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[Mission] - Bref, j'ai fait une visite de routine
Lidy Olsen
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Lidy Olsen
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Sam 28 Juil - 11:59
Intitulé de la mission:

Bref, j'ai fait une visite de routine


Elle trouvait ça suspicieux. Son regard s'était arrêté sur le ragoût qui se trouvait son assiette, certainement fait à base de restes de restes. On masquait le tout avec quelques épices et le tour était joué. C'était un repas du pauvre, mais elle n'en aurait pas été choquée si ça n'avait pas été la seconde fois qu'on lui en servait en deux jours. Même les marines de cette base étaient écœurés par ces plats et ne mangeaient que pour leur survie.

Venue seule pour chasser ses démons, Lidy Olsen, Agente du Cipher Pol 6, avait prétexté devoir enquêter sur quelques marines véreux sur South Blue. Elle s'était donc approchée de la base de « Saint-Foi », une île dirigée d'une main de fer par un Constantinisme d'état. Là-bas, tous et toutes étaient régis par les préceptes de la religion dominante du Gouvernement Mondial : que cela soit leur heure du coucher, ou même le nombre de fois où ils avaient le droit d'aller se torcher le cul par jour. L'austérité, si elle était de mise, ne justifiait en rien que les soldats mangent sans arriver à leur faim. Ils étaient donc peu prompt à se développer, et les préceptes des Constantinistes étaient de ce fait utiliser pour... faire des économies ? Lidy y croyait peu. Elle se doutait qu'autre chose était caché derrière ces murs.

Lorsqu'elle était entrée ici sous couvert d'être un matelot muté pour l'occasion, elle était venue seule. Kid était resté en stand-by à Nighty Town : le petit être avait en effet été missionné pour découvrir l'envers du décor d'un quartier de prostitution dirigé par un très bas gradé peu discret. On lui avait donné une mission facile, en tant qu'aspirant, et Prométheus lui-même avait été chargé de l'aider dans cette opération, pour lui apprendre les ficelles du métier. Reutsuna était quant à elle partie en direction du Royaume de St Uréa où elle jouait les intermédiaires entre la marine locale et le Cipher Pol 6 dans l'opération de Lidy, ou du moins où elle le jouerait en temps et en heures. Pour l'instant, seule la jeune demoiselle était en mission pure d'infiltration. Évidemment, toutes les missions ne pouvaient aboutir, celle-ci était un exemple d'échec cuisant qu'elle aurait à justifier par un maigre rapport indiquant que les doutes n'étaient pas fondés... Bien que cela puisse paraître pour une réussite aux yeux d'une hiérarchie qui débectait chaque rapport incriminant un gradé.

« Saint-Foi »... Ce n'était pas la première fois que la Olsen venait ici. Elle avait déjà rencontré certains habitants de cette île, dans le quartier mal famé, là où le crime était immortel. Les personnes qui habitaient dans ces lieux n'avaient pas d'autre choix que de clamer leur désespoir à l'aube d'une vie de déchéance. Quelques émeutes étaient d'ailleurs régulièrement maintenues par les forces de l'ordre, et c'était aujourd'hui encore une émeute qui mobilisa la base.

L'alarme retentit comme le glas qui annonçait la mise à mort de quelques stupides hérétiques. Les personnes qui ne croyaient pas en la Foi que le Constantinisme imposait étaient bons pour le bûcher, ou la fusillade. Qu'importe, tant que leurs carcasses jonchaient sur le sol et que leur sang venait colmater les fissures dans le sol. Une chose était affolant à noter : on avait rarement connu aussi sec que le temps qui régnait ici. Tout avait un goût de sable, et le sable lui-même n'avait plus de goût. La terre était craquelée, tandis qu'une statue de Saint-Constantin était érigée en guise de rare trace d'ombre. Elle faisait bien vingt mètres de hauteur, et profitait au bureau du Colonel de la base.

- Allez, dépêchez-vous, le gratin ne va pas nous attendre ! Lâcha le Commandant Justinien, un homme qui portait sans cesse sa croix de manière totalement ostentatoire.

