sein d'une bataille navale. Les hors-la-loi ne tardèrent pas à s'activer pour le prouver, d'ailleurs... Le premier à réagir fut Hannybal. Le capitaine des Seagull Eaters, remarquant que le projectile qui menaçait son bateau semblait être particulièrement large et qu'il risquait d'occasion de réels dégâts sur la coque de son embarcation fétiche, attrapa le manche de son fouet long d'une bonne trentaine de mètres. Un mouvement ample et d'une précision infinie catapulta la langue de cuir droit en direction du rankyaku, et le cuir en question eut tôt fait de se couvrir d'un revêtement noir comme la nuit qui ne fit qu'accentuer sa sombreur habituelle. Lorsque la rencontre eut lieu, elle fut sans appel : le rankyaku explosa sans plus de cérémonie et se dispersa dans les airs tandis que les pirates poursuivaient leur progression affolante, les canons chargés et prêts à cracher sur l'ennemi bleu une première cohorte de boulets.

-Allez, bande de crevures ! On se bouge le fion, ou l'un d'entre vous nous servira d'amuse-gueule avant ces saloperies de chiennes !
-Quel manque de délicatesse... J'aurais préféré ne pas travailler avec un monstre pareil...

C'était Alan qui, sur le navire voisin, avait soufflé ces quelques mots, plus pour lui que pour son compagnon d'infortune qui ne l'entendit même pas. Pour le coup, le représentant du peuple des sirènes était assez estomaqué de devoir faire cause commune avec des crapules de bas étage... Mais il n'était pas du genre à faire la fine bouche. Le rôle de son équipage était central, crucial, et ils allaient pouvoir s'octroyer un large pactole si tout se déroulait comme ils l'envisageaient de prime abord. S'ils parvenaient à se débarrasser de la lame d'air qui les menaçait, en tout cas...

Ethan, bras-droit des Mercenaires "Umi no uta".

-Uchimizu !

Alan n'était pas la seule tête à craindre au sein de la bande de mercenaires qu'il emmenait sur le champ de bataille : son bras-droit, Ethan, faisait également partie du peuple des sirènes et disposait également d'aptitudes redoutables, notamment dans le domaine du maniement des liquides. Il le démontra en expédiant sans plus tarder une bulle d'eau à vive allure à la rencontre d'une lame d'air projetée par la gradée Nowaki. Les deux projectiles se rencontrèrent et éclatèrent en hauteur, sans plus de cérémonies, tandis que le bras-droit des Umi no Uta se mettait à sourire à pleines dents en lorgnant dans la direction de ladite gradée. Pour le coup, la perspective de cette bataille navale lui plaisait tout particulièrement : ce n'était ni un conflit trop aisé qu'ils allaient pouvoir livrer avec une insolence impunie, ni une guerre trop épineuse face à laquelle ils risquaient d'être fracassés d'un instant à l'autre, pris entre deux feux dont ils ne pouvaient qu'apprécier la virulence... Oui, ils avaient de quoi être des acteurs dignes de ce nom, et des acteurs de tout premier plan ! Pour cela, ils n'avaient plus qu'à commencer à conduire une riposte... Et les mots qu'il prononça allèrent précisément en ce sens, attirant sur le visage d'Alan un sourire radieux et même légèrement provocateur.

-Allez-y, patron. Je protège le navire.
-Très bien ! Allez, les gars ! C'est parti !

Le Prince sauta à l'eau en un plongeon gracieux et, instantanément, une bonne frange des hommes-poissons et des sirènes qui composaient sa bande l'imita, sautant sans plus tarder et prenant la route vers les profondeurs à vive allure. Voilà d'où venait leur notoriété : ils utilisaient leurs avantages raciaux à tort et à travers, et ils excellaient en haute mer, chose qui leur permettait de triompher d'un grand nombre de leurs opposants sans jamais craindre de réelles ripostes.
Hannybal, en remarquant que ses collègues risquaient de lui voler le beau rôle, ne tarda guère à grommeler en songeant que ces saloperies d'amphibiens auraient été bien plus utiles en salade. Il ne perdit toutefois pas l'occasion de briller et engagea précipitamment les hostilités, démontrant la puissance et la précision de ses canons frontaux, perfectionnés par les quelques ingénieurs qu'il avait sous ses ordres.

-Feu !

Malgré la distance, qui empêchaient clairement des canons standards de faire mouche, les boulets allaient être crachés avec une force si extraordinaire qu'ils n'allaient pas tarder à s'élever dans les cieux pour finalement retomber sur le pont de l'embarcation du Gouvernement Mondial. Si personne ne les arrêtait avant, c'était un déluge de flammes qui risquait de commencer son ballet : pas de survivants, les cadavres fumants suffiraient amplement...

Haendrick, capitaine des Rotte Pirate, primé à 200.000.000 berrys, et Belezbuth, chef du Quintet Infernal, primé à 365.000.000 berrys.

-C'est quoi ce truc, cap'tain ?
-J'en sais rien, mais je vais pas attendre qu'il nous boulote pour réagir...

Avec amusement, Haendrick tira son pistolet de son étui et le chargea de ses balles les plus redoutables. En bataille navale, le plus important, c'était généralement de venir à bout du navire ennemi... Navire qui, en règle générale, était constitué de bois. Mieux valait donc savoir venir à bout de cette matière légère, flexible, solide, mais dotée de tout un tas de points faibles qu'il était aisé d'exploiter pour peu qu'on soit suffisamment armé pour ce faire... Le primé avec un sourire malicieux, se mit à fermer sa paupière gauche et à lever son canon en direction de la dantesque créature qui leur parvenait à vive allure. Encore une petite seconde... Il appuya sur la détente brutalement, et son pistolet se mit à vomir une balle dans une explosion de poudre et d'étincelles. La balle en question, en vérité un réservoir, sembla s'enflammer en plein dans les airs... Et ce fut finalement un trait de feu d'une précision remarquable qui fondit se fraya un chemin jusqu'au dragon tandis qu'il se mettait à cracher ses projectiles. Si rien n'était fait, la chose allait évidemment exploser en plein vol, au même titre que l'immense majorité des sphères qu'elle crachait et qui n'allait ainsi pas pouvoir entraver les déplacements de la flotte criminelle... Mais le capitaine des Rotte Pirates n'allait pas s'arrêter en si bon chemin : dans la foulée, il pointa son pistolet en direction de la silhouette qui s'en retournait vers le navire marine à grandes enjambées, droit dans les cieux. Qu'il sache courir dans les airs ne désarçonnait pas le pirate outre mesure : il n'avait qu'à l'allumer... Un autre trait de feu jaillit donc, menaçant de percuter Sypher en plein dos s'il ne prenait pas garde et s'il ne prenait pas ses dispositions pour s'extraire de la trajectoire de cette riposte vindicative.

