Marijoa, cette île des plus prestigieuses  appartenant au Gouvernement Mondial était un havre de paix. Extrêmement sécurisée, il n’y avait jamais eu aucun problème depuis mon intégration dans la Marine. Et même depuis un moment avant ça. J’y étais rarement allé par le passé, mais j’avais décidé de m’y rendre cette fois-ci suite aux nouvelles. En effet, j’avais appris récemment que Ghetis ainsi que les autres Contre-Amiraux et Vice-Amiraux avaient eu l’occasion d’assister à une grande réunion avec l’un des membres du Conseil des Cinq Etoiles. Bien évidemment, ils auraient sans doute déjà terminé avant que je ne puisse les rejoindre ou quoi que ce soit, mais ce n’était pas un problème. Dans tous les cas, je savais pertinemment que je pourrai y retrouver Taito, suite à un rendez-vous.

Cela faisait un long moment que nous ne nous étions pas vus, et à mon avis nous avions bien besoin d’un petit entraînement. Lors des événements de Nighty Town, mon affrontement contre l’épéiste Décima avait été particulièrement rapide et, par conséquent, je n’avais même pas eu le temps de m’échauffer. Le souci étant que justement, les Décimas semblaient préparer quelque chose d’assez mauvais. Et pour me préparer à cela, je n’avais guère d’autre choix que de devenir plus fort, toujours plus fort. C’était ainsi la bonne occasion d’être totalement au courant des capacités de chacun et peut-être, éventuellement, de former un binôme pour la suite. A nous deux, nous arriverions peut-être à faire pencher la balance du côté du Gouvernement Mondial. Et ça, ça resterait une très bonne nouvelle.

Quoi qu’il en soit, j’avais donné rendez-vous à Taito non loin du grand palais de Marijoa, dans une petite zone où nous aurions tout le loisir de nous affronter. L’idée étant de ne pas faire de victimes civiles et de détruire l’environnement le moins possible, j’avais donc pris soin de choisir le meilleur endroit possible sur l’île. Par conséquent, je m’étais posé là, en plein milieu du terrain, assis sur un énorme rocher. Styff, mon oncle, était proche de moi, prêt à admirer le spectacle. Il ne m’avait jamais vu à l’œuvre de toute sa vie, et il avait particulièrement hâte de savoir à quel point le fils de son frère pouvait être puissant. Bien sûr, j’avais encore beaucoup de choses à apprendre, et notamment la maîtrise de mon Haki de l’Observation, mais je pensais déjà plutôt bien me débrouiller dans les autres domaines.

Lançant ainsi un regard à mon comparse, je pris la parole.

« Il ne devrait plus trop tarder, j’imagine. »

Comme d’habitude, j’étais pris de ces maux de tête incessants et c’était particulièrement ennuyeux. Qu’est-ce que j’avais hâte de pouvoir me débarrasser de ceux-ci. Lorsque ça serait fait, je pourrais être un tout nouvel homme, capable d’amplifier mes aptitudes en combat en utilisant les capacités de l’Observation. Oui, grâce à ce Haki, je pourrais peut-être enfin devenir Vice-Amiral, moi aussi.

Alors que j’attendais patiemment en compagnie de mon très cher oncle, je pus voir la silhouette du Vice-Amiral se dessiner non loin de ma position. Il arrivait « enfin ». En réalité, il n’avait guère pris énormément de temps pour me rejoindre, mais j’avais tout de même pu passer quelques petites minutes à patienter. Bien que son grade était supérieur au mien, je ressentais aisément une certaine proximité qui se dégageait de lui, en un sens. Il n’avait pas l’air du genre à prendre les autres de haut, si bien qu’il devait probablement me considérer comme son égal, ou non loin de ce terme en tout cas. Après tout, nous n’étions pas si loin en terme de puissance, d’après ce que j’avais pu entendre à son sujet.

Lorsqu’il arriva près de moi, il s’inquiéta de mon état tout en tendant la main afin de me saluer. Alors, très naturellement, je lui répondis en rejoignant son mouvement.

