Un ange à Kanazakura.

feat. xx

   Le garçon n’avait que treize années à son actif. Seulement un peu plus d’une dizaine d’annuité, pourtant un bon nombre de leçon de vie. Le jeune garçon aux cheveux bicolore ne résidait déjà plus chez ses parents à cette époque. Il se souvenait de ce tragique épisode durant lequel il avait été frappé au visage par son propre géniteur, avant d’être jeté comme un bac de déchet, tout en étant au bord de l’évanouissement. Shinji ne ressentait aucune honte malgré l’énorme humiliation subie. Au contraire, le garçon autodidacte n’était pas animé par un sentiment d’embarras, car c’était bel et bien la flamme de la rage qui l’animait. Cette haine était attisée depuis sa naissance. L’émotion négative se voyait accroître à chaque coup qu’il prenait sur le coin du nez, depuis qu’il avait l’âge de marcher.  

  Ce jour-là, le malheureux se remémorait les récents évènements de sa vie. Une partie de sa conscience s’était focalisée sur la séparation douloureuse, si bien physique que morale, qui s’était déroulée quelques temps auparavant, avec ses parents. Néanmoins, d’autres péripéties majeures s’étaient produites, comme son adhésion au sein d’un réseau de drogue. Son travail n’était pas compliqué d’après ce que ses supérieurs -plus vieux de quelques années seulement- juraient sur la tête de différentes divinités.  Pourtant, il avait reçu une arme, un petit calibre, muni d’un barillet à six coups. Elle lui servait de moyen de défense afin de ne pas perdre la marchandise qu’il se voyait transporter. C’est ce même canon qui lui avait permis de commettre son premier crime, d’effectuer son tout premier meurtre. Il avait ôté la vie d’un agresseur, par peur de devoir subir la colère de ses patrons.

  L'accident se rejouait en boucle dans son esprit. Tout d'abord, il s'imaginait qu'il n'aurait pas dû à supprimer cet individu, s'il n'avait pas pris ce chemin. Il repensait également aux réactions qu'il aurait pu avoir, lors de la tentative racket. Puis, il s'effraye toujours avec le son lourd du corps s'éclatant sur le sol, et de la respiration fébrile de l'homme. Lorsqu'il était plongé dans son imagination, les yeux du jeune passeur semblaient vides et immobiles, comme le reste du corps à vrai dire. C'est d'ailleurs ce qu'il se passait, jusqu'à ce qu'il soit surpris, par l'arrêt soudain de la pluie violente.

  Il se trouvait assis à l'un des endroits qu'il avait choisi, pour se reposer lorsqu'il ne travaillait pas. Il était ironiquement rentré dans une des maisons pour mettre la main sur une chaise, disposant d'une assise lui convenant. C'était un siège en bois basique, qu'il avait choisi de positionner contre le mur d'une baraque. Il était protégé de l'eau qui tombait sur sa tête par une tôle en aluminium. C'est d'ailleurs l'absence du son de l'eau qui se fracassait contre le semblant de parapluie qui l'avait sorti de son autohypnose. Il était content de voir un peu de soleil, car il faut dire que l'environnement était déjà assez sombre et triste sans l'intervention des lourds nuages.

  Shin' avait alors décidé de se promener, histoire de se changer les idées. Son esprit était embrumé, et de l'air frais ne pouvais lui faire que du bien. Cependant, son estomac vide qui criait famine avait la qualité d'être clair ; il avait très faim. Son programme de la journée se dessinait petit à petit. Il rangea alors la chaise, en la balançant à travers la fenêtre sans vitre de la maison inhabitée contre laquelle il s'adossait. Le vendeur de drogue rangea son arme sous son pantalon ample bleu, avant de le cacher à l'aide de sa fameuse veste large de la même couleur. Il avait décidé de se diriger vers le port, où il allait sûrement piquer deux ou trois aliments à se mettre sous la dent, avant d'aller voir si l'un de ses gros bonnets pouvaient lui fournir de quoi toucher de l'argent.

    « J’irai là où la dalle me mènera, j’en peux plus faut absolument que j’bouge d’ici. Si je passe par là, en tournant dans toutes les ruelles j’devrais être au port rapidement. Faut que j’me remue aussi, j’me demande s’ils ont un job pour moi ? »

   L’immense labyrinthe que constituait les ruelles du quartier pauvre ne posait aucun problème au jeune adolescent qui avait déjà planifié l’intégralité de l’itinéraire à suivre pour rejoindre son restaurant. Le garçon commença alors une foulée motivée par la disette soudaine. En réalité, le coureur passait plus de temps à tourner dans tous les sens, à s’engager dans des virages, plutôt que d’effectuer de longues lignes droites.

   Shinji sentait la fraîcheur marine, il était content de savoir que son repas se rapprochait. Soudainement, il aperçu un titan au loin, sûrement un autre mercenaire qui venait faire du ménage dans le quartier misérable. Il détestait ce genre de type, toujours la même dégaine, armé jusqu’aux dents, surdimensionné pour un simple humain. Il passa la main dans son dos, serrant la crosse de son arme de toutes ses forces infantiles, tout en serrant ses dents. Il ralentissait la marche, comme pour montrer qu’il n’avait pas peur, malgré le fait qu’une falaise de puissance pouvait séparer leurs niveaux de compétences de combat. Le nouvel orphelin enrageait, et ressentait quelques pincements aux cœurs lorsqu’un étranger s’approchait de son terrain.

   Étrangement, lorsqu’il souleva davantage le menton, il ne s’agissait pas d’un visage carré surmené d’une barbe qui se dévoilait. C’était plutôt un visage angélique, avec de longs cheveux blonds. Le garçon arrêta sa course, puis chercha à croiser le regard de la femme. Les étrangers n’étaient pas les bienvenues, et qui sait ce que cette femme pouvait subir si elle venait à plonger en face des gros bras de la cité. D’une voix douce, mais ferme, le misérable prit la parole.

      « Excusez-moi, madame, mais vous ne devriez pas aller dans cette direction. Je ne vous connais pas, mais vous savez, les gens d’ailleurs ne sont pas les bienvenus malheureusement. De toute manière, ça ne sert à rien de continuer là-bas, ça fait plus de treize ans que je cherche, et j’ai jamais rien trouvé qui en valait le détour dans ce quartier.  »

   L’auteur de ce discours avait prit une voix d’enfant innocent, loin de sa réelle personnalité de livreur de drogue, doublé de criminel. Il cherchait à éviter le conflit, sans pour autant forcer l’interdiction d’accès à la zone. Néanmoins, Shinji Nakata doutait toujours de la personne, et restait à distance raisonnable de ses longs bras. Il serrait d’ailleurs de plus en plus son arme, à laquelle il avait enlevé la sécurité par crainte, attendant la réaction de l’inconnue.  

   

Un ange à Kanazakura.

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  Le jeune trafiquant de drogue se tenait droit devant le colosse féminin, attendant une réponse plus ou moins nette. C’est d’ailleurs en fixant cette imposante dame que le gamin remarqua la présence de nombreuses ailes. Elles étaient au nombre de quatre, et semblaient fixées dans le dos de l’interlocutrice. Pour Shinji qui n’avait jamais vu ni entendu parler d’habitant de Skypeia, la surprise était totale. Le garçon ne s’était pas fait à l’idée que cette personne pouvait être un ange qu’il avait eu l’occasion de voir dans différents bouquins religieux, de par la taille incompréhensible de l’individu, mais également par le fait que le jeune dealer ne croyait, en aucun cas,  à ce qu’il considérait comme des foutaises. Il en déduisit donc que cela devait être la marque d’un fruit du démon, sûrement d’une race d’oiseau inconnue.

 Avant de prendre la parole, l’ange difforme posa son genou sur le sol, se mettant à hauteur même de Shinji. Heureusement pour lui, l’inconnue garda la certaine distance que le jeune trafiquant avait instaurée sans pour autant dire un mot. Les pensées du jeune passeur fusaient dans la boîte crânienne. Il se demanda tout d’abord si la raison de l’ajustement de hauteur partait d’un sentiment de respect, ou simplement d’une provocation comme pour souligner l’importante différence de taille. Les doutes se dissipèrent lorsqu’un doux sourire s’esquissa sur le faciès de l’ange. Le garçon se sentait alors rassuré, et commença à lentement desserrer la crosse de son revolver fétiche. C’est durant la réplique de la mystérieuse dame que Shinji lâcha totalement son arme, la laisse bloqué dans son dos, par son pantalon. Il espérait que ses gestes habiles et naturels n’alarmeraient pas l’attention de la nouvelle connaissance, après tout il ne voulait pas l’effrayer.

 D’après ses dires, la prévention du jeune garçon ne l’avait pas choquée. Mais pourquoi perdre son temps entre des maisons croulantes et des bidonvilles? Mais les paroles suivantes mis en alerte l’enfant, qui ne savait pas comment réagir. Elle le questionna d’abord sur les activités du quartier, qui s’était fait réputé sur l’île comme la supérette de la drogue. Ensuite, elle tenta de s’informer si elle pouvait fournir une potentielle aide, voir d’offrir l’exil à des habitants. Le garçon pensait alors à avoir à faire à ce qu’il craignait le plus ; un membre du gouvernement. En effet, qui voudrait sauver une prostituée droguée au crack, où même s’intéresser au trafic de cannabis ? Mais quelque chose le tracassait. Pourquoi la marine voudrait offrir la possibilité à un déchet de la société de s’enfuir ?