Les soldats prirent leurs armes sans grande conviction et se dirigèrent d'un pas militaire, calibré, en direction de l'émeute. Cette dernière avait commencé à déborder dans les rues de la partie de la ville qui était relativement bourgeoise. C'était plus violent que d'habitude : certains civils étaient armés, d'une manière qui laissait penser que ces armes étaient trop rares ou trop chères pour eux. Observant un tir venir cueillir le bras d'un de ses collègues qui hurla à la mort, la demoiselle soupira. Elle scanna le groupe qui était en face d'elle pour en retirer des pensées qu'elle triait au fur et à mesure. Un sentiment général de colère, mais aussi... Ils étaient convaincus qu'ils allaient gagner cette fois-ci, grâce à « l'arme que leur avait fourni ce criminel ».

S'approchant de la scène, Lidy esquiva les ennemis et se dirigea sur le côté. Elle abattit alors la crosse de son arme sur la tête d'un des tireurs qui vint mordre la poussière. Les autres se tournèrent dans sa direction en entendant l'homme tomber au sol, mais elle s'était déjà mise à couvert des tirs ennemis. Deux d'entre eux prirent la direction de la demoiselle dont le bruit d'un fusil qui se charge vint bientôt dissuader les deux ennemis de venir de front... Jusqu'au moment où des hurlements de terreurs se firent entendre dans la foule. L'Agente du Cipher Pol 6 ne vit rien. Elle se contenta des bruits de chair et d'os coupés. Quand enfin le tout fut terminé, elle passa sa tête pour observer un homme, de dos, qui portait l'insigne de la marine sur un tas de cadavres de rebelles.

- Le Colonel, marmonna-t-elle.

Elle concentra son pouvoir sur lui. Il était fier de sa réussite, mais pis encore, il était certain qu'elle était uniquement due à sa grandeur. Il se sentait supérieur, sans aucun doute. C'était le type d'homme difficile à remettre à sa place... Et capable du pire. Il pensait à cet événement... A ce pot de vin qu'il avait accepté et qui l'avait conduit inévitablement à devoir fermer les yeux sur cette vente d'armes. La jeune Agente n'en fut pas surprise, et elle ne jugea pas. En revanche, un petit sourire parut sur ses lèvres : avant que cet homme ne s'élève plus dans les échelons, elle allait devoir le faire tomber... Et de haut. En voilà un beau projet pour son avancement ce carrière ! Une enquête qui lui vaudrait les honneurs de sa hiérarchie si elle réussissait...

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Lidy Olsen
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Sam 28 Juil - 14:03

Bref, j'ai fait une visite de routine


Cela faisait déjà une demi-journée qu'elle était en train d'enquêter sur l'affaire. Les Constantinistes étaient des gens secrets et la plupart des personnes appartenant à cette base avaient fait vœux de se taire sur les affaires qui concernaient les leurs. Cependant, et malheureusement pour eux, leurs pensées étaient assez peu chastes. C'est ainsi que la demoiselle comprit rapidement quel type d'homme était le Colonel. Sa première impression avait été juste : il était imbu de lui-même. C'était un mauvais fidèle dans de nombreux sens du terme. S'il arborait la croix, il n'en était pas moins du type à arborer un certain faste. Sa place, il la devait à sa puissance et à son esprit tactique aiguisés : les pirates et les révolutionnaires s'étaient cassés les dents en tentant de s'approcher de cette île, et on lui laissait les commandes uniquement parce qu'on savait que le travail serait bien fait... De ce côté-là.

L'île possédait un énorme soucis : celui des hors-la-lois qui se trouvaient dessus et qui vendaient impunément des armes. Les rapports étaient clairs, pourtant : ces hommes de l'ombre étaient des anguilles. À chaque fois qu'on tentait d'aller dans une de leurs planques, ils avaient déjà déguerpi. À chaque fois qu'une transaction s'opérait, elle l'était sans soucis. Saint-Foi était le lieu du crime organisé parfait, car les autorités n'étaient pas capables de répondre à leur mission. Pourtant, le Commandant Justinien était tout aussi apte que son supérieur, selon les marines de la base et leurs pensées hargneuses, à prendre la direction des lieux. Il était peut-être moins puissant mais ses hommes lui étaient plus fidèles.

