Manson, Serge, Enora « La Sage »

La tension commença à grimper, lentement, jusqu'à la culmination d'une folie que peu soupçonnaient avoir autant d'impact. Bientôt, l'interjection virulente de Lawrence força tous les interlocuteurs au silence, alors qu'Enora adoptait instinctivement un pas de recul comme seule motion salvatrice. Elle l'observa longuement, tout comme Manson qui ne savait que faire, ne comprenant plus la situation. Le comportement de cet homme n'avait aucune logique : il était erratique, imprévisible. Fou. Il commença à envisager l'éventualité de le tuer, de laisser son corps froid retomber sur le plancher de son navire tout en acceptant la fatalité qui incombait aux siens : un combat à mort qui n'avait pas été prévu pour être gagné. De son côté, Serge ne laissa pas de place au doute et fonça immédiatement sur le forban alors que son corps se crispait et fixait les étoiles de cette nuit pleine de sang.

- Serge, non !
- Crève !
- Reculez tous !

La dernière fois, celle de la pirate, avait été immédiatement suivie d'un début de retraite de la part de ses suivants. Elle semblait comprendre ce qui allait advenir : elle se trompait. Elle n'avait perçu qu'une infime étincelle du mal qui rongeait l'âme du Edward, qu'une particule de la colère qu'il s'apprêtait à laisser exploser. Elle connaissait à peine assez bien ses capacités pour savoir que ce serait virulent, rapide, sans bavure : c'était précisément pour la beauté morbide de son travail à Powder Island qu'il avait été sorti de sa geôle. Pourtant, un frisson froid parcourut le corps de la Sage lorsqu'elle effectua une ultime réalisation, la voix du Supernova perçant faiblement les airs dans une affirmation glaciale.

L'explosion fut d'une puissance telle qu'elle percuta l'ensemble du champ de bataille de son son éreintant et chaotique. Les flammes enveloppèrent tout sur des centaines de mètres à la ronde : tous disparurent dans l'éclat de rage du pirate, dans sa perte de raison. Les navires, indépendamment des couleurs qu'ils portaient fièrement, furent tous happés sans merci dans un diamètre titanesque. Des voix s'éteignirent en masse, d'autres poussèrent un cri qui se changerait en agonie longue et cruelle, tandis que les carcasses coulaient alors que les éclats de bois volaient encore dans l'enfer. Pirates, chasseurs de primes... Enora, Serge, Manson. Lawrence ne fit aucune distinction et il s'offrit le luxe qu'il recherchait : celui d'un silence plat autour de lui. Mais pas pour longtemps... car bientôt, alors que les râles de douleur des survivants viendraient lui poinçonner la tête, il comprendrait que le silence ne viendrait pas.

Tout ce qui viendrait, ce serait le sang sur ses mains, alors qu'il chuterait vers l'océan.

Branch

L'abandon de ses armes de la femme-loutre fut une action fort secoureuse, qui lui permis de s'en tirer indemne et sans contre-attaque. L'homme-arbre, de son côté, se jeta sur elle alors qu'elle quittait le navire, jusqu'à ce qu'elle tombe dans l'eau. Il la chercha quelques instants du regard, avant de reculer lentement jusqu'au centre du navire en ruine, là où le corps inanimé de Synchrone continuait de maculer le sol du sang qui avait coulé de sa blessure. Observant le Décima, le pion resta immobile un instant, avant de procéder à une autre action : il tira sur lui l'un de ses rayons violets, qui allait le stabiliser et empêcher son traumas de s'aggraver davantage. Il se plaça ensuite à côté de lui, immobile, non sans observer autour de lui si une autre menace devait surgir. Il semblait cependant avoir mis de côté le combat contre son adversaire, se concentrant sur la proximité avec le maître qui lui avait été donné. Il cessa alors une partie de l'utilisation de son fruit.

Sur le navire des Tengoku no Seigi, le sang gicla d'une multitude de blessures sur le corps de Cara Lroft, alors que certains de ses os se rompaient. Inconsciente, la demoiselle n'esquissa pas le moindre son. Elle cessa de respirer.

Umi no Kiba : Akai, Bara, Aoi, Ki

- Tu peux toujours essayer, tu sais.

Un petit souffle rieur marqua la fin de cette phrase, avant que deux coups de feu ne partent en sa direction. Elle laissa son sourire planait tandis qu'elle descendait rapidement du mât, indemne. Elle se réceptionna délicatement, laissant ses yeux traîner sur son adversaire, sans perdre de vue celui qui semblait l'avoir prévenu de sa présence ainsi que celui qui l'avait prise pour cible. Des capacités extra-sensorielles, ou un fluide ? Elle ne pouvait pas en être sûre et cela la taraudait pour le premier : pour le deuxième, elle ne laissa pas planer longtemps la question. Heureusement, elle n'était pas seule. Tandis qu'elle s'approchait de Hiko sensuellement, d'autres forbans montèrent à bord. Des têtes d'affiche apparaissaient dans le fond du décor, en un nombre qui aurait du mettre la puce à l'oreille des pirates nouveaux venus depuis un moment : ils étaient très, très loin d'être dans une position sereine. Bientôt, ils crouleraient sous le poids des assauts. Le fer de lance de leur arrivée s'était éparpillé sur des champs de batailles qui n'allaient pas se terminer de si tôt. Ils étaient livrés à eux mêmes... au moins jusqu'à ce que les chasseurs de prime, en sous-nombre, ne viennent les épauler.

Elle jeta un rapide regard au bastingage : ils s'approchaient. Elle persifla. Cela était loin de ressembler à un travail propre... tant pis. Souriant au médecin, elle trouva dommage de faire ce qu'elle devait faire. Il était bel homme, bien bâti. Quel gâchis. D'une impulsion, elle fila vers lui en lançant une première fournée d'aiguille, avant de se repositionner. Elle tournait autour de lui tout en gardant une distance raisonnable, avant de tirer une nouvelle fois, et ainsi de suite. Jusqu'au moment où elle se jeta à sa rencontre dans un temps mort.

De son côté, Damon aurait droit à une nouvelle plâtrée de visiteurs, qui ne s'embêteraient certainement pas à lui faire le plaisir de s'aligner bêtement : chaque coin du navire exploitable serait utilisé pour les faire venir, telle une masse grouillante qui se jetterait en sa direction avec la seule et unique intention d'attenter à sa vie. L'avantage du nombre et l'absence du Phoenix donnait des ailes aux boucaniers qui, de toute manière, craignaient bien plus la colère de Hadès que celle d'un Nébula, aussi fort fut-il. Puis, alors qu'ils tenteraient de le noyer dans leur assaut, alors qu'Hiko serait pris par sa nouvelle compagne, alors que le navire tanguerait légèrement, un tangage ressenti principalement par les canoniers, ce serait au tour de Ruthven de subir les conséquences de son imprudence.

Apparaissant dans son dos, non loin de la Crown et du Yamaka, la silhouette jaune de Ki s'empresserait de lui enfoncer une dague en pleine nuque, sans chercher à faire dans la fioriture. Elle n'était pas là pour combattre dignement ou faire preuve d'honneur : elle était là pour faire ce qu'on lui demandait de faire et, en l'occurrence, il s'agissait de réduire au silence quiconque elle pourrait prendre en charge dans cet équipage gênant...

Les pirates, pendant ce temps, continueraient d'affluer en direction de Kari, de Nook, et de toute personne pouvant faire office de cible sur le pont du Kibo no Felicity et cela malgré les tentatives de plus en plus ardentes de débarrasser la zone d'un maximum de sous-fifres. Car c'était là ce qu'ils affrontaient : du menu-fretin, des soldats, du grouillot. Le grouillot du Nouveau Monde, certes : mais ils pouvaient désormais percevoir la toute difficulté de l'aventure qui les attendait. Car lorsque les plus gros poissons arriveraient, même le flegme du médecin de l'équipage et le sérieux du bras gauche risquaient de s'effondrer...

Au large, des coups de feu commenceraient cependant à pilonner sèchement les forbans envahisseurs. De vieux ennemis se recroiseraient et recroiseraient le fer, de nouveaux antagonistes feraient leur apparition. Les pirates étaient au beau milieu d'une hécatombe dont ils risquaient d'être les premiers à faire les frais.

Encore plus loin, une terrible explosion qui étala sa ses couleurs voraces d'incendie à l'appétit sans fond emporta des centaines d'âmes dans son sillage, secouant l'océan alors que les corps s'entrechoquaient et que les lames crissaient dans d'ultimes tentatives de survie.

Ragnarock, Jormungand

- Accrochez-vous.

Déployant toute la force de sa malédiction, le terrible second du plus vieil Empereur engloba une grande partie de la première ligne dans son effort. Rapidement, des navires sortirent de l'eau, entraînés vers les étoiles par une attraction terrestre qui s'absentait de façon surnaturelle, alors que l'épéiste silencieux demeurait parfaitement stoïque. En face d'eux, à quelques minutes d'être à portée de la lame éthérée du sabreur de renom, le canon électrique du galion du leader de l'Alliance voyait sa gueule carnassière se doter d'un bleu électrique. Il trembla, tout comme l'intégralité du navire, alors que l'assaut partait pour la première fois de la bataille à sa puissance réelle et entière : le tir dantesque traversa l'océan avec encore plus de vitesse qu'Hadès lui même, dans une ligne droite qui ne laissait aucun doute quant à sa destination. Tout ce qui se trouvait sur sa route fut soit carbonisé, soit réduit en miettes. Le gigantesque monstre de métal et de bois qu'était le vaisseau de la Triade tangua sèchement alors que sa coque se perçait, se crevait sous la force du coup, sans rendre les armes pour autant. Les pertes étaient énormes : Ragnarock serra les dents et plissa les yeux. C'était là le tribut de la guerre... ils ne mourraient pas en vain. Bientôt, Jormungand serait à portée de cette machinerie démoniaque. S'il mettait autant de temps à charger que la dernière fois, alors ils n'avaient pas besoin de pêcher d'orgueil. À cet instant, les chasseurs de prime abandonneraient leurs espoirs futiles. La technologie savamment utilisée jusque là ne les sauverait pas de l'enfer qui allait s'abattre sur eux. La déflagration terrible qui emporta une partie du flanc Est le laissa songeur, mais il se concentra rapidement sur la tâche qui lui incombait.

Pour l'heure, les survivants qui devaient leur salut à l'homme de confiance du Yonkou devraient se réorganiser, retrouver leurs esprits et repartir à l'attaque. Dans cette optique, les caravelles, galions et frégates descendirent à nouveau sur la mer pour y retrouver le contact de l'océan, alors que l'impact final se préparait. Observant une forme dans son dos, qui était jusque là restée bêtement en attente, le maudit de la pesanteur observa les effusions de lumière qui se jouaient, plus loin, ainsi que l'agglomération de leurs navires sur les maudits suivants du Fenice. Ils allaient leur faire perdre un temps précieux... et Agrid, si ce dernier continuait de se comporter comme un adolescent frustré. Il ne comprenait pas l'intérêt que portait son capitaine à ce jeune entêté, outre sa puissance qui était effectivement louable. Enfin. Ce n'était pas de son ressors.

- Vas-y et réduis les en poussière.

Une respiration lourde marqua une première réponse, tandis que le quinquagénaire fustigeait d'un regard sévère la masse dans son dos. Il connaissait ce soupir de refus bref et agaçant. Il avait été un garde du corps pendant si longtemps qu'il n'aimait plus agir seul : pourtant, force était de constater que son Empereur n'avait plus besoin d'être protégé. Plus autant qu'avant, en tout cas.

- C'est un ordre.

Un nouveau souffle inarticulé, plus véhément, marqua l'acceptation. Puis la lourdeur de la carcasse s'extirpa du navire dans une suite de pas lourds, suivis d'un premier bond. Il était en route... bien.

Groogal Madoka

Un coup d'aile judicieux lui permit non seulement d'esquiver une batterie de canons qui le prenait pour cible, mais elle le décala également de l'assaut fabuleux de la flotte des chasseurs de prime. Prenant une seconde pour observer son environnement, la Vouivre détailla les forces en présence : l'Alliance perdait du terrain. Certes, elle rognait sèchement dans les navires pirates, mais elle régressait, petit à petit. Les canons électriques n'étaient plus suffisants, maintenant que les monstres de puissance qui composaient la flotte du Yonkou étaient en mesure de répondre. Les Pacifista continuaient de combattre inlassablement, mais ils ne pouvaient retenir qu'une partie relativement infime des forces déployées. Mijushike se battait, loin de là... et le Kibo était en proie à la mort planante qui souhaitait enserrer ses doigts osseux autour de chaque nuque à bord. Il hésita un instant lorsque la déflagration provoquée par Lawrence retentit dans les airs, et un boulet de canon percuta son aile, le forçant à un petit planage pour retrouver l'équilibre. Le navire de la Triade arma son canon une nouvelle fois et, cette fois, il se jeta à sa rencontre.

Profitant de la panique instillée par l'impact colossal de l'éclair technologique d'un peu plus tôt, il adopta une forme bien plus adaptée : son corps s'élança, ses ailes s'allongèrent et s'affinèrent et il retrouva une forme humanoïde tandis que la vitesse dont il était capable augmentait de façon prodigieuse. Filant vers le canon, il parvint à y asséner un coup de pied qui le heurta si durement qu'il le désaxa sèchement, les gonds sautant de la structure métallique tandis qu'elle pointait désormais vers le vide. L'instant d'après, il se recouvrit cependant d'une multitude d'écailles qui l'alourdirent et adopta une posture défensive, parant un coup qui n'était pas encore arrivé : il serra les dents alors que son corps s'envolait sur le pont démesurément grand du titan de la Triade, percutant le bois à plusieurs reprises. Lorsqu'il se récupéra finalement, il sentit l'air siffler non loin de lui et se baissa franchement, laissant le scintillement d'une lame éclairer son regard l'espace d'un instant alors que son ennemie se réceptionnait habilement non loin.

Betelgeuse Quing, Barbaros

Qui étaient ces gens ? Il n'en avait pas la moindre idée, pour la simple et bonne raison qu'ils étaient restés dans l'ombre pendant si longtemps qu'on ne leur avait jamais donné la moindre prime, qu'on ne leur avait jamais offerte la moindre once de gloire aussi triste fut-elle dans les journaux... que même lui, le chasseur de prime le plus vieux et expérimenté de son ère, ne les avait pas rencontrés. La demoiselle équipa de nouveau sa lame, tandis que l'homme, un sourire mesquin aux lèvres, tâtait fébrilement du doigt deux épées courtes. Autant d'acier... c'était mauvais. Le coup qu'il lui avait porté, s'il n'avait pas transpercé sa carapace, n'avait pas manqué de le propulser allègrement en arrière. Ils étaient forts... tous les deux. Il soupira alors que les deux hors-la-loi se rapprochaient en décrivant une ronde autour de lui. Même dans un avantage comme le leur, se jeter aveuglément sur une légende comme Groogal Madoka relevait de l'inconscience.

Alors qu'ils progressaient vers lui, un sourire triste s'afficha sur ses traits, alors qu'ils adoptaient peu à peu une forme draconique bien plus marquée : d'un rugissement puissant qui retentit sur tout le champ de bataille, il lança une unique supplique au ciel, avant que ses adversaires ne fondent sur lui. Ce combat serait peut-être le dernier.

Agrid Maslow Jr.

Qu'est-ce qu'il foutait ? Il fonçait sur lui, et lui le remerciait ? Il allait subir toute l'étendue de son animosité et pourtant, il semblait... heureux ? Serrant les dents, Agrid interpréta faussement ce comportement comme une bravade. Ou le fit-il vraiment ? Peut-être que c'était l'humilité de cet homme, pourtant capable de l'affronter, qui le criblait d'agacement ? Il avait en face de lui un épéiste aux pouvoirs prodigieux, qui aurait pu trouver sa place dans les plus grandes flottes de ce monde. Pourtant, il continuait d'agir comme s'il n'était qu'un passant, un lambda, un individu sans valeur aucune autre que sa propre vie... cette respiration qui continuait d'animer sa poitrine. Il le remerciait de lui offrir l'excitation d'un vrai combat, l'ardeur de l'échange entre deux hommes prêts à se sauter à la gorge pour s'arracher la carotide.