 Shinji réfléchissait à cette personne intrigante. En effet, il ne pouvait pas déballer tout son sac. Il ne s’autoriserait pas à dire que c’était un passeur de drogue meurtrier, par peur de finir au cachot. Il ne balancerait également pas ses collègues, par peur de se voir passer la lame sous la gorge. L’honnêteté est une bonne qualité, mais dans le milieu, la fidélité est préférable. Il réfléchissait donc à ce qu’il pouvait dire, et laissa apparaître un air pensif pendant plus d’une seconde. Avant de donner une réponse mensongère, le garçon afficha un très beau sourire, exhibant ses dents blanches alignées, dont il était fier.

  « Ce qui se passe dans ce genre de quartier.. ? Euuuh…. Bah en fait rien de spécial ! Certains se débrouillent pour trouver du travail sur la zone portuaire, sinon les gens essayent de survivre. Rien d’extraordinaire en réalité ! Bon il arrive que l’on va voler de la nourriture sur le port, je l’avoue… Mais vous savez, à mon âge c’est difficile de contrôler son esprit le ventre vide, et ça m’ait arrivé que deux fois je le jure !  »

  Le garçon affichait un sourire attachant, même si dans le fond il évacuait la pression. C’était la première fois depuis son meurtre qu’il parlait à un total inconnu. Il avait l’impression que tout le monde avait été mit au courant, que les regards portés sur lui étaient différents depuis. Avant de laisser un blanc apparaître, et le malaise s’installer, le gamin reprit la parole, après s’être raclé la gorge.  


  «  Des gens à sauver ? C’est compliqué, la seule chose dangereuse ici, c’est la faim. Donc si vous voulez être utile, cherchez donc à nourrir les avortons des familles, c’est la seule aide que je peux vous apporter. Le quartier reste très tranquille en général, madame je vous assure !  »

  Le jeune délinquant n’avait pas trouvé l’utilité de dévoiler les côtés les plus sombres de la cité, n’en sachant pas plus sur cette parfaite inconnue. Ils n’avaient d’ailleurs pas encore échangé d’informations basiques, tels que leurs nom. Cela dérangeait assez Shin’, en effet il sentait que la femme n’en avait pas fini avec le garçon, et que même s’il venait à partir, il se verrait la recroiser dans tous les cas.


  « Excusez-moi, madam’ mais puis-je savoir votre nom ? D’ailleurs, je tenais à vous dire que vos ailes, sont vraiment très belles ! Vous avez mangé un fruit du démon, non ? Je peux en avoir moi aussi des ailes comme ça ?   »


 

Un ange à Kanazakura.

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 Shinji commençait vraiment à être intrigué par cette dame, si bien qu’il en avait presque oublié sa faim. Il était clair que même s’il trouvait de l’intérêt envers l’inconnue, le délinquant n’allait pas dévoiler les petits secrets de son quartier, ou même le meurtre qu’il avait commit. Il pointa du doigt la famine comme seul problème, et unique responsable du désastre de ce quartier. Il est vrai qu’il était tout de même un problème majeur, voire sources d’autres problèmes, mais il ne fallait pas se leurrer, un réseau de drogue était bel et bien implanté dans cette zone géographique. Le gamin pensait avoir entourloupé l’ange, mais que nenni. Même un idiot aurait compris que cette zone était dangereuse. Elle fit d’ailleurs une réflexion directe au petit, l’insultant indirectement de menteur. Le garçon leva alors un sourcil, tout en grattant ses cheveux rouges. Il hésita à lui répondre des insultes, il n’aimait pas se faire prendre de haut. En effet, il considérait les paroles de son interlocutrice assez condescendantes. Il n’en tenait pas rigueur, et n’allait pas provoquait une stupide querelle sur des paroles si insignifiantes, surtout que la femme ailée ne connaissait sûrement rien à cette île. Elle ne connaissait pas le code de conduite que Shinji devait avoir, la loyauté qu’il devait montrer au quartier, sous peine de se faire tabasser à mort par les autres délinquants.

Il essayait de cerner la personne qu’il avait en face de lui, c’était un petit jeu auquel il aimait se prêter lorsqu’il fait la connaissance avec une nouvelle personne. C’est en ce demandant l’âge précisément que le colosse pouvait avoir, qu’il remarqua tant bien que mal un mouvement. Il était si vif, qu’il se demandait s’il avait bien cru voir, et commença à accuser stupidement son manque de sommeil. Il se frotta les yeux, puis remarqua soudainement une immense lame. Elle devait bien le dépasser de cinq têtes ! Des frissons parcoururent le corps de l’enfant, qui réalisa alors. Cette femme n’était pas ordinaire. Shin’ se trouvait plutôt rapide dans les mouvements qu’il exécutait, mais le spectacle auquel il avait tenté d’assister était d’un autre niveau. La différence de taille relatait bien l’écart de capacités physiques présentées par les deux individus.

D’une voix pleine d’assurance, la femme fini par dévoiler son nom. Shinji ne pouvait pas s’empêcher de sortir un petit sourire. Il était content, il avait finalement fini par obtenir son nom. Malgré la récente démonstration, la femme qui se nommait donc Ishtar ne présentait pas de signe d’agressivité, le jeune dealer n’en avait pas peur. Lorsqu’elle continua la description d’elle-même, le jeunot relâcha une bouffée d’air, un soupir. Il était heureux de ne pas avoir entendu les mots « gouvernement », « marine » ou même « mercenaire ». La femme semblait être un simple vagabond, tant mieux pour Shinji. Cependant, il faut avouer que la destination du crash que la femme venait d’accomplir n’était pas des plus récréatifs.

Le jeune orphelin même eu la chance de confirmer ses pensées. La femme était bien la détentrice d’un fruit du démon. Néanmoins, ce que les gens considéraient comme un fruit maudit n’était pas la raison de ses ailes, que Shinji trouvait si jolies et gracieuses. Comme il s’en doutait, la femme lui expliqua qui lui était impossible pour lui, d’avoir des ailes, sans l’acquisition d’un fruit du démon.

Il en savait plus sur l’ange Ishtar, ce qui semblait le ravir. Le jeune garçon armé était content d’avoir eu tant de sincérité de sa part. Il se disait qu’il pouvait bien lui avouer une astuce sur l’île, en signe de remerciement. Il réfléchissait, et se disait qu’il pouvait sûrement trouver un arrangement.

 
«  Je suis vraiment ravi de faire ta connaissance, même si tu es très impressionnante, à cause de ta taille ! Mon nom à moi c’est Shinji, Shinji Nakata ! Enfin bon, mon nom de famille ne signifie pas grand-chose, puisque je n’ai jamais pu savoir ce que c’était d’en avoir une… »

La voix du garçon semblait alors plus fébrile et tremblante. Il faut dire que les évènements étaient encore récents. Même si la séparation avec son père semblait l’arranger, il était plutôt déçu de ne pas avoir eu la chance d’entendre sa mère une dernière fois, qui devait d’ailleurs, à son tour,  subir toutes les colères de l’ivrogne.
« Enfin bref, je dois t’avouer qu’être détenteur d’une de ces malédictions, non merci ! En plus, d’après certaines rumeurs, il est impossible de pouvoir se baigner après ça, la grosse loose ! »
Le garçon continuait d’afficher son plus beau sourire. Il était toujours autant intrigué par cette dame, qui semblait être une experte dans le maniement de la lame. Il voulait absolument voir l’ange en action, la lame à la main. Il n’avait jamais vu personne bretter une épée aussi impressionnante.  
 
« D’ailleurs, tu disais vouloir aider la population ? Tu sais, ce n’est pas dans les ruelles du quartier pauvre que tu trouveras des gens corrompus. Si tu veux réellement nous aider, par donc provoquer le quartier riche, au risque de te retrouver empalée sur la place publique. Ces fumiers n’hésitent pas à nous envoyer une horde de mercenaire, et on ne peut même pas espérer avoir l’aide des autorités locales. »

Le garçon faisait transparaître toute sa haine envers les bourgeois, qui passait leurs journées à provoquer et humilier la plèbe. Lorsqu’il était énervé, le garçon laissait des troubles comportementaux visibles. Il avait notamment tendance à serrer les dents, si fort que les muscles de la mâchoire pouvait-être aperçu à travers ses joues. Ses narines s’agitait, et l’un de ses sourcils était alors prit de tremblement. Un spectacle qui mettait de côté tout le côté infantile.

Le garçon ouvrit alors les poches de la veste qu’il portait. Il est vrai qu’elle sentait un peu la sueur, mais Shinji n’était pas un adepte de la lessive. Il décida de bouger, et avança de quelques pas. Soudainement, il se retourna en direction de la dame, avant de lui faire une gentille proposition.