Enfin, quelque chose clochait. Les rapports de mission ne donnaient pas assez de crédits aux bas-gradés de la base. Certains qui auraient mérité de l'avancement de carrière n'avaient pas eu leur du. En revanche, selon certaines personnes, les rapports étaient toujours en faveur du Colonel. Les marines de l'île ne s'en plaignait pas en vertu de la loi divine qui interdisait d'être avide, dans tous les sens du terme. Ils se contentaient donc de taire leurs envies de gloire et de vivre pieusement. C'était tout à l'avantage du plus haut gradé des lieux qui se clamait déjà du niveau des Contres-Amiraux... Peut-être les actuels, mais pas les anciens, pouvait analyser la demoiselle à la chevelure bleutée qui finissait d'interroger les membres de la marine dans la base avec toute l'admiration qu'elle pouvait simuler pour le Colonel, héro de guerre, grand massacreur d'hérétiques.

Finalement, la base ne lui en apprendrait pas plus. Elle connaissait bien ce milieu un peu fermé, un peu froid. Les personnes qui fréquentaient le Colonel n'oseraient jamais témoigner contre lui, et les rapports continueraient à être falsifiés tandis que les hors-la-lois gagneraient leur oseille tout en versant des pots-de-vins au Colonel... Lidy décida donc de prendre une nouvelle portée d'entrée. Avec ces témoignages, et en y réfléchissant, elle pouvait tout à fait être amenée à faire tomber le Colonel en le prenant sur le fait. Cependant, elle ne pouvait pas se permettre d'attendre que les hors-la-lois le contactent pour un nouvel arrivage d'armes.

- On va devoir faire autrement, maugréa-t-elle en prenant le temps de réfléchir à son plan.

Elle avait des contacts parmi les hors-la-lois de l'île. Bien sûr, il fallait qu'elle joue avec finesse avec ceux-ci. Double enjeu : capturer le Colonel et faire tuer les hors-la-lois qui étaient sur l'île, pour que les commerces d'armes cessent et que la marine reprenne ses droits même dans le quartier le plus mal famé. C'était en soit une mission compliquée qu'elle s'imposait là, mais elle croyait dur comme fer qu'elle pouvait y arriver... Peu d'agents du Cipher Pol 6 se serraient risqués à aller dans ce milieu, malgré tout on lui avait bien fait comprendre qu'elle ne pourrait pas monter en grade à son jeune âge si elle n'était pas d'une extrême performance dans ce qu'elle faisait. Elle allait donc leur montrer à tous ce dont elle était capable...

- J'espère qu'ils n'ont pas de grands projets pour cet homme, là-haut, sinon ils risquent de s'en mordre les doigts.

Appeler du renforts aurait pu être utile, mais elle considérait que la mission qui l'amenait était totalement à sa charge. De plus, elle ne pourrait pas infiltrer le milieu hors-la-loi à nouveau avec un boulet à ses pieds : Kid aurait été le seul à la limite capable de la contenter, mais elle n'avait pas le temps de le faire venir jusqu'à Saint-Foi. Dans cette terre aride, elle allait devoir retourner jusqu'à quelques années en arrière, à une époque où les hors-la-lois avaient la vie dure et où on la connaissait sous l'égide de « La Rêveuse », membre d'une organisation naissante.

S'élançant dans l'ombre de la ville, la demoiselle quitta son post tandis qu'on la croyait endormie. Beaucoup de marines parmi ceux qui avaient été mutés de force ici pratiquaient cela, mais la plupart allaient simplement au bar pour picoler un peu en dehors des heures de boulot, quand ils n'étaient pas de garde. La Olsen se dépêcha donc de prendre la poudre d'escampette et d'arriver à hauteur du quartier bas de la ville... Elle reconnaissait à peine les rues qui avaient été ravagées et transformées en bidonville d'une rare saleté. Ses lèvres se retroussèrent tandis que son nez se fronça : l'odeur d'urine était omniprésente entre deux toits en tulle et quelques lumières allumées dans des lampes à huile d'une autre époque.