- TU PARLES TROP !

Comme si son vœu sous-jacent avait été exécuté, une myriade de flèches de lumière s'abattit sur lui alors qu'il fonçait. Il en esquiva une partie, en para une autre de ses bras recouverts de Haki de l'armement, mais certains impacts se gravèrent dans sa chair. Les brûlures cautérisèrent rapidement les plaies, qui deviendraient les stigmates de cette expérience vivifiante. Se rapprochant du lumineux avec une animosité sauvage, le commandant de la flotte de Hadès aux cheveux bleutés poussa un rugissement guerrier avant de se baisser pour esquiver le rayon qui se perdit dans le lointain, éventrant un navire en deux. Chaque nouveau mouvement des protagonistes provoquait son lot de dégâts et, déjà, les pirates s'étaient majoritairement retirés dans les lieux les plus sûrs à leur disposition pour survivre à cette folie.

Alors, il vit la nouvelle attaque du sabreur. Rapide, précise, puissante. Il se rendit compte qu'il était au pied du mur, car malgré son Haki de l'observation, le sabreur le prenait de vitesse et parvenait à le pousser à la faute. La faute ? Pas exactement. Il pouvait parer cette attaque. Difficilement, certes : cela l'enverrait certainement paître ailleurs dans la flotte... mais il s'en sortirait relativement indemne, si l'on considérait la force du coup. Mais s'il faisait cela, il ne pouvait pas attaquer... et il s'était élancé avec trop de volonté pour annuler son mouvement. D'un coup de poing recouvert de Haki de l'armement, il ragea et balança sa main vers l'épaule la plus proche de l'épéiste, l'impactant avec force avant que son épée ne se fraie un chemin sous ses côtes. La plaque de Haki qu'il déploya remplit son office, à première vue : l'impact initial le balança à plusieurs navires de là... tandis que l'épée, elle, continuait de trancher en arc de cercle. Finalement, ce fut l'extrémité extérieure qui passa sa défense, dans une giclée de sang qui provoqua un râle de douleur.

Il s'encastra dans la cabine d'un navire, avant de se redresser en grommelant. Du sang quitta ses lèvres et il observa le liquide carmin dans ses mains avec une fureur renouvelée. Une fureur, mêlée au plaisir de ressentir pareil défi, pareille souffrance liée au passage d'un obstacle. Il était sérieux, alors ? Il envoyait vraiment tout ce qu'il avait ? Il rit, il éclata de rire follement, alors que sa main se portait à son flanc qui saignait encore. Ils étaient tous les deux blessés, mais ils n'abandonneraient pas le combat, pas maintenant. Il s'extirpa des débris et prit une grande bouffée d'air.

- KYOOOOSHIIIROOOOOO !

Ses pieds s'enfoncèrent dans le plancher du navire qui l'avait accueillit et il décolla avec une force telle qu'il fit presque dévier l'embarcation de quelques mètres, l'amenant quasiment à s'enfoncer dans un autre navire non loin. Il fila au travers des airs, avec un seul but : retourner à l'affrontement, un sourire carnassier aux lèvres, une force trépidante en lui. Les bonnes choses avaient tendance à passer très vite et il le savait : malgré leur puissance respective, ils ne combattraient pas longtemps à un tel rythme. Ils étaient tous les deux trop fougueux, trop ardents, trop prêts à sacrifier d'eux-mêmes pour atteindre la victoire. Son pouvoir en était la parfaite représentation... et bientôt, il ferait goûter au sabreur la toute étendue de la douleur qui incombait à ceux qui voulaient arriver au sommet de la Piraterie.

Il ne fit même pas attention à l'explosion qui rasa une partie du flanc Est de la flotte des chasseurs de prime, ni à tous les navires pirates qu'elle emmena avec elle.

Hadès Tenryon, Mijushike Hojo

Son attaque se perdit dans le vide, déjouée aisément par un Mijushike qui avait profité de l'impact initial avec le corps de ce Phénix à la vantardise sans borne. Hadès ne savait pas exactement sur quel pied danser : devait-il rire de la stupidité de ce jeune coq, ou s'agacer d'une pareille effronterie ? Les deux étaient possibles, mais il finalement d'opter pour une simple ignorance de ses bravades. Le temps dévoilerait bien assez tôt l'unique vérité : ils ne gagneraient pas. Il allait les pulvériser, même s'ils tenaient des heures, des jours entiers. Sa flotte allait renverser celle qui lui faisait barrage et, bientôt, Mijushike n'aurait plus que ses yeux pour pleurer la sienne. Était-ce un excès d'assurance ? Un regain de la confiance effrontée de la jeunesse ? Peut-être. Après tout, il avait attaqué de front, concentrant la puissance de son armada au lieu de la disséminer. Il s'était jeté dans la bataille, directement sur le Hojo, au lieu de le pousser à le rejoindre dans la carcasse fumante de ses navires laissés sans défenses convenables. Mais en cet instant, son cœur battait d'une véritable force, d'un souffle nouveau. Un souffle qu'il allait utiliser pour faire taire ce plaisantin.

- Tes pitreries ne fourvoient personne, jeune homme. À moins que tu ne les récites pour tromper tes inquiétudes ?

Un sourire se dessina sur son visage alors qu'il scannait le champ de bataille, aussi loin que cela lui était possible. Il n'était pas un grand manipulateur du fluide perceptif : au contraire, c'était même une capacité qu'il avait tendance à délaisser, si l'on le comparait à ses homologues impériaux. Pourtant, il était tout à fait capable de ressentir ce qui se passait à plusieurs centaines de mètres de là... et la situation était tout sauf rassurante pour ce capitaine, s'il tenait réellement à ses compagnons. Aujourd'hui, il allait apprendre que sa force ne sauverait éternellement qu'une personne : lui même. Tandis qu'une explosion terrible retentissait à l'horizon, le Tueur de Yonkou se figea rapidement, avant de scanner à son tour cette partie de la flotte qui était encore à portée : ce qu'il apprit le soulagea et le rendit tout à la fois très anxieux.

- Si jeunes. Quel gâchis.
- Allez, finissons-en, Hadès !

La voix de Mijushike avait tonné dans le ciel, alors qu'il pointait ses deux bras en direction du Yonkou dans une série de cliquètements. De longues chaînes de munitions dansaient autour de lui alors qu'il pointait des deux bras le pugiliste, dotés de canons que le Cabunk lui avait présenté un peu plus tôt. Il avait été capable de les reproduire et, désormais, il comptait les utiliser. Le calcul était simple : cette pluie de projectiles ne cesserait d'inquiéter le vieux martialiste, tandis que le Fenice pourrait la supporter avec brio tout en se jetant sans cesse sur son vis-à-vis. En d'autres termes ? Il pourrait lui apporter un soutien fort appréciable, bien que dangereux, en espérant qu'ils puissent tenir à distance l'Empereur et le pousser au moins à la retraite.

En cet instant, la victoire lui importait moins que la sauvegarde de la seule chose qui serait éternellement sienne.

Le roulement des batteries s'enclencha et, dans un déluge de feu et d'acier, les balles fusèrent jusqu'à un Hadès qui dansait au travers du rideau meurtrier. De son côté, le Dragon sembla faire demi-tour, s'en retournant vers la flotte. Il était trop gros pour être utile ici, d'autant plus qu'il risquait d'être frappé par la foudre à tout moment : il avait une mission pour lui, une mission qu'il pourrait peut-être remplir avec brio... ou dans laquelle il échouerait tristement. Dans un cas comme dans l'autre, il ne pouvait rien faire de plus dans l'immédiat. De son côté, l'Empereur pirate avait un objectif très simple : attendre la première erreur, la première perte de concentration, pour dévoiler ce dont il était capable.

L'échauffement était fini.

Un massacre.

Un carnage.

Une catastrophe.

Partout, autour de la carcasse éclatée du navire des chasseurs de prime, les flammes montaient vers le ciel au delà de l'océan. Les cadavres éventrés et éclatés des navires emmenaient dans l'ultime repos les silhouette tantôt carbonisées, tantôt brisées de ceux qui les avaient autrefois conduits. Personne n'avait vu venir un choc d'une telle virulence : personne ne l'avait prévu, pour être plus exact. Pourtant, les étincelles qui rougeoyaient dans un souffle surnaturel n'étaient pas des illusions : autour de Lawrence, sur une distance qui dépassait aisément les deux-cent-mètres, le champ de bataille s'était changé en cimetière.

Les combattants les plus forts et les plus aguerris se souviendraient sans doute de ce jour pendant longtemps. De cette déflagration qui les avait épargnés, car ils étaient assez puissants pour y survivre... mais qui avait pris tout le reste. Plusieurs mâts cédèrent et s'enfoncèrent dans les eaux noiraudes et rougeâtres du Nouveau Monde, qui accueillait un nouveau spectacle morbide sur sa surface, une nouvelle litanie de perdition en son sein. Qu'était-il advenu du navire de Mendela Yorkshire ? De Marshall, en plein affrontement contre un duo qui voulait sa mort ? Liao Hojo lui même avait-il été touché ?

Qu'en était-il de Saul, de Enora ? De Serge, de Manson ? Qu'en était-il, de tous ces gens qui s'étaient trouvés là, dans la portée du courroux de l'homme gigantesque ? Combien y avaient perdu la vie ? Combien en porteraient les stigmates ? Qui pleurerait qui ?

On pouvait se le demander. Mais le forban lui même n'aurait pas l'occasion.

Bientôt, son corps entier heurta la surface qu'il craignait de rencontrer. Dans un éclat et une gerbe d'eau, il s'y enfonça lourdement, happé par les vagues de la tempête toujours en cours, l'océan se striant de zébrures qui venaient parfois détruire un navire malchanceux. Alors, la descente commença, inexorable. La malédiction préleva son dû : un corps se changeant en enclume une fois immergé dans un volume d'eau suffisant. Le Supernova aurait pu s'échiner, s'enrager... le résultat ne changea pas, de toute manière.

Quelles furent ses dernières pensées conscientes ?

Bonne question.

Bientôt, l'oxygène lui manqua et il perdit finalement connaissance, continuant de s'enfoncer dans les abysses sombres, loin de toute lumière, loin de toute vie, loin de toute délivrance. Et cette inexorable chute allait laisser des séquelles.

Cara Lroft, Branch

Ainsi abandonné à son sort, Branch était redevenu immobile, amorphe. Il gardait la silhouette inanimée de Synchrone, qui reprendrait sans doute conscience à un moment ou à un autre... si leur navire ne coulait pas avant. Dans un tel cas de figure, la malédiction du Monarque ferait encore son office : pour protéger son maître de la noyade, l'homme végétal terminerait son séjour sur une autre embarcation, ou sur des débris susceptibles de l'accueillir. Malheureusement, si l'action le prenait de court, il pouvait tout aussi bien sombrer comme une enclume... une mort tragique, bercée par l'illusion de paix imposée par les pouvoirs hypnotiques et autoritaires de Centes. Combien, comme lui, auraient alors subi ce sort ? Des dizaines ? Des centaines ? Combien, privés de leur libre arbitre, seraient morts sous l'emprise de la malédiction de Centes Décima, à son niveau le plus inhumain ?

Dans les mains de Lilianna, la situation s'aggravait à vue d’œil. Malgré ses compétences, l'agitation environnante était de trop. Les chocs des boulets de canon sur la coque, qu'ils ne parvenaient pas à percer malgré un feu nourri. Les embardées, provoquées par une Natalia fiévreuse et décidée à sauver les siens. Les cris, le son, le sang. L'aide de Hiko, en tout état de cause, aurait en effet pu être salvatrice : la question était de savoir s'il parviendrait à se dégager de son affrontement pour stabiliser la situation... ce que la demoiselle faisait pour l'heure avec un certain brio, mais malheureusement pas assez de bras pour gérer la colossale tâche qui lui incombait alors : garder en vie une Cara aux portes du trépas, qui luttait encore malgré le voile qui réduisait son âme au silence.

Umi no Kiba : Akai, Bara, Aoi, Ki

Il était réactif. Elle devait le lui reconnaître. En réalité, il était même plutôt doué. Si sa remarque concernant l'Empereur ne provoqua qu'un sourire léger sur son visage, elle s'étonna de voir le grand gaillard proposer aussi sereinement la chose. Quoi, les rejoindre, ici, maintenant ? Alors même qu'ils se retrouvaient assaillis de toute part ? Il ne manquait pas d'air, c'était certain. Le tournoiement qu'il utilisa se heurta à la silhouette de la jeune femme, qui s'évapora. Une image rémanente, sans plus. Elle fut néanmoins positivement étonnée, en passant sous la lame alors qu'elle fonçait dans son dos, de voir qu'il avait anticipé cette manœuvre : l'espace d'un instant, elle remercia son entraînement de l'avoir également dotée d'une certaine expertise. Un coup dans les omoplates ou à la nuque était trop évident : cela avait été, sans doute, la première idée du médecin... auquel cas, elle aurait sans doute pu ramasser ses dents un peu plus loin. En lieu et place, elle s'était directement jetée au niveau du sol dans un mouvement gracieux, en direction de la cheville droite du grand homme qui lui faisait face : le priver de sa mobilité était la première étape. Une fois qu'elle pourrait le prendre de vitesse, alors... elle ferait ce qu'on attendait d'elle. Si le médecin parvenait, à temps, à utiliser son Haki, elle lui laisserait une mince ouverture dans laquelle la repousser. Autrement, elle trancherait dans la chair avant de s'écarter, reprenant en tout les cas un peu de distance.

Pendant ce temps, Damon pourrait sentir une voix s'infiltrer à l'étage inférieur, par le biais même des trappes utilisées jusque là par l'équipage pour bombarder leurs multiples assaillants... tandis qu'Alicia aurait l'occasion de non seulement le ressentir, mais également de voir une forme sinueuse se glisser entre les boulets et les objets glissant chaotiquement au niveau du sol.

De son côté, Ki était déçue. Sa lame, si elle avait fait mouche, n'avait provoqué qu'un risible sillon rougeâtre dans l'épaule du Vampire de jour. Si ce dernier était fort certainement, en plus de la surprise, mis mal à l'aise par la présence de la nuit, il semblait avoir un ange gardien. Les yeux froids de la tueuse croisèrent ceux de la rousse. Elle avait dévié son coup... et cela l'agaçait. Ce coup là devait être propre, sans bavure. Une estocade, un homme à terre. C'était ce qu'on leur avait appris, depuis leur plus tendre enfance. Elle n'avait pas passé des années à s'évertuer à le faire pour voir ses assauts contrés de la sorte. Grinçante, elle ne tarda pas à répondre.

- Le genre efficace.

Vif et précis, son pied droit se leva et alla droit vers le plexus du suceur de sang, dans le but de le repousser plus que de lui infliger une véritable peine. Par la suite, elle se jetterait en direction de la rouquine, dans le but de l'entailler le plus rapidement possible. Elle maniait des lames courtes, comme elle : leur échange se ferait donc de près... et si elle ne parvenait pas à passer sa garde assez vite, viser les poignets serait un incontournable. Incapaciter la cible, puis la terminer. C'était ce qu'on apprenait, au Couvent Noir.

Le vaisseau mère de l'équipage, dont les embardées virulentes avaient provoqué le trépas de plusieurs navires incapables de tenir le choc, était une cible de choix qui survivait malgré tout dans l'enfer. Les projectiles, incapables de briser le bois d'Adam, laissaient des traces noires sur la structure du titan inébranlable. Natalia avait, en tout état de cause, pris une décision salvatrice : celle de permettre  à l'équipage de réduire le flux des assaillants et de prendre du recul, de la distance. Une partie des poursuivants fut bloquée par les carcasses des navires projetés plus tôt par le Fenice lui même, qui s'agitaient dans l'océan déchaîné. Non loin d'Alidia, qui pourrait d'ailleurs trouver des armes blanches à foison dans le sillage des pirates enhardis qu'elle venait de chasser, deux mains assez lourdes s'agrippèrent au bastingage avant de hisser une masse pour le moins inédite.