-Bordel de.. C'est quoi cette merde ?

En face aussi, il y avait un tireur... Et un bon. La balle que la tireuse venait de projeter en direction du second navire d'Haendrick avait fait mouche : elle percuta effectivement le mât et l'explosion qui en résultat fut si soudaine et si brutale que l'embarcation commença momentanément à péricliter. Il était encore trop tôt pour les enterrer, bien sûr, d'autant plus que les subordonnés du capitaine pirate étaient d'excellents navigateurs, mais ils allaient avoir du mal à s'en remettre à temps : le conflit armé était imminent, après tout... Les autres balles tirées par Sheira, en revanche, furent moins utiles : toutes furent interceptées par des boulets qui, recouverts de haki et propulsés vigoureusement, les repoussèrent juste à temps. Belezbuth, qui était à l'origine de ces tirs, se mit à grommeler en remarquant que Thalassa Zang se dressait d'ores et déjà à l'horizon, sa toison blanche se détachant quelque peu de la coque de l'embarcation du Gouvernement Mondial. Si ce vieux type était capable de livrer bataille, il allait rapidement devenir leur plus gros ennui, loin devant cette tireuse pénible et précise...

-Je sais pas ce que veulent faire les autres, mais nous, on contourne.

Hors de question de se jeter dans la gueule du coup : même lui et son Quintet n'étaient pas de taille à se frotter à un amiral de l'ancien ère et il n'était pas assez sot pour imaginer le contraire. Tant pis, donc, s'ils perdaient un peu de temps ou s'ils rompaient la formation... C'était là la moindre des précautions pour éviter de couler dans la minute.

Thalassa Zang et Valen.

-Hein ? Encore un changement de cap ? Ils se décident, ou... ?

Zang était encore en train de s'amuser sur les espèces de nénuphars géants lorsqu'il avait remarqué que le navire gouvernemental se tournait une fois de plus, s'en retournant à l'encontre de la flottille qui progressait vivement à tribord. Il était grand temps de choisir des cibles et de s'y tenir durablement... Du point de vue de l'ancien amiral, la posture hésitante de ses collègues et de ces jeunes hères n'avait rien de bien reluisante : elle renvoyait l'image d'une escorte prostrée et terrifiée qui ne savait littéralement plus où donner de la tête afin de garantir la sécurité d'Arenam Odio... Alors, pourquoi son paternel les avait-il choisi, eux, spécifiquement ? Ils cachaient quelque chose ? Pour l'instant, une poignée d'entre eux avaient fait montre de capacités intéressantes, mais la puissance ne suffisait pas pour s'attirer la sympathie du vieux Thalassa. Son fils aîné ne le savait que trop bien : il avait dû persévérer toute sa vie durant pour être respecté par son paternel, et il avait comme la curieuse impression, de temps à autres, qu'il n'était toujours pas réellement digne de son futur rôle de chef de la famille. Un peu comme si son propre père lui reprochait son manque flagrant d'amour pour les procédures et les montagnes de formalités solennelles et de bals galants qu'on livrait à Mariejoa pour toutes les occasions qu'on parvenait à dénicher... Le militaire, donc, s'était attendu à découvrir de la pertinence et un esprit vif chez ces jeunes gens qui, jusqu'à présent, montraient surtout une confusion peu glorieuse. Restait à voir si ce comportement inattendu allait prendre leurs adversaires de court... En attendant, l'ancien amiral ne savait lui-même plus trop où donner de la tête : manifestement, les justiciers se sentaient capables de s'occuper de la flotte à tribord, puisqu'ils maintenaient dorénavant le cap dans cette direction...

-Bon. Ben autant mater, pour l'instant.

Il aurait bien le temps d'intervenir a posteriori, si les choses semblaient se gâter, après tout... Et puis, il imaginait sans peine que leurs ennemis feraient tout, à l'instar du Quintet Infernal, pour rester loin de lui. S'ils avaient l'occasion de le laisser tranquille pour s'éviter ses représailles, sans doute feraient-ils tous mine de l'ignorer et de ne pas le voir...

-Vous avez entendu ? Vous cinq, rejoignez la colonelle et tenez-vous à son entière disposition ! Et vous, on se magne pour déplier les voiles ! On doit reprendre de la vitesse de toute urgence !

Et pour cause... S'ils ne se dépêchaient pas, ils allaient bientôt être rattrapés par les navires qui avaient été lancés à vive allure, à bâbord ! Velen tâchait de coordonner les hommes et de les revigorer quelque peu, mais les disputes auxquelles les gradés s'étaient livrés en place publique n'avaient guère permis à la masse des soldats de prendre confiance et d'aborder les luttes à venir de façon sereine. Fort heureusement, les envoyés des Thalassa semblaient davantage exceller dans le domaine martial plutôt que dans le domaine stratégique : plusieurs d'entre eux mirent en exergue leurs compétences respectives et cet espèce de festival eut tôt fait de fournir aux matelots une bonne raison de redoubler de motivation et d'énergie. De toute manière, nul ne l'ignorait : la bataille âpre qui s'annonçait, si elle s'achevait sur un échec, serait synonyme de mort pour la plupart d'entre eux... Cette raison, à elle seule, avait de quoi galvaniser plus d'un esprit défaitiste.

Hannybal Sepharide, capitaine des "Seagull Eaters", primé à 265.000.000 berrys, et Ethan, bras-droit des Mercenaires "Umi no uta".

-Voilà qu'il débarque... Concentrez-vous sur leur navire. Continuez de le noyer sous les boulets. Je m'occupe de ce boulet-là.

Un logia. Hannybal ne savait pas encore précisément quel était son pouvoir, mais à en croire son incommensurable pouvoir de création, c'était l'une des seules hypothèses réellement envisageables, avec elle des paramecias générateurs... Sauf que le capitaine pirate préférait amplement partir sur du pessimisme afin de s'assurer une bonne surprise, dans le meilleur des cas. Les logias étaient particulièrement pénibles à gérer, y compris en haute mer : et ce maudit-ci, en prime, semblait savoir nager... Le hors-la-loi grommela tandis que le type se jetait à la rencontre de son embarcation et tâchait de destiner à ses mâts des coups de poings amplifiés par son pouvoir. Effectivement, il semblait capable de déformer son corps et de l'utiliser offensivement sur de très larges surfaces... Génération, transformation : il cochait de plus en plus de cases. Une belle épine dans le pied du pirate en prévision ! Ce dernier, toutefois, ne se laissa pas faire : le premier mât venait tout juste de se faire percuter violemment qu'il envoya son fouet, toujours couvert d'un revêtement du haki de l'armement, en direction du second bras pour l'entourer fermement et l'intercepter dans son mouvement belliqueux. S'il y parvenait, il surenchérirait sans plus tarder en engageant un mouvement circulaire des plus vigoureux. L'objectif ? Entraîner le maudit dans une projectile qu'il aurait à subir afin de le propulser droit vers l'océan. S'il parvenait à l'immerger, ils se débarrasseraient de ce maudit une bonne fois pour toutes : les hommes-poissons auraient tôt fait de le remarquer et de le mettre en pièces, après tout.

