La bilcane à quatre ailes avançait sur le ponton de Micqueot, saluant le capitaine de la Flotte Noire de Puerto Havana qui venait de la déposer. Ces deux personnes se connaissaient bien désormais puisqu’ils avaient vogué sur Grandline pour rejoindre l’île de Jaya où l’un avait fait des profits et l’autre avait pris sa décision finale. En effet, la blonde aux yeux argentés s’était retrouvée en plein doute suite au jour où elle avait entendu parler d’un moyen pour remonter à la mer blanche dont elle était tombée neuf ans plus tôt. Entre demeurer sur les flots bleus pour vivre de sa passion pour le combat ainsi que la découverte du monde et regagner Bilca où se trouvait les siens, son cœur avait longuement vacillé. Néanmoins, suite à la rencontre avec le très ouvert d’esprit vice-amiral Ghetis Archer et ses acolytes de la Couronne, ce qui lui avait permis de découvrir que les légendes urbaines étaient fondées, la De Lérhane était entrée dans une phase méditative qui l’avait conduit à repousser son retour auprès des siens au moment où elle aurait assouvi son désir de devenir l’une des plus grandes combattantes que ce monde ait portées. Enfin, étant partie de North Blue grâce à ce capitaine et y étant revenu avec lui, elle avait su développer des liens avec les membres de cet équipage avec qui elle resterait en contact même si pour l’heure elle ne les avait pas encore quittés. Si durant les trajets en mer elle participait aux travaux collectifs pour la gestion du vaisseau, la bilcane n’était pas habilité à commercer. Elle se contentait donc de profiter des escales pour faire le tour des îles rencontrés, ce qui lui avait valu quelques aventures sur Grandline d’ailleurs. Enfin, Micqueot ne l’inspirait guère, elle qui avait horreur de l’alcool. Soupirant, elle avança au milieu des terres enneigés du grand nord, emmitouflé dans un bon manteau, observant les différents ivrognes qui devait profités des diverses boissons à bas prix pour plonger dans l’ivresse la plus totale, certains vignobles de Micqueot fabriquant des bouteilles bien trop cher pour le bas peuple de ces mers, seuls des nobles et riches bourgeois pouvant s’offrir de pareils services.

Arrivant finalement devant le Parcours du Grand Bûcheron après une longue marche, la bilcane décida d’y pénétrer afin d’enfin pouvoir se réchauffer même si elle craignait que le lieu soit hanté des mêmes buveurs qu’ailleurs. Se baissant pour passer la porte, ses trois mètres de haut et ses larges ailes la contraignant à faire cela quasiment partout, l’Archange du Typhon observa les lieux de son regard lunaire bien en hauteur. Des yeux se tourneraient sans aucun doute vers elle vu le côté exotique, voir surréaliste, de cette femme, mais elle n’y ferait guère plus attention que d’habitude puisque c’était son lot quotidien lorsqu’elle se baladait sur une île où peu de monde, voir personne, ne la connaissait. Marchant fermement tout droit vers le comptoir en saluant les personnes sur le chemin, n’hésitant pas à dessiner un sourire sur son visage pour se montrer plus sympathique, la De Lérhane chercherait de quoi s’assoir tout en faisant sa commande, priant pour que les auberges de cette île entière dédié à l’alcool n’aient pas que cela en stock.

-Un jus de mangue s’il vous plait, demanda-t-elle au tavernier avant de siffloter un air.

S’il n’en avait pas, elle demanderait un jus d’orange ou de pomme, les plus communs donc ceux qu’il avait le plus de chance d’avoir. Si là encore il n’en avait pas, elle se mettrait à soupirer avant de remercier le brave homme après quoi elle se lèverait et se mettrait en marche pour quitter les lieux. Dans le cas où il avait un de ces produits, elle resterait là à le déguster sur place tout en cherchant quelqu’un avec qui faire la conversation pour en apprendre un peu plus sur l’île.