Pouic

- Pouic.
- Reviens là, putain !
- Nom de dieu, qu'est-ce qu'il est con !
- CANONS ! CANONS !

Une série d'explosions noya les insultes tandis que ceux qui tentaient de rattraper l’énergumène finissaient fort certainement à l'eau, dans le meilleur des cas. La créature étrange, de son côté, fut projetée vers le haut et retomba bêtement sur la tête, dans un "eeeeeeeeeeeeeeeeeh" guttural. Principalement humanoïde, il était difficile de la qualifier directement d'être humain... notamment à cause de la mâchoire proéminente, figée dans une sorte de sourire crispé, qui semblait capable de broyer n'importe quoi. Agitant ses jambes disproportionnées et trop courtes, le machin se retrouva finalement à l'endroit avant de se gratter le crâne, du haut de son mètre soixante pourtant passablement bien musclé et trappu. Il avait voulu venir sur ce bateau, car il était gros. Il aimait les bateaux. Les bateaux, c'était bon. Un peu moins que les maisons, mais assurément plus que les fusils. Les gens aussi, c'était très bon. Plus que les bateaux. Mais celui là était gros, donc il devait être meilleur que les gens qu'il y avait dessus. Sauf que... il était dur, même pour lui. Il n'avait pas pu le boulotter correctement, et maintenant, il avait faim. Il avait faim depuis longtemps, malgré la ferraille qu'on lui servait. Tout ça à cause de l'autre gros bateau, mais on lui avait dit qu'il n'avait pas le droit de le manger. Celui là, non. Et il y avait des gens. Il jeta un regard vide à Alidia, avant de saliver.

- Pouic Pouic.

Il fit quelques pas en avant.

À l'arrière du navire, le Yamaka était parvenu à monter une protection de laine qui pourrait couvrir légèrement le cul du navire, sans pour autant être destinée à durer bien longtemps. Ses coups de feu vinrent cueillir de nouveaux pions de l'armée de Hadès, qui s'échouèrent dans l'océan. Ses efforts furent récompensés par une attaque soudaine, un coup sur l'arrière du crâne qui fit tourner ses yeux au blanc quasiment immédiatement. Son corps se figea, avant de s'écrouler : dans son dos, Aoi se tenait, droite et silencieuse. Elle considéra l'utilité toute relative de le prendre comme otage pour tenter de calmer ses pairs : ils étaient des pirates, et ils étaient déjà aux abois, sans compter la synchronisation avec la horde décérébrée du Tenryon à obtenir... non, c'était perdre du temps. De toute manière, ils n'étaient pas supposés survivre après s'être interposés sur le chemin de l'Empereur, un Empereur duquel elles attendaient toutes les quatre une faveur. Sa deuxième main se leva, la lueur de la lune se reflétant dans l'arme qui ceignait ses doigts. Un homme à terre, un homme mort. La lame exécuta sa sentence.

Pas tout à fait...

Alors que l'acier tranchait vers le bas, une lumière vivace attira l'attention de l'assassin, sur sa droite. Ses instincts firent un choix forcé et, bientôt, elle s'évada sur le côté. La température monta de plusieurs degrés dans sa proximité immédiate alors qu'elle se réceptionnait au mieux quelques mètres plus loin. La langue de feu qui avait manqué de lui caresser le visage s'enroula autour des moulures en bois de la rambarde opposée, sans pour autant parvenir à y allumer un feu. Béni fut le fameux bois rarissime qui la composait.

- WOOOOTOOOO !

Power

Atterrissant non loin de Nook, l'homme bête qui venait de le sauver se redressa de toute sa hauteur. Sautillant sur place, il semblait gonflé à bloc. Et pour cause : lui et ses camarades allaient enfin pouvoir passer à l'action de façon tangible... certes, manœuvrer les canons et synchroniser la flotte était un effort de tous les instants et pour tout le monde, mais il préférait largement la sensation de ses poings qui s'enfonçaient dans quelque chose à la fastidieuse tâche de faire rugir les gueules de fonte cracheuses de poudre et de boulets. Maintenant que la mêlée allait s'engager, il pouvait s'amuser tout son saoul... à sa ceinture, un bébé escargophone se mit à hurler d'une voix rauque.

- On avait dit qu'on y allait ensemble, mec !
- Désolé les gars, vous preniez tellement de temps que j'ai décidé de vous devancer un peu !
- Ouai, bah laisse nous en un peu, clampin !
- T'as vu la gueule de la flotte de Hadès ? J'sais que je suis bon, mais quand même...

Tout ce qu'il savait, c'était que ce navire là était un navire allié : il n'avait pas d'état d'âme particulier à travailler avec des forbans, alors ça lui convenait. Dans la direction d'où il venait, des navires étaient en approche imminente et ne manqueraient pas de venir percuter ceux des pirates une fois que le Kibo se serait avancé, clôturant sa route de fuite. Les chasseurs avaient pris du temps, mais ils étaient finalement arrivés... et ils avaient plus d'un tour dans leur sac. Car si Ragnarock menait désormais la flotte dans une optique simple de noyer les traqueurs de primés sous le nombre dans une mêlée les privant de leurs atouts principaux, il était un fait que lui même avait du considérer.

Ce que Mijushike perdait en quantité, il le rattrapait largement en qualité... et pour chaque chasseur qui tomberait, plus de cinq pirates risquaient de le suivre dans l'au-delà. Sans compter les têtes d'affiche qui restaient en réserve. Observant le garçon au sol, il s'interposa ensuite entre lui et la tueuse, qui le dardait d'un regard froid et méprisant. Elle détestait être interrompue dans son travail... d'autant plus par quelqu'un capable de la prendre par surprise, et quasiment de vitesse. Toujours en sautillant sur place, l'homme-chien afficha un rictus.

- Hé, les pirates ! Enfin... ceux qui sont avec nous, quoi ! Vous feriez bien de mettre votre gars en sécurité !

Il était avant tout là pour casser du primé, pas pour en secourir. Malgré tout, il devait reconnaître qu'il avait vu le jeunot se battre avec une admirable détermination : il semblait maudit d'un pouvoir générateur et savait se débrouiller avec un pistolet. Autant dire que cela avait grandement conditionné sa survie : sans cela, Power n'aurait peut-être même pas réussi à le distinguer de ses cibles... mais tant qu'à faire, autant conserver un maximum de têtes en vie. Il fit craquer ses poings et riva ses yeux dans ceux de Aoi, alors que quelques coups de poing dans le vide "pour s'échauffer" dégageaient déjà de petites langues de flamme.

- Alors, on est timide ?
- ...

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- C'est quoi, ces trucs ?
- J'sais pas, abattez les !

Les tireurs s'exécutèrent, sur plusieurs navires, tandis que les balles pleuvaient en direction des petites formes dans les airs. Des petits paquetages portés par une hélice et un moteur... à première vue rien de bien méchant. Aucun n'était passé au dessus du Kibo no Felicity et, en réalité, ceux qui avaient progressé depuis les navires des chasseurs de prime jusqu'à la flotte de Hadès semblaient même avoir eu un comportement relativement intelligent. Lorsque les boites s'échouèrent sur les navires en contrebas, lorsque les hélices se brisèrent et que tout danger sembla être écarté, un message enregistré dans un tone dial s'activa dans un déclic.

- Ça enregistre, là ? Ah... ouai ! Heu, bah, C'EST UN PRANK !

Deux pirates se regardèrent, indécis.

Leur navire fut ponctué d'une large explosion, pas assez pour le couler mais bien assez pour ravager sa surface et mettre en déroute son équipage... comme une multitude d'autres dans les environs.

Oreo "Cabunk" Nabisco

- CABUNK ! Mangez ça, bande de pas beaux !

Sautillant sur place, le petit ingénieur affichait un sourire satisfait. La situation, au global, était assez mauvaise pour l'heure : en l'absence de Mijushike, avec Elria à l'infirmerie, Tégée avait du se déplacer jusqu'au navire amiral pour reprendre les rennes de l'opération. Si le chercheur ne doutait pas de la capacité du vieil homme à faire rentrer la foultitude de chasseurs impétueux ou paniqués dans le rang, il avait plus de mal à imaginer une fin sereine pour le flanc Ouest... cette explosion était très inquiétante. Mais si les boucaniers de l'Empereur pugiliste voulaient jouer à faire exploser des choses, ils avaient définitivement trouvé des concurrents solides. De toute part, les éclairs continuaient de pleuvoir et d'être renvoyés par les canons électriques, qui prélevaient un tribut lourd dans la flotte du Tenryon. Même s'il gagnait cette bataille... à quel prix ? Le Nabisco avait du mal à le comprendre, mais il n'était pas là pour ça. Bientôt, le canon principal serait en mesure de tirer à nouveau. Et ils avaient encore un autre atout dans leur manche, maintenant que l'océan avait été "normalement" lavé de ses obstacles...

- Préparez les mines de proximité ! Avant qu'ils ne nous percutent, on les enverra par le fond !

Lorsque les deux flottes se rencontreraient, dans les minutes qui suivraient, d'un côté comme de l'autre l'addition risquait d'être salée. Néanmoins, la situation à l'Ouest semblait tendre à se stabiliser : la déflagration gigantesque semblait avoir pris tout le monde de court et, un peu plus loin, le dragon géant que Mijushike avait préparé avant la bataille sur son vaisseau mère revenait à la charge... une créature qui, si elle n'était pas du niveau de son maître, ne manquerait pas de ravager les rangs d'Hadès tant qu'une tête d'affiche ne s'assurait pas de sa mort, ou de la faire tomber dans l'océan. Car dans le sillage des antennes installées en prévision de la tempête, la bête risquait fortement de se protéger des éclairs.

Agrid Maslow Jr.

- AGRID MASLOW JR. ! SOUVIENS-T'EN !

En plein vol plané vers le lumineux, le combattant sentait son coeur pulser, balancer le sang dans ses veines avec une furie inébranlable. Il n'avait pas eu de combat comme ça depuis un bail et ça le rendait vivant, de la façon la plus dégueulasse et satisfaisante possible. Le sang coulait de ses blessures, ses vêtements étaient entaillés et déchirés de toute part, son corps était marqué de toute part. Pourtant, il se sentait capable de continuer cette danse pendant des jours entiers... mais il savait que ce ne serait pas le cas. Ils étaient trop passionnés et acharnés par leurs échanges. Alors il allait devoir s'assurer que des deux combattants, il serait le seul à repartir sur ses deux jambes. Une réalité qu'il comptait couler dans le béton historique de cette bataille dans les minutes qui suivraient.

Lorsque la multitude de lames se dirigea vers lui, il para avec dextérité la majorité d'entre elles grâce à un haki de l'armement savamment maîtrisé et un jeu de bras expert. Quelques entailles supplémentaires vinrent s'ajouter au compteur global alors qu'il souriait. Il y était presque ! D'un coup de bassin puissant, il effectua une rotation et recouvrit son pied de Haki de l'armement avant de frapper. Il l'avait ! Son tibia s'enfonça dans quelque chose... mais ce n'était qu'une chimère, car l'homme-lumière s'était effacé à l'instant même où il pensait pouvoir le percuter. Il avait pensé pouvoir le prendre de vitesse... et il avait eu tort. Ses yeux s'écarquillèrent et il tourna son regard vers les cieux, où l'assaut inattendu se produisait déjà.

Il encaissa la sphère avec un cri enragé, tandis qu'il était projeté en direction d'un navire en contrebas dans lequel il s'encastra. L'explosion résultant de l'impact ravagea la surface de la caravelle, la laissant à l'état de bois calciné et embrasé. La silhouette du lieutenant de Hadès, cependant, se redressa à nouveau en lorgnant en la direction de l'épéiste. Ce dernier le pointa de son épée, le défiant une nouvelle fois. Ils étaient fourbus, roués de coups et assurément dans un état impliqué par leur propre imprudence. Pourtant... la vitalité qui emplissait les muscles de Agrid était exceptionnelle. Il était un combattant, un guerrier, une bête. Jour et nuit, il vivait pour se battre. Qu'il pleuve, vente, ou fasse grand soleil. La rage qui l'animait ne s'éteindrait jamais. Car c'était là ce qui risquait de se produire pour celui qui échouerait : la mort, seule chose pouvant les empêcher de s’évertuer dans cette chevauchée martiale qu'était devenue leur vie. Il fit craquer ses poings avant d'éclater le mât brûlant à sa gauche, enfonçant ses doigts dans le bois avant de l'infuser de son fluide de l'armement.

- TU L'AS DIT !

Il projetterait ensuite le mât, avant de se se catapulter dans la direction que son Haki de l'observation lui indiquerait, dans le but limpide de fracasser à nouveau le corps de l'épéiste de ses poings ou de ses pieds. Il éviterait cependant de jouer dans les airs : il était visiblement perdant sur ce plan et ce n'était pas une erreur qu'il comptait réitérer...

Hadès Tenryon, Mijushike Hojo

Ce chasseur de prime était agaçant. Ses tirs continus empêchaient le pirate d'agir à sa guise, tandis que le maudit mythique se permettait pour sa part une marge de manoeuvre bien plus large du fait de sa malédiction régénératrice. Etait-ce à cause de ce pouvoir qu'il affichait autant d'impertinence et d'irrespect ? Sans doute. La sensation d'immortalité, qu'il devait souvent effleurer du bout des doigts, avait de quoi être grisante. Le Tenryon ne pouvait lui même que le reconnaître : échapper à la vieillesse avait été un épisode récent de sa vie haut en couleur, dans lequel il s'était vu frappé d'un plaisir indescriptible. Rare était l'homme qui ne craignait pas la mort ou le déclin et, en tout état de cause, trouver une parade à ces deux concepts était une quête que beaucoup désiraient entreprendre...

déviant les balles avec une maîtrise suprême de son Haki de l'armement et une série de gesticulations millimétrées, tout en continuant à se déplacer pour forcer le Hojo à user d'un maximum de ses balles qu'il imaginait aisément être limitées, l'ancien vieillard observa l'attaque en piquée du Phoenix avec un certain dédain. Essayait-il de le prendre de court de façon aussi grossière ? Considérait-il que, maintenant que le chef de l'Alliance le soutenait de façon active, il était possible pour lui de simplement foncer bêtement en sa direction ? La leçon d'un peu plus tôt ne lui avait pas suffit... ou du moins le pensa-t-il. Car lorsque son poing se décala sèchement dans le but de rencontrer la plante des pieds de l'oiseau azuré, il n'y trouva qu'un vide qui l'alerta.

L'instant d'après, il avait réagi avec une dextérité fascinante, mais cela n'était pas suffisant. Si le poing de Nakata ne percuta pas son visage, il ne manqua pas de s'enfoncer dans sa clavicule droite en lui arrachant un regard colérique. La puissance du coup fit dégringoler l'Empereur de ses appuis tandis qu'il poussait sur ses jambes pour atténuer l'impact. Bientôt, il dévala une bonne centaine de mètres avant de s'arrêter dans une montagne dans laquelle il s'encastra sèchement. Mijushike, de son côté, ne rata pas l'occasion qui s'offrait à lui : ses munitions s'asséchaient à vue d'oeil, alors il fallait passer à la vitesse supérieure. Déroulant un large parchemin, il y apposa sa main avant d'en extirper un large canon qu'il plaça sur son épaule avant de tirer en direction de la poussière. Bientôt, une partie impressionnante de la surface rocheuse s'écroula là où Hadès se trouvait toujours... en témoignait sa voix qui semblait toujours au même endroit.

Malgré un moment de battement, Mijushike profita de l'occasion pour se débarrasser de ses armes devenues inutiles, les renvoyant à l'état d'encre amorphe, tandis qu'il se dotait de son pinceau fétiche pour dessiner une multitude de schémas sur le sol et dans ses parchemins. Il devait profiter de l'air que lui offrait le Nébula à ses côtés pour reprendre l'avantage du terrain. Hadès était meilleur que lui en combat pur et direct : c'était un fait qu'il reconnaissait aisément. Mais avec un peu d'astuce...

- "Mon Capitaine" ?