Côté hommes-poissons, justement, un autre adversaire se rapprochait dangereusement, comme une balle noirâtre fendant les cieux à la recherche d'une embarcation à perforer. Si la plupart des mercenaires semblèrent anticiper cet assaut, un seul fut réellement capable de réagir à temps... Et ce fut une riposte relativement maigre. Constatant la vivacité de cet adversaire et sa rapidité apparente, Ethan se mit à tiquer : il eut un mouvement de recul et... laissa l'ennemi passer. Si tout se passait bien, le gouvernemental allait effectivement percuter leur coque une première fois pour pénétrer dans les entrailles de l'embarcation. Alors, l'homme-poisson n'aurait qu'à user de l'eau qui coulait encore le long de son corps : il enverrait depuis le pont un nouvel uchimizu, traversant le bois à ses pieds sans l'ombre d'une hésitation. Tant pis pour les réparations : ils savaient pertinemment, en acceptant ce boulot, qu'ils n'allaient pas le mener au succès sans sacrifices...

Belezbuth, chef du Quintet Infernal, primé à 365.000.000 berrys, et Memphisto, navigateur du Quintet Infernal, primé à 240.000.000 berrys.

-Ben voyons. Moi qui pensais qu'on allait nous foutre la paix...

Belezbuth grognait, mais pas sans raison : voilà qu'une myriade de boules de feu étaient projetées dans leur direction... S'écarter n'était donc pas suffisant : au contraire, ces mouettes audacieuses semblaient songer qu'ils étaient devenues des proies faciles qu'il valait mieux évincer de toute urgence. C'était là un touchant mélange de réalisme et de naïveté... S'ils voulaient venir à bout du Quintet Infernal, ils allaient devoir s'en donner les moyens. Tant que l'ancien amiral, par exemple, n'essayait même pas de prendre part à ce conflit, c'était peine perdue... Tout en ordonnant à son navigateur de maintenir le cap sans prêter attention aux offensives qui les ciblaient directement, le chef demanda à ses autres subordonnés de ramener toujours plus de boulets de leur maigre cale. Ils risquaient d'arriver promptement à bout des réserves... Heureusement qu'ils disposaient d'un moyen digne de ce nom de les reconstituer en un claquement de doigts. Il posa ses mains sur les deux premiers projectiles et, sans plus attendre, les projeta en direction des grenades qu'on leur destinait. Puis il augmenta sans peine la cadence, au rythme des assauts ennemis : cela n'avait rien de complexe et pour l'heure, il se contentait de demeurer sur une position défensive. C'était la priorité : conserver leurs distances et veiller sur l'évolution du conflit pour taper brusquement et intelligemment au moment opportun. Sauf que bientôt, l'insecte lent qui tentait de les bombarder sans relâche leur destina un assaut autrement plus épineux de part sa taille imposante...

-Tout ça pour nous ? Trop aimable.

Malgré la pique, l'homme-cornu était sceptique. Avait-il les moyens de parer cet espèce de soleil miniature ? Difficile à dire. L'esquive, en revanche, était envisageable... En forçant l'allure du navire, ils pouvaient tenter de se placer hors de portée entre le début du lancer et l'arrivée de cette boule incandescente. Toutefois, et contre toute attente, ils n'en eurent jamais véritablement l'occasion... Et pour cause : l'astre n'avait pas avalé la moitié de la distance qui le séparait de l'embarcation du Quintet que des dizaines et des dizaines de lances d'eau s'élevèrent de la surface des océans, ne tardant guère à retomber comme une pluie drue et continue sur les flammes. Si la chaleur de celles-ci suffirent à tenir les flots en respect l'espace d'un instant, elles furent bientôt happées par l'océan tout entier et disparurent... non sans dégager, au passage, un épais voile de brume qui risquait d'envelopper le champ de bataille tout entier. Voilà qui allait rendre les déplacements de tout un chacun d'autant plus illisible...

Hollow, Assassin au Service du "Bras Armé".

-Le contre-amiral Wenham... Voilà une cible qui me donnerait bien du prestige...

Hollow n'était pas convaincu du bien fondé de sa présence, ici bas. Ses hommes de main actuels n'étaient pas beaucoup plus déterminés que lui, par ailleurs : la plupart n'étaient que du grouillot de bas étage, qu'une poignée de mercenaires qu'on avait dépêché pour le mener à bon port. Il était un assassin professionnel mais il n'avait, à ce titre, pas réellement pour coutume d'officier au cours de batailles. Il avait eu du mal à réprimer ses pulsions pendant que la cible était restée à terre, sagement, recluse sur son île en compagnie d'un ex-amiral... Cela aurait été autrement plus facile pour lui de se montrer utile. Car s'il était un excellent assassin, en témoignait son anonymat malgré sa liste de macchabées abandonnés dans des caniveaux dispersés au travers du Nouveau Monde, il n'était pas réellement un combattant ni même un stratège hors pair. Pas, en tout cas, lorsqu'il perdait l'avantage de la surprise ou qu'il avait à craindre une infériorité numérique quelconque... Sauf qu'en l'occurrence, Sypher Wenham avait pris la décision de se rapprocher de lui-même. Autant dire qu'Hollow allait conserver un œil sur son combat : s'il percevait l'opportunité d'intervenir, il le ferait sans l'ombre d'une hésitation.

Valen.