C'était la misère ici. À côté d'une population somme toute moyenne, il y avait les délaissés. Elle ne ressentait pas de compassion à leur égard : elle avait été à leur place quand elle était gamine. Aujourd'hui, elle avait su grimper les échelons et se hisser à une place où le salaire était confortable et où son statut pouvait encore évoluer si elle faisait les bons choix. Devenir Agent d'élite, c'était après tout une bonne part de chance, mais aussi un grand nombre d'investissement. Après avoir fait tomber plusieurs petits commandants crapuleux et un réseau de détournement d'informations ainsi qu'un réseau d'armement, la demoiselle se sentait prête à évoluer dans son métier.

Elle laissa ses rêves derrière elle en poussant la porte d'un taudis. Une nouvelle odeur se mêla à la puanteur générale : celle des liquides déversés lors du sexe, qui avaient imprégné la maison. Lorsqu'elle entra, elle vit sur sa droite une femme d'un certain âge au crâne en partie dégarni. Elle portait un maquillage un peu trop prononcé, avec des couleurs un peu trop vives. Lidy se souvenait de cette personne : c'était Christelle. Quelques années auparavant et quelques kilos en moins, elle faisait partie des putes favorites du patron. Elle, en revanche, n'avait jamais vu sa tête.

- Vous v'nez pour quoi ? Fit-elle en écrasant une énième cigarette à peine finie dans un petit bol ébréché qui dégueulait déjà de mégots.
- Je viens voir Matthew.
- Laissez-moi l'app...
- Pas la peine, je sais où il se trouve.


Elle ignora les jérémiades de l'ancienne prostituée et se dirigea vers l'arrière boutique. Celle-ci se trouvait dans une sorte de renfoncement caché derrière une porte en bois à peine accrochée. Les hors-la-lois de cette île étaient lotis dans des conditions misérables, et vraiment peu propices au commerce. Heureusement pour eux que l'homme en charge voit un profit de son côté à les laisser continuer leurs petites magouilles : avec un Hérail ou un autre extrémiste dans son genre, ce ne serait pas passé. D'ici quelques jours, il n'y aurait de toute façon plus rien ici.

- Oh, toi, fit l'homme qui était assis sur un canapé rapiécé.
- Désolé, une nana est entrée et..., commença Christelle en déboulant à la suite de la bleue.
- Laisse. C'est une amie.

La femme haussa les sourcils et soupira. Elle partit ensuite, sachant qu'elle n'aurait pas le droit à plus d'explications. Pour Matthew, tout le monde était un pion. Il avait un réseau de prostitution sur cette île, et il devait bien connaître le reste des malfrats. Cela en faisait un contact précieux que la Olsen n'était pas prête de céder. Au moins, il avait le respect des femmes : il n'avait jamais forcé une nana. Il n'engageait que les âmes en peine désespérées... Et si elles souhaitaient arrêter, libre à elle. Son commerce, c'était le désespoir, pas l'esclavagisme.

Laissant un court instant s'écouler, et Christelle se barrer, la demoiselle observa l'alcool de qualité qui dénotait avec le reste des lieux. Il sourit, sachant qu'elle avait déjà commencé à analyser ce qui se trouvait autour d'elle. Il ne laissa cependant pas le temps à son imagination de cavaler. La voix du mac s'éleva brusquement :

- On revient dans les parages pour régler son ardoise ?
- Pour semer des graines de chaos,
rétorqua la jeune femme en s'asseyant.