Suite à ces mots, une large fissure ravagea l'intégralité de la zone entre les deux combattants qui faisaient rempart au prestigieux pirate et lui même. Pestant, Mijushike se jeta sur le côté et effleura la roche des doigts, semblant y faire prendre forme une chaîne terminée par une lourde et dense boule en titane. Pendant ce temps, les débris de la montagne qui avaient commencé à s'évacuer suite à l'attaque surprenante explosèrent tout simplement dans un mouvement prodigieux, avant qu'Hadès ne se retrouve droit devant le Phoenix dont il voulait se débarrasser momentanément.

- Je suis le Capitaine, idiot.

Son poing, semblant luire sous la lune, s'enfoncerait alors sèchement dans l'estomac du maudit... sauf s'il tentait de s'en prémunir : avec une vitesse ahurissante et une précision monstrueuse, le pugiliste adapterait sa posture et son mouvement pour finalement frapper en plein visage, alors même que le Zoan protégerait avidement ses abdominaux. S'il tentait de s'esquiver plus que de faire face, alors il se saisirait sans doute de la partie de son corps la plus proche pour profiter de son mouvement et le projeter au loin. Le but était de pouvoir revenir sur Mijushike, qui gagnait en force à chaque seconde lui permettant de dessiner : pourtant, malgré le déluge de coups précédents, Hadès semblait en pleine forme... car c'était la réalité d'un combat d'un niveau de ce type : à ce stade, les protagonistes n'étaient plus que des monstres, et les échanges pouvaient continuer éperdument, s'étaler sur des jours entiers, sans qu'un vainqueur ne soit même décidé...

Mijushike, de son côté, se dirigea en direction du duo en amorça un coup dans le dos d'Hadès : ainsi, même s'il parvenait à écarter le Fenice, il devrait faire montre d'une adresse notable pour encaisser l'assaut du maître des chasseurs de prime sans broncher. Le Hojo savait bien que cette arme ne lui servirait qu'une fois, car dès que le Tenryon l'aurait en main, il la lâcherait... mais pas exactement tout de suite.

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Au large, dans la direction qu'empruntait le Kibo, la silhouette d'un navire tranchait dans l'horizon droit et limpide formé par le ciel de nuit et l'océan. Cette embarcation inconnue ne serait pas là avant de très longues minutes... amie, ennemie ? Un énième suivant de Hadès se jetant dans une bataille dont il avait loupé le départ ? Des alliés de circonstance ? Il était impossible de le savoir tant que la rencontre n'aurait pas eu lieu...

Dans le lointain, quelques rugissements semblables à celui poussé par le Madoka s'échouèrent dans les oreilles des plus avertis et des plus éloignés des affrontements qui faisaient rage. L'influence du vieux chasseur était loin de s'arrêter à sa simple renommée... surtout dans le Nouveau Monde, un territoire qu'il avait appris à apprivoiser grâce à sa longévité exceptionnelle et sa malédiction terrible.

Cara Lroft

Ses poumons se remplissaient de sang. Elle cracha inconsciemment une nouvelle gerbe, tandis que ses voies respiratoires se figeaient, se bouchaient avec son propre liquide carmin. La concentration tourna du pourpre au noir et bientôt, ses signes de vie commencèrent à s'estomper. Malgré toute sa bonne volonté, Lilianna ne pourrait pas sauver Cara... pas seule. Malheureusement, c'était ce qu'elle était : seule. Désespérément seule. Le Nouveau Monde n'avait laissé que peu de choix à l'équipage de rookies qui, malgré une ténacité admirable, essuyaient les assauts et l'intempérie plus qui ne les chevauchaient. Quant à la Lroft... elle était pour l'heure un symbole, un exemple de la cruauté de cet océan. Jetée dans les bras d'une cause qu'elle détestait, privée de sa volonté, envoyée au front et trébuchant jusqu'à la mort pour les idéaux d'un tyran... en un mot comme en mille, elle avait été privée de tout.

Et si rien n'était fait dans les maigres secondes qui suivraient, elle mourrait privée de tout. Privée de son honneur, de sa dignité, de sa libre pensée. Désavouée de tous ses combats, de tous ses rêves. Bafouée jusqu'au plus profond de son cœur. Un pantin jeté après un usage trop violent, une marionnette déchirée par l'effort, un simple morceau inerte de matière au sang réel activant des gestes factices. Une femme radieuse, une perle de ce monde si sombre, transformée et condamnée à vivre ses dernières heures dans les ténèbres qu'elle n'avait cessé de combattre depuis qu'elle était capable de mener une bataille, de défendre quelque chose...

Akai, Ki

Son attaque avait porté ses fruits ! Maigrement, certes... mais cela restait un début encourageant. Si elle pouvait l'entailler successivement de la sorte, alors elle finirait par le saigner, petit à petit. Il était massif, plein d'énergie et certainement pas prêt à abandonner : cela risquait de prendre un moment... mais quelque chose lui disait qu'il était le genre d'adversaire dont il valait mieux se débarrasser en priorité. Elle pouvait lire sa dangerosité dans ses yeux, malgré la nonchalance qu'il dégageait jusque là. Quelle pitié, vraiment... du moins, c'est ce qu'elle était en train de se dire, s'apprêtant même à le remarquer à haute voix, lorsque la navigatrice l'invectiva de façon tout à fait délicieuse. Elle se tourna vers la nouvelle menace, n'ayant guère le temps de converser plus avant, l'attaque invisible fonçant vers elle avec voracité. Dégainant un stylet, elle para l'assaut en le tranchant à son tour à l'impact : cela lui permit de garder une posture stable tandis que, comme prévu, l'épaisse lame du docteur s'activait dans sa vision périphérique...

Elle sauta par dessus l'assaut, avec une vélocité terrible. Mais déjà, le poing de Hiko fonçait vers elle, et elle se rendit compte que son sac à option était bien vide : parer... ou parer. Le tout dans une posture bien précaire. Elle décida alors de ne pas laisser les choses se passer avec tant de simplicité pour les forbans : déjà, elle doutait de sa capacité à infliger un revers cuisant au médecin. Sa comparse, cependant... c'était une autre histoire. Se hâtant, elle décocha une série d'aiguilles en direction de Damon et Natalia. Son objectif ? Il était simpliste. La navigatrice serait une gêne et chaque seconde passée avec elle de plus dans l'équation serait un risque colossal... en plus d'être en mesure de manipuler le navire avec brio. Quant à l'homme stoïque, elle le soupçonnait de s'interposer et voulait simplement détourner son attention. Aussi chercha-t-elle principalement à toucher une série de points nerveux d'importance dans le bras et la jambe de la navigatrice qui était vers elle, en plus de cibler l'un de ses yeux. Si elle y parvenait, alors leur tentative de fuir la mêlée deviendrait bien plus corsée... elle n'eut cependant pas le loisir d'observer le résultat de son assaut. Plaçant maigrement son bras droit en face de son visage, elle sentit un hurlement ronger sa gorge, retenu par une volonté terrible, alors que l'os craquait sous le choc. Elle avait sacrifié le peu de défense qu'elle pouvait établir pour ce geste... elle en payait désormais le prix. Son corps frêle fut projeté par dessus bord et elle sembla disparaître dans le chaos environnant... la tempête, la nuit et les multitudes de voix aux alentours rendant toute recherche fort complexe.

De son côté, Ki se jeta sur la Crown avec une certaine promptitude. Ses assauts commencèrent par tester la garde de la renarde, afin d'y déceler une quelconque faille. Puis, ils ciblèrent principalement ses poignets, pour la forcer à dévier de façon précaire. Un coup de pied s'ensuivit, en direction des côtes de la demoiselle, mais il fut repoussé par une garde assez stricte. Elle jouait sur la défense... il allait donc falloir la pousser à s'ouvrir un peu. Observant Alidia un peu plus loin, tandis qu'elle se lançait sur l'étrange gnomet, la demoiselle jeta en sa direction un Kunai... un assaut qui n'avait que peu d'impact, certes, surtout en connaissance du niveau de la loutre-garou. Cependant, dans la cohue, tout pouvait semblait bien funeste... surtout lorsque la concentration était brisée. Que ferait alors Kari ? Sauterait-elle sur l'ouverture, dévierait-elle le projectile ? C'était à elle de décider sur le tas...

Aoi, Power

Les coups s'enchaînaient à une vitesse plutôt impressionnante. Sourire aux lèvres et babines au vent, Power semblait prendre son pied dans l'échange... il regrettait juste que la charmante poulette en face de lui sembla bien plus réservée et froide, comme un glaçon dans un martini. Esquivant une série de coups destinées à trancher sa peau en de multiples endroits, il répliqua d'un coup de pied, son armure légère le préservant d'une parade à l'acier. Reculant de quelques mètres, l'assassine reprit ses appuis. Quelle plaie... il ne la laissait pas s'approcher d'un millimètre du corps qui, bientôt, fut retrouvé avec hâte par le vampire de jour. Alors que la bleutée faisait un pas vers le duo, le pied flamboyant de l'homme-bête s'interposa dans son champ de vision.

- Mieux. Je vais pouvoir y aller à fond, maintenant. Dis à tes potes de tenir bon... les miens devraient plus tarder.

Quelques secondes, peut-être ? Cela pouvait paraître long, sur un champ de bataille... mais ils devaient endurer, encore et encore. Ils devaient endurer pour leur survie, pour le bien de cette bataille même. Car ce qu'ils ignoraient sans doute, considérant le fait que leur vie ne tenait qu'à un fil, c'était l'impact positif qu'avait leur position pour les chasseurs de prime... et c'était peut dire. Des détonations multiples, plus importantes que les autres, retentirent bientôt non loin du Kibo no Felicity, suivant avidement une partie de la ligne de front du Tenryon. Les mines déployées par ce fou furieux de Cabunk faisaient un effet remarquable... mais l'impact était imminent. Les flammes enveloppèrent bientôt le corps du canidé bipède.

- C'est pas tout ça... mais tu m'as chauffé, là.

Bara

Putain. Elle avait pourtant tout fait pour se glisser discrètement dans la cale... le reste aurait alors été un jeu d'enfant. Pas un bruit, rapidement et avec efficacité, elle aurait pu commencer son travail glauque d'extermination. Une morsure après l'autre, avec une vitesse fulgurante et un traumas physique à vous en couper le souffle, elle aurait pu les avoir avant même qu'ils ne parviennent à s'organiser. Elle allait visiblement devoir se contenter d'une seule victime... une seule victime, qui serait sans doute la demoiselle aux sens augmentés : elle l'avait fait remarquer et elle allait payer pour avoir ouvert sa putain de gueule.

Glissant avec promptitude entre les obstacles, la demoiselle bondit littéralement vers l'avant de son corps noueux et serpentin. Sa forme totale lui permettait d'adopter des capacités terrifiantes pour ce genre de situation : comme une anguille, elle pouvait se mouvoir avec dextérité, d'une manière sinueuse et leste... avant de finalement frapper comme un boulet de canon. Ses crocs acérés se dirigèrent droit vers l'épaule de la demoiselle, qui risquait d'avoir le plus grand mal du monde à se dégager de là... pas sans interposer un autre de ses membres à la mâchoire venimeuse qui, en tout état de cause, était largement capable de la transpercer comme du beurre.

Pouic

- Pouic ?

Lorsque la demoiselle dégaina de quoi combattre, le nain sembla marquer un instant de pause, avant de reprendre un rythme plus assuré. Puis vint la première attaque et ses yeux s'écarquillèrent : était-il surprit par une telle vitesse ? Assurément, Alidia faisait partie des combattants les plus vifs et expérimentés de cette bataille, si l'on tentait d'en faire un ratio cohérent... d'ailleurs, il sembla ne pas vraiment réaliser l'assaut dont il était victime et souleva son tibia en poussant un "Eeeeeeeeeh" creux, tandis qu'une estafilade marquait sa peau dure et sèche. Pourtant, cela ne dura pas bien longtemps : il se pourlécha une nouvelle fois les babines et attrapa le couteau qui arrivait en plein vol. Un bruit strident retentit, semblable à celui d'une scie passée sur une plaque d'alliage. Quelques étincelles s'éparpillèrent d'ailleurs en dehors de sa bouche. Il avala goulûment ce qui devait rester de la bouillie métallique, avant de pencher sèchement la tête sur le côté. Cette madame avait à manger sur elle, en plus d'être à manger elle même... de là, c'était open bar. Bien qu'il n'eut pas vraiment conscience des limites en premier lieu. Il éluda toute réflexion, n'écoutant que son estomac alors qu'il se jetait vers le deuxième bras de la pêcheuse, tandis qu'elle fonçait elle même sur lui.

Il avait faim... et à la vue de sa vitesse qu'il pouvait déployer et de la vibration dans ses mâchoires, la demoiselle risquait fortement de perdre un bras dans la cohue si elle se permettait de la sous-estimer. Il continuerait à la charger avec une gourmandise hors normes, comme un boulet de canon couplé de façon peu catholique à une tondeuse détraquée. Sauf que peu de tondeuses étaient capables de broyer du titane avec les dents...

Ragnarock, Jormungand

- J'en ai assez vu.

Ils arrivaient au moment crucial. Les flottes se rencontraient enfin et, déjà, les hordes du Tenryon en surnombre déferlaient sur les navires des chasseurs leur barrant la route. Quant à lui, il était en position d'infliger un coup terrible à ces maudits traqueurs... à commencer par le navire qui tirait ces insaisissables et terrifiants traits électriques, capables de les réduire en cendres. Dégainant son épée sous le regard approbateur du bras-droit de Hadès, qui s'était déjà mis à l'oeuvre en coulant plusieurs navires dans leur progression terrible, Jormungand passa à l'acte. Celui que l'on craignait pour le silence terrifiant qui accompagnait ses coups les plus mortels et ses yeux froids comme l'au-delà asséna une taillade puissante, de gauche à droite, dans les rangs des chasseurs qui se trouvaient pourtant bien loin de là... mélangeant une attaque de tranche particulièrement terrible à son propre style, développé suite à des années d'un entraînement rigoureux.

Alors, le bois des navires en face de lui commença à a se craquer dans une longue tranche longiligne, celle que sa lame aurait pu faire, s'il avait seulement été à distance de frappe raisonnable... pourtant, nulle lame d'air ne s'échappait de son épée, nulle émanation d'une puissance terrible qu'il était capable de canaliser. Il avait tout simplement tranché au travers de la distance qui le séparait de la flotte adversaire et la résultante était pratiquement mortelle : plusieurs navires de la première ligne se retrouvèrent striés d'une balafre morbide tandis que le sang giclait à l'intérieur, alors que la cicatrice éthérée continuait de détruire le bois... jusqu'au navire amiral de Mijushike et au canon, qui était sa cible principale. Canon qui s'apprêtait d'ailleurs à tirer à nouveau...

Canon qui ne bougea pas d'un pouce car l'onde terrible laissée par l'absence de l'espace qu'il venait de provoquer s'estompa violemment et sèchement, rencontrant le chemin d'une autre lame. L'épéiste écarquilla son seul œil visible, taisant l'insatisfaction qui monta en son sein lorsqu'il réalisa qu'on venait de contrer au moins une partie de son attaque.

Tégée Deimos

Sa lame vibrait encore dans le creux de sa main. Du haut de ses quatre-vingt-ans, Tégée était à des lieux de se trouver là où il devait se trouver. Il aurait dû être près d'un feu, à cette heure. À tranquillement fumer sa pipe en sirotant un peu de verveine, repassant ses échecs les plus crasseux et ses réussites les plus flamboyantes comme un film en sa mémoire. Pourtant, cette vie n'était pas pour lui : car malgré le mal dans ses vieux os, malgré le blanc de ses cheveux et malgré la faiblesse qui guettait son corps chaque jour passant, il était encore capable de prouesses que ces foutus pirates risquaient de constater bien assez vite... il souffla tandis qu'il effectuait un geste leste dans le vide, rengainant son sabre. Celui là n'allait pas faire l'affaire. S'équipant d'une claymore massive, qui faisait presque sa taille, il la leva au dessus de lui avant de frapper de toutes ses forces dans le vide qui le séparait des lieutenants de Hadès. Jormungand ne parerait pas l'attaque... et pour cause : elle n'arriverait jamais à eux. Elle frapperait l'océan, directement, avant de provoquer une vague vorace en leur direction.