« Je me dirige vers les réels terroristes de l’île !  Tu m’accompagnes ? »


 

Un ange à Kanazakura.

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La situation n’avait pas évolué depuis quelques minutes, le garçon tenait toujours la discussion cette femme. Une femme assez particulière puisque celle-ci disposait de deux paires d’ailes. C’était en réalité une guerrière venant des îles céleste, qui se prénommait Ishtar. Le nom sonnait bien dans la tête du garçon, et il faut avouer qu’il le trouvait assez élégant. Tout comme l’interlocutrice, la discussion n’était pas du tout banale. Le gamin et la décima échangeait sur un sujet bien trop sérieux, pour l’âge du plus jeune des deux. Il semblait que la femme ailée souhaitait mener une petite enquête sur la situation de l’île, et disposait même de trop d’informations sur les actes illicites se produisant dans les bas-fonds du quartier abritant au quotidien le garçon à la chevelure bicolore.

Le garçon n’aimait pas cet aspect là. Il considérait que la curiosité était un vilain défaut, et que sa trop grande connaissance pouvait lui porter préjudice. Heureusement, les expressions de visage qu’il employait ne trahissaient nullement le réel fond de sa pensée. En effet, les représailles de la rue étaient terribles si l’on se voyait la trahir. Mourir poignardé, brûlé, noyé, ou même se voir être torturé. C’est ce qu’il l’attendait s’il déballait tout son sac. La règle fondamentale, c’est de ne pas trahir son quartier.  Cependant, il avait tenté de tirer profit de la curiosité de sa nouvelle connaissance. Il avait remarqué qu’elle semblait être prédisposée à combattre. Il savait d’ailleurs qu’un fossé d’écart les différenciait, malheureusement pour le garçon. Il faut avouer que Shinji n’avait pas l’instinct d’un combattant, et ne cherchait en rien à s’améliorer sur ses capacités physiques, c’est pour cela qu’il se trimbalait toujours munit de son pistolet.

Shinji tenta de retourner la situation, en visant explicitement les bourgeois comme responsables de toutes les crises sur cette zone géographique. Le garçon n’avait pas vraiment tord, puisqu’ils n’hésitaient pas à forcer des misérables à travailler sur les ports pour une pincée de pièces, sous peine du pire. Lorsqu’ils n’arrivaient pas à faire violence eux-mêmes, des mercenaires se ramenaient sur l’île, punissant plus que le coupable. La marine fermait les yeux sur les évènements. Il faut dire que l’autorité locale n’était pas en position de force sur ces terres, et que le gouvernement n’avait jamais eu l’idée d’envoyer des renforts, le secteur n’étant pas assez intéressant.

Le délinquant avait alors proposé à sa nouvelle camarade d’aller semer la pagaille au quartier riche. Proposition qu’apparemment, la femme ne trouvait pas intéressante. Elle justifia son refus par plusieurs arguments, que Shin’ ne prit en aucun cas en compte. Selon elle, éliminer les riches ne résoudrait aucun problème, expliquant que des personnes malfaisantes seront toujours prêtes à bondir sur l’occasion, pour se nourrir de l’abominable population de ce sol.

Il était clair que le dealer avait déjà pensé à ces conséquences, mais il s’en foutait. Une protection ne l’intéressait en aucun cas, il ne voulait pas se retrouver soumis à une autre personne. Ce qu’il voulait c’était sa liberté, et celle du reste de l’île. Il était natif de Kanazakura, et restait très nationaliste. Les affaires de l’île sont celles de l’île. Il ne se voyait pas être protégé par un équipage de pirate totalement inconnu et étranger. De toutes manières, l’île n’aurait jamais eu les ressources pour payer la rémunération pour un tel service.
La femme ne cessait de contredire Shinji, voulant peut-être lui faire voir un peu plus clair. De son côté le gamin ne souhaitait pas rétablir la paix dans son pays, mais simplement se soulager un peu. Lorsqu’une situation du quotidien semblait délicate, l’esprit du jeune homme l’assimilait directement à la noblesse. Il était donc normal pour le jeune malandrin de vouloir faire preuve de violence, auprès de ce qu’il considérait comme ses ennemis. Si l’obsession de Shinji envers la bourgeoisie semblait inexhaustible, ironiquement de l’autre côté personne ne connaissait son existence. Le garçon avait de plus immatriculé quelques visages orgueilleux.

Tout comme Shinji ne comprenait pas la réaction de la femme nommée Ishtar, celle-ci ne pouvait sûrement pas concevoir ce que le garçon ressentait au fond de lui. Il était évident que la misère dans laquelle il avait vécu n’était pas commode, et qu’il était impensable de laisser des êtres humains vivre de cette manière. Il fut rapidement prit d’un sentiment d’exaspération, seulement quelques secondes après que la valkyrie eu finit de parler. Il prit alors un ton ferme nuançant avec sa voix encore juvénile, qui le stupéfia lui-même, tout en s’adressant à la femme.  


 
«  Soit, si tu ne veux pas venir ne m’accompagne pas. Il ne s’agit pas de vouloir rendre la liberté à cette île, mais d’honneur. J’ai été traité comme un misérable toute ma vie, depuis que je suis né. Je n’ai jamais connu le luxe de pouvoir prendre, ce que vous appelez un bain, de faire un sport, de participer à un banquet. Ici, c’est la merde, et si tu ne cherches pas à survivre, tu meurs tout simplement. Tu me prends peut-être pour un parano, mais ici, j’ai l’impression d’être condamné. Je n’ai pas plus de quinze ans, et pourtant j’connais le bruit du charbon, la vie dure. Kanazakura, quand tu n’es pas aisé, c’est pire que l’enfer, pire que pire ! Peut-être que ça ne changera rien, mais j’ai besoin de ce sentiment de soulagement… »

Même si l’intonation de voix pouvoir le laisser prétendre, Shinji n’était pas en colère contre Ishtar. Certes, le garçon était frustré. Il prétendait qu’une jolie femme, à la force impressionnante tout comme sa carrure, ne pouvait pas avoir eu une terrible vie. Néanmoins, la haine qui s’était attisé au court du monologue n’avait aucun rapport avec l’ange. Celle-ci n’était due qu’au sujet de la discussion. Shinji baissait alors la tête, ne laissant apparaître que sa crinière de neige et de sang. Lorsqu’il releva afin de regarder la décima, quelques larmes coulaient de ses yeux.

Plus aucun son ne sortit de sa bouche, il se retourna, donnant son dos à l’ange. Il sortit son arme avec désinvolture, avant de sortir le barillet du revolver à l’aide d’un petit geste du poignet dirigé vers le côté. De sa main gauche, il sortit quelques balles, trois pour être exact, qu’il introduisit dans le chargeur. Il n’avait pas voulu remplir l’arme, il n’en sentait pas la nécessité, puis il rangea de nouveau l’arme, entre son pantalon, et sa peau. D’une voix attristé, et tremblante il s’adressa de nouveau à la femme, sans prendre la peine de retourner sa tête.


« Si tu souhaites tant que ça nous aider, tu peux aller dans le quartier pauvre. Ne mentionne pas mon nom, s’il te plaît, je risque d’avoir des ennuis sinon. Il y a de nombreuses femmes seules, devant élever leurs enfants dans la misère, tu peux leurs faire quitter l’île. Mais, fais attention, ça risque de ne pas plaire aux caïds.  »

Un ange à Kanazakura.

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Le délinquant avait prit sa décision, il voulait aider la jeune fille qui lui rappelait tant son enfance. Il connaissait ce sentiment d’impuissance. Les matins compliqués, quand le garçon n’arrivait même plus à se lever du lit. Les hématomes éparpillés sur son corps juvéniles. Les insultes incessantes, les menaces répétitives. Il était déterminé, et n’allait pas revenir sur sa décision, coûte que coûte.  Une telle violence ne pouvait être supportée par un enfant sans laisser de séquelles, d’autant plus s’il s’agissait d’une fragile fillette.

Le brigand était cependant rassuré d’être accompagné par l’ange, dont il surestimait les pouvoirs. Il se sentait en sécurité auprès de la Valkyrie, si bien qu’il n’avait pas du tout hésité à foncer dans les ruelles. Il suivait bêtement la direction donnée par l’inconnue en bas âge, revolver à la main, ne se souciant pas des passants qu’ils l’observaient. Les bâtiments s’enchaînaient, Shinji s’en foutait totalement, il ne voulait qu’atteindre sa destination.  

Une très courte marche suffisait à rejoindre l’objectif en cours. Il s’agissait d’une mansarde entièrement constituée de bois, qui brisait particulièrement le décor urbain du reste de l’île. Néanmoins, la fiabilité de la maison n’était pas plus au rendez-vous que d’autres abris, puisque de nombreux éléments majeurs manquaient à l’appel, rajoutant un côté sinistre à l’endroit. De nombreux détails avaient été omis par le garçon, qui ne s’était pas donné la peine d’examiner la scène, préférant se ruer au beau milieu du logement.