Il fallait avouer que c'était ici que ses parties de jambes en l'air avaient commencé, à une période sombre de sa vie. Elle avait couché avec plus d'une pute, toutes mortes aujourd'hui. Un jour, Lidy s'était barrée sans demander son reste. On ne l'avait jamais revue, si bien qu'on avait cru qu'elle était morte dans un caniveau, comme tant d'autres. Souvent, les cadavres étaient retirés par la marine avant que les familles ne s'inquiètent de la disparition des pauvres âmes. L'Agente ne se laissa pas impressionner et alla s'installer dans un fauteuil en se servant un verre de whisky. Elle en avala une gorgée avant de le reposer.

- T'as gagné en assurance, remarqua Matthew avec un air totalement désintéressé. Bon, elles sont à base de quoi ces graines de chaos que tu veux planter ?
- De guerre civile et d'armes à feu. Je veux que tu me mettes en contact avec le gars qui fournit les civils.
- Ça va être un beau bordel, j'imagine... T'as toujours été excellente pour arriver à tes fins.


Elle sourit. Cet homme ne cherchait pas à lui mentir : il avait depuis longtemps compris que c'était totalement inutile et qu'il n'aurait jamais gain de cause dans ces cas-là. Il valait mieux qu'il soit franc et qu'il essaie de tirer son épingle du jeu au bon moment. Ainsi, sortant son escargophone, le mac se mit à composer un numéro que la Olsen retint sans soucis. Mémoire parfaite. Elle attendit qu'il raccroche après avoir parlé à voix basse pour finir son verre.

- T'as intérêt à intéresser ce gars, sinon il va m'remonter les oreilles.
- Ne t'en fais pas... Je compte bien faire en sorte de l'intéresser « un max ».


Une fois que le Colonel aurait accepté le pot de vin, il serait grillé. Elle pourrait au moins prouver qu'il fricotait avec des hors-la-lois, ce qui serait largement suffisant pour le faire tomber en vertu du Décret Décima. De son côté, elle arborait patte blanche. Son passé ne lui servait pas à porter atteinte au Gouvernement Mondial, mais bien à aider ce dernier. Le petit plus ? Ce serait de faire tuer les gars qui seraient pris dans cette opération : Matthew risquait d'y passer, mais c'était surtout le vendeur d'armes qu'elle souhaitait avoir. Ces types-là étaient de véritables pourritures.

Quelques dizaines de minutes plus tard, après avoir traversé la moitié du bidonville, Lidy se retrouva face au centre d'activité. C'était un lieu où l'on pouvait parier les quelques berrys engendrés dans la journée, où l'on pouvait louer les services d'une prostituée, où quelques machines à sous étaient installées à côté de billards en tout genre... En soit, c'était un petit bout de paradis dans ce monde de brutes. À l'exception près que la jeune femme ne passa pas par l'entrée principale, mais par une porte dérobée dans une ruelle où la charogne embaumait l'allée. Des joueurs un peu trop capricieux avaient récemment fini leurs jours ici.

- Matthew, mon ami !
- Ah, Rodrigo, comment vas-tu ?!


Les deux hommes s'enlacèrent franchement, se tapotant le dos. Rodrigo, c'était le nom du marchand d'armes... Mais aussi d'un homme que Lidy connaissait particulièrement bien. Elle fronça les sourcils, posant sa main sur l'arme qu'elle avait dérobé à Imejo. Finalement, lorsqu'elle vit qu'il ne la reconnaissait pas, la demoiselle se détendit : cet homme, Rodrigo, avait été un client régulier du bordel au temps où elle aussi venait pour consommer. Un jour, il l'avait prise pour une pute et avait tenté de la violer, tandis qu'elle ne se laissait pas faire. Si elle s'en était sortie, c'était parce qu'elle avait un sacré crochet du droit. Il devait être bourré.

- Olà, ma jolie, t'as l'air fort, fort bien foutue...
- Je suis là pour faire affaire, pas pour me faire reluquer comme une pute.


Il sourit : il aimait particulièrement les femmes fortes.