Le Deimos faisait partie des meilleurs combattants du Hojo, en plus d'être l'un de ses conseillers fidèles : il comptait bien montrer qu'il n'avait pas usurpé ce titre... ce qui, en tout état de cause, risquait d'être à la fois facile et difficile face aux deux pointures dans son champ de vision. Il souriait cependant : il n'était pas seul. Il devait juste tenir bon...

Agrid Maslow Jr.

- ORA ORA ORA ORA ORA ORA ORA ORA ORA!

Les coups s'enchaînaient à une vitesse folle, sur ce terrain de combat improvisé. L'épéiste l'avait défié dans ce nouveau ring, qui consistait plutôt en un terrain d'escrime tout à fait affriolant quand une véritable arène. Pourtant... pourtant, Agrid se sentait vivre comme jamais. Ses poings, recouverts du Haki de l'armement, ne cessaient de percuter les lames de son adversaire en le poussant à un recul avisé. Quelques estafilades vinrent bientôt marquer son corps de nouvelles blessures, mais il ne reculait pas : il frappait, il frappait, il frappait sans relâche avec la force d'un titan et la rage d'un félin dominateur. Ce que Kyoshiro perdait frontalement, il le rattrapait par des capacités de déplacement qui dépassaient l'entendement. Pourtant, le forban le savait : il pouvait vaincre. Il devait vaincre ! Il ne laisserait pas cet épéiste l'emporter. Il lui prouverait que pour sortir vivant de ce combat, il était celui qui disposait des atouts... en attendant, leur valse continuait dans les cieux. Néanmoins, elle finirait par arriver à ses termes.

Car s'ils étaient capables de continuer encore et encore, jusqu'à ce qu'ils donnent une dernière fois tout ce qu'ils avaient, le projectile qui leur servait de support finirait par terminer sa course.

Il volait au delà du champ de bataille, avec une férocité sans nom. Un éclair passa près d'eux, manquant de les éclater en plein vol, mais les deux guerriers ne lâchaient rien. Les crocs dehors, le Maslow Jr. ne prêtait que peu d'attention à l'échéance qui les attendait tous les deux. Bientôt, il para une nouvelle technique de Iai, non sans sentir la lourdeur de son propre corps se manifester, avant de percuter Kyoshiro avec une force renouvelée. Direct au corps, parade bienheureuse ? Il ne le su pas, car bientôt, le mât s'écrasa dans quelques choses de plus gros... quelque chose qui les propulsa non loin, dans un enfer de flammes et de sang où les échos d'autres affrontements se faisaient encore entendre. Une attaque caoutchouteuse ravagea ce qui se trouvait à quelques dizaines de mètres, mais le terrible pugiliste cracha du sang avant d'ignorer ce détail. Il se redressa, cherchant des yeux son ennemi juré.

Liao Hojo, Mendela Yorkshire

Il s'était esquivé juste à temps pour éviter un contrecoup malencontreux. Le mât, étrange projectile, s'était écrasé non loin d'eux et avait interrompu leur danse. Il en était pour l'heure le plus avantagé : malgré un Haki de l'armement terrible, Liao faisait montre de trop d'imprudences, de fougue et de colère. Il cherchait le contact plus que de raison et, s'il était en mesure de véritablement le blesser, la plupart de ses attaques l'effleuraient en ne provoquant que des dommages peu notables. Le feu ne lui causait aucune douleur et si le fils de Mijushike maîtrisait cet élément à la perfection, il ne lui était que peu secoureur dans cette situation : Mendela se riait des assauts non directs... jusqu'à maintenant. Lorsqu'il se rendit finalement compte, aussi bien à cause de son Haki de l'observation que de ses yeux, de l'identité de l'un des deux troubles-fête, il grinça des dents.

- Kyoshiro...

C'était l'occasion rêvée. Le tueur de Supernova soufflait encore, à plusieurs mètres de là. Il était bien mal en point, mais pas encore vaincu : pourtant, il serait incapable de l'arrêter s'il procédait de la sorte... et il avait encore un compte à régler avec le lumineux qui, de son côté, était certainement encore en train de rassembler ses esprits. Il fonça donc vers l'avant, bras en piquée, prêt à administrer à l'infortuné second de Tengoku no Seigi une frappe terrible.

- BOUGE, MENDELA !

La main solide de Agrid le percuta en plein visage, en une sorte de simulacre de claque qui ne lui provoqua guère de douleur, mais qui le projeta au loin. Il traversa plusieurs débris avant de finalement s'arrêter sur les genoux, pestant. Ce chien venait de le frapper en plein visage ! Et pour... quoi ? Il courrait désormais vers le logia avec l'écume aux lèvres. Agrid refusait catégoriquement de voir ce parvenu, cet opportuniste de trappeur misérable, de prendre la vie de SA cible. Aussi l'avait-il éconduit avec une puissance remarquable... sans pour autant administrer de Haki dans son coup. Il devait le garder pour plus tard. Lorsqu'il pourrait...

- N'interfère pas, putain !

Une vague de flammes carnassières enveloppa le corps entier du lieutenant de Hadès, qui poussa un hurlement d'agonie avant de se retirer d'un bond preste et calculé. Plusieurs roulades au sol lui permirent d'éteindre la majorité des flammèches, qu'il se contenta de terminer d'un geste de la main rapide et agacé. Haletant, saignant de ses nombreuses blessures mais toujours fier, Liao venait d'offrir un coup de main inestimable à ce forban qu'il ne connaissait guère... pourtant, un simple coup d'oeil, suivi d'une réminiscence des paroles de son père, lui fit comprendre qu'il avait fait le bon choix.

- Quelle journée de merde. Tu peux te lever, le ruffian ? Parait que vous êtes avec nous, t'as intérêt à le prouver.

Déployant son éventail, il se prépara à repartir à l'assaut. Aussi courroucé put-il être par la présence de deux nouvelles pointures de la piraterie dans sa proximité immédiate, il devait reconnaître que le lumineux tombait à pic... avec son aide, ils pourraient peut-être en finir avec le Yorkshire, qui était la cause première du chaos les entourant. De son côté, l'ancien Corsaire s'approcha de Agrid avec un air sombre.

- On va devoir travailler ensemble, que ça te plaise ou non.
- Bordel. Fais comme tu veux, mais si tu te mets en travers de ma route, je t'étripe.

Il cracha un nouveau glaire de sang et de salive avant de se redresser. Le quatuor se faisait désormais face... et tout semblait mener vers un deux contre deux qui risquait de marquer durablement cette partie de la bataille.

Hadès Tenryon, Mijushike Hojo

- Vous avez le mérite de me divertir, je ne peux que vous le concéder !

Déjà, le jeune blondinet revenait à la charge. Déjà, l'Empereur sentait l'intention néfaste dans son dos. Ces deux adversaires étaient valeureux : cela lui faisait mal de l'admettre dans le cas du jeune paon, qu'il comptait bien écraser vivement pour son impertinence. Pourtant, il trouvait en lui un combattant mesuré, capable de s'adapter et de réfléchir, avec un contrôle excellent de sa malédiction sur laquelle il était autant capable de se baser que de capitaliser... quant au renommé Tueur de Yonkou, il ne déméritait pas. Il aurait sans doute été capable de prouver que son titre n'était pas une simple chimère, en d'autres lieux... mais ici, Hadès avait l'avantage. Chose dont il se félicitait, d'ailleurs : le chef de l'Alliance des chasseurs de prime produisait des astuces et des armes à une vitesse inhumaine. À ce titre, à quel point pouvait-il être dangereux en terrain déjà conquis ?

Plaçant une main dans son dos, il attrapa l’extrémité large de l'arme manipulée via chaîne que venait de construire son ennemi initial. Mijushike comptait sans doute sur l'efficacité du Zoan, qui s'était fait éconduire douloureusement... une erreur qu'il ne reproduirait pas deux fois : aussi le plus puissant pugiliste au monde devait-il prestement en tirer profit. Alors que le Phoenix revenait à la charge d'une manière tout à fait surprenante, le Yonkou le darda d'un regard glacial comme la nuit la plus noire. Il lui imposa alors toute sa volonté, toute sa présence. À lui et seulement à lui. Il le cribla de ses yeux impérieux et, silencieusement, projeta toute sa royauté sur lui d'une façon virulente. Oh, il ne tomberait pas dans l'inconscience : il était d'ores et déjà trop volontaire et trop puissant pour cela. Cependant, il risquait très fortement d'être pris d'un vertige soudain et surprenant... un vertige qui le rendrait plus faible, plus lent pendant quelques instants. Un malaise passager. Tout ce qu'il fallait pour subir une déconvenue cuisante, dans un combat de ce niveau.

S'adaptant aux mouvements du jeune coq, le vieillard revenu au sommet de sa puissance étira puissamment ses jambes afin de non seulement contrer les attaques qui lui étaient destinée, mais également d'enchaîner sur un déluge de coups qui viendraient cueillir le flamboyant pirate en plusieurs points. Le but était de l'éloigner avec violence en profitant de cette courte fenêtre d'avantage éthéré. Il savait par expérience que la présence d'un roi était comme toute autre chose : on s'y habituait, avec le temps et la pratique... abuser de ce don était une mauvaise chose, même s'il considérait naturel pour lui d'en faire montre à ceux qui le nécessitaient. Que le Fenice se fut soustrait difficilement de son assaut ou non ne l'intéressait guère sur l'instant, considérant la puissance du choc. Il tira dans le même temps sur l’extrémité de la chaîne, décollant Mijushike du sol de sa force prodigieuse. En quelques instants, il le ramènerait à lui et le frapperait brutalement, utilisant son contrôle acéré de ses propres mouvements pour tromper la garde du chasseur pris de court.

Une chose que ce dernier avait assurément prévu : il n'était pas utile pour lui d'user du fluide perceptif pour en arriver à cette conclusion... il avait plus que compris la puissance hors normes de son ennemi, qu'il craignait désormais, d'une certaine façon. De la plus positive des façons, pour être exact : cela le poussait à redoubler d'astuces... et bientôt, il se saisit d'un mince filin souple qui semblait sillonner entre chaque maille de la chaîne, avant de tirer dessus sèchement. La partie supérieure de l'arme se sépara du reste, laissant un Hadès interloqué l'observer quelques instants. L'explosion qui s'ensuivit le désorienta, non sans brûler légèrement sa main qu'il avait eu l'instinct de protéger de son Haki de façon tout à fait sommaire. Toussant, il écarta la fumée dans un râle, se concentrant sur l'image mentale du Hojo qui continuait de progresser en sa direction. Un coup de chaîne cinglant lui entoura l'un des bras et il marqua son inconfort d'un air courroucé, avant de dégager rapidement son membre.

Lorsqu'il s'extirpa finalement de la fumée, un marteau gigantesque le percuta de plein fouet. Malgré une parade experte et une force qui avait fait sa renommée, il vacilla et fut finalement projeté contre le sol, où ses pieds rencontrèrent une résistance ferme alors qu'il s'enfonçait dans la terre pour freiner de toute urgence. Il était alors plein d'ouvertures... mais il saurait en créer chez ses ennemis, c'était certain. Chaque échange n'était qu'une nouvelle partie remise, dans laquelle les protagonistes challengeaient non seulement leur puissance, mais aussi leur cerveau et leur expérience. Le marteau gigantesque passa au dessus de lui dans l'une de ses esquives fabuleuses, allant s'écraser non loin avec un grand fracas. Tout parchemin dehors, son pinceau géant en main, le Hojo esquissa un léger sourire. Il aimait voir le vieillard perdre sa placidité... même s'il se doutait que cela ne serait que temporaire.

Ils avaient encore tout à faire. Au moins, pour l'heure, Nakata se montrait à la hauteur de la tâche. C'était intriguant...

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Les éclairs tombaient toujours dans une configuration chaotique, privant certains navires d'avenir. Parmi ceux-ci, celui de Long Rive et de sa clique semblait en proie à un destin funeste : relâchant le corps sans vie du capitaine, neutralisé de façon définitive, l'un des Pacifista X-Edition plongea dans les eaux troubles à nouveau, avec un objectif inconnu.

Cruella, de son côté, semblait prête à repartir à l'assaut avec un équipage d'emprunt. La bête du Gouvernement Mondial, de tout son acier, l'avait affronté jusqu'à un semblant de match nul provoqué par l'intervention salvatrice de certains de ses confrères... qui semblaient attendre quelque chose en échange. Putain de pirates, se disait-elle : mais au moins, elle était en vie. Ce n'était pas le cas de ses jouets préférés, ou encore de la majorité de son équipage...

Vindex, de son côté, observa avec un mélange de satisfaction et de courroux le robot titanesque s'effondrer dans les flots, privés de la plus grande partie de son abdomen. Ils avaient réussi à en venir à bout... mais à quel prix ? Il jeta un regard dédaigneux sur le corps sans vie de Mevin, non loin de là. Il n'avait pas été capable de survivre à la rencontre... à dire vrai, il était probable que ce ne fut pas entièrement du fait de la créature métallique qui tombait désormais au fond de l'océan, où ses composants livrés à eux mêmes seraient broyés et réduits à l'état de poussière. Les choses seraient à jamais différentes, désormais.

La silhouette solitaire du navire précisa bientôt ses couleurs : un pavillon pirate, de toute évidence. Il était cependant lambda et inconnu... À son bord, de nombreuses voix en train de s'affairer, deux autres au niveau de la proue, immobiles. Peut-être d'ailleurs que l'un des membres de Tengoku no Seigi serait en mesure de reconnaître l'une de ces présences...

Dans les cieux, au loin, des silhouettes massives se détachèrent des nuages tandis que le combat continuait de faire rage sur le navire de la Triade. Les coups s'échangeaient en faisant trembler le bâtiment naval, tandis que le corps entraîné du vieillard le plus vénérable des chasseurs de prime esquivait fluidement une multitude d'assauts que l'infériorité numérique rendait difficile à gérer. Il le savait cependant : son appel n'était pas tombé dans des oreilles sourdes et bientôt, la flotte de Hadès aurait un nouveau problème sur les bras...

Cara Lroft

Son pouls faiblissait à vue d'oeil, à l'image de la force de sa voix qui ne cessait de s'amenuiser de minute en minute. Cette lutte contre les ultimes ténèbres, Cara l'avait menée avec une force considérable : qu'elle fut consciente de son état ou non était hors de propos. Naturellement, elle avait repoussé la faucheuse jusqu'au moment le plus tardif possible, gagnant de précieuses secondes qui s'étaient changées en minutes qui devaient paraître éternelles pour la doctoresse de Tengoku no Seigi. Le teint de plus en plus pâle, les yeux à moitié ouverts, le souffle de plus en plus timoré, l'élève de Eko Taka qui était également l'une des personnes les plus chères à ses yeux continuait de faire honneur aux enseignements de pugnacité et de courage qui lui avaient été inculqués.

Mais le courage et la pugnacité ne faisaient pas tout...

La seconde fatidique s'écoula. La dernière seconde, le dernier souffle de vie, le dernier éclat de flammes. Elle sembla un instant prise d'un soubresaut, avant de s'affaisser lentement dans les bras sans espoirs de Lilianna. Ses muscles se relâchèrent, ses yeux se figèrent. La chaleur les quitta dans un ultime instant, alors que sa voix s'éteignait, cessait d'émettre les pulsions de la vie qui caractérisait toute chose consciente et vivante. Elle retomba mollement dans les mains de celle qui avait tenté de la sauver jusqu'au dernier instant, son dernier soupir se perdant dans le vacarme inaudible du dehors.

Elle avait été privée de sa liberté, de ses choix et de sa volonté.

Maintenant, elle quittait ce monde... et cela, rien en pouvait le changer.