Faire le silence, maintenir le cap : des ordres clairs et limpides, qui changeaient de l'espèce de bouillie que les gradés avaient générés en confrontant leurs directives les unes aux autres. Pour le meilleur comme pour le pire, certaines fortes têtes semblaient avoir décidé de faire silence et face à ce signe de raison et d'intelligence, Valen s'autorisa un soupir de soulagement. Si ses hommes avaient été soumis à davantage de pression et d'antagonisme de la part de leurs supérieurs hiérarchiques directs, sans doute auraient-ils fini par déposer les armes avant même que la bataille ne commence réellement... Il aurait été infamant de se montrer aussi peu redoutables alors que c'était la prestigieuse famille des Thalassa qui les avait mandaté. En tout cas, la brume croissante qui les enveloppait progressivement risquait de leur offrir un brin de réconfort et de quiétude qui allait potentiellement leur permettre de recouvrer leur sang froid. C'était maigre, surtout à l'aube d'une bataille durant laquelle les canons risquaient de cracher salve sur salve, mais c'était préférable à l'effervescence continue et désespérée. D'autant plus que le gradé le plus prestigieux à bord, exception évidente faite de l'ex-amiral, à savoir le contre-amiral Sypher Wenham, semblait être déterminé à l'idée de jouer le rôle de l'électron libre : il vagabondait d'ennemi en ennemi sans vouloir se consacrer à la protection de l'embarcation gouvernementale, frêle esquif ballottée entre les vents et les détonations. Si leurs ennemis parvenaient à les cerner et à les assaillir de toute part, ce n'étaient assurément pas grâce aux matelots que la Marine obtiendrait la victoire, cela allait sans dire... Finalement, non sans un brin d'appréhension, Valen décida de se rapprocher quelque peu du bastingage pour lorgner la flotte qui, autrefois à tribord, se retrouvait plus ou moins face à eux. Il allait bientôt devoir plisser les yeux pour distinguer les silhouettes des embarcations ennemis au travers de la brume... Pourquoi diable le colonel avait-il décidé de les engager sur cette voie ? La réponse lui était insaisissable mais il s'en remettait sans trop hésiter aux décisions de cet homme, choisi par l'Étoile en personne. De toute façon, avec Zang à proximité, il paraissait peu probable qu'il ne leur arrive un trop grand malheur...

Toutefois, à l'arrière, le navire d'Hannybal n'en finissait plus de cracher ses boulets, avec ou sans la présence à son bord du contre-amiral Wenham : ce dernier allait avoir fort à faire pour s'occuper définitivement du sort de ce capitaine pour le moins tenace. Les boulets, projetés en direction du navire gouvernemental, furent toutefois bloqués par une collaborations de Logan et de Violet : de quoi offrir aux matelots un soulagement certain.

Enestan "l'Oracle", primé à 240.000.000 berrys, et Menphis "la Lame", primé à 219.000.000 berrys.

-Des projectiles en approche... Nous sommes tous pris pour cibles.
-Dois-je m'occuper de protéger les cinq navires ?
-Tu n'arriveras à rien pour les deux navires d'Haendrick. Laisse tomber ces deux-là.
-Bien.

Enestan et Menphis faisaient partie d'un groupuscule qui tenait davantage de l'alliance plus que de l'équipage soudé. Eux avaient très fréquemment travaillé côte-à-côte, mais ils étaient entourés d'éléments qui changeaient sans cesse. On utilisait souvent leurs organisations pour gravir les échelons, pour faire parler de soi : ils avaient l'avantage indéniables d'être bien médiatisés, et à la recherche perpétuelle de main d'oeuvre. Le Gouvernement Mondial, de son côté, leur vouait une méfiance absolue : on ne savait pas grand chose de ces deux criminels qui n'avaient probablement jamais quitté le Nouveau Monde, mais on avait d'ores et déjà suffisamment de raisons de les craindre et de les affubler de primes très hautes. Des myriades de rumeurs couraient à leur sujet : Enestan était apparemment une espèce de devin, doué d'un don de prescience ou de sens terriblement aiguisés. Il avait l'air d'être, à l'instar des animaux, capables de pressentir des cataclysmes ou des catastrophes naturelles avant qu'elles ne surviennent... C'était probablement grâce à cet instant qu'il avait continuellement su échapper à la Marine, et éviter les confrontations directes avec leurs troupes. Quant à Menphis, on n'en savait pas beaucoup plus à son sujet sinon qu'il était un brillant épéiste, issu de Wa no Kuni, aux dernières nouvelles. L'un comme l'autre, pâles comme la nuit, auraient pu appartenir au peuple des vampires. La capuche et la cape du premier, d'ailleurs, semblaient corroborer cette thèse folle mais le second, quant à lui, affichait sa pâleur au regard du soleil sans sembler craindre les rayons de ce dernier... Dans tous les cas, le danger ne venait pas de leur race, et le bretteur le montra bien assez tôt : suivant à la lettre les directives de son collègue, il balança dans les airs une succession de coups d'estocs, lesquels générèrent des espèces de lances d'air qui percutèrent les projectiles de Sheira de plein fouet. Au final, seuls ceux qui ciblaient Haendrick, donc, purent toucher au but...

Haendrick, capitaine des Rotte Pirate, primé à 200.000.000 berrys.

-Bordel de... !

Il avait sous-estimé cette gourdasse de tireuse et désormais, il commençait à s'en mordre les doigts : l'arbre était apparu de nulle part, menaçant de retourner son embarcation. Tandis que certains des matelots, notamment les quelques malheureux qui se trouvaient suspendus au cordage au moment des faits, risquaient de choir dans l'eau trouble du Nouveau Monde d'un instant à l'autre, le capitaine fit de son côté de son mieux pour reprendre la situation bien en main. Alors que la coque de l'embarcation grondait furieusement, menaçant de se retourner d'une seconde à l'autre, il se laissa glisser le long du pont tout en changeant de chargeur. Il avait foi quant à la solidité de son navire : le plus important était de ne pas chavirer totalement, sans quoi la bataille serait terminée pour lui et pour ses hommes. Ils n'auraient dès lors plus qu'à compter sur le secours de ses alliés d'infortune... lesquels ne risquaient pas de les aider très spontanément. Pas gratuitement, en tout cas : les choses n'étaient pas aussi idylliques, au sein du monde criminel. Il changea de chargeur, donc, et orienta son arme vers l'horizon tout en prenant un appui aussi ferme que possible sur le pont en lui-même, y accolant tout son corps. Il n'y avait plus qu'à faire en sorte de contrebalancer le mouvement insidieux dont son navire était victime et pour cela, rien de plus efficace que de projeter un énorme torrent de flammes vers les cieux... Son pistolet, soudain transformé en une espèce de réacteur, sembla cracher l'espace d'un instant. Le bout du canon se mit même à fondre sous l'emprise de la chaleur et Haendrick grogna tandis que le navire se stabilisait dangereusement, accolé au sequoïa. Ils étaient immobilisés jusqu'à nouvel ordre... A moins qu'ils n'arrivent à se remettre à flots, bien sûr.

-Qu'est-ce que c'est encore que ce...
-Capitaine, vi...

Trop tard. Le second arbre et la détonation vinrent à bout de la position précaire de l'embarcation, la retournant totalement tout en abîmant dangereusement la coque. L'autre navire d'Haendrick, qui n'avait pas eu la chance de bénéficier de la protection du capitaine lors de la première attaque, vola purement et simplement en éclats. Deux embarcations venaient donc d'être éloignées du conflit... Mais ce n'était qu'un maigre réconfort pour les troupes du Gouvernement Mondial qui, finalement, n'étaient venus à bout que de forbans d'une banalité affligeante, comme on en trouvait des armées sur cet océan impétueux.

Belezbuth, chef du Quintet Infernal, primé à 365.000.000 berrys, et Lilitia, musicienne du Quintet Infernal, primée à 233.000.000 berrys.

