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Race : Homme-Loup
| Mer 13 Mar - 9:48 Le ciel s’assombrissait au rythme des combats que menaient les deux armées ennemies. Le champ de bataille sanglant opposait les deux Royaumes voisins, jouxtés par une large plaine où vivaient autrefois de paisibles nomades, éradiqués par la guerre. Reconnus pour leurs savoirs dans les arts de la guerre, ils n’arrivaient pourtant pas à trouver de moyen de prendre l’ascendant sur leurs adversaires. C’était en tout cas ce qui en ressortait : des humains qui s’affrontaient sur les landes minées, recouvertes de cadavres depuis plusieurs générations, accompagnés de mécanismes terrestres tous plus ingénieux les uns que les autres. Pendant des décennies, l’évidence ne leur sauta pas aux yeux. Les deux royaumes n’étaient pourtant pas enfermés dans les terres : ils partageaient une position parallèle aux abords de la mer de Grand Line.
C’est ainsi qu’un beau matin, les deux régents ennemis se levèrent à peu près au même moment. Ils allèrent sur leur balcon où soufflaient un vent mauvais, un vent d’infortune, et leurs regards se plissèrent alors. Leur famille n’avait jamais eu une bonne vue, pourtant à l’horizon, un phénomène météorologique jusqu’alors encore inexpliqué par leurs météorologues assez peu fameux leur sauta aux yeux : l’océan offrait mille merveilles de reflets bleutés, d’une candeur insouciante, à en couper le souffle. Ils rentrèrent pour aller voir leurs ministres respectifs, et annoncèrent la nouvelle : le combat ne pourrait être gagné par la terre, il fallait le gagner par la mer.
Ils se mirent alors à la recherche de génies de la construction navale, de maître dans l’art de la manipulation du bois et du fer… En vain. Jamais ils n’avaient aspirés à prendre la mer, puisque leurs familles ne s’étaient intéressées qu’à faire bataille dans cette fameuse lande, pour la suprématie claire et nette du territoire.
Et ce fut là que l’amoralité commença à l’emporter.
- Une p’tite chope ! Une p’tite chope ! Il était encore saoul. L’homme-loup avait un air de dévergondé, de débauché quand il allait quémander un coup à boire. Son sourire carnassier donnait souvent raison à ses multiples demandes, mais ce soir, le barman était de mauvaise humeur et rien ne parut être capable de le rendre réceptif. Le charpentier naval souffla avec dégoût avant de se saisir de la chope d’un voisin et de la siffler en un instant.
- De diou ! J’vais m’fâcher ! Beugla l’individu privé de son sirop. Il n’eut pas réellement à se couvrir de colère puisque le sirop en question alla bientôt recouvrir le parquet de bois de la taverne sous le regard désespéré du maître des lieux. « Encore une soirée à nettoyer, putain. » se dit-il en pensant aux femmes qui l’attendaient chez lui. Il sortit alors la serpillère et s’il n’hésita pas à la passer plusieurs fois sur la tête de l’homme-loup, ce fut sans animosité aucune. Un peu de mesquinerie, mais pas de jugement : ici, qu’importe ton origine, tu étais servi tant que tu réglais la note.
Au beau matin, ce fut sous les coups d’un hurleur public que le jeune homme à la gueule de bois se réveilla. Il ouvrit les yeux difficilement, avant de sentir le soleil l’agresser. On l’avait foutu juste devant l’auberge, et il se dégageait de lui un mélange d’odeur de déchet et de vomi. Ses oreilles s’habituèrent au bruit ambiant, et il cligna des yeux.
- Oyez ! Oyez ! Braves citoyens. Le suzerain recherche toute personne rompue en arts de la mer, dans le but de développer le commerce marin. Grassement récompensés les miséreux qui sauraient offrir leur savoir. Au demeurant, Karim était encore trop saoul pour comprendre ce qu’il en retournait. Et puis, il se sentait faible. Putain, il fallait encore qu’il vomisse. | | |
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