Ki

Elle ne s'attendait pas à cela. Elle avait clairement sous-estimé ses adversaires, une chose qui lui fut limpide dès que sa lame quitta les doigts de la victime qu'elle était censée abattre ou mettre en péril pour se diriger vers la nuque de sa sœur... du moins, si l'on pouvait donner de réels liens derrière la sororité qui était supposée les rassembler dans un but précis, but duquel elles s'étaient toutes les quatre détournées depuis longtemps. Elle pesta tandis que le projectile passait non loin d'elle, en direction de Aoi qui n'aurait aucun moyen de s'en prémunir considérant le chasseur de prime qui semblait lui mener la vie dure. Elle avait laissé une ouverture à la Crown, c'était un fait : une ouverture contrôlée, destinée à la pousser à une offensive trop poussive qui aurait pu lui coûter cher... sauf que sa compagne avait été bien trop réactive, coordonnée telle qu'elle l'était par la force extra-sensorielle dont semblait disposer la vigie. Une véritable plaie qu'elles voulaient isoler dès le départ, mais l'arrivée de ces foutus traqueurs remettait tout en cause.

Sa deuxième main fut déviée, du moins la Crown tenta-t-elle une offensive en ce sens. Parvenant à réduire les effets de ce coup judicieux, Ki se trouva dans une position fort précaire... et pour cause : elle fut forcée de tirer sèchement sur sa deuxième main. La lame lancée droit vers Aoi s'arrêta alors sèchement dans les airs, tandis qu'un mince filin qui n'était perceptible qu'aux plus aguerris et aux plus attentifs transparaissait dans la lueur de la lune. Elle étouffa un cri lorsqu'elle tenta d'user de son jeu de jambe pour esquiver le surin qui lui était destiné, en vain. Le couteau de la Renarde pénétra dans son abdomen comme l'outil d'un chirurgien, bien que l'esquive fut néanmoins salvatrice dans le sens où aucun organe vital n'eut à subir de déconfiture.

Pourtant, l'assassine resta là... car ce n'était pas terminé : elle avait elle même une ouverture sur son ennemie, qu'elle devait exploiter avec le plus de sang froid possible. Ces années de douleur ne serviraient pas à rien. Elle allait au moins prouver qu'elle était digne de ses enseignements... ainsi, alors que la lame manipulée par un fil revenait dans une tranche verticale destinée à frapper la pirate en plein dans les côtes, où elle risquait de se planter voracement, Ki se saisit fermement du poignet qui tenait l'arme encore en elle. Elle savait ce qu'elle encourait... et elle prendrait le risque. De son autre dague libre, elle tenterait d'asséner un coup droit dans le visage de son ennemie. Il était temps d'ajouter une nouvelle cicatrice à ce joli minois !

Aoi, Power

- Argh !
- Allez, chérie, tu manques d'endurance ?

Crachant un peu de sang, la bleutée qui ne savait pas à quoi elle venait d'échapper se redressa péniblement. Elle n'était pas taillée pour ce genre d'affrontement : d'habitude, elle prenait de vitesse ses cibles et elle leur assénait une multitude de coups, tous plus vicieux les uns que les autres. Mais cet homme-bête... ce chien ! Il était impossible à approcher. Chacun de ses mouvements était étudié pour être plus prompt, plus vindicatif que les siens. Et lorsqu'elle pensait pouvoir exploiter une ouverture... les flammes lui barraient inlassablement la route. Elle analysa rapidement la situation : c'était mauvais. Certes, les pirates étaient loin d'être sortis d'affaire... mais en ce qui les concernait, toutes les quatre, c'était mauvais. Les traqueurs arrivaient désormais en masse, prenant d'assaut les frégates pirates qui ne faisaient souvent pas le poids en termes qualitatifs. En d'autres termes ? À la longue, les chasseurs de prime risquaient de perdre cet échange... mais elles seraient mortes avant cela, en l'état. Une idée qu'elle ne pouvait accepter.

Fonçant vers Power, elle lui jeta une série de shuriken en plein visage, qu'il dévia avec adresse tout en poussant une série d'exclamations guerrières. Elle effectua une roulade vers lui, qu'il anticipa avec adresse. Lorsqu'elle bondit finalement sur lui, il la réceptionna d'un bras et la maintint au dessus du sol, à quelques centimètres, avant de sourire. Elle s'était jetée dans la gueule du loup... littéralement.

- J'aime qu'une femme me saute dessus.
- Je savais que ça... éblouirait ta journée...

Le sourire de son ennemie l'alerta, trop tard : un peu plus loin, dans son dos, une petite sphère roulait au niveau du sol de manière paresseuse. Il réalisa l'impair qu'il venait sans doute de commettre, sans en comprendre la nature exacte, lorsqu'une lumière intense lui explosa en plein visage. Sa vision se coupa littéralement, l'aveuglement subit le laissant sans défense tandis qu'il lâchait la demoiselle par réflexe pour s'emmurer dans une posture de garde soudaine. Car cette dernière avait prévu tout son coup... et maintenant, elle le voyait clairement, tandis que lui se retrouvait perdu dans le néant. Méthodiquement, elle lui infligea plusieurs blessures légères, sur les avant bras et au niveau des jambes. Il réagissait toujours avec une certaine efficacité, sans être capable de se saisir d'elle pour autant. Elle recula finalement prudemment, avant de s'élancer un peu plus haut sur le bâtiment naval, choisissant une retraite prudente. Pour l'heure, ce n'étaient que des estafilades... mais si le combat devait s'éterniser, le pugiliste regretterait bientôt ces multiples saignements bénins.

Les petits ruisseaux faisaient les grandes rivières... une des premières leçons qu'Aoi avait apprise.

Une main se posa finalement sur l'épaule de Power qui, engageant un mouvement puissant de coup de poing, se stoppa cependant à mi-chemin. Il avait reconnu cette odeur... ah, la cavalerie arrivait enfin. Excellente putain de nouvelle ! Une voix rauque le sermonna légèrement, tandis qu'une autre paire de pattes se déposait non loin de là.

- T'es vraiment trop nul, mec.
- Quoi ? Elle était mignonne !

Bara

- Tu m'emmerdes, putain !

Tout ça se corsait déjà, alors même qu'elle pensait avoir droit à un petit festin facile. Ces rookies... ils n'étaient clairement pas du même niveau que ceux que l'on croisait habituellement sur cet océan. Alors que le point visé par l'utilisatrice de l'observation revêtait une plaque noirâtre caractéristique, la lame ripa sur les écailles renforcées avant que le serpent ne se métamorphose en un éclair. Désormais en suspension au dessus du sol, Bara effectua un coup de hanche puissant qui la fit tourner sur elle même un instant, avant que son pied ne fonce en direction de l'abdomen de celle qui venait de tenter de la tuer. C'était sans doute de bonne guerre, mais ça la foutait en rogne malgré tout. Quelque fut l'effet de son assaut, qui promettait pourtant d'offrir bien du fil à retordre à la demoiselle : entre la surprise de voir le fluide agir en si peu de temps et considérant la force déployée, la jeune femme risquait fortement de subir une amère déconfiture... quoi qu'il en fut, la tueuse atterrirait ensuite dans le mince filet d'eau qui recouvrait désormais le sol de la cale avant de reculer prestement.

Elle était encerclée. C'était un euphémisme, même... pourtant, elle était habituée à ce genre de situations. Son Zoan et son haki de l'armement faisaient d'elle une arme autrement plus létale, y compris dans des combats contre plusieurs adversaires qui devaient composer avec ses esquives odieuses pour l'affronter. Pourtant, elle savait que son temps était compté : elle devait agir rapidement si elle désirait réellement faire une différence ici. Elle serait forcée à la retraite, tôt ou tard... et quitter la cale ne lui apporterait rien de bon : au contraire, ces ahuris se contenteraient sans doute de renforcer encore un peu leur cohésion et leur défense. De plus, c'était devenu personnel. Comme d'habitude.

- Chier !

D'un mouvement rapide, elle se propulsa en direction d'Aldero. Il était armé pour un combat à distance... chose qui, dans un endroit confiné de cet acabit, relevait d'une difficulté affriolante. Bien sûr, elle ne doutait pas de la capacité de ses amis à intervenir en sa faveur, même si elle était confiante sur sa capacité à les prendre de vitesse. En cours de route, elle adopterait une forme hybride lui permettant une flexibilité outrageante pour se tordre au travers des attaques si c'était nécessaire. Son but ultime ? Se retourner vivement une fois à portée pour lui délivrer un coup de queue sensationnel, de quoi lui faire avaler ses dents pour les dix années à venir. Les autres viendraient après...

Pouic

- EEEEEEEEEEEEEEEEHHH !

Il vrillait et virevoltait avec la grâce absolue d'un manchot qui panique. Pourtant, il était loin de paniquer : au contraire, l'instinct puissant de son estomac lui disait qu'il avait tout à gagner en adoptant ce comportement au mieux étrange, au pire complètement irrationnel. Rien que de voir ce joli brin de bras, qui n'attendait que ses dents... il en salivait en plein vol. En fait, il salivait tout le temps, donc ça ne changeait pas grand chose. Mais bon ! Il fallait profiter des petits plaisirs de la vie, qu'ils se présentèrent sous la forme d'une fourchette en acier ou d'un bras plein de sang et de nerfs. Il s'imaginait déjà en train de grignoter goulûment ce cadeau du destin lorsqu'un type qui criait très fort lui arriva droit dans le flanc. Il ne comprit pas exactement pourquoi il le sermonnait pour avoir envie de manger. La plupart des gens le faisaient et, si au départ cela l'avait rendu triste, il s'en fichait désormais comme d'une guigne. Toujours était-il que l'assaut le prit de court...

Il dégringola donc vers la rambarde, dans laquelle il s'encastra avec fracas en poussant une série de "Glagleubigeulba" qui étaient de toute évidence commune absolument courroucés. Il se frotta la tête, sur laquelle une grosse bosse rouge avait poussé, avant de se remettre sur ses pieds. Il lorgna Hiko d'un regard tout à fait mauvais. On ne se mettait pas entre Pouic et sa nourriture... pas si l'on espérait autre chose que la remplacer. Il allait lui faire comprendre que son estomac passait avant... avant quoi, d'ailleurs ? Il ne comprenait même pas pourquoi il avait été percuté. Tant pis. Il allait... il allait... !

- Eeeeh... Ugh...

Un gargouillement sordide de son estomac se fit entendre de façon fort audible, avant que les choses ne s'enchaînent de façon éclair. Ses yeux s'écarquillèrent. Oh, non. Pas encore ! Il détestait quand ça arrivait. Dans un bruit de régurgitation au départ absolument normal, le petit humanoïde engagea un processus de vomissement qui tourna rapidement à l'enfer. Dans un bruit digne d'un canon à répétition à la fréquence fort élevée, le mangeur de tout et n'importe quoi commença à recracher la tonne de ferraille qu'il avait boulottée depuis le début des événements, avec une dispersion et une vitesse suffisantes pour mettre en danger une grande partie des combattants présents... en tout cas, Hiko et Alidia seraient directement aux premières loges des événements. Ils risquaient, en l'état, de finir en charpie.

- BWEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERRRRGHHHHH !

"Ratatatatatatatatata". Le doux son de l'indigestion.

Tégée Deimos, Ragnarock & Jormungand

- Nabisco, je vais avoir besoin d'un coup de main ici !

Le message passa dans le Den Den. Il avait réussi à gagner un temps précieux : son assaut s'était changé en une attaque électrique lorsqu'il s'était équipé de l'épée correspondante, donnant à la vague destructrice une toute autre ampleur qui avait forcé Ragnarock à l'esquiver avec adresse. L'épéiste au service de l'Empereur, lui, avait coupé une partie de la masse aqueuse avant d'infliger une nouvelle attaque à distance, couvrant ainsi son approche éclair. Désormais, ils se livraient à un duel au sommet des plus rares, le choc des lames ne cessant de remplir les airs.

Ce que le vieillard perdait en maîtrise, l'âge étant un ennemi des plus terribles, il le regagnait dans sa capacité à changer efficacement d'épée selon le besoin. Il était lourdement équipé et pourtant : Jormungand ne parvenait pas à l'empêcher de dégainer, ni même à le séparer de ses autres armes. En ces termes, il faisait face à une multitude d'attaques différentes... autant qu'il pouvait exister de dial élémentaires, sans compter les autres fioritures fortement agaçantes.

Soudain, le vieil homme sentit son corps s'alléger, quitter le sol, avant de rapidement comprendre ce qui venait de le saisir. Le coup d'épée surpuissant de son adversaire l'envoya voler au travers du navire de Mijushike, tandis que les deux flottes entraient finalement dans une collision sanglante et sans précédent. Pestant, il parvint malgré tout à s'équiper d'une de ses lames, lame qu'il avait utilisée au préalable contre son adversaire : la pointant dans son dos, il provoqua une onde de choc puissante liée aux impact dials qui la sertissaient, avant de revenir vers l'avant puissamment. Son épée rata un Jormungand trop réactif, avant qu'il ne la plante dans le plancher pour retenir son corps en roue libre. Le pouvoir du second de Hadès... une horreur. Horreur qui se fit encore plus présente lorsqu'il sentit cette fois son corps non pas s'envoler, mais s'enfoncer contre le parquet. Seule sa force surprenante lui permit de se maintenir debout et de lever son arme proprement, mais il n'était pas dupe : dans ces conditions, il ne tiendrait pas longtemps face à un autre épéiste capable de le prendre de vitesse.

Le canon principal, lui, crépitait.

Liao Hojo, Agrid Maslow Jr. & Mendela Yorkshire

- Liao Hojo. Me gêne pas et j'en ferai de même.

Les choses se précisaient pour le quatuor. Les alliances, fébriles et discrètes, étaient désormais forgées pour l'espace d'un combat. Kyoshiro... bizarre, son affiche de prime ne faisait mention d'aucun nom de famille. En d'autres circonstances, le fils de Mijushike aurait sans doute déjà commencé à harceler le forban d'une foultitude d'attaques visant à le mettre au sol, mais les priorités du jour étaient bien différentes. Il sentait le sang couler de ses blessures fraîches et, malgré un échange insatisfaisant au plus haut point, il savait que le Yorkshire était loin d'être indemne. Son fichu pouvoir le rendait plus emmerdant qu'une bande de Humandrills... cependant, l'arrivée du lumineux allait peut-être changer la donne.

- Je rêve où tu parles de moi comme si j'étais pas là ?!

La complainte d'un Agrid qui n'aimait pas la tournure des événements fut rapidement coupée par l'assaut éclair que l'épéiste maudit du Pika Pika no Mi déploya à l'encontre de Mendela. La lame s'étira sèchement, dans un rayon luminescent, avant de venir percuter l'ancien Corsaire dans un choc soudain. Si ce dernier se tenait sur ses gardes, il n'en restait pas moins que l'attaque soudaine progressait terriblement vite. Comprenant qu'il ne parviendrait pas à se décaler, il se contenta de sourire sous son masque avant de dégringoler dans le décor.

- Putain, hors de question !

C'était SON combat, SA proie, SON adversaire ! Il n'allait laisser personne s'interposer entre lui et le lumineux, pas maintenant, pas après tous ces échanges et toute la fougue à laquelle ils s'étaient abandonnés ! L'idée même l'enragea tandis qu'il se préparait à bondir vers l'avant. Lorsque Kyoshiro libéra sa nuée de perles lumineuses, il se jeta à sa rencontre avec vindictes, les bras recouverts de son Haki de l'armement, avant de les percuter. Il n'allait pas rester sans rien faire ! L'explosion se produisit donc bien plus près qu'escompté, avant qu'il ne s'extirpe de la fumée sans avoir été ralenti. Venant frapper le second de Tengoku no Seigi, il le forcerait à dévier de sa trajectoire initiale, offrant au Yorkshire l'occasion de se rapprocher sévèrement de l'affrontement. Ce satané Kyoshiro... il semblait prompt à toujours se mettre sur sa route, décidément. Il allait devoir régler les choses ici et maintenant. La bête bleue, de son côté, se prépara à délivrer un autre coup au sabreur... juste avant que les flammes les entourant ne prennent vie dans une tranche particulière pour venir se jeter sur lui, l'obligeant à reculer. L'éventail au vent, le fils du plus grand chasseur de prime de cette ère ne comptait pas rester les bras croisés.