-Alors toi, si t'es pas trop con, je sais pas ce que t'es.
-Je vais vous assister, chef...

Les marines ne l'avaient pas habitué à ce genre de folies, et pourtant... Cet imprudent venait de bondir jusqu'à son embarcation pour s'y immiscer, au mépris des règles de prudence pourtant élémentaires. Venir confronter cinq criminels primés et redoutés au beau milieu de leur terrain, et ce complètement seul ? S'il avait été de l'acabit de Thalassa Zang, sans doute Belezbuth aurait-il eu matière à le craindre... Pour l'heure, ce type n'était à ses yeux ni plus ni moins qu'un suicidaire qui cherchait une tombe où s'emmurer. Pauvre hère... Ses divagations ne semblèrent guère toucher l'homme cornue qui ne prit pas même la peine d'inquiéter ses trois subordonnés restants : le support de Lilitia serait bien suffisant pour en finir et, de toute manière, si les choses dégénéraient, ses autres collègues, justement, ne les laisseraient pas échapper à tout contrôle sans y prendre part à leur tour... Le chef du Quintet projeta brusquement un boulet en direction d'Agon, afin de lui fracasser le front sans plus attendre. La jeune femme-cornue, qui n'attendait qu'un signal de cette teneur, se rua dans l'ombre de l'ennemi, griffes en avant, afin de lui lacérer le dos de gauche à droite. Elle s'était baissée, bien sûr, afin de ne pas être inquiétée par le projectile si le type parvenait à l'esquiver sans peine : mieux valait jouer de précautions, envers et contre tous les avantages dont ils disposaient à l'évidence.  

Thalassa Zang.

-Putain, j'y vois comme dans une pelle...

Zang grogna tandis que le nuage de vapeur l'enveloppait totalement et irrémédiablement.A Allait-il devoir patienter jusqu'à ce qu'il daigne se lever ? Non... Evidemment que non. C'étaient les hommes faibles, les couards et les raisonnables qui attendaient ce type d'évolutions naturelles : lui faisait partie des insensés, qui provoquaient le changement qu'ils voulaient constater. Dissiper la brume lui semblait complexe, au regard de l'étendue que cette dernière venait à couvrir... Prendre de la hauteur afin de la quitter, en revanche, était autrement plus réalisable. D'un coup d'un seul, sa silhouette s'éleva, supportée par d'autres qui semblaient naître sous ses pieds. Droit comme un i, il parvint finalement à surplomber le nuage, haut dans le ciel, et put de la sorte observer les environs de tout son saoul. Un navire retourné, un autre brisé... La gamine semblait être la plus prometteur des gouvernementaux actuellement dépêchés pour assurer la protection du père de la future mariée. Pour autant, c'était loin d'être fameux : il grommela à nouveau en constatant la dispersion des marines et leur manque de cohésion apparent. Pourquoi tentaient-ils de s'en prendre à la flotte dans son entièreté ? Mystère, mystère... Le charismatique et patibulaire Thalassa haussa les épaules en songeant que de toute façon, son rôle n'était pas d'assurer une victoire absolue. Juste de protéger celui qu'il devait escorter... Que des hors-la-loi s'échappe ou que des justiciers meurent sur le champ de bataille, cela ne lui importait que peu, finalement. Enfin, s'il pouvait leur apporter un coup de main, bien sûr, il n'allait pas se priver : il jeta un bref coup d’œil en direction de la direction empruntée par le contre-amiral Wenham et son sous-fifre, un instant auparavant, et eut soudain une idée malicieuse. Voilà qui allait permettre de rappeler que le prestigieux ancien amiral n'avait pas déserté le champ de bataille du tout...

Hannybal Sepharide, capitaine des "Seagull Eaters", primé à 265.000.000 berrys et Ethan, bras-droit des Mercenaires "Umi no uta".

-T'as pas d'autres conneries à baver, c'est bon ?

S'il y avait bien quelque chose qu'Hannybal détestait plus que les mouettes, c'étaient leurs discours moralisateurs. Ce Sypher Wenham était un gros bonnet, comme son grade pouvait bien le laisser présager, et il avait hâte de se repaître de sa chaire : en attendant, il lui fallait le vaincre et, malheureusement, les logias n'étaient pas réellement sa spécialité... D'ailleurs, le premier assaut du maudit lui prouva bien assez tôt que la chose allait s'avérer ardue : grâce à son seul corps, le primé n'était pas certain de pouvoir tenir la cadence et il savait d'emblée qu'aucun de ses subordonnés ne parviendrait à lui filer un réel coup de main. Aussi se contenta-t-il, dans un premier temps, de miser sur la défense : il envoya son fouet en l'air, jusqu'à la vergue du second mât que le contre-amiral intrusif avait été contraint d'épargner. Il en usa dès lors pour prendre son envol, échappant brusquement à la projection dont il était la cible et, sans le savoir, au flot de sève qui aurait pu l'englober s'il était resté au niveau du pont. Une fois droit sur la vergue en question, il toisa son ennemi d'un regard froid et projeta son fouet droit vers son visage, non sans bien sûr le couvrir de haki de l'armement au passage. S'il réussissait à atteindre Sypher à cet instant, nul doute que le sillon de son arme allait lui laisser une jolie balafre... S'il persistait à tirer, la priorité serait évidemment de percuter les balles givrantes, de manière à les éloigner avant de surenchérir.

De son côté, Ethan fut surpris de voir l'ennemi surgir soudainement de l'intérieur du navire à la recherche d'ennemis pour en découdre. Cet intrus se montrait définitivement bien trop bestial à son goût... malheureusement, il n'eut pas vraiment le temps de réagir : le sifflement et l'offensive qui suivit furent trop soudains pour qu'il ne puisse s'y acclimater en temps et en heure. La seule riposte dont il put user fut de brandir un couteau sur la trajectoire du shigan : protection maigre, qui lui permit d'éviter d'être perforé mais qui ne fut pas suffisante pour nullifier la puissance déployée par ce geste pourtant anodin. Il fut projeté vers l'arrière et s'encastra dans une paroi au bois avant de chuter dans la salle qu'elle protégeait jusqu'alors, non sans insulter copieusement cet assaillant mystérieux. Ce type ne prenait pas de gants...

Alan "le Prince", Chef des Mercenaires "Umi no uta".

-Allons-y... Mizu Gokoro : Karyuu Ippon Seoi.