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Sam 28 Juil - 14:38

Bref, j'ai fait une visite de routine


La Olsen avait encore un arrière goût de rancœur pour ce bâtard violent. Malgré tout, son masque était superbement greffé sur son visage. Les traits qui avaient autrefois été les siens, ceux d'une femme faible et manipulable, laissaient place à ceux d'une demoiselle au charme tonitruant et au sérieux en adéquation avec son actuelle importance. Fort heureusement, elle n'était pas connue des services ennemis, et elle pouvait bénir sa bonne étoile pour cela. Quand elle finirait par avoir une renommée sur le visage, les missions deviendraient plus compliquées... C'était pour cela qu'elle demandait l'aide de Mathilda Warren. Sa mentor était parquée à Enies Lobby, et elle serait ravie de pouvoir repartir en mission.

- Donc, vous voulez quoi ?

Lidy jeta un regard à son interlocuteur. « Ah oui, mon rôle. ». Elle s'était lassée et l'homme avait commencé à devenir suspicieux. Il n'était pas à l'aise à l'idée de recevoir une inconnue, mais si c'était pour Matthew, il pouvait bien faire un effort. Une scène érotique de contact entre les deux hommes parut dans l'esprit de la jeune femme qui en frémit. Elle n'aurait jamais pensé qu'ils étaient de ce genre-là. Enfin bon, elle n'avait rien contre : c'était juste perturbant de penser qu'un mac pouvait faire ce type de choses. Elle laissa s'évaporer la pensée et, dans l'unique but de faire valoir son droit à l'attention, elle expliqua donc la « raison » de sa venue ici. Cela lui rappelait un peu ce qu'elle avait vécu avec Imejo... Mais les circonstances étaient tout à fait différentes.

- Je veux provoquer une guerre civile. Armer mieux les civils pour qu'ils puissent se rebeller avec l'aide mon organisation contre le Gouvernement Mondial.
- Et en quoi ton organisation peut être utile ?
- Nous avons l'expérience... Némésis est prête à beaucoup.


Les deux hommes frissonnèrent. Ils connaissaient tous deux ce nom qui, sur South Blue, faisait figure d'organisation hors-la-loi reconnue. « Bien » se souffla la jeune femme. Elle allait pouvoir profiter de ce petit élan de popularité pour... Et bien pour provoquer ce qu'elle souhaitait provoquer.

- Nous pouvons fournir un début de pécule d'ici quelques jours, et vous fournirez le reste. En revanche, nous voulons que la transaction des armes se passe dans les meilleures conditions, et pour le stock désiré... Il vaudrait mieux que nous ne soyons pas dérangés.
- Je vais me charger de cela. Quel stock ?


Elle parla alors chiffres et argents. Les deux hommes voyaient là une occasion de se faire un fric monstre, et de se payer de quoi faire un bon voyage... En plus d'étendre leur petit empire personnel. Ils échangèrent un regard complice et satisfait de la tournure de l'entretien. Une fois celui-ci terminé, le hors-la-loi dit qu'elle aurait bientôt de leurs nouvelles, et que le lendemain des pattes auraient été graissées pour qu'ils puissent passer un très bon moment... Il lui fit un clin d’œil et elle s'échappa très promptement. À présent, il lui fallait attendre, cachée, pour filer cet homme qui serait de toute évidence bien plus facile à suivre que le Colonel.

Ce Colonel était un homme véritablement méprisable. Il avait en soit peu de personnes qui étaient foncièrement pour lui. Lorsqu'il recevrait le coup de fil de la part du hors-la-loi, il jubilerait à l'idée de faire une nouvelle excellente affaire pour fermer les yeux sur une transaction d'armes. Qu'importe si ses guignols étaient tués de temps à autres, lui rattrapait le coup et se sentait suffisamment puissant pour écraser n'importe quelle insurrection. C'était son plus gros défaut : l'orgueil. Lidy savait qu'il pouvait s'agir d'une des pires tares de l'humanité... Et, cachée dans sa ruelle à l'odeur nauséabonde, elle se souvent qu'elle aussi était prise dans ce défaut.