Tous Haki dehors, les différents protagonistes se jaugeaient en permanence, limitant ainsi les possibilités de se prendre par surprise. Pourtant, il faudrait bien que ce combat arrive à une fin... laquelle serait-ce ? Mendela, s'extirpant de la fumée avec la ferme intention de transpercer Liao  encore en train de se retourner de ses cinq doigts tendus, ne pouvait imaginer autre chose que la victoire.

Hadès Tenryon, Mijushike Hojo

Ce jeune coq... il ne manquait pas d'audace, ni d'astuce. Alors que son corps glissait sur une surface considérable, le Tenryon se retrouva sapé de ses appuis au moment même où il pensait les utiliser pour inverser sèchement la vapeur et revenir sur ses adversaires. Lorsque le sol se déroba sous ses pieds, il se retrouva passablement déséquilibré. Un court instant, un simple souffle, un battement de coeur. Bien plus qu'assez, dans un combat de ce niveau, pour faire une différence. Mijushike, de son côté, courait en sa direction, au loin. Son pinceau semblait de nouveau être à l'oeuvre et bientôt, il envoya successivement trois chaînes massives dans la direction de l'Empereur : une à sa gauche, une à sa droite, la dernière au dessus de sa tête. En coupant ainsi ses portes de sortie, il l'obligerait à rester à cet endroit un instant de plus, avant qu'il ne puisse se défaire de ses liens. Et s'il parvenait à l'y capturer... alors il pourrait lui infliger une déconfiture sévère, en compagnie de ce jeune forban. Jeune forban dont la prime était assurément risible, lorsque l'on était aux premières loges pour constater de quoi il était capable... si l'on s'en fiait uniquement aux chiffres, aucun pirate de cette tranche d'avis de recherche n'aurait tenu plus de quelques maigres secondes.

Lorsqu'Hadès vit les projectiles que le Tueur de Yonkou lui destinait, il désira écarter les bras afin de les rencontrer de ses propres mains, tuant ainsi dans l'oeuf la tentative de l'encercler dûment. Pourtant, le Phoenix n'en avait pas fini : son assaut de Haki de l'armement se dirigea droit vers son abdomen, l'obligeant à parer avec son propre fluide. Une nouvelle fois, il perdit une précieuse seconde qui se retranscrivit immédiatement dans l'équilibre de l'affrontement : les chaînes s'enroulèrent autour de lui avec véhémence et, bientôt, il sentit son corps tout entier être ramené par le chasseur de prime comme on pouvait ferrer un poisson.

- Maintenant, Fenice !

Le pirate ne se fit pas prier : fonçant à la rencontre de la cible offerte, il prépara l'une de ses arcanes les plus meurtrières pour marquer le coup. L'ancien vieillard écarquilla les yeux tandis que l'un de ses bras se défaisait finalement des maudites entraves qui le retenaient. Il ne serait pas impuissant, hors de question ! Il commençait à extirper son second bras des liens le retenant lorsque le Zoan commença une série d'attaque, visant ses points vitaux avec une précision mortelle : s'il parvint à interposer ses membres contre la majorité des assauts, il n'en resta pas moins que l'impact d'une virulence surprenante le surprit... ainsi que l'utilisation que le blondinet fit de son Haki de l'armement : chacun de ses coup explosa puissamment, dans une déflagration qui mit à mal son corps tout entier. C'était comme être soumis à une pression faramineuse. Serrant les dents, Hadès montra pour la première fois de véritables signes d'inconfort et de douleur, depuis le début du combat. Les chaînes se brisèrent finalement, avant que son corps ne soit catapulté à une centaine de mètres de là, où il se stabilisa finalement sur ses appuis en arrachant la roche sur son passage.

Il resta quelques instants silencieux, avant de passer son avant-bras gauche sur ses lèvres. Du sang... il saignait. Il accueillit cette nouvelle avec une pincée d'agacement, mais également avec un étrange sentiment contraire d'excitation. Lentement, il se redressa pour toiser ses deux adversaires. Le Hojo, de son côté, semblait s'être prostré dans une attitude d'attente. Il savait pertinemment que foncer sur l'Empereur à une pareille distance était au mieux fort imprudent, au pire c'était demander à être mis en difficulté. Il ne manqua pas de griffonner plusieurs choses dans les parchemins qui le suivaient partout : s'il avait le temps de respirer, il allait le mettre à profit... à n'en pas douter.

Croisant les bras dans son dos, Hadès observa un instant ce duo hors du commun qui s'opposait à lui. Bien entendu, il y avait bien plus à cette bataille qu'un combat au sommet... mais ce qui l'intéressait désormais, c'était de tester les capacités et les limites de ses deux adversaires dans des conditions qui risquaient d'être bien plus éreintantes pour eux que pour lui. Ragnarock était aux commandes et il lui faisait pleinement confiance, comme pour les membres les plus proches de son équipage, ceux qui faisaient partie de ce cercle restreint pour lequel il éprouvait un réel attachement. Ils allaient abattre sur la flotte des traqueurs une pluie de feu et de sang sans précédent... alors il se devait de leur faire honneur en dévoilant sa pleine puissance, ici et maintenant.

- Je vous félicite. Je t'ai certainement sous-estimé, Nakata Fenice... je ne reproduirai pas cette erreur. Quant à toi, Mijushike Hojo... tu es digne du titre que l'on te prête.

Il leva le poing au dessus de sa tête, lentement. Ce dernier se mit à luire faiblement, avant de prendre une teinte rougeâtre, qui sembla courir du bout de ses doigts  à la naissance de son coude. L'air autour de sa main sembla se distordre sous les effets de l'utilisation de cette arcane inconnue, liée au fluide de l'armement.

- Vous vous êtes dressés sur mon chemin et m'avez offert un véritable affrontement, jusque là. Si ce n'est par courroux, je dois vous écraser pour rendre honneur à votre bravoure. Alors... épiçons un peu les choses, voulez-vous bien ?

Il ramena son poing fermé et écarlate vers le sol de façon vindicative. Sa main s'enfonça dans la pierre comme dans du beurre... puis, le rouge de sa peau s'évapora soudainement, dans une impulsion qui leva le vent jusqu'au niveau du duo et encore bien au delà. Alors, le cataclysme s'enclencha dans son intégralité : la terre se retourna, se fissura de façon anarchique, soulevant des monceaux gigantesques qui étaient restés sous le niveau de l'eau durant des dizaines, peut-être des centaines d'années. Sous le niveau de la mer, une large fissure craquela l'intégralité de l'îlot, dans un bruit magistral étouffé par le corps aqueux qui le contenait. Des rochers tombèrent directement en direction du Phoenix et du dessinateur, tandis que le Tenryon souriait. Autour de l'île, l'eau se souleva dans trois gerbes successives et concentriques prenant la terre ferme comme centre, avant qu'une vague ne vienne se heurter à la multitude d'autres qui rugissaient dans la tempête. L'île s'affaisserait petit à petit, laissant les deux maudits avec un seul terrain de bataille : les airs. Si le Fenice y excellait particulièrement, il réaliserait assez vite que chaque erreur pouvait signifier un plongeon dans les eaux glacées... plongeon dans lequel le Tenryon était plus que capable de le suivre pour s'assurer d'une défaite la plus diligente possible. Déjà, Mijushike était reparti à ses dessins. Le champ de bataille dans son intégralité pourrait ressentir la puissance spectaculaire de ce coup de poing... qui soulevait une question autrement plus pertinente : s'il était capable d'envoyer une île de cette taille de par le fond, qu'arriverait-il à celui qui aurait l'audace de l'encaisser directement ?

Titia Lae, Kuraisaru "King" Kong

- Plus vite, King !
- On peut pas aller plus vite que la musique, ma grande !

Tournant un regard pressé vers l'énorme navire de l'équipage du Phoenix, dont elle avait reconnu quelques voix, la Nébula pesta intérieurement. Ils n'étaient pas en bonne posture... ils devaient faire vite ! Elle refusait l'idée même de les laisser dans un tel pétrin. Ils l'avaient sauvée de l'enfer, ils avaient été bons avec elle. Gentils et simples. C'étaient des gens bien, indéniablement, des gens qui méritaient amplement son aide au delà même de sa simple dette. Dans son dos, le grand gorille s'affaira à passer quelques ordres aux matelots terrifiés qui ne comprenaient pas pourquoi ils se jetaient au devant d'un tel carnage. Plissant des yeux dans la tempête, Titia observa une forme sombre et massive qui sautait de navire en navire... s'approchant chaque fois un peu plus de celui des rookies qui vendaient chèrement leur peau dans la tourmente.

- Plan B, King... j'espère que ton lancer est toujours aussi adroit.

Le singe haussa un sourcil, avant de comprendre ce que cela impliquait. Il montra les crocs quelques instants. L'étude simple des risques rendait la tentative insensée... elle allait au devant de graves dangers, des dangers qu'il ne voulait pas lui laisser prendre.

- C'est de la folie, Titia ! En pleine tempête ? Tu vas y laisser la peau !
- Entrer dans Impel Down aussi, c'était de la folie. Ils l'ont fait, pourtant... et je suis là, aujourd'hui, grâce à eux.

Le poing massif du simiesque qui ne l'était pas moins se serra, mais il abandonna l'idée d'argumenter. Elle était décidée et il savait pertinemment qu'il ne la ferait pas changer d'avis... elle était redevable et elle honorerait cette dette, quoi qu'il en fut.

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Sous l'eau, deux silhouettes massives convergeaient vers le navire amiral de Mijushike, propulsées à grande vitesse.

Une secousse secoua le Kibo no Felicity tout entier : en tant que bâtiment naval d'une taille complètement gigantesque, il était effectivement le mieux placé pour éconduire et briser les navires qui tentaient de se mettre sur sa route... mais, en pleine tempête, il constituait également un point focal pour la foudre qui s'abattait depuis les cieux. C'est ce qui se produisit lorsqu'un éclair vint s'écraser sur le mât, qui tint bon grâce au bois d'Adam qui le constituait... on ne pouvait cependant pas en dire autant des voiles, qui prenaient désormais feu avec vivacité.

Aux abords de la flotte de Hadès, quelques regards incertains tentèrent de discerner la nature des formes qui survolaient le ciel en pleine tempête. La réponse, d'abord nébuleuse, se fit claire dans une illumination : littéralement. Une boule de feu s'écrasa sur une caravelle, puis une autre, puis encore une autre, tandis qu'une multitude de vouivres se jetaient à la rencontre du navire de la Triade et des vaisseaux affiliés à l'Empereur. Elles avaient entendu l'appel... et désormais, elles allaient abattre un torrent infernal sur les ennemis de ceux qui les avaient convoquées, forçant les troupes plus nombreuses du Tenryon à se disperser sur plusieurs terrains. Du côté du flanc Ouest, l'énorme dragon du chef de l'Alliance calcinait des navires entiers, non sans subir un feu nourri de la part des artilleurs capables de l'atteindre. L'équilibre de cette bataille ne tenait qu'à un fil...

Ki

La douleur était souveraine, mais voir le sang couler du visage de son ennemie contrebalançait cette peine. Ki cracha du sang au travers de son masque, teintant de rouge le tissu, alors que la dague de la Crown se retrouvait fichée dans l'un de ses poumons. Ses yeux scintillaient d'une connaissance simple et limpide : elle allait certainement mourir. Avait-elle joué de malchance ? Devait-elle blâmer quelque chose, quelqu'un ? Le destin, les divins, ses adversaires trop résilients ? Elle ne le savait guère. Elle s'en fichait. On ne leur apprenait pas à craindre la mort, pas plus qu'il n'en fallait pour survivre et faire preuve de sagacité dans leur profession. Faiblement, elle resserra sa poigne sur la main de la Crown, qu'elle empêcha de pivoter plus avant.

- Bien... visé...

Était-elle réellement en train de louanger la réactivité de la Renarde ? Cette dernière n'aurait guère le temps de le savoir. Elle sentirait distinctement deux choses : l'air qui raserait le haut de son crâne, passant proche de sa chevelure flamboyante, ainsi que l'étrange étau enserrant ses jambes et l'amenant à choir pour esquiver cette même menace inconnue. Après une brève seconde, elle se retrouverait alors proche d'une silhouette massive et noirâtre, à la fourrure dense et au regard perçant.

Walker, Aoi & Ki

- Tout va bien, je suis avec vous.

Bien plus calme et mesuré que son comparse, l'énorme homme-chien au pelage noir comme la nuit vrillait les deux tueuses des yeux. Il venait d'éviter à la demoiselle un bien triste destin. Les attaques en traître... une forme de combat comme un autre, même si elle était très moche. Dans son dos, Power abattait les pirates trop aventureux avec un doigté fabuleux, mais il sentait clairement que la vapeur s'inversait. Bientôt, cet énorme bâtiment naval serait totalement sorti de la masse de caravelles puantes qui grouillaient vers sa poupe, comme des mouches sur le cul d'un cheval. La demoiselle aux cheveux bleus, de son côté, observa l'état de sa comparse avec une certaine urgence dans les yeux. S'agenouillant à son côté, elle la soutint précautionneusement par l'épaule, mais réalisa tragiquement qu'elle n'aurait pas le loisir de faire preuve d'autant de douceur pendant bien longtemps. Elle comprit ce qu'elle devait faire et l'accepta.

- Nous nous reverrons...

Une fumigène éclata sur le pont, avant que plusieurs projectiles ne foncent en direction de l'homme-bête et de son alliée de circonstance. Sans hésiter, il se plaça en face de l'assaut et sa fourrure sembla s'épaissir, se condenser, formant une barrière dans laquelle les armes blanches se fichèrent comme dans un tas de foin. Il poussa un léger grognement, s'attendant à de nouvelles représailles... mais rien ne vint. Fouettant l'air devant lui d'une masse de fourrure impressionnante, il dissipa la fumée qui n'abritait plus personne. Elles avaient pris la fuite... sage décision, à n'en pas douter. Il soupira avant de se tourner vers la Crown pour lui tendre une main qui, à défaut d'être purement amicale, était toujours secoureuse. Elle saignait abondamment du visage et, en tout état de cause, il valait mieux qu'elle traite ça en priorité si elle voulait éviter une infection sordide...

Alors qu'il la relèverait, un choc prodigieux agiterait l'intégralité du monstre naval, tandis qu'une silhouette large et puissante atterrirait en plein milieu du pont.

Bara

- Mange !

La détente de son attaque serait malheureusement bien trop à encaisser pour le pauvre tireur : comme un élastique renforcé au Haki de l'armement, la queue serpentine claqua dans son arme avec une vitesse et une précision telles qu'il ne parviendrait malheureusement pas à presser cette détente... car l'objet s'encastrerait dans sa poitrine avec brutalité, lui coupant le souffle et certainement la conscience pour quelques temps. Cependant, cela se fit au prix de plusieurs coupures qui vinrent arracher une partie des écailles de la combattante, qui ne s'en vit que plus convaincue de devoir éliminer cette bande de dégénérés. Elle reprit forme humaine non loin du manipulateur de fusil qui, s'il n'était pas totalement inconscient, devait fort certainement être en train de chercher à comprendre où il se trouvait. Elle jeta un regard froid au reste de la troupe et s'apprêta à délivrer un coup propre et sec à sa nuque... avant qu'une secousse n'ébranle le navire dans son intégralité, l'amenant à manquer de choir et l'obligeant à se tenir au mur à son côté.

Pouic

- Burp. Pouic.

Il venait de finir de dégobiller et se frottait la bouche de son avant-bras rond et musclé. Il se sentait mieux. Bien mieux. Il n'aimait pas les aigreurs d'estomac. Cependant, son cerveau s'activa l'espace d'un instant et il se souvint de ce qu'il voulait faire en premier lieu : faire payer à ce méchant le fait de l'avoir empêché de manger. Lentement, ses dents se mirent à vibrer. Ou peut-être était-ce sa mâchoire qui s'activait à un rythme surnaturel ? Il était difficile de le déterminer, mais bientôt, le claquement de ses crocs commença à ressembler à celui d'une véritable tronçonneuse. L'ivoire de sa gueule se teinta bientôt d'un noir opaque, alors qu'il se jetait en direction de Hiko dans un but simple : le réduire en charpie de manière définitive... et il se jeta donc de tout son poids en avant, en direction du médecin.