Cependant, la surprise du mécréant fut totale lorsque celui-ci remarqua le contraste entre l’intérieur et l’extérieur de la demeure. Qui pouvait se payer un si beau mobilier au beau milieu de ces ruines ? Qui pouvait même se payer des meubles ? Le lustre en argent n’était pas un élément de récupération, tout comme les nombreux meubles en bois de chêne. De plus d’où venait la voix que Shinji avait entendue auparavant ?

Le garçon commençait à douter de l’authenticité de la situation. Il ne remarqua que quelques secondes plus tard la présence deux types. La scène était horrible. Deux personnes, un cadavre. Le garçon leva son arme, avant de voir l’un d’entre eux pleurait la mort du corps inanimé. La main du jeunot tremblait à la vue de ce qui s’apparentait à une pièce de tragédie. Les pleurs de l’inconnu laissaient dévoiler qu’une relation père-fils était présente.

Le jeune filou ne savait pas comment réagir. Son regard se tournait vers l’homme en pleurs, puis vers l’ange, avant de revenir sur le cadavre, pour finir sur l’homme stoïque. Le schéma visuel se répétait en boucle, faisant ressembler la tête du garçon à une girouette. La gorge du petit était nouée, il n’arrivait même pas à avaler sa salive.



«  Que...Que s’est-il passé ? Pourquoi tant de sang ? Pourquoi cet homme est à terre ?  Il est mort, c’est ça ?  Et toi la-bas, le gros lard debout qui bouge pas, t’es qui au juste ? Réponds sinon j’te flingue, j’en ai rien à battre de hagra un mec comme toi ! Dites-moi ce qu’il se passe !  »


Le garçon avait une respiration relativement rapide, tout comme son débit de parole qui ne cessait d’accélérer. Il n’arrivait pas à garder son calme, si bien qu’il se sentait obligé de garder son arme constamment pointée sur la scène d’horreur.


«  Ishtar… Tu comprends ce qu’il se passe toi ? J’en ai marre de cette île, bordel Kanazakura c’est vraiment un gros tas d’merde remplie de déchet. Il se passe pas une seule journée sans avoir de problèmes de criminalités, sans croiser de cadavres, de pauvres familles agonisantes, sans avoir à voler ! Parfois je préfèrerais être aveugle que de devoir subir cette vision d’horreur chaque jour, chaque heure, chaque minute. C’est vraiment super lourd de devoir subir ça, je suis qu’un enfant ! Pourquoi certains sont trop riches pour être heureux, lorsque d’autres sont beaucoup trop pauvres pour pouvoir survivre…  Bordel ! Rien n’est logique sur cette île…   »


Shinji laissait échapper sa peine, une nouvelle fois comme si la présence d’Ishtar lui permettait d’être sincère avec lui-même. L’incompréhension de la situation le laissait tout de même sur ses gardes, au moindre mouvement, le garçon n’aurait pas hésité à tirer, à l’aide de son arme réellement chargée. La seule réaction attendue serait celle de l’ange, pouvait-elle en savoir plus sur les mystérieux individus ?

Un ange à Kanazakura.

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La scène était effroyable, un véritable carnage. Shinji ne réalisait pas à quel point il était naïf, même s’il avait vécu dans un enfer depuis le début de sa vie. Son incapacité à rester lucide, lors des rares moments où l’émotion était trop intense, l’avait conduit à son échec, tout en emportant la femme qu’il considérait tout de même comme une amie, malgré les différents points de vue. La maison était sinistre, et lugubre. Un unique lustre fournissait la lueur nécessaire pour se repérer. Le bois travaillait, craquant au moindre coup de vent. Un corps s’était retrouvé étalé sur le parquet humide. Le discours du délinquant n’avait apparemment troublé personne, puisque la seule réponse provenait de la part d’Ishtar, qui dévoilait son inquiétude. Plus de doute possible, cette fille l’avait bien entourloupé. Un froid glacial parcourait le corps du garçon, visiblement cette île aura bien raison de lui. Il serrait les dents, tentant de contenir son sentiment de rage. Une fois de plus, Kanazakura avait montré qu’elle pouvait être plus vicieuse que ce dont le jeune tireur pensait. Le gamin à drôle de chevelure ne laissait apparaître que sa teinture capillaire, en baissant son regard vers ses chaussures.  Cette fois-ci, il ne devait pas pleurer, mais être fort !

Un ricanement aimanta les globes oculaires du garçon, qui stoppa la fixation sur ses chaussures à la mode. Les sourcils du marginal se fronçaient, et sa vue s’attardait maintenant sur un homme, qui lui était totalement inconnu. L’enfant tentait d’exprimer un visage rempli de colère, à l’égard de ce nouveau protagoniste. Cependant, l’expression du faciès fut vite remodelée lorsqu’un groupe de tireurs prit en joue les deux nouvelles connaissances. Une situation assez délicate, qui laissait Shinji dans un état de culpabilité.


*Pardonne moi Ishtar, je suis sincèrement désolé...*

Cloîtré bien profondément dans ses pensées, le garçon n’avait même pas réalisé l’ordre qui lui avait été imposé. C’est donc de manière involontaire que le garçon avait décidé de faire le rebelle. Que pouvait bien penser l’ange de Shinji à ce moment ? Même s’il n’avait pas lâché son arme, son bras avait faibli, et ne pointait plus à l’horizontale. Un geste héroïquement brusque de l’enfant de cité aurait été inutile, puisque les tireurs postés auraient pu l’abattre facilement.
De longs discours s’effectuaient dans la salle, beaucoup de révélation que Shinji ne comprenait pas.

Cependant, le garnement n’était pas stupide, et avait réussi à extirper quelques informations. Il ne savait pas si celles-ci pouvaient s’avérer  utiles, mais de toutes manières les détails étaient déjà captés par son cerveau.

Shinji ne semblait pas le seul à s’être fait berné. Bien que celui-ci se soit fait avoir, il n’apparaissait pas comme le plus stupide de la zone, puisqu’à défaut de s’être fait tromper par une inconnue, l’homme nommé Kriss s’était fait couillonner par l’un de ses amis. Le coupe-jarret n’était pas surpris, finalement sur les terres de Kanazakura, toutes les histoires merdiques pouvaient avoir lieu.


« Mais quel fils de pute, tu n’as aucune gêne ? »

Quelques mots sortaient de la bouche de Shinji, qui essayait tant bien que mal de comprendre la situation. Heureusement pour lui, l’intensité de voix n’était pas assez suffisante pour qu’un des membres puissent avoir l’honneur d’ouïr. Le garçon ne se sentait pas capable de pouvoir fuir à la ligne de mire des snipers positionnés en embuscade. Malgré tout, le truand ne restait pas statique, sans chercher la moindre option, puisqu’il avait songé à tirer sur le lustre afin de le faire s’effondrer. Malheureusement, l’option comportait bien trop de risques, pour peu d’avantage.

Shinji fut alors prit à l’écart, par l’un des sbires de l’homme à la chevelure blanche. L’homme était bien plus âgé que le délinquant, d’une bonne dizaine d’année. Il était d’ailleurs bien plus fort que Shinji, physiquement. La pression qu’il avait exécutée sur son poignet, afin de le déplacer, avait légèrement marqué le jeunot, qui ne restait pas passif. Effectivement, une résistance était entreprise du côté du préadolescent, spécifiquement par la volonté de ne pas vouloir lâcher son revolver.






Le garçon n’aimait pas se faire brusquer, depuis qu’il avait retrouvé sa liberté. Alors, lorsque son adversaire l’avait empoigné, le délinquant choisit de se débattre. Il poussait tant bien que mal son aîné, donnant des coups d’épaule qui paraissaient assez faible, malgré la motivation du jeune adolescent. Ce dernier faisait claquer en boucle le côté gauche de sa carrure, pendant que son bras droit était bien tendu à l’horizontal, pour ne pas se faire chopper l’arme.

L’homme nommé Idriss leva la main, infligeant une lourde gifle, demeurant humiliante. Le gamin fut bousculé, perturbé. Même s’il n’avait pas mit tant de puissance, l’homme avait mentalement perturbé le jeune vendeur illégal. Il se retrouvait plus recroquevillé dans le coin, s’appuyant de sa main libre contre le mur. Son tortionnaire s’efforçait de vouloir prendre le jouet préféré de l’enfant, qui essayait de garder ses distances, en le repoussant à l’aide de sa jambe juvénile.  

Miraculeusement, son détracteur se retrouva chaviré, le dos plaqué sur le sol. La cause ? Shinji n’avait vu qu’une ombre, passant à toute allure. Même s’il avait une très bonne vue, qui lui permettait d’avoir une excellente précision de tir, le garçon s’était concentré sur la distance de sécurité à conserver. Ce n’est que lorsque le missile fut à la fin de son trajet que le sacripant pu l’analyser. C’était une sorte de long serpent disposant de plumes, à la longue langue. Il  avait déjà vu, dans un livre, une telle bête. Le reptile lui hurla de courir, afin de prendre la fuite. La voix ne trompait pas, il s’agissait d’Ishtar.