Le rôle des hommes-poissons et des sirènes à ses côtés était plutôt simple... La majorité d'entre eux se cantonnaient à lui envoyer des courants d'eau simples et bruts qu'il se chargeait de sublimer et de diriger plus finement, plus précisément. Alan était un orfèvre, là où ses compagnons étaient plutôt des ouvriers : ils lui livraient un produit grossier et il l'utilisait aussi intelligemment que possible. Cette situation n'allait pas faire exception... Certes, ils auraient pu prendre la décision de porter secours à leurs alliés retournés, à quelques encablures de cela, mais le Prince n'y voyait pas le moindre intérêt. Les hommes-cornus pouvaient avoir une certaine importance et nul ne le niait : voilà pourquoi ils s'étaient chargés de sauver la mise à Belezbuth et aux siens. En revanche, des humains tels qu'Haendrick pullulaient à travers le monde et cette flotte, par ailleurs, en était remplie... Quelques uns de plus ou de moins n'allaient pas changer fondamentalement l'issue de cette bataille navale. Le but de leur présence, c'était de tuer Arenam Odio, et pour y parvenir, ils devaient d'abord éliminer une partie de l'escorte qui lui était venu en aide jusqu'à présent. De fait, la priorité d'Alan se situait là et il ne tarda guère à le prouver : une première trombe d'eau, gigantesque et majestueuse, s'éleva et menaça de retomber d'un instant à l'autre en plein milieu du pont. Une telle quantité d'eau y était rassemblée qu'elle risquait fort de happer brusquement tous les hommes malheureux et malchanceux qui se trouveraient face à elle... Une autre ne tarderait pas à suivre, puis une troisième : le chef des mercenaires Umi no Uta était tellement habitué à ce genre de stratagèmes que c'était là un exercice qu'il pouvait quasiment remplir continuellement, sans jamais faiblir.

Valen.

Envers et contre les combats de coqs, la situation leur échappait progressivement et Valen ne le savait que trop bien. Les gradés n'étaient toujours pas d'accord, factuellement : l'un d'entre eux avait simplement déserté son poste, par caprice ou par orgueil. Les ordres qui étaient donnés s'éloignaient toujours de la priorité absolue, qui était de garantir la sécurité d'Arenam Odio... A contrario, le jeune envoyé des Thalassa avait comme l'impression que cette expédition tournait au vinaigre précisément parce que chaque membre de l'escorte voulait prouver qu'il était capable de faire mieux que son voisin. Allaient-ils tous les précipiter jusqu'à la ruine ? Le jeune homme n'eut pas le temps de s'accabler de questions et de considérations supplémentaires, toutefois : alors qu'il s'était cantonné à un rôle d'observateur jusqu'à présent, Logan lui demanda de mettre sa force au service de l'expédition et le jeune homme s'exécuta docilement, quoiqu'en grinçant des dents. Ce n'était normalement pas son rôle, mais il comprenait que tout le monde devait mettre la main à la pâte afin de protéger le groupe qu'ils formaient actuellement... Seul problème, l'éloignement d'une part de leurs gradés les plus compétents le frustrait et l'agaçait : c'était parce qu'ils avaient pris la décision de jouer les fortes têtes qu'ils se retrouvaient tous en danger et que tous les bras devaient être réquisitionnés afin d'assurer la protection du criminel à bord. Il dégaina donc, et prit la parole brièvement, non sans avoir l'air courroucé : tout cela serait notifié dûment sur les rapports, de toute manière...

-Très bien. Je m'en charge.

De toute manière, son rôle risquait fort d'être obsolète dans les instants à venir : grâce à la brume qui les camouflaient efficacement, les canons d'Hannybal ne tiraient qu'à l'aveuglette... Les chances d'être touchés à cette distance par des artilleurs incapables de les localiser précisément s'amenuisaient vertigineusement d'instant en instant. Cependant, les retombées des boulets étaient loin d'être leur plus épineux souci, et cela, les membres de l'escorte purent s'en rendre compte rapidement lorsque d'innombrables trombes d'eau se mirent à pleuvoir sur le navire. Si Violet et Logan parvinrent à y opposer une résistance farouche, les premiers instants durant, c'était évidemment voué à l'échec sur un plus ou moins long terme : d'abord parce que Logan devait se montrer précis et méticuleux, là où les hommes-poissons n'avaient qu'à canarder sans relâche, ensuite parce que la vapeur qui ne cessait de naître de la confrontation entre l'eau et les flammes complexifiait la tâche du colonel d'instant en instant, et enfin parce qu'Alan, soutenu par ses subordonnés, se montrait à la fois plus rapide et plus efficace que le BEAST. Il avait de surcroît l'avantage de l'élément : l'eau prédominait, surtout dans des quantités aussi dantesques... Les dials en vinrent donc à ne plus suffire et une première trombe retomba sur l'arrière pont, fauchant trois matelots et les expédiant par-dessus bord. Une seconde, finalement, retomba non loin de Logan : elle risquait de le projeter jusqu'à l'océan, lui aussi, mais il pourrait éventuellement se rattraper au bastingage avant que les vagues ne le happent... En tout cas, les colonnes risquaient entre temps de se démultiplier cruellement : plus le temps passait et plus le Prince retrouvait son aisance légendaire, celle-là même qui faisait des mercenaires qu'il conduisait une force de frappe considérable et crainte par tout un tas de prodigieux chefs militaires du Nouveau Monde.

Arenam Odio.

-Monsieur ! Vous devriez rester à l'intérieur ! C'est dangereux, nous risquons d'être pris pour cible et...
-La ferme, Harris ! Vous, qu'est-ce que vous foutez, bon sang ! La priorité, c'est de rejoindre Mariejoa ! Pas de combattre des ennemis payés pour nous barrer la route ! Vous êtes complètement stupides, ou je rêve ? Mettez le cap sur un endroit tranquille, tenez-les à distance, peu m'importe, mais arrêtez de nous mettre tous en danger !

S'il avait passé l'éponge sur les coups d'éclats et les voix contestatrices qui s'étaient élevées jusqu'à présent, les attaques épongées par le navire et générées par les hommes-poissons étaient littéralement une goutte d'eau qui faisait déborder un vase bien trop plein. Entre l'anxiété et l'énervement, Odio en avait pour son argent... Lui qui avait cru que ce mariage ne serait ni plus ni moins qu'une formalité censé garantir la supériorité de sa famille sur ses ennemis et rivaux, il commençait à songer que les Thalassa n'étaient pas forcément un aussi bon parti qu'on voulait bien le croire. Après tout, une famille puissante et de leur envergure aurait dû être en mesure de faire appel à des gradés autrement plus compétents, susceptibles de mettre leurs petites fiertés de côté pour la réussite d'une mission... Pourtant, pour l'heure, il lui semblait que cet agrégat de militaires n'avait rien d'un tout uni et soudé. Ils étaient là pour eux : pas pour lui. Ils voyaient tous ici l'opportunité de briller et les conséquences, en fin de compte, ne les inquiétaient pas vraiment... Sans doute auraient-ils accepté de le livrer en l'échange d'une promotion. Le père de Sunelia, qui n'avait jamais réellement porté les Marines dans son cœur, commençait à croire qu'ils étaient exactement tout ce qu'on déclamait à leur sujet de disgracieux et de péjoratif. Restait à savoir si son sermon allait s'avérer efficace pour les amener à retrouver un brin de pertinence ou s'ils allaient s'entêter à affronter sans cesse les ennemis qui se présentaient sur leur route, lors même qu'il suffisait de les en écarter...