« Le Haki de l’Observation, toujours un plaisir à endurer tant qu’on ne le contrôle pas. »

Prenant une légère mine de complainte, je souriais, quelque peu gêné. Je n’avais pas spécialement l’habitude de laisser passer mes faiblesses aux yeux des autres, mais dans le cas présent, je n’avais pas vraiment le choix. Et puis, face à un homme tel que lui, cela ne me posait pas de problème car je savais qu’il ne m’en tiendrait en aucun cas rigueur. Ainsi, je le regardai droit dans les yeux, le laissant reprendre la parole pour exprimer sa vision des choses concernant la conversation « téléphonique » que nous avions pu avoir et qui nous avait amenée à nous retrouver ici. Ainsi, il m’expliqua que, s’il n’avait pas forcément trouvé de bon goût de proposer un entraînement à ce moment-là, il avait finalement pu y trouver une certaine cohérence ainsi qu’un intérêt particulier.

En effet, je savais pertinemment qu’il cherchait à mettre la main sur Paris Milton, une Lieutenante de Yonkou. Et la tâche n’allait pas être aisée, loin de là. Par conséquent, cette proposition ne pouvait lui faire que le plus grand bien. D’autant qu’en tant que Logia, je devais peut-être demeurer le premier adversaire de ce genre à lui faire face. Alors, conscient de représenter un obstacle de taille pour lui, je souris d’un air taquin avant de lui répondre.

« Je pense que l’on peut se tutoyer, non ? Après tout, nous sommes collègues d’Amirauté. »

Puis, prêt à passer aux choses sérieuses, je me mis en position. Styff s’écarta, gardant une bonne distance de sécurité en sachant que la zone allait sans aucun doute être prise de diverses offensives de tous types. En le regardant attentivement, je pus constater la présence d’une queue reptilienne qui ne fit que confirmer qu’il était déjà prêt à se battre. De mon côté, je savais déjà exactement de quelle façon commencer. Ce n’était certes pas la manière la plus « simple » ou même « sécuritaire » d’utiliser mes capacités, mais j’adorais me servir de cette technique de temps à autre. De ce fait, de la sève vint s’échapper de mon corps afin de former d’abord un, puis deux autres humanoïdes qu’il m’était possible de contrôler à la perfection grâce à un lien direct. Ceux-ci, une fois entièrement formés se précipitèrent alors ensuite directement en direction du Nowaki pour l’attaquer au corps-à-corps.

Le combat venait à peine de commencer que je pouvais dores et déjà constater que le Nowaki était désormais plus que motivé à m’affronter. En effet, alors que j’avais fait en sorte de lui envoyer trois humanoïdes de sève afin qu’il soit pris au moins quelque temps, lui n’avait pas tardé pour agir de son côté. Ne cherchant même pas à s’attarder sur les créations, il avait pris la décision de me foncer dessus tête baissée. Utilisant le Soru ainsi que sa vitesse naturelle octroyée par  la malédiction de son Zoan, il tenta de m’atteindre directement au corps-à-corps en plongeant son poing recouvert d’une plaque d’Armement en avant. Toutefois, je n’étais pas fou. Il me paraissait plus qu’évident qu’un combattant de ce genre et disposant de telles facultés physiques viendrait se frotter à moi de cette façon afin de me désavantager. Par conséquent, je savais dores et déjà de quelle façon réagir face à une telle offensive. Une situation comme celle-ci m’était arrivée de nombreuses fois, et cela m’avait accordé de bons réflexes. Alors, avant même que le Vice-Amiral ne puisse me toucher, mon corps explosa entièrement, disséminant de la sève aux quatre coins de la zone. Avec sa vitesse et la proximité de l’explosion, Taito se retrouverait très sûrement touché par des éclaboussures rudement toxiques, laissant sa chair à la merci d’une corrosion.

Apparemment, il ne comptait pas me faire de cadeau, si bien qu’il avait sans doute souhaité me briser dès le premier coup. Je n’allais donc pas me retenir et seulement utiliser une sève douce !

Une fois dispersée, la sève put laisser mon corps se reformer à quelques mètres de là, n’attendant pas une seule seconde de plus avant de tirer une multitude de gouttes toxiques directement en direction du Zoan pour le transpercer de toute part.  Au même moment, le sol autour de mes pieds se recouvra rapidement d’une épaisse couche collante qui vint s’étendre de plus en plus. Le but de celle-ci était d’empêcher le Nowaki de trop s’approcher, réduisant ainsi très fortement son potentiel offensif. Toutefois, je savais très bien qu’il était également un très bon tireur et qu’il pourrait donc, s’il le souhaitait, utiliser ces capacités. Mais tout de même, l’obliger à rester à distance était un bon point. De cette façon, il me serait plus aisé de réagir face à son Haki pour l’empêcher de me blesser – ou en tout cas l’éviter le plus possible.