«  I-Ishtar, c’est toi l’espèce de basilic ? Quel pouvoir incroyable ! »

Le jeune homme n’en croyait pas ses yeux, il s’agissait là d’une incroyable métamorphose. Il ne connaissait les fruits du démon que de nom, et ne savait pas vraiment les différentes catégories de ceux-ci. Le délinquant ne connaissait pas la faculté d’un utilisateur de type Zoan, surtout lorsque ce dernier se retrouvait avoir la faculté d’un animal mythique.  

L’avertissement de l’ophidien n’était pas prit à la légère. L’homme de main commençait à reprendre ses esprits, Shinji devait tenter de s’enfuir, ou se retrouver dans un endroit plus espacé que cette demeure. Néanmoins, le gamin devait longer le mur et par la même occasion, se retrouver cible des tireurs. Si la force du jeune brigand n’était pas terrifiante, Shin’ avait tout de même une importante accélération à disposition, pour son âge.

Le vaurien ressentait une incroyable peur, mais se lança tout de même à vive allure. Il fut rapidement prit en joue par les artilleurs. L’incroyable mur de bois se retrouvait alors à recevoir un nombre impressionnant de munitions. Des balles qui étaient réservés au jeune homme. Des balles qui l’effleuraient de peu. Tellement peu, que le garçon se retrouvait noyé sous les copeaux volants.  C’est dans un plongeon ultime que le garçon très fier de lui, passa la porte, atterrissant dans la longue allée de la maison, hors de portée des canonniers.

Se relevant à tire-d’aile d’un mouvement acrobatique nommé saut carpé avant de continuer sa fuite, le fugitif se retrouva rapidement à l’extérieur, pouvant désormais profiter de l’air frais de Kanazakura.  Il profita alors pour se reposer physiquement, ainsi que de se remettre des émotions. Une courte pause, puisque l’homme qui devait se charger de son cas s’était vite retrouvé à son tour dans la rue.
Il était temps d’arrêter de fuir, le terrain était à son avantage. Ce n’était pas un boulevard, mais la rue était assez grande pour permettre à Shinji de jouer avec la zone géographique. Le jeune homme serrait tellement fort son revolver, qu’il commençait à en avoir de la douleur aux doigts.

« Tu ne devrais pas me sous-estimer, la misère m’a formée. Les larcins m’ont rendu rapide, la violence de mon père m’a appris à devoir encaisser. Tandis que ma capacité à tirer, je pense que c’est simplement un don de la nature. »

Le garçon ne chercha pas à perdre davantage de temps, il fallait agir rapidement. Alors, il recula agilement, voulant rester un minimum lointain. Le garçon prit alors dans sa ligne de mire ce mystérieux individu, avant de tirer en direction de son genou, puis du ventre, pour enfin finir sur la tête. La prochaine pression sur la détente ne donnait rien, puisque celui-ci n’avait prévu que d’utiliser que trois munitions. Heureusement, le garçon pouvait disposer d’une vingtaine d’essai. Alors, sans vérifier d’avoir touché, le garçon noya sa main dans l’une de ses poches, ressortant désormais six balles, qu’il se dépêcha d’introduire dans le barillet de son revolver. Pas un risque n’était pris, puisque durant le rechargement le combattant s’était réservé le droit de faire quelques pas chassés vers l’arrière.

Le garçon était essoufflé, mais souriait tout de même. Bizarrement, il aimait cette adrénaline qui changeait des vulgaires vols à l’étalage sur les stands du marché. De plus, ce duel pouvait permettre d’apporter de l’aide à Ishtar. Enfin, un lourd bruit ne pouvait ne pas attirer l’attention des racailles de Kanazakura.

« De toute manière, ces tirs vont attirer le ghetto ! Crois-moi ce genre de détonation ne passe pas inaperçu. Dans quelques temps, c’est tout le quartier qui va vous mettre la sère-mi. Ensuite, tous ces charognards vont venir dépouiller vos cadavres, pour enfin lâcher vos corps nus à la mer. »

Un ange à Kanazakura.

feat. xx

Ce jour-là n’était vraiment pas une journée ordinaire pour le délinquant. Shinji n’avait pas réellement prévu de sortir de son train-train habituel. Lors de son réveil, ses seules motivations se résumaient à vendre de la drogue, se nourrir, récupérer de l’argent, se coucher. Il fut rapidement embarqué dans une drôle d’histoire, aux côtés de la nouvelle connaissance Ishtar, à laquelle il s’attacha rapidement, même s’il ne le montrait pas explicitement.

Il passait une étape de sa vie tant épouvantable que nécessaire. Les récents évènements ne pouvaient que modifier sa façon d’interpréter, de raisonner, d’agir face aux aléas. La trahison dont il avait été victime, par une simple gamine qu’il ne connaissait même pas, l’avait fait passer pour un bel idiot. Il n’avait pas vraiment cessé d’y penser, même durant le duel qui l’opposé à l’homme de main, prénommé Adriss.

Le traquenard dans lequel il avait amené Ishtar n’était vraiment pas commode, et ne ressemblait pas vraiment à ceux de la cité, consistant simplement à dépouiller un passant.  C’était une situation assez complexe, faisant interférer non pas des bandits comme lui, mais de réels soldats. Un bon nombre d’entre eux possédaient des moyens de défense non négligeable. La plupart s’étaient munis d’arme à feu, comme l’adversaire du jeune homme.

Un duel tonitruant se déroulait, étant donné que les deux rivaux bataillaient par le biais de pétoire. La longue rue ornée de grands bâtiments en piteux états ne faisait pas office d’isolant acoustique, puisque le vacarme s’élevait dans les airs, se mettant encore plus à découvert. Quelques minutes auraient suffit aux mécréants de l’île à venir s’en mêler. Les coups de feu annonçaient des morts. Les décès annonçaient quant à eux des corps à dépouiller, donc de la monnaie, ou dans le cas échant des biens précieux à revendre à la sauvette.

 La confrontation s’était débutée à l’entrée de l’édifice totalement construite de bois. Shinji avait agit en premier, se servant de son revolver pour attaquer. Une  décharge de trois plombs avait été expédié en direction de l’homme de main. Coup de chance ou non, l’une des attaques se planta en direction du genou de l’adversaire. L’esquive tentée par le sbire n’avait malheureusement pas été assez réactive pour être totalement efficace. Un sourire se dessinait sur le visage du tireur, qui se disait être finalement pas si mauvais pour le maniement des armes à feu.

Néanmoins, Adriss ne baissa pas les bras puisqu’il contre-attaqua inéluctablement. Cet homme semblait avoir de l’expérience, plus que Shinji en tout cas. L’agent prit le frêle combattant pour cible, avant de lui tirer dessus. Le petit aigrefin n’adopta pas la meilleure décision, puisqu’il s’abaissa tout en positionnant devant le visage. Un coup de chance, que le garçon ne soit pas réellement blessé. La vertèbre des ombres n’étaient pas si loin du but, puisque son coup traversa l’ample veste du voleur. La manche du bras droit se retrouva trouée, à l’avant ainsi qu’à l’arrière. La balle frôla le biceps du garçon sans le toucher, heureusement. 



Quoi que l’on puisse dire, cet évènement fut une véritable frayeur pour Shinji. Sa concentration n’était plus vraiment optimale, il était terrifié.  L’offensive de son concurrent n’était apparemment pas finie. Un autre projectile en sa direction fit réagir Shin’, qui plongea en direction d’une espèce de benne à ordure. Le sac provoqua une explosion intense, mais pas pour autant large.

L’explosion avait soulevée un lourd tas de poussière collée au sol. L’enfant de cité choisit alors d’agir, en se cachant à l’aide de cette pollution. Se relevant, il entama alors une course vers l’adversaire. Il comptait sur la résonnance de la ruelle pour l’aider à cacher ses pas. Il effectua alors deux coups de feu, dans le but de dissimuler son allure.

A peine sorti de son nuage fumant, que le garçon pointa son arme habilement. Il visait le dernier endroit connu du membre des Ombres, sachant qu’il ne pouvait pas aller bien loin à cause de son genou touché par balle. Il tira à quatre reprises, voulant être sûr de son coup, vidant alors la totalité de son barillet.

Le jeune combattant ne restait pas statique, puisqu’il continua à courir, avant de finir sa course à l’entrée de l’ancienne demeure. Il ne pensait plus vraiment à Ishtar, ni même aux adversaires restant à l’intérieur de l’abri. Sa seule priorité était de vaincre ce fameux Adriss, qui avait tenté de retourner le duo contre l’ensemble de la population.

«Crétin, si tu crois que tes paroles vont suffire à m’attirer la haine de tout le monde. J’suis connu dans la cité pour être le p’tit avec des cheveux bizarres qui vend d’la drogue. J’travaille de temps à autre pour des gros bras, tu crois vraiment que c’est raisonnable pour les gens du quartier de vouloir m’agresser ? De plus le quartier misérable de Kanazakura ne collabore pas avec ses oppresseurs.  »

Un ange à Kanazakura.

feat. xx

L’offensive de Shinji n’avait finalement pas été si bien calculée, et sécurisée. Alors qu’il pensait pouvoir en finir avec ce mercenaire au genou saignant, le combat semblait finalement dévoiler une dernière partie. C’était en effet l’acte final pour le sbire, qui se retrouvait désormais face à trois adversaires de taille.  Le trahi ainsi que l’ange Ishtar n’avait pas laissé de côté le garçon aux cheveux farfelus, puisqu’ils s’étaient invités à la fête.