Thalassa Zang.

Les combats battaient leur plein et l'effervescence se généralisait un peu partout : du haut de son perchoir, Zang était bien placé pour en avoir une vision d'ensemble. Un sourire railleur et mesquin dévoilait ses crocs pointus tandis qu'il jetait un coup d’œil aux deux types qui, à bâbord, avaient pris le parti un peu tardif de s'en prendre aux hommes-poissons et à leurs collègues divers et variés. Attaquer un navire à moitié vidé de ses occupants, lesquels étaient bien plus dangereux dans l'eau qu'en surface... Au moins, on ne pouvait pas nier leur implication dans le conflit. Toutefois, alors que la jeune femme émergeait à son tour et s'apprêtait à prendre la parole à l'attention du Thalassa, ce dernier s'immobilisa brusquement, aux aguets. Il orienta son regard vers la brume et tâcha de distinguer plus ou moins précisément les contours de l'embarcation gouvernementale où les soldats semblaient s'agiter soudainement. Que s'y passait-il ? Lorsque quelques intentions filtrèrent et lorsqu'il parvint à les capter grâce à son haki de l'observation, l'ancien amiral ne se laissa même pas le temps de réagir aux propos de Sheira : il l'ignora, purement et simplement, et s'élança du haut de la colonne de silhouettes qu'il avait formé, d'un bond soudain et sec. Les silhouettes s'effondrèrent toutes, de concert, et lui retomba quelques mètres plus bas, sur le pont du navire affrété par son père et où des trombes d'eau s'acharnaient à balayer l'embarcation de ses principaux occupants. Comme Odio venait de sortir des entrailles du bâtiment naval, il était exposé : cela, Zang l'avait compris instinctivement et il venait tout juste de réapparaître au moment le plus opportun. Lorsqu'une trombe d'eau, effectivement, s'éleva et manqua de faucher le hors-la-loi de plein fouet, le puissant Thalassa n'hésita pas l'ombre d'un instant. Devançant même l'un des mercenaires qui accompagnait le parrain de la pègre et qui n'avait eu le temps que de porter une main à son katana, il donna un coup de poing et de son bras naquit... Un pantin. Ou plus précisément un mannequin de bois, grandeur nature, dont la morphologie semblait étonnamment similaire à celle de son créateur et qui, bras tendu, s'élançait en direction de la lance d'eau dans le prolongement du geste amorcé par le maudit, un instant auparavant. La création devenue projectile éclata littéralement la trombe d'eau, puis retomba en mer à quelques dizaines de mètres de là, désarticulée.

-Rentrez, Odio. Sans plus tarder.
-Je... Oui, oui.

Ethan, bras-droit des Mercenaires "Umi no uta" et Hannybal Sepharide, capitaine des "Seagull Eaters", primé à 265.000.000 berrys..

La situation, sur le navire d'Umi no uta, n'était pas vraiment au beau fixe. Si seulement Alan s'était trouvé là, l'intrus aurait été évacué en un seul claquement de doigts... Mais sans sa présence, ses subordonnés étaient sans nul doute grossièrement démunis face aux compétences martiales de l'envahisseur. Cela ne signifiait pas pour autant qu'ils allaient se rendre sans combattre aussi vaillamment que possible... Ethan avait donc réussi à tenir tête à cet homme une première fois : il s'apprêtait à le faire une seconde lorsqu'il le remarqua, juste au-dessus de lui. Le combattant n'avait pas eu le temps de se redresser encore : il était à sa merci. Ainsi, le bras-droit de la bande de mercenaires n'eut pas le temps de réagir : il fut percuté de plein fouet et une effusion de sang se mit à jaillir de sa bouche... A l'instant même où le navire se mit à trembler furieusement. La raison à cela ? Pour Styff, elle risquait d'être inconnue, pour l'heure... Jusqu'au moment où les flots furieux et impétueux tenteraient de le happer. En vérité, le navire venait de plonger brusquement sous la ligne des flots. Chose qui aurait dû signer sa fin, s'il avait été conduit par un équipage d'humains... mais qui s'avérait finalement assez banal du point de vue de ses occupants amphibiens. Les membres de l'équipage restés en arrière ne tarderaient alors guère à projeter dans la direction de l'intrus une myriade d'uchimizu pour venger l'affront dont Ethan venait tout juste d'être victime. Restait à savoir si cela allait être suffisant pour tuer cet adversaire qui, sous l'eau, risquait d'être nettement moins redoutable qu'à la surface...

Ce combat engagé ne cessait de lui déplaire : le contre-amiral était à la fois adroit et réactif. Son fruit du démon était polyvalent et, de surcroît, il ne se reposait pas pleinement dessus... Toutefois, le haki de l'armement permettait de rééquilibrer les chances, a minima un tant soit peu : restait donc à terminer le travail grâce à son habileté et à son expertise. Il n'était pas devenu Nebula par hasard, après tout... Toutefois, Hannybal comprit bien vite que la chose était inaccessible pour sa propre personne : lorsque la main du contre-amiral attrapa son fouet en vol, il fronça les sourcils et songea en un instant infime aux options qui étaient les siennes. A la vérité, il en avait trois... Lâcher l'arme, ce qui semblait être la solution la plus saine et la plus tranquille, tenter de tirer pour attirer le logias jusqu'à lui, ce qui risquait d'engager un bras de fer physique entre le Marine et lui, et enfin profiter de cette occasion pour bondir dans sa direction en dévoilant une autre facette de son style de combat : le jeu de jambes. La seconde option était envisageable : ce gradé disposait d'un attirail de compétences et ne semblait donc, contrairement au capitaine pirate, pas vraiment spécialisé dans le corps-à-corps et dans la force brute. En d'autres termes, le Sepharide était convaincu de pouvoir tenir le coup en jouant les fortes têtes... En revanche, lui n'avait pas d'autre réel atout, en dehors de son fouet. Son corps, bien sûr, et quelques artifices dont il usait avec ingéniosité, mais rien qui soit capable de nuire à un maudit sur le long terme. La troisième option était peu ou prou suicidaire, compte tenu les capacités de génération des logias, et le fait qu'elle ôterait au forban tout appui susceptible de lui servir afin d'éviter les répliques de son opposant, mais pouvait lui octroyer un avantage indéniable s'il parvenait au corps-à-corps. Un mal pour un bien, donc... Il n'était toutefois pas assez forte tête pour tenter cela : aussi se contenta-t-il de lâcher prise avant de remarquer que son assaillant, non content de l'attaquer sur son propre navire, prenait le luxe d'orienter une attaque vers la position qu'il devina être celle des hommes-poissons et et une autre afin de ravager son embarcation et, possiblement, celles qui se trouvaient derrière. Malheureusement, le capitaine pirate ne pouvait réagir ni à l'une, ni à l'autre de ces offensives... Il n'en eut néanmoins pas l'obligation, puisqu'on se chargea de le faire à sa place.