« C’est la première fois que tu fais face à un Logia, n’est-ce pas ? Les Zoan ont généralement un assez gros désavantage à ce niveau. »

Lui lançant un regard somme toute plutôt simple pour lui faire comprendre que la situation n’était pas forcément des plus simples pour lui, je restai sur mes gardes, attendant une potentielle riposte de sa part.

Il y avait un point qui me plaisait particulièrement dans ma malédiction, c’était le fait de pouvoir remporter un combat aussi bien par la force qu’à l’usure. En effet, les propriétés toxiques qu’il m’était possible d’appliquer à ma sève avaient tendance à affaiblir facilement les adversaires en rongeant leur organisme. Grâce à cela, je n’avais pas forcément besoin d’y aller trop fort ni de trop me fatiguer. Mon endurance pouvait faire l’affaire.

L’explosion de mon corps m’avait permis de toucher le Zoan et ainsi le blesser quelque peu. C’était déjà un bon début, même s’il était bien loin d’être vaincu. Je savais très bien qu’il serait un adversaire de taille pour moi, quand bien même sa malédiction pouvait lui laisser un certain désavantage face à la mienne. Mais il était intelligent, c’était certain. Par conséquent, plus qu’un combat basé sur nos capacités respectives, c’était surtout un affrontement de stratèges. En soi, lui et moi étions relativement identiques sur certains points, ce qui faisait de nous des combattants hors pairs. Quoi qu’il en soit, lorsque je m’étais dispersé sur le terrain avant de me reformer tout en tirant de nombreuses balles de sève en sa direction, il parvint à les éviter sans trop de problème tout en se rapprochant de ma position. C’était là que mon marais entrait en jeu. Une technique faite pour éviter ce genre d’offensive. Seulement, plutôt que de se laisser avoir par ce principe, le Nowaki chercha à trouver une autre solution.

Ainsi, en utilisant le Soru, il créa trois images rémanentes de sa propre personne, venant tourner tout autour de moi avec rapidité. Que comptait-il faire ? Était-ce là un moyen de me troubler ? De me faire perdre pied ? S’il osait entrer dans la zone, il se retrouverait à la merci de n’importe laquelle de mes attaques et serait rapidement défait. Alors pourquoi agir de la sorte ? En voyant cela, je pris tout de même le temps de réfléchir, même si cela devait être rapide. La seule possibilité pour m’atteindre sans trop se mettre en danger était la voie des airs. Peut-être qu’il tentait d’attirer mon regard sur ses images pour ne pas que je puisse me concentrer sur autre chose. Oui, c’était bien possible. Mais si je me trompais ? Je ne pouvais tout simplement pas tout baser sur une simple théorie – bien qu’elle soit la plus plausible.

Par conséquent, je me devais d’agir de façon à me couvrir sur tous les champs. Alors, je ne perdis pas plus de temps et je créai immédiatement une colonne de sève liquide tout autour de moi. Bien évidemment, je tenais compte des balles qu’il avait lancées précédemment dans mon marais, sans doute pour préparer quelque chose par la suite. La colonne allait permettre de me camoufler et empêcher une offensive frontale provenant du sol. Mais ce n’était pas encore suffisant. Aspirant une petite quantité de sève provenant de mon marais – se trouvant à mes pieds, je fis en sorte de m’en détacher. De ce fait, si les balles venaient à exploser, je ne serais pas directement touché.

Puis, à ce moment-là, je levai la tête pour admirer ce qui se trouvait au-dessus de moi. Il s’agissait de la seule zone dangereuse. Une zone que je me devais de couvrir également donc. Par conséquent, je fis sortir un puissant jet de sève liquide sous pression, capable de repousser une personne s’il le fallait.

« Approche donc, Taito ! Mais sans pouvoir protéger entièrement ton corps, tu ne passeras pas sans encombre ! »

J’étais peut-être confiant quant à mes capacités, mais c’était pour une raison.

Le pilier de sève que j’avais formé tout autour de moi me permettait de me couvrir de toute attaque provenant de n’importe quel côté. Il s’agissait donc d’une protection relativement efficace face à un combattant au corps-à-corps. Et puis, le large jet que j’avais envoyé au-dessus de moi me confortait dans le sentiment que je ne craindrais rien de quoi que ce soit à ce moment-là. Toutefois, Taito avait décidé de voir les choses autrement. En effet, pendant que je faisais tout pour me protéger en essayant de contrecarrer ses plans, il s’était propulsé de façon à arriver par le haut. C’est bien ce que je pensais, il n’y avait que cette possibilité-là. Mais d’un côté, je me posais réellement la question : « pourquoi ferait-il ça alors qu’il devrait traverser la sève corrosive ? Cela relevait presque de l’inconscience. Par conséquent, je décidai de ne rien faire, attendant simplement qu’il s’y frotte et comprenne que ce n’était pas une bonne idée de passer par cet endroit. Seulement… Je pus le voir foncer à toute allure en ma direction, bravant la pression du jet en usant de sa vitesse ainsi que de sa force pour passer outre. Ses poings étaient recouverts d’une plaque de Haki de l’Armement et il semblait particulièrement déterminé à tout traverser pour m’atteindre. Je crois que c’est à ce moment-là que je compris quelque chose…