Le délinquant se rendit compte que sa prémonition était totalement faussée, erronée. Malgré son handicap hargneusement marqué, l’agent des ombres était parvenu à se déplacer tant bien que mal de sa position. Même si l’ingéniosité de couvrir les bruits de sa  démarche avait pu être efficace, le quatuor de balles que le sacripant s’était chargé d’envoyer se retrouvait contre le mur, voire contre le sol. Le scélérat le remarqua instantanément, dû au bruit qu’il en résultait. Les pavés et briques hurlaient de fins craquements aigus qui n’échappèrent pas aux oreilles du responsable.

Sa fuite jusqu’au seuil de la chaumière en bois n’était pas inutile, puisque sans l’apparition de celui étant de base l’un des ennemis, Shinji se serait surement retrouvé plombé. Lorsqu’il pointait son dos face à la position du soldat, le délinquant put entendre une détonation. Son instinct de survie d’enfant de cité cumulé à ses reflexes, lui fit immédiatement plonger tout droit, avant d’enchaîner sur une pirouette, pour finalement se relever rapidement. L’adrénaline lui faisait accroître son agilité, si bien que le garçon se retrouvait étonné de ses capacités.  

Le garçon se retrouvait alors dans la maison, abrité par un toit ainsi que par des murs de bois. Enfin, Shinji ne sentait pas vraiment en sécurité, tout le monde sait qu’une arme peut facilement traverser une paroi de cette matière. Les secondes s’écoulaient, et le mercanti pouvait entendre des légers bruits. De plus, aucune réaction de la part d’Adriss. Deux explications s’offraient au jeune adolescent. Soit la vertèbre des Ombres l’attendait fermement, viseur face à l’œil, afin de pouvoir le cueillir. Soit, Adriss n’était pas seul, ce qui expliquerait les différents bruits que pouvait ouïr Shinji.

Le garçon voulait prendre le risque, afin d’aller aider au plus rapidement la Valkyrie. Aussitôt, il pencha alors la tête afin d’avoir un visuel direct sur la ruelle. La poussière devait être retombée, le jeune homme n’avait qu’à se pencher moins d’une seconde, afin de pouvoir photographier mentalement la scène. Il inspira à plein poumon, avant de tendre son cou, faisant dépasser le sommet de son crâne, ainsi que son œil gauche, de la porte.

Un spectacle plutôt surprenant se jouait face à lui. Comme il l’avait prédit, le garçon n’était pas seul. Cependant, tout ne se déroulait pas comme il l’avait imaginé. Ce n’était pas un nouvel adversaire qui s’était présenté, mais bel et bien une sorte d’aide. L’homme qui s’était retrouvé trahit, voulant prendre sa vengeance par frustration. Le délinquant souriait. Il connaissait ce ressenti de consternation, suite à l’évènement tragique qu’était la perfidie.

Ce tableau réjouissait plus que jamais le dealer. Une telle occasion ne devait pas être inutile. Alors, le garnement se dévoila intégralement. Il prit le soin de recharger son arme, ne prévoyant qu’une seule munition pour finir le travail. Son revolver se leva, le canon s’alignait désormais avec le corps de sa cible. Le sourire qui hantait son visage s’était dissipé. Puis d’une sérénité totale, le garçon pressa la détente de son jouet. La balle percuta le crâne du sbire, un jeune homme venait de perdre la vie. Le spectacle n’était pas jouissif, du sang s’étalait dans toute la ruelle. Le revolver avait cassé le silence de cette partie de Kanazakura, afin de mieux de le réparer. Aucun son était audible, hormis la respiration du meurtrier.


« La vie est moche, on se sent toujours obligé de la maquiller avec des mensonges. Mon âme est moche, je me dois de la maquiller avec des mensonges. J’sais pas ce qu’il se passe dans ma tête, parfois j’voudrais sauver cette île, parfois j’voudrais la voir brûler.  »

Le garçon n’était plus à son coup d’essai, pourtant chaque meurtre le rendait de plus en plus froid. Il se connaissait, et le savait que c’était mauvais. Une nouvelle fois, son cœur s’était refroidi, laissant partir un bout de son innocence. Cette fois-ci le garçon ne pleurait pas. Les uniques réactions étaient une légère douleur au torse, ainsi qu’une gorge nouée.  

Il admirait son chef d’œuvre. Il se félicitait tout de même d’avoir perforé le crâne, sans avoir fait ressortir la balle, de peur de toucher l’innocent Kriss. Le garçon se rapprochait, lentement, faisant claquer ses semelles contre le sol. Il s’immobilisa aux pieds du cadavre, avant de le retourner à l’aide de son pied droit.  Il préparait un mollard à cracher dans la bouche béante du corps froid. Le petit voleur avait le respect des morts, mais n’avait pas réellement digéré la trahison qu’il avait fait vivre à ce pauvre Kriss.

Néanmoins, l’acte outrageux fut interrompu par Ishtar, qui descendait dans la ruelle. L’ange avait sûrement assisté à la fin du duel. Un soulagement habitait désormais le cœur du jeune meurtrier récidiviste, son amie s’était finalement sortie du pétrin dans lequel Shinji l’avait emmené. Celle-ci ne se faisait pas attendre, invitant directement le jeune homme sur son dos.

Le jeune délinquant ne refusa pas l’invitation, courant alors vers sa collègue métamorphosée. Il se rua sur son dos avant de bien s’agripper, le jeune homme était vraiment heureux de la revoir.

« Tu les as tous vaincu ? T’es trop forte en fait ! J’suis pas trop lourd, d’ailleurs?

Un ange à Kanazakura.

feat. xx

Un peu mouvementé par son récent crime qu’était le meurtre d’Adriss, Shinji s’accrochait au dos de son amie à l’apparence de reptile. Le garçon n’avait pas peur de ce physique, au contraire il était plutôt fasciné. Trop stylé, carrément palpitant, simplement jouissif. C’est à peu près ce que pensait le délinquant du basilic qui l’avait invité à s’accrocher sur son dos. Des étoiles dans les yeux, Shin’ souhaitait plus que tout avoir des pouvoirs similaires. Se transformer en araignée géante, en faucon voir même en incroyable grizzly !

Néanmoins, même si la valkyrie venait de faire preuve de son incroyable force physique vraiment hors du commun, le garçon ne pouvait s’empêcher d’avoir peur de lui faire mal. Il ne pesait pas bien lourd, mais  cumulé au poids de celui s’étant identifié comme un nouvel allié, la masse pouvait représenter un problème. Ce n’est sans l’ombre d’un doute, qu’Ishtar affirma que ceci n’était qu’un détail pouvant être négligé, au bonheur du jeune adolescent.

« Oh, d’après les bruits de tirs, pas mal de loubards vont venir dans les parages et trouver les corps. Kanazakura est une île de charognard, malheureusement, et ces types ne vont pas s’empêcher de piller les corps, et de sûrement les jeter à la mer.  Ils n’ont que ce qu’ils méritent. »

L’allure du serpent volant impressionnait le jeune mercanti, qui ne pouvait s’empêcher de regarder le sol. Il avait l’impression d’être aux commandes d’un véhicule volant incroyablement rapide. Son sourire ne le quittait pas, si bien qu’il mettait mal à l’aise l’autre passager qui n’osait pas vraiment prendre la parole. Il faut dire que le dialogue s’était établi entre l’ange, et le gamin.

Alors que le garçon pensait pouvoir avoir un peu de répit, l’ange lui avoua quelques tracas. La réelle menace n’était pas encore présente sur l’île. Cependant, elle ne comptait pas tarder puisque d’ici quelques minutes, le danger serait véridique. L’insécurité se trouvait être vraiment étrange, puisqu’il s’agissait en réalité d’une nuée, d’une véritable armée de mouches entraînées. Kanazakura avait connu des périodes de crises, ayant déjà été envahie par des vermines, comme les rats. Mais cette fois-ci, le cas était bien particulier.

Le conseil d’utiliser le feu n’était pas infructueux, puisque le garçon le retint. Il pouvait sur son intelligence pour prévoir des plans de secours, à contrario d’être une masse ambulante. Arrivé au port, le garçon regardait le nuage vivant s’approcher dangereusement. L’adolescent avait peur, et descendit rapidement du reptile, qui l’avait bien aidé. Une rencontre qu’il était loin d’oublier. Kriss perturbé par les récents évènements suivait le jeune délinquant, dans sa descente, sans pour autant agir en conséquence. Le primé trainait, comme s’il attendait une instruction de son cadet.