Gareth "le Foudroyant", capitaine des Desesperate, primé à 338.000.000 berrys, et Smash, vigie des Desesperate, primé à 171.000.000 berrys.

-Protège les hommes-poissons... Je m'occupe du reste.
-Bien, capitaine !

Les Desesperate étaient également des gros bonnets du Nouveau Monde : des Nebulas, qu'on disait affiliés à Erika Orato mais qui semblaient étrangement libres de leurs mouvements. Dans tous les cas, il allait sans dire qu'ils avaient rapidement choisi leur camp en entrant sur le Nouveau Monde, puisqu'ils n'avaient jamais pris la décision de nuire à un Empereur en place... Cette humilité apparente contrastait avec la renommée arrogante et tapageuse de Gareth qui prenait un malin plaisir à s'en prendre aux quelques marines et chasseurs de primes qui avaient la malchance de croiser sa route. De surcroît, il était loin d'être le seul pirate renommé de son équipage, même si sa prime était évidemment la plus élevée : Smash, ancien colonel de la marine, était par exemple un bon exemple des personnalités diverses et variées que l'on pouvait trouver à son bord et qui toutes ensemble, formaient un équipage aussi densément peuplé qu'expérimenté. Ils étaient à craindre, et quelques têtes d'affiche mis-à-part, à l'instar de Belezbuth ou d'Alan, ils représentaient potentiellement la plus grande menace de l'embarcation des gouvernementaux... Comme ils ne tardèrent d'ailleurs guère à le prouver. Le premier à agir fut Smash : d'un kamisori, il s'éleva haut dans les cieux et usa de l'altitude afin de surplomber les projectiles qui, propulsés par le biais d'un mortier, réalisaient une trajectoire en cloche suffisamment lente pour lui permettre de manœuvre en toute sérénité. Il usa alors d'une vitesse et d'une aisance aérienne telle qu'il parvint à trancher les projectiles sans s'exposer à leur déflagration, démontrant de ce fait ses compétences en tant qu'épéiste : il n'usurpait pas sa réputation et il allait sans dire qu'il risquait d'être un adversaire épineux s'il décidait de tenir tête aux envoyés des Thalassa, surtout tant qu'ils demeuraient en haute mer. Toutefois, il ne s'échina pas : conformément aux ordres de son capitaine, il reprit le chemin de son embarcation sagement, par le biais d'un geppou plus paresseux qu'auparavant.

Gareth, de son côté, souhaitait donc se charger de la sève qui risquait de ravager le reste de la flotte si rien n'était fait, son navire en tête d'affiche. Et il allait le faire, tout en mettant le contre-amiral en sérieux danger... Quitte à détruire irrémédiablement le navire d'Hannybal au passage, évidemment. De toute manière, à ses yeux, ce pirate cannibale ne valait pas grand chose et n'était ni plus ni moins qu'une espèce de rival : l'éliminer lui convenait totalement. Il plaça un pied sur la figure de proue et frappa ses mains l'une contre l'autre avant de les étendre subitement. Des éclairs en naquirent et, d'un coup d'un seul, il les percuta grâce à un coup de poing du droit. Ils se mirent alors à hurler et fondirent en direction de la sève, qu'ils balayèrent brutalement : ils étaient couverts d'une couleur noire, qui n'était pas sans rappeler celle du haki de l'armement... L'offensive semblait impossible à ralentir, et encore plus à arrêter. Si Sypher demeurait sur cette trajectoire, il allait sans dire qu'il ferait face à une douleur bien plus sourde que celle qu'un simple coup de fouet aurait pu lui causer...

Belezbuth, chef du Quintet Infernal, primé à 365.000.000 berrys, et Lilitia, musicienne du Quintet Infernal, primée à 233.000.000 berrys.

-Insecte.

Lorsque l'ennemi se projeta à l'écart en usant de la coque comme d'un tremplin, Belezbuth grommela puis attrapa l'un de ses boulets à pleine main. Le canarder était désormais un jeu d'enfant, puisqu'il s'était projeté en ligne droite et qu'il n'avait aucun moyen de se dérober de la trajectoire de son tir... Toutefois, un détail ne tarda guère à le titiller : des émotions néfastes semblaient émaner du poste de vigie, au beau milieu du brouillard où évoluait encore le navire gouvernemental. La tireuse d'élite avait été ennuyante et dangereuse à cause de l'effet de surprise : maintenant qu'il savait ce dont elle était capable, elle ne représenterait, à ses yeux, plus jamais une menace. Ainsi, il décida de laisser à ses subordonnés l'affaire délicate que constituait leur intrus stupide et inconscient : il projeta ses boulets à tour de bras sur la trajectoire des projectiles de la jeune femme, non sans les recouvrir en haki de l'armement au passage. La chose allait lui permettre de bloquer totalement les offensive de cette inconnue... De son côté, Lilitia se chargea de la pluie de lame d'air. Elle était une épéiste spécialisée dans la vitesse, après tout, et la position précaire de l'ennemi rendait forcément ses attaques moins pertinentes et moins percutantes : elle projeta donc à son tour une nuée de lames d'air pour contrecarrer celles que l'ennemi venait de générer et parvint à les bloquer sans peine. L'attaque qui suivit, en revanche, était nettement plus conséquente et plus dangereuse : elle n'était pas de taille à la bloquer et elle ne le savait que trop pertinemment. Fort heureusement, elle et son capitaine n'étaient pas les seuls combattants à bord et une autre silhouette ne tarda guère à se manifester...

-Cuerno del diablo.

Memphisto n'avait pas bougé du gouvernail, où ses mains étaient encore déposées : ses cornes s'étaient allongées brusquement et prirent la direction de la tornade horizontale. Elle s'entortillèrent soudainement et formèrent une espèce de bouclier, large de deux bons mètres, avant de se recouvrir de haki. Cette protection érigée, quasiment indestructible, suffit amplement à bloquer net le dernier projectile qu'Agon avait décidé de leur offrir. Le navire du Quintet Infernal était certes en mauvais état, mais il pouvait toujours naviguer et, mieux encore, tous ses occupants étaient en pleine forme et commençaient tout juste à s'échauffer... Il allait sans dire que, contrairement à Haendrick, la bataille était loin d'être terminée, pour eux.