Juste avant qu'une masse colossale ne s'écrase au milieu du pont, provoquant une secousse susceptible de faire tomber n'importe qui en présence. Pouic, lui, volait toujours... comme un âne jeté du haut d'une falaise. Il volait vers l'inconnu, vers ce gros tas de truc qui venait de s'écraser sur le parquet en bois d'Adam auquel on pouvait encore une fois dire merci pour sa solidité légendaire. En attendant, il semblait évident que Pouic allait terminer son vol plané dans le nouvel arrivant. Qui n'était autre que...

Baldr, Garde du corps de Hadès, primé à 473.000.000 Berrys

... Baldr. Pour une mauvaise nouvelle, c'était une mauvaise nouvelle particulièrement corsée. Il se redressa de toute sa hauteur, dominant aisément chaque combattant présent du haut de ses quatre mètres de hauteur. On racontait beaucoup d'histoire sur le plus fidèle garde du Tenryon, celui qui le suivait usuellement comme son ombre, celui qui n'avait jamais laissé personne l'approcher. On le disait silencieux, muet même. On le disait prompt à obéir sans poser de questions... et on le disait surtout particulièrement terrible dès lors qu'il s'agissait de passer aux armes.

Son poing massif s'écrasa dans la gueule de l'humanoïde avec une virulence monumentale, comme s'il se débarrassait d'un moucheron. Ce que le nabot était, si on le comparait à lui : quelques éclats de dent volèrent tandis que le boulet semi-humain changeait de direction, allant s'encastrer dans un mât. Il y glissa lentement, la langue dehors, du sang coulant de ses babines : il était visiblement hors d'état de nuire, en tout cas pour l'instant... et il venait d'apprendre une leçon terrible aux forbans et aux chasseurs de prime en présence : le garde du corps ne s'enquiquinerait d'aucune gêne et, à la vue de ce qu'il venait de faire au visage de ce pauvre Pouic, il était largement capable d'infliger des dégâts viscéraux en l'espace d'un instant...

Il toisa l'assemblée. On lui avait ordonné de les détruire et il comptait le faire. Il avait mis son temps à arriver ici, mais il tombait à point nommé : certes, il ne recevrait fort certainement aucun renfort, considérant la masse de chasseurs qui retenaient désormais les pirates dans les niveaux inférieurs de l'océan et la position bien plus avantageuse du Kibo no Felicity... mais la question restait entière : était-il coincé ici avec eux, ou étaient-ils coincés ici avec lui ?

En simple réponse, il fonça en direction de Hiko, avec la ferme intention de la balayer sèchement de ses poings brutaux et dantesques. Les membres de l'équipage présents, ainsi que les chasseurs de prime, se rendraient rapidement compte d'une chose : à partir de maintenant, ce ne serait plus un combat... mais bien une course contre la montre dans laquelle chaque effort combiné serait crucial pour tenir cette monstruosité en respect.

Tégée Deimos, Ragnarock & Jormungand

- Tu devrais abandonner, vieil homme.

Le corps du Deimos percuta le plancher avec violence tandis que Jormungand atterrissait avec grâce et fluidité à son côté, lame tirée. L'ancien, de son côté, se redressa en crachant un glaire de sang et de salive sur le côté. Il n'était plus aussi jeune qu'autrefois... enfin, il savait que c'était une piètre excuse : il aurait eu tout autant de mal. Les lieutenants d'Hadès étaient des brutes de puissance, une puissance utilisée de façon pernicieuse et vindicative. Seul, il n'avait pas la moindre chance de remporter un combat contre ces deux pointures et il le savait. Néanmoins, il avait gagné du temps et il espérait que cela suffirait. Le nabot avait bien reçu sa directive.

- Vous êtes mieux placés que moi pour savoir qu'être un vieil homme n'a rien à voir avec ce genre de considérations...

Une nouvelle attaque de Jormungand, parée de justesse, le fit à nouveau reculer de quelques mètres. Il sentait la lame vibrer dans ses mains et ses bras s'engourdir. Décidément, ce n'était pas sa journée... déjà, le silencieux et mortel garde du corps de Hadès se propulsait vers lui après une nouvelle attaque hors de l'espace, prêt à asséner un coup qui se voudrait, comme tous les autres, particulièrement punitif. À nouveau, son corps sembla lourd, bien trop lourd pour lui permettre une réaction à la fois propice et efficace.

Deux formes surgirent de l'eau et un rayon d'énergie vint s'écraser là où se trouvait l'épéiste pirate. Ce dernier avorta son mouvement et recula promptement, avant d'observer l'origine de cette gêne : deux Pacifista, dont l'un semblait bien amoché, venaient de se joindre à la danse. Il pesta. Ces bêtes du Gouvernement Mondial n'étaient pas ce qu'il craignait le plus, mais elles étaient assurément redoutables... et tandis que Ragnarock se préparait à les immobiliser, le Deimos afficha un sourire mesquin. Dans son dos, le ronronnement de l'artillerie s'intensifia, tandis que l'électricité semblait prendre une toute nouvelle consistance. Dans un geste puissant, le second de l'Empereur réagit plus qu'il n'agit et le navire amiral du dessinateur commença lourdement à quitter l'eau par la proue, se soulevant de quelques mètres. Il n'y arriverait pas à temps.

Pas à temps pour tout esquiver, en tout cas...

Le tir quitta le canon dans un rugissement terrifiant, tandis que le trait luminescent et crépitant se dirigeait droit vers l'avant. Le haut du mât du navire sur lequel le maudit de la pesanteur se trouvait fut complètement oblitéré et il manqua de perdre l'équilibre tandis que le galion de l'Empereur des chasseurs s'enfonçait de plusieurs mètres dans l'eau de par la poupe. L'offensive déchira l'espace en ligne droite, avant de venir percuter un autre obstacle qui avait le malheur d'être bien plus gros que ce qu'il n'aurait du être... le monstre de bois et de titane de la Triade, dans toute sa splendeur, venait d'être largement secoué par une nouvelle frappe qui arracha une bonne partie de son bastingage, sur lequel un trio de pointures n'eurent qu'une poignée de secondes pour réagir. Ragnarock pesta : cette arme devait être détruite !

Tégée, de son côté, soupira légèrement avant de se redresser. Déjà, les Pacifista se dressaient de façon stoïque et froide, devant un Jormungand toujours aussi austère et prêt à en découdre. Ce combat était loin d'être terminé.

Liao Hojo, Agrid Maslow Jr. & Mendela Yorkshire

- Putain de ... !

Ce foutu trappeur était une plaie, un enquiquineur, un emmerdeur de première. Autant de mots joliment ponctués de sentiments vivaces que le Tueur de Supernova pouvait lui décerner. Lorsqu'il sentit sa présence dans son dos, il tenta de se retourner tout en ayant pleinement conscience qu'il allait devoir une nouvelle fois faire usage de son Haki de l'armement pour parer l'attaque... chose qui, en retour, allait le forcer à remettre encore à plus tard la prochaine blessure véritable qu'il serait capable de lui infliger. Pourtant, ce ne fut pas le cas : le lumineux sabreur s'interposa en le bousculant d'un coup de coude et, si l'action en elle même dessina un rictus mécontent sur les lèvres de Liao, il était suffisamment expérimenté pour comprendre qu'il devait certainement quelques secondes de répit à cette intervention.

Ce ne fut cependant que pour tomber sur un autre os, un peu plus tard : Agrid se présenta au dessus du chasseur de prime, assénant un coup de pied circulaire qui manqua de lui décrocher la tête des épaules sans autre forme de procès. Se baissant adroitement, il contre-attaqua d'un coup d'éventail qui se heurta au poing droit de la bête bleue, cette dernière reculant lestement avant de se saisir d'une chaîne qu'il empoigna fermement, la faisant tournoyer autour de lui avant de frapper Liao à l'épaule avec.

- D'abord je te tue, puis Mendela... puis j'en finirai avec cet enfoiré luminescent !

Son plan vira à l'échec lorsque la chaîne fut tranchée sans aucune autre forme de procès par l’extrémité acérée de l'éventail du traqueur. Ce dernier, passablement agacé, se jeta vers l'avant en profitant de la surprise du forban avant de manipuler son arme exotique d'une façon spectaculaire. Autour d'elle, le feu se condensa, s'extirpant des crevasses aux alentours, quittant les cadavres calcinés, prenant la forme serpentine d'une créature éthérée et lancinante. Puis, alors que le Maslow Jr. comprenait qu'il avait mal appréhendé ce qu'il restait dans les tripes du Hojo, ce dernier rugit comme un lion en relevant son arme.

-  Makkakaze no Ougi : Taika !*

Les flammes explosèrent littéralement au visage du lieutenant de Hadès, qui se retrouva emporté avec virulence vers l'arrière. Son corps se perdit dans une multitude de débris tandis que tout prenait feu devant Liao, dans une vague gigantesque qui n'épargnerait rien... rien ni personne. Tel était l'art funeste du fils de Mijushike Hojo : s'il n'avait pas la subtilité de son paternel, il la compensait aisément par un potentiel brut qui faisait de lui un véritable monstre en devenir. Après tout, que pourrait-il donner, alors à l'apex de sa puissance ?

Du côté de Mendela, les choses semblèrent rapidement se corser pour le sabreur : car s'il eut le réflexe d'user de son fluide de l'armement, il comprit rapidement que son attaque n'était pas destinée à traverser les défenses du Yorkshire. Il restait tel qu'il avait toujours été : imperméable, invulnérable. Son pouvoir était puissant, terrible même... et en certains instants comme celui-ci, il en tirait une satisfaction morbide. Il avait vu de nombreux ennemis se briser sur sa peau. De nombreuses attaques s'y échouer... et aujourd'hui, celles du maudit du Pika Pika no Mi ne faisaient guère différemment. Ainsi, lorsqu'il esquiva la sphère de lumière allant éclater dans son dos, il étira ses traits sous le masque.

- Kyoshiro... si honorable. Si désireux d'aider.

Il fit un pas en direction de cet ennemi qui l'avait lourdement mis en difficulté de par le passé : non pas par ses compétences pures et dures, mais bien par son affligeante propension à se jeter dans des dangers ne le concernant pas...

- Liao tombera bientôt. Quant à toi, je constate que cette tête brûlée de Agrid n'a pas été tendre avec toi.

Il constatait l'évidence, mais il soulevait par là même un point inquiétant : certes, il avait lui même subi quelques blessures... mais il restait dans un état bien plus satisfaisant que le reste du quatuor, si l'on faisait réellement la comparaison.

- Tes attaques ne me briseront pas. Tu n'es pas encore assez fort pour ça... tu peux encore quitter cet endroit, si tu le souhaites. Malgré nos différends, je peux t'accorder cela... pars. Pars, rejoins tes amis. Si Hadès est la moitié de l'homme que je pense qu'il est, tu ne devrais jamais les avoir quittés en premier lieu.

Il devait l'éloigner. Il devait le pousser à partir. Agrid semblait venir de subir une déconfiture sévère : une déconfiture dont il allait se relever en rage. S'il parvenait à écarter le sabreur lumineux de cet affrontement... alors il pourrait enfin réaliser son véritable plan, celui pour lequel il avait voulu à tout prix affronter le fils du leader de l'Alliance. Il offrait donc un choix simple au second de l'équipage des Tengoku no Seigi : quitter l'affrontement sans être inquiété, retrouver les siens, les défendre âprement et s'assurer de leur survie... ou rester et se battre. Rester et mourir.

Hadès Tenryon, Mijushike Hojo

- Quel monstre. C'est parfait.

Dans le regard scintillant de Mijushike se lisaient de nombreuses émotions purement humaines. Excitation, admiration, un léger soupçon d'angoisse. Tout ce à quoi il tenait désormais, tout ce qu'il voulait porter au devant du monde et élever plus haut que les plus hautes montagnes, toutes ses ambitions et ces années acharnées de travail dans répit se cristallisaient dans cet affrontement au sommet. Certes, il avait déjà affronté Eko Taka dans une bataille similaire, faisant rugir la poudre et crisser l'acier au travers d'un duel terrible. Pourtant... il y avait chez Hadès Tenryon quelque chose qui le rendait bien plus effrayant que l'Aveugle. Était-ce la froideur de son regard ? La certitude implacable qu'il était possible d'y lire ? Ou peut-être était-ce la façon dont son corps semblait briser toutes les règles les plus élémentaires ? Le Hojo ne savait pas quoi en penser exactement, mais une chose était certaine : il avait bien fait de prendre ses dispositions.

Sautant d'un rocher à un autre avec une habileté hors du commun, le leader de l'alliance des chasseurs de prime parvint à s'extraire de la furie des eaux tourbillonnantes qui tentaient de le happer furieusement. Il restait encore des monceaux de terre sur lesquels se jucher, mais cela ne durerait pas... déjà, dans une série de craquements et de raclements titanesques, l'île s'enfonçait sur ses fondations et retournait à la mer qui l'avait vue naître. Un travail long et sans failles de mère nature, renvoyé au néant par la volonté d'un seul homme. Un homme qu'il comptait abattre dès que l'occasion lui en serait donnée. Il était en train de réfléchir à la façon la plus pratique d'y parvenir lorsque la voix du Phoenix tonna non loin de lui.

Il comptait au départ se débrouiller par ses propres moyens, aussi rustiques furent-ils, mais la proposition de l'ancien Shichibukai était inespérée : elle lui permettrait de garder un autre atout dans sa manche, ce qui, dans pareille situation, relevait du crucial plus que du confort. Ne se faisant pas prier, il sauta sur le dos de l'oiseau légendaire. Voilà qui allait lui permettre de combattre efficacement... car tandis qu'il pourrait se livrer à une rixe aérienne en règles avec l'Empereur, le Fenice aurait tout loisir de gérer les trajectoires et les esquives qu'ils auraient sans doute à réaliser. Si le Tueur de Yonkou ne se trompait pas, il semblait également que le blondinet était capable de déployer de terribles attaques en utilisant son fluide combattif... assez pour blesser un Tenryon au top de sa forme. Cependant, cela semblait puiser dans ses réserves, l'empêchant d'enchaîner pareils assauts. Ils allaient donc devoir œuvrer de concert pour lui permettre de régénérer ses capacités.

- Voyons ce que notre homme vaut dans les cieux !

À ces mots, laissant le vent siffler dans ses cheveux et dans ses oreilles, le chasseur de primés réputé déroula un parchemin de son côté avant de le zieuter avidement, cherchant ce que son esprit avait pu produire de plus propice à une situation pareille. Il savait déjà qu'une arme frontale serait une mesure de sécurité qu'il devrait se montrer capable de déployer rapidement en cas de pépin, mais ce ne serait pas son approche directe. Il serait outrageusement difficile de piéger le Tenryon dans les airs, où il n'avait aucun support pour dessiner sereinement ce qui lui passait par la tête. Tandis que l'Empereur s'élançait déjà dans leur direction en éclatant le sol qui le soutenait jusque là, le dessinateur opta finalement pour une arme singulière : une lame circulaire très épaisse, aux extrémités tranchantes, qui semblait effectuer une rotation fluide à l’extrémité d'une chaine solide.

- Si je tombe, ne t'occupe pas de moi... frappe !

Il sourit et commença à faire furieusement tourner son arme dans tous les sens. Les mouvements de l'oiseau provoquaient des incongruités dans le comportement de l'arme que le Hojo comptait mettre à profit pour surprendre l'Empereur dans ses mouvements. De quoi ouvrir des ouvertures dans lesquelles le Zoan pourrait se glisser férocement... avant de reprendre le ballet aérien, aussi longtemps que cela serait nécessaire. Au dessus d'eux, la lune décrivait une course contre la montre dans le ciel, comptant oisivement les âmes prélevées par cette bataille terrifiante. Une première fois, la lame ripa sur le haki de l'ancien vieillard, non sans néanmoins le forcer à reculer : visiblement, briser une île par la simple puissance de son fluide coutait son prix en énergie, même pour une légende vivante... une légende vivante qui était bien loin de rendre les armes et qui risquait de se faire particulièrement virulente à partir de maintenant. Elle les coulerait, elle les enverrait au plancher même de l'océan pour y creuser leurs tombes.