« Merci beaucoup Ishtar, je suis désolé de t’avoir mit dans un tel pétrin... Tu peux considérer que j’ai une énorme dette envers toi, si jamais l’occasion de se retrouver une nouvelle fois ce présente, sache que j’serais super heureux ! Encore une fois, tu vas essayer de sauver Kana’ cette île de merde, tu sais pas comme je te suis reconnaissant ! Je te promets de devenir fort comme toi,  la prochaine fois, tu seras étonné ! Je te considère véritablement comme une amie finalement, prends soin de toi…»  

Le garçon se rapprocha vivement de sa collègue, avant de se serrer contre son corps écailleux. Une accolade affective, il faut dire que Shinji n’avait pas eu une relation amicale depuis un certain moment. Sa voix s’était nouée, et le criminel était sur le point de pleurer. Malgré tout, le petit comptait les secondes, le temps était important. Il s’écarta de nouveau, se tourna vers Kriss. Il comptait bien avoir son aide.

« Toi ! Désolé je sais plus vraiment comment tu t’appelles, mais sache que je te remercie pour ce que tu as fait. T’as entendu cette branlée de je ne sais pas trop quoi semble être dangereuse, heureusement, on est sur le port ! On va se charger de faire fuir les marchands,  et tout le reste de la population. S’ils doivent mourir, c’est par ma main, tu peux me croire ! J’vais tirer vers le ciel, après ça hurle, dis que tu fais tout sauter s’ils ne dégagent pas ! Ca devrait effrayer la population ! »

Shinji ne perdait pas de temps, alors qu’il expliquait son plan, il rechargea son revolver. Désormais, une dizaine de balles devait lui rester. Dans tous les cas, après ces six balles, il ne devrait plus en avoir l’utilité. Lorsqu’il termina son monologue, durant lequel Kriss ne répondait qu’en acquiesçant d’un signe de la tête, le bandit leva son bras. Le membre bien tendu, il pressa le détente, provoquant un lourd raisonnement. Le trahi semblait avoir compris le plan, puisqu’il hurlait, comme un malade, afin de faire fuir la population. Il avait honte de ce qu’il faisait, lui qui prêtait énormément d’attention à l’image qu’il montrait aux gens.

« ICI ! C’EST MON PORT ! QUE QUELQU’UN OSE S’OPPOSER, ET JE FAIS TOUT EXPLOSER ! PARTEZ ! »

Le bruit du pistolet avait provoquait une panique générale sur l’embarcadère, si bien que la plupart des gens avait prit la fuite, au grand bonheur de Shinji. Quelques hommes s’attardaient sur les ports. Mais le plan du gamin n’était pas fini, il ne comptait pas simplement faire fuir les habitants. Les marins s’arrêtant déposaient généralement des produits autour de leurs vaisseaux. Les gènes de voleur de Shinji s’éveillaient, puisqu’il emportait alors quelques petits barils de poudre, trainant dans les alentours. Il n’y avait pas vraiment d’opposition, à vrai dire toute l’attention s’était portée autour du fils de mercenaire, qui continuait à gueuler.

Cinq maigres barils, cela devrait suffire. Le garçon portait deux tonneaux, à l’aide de ses bras, chacun sous une aisselle. Les trois aux conteneurs étaient acheminés à l’aide de coups de pieds. Il fallait agir rapidement, alors que les mouches commençaient à être réellement proche du port, le garçon plaça les tonneaux à proximité des étalages, en bois.

« Le feu, c’est la solution, hein ? Très bien, j’vais faire un incendie. J’les aurais prévenus, ceux qui ne se sont pas barré, c’est de leurs fautes ! Et pour ceux sur les bateaux, j’en ai vraiment rien à foutre, c’est juste des étrangers puisqu’ils ne vivent pas à Kanazakura. »  

Le dispositif était prêt à être actionné, les insectes s’étaient déjà infiltrés sur les bateaux. Plus de temps à perdre, le gamin dégaina une ultime fois son arme avant de tirer sur l’un des pots de poudre. Une explosion, suivie d’un début de flamme commençait à s’étendre. Shinji se retrouvait un peu choqué de la réaction chimique, pensant que l’effet serait moins important.

Il ne fallait pas rester sur les lieux, le garçon devait conserver son anonymat. Or, s’il était trouvé comme étant le responsable de ce qui pouvait s’apparenter à un attentat, il pouvait dire adieu à sa sérénité, avant de finir recherché. Alors, il commença à courir. Il n’oublia pas son complice, faisant un détour pour venir le récupérer.

Visiblement, celui-ci s’était retrouvé à s’emboucaner avec un matelot qui avait déserté son poste pour calmer la situation. Le tireur ne chercha pas à comprendre, il fallait fuir. C’est sans remord qu’il pointa son arme, avant de viser le mollet du batelier. Un trou dans la jambe de cet inconnu. C’est ce qui allait sûrement sceller son destin, puisqu’il allait sûrement mourir brûlé, ou bouffé par la menace.

Sans ralentir, le garçon attrapa la main de Kriss, qui semblait ne pas avoir compris l’intégralité du plan. Il faut dire que foutre le feu partout était vraiment insensé, et qu’en plus Shin’ n’avait pas prit le soin de lui expliquer dans les moindres détails, par manque de temps. Le dealer tirait à toute puissance sur le bras de son aîné, afin de l’emmener dans les quartiers pauvres, où ils pourraient se planquer.

La conflagration ne devrait pas vraiment se propager, puisqu’un espace vide, servant de place publique, séparait le marché ainsi que le port de tout le reste de l’île.  Le garçon ne perdait pas de temps, et s’enfonçait en compagnie de son nouveau collègue, dans les ruelles sombres de l’île.

*Fais attention, s’il te plait, Ishtar.*

Un ange à Kanazakura.

feat. xx

Ce n’était pas dans son habitude de saccager l’île, au final Shinji l’aimait bien Kanazakura. Néanmoins, il avait été contraint à faire preuve de cruauté, à établir ce que les autorités appelleraient un attentat. En moins de quelques minutes, il avait tué une personne, apeuré la population, mis le feu au marché avant de blessé gravement ce qu’il considérait comme un étranger. Il espérait ne pas s’être fait remarqué, afin de garder son anonymat. Dans le pire des cas, le délinquant avait pensé à faire porter le chapeau à celui qui l’accompagnait désormais. Kriss lui avait peut-être sauvé la vie lors de sa confrontation, mais ce n’était pas pour autant qu’ils devaient être amis.

Les deux garçons plongeaient dans les ruelles sombres de Kanazakura, se ruant vers le quartier pauvre. Le dealer comptait sur l’intelligence limitée des insectes pour foncer sur le mur de flammes qu’il avait bâti. Ainsi il pouvait limiter les dégâts, au péril de la vie des quelques personnes présentes sur le port. Son nouveau compagnon n’était pas abruti, et l’avait bien compris. Le primé était étonné de la cruauté que pouvait faire preuve ce petit adolescent, mais admirait sa décision, qui n’était malgré tout pas facile.

Aucun mot n’était échangé durant cette course frénétique. Les seules sonorités perceptibles restaient les bruits des semelles claquant contre les pavés recouvrant le sol, ainsi que les respirations défraichis des deux athlètes. Quelques habitants croisaient la route du couple. Ces personnes ne cherchaient pas à adresser la parole, si ce n’est que pour demander de faire attention, par peur d’être bousculés. Il faut dire que voir un duo à la mine fatiguée, courant de toutes leurs forces pouvait sembler louche.

Cette monotonie auditive fut rapidement cassée. Elle fut brisée par un bourdonnement qui effraya les deux garçons. Shinji retourna alors lentement sa tête, apercevant un nuage vivant, plus noir que la nuit. De l’adrénaline coulait désormais dans ses veines, accélérant de plus belle. Il se remerciait d’être maigre et rapide, pour pouvoir s’échapper, bien qu’un souffle réduit commençait à naitre. Kriss, quant à lui ne semblait pas avoir remarqué la gravité de la situation, pensant qu’ils continuaient de fuir pour ne pas être retrouvé sur les lieux du crime.  


« COUUUUURS ! SUIS-MOI, ME LACHE PAS D’UN POUCE !  »


Shinji puisait dans ses dernières forces, il le fallait. Une accélération surprenante, que Kriss suivait tant bien que mal. Il ne savait pas comment combattre cette abomination, lui qui ne sait qu’utiliser son pistolet.  Cette solution fut rapidement éliminée, il serait stupide et impossible de venir à bout d’un tel essaim. La fuite fut donc privilégiée, au détriment du combat.  Néanmoins, le délinquant restait humain, et ne possédait pas une endurance effrénée. Il fallait qu’il se repose, ou régler le problème sous peu.

C’est donc au tournant d’une rue, que le garçon prit l’initiative de rentrer par effraction dans une maison. Il se rua sur la poignée de porte, afin de pouvoir ouvrir l’accès. Rapidement rentrés, rapidement refermé. Le gamin avait choisi cette maison pour une seule raison : son battant totalement hermétique.

Les garçons espéraient avoir à faire à un abri totalement vide, ce qui serait totalement incohérent au vu de l’entretien de cette demeure. Face à la porte se trouvait directement le séjour, où se juxtaposait une cuisine. C’est à la vue de cette pièce que le garnement songea à un plan d’action.



« S’il faut tout faire exploser pour en venir à bout, qu’il en soit ainsi !  »  


Kriss regardait le dealer avec inquiétude. Il faut dire que le garçon ne lui avait pas vraiment fait bonne impression depuis sa rencontre, enchaînant les mauvaises actions. Cependant, ce n’était ni le lieu, ni le moment pour démarrer une querelle.