La porte s'ouvrit. Elle observa du coin de l’œil l'homme qui en sortit : Rodrigo. Il était seul et pensait à l'endroit où il allait se rendre. C'était une clairière de pierres, au nord de la ville. Un endroit assez dégagé où le Colonel devait le rejoindre dans l'heure pour effectuer la transaction. La mallette à sa main prouvait la confiance aveugle qu'il avait dans le nom « Némésis »... Ou alors était-ce Matthew qui l'avait convaincu, lui croyant en Lidy et en son côté malin ?

Elle commença la filature. C'était non pas une seconde nature mais un aspect qu'elle avait longtemps cherché à développer. Tant qu'elle gardait sa cible en visu, la jeune femme était certaine qu'elle pourrait savoir s'il pensait qu'il était suivi... Et cela lui permettrait d'être à même de mieux se cacher. Son pouvoir était pluriel, il lui permettait bien des choses. Elle sourit. La course poursuite continua tandis qu'elle se cachait de maison en maison... Jusqu'à arriver près de la clairière. Celle-ci était sombre à cette heure-là, et personne ne semblait y être présent. Lidy alla s'installer non loin du lieu de rendez-vous, dans un renfoncement dans le sol. Elle était prête à enregistrer le tout. L'escarméra permettait de faire bien des miracles, et elle était prête à parier qu'elle aurait assez peu de problème dans cet enregistrement.

Quelques minutes passèrent, et le Colonel apparut enfin. Il était suivi par un autre bonhomme, le Sergent-Chef Joseph. C'était un des hommes de mains de ce Colonel alors ? Il plongerait avec lui... Du moins, si tout se passait bien.

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Lidy Olsen
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Sam 28 Juil - 15:05

Bref, j'ai fait une visite de routine


- Vous avez mis la main sur un nouveau contrat juteux ?
- Ouais... J'ai une avance pour que la marine reste à l'écart de la zone d'échange. Ça suffira ?


Le Colonel grommela. Il était convaincu du « bien fondé » de sa « vertu ». Profiter le plus des richesses que la terre lui offrait et se foutre de tout le reste. On lui donnait de gracieux pots de vin, et souvent les criminels ne se foutaient pas de gueule. En plus d'obtenir un petit pécule au début, il avait réussi à négocier un pourcentage des gains. Ainsi, il avait un œil sur tout cela, sans soucis. Il ouvrit la mallette et observa son contenu avec intérêt. L'Agente Olsen était toujours cachée, à écouter la conversation qu'elle enregistrait tandis que les images étaient prises par son escarméra. Dans le noir, heureusement, elle bénéficiait d'une couverture naturelle. La mission était presque accomplie... D'ici quelques heures, ses interlocuteurs seraient soit morts, soit derrière les barreaux.

Finalement, elle entendit un craquement à l'horizon. Elle se figea, et observa une ombre se barrer. Le Colonel acceptait à ce moment même le pactole, tandis que Rodrigo était pleinement content de son transfert. Il jubilait certainement à l'idée d'aller retrouver Matthew. Et c'était justement ce dernier que la Olsen avait entraperçu... Il allait la vendre. Il savait trop de choses sur elle pour qu'elle puisse le laisser parler au Gouvernement Mondial. Il pouvait la faire chanter.

Cette pensée horripila la jeune femme qui rangea son matériel et s'éclipsa en direction de la maison close. C'est là-bas qu'il devait s'être réfugié dans un premier temps, de quoi réunir quelques affaires. Il n'était heureusement pas particulièrement malin. S'élançant ainsi en direction de l'endroit qu'elle avait si longtemps fréquenté, elle passa devant l'entrée, vide, et brisa le reste de porte de l'arrière-boutique. Pas un trace du jeune homme : il devait déjà s'être fait la malle. Ou alors... l'Agente tendit l'oreille et se retourna. Elle venait d'entendre des bruits de pas, pressé. Où ça ? En bas, bien sûr. Observant le sol, elle vit un tapis mal remis et le souleva. Il y avait une trappe. « Bingo. ».