La demoiselle ailée remercia le tavernier d’un hochement de tête et d’un sourire quand celui-ci lui rapporta le breuvage qu’elle avait commandé. Prenant le verre, la maudite le porta à ses lèvres pour commencer à boire quand elle eu un sentiment étrange… C’était comme si… Comme si… Comme si on l’observait. C’est alors qu’elle tourna le regard et vit le visage de ce jeune homme qui la fixait, c’étant rapproché d’elle. Marqué par la surprise, cet instant sembla se maintenir en suspension pendant que l’Archange du Typhon se demandait ce que ce joyeux luron lui voulait, arquant un sourcil au passage. C’est alors que le prince à la crinière pour ainsi dire verdoyante s’adressa à la De Lérhane qui reposa son jus de mangue sur le comptoir, fixant cet homme qui la regardait avec une lueur dans les yeux, cette lueur qui nait de l’émerveillement et que la demoiselle connaissait bien pour l’avoir déjà eu durant ses diverses aventures sur des îles particulières. Si cela lui avait paru glauque durant les premiers instants, ce détail changea sa perspective de la chose, la conduisant à comprendre les intentions de ce personnage peut-être trop expressif et entreprenant. Il devait avoir soif d’apprendre et rencontrer une personne avec une apparence aussi exotique qu’elle avait chatouillé son intérêt, ce que l’ancienne révolutionnaire était tout à fait en mesure de comprendre. Ce n’était pas la première que ça lui arrivait, mais c’était exceptionnel que l’approche soit aussi directe. Abaissant le regard pour la main qui lui était tendu, la colossale demoiselle tendit la sienne tout en affichant un léger sourire afin d’échanger les salutations en prenant garde à ne pas écraser les doigts délicats de Liam sous sa force surhumaine.

-Bonjour, moi c’est Ishtar De Lérhane. Ce n’est pas une manière très traditionnelle d’aborder les gens vous savez Liam. Certaines personnes pourraient prendre peur ou vous croire fou. Enfin ravi de faire votre connaissance. Vous voulez… discuter ? Si c’est le cas je vous en prie asseyez-vous, déclarerait la décima en désignant d’un regard le tabouret d’à côté. Qu’est ce qui me vaut ce regard plein d’étoiles ? demanderait la bilcane avant de porter à nouveau son verre à ses lèvres pour prendre une gorgée du précieux liquide.

Tout en écoutant la réponse de son interlocuteur, l’originaire des cieux observeraient les alentours pour voir un peu qui se trouvait là. Est-ce qu’il y avait quelques forbans de passage ? Des révolutionnaires se vidant la tête ? Des marins profitant d’être à terre pour engloutir un bon repas ? Beaucoup de possibilité. Beaucoup de vies. C’était ça qui était fascinant lorsque l’on regardait une ville, lorsque notre regard se perdait l’immensité de ces fenêtres qui chacune représentait pour ainsi dire une existence. Il y avait la une pluralité d’existences, une multitude de choix, de métiers, de relations et surtout de passé. On pouvait presque rester perplexe face à la quantité si innombrable de vies entières, de lignes qui se croisaient et s’écartaient pour finalement construire la toile immense et bien trop grande qu’était la société humaine.

Les feux célestes emplissaient le ciel dans un torrent de sensations hivernales. Les flots du temps se font violents quand vient l’heure de sonner à la porte de la vérité. La De Lérhane était adossé au mur et observait les habitants qui faisaient la fête. Les jeux s’étaient clôt dans une effervescence totale et maintenant tout le monde célébré les triomphes des vainqueurs. C’était un bon prétexte pour que certain tavernier de cette île de vignerons ouvre quelques-unes de leurs meilleures bouteilles pour régaler la foule. Cela rappelait à la bilcane les fêtes de son village natale, les citoyens qui s’agglutinaient dans la bonne humeur, festoyant pour une raison x ou y. De la convivialité à l’état pur. C’était un climat qui faisait du bien et qui apaisait l’âme. La fille du firmament se laissa guider par la valse des notes et la mélodie des corps. Dans l’ivresse des événements, personne ne faisait plus attention à la grande différence de physique entre eux et la zoan mythique. La soirée pu poursuivre son cours jusque très tard dans la nuit, le sommeil ne parvenant guère à emporter dans ses bras la majorité des personnes présentes…

Finalement, le soleil se leva sur l’île, réveillant progressivement tous les citoyens qui s’étaient endormi sur la plage, Ishtar inclus. L’être angélique pu rapidement constater les nombreux maux de crâne qui s’éveillaient chez les habitants, marque de leur ingurgitation de nombreux verres d’alcool. La reptilienne, pour sa part, ne buvait pas ce genre de breuvages et avait donc l’esprit clair. Le visage s’illuminant d’un sourire, la femme descendue des cieux se redressa et se dirigea vers l’intérieur des terres en quête d’un endroit où elle pourrait loger afin de pouvoir entamer la journée en prenant un bain bien mérité. Elle n’avait encore aucune idée de comment s’occuper, mais elle finirait bien par croisé des gens avec qui discuter pour en découvrir davantage sur le quotidien de cette île.