« Bloque bien la porte, normalement ces merdes ne devraient pas pouvoir entrer par l’accès principal, m’enfin bon, on sait jamais si quelqu’un vient à l’ouvrir ! »


Le garçon se déplaça alors de quelques mètres, regardant alors sur une fenêtre à proximité de la porte. Alors qu’il s’attendait à apercevoir cette masse volante, Shinji fit face à une rue déserte. Il était évident que la menace s’était déjà mise à la recherche d’une seconde entrée, surement par les espaces entre les tuiles de l’établissement.  

Plus de temps à perdre ! Le garçon s’approcha rapidement de la cuisine, qui n’était rien d’autre qu’un espace ouvert, où séjournait différents appareils ménagers. Néanmoins, l’un d’entre eux l’attirait particulièrement. C’était la plaque de cuisson, celle-ci semblait fonctionner de manière simple, à l’aide d’une bombonne de gaz qui fournissait l’énergie nécessaire à la combustion, pour la cuisson de divers aliments.
Le stratagème était enfin presque prêt. Le garçon s’abaissa devant la gazinière, pour faire face à un placard. Le délinquant ouvrit les deux petites portes de son placard, avant de retomber nez-à-nez contre deux bouteilles métalliques. L’une servait directement l’appareil de cuisson, tandis que l’autre n’était là uniquement en cas de remplacement.

Le garçon usa de ses bras pour tirer le lourd pot métallique en dehors de sa huche. C’est à ce moment qu’il entendit un cri féminin. Il devait s’agir d’une femme d’une trentaine d’année, sûrement la propriétaire, qui se trouvait à l’étage supérieur. Pas de doute possible, les insectes avaient réussis à s’infiltrer par le toit. Néanmoins, la présence d’un autre être vivant sur leur chemin les retardait, au grand bonheur de la paire.

Le plan d’action du gamin était fin prêt. Le combustible sûrement explosif était placé face à la fenêtre, de manière à ce que le garçon puisse tirer dessus tout en étant en dehors de la demeure. La détonation devrait sûrement créer une énorme explosion, détruisant totalement le bâtiment, tout en endommageant les bâtiments limitrophes. Si le feu n’était pas venu à bout de ces saletés, une solution d’une telle envergure pourrait être efficace.

Shinji était revenu auprès de son collègue, qui n’adressait pas un mot. Il faut avouer que les hurlements incessants de la victime les pétrifiaient. Le châtiment était sûrement douloureux, et la longévité de la lamentation de l’inconnue détaillait l’attente interminable pour pouvoir trouver la mort.

Les bourdonnements se faisaient entendre, même à travers le plancher de bois qui devait être épais d’une dizaine de centimètre. Les deux garnements contre la porte, n’attendait que de voir la nuée de mouche s’approchait. Ce n’est que quelques secondes après le cri final de la victime, que Shinji aperçu l’assemblée d’insecte s’approchait. Ceux-ci apparurent de la manière la plus simple, c'est-à-dire par l’escalier, qui se trouvait face à eux.

Le temps de réaction du primé fut très court, puisqu’il ouvrit immédiatement l’énorme planche de bois hermétique, afin qu’ils puissent évacuer. Une manœuvre rapide, et efficace, si bien que les mouches se retrouvaient finalement enfermées. De l’extérieur, Shinji s’approchait de la fenêtre, qu’il avait examiné auparavant de l’autre côté.

Il pouvait apercevoir le troupeau s’agiter, se cognant contre les murs, cherchant une échappatoire. Quelques-unes se cognaient faiblement contre la paroi de verre, sans pouvoir la briser. Le dealer ne perdait pas de temps, et sorti son arme. Il vérifia le barillet, et remplit rapidement les cavités manquantes de munitions, afin de le charger au maximum.

Il leva son bras, comme il avait l’habitude de faire, de manière bien tendu. Il prit la sage décision de s’éloigner, et de se mettre à l’autre bout de la ruelle. Puis, prit la bonbonne qu’il avait préalablement disposée en joue, avant de tirer à deux reprises, rapidement. La première balle traversa la fenêtre, avant de s’éclater contre la bouteille de gaz. La deuxième balle qui suivait de dixièmes de seconde, percuta de nouveau le combustible.

Une énorme explosion prit lieu, détruisant les fenêtres et les murs de toutes les maisons voisines. Shinji fut projeté, tout comme Kriss contre l’immeuble derrière eux, avant de recevoir de nombreux débris de bois. La déflagration était violente, si bien que tout le quartier paniquait, les habitants sortant de leurs demeures respectives pour évaluer les dégâts.

Le mercanti espérait en avoir fini avec ces bestioles, il avait espoir. Légèrement sonné, le jeune adolescent prit un certain temps avant de se relever. Son dos avait subit de lourds dégâts, suite à son claquement contre le mur extérieur de la cassine. Son adjoint semblait dans le même état, d’une voix fébrile, Shinji prit la parole avant de se relever et de prendre la fuite à pas comptés.




« On doit partir ! Tu peux venir chez moi, si t’as nul part où aller… »  

Un ange à Kanazakura.

feat. xx

C’était une journée remplie de tracas que Shinji allait bientôt terminer. Même s’il avait l’habitude de ne pas avoir un train de vie tranquille, il avouait quand même être assez échiné, à cause des récents évènements. Le délinquant ne souhaitait qu’une chose : dormir. C’est pour ça qu’il rejoignait sa demeure, invitant son nouveau collègue. Ils ne se connaissaient pas si bien, et n’avaient pas prit le temps de se connaître, néanmoins le jeune pyromane avait confiance. Si Kriss avait souhaité le trahir, il aurait pu le faire bien avant. Le duo ralentissait peu à peu, pour finalement marcher. Ils marchaient de manière synchronisée, soufflant pour récupérer leur souffle. A peine deux rues plus loin, Shinji s’était blottit contre une porte, voulant l’ouvrir.  Il faut dire que c’était sa demeure, et qu’il ne voulait pas tarder dehors en sachant qu’un bon lit l’attendait.

Un pied dans sa demeure, le garçon souriait. Il invitait son compagnon d’un geste de la tête. Ce n’était pas une maison si luxueuse, mais celle-ci avait tout de même le mérite d’offrir un minimum de confort. Un plein pied qu’il partageait avec son ami, qui se trouvait être de plus en plus distant. Tant mieux, ainsi il pouvait offrir l’hospitalité au primé.



Sur le port de l’île, le feu continuait de battre. Le ciel était recouvert d’un tas de nuages sombres éclaircis par les braises qui ne cessaient de consumer les stands des pauvres marchands. Quelques personnes avaient succombé, ne prenant pas au sérieux les menaces qu’avait proliféré Kriss et Shinji quelques temps auparavant. Il n’y avait que de maigres chances qu’une espèce avait pu survivre à travers de tels brasiers, sans parler de l’air irrespirable qui se composait uniquement de carbone, dû à la combustion.

La marine locale aurait très bien pu laisser le feu se calmer, après tout l’île ne craignait rien puisque l’embarcadère était séparée d’une large place vide où rien ne pouvait alimenter l’incendie. Néanmoins, quelque chose pouvait potentiellement provoquer un souci majeur, car si les différents quartiers étaient quelque peu protégés, il n’en était rien des bateaux qui se trouvaient amarré à Kanazakura. Des vaisseaux qui présentaient potentiellement de la poudre à canon hautement explosive.

Une unité avait été déployée par l’homme qui dirigeait la structure autoritaire de l’île. Même si les marins prenaient un malin plaisir à humilier les misérables lorsque ceux-ci sortaient de leurs terriers, ils n’oubliaient pas leur devoir de protection. Ce groupe d’intervention était spécial, puisqu’il s’agissait de marins recouverts de combinaisons hermétiques, ainsi que de masque filtrant l’air. Ils n’étaient pas offensivement armés, mais possédaient tout de même des canons à eaux reliés à l’aide d’un tuyau thermiquement résistant à  l’eau de mer.

Malgré son isolation du reste du gouvernement mondial, l’autorité ambiante était technologiquement équipée. Les moult dons des richesses de l’île étaient abondante et semblait plus de l’ordre de la compétition que de la charité, bien qu’une partie de ces dons étaient destinés à l’éradication de la racaille. La marine investissait la majeure partie de ses récoltes dans des entreprises privées, offrant des arsenaux conséquents.

L’intervention était très travaillée. Les soldats se déplaçaient par binôme. Le premier se mettait sur l’un des endroits stratégiques, alors que le deuxième se chargeait d’aller plonger le long tube dans l’océan. Rapidement, le flux d’eau salée se déversait contre la bête déchainée qu’était le bûcher. Heureusement, ces sbires du gouvernement s’étaient tous équipés de filtre à air. Un artefact indispensable, puisqu’une grosse fumée noire épaisse se dégageait et mélangeait à la vapeur d’eau salée. Un mélange qui pouvait être assez nocif, notamment pour le reste des insectes qui avaient pour but d’envahir Kanazakura.