Elle descendit les escaliers, les dévalant pour avaler la distance qui la séparait de sa cible. Du moins, elle était assez désespérée pour le considérer comme tel. Une fois qu'elle fut arriver à la hauteur de la lumière qui vacillait dans l'obscurité, la demoiselle attrapa par le col la personne qui s'était enfuie.

- T'es... t'es une vendue. T'es une Agente... S'ils savaient. Oh s'ils savaient tous ces fils de putes à quel point tu es noire.
- J'ai arrêté tout ça depuis longtemps. Et je n'ai jamais nui au Gouv...
- Décret Décima, ma belle. T'es coincée, tu devrais arrêter là. Tu devrais...
- Je ne le ferai pas. Le Gouvernement Mondial est tout ce que j'ai à présent.


La main de la Olsen vint se poser sur le kukri à sa ceinture. Elle le dégaina en un instant et fit taire cet homme à jamais. Le sang vint éclabousser son corps et ses habits. Elle tremblait. Il avait été si humble et gentil avec lui, et aujourd'hui sans une hésitation, pour protéger son secret, pour se protéger elle-même, elle l'avait tué. « Décret Décima ». Lui aussi était un criminel. La jeune femme ravala sa peur. Elle ne pouvait pas la laisser sortir. Il fallait l'enterrer. Elle avait fait ses preuves : son passé l'avait certes amené à travailler pour Némésis, mais jamais, au grand jamais, elle n'avait attaqué le Gouvernement. Elle était blanche comme neige. Avec du sang noir qui coulait le long de sa neige...

Une fois remontée à la surface, elle alla se débarbouiller. Son corps était encore tremblant, mais elle rinça son arme dans une bassine et vola quelques habits. Elle avait refermé la trappe. Il fallait qu'elle arrête de penser à ça : Matthew était un mac. Il méritait la mort... Le crime organisé, elle n'était plus dedans. Ses pensées se brouillaient. Elle déglutit.

- Je dois retourner à la base... Et avertir le commandant pour qu'il aille se débarrasser du vendeur d'armes... Oui, je dois faire ça.

Elle opéra donc selon ses propres règles. Elle allait devoir transmettre ses suspicions à ses supérieurs. Elle leur transmettrait les enregistrements, et ferait interroger les marines à la lumière de cela. Une demi-douzaine, sachant à présent que le Colonel était un criminel, n'aurait aucun remord à vendre la mèche sur les rapports : ils reliraient et corrigeraient tant et si bien qu'il serait incriminé. L'enquête terminée, Lidy aurait bénéficié des quarante-huit heures dont elle pouvait jouir sur l'île avant que le navire ne vienne la chercher vers Enies Lobby. Lors de la descente chez Rodrigo, ce dernier se ferait zigouiller en résistant trop âprement et en jurant contre Saint-Constantin.

Quelques heures plus tard, sur la mer de South Blue, en direction d'Enies Lobby...

- Tu vas bien ?

La chasseuse de prime était inquiète. Elle n'avait jamais vu sa supérieure aussi distante, aussi renfermée. Normalement, elle jouait les joviales, et si l'instinct de la chasseuse lui avait appris qu'il s'agissait certainement d'un masque, elle regrettait de ne pas pouvoir le faire tomber. Froide, un peu renfermée, la Olsen ne répondit pas. Elle devait regagner ses esprits avant d'arriver sur la terre où elle pourrait enfin rencontrer ses supérieurs. À vrai dire, ce n'était pas la première fois qu'elle se rendait au Q.G. : Mathilda l'y avait déjà emmenée plusieurs fois. C'était la première fois, en revanche, qu'elle y revenait depuis qu'elle était Agente du Cipher Pol 6 à part entière. Les choses s'étaient enchaînées tellement vite ces derniers mois qu'elle n'avait pas eu le temps de réaliser vraiment... Elle n'appartenait plus au monde des criminels. Elle n'était plus le pantin de son frère. C'était une femme indépendante qui se rendait au siège des Cipher Pol.

Bientôt, la porte du Jugement serait en vue. Bientôt, elle saurait comment son destin allait s'organiser.

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Lidy Olsen
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