« Tes écailles.. Elles te servent de protection pour encaisser les brûlures. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Quel idiot ! »

Plus rien ne l’arrêtait. Même s’il devait tout de même ressentir la douleur, elle n’était rien face à sa motivation, face à son désir de remporter le combat. Et malheureusement, c’était trop tard pour moi. Le regardant en écarquillant d’abord légèrement les yeux puis en tentant de reprendre mon sérieux pour ne pas paraître trop perturbé ni même affolé, j’en déduis que je n’avais plus qu’une seule chose à faire : lui faire face directement.

« Taitooooooooooooooooooo ! »

*C’est mauvais, il ne pourra pas surpasser la puissance offensive de son adversaire au corps-à-corps et sans même maîtriser une once d’Armement*

Styff s’inquiétait pour moi, de son côté, car il pensait déjà connaître l’issue de cet affrontement dès à présent. Empoignant ce fameux gant dont je disposais et faisant rapidement sortir mon Impact Dial alors que le Nowaki se rapprochait dangereusement de moi, je balançai mes poings contre les siens en espérant pouvoir l’intercepter du mieux que je le pouvais. Le poing gauche encaisserai une bonne partie de l’attaque grâce au Dial, tandis que l’autre ferait en sorte de l’affaiblir par le Granit Marin.

« Aaaaaaaaaaah ! Impact Reverse ! »

Au moment même où la puissance du coup fut absorbée, j’activai le Dial sans attendre, de façon à lui renvoyer directement les dégâts. A l’activation, je pus ressentir moi-même une vive douleur dans le bras, indiquant à quel point le choc était violent.

Je venais de réaliser tout ce qu’il m’était possible de faire dans une situation aussi délicate que celle dans laquelle je me trouvais actuellement. En utilisant mes griffes en Granit Marin et mon Impact Dial, j’espérais réellement pouvoir encaisser le coup du Nowaki tout en le blessant. Mais les événements ne tournèrent pas tout à fait de cette manière. En effet, même si le Dial avait été utile en renvoyant la puissance de l’attaque directement dans le bras du Zoan, il était parvenu à immobiliser mon bras droit à l’aide de sa queue. Ce faisant, je n’avais strictement aucun moyen de fuir ou quoi que ce soit d’autre. Tout ce qu’il m’était possible de faire, c’était subir la suite. Ainsi, le Vice-Amiral profita de cette occasion en or pour me frapper en plein torse à l’aide de son deuxième poing libre. Recouvert d’une plaque d’Armement, il était en mesure de toucher mon vrai corps sans aucune difficulté. Si bien que, lorsque le choc se produisit, je perdis momentanément connaissance pendant quelques secondes environ. Il fut d’ailleurs possible d’entendre le craquement de mes os à ce moment-là, alors que je fus propulsé sur plusieurs mètres, incapable de me mouvoir.

Sur le coup, Styff réagit au quart de tour, bondissant à vive allure avec un Soru pour arriver sur ma trajectoire et m’attraper au vol.

« Vous n’y êtes pas allé de main morte, Vice-Amiral. Le gamin a encore besoin d’entraînement, mais je pense qu’après ça, il comprendra qu’il ne devrait pas être aussi sûr de lui. »

Sur ces mots, il me posa sur l’une de ses épaules et s’approcha du Zoan en marchant à une cadence relativement lente.

« Je vais faire en sorte de le remettre en état pour qu’il puisse partir dans le Nouveau Monde, comme convenu. Après ça, nous vous tiendrons au courant quant à l’objectif que vous visez. »

Puis, il se dirigea vers les bâtiments pour s’occuper de moi du mieux qu’il le pouvait avant que l’escorte ne commence à prendre la mer pour accomplir son but. Je me devais d’être remis sur pieds pour cet événement important. Ma réputation était en jeu.

« J-je.. Je serai là.. Taito. »