Encore une journée à attendre. Le soleil se levait à peine, réchauffant les petits champs de blé des faubourgs de la ville. Le petit corps d'hommes peinait à se réveiller après les festivités du soir dernier. Pourtant, il fallait retourner travailler dans les champs pour récolter le dur labeur de plusieurs semaines de sueur et d'efforts. L'été avait commencé depuis peu et les bourgeons de fleurs montraient le bout de leurs pétales, redonnant aux plaines leurs couleurs rafraîchissantes de l'été précédant. Les fourneaux s'éveillaient, les pots de cuissons, les étals à marchands, les navires qui accostaient les pontons des quais d'embarcations, le brouhaha matinal et quotidien de Mercury.

Moi, moi je me situais en hauteur, assis, les jambes dans le vide, dans la vieille tour de guet, vestige d'un ancien campement de la Marine abandonné depuis belle lurette. J'observais la ville s'animer tandis que le ciel passait du rouge à l'orange et de l'orange au bleu. Pas un nuage à l'horizon, encore une journée chaude et torride. Des effluves flottaient dans l'air, les petits pains au four laissaient leur délicieuse odeur pénétrer mes narines et mon estomac gronder. Je m'étais levé, comme à l'accoutume, avec un peu d'avance. Juste de quoi arriver ici avant les premières lueurs de l'aube. Les navires arrivaient en masse depuis tous les côtés, petits et grands, désireux de marchander dans la sublime place marchande de Mercury, l'île de l'Été. L'une des seules îles de Seas Blues qui était réputée pour posséder d'immenses silos d'agricultures. Les champs avaient envahi la ville et partout à l'intérieur, on pouvait sentir l'odeur du blé et de l'orge. Nombreuses étaient les pâtisseries qui longeaient le boulevard marchand et la place populaire. De petits restaurants, où on pouvait grignoter quelques fines gourmandises tout en admirant les spectacles des cirques ambulants qui se donnaient à cœur joie d'émerveiller ne serait-ce que quelques heures leur grand public amateur, étaient placés tout autour du centre de la place populaire, en un immense cercle laissant les visiteurs et les citoyens aller ci et là dans la ville. Quoi de mieux qu'une île paisible sous la protection du Gouvernement Mondial. Cette ville, March, la "capitale" de l'île, réputée comme le joyau des gourmets, offrait une vue à couper le souffle du reste de la grande île. Quelques petits hameaux dispersés de part et autres dans les grandes forêts fruitées, procuraient un peu de fraîcheur à cet endroit perdu au milieu de South Blue.

L'île, renommée Mercury en l'honneur du Vice-amiral ayant découvert et reconquis l'île pour l'offrir au peuple opprimé par les pirates qui affluaient dans les environs, il y a une bonne centaine d'années déjà. Son nom était Mercury Joseph. Avant ça, l'île ne portait aucun nom et la ville n'existait pas encore, un simple repaire de pirates maraudeurs et opprimant un peuple ne désirant que la paix et la tranquillité.

Aujourd'hui, je devais rester de garde avec Lizzie pour surveiller les champs de moutons et chasser les potentiels loups se cachant à la lisière de la forêt. Ces derniers sont forts intelligents, mais ils se croient peut-être un peu trop supérieurs. La dernière meute qui s'est attaquée au troupeau a goûté à nos lames. Maintenant, nous vendons de la magnifique peau de loups et certains restaurants offrent un fin filet mignon de louveteau. Une tête de loup noir orne la taverne du vieux Soûl, il ne cesse de vanter que c'est lui qui l'a tué à mains nues, mais c'est moi qui l'ai décapité, il y a de ça peut-être trois mois. Ou était-ce cinq ? Dans tous les cas, je pourrais sûrement aller quémander un petit pain tout frais sorti des fourneaux de la maman de Lizzie tout en allant la chercher. Elle fait les meilleurs petites fournées à la crème sûre.

Les rues commencent petit à petit à se bonder, mais ce n'est que le petit matin et dans quelques heures déjà celles-ci seront désertes, car tout le monde sera à leurs affaires. C'est apaisant que de savoir qu'aucun pirate ou presque ne viennent visiter cette magnifique île qu'est Mercury. C'est un véritable havre de paix et de petits plaisirs rafraîchissants. J'arriverai bientôt en vue de la maison des parents de Lizzie, prêt à supplier dame Thérèsa de me donner une petite bouchée de pain pour faire taire le grondement et le gargouillement provenant de mon petit estomac affamé. Je mangerai mieux lorsque l'on viendra prendre la relève. Comme à l'habitude, Lizzie m'invitera à manger à côté de la fontaine de la place principale. Elle et ses sandwichs au thon et à la mayonnaise... je ne me lasserai jamais de son petit sourire coquet.

"Qu'est-ce que je fais, Aidan ? Je ne peux tout de même pas de laisser t'occuper seul d'eux !" - Lizzie

Je tournais les yeux vers elle, tandis que ma main droite retenait la gueule béante d'un loup de m'embrasser brutalement le cuir chevelu, en soupirant. Que croyait-elle pouvoir faire de mieux pour moi à cet instant présent ? Brandir son petit bâton en bois complètement inoffensif.

"Aller, file et va prévenir les adultes que les loups sont passés à l'offensif. C'est un ordre, Lizzie" - Aidan

Gnagnagna, elle reculait en hésitant, puis elle s'en est allée, courant à en perdre le souffle... en direction des champs de blés. L'idiote, le village c'est à l'opposé de là. Je n'ai que peu de temps pour pestiférer envers elle, car le loup s'est détaché de mon emprise et me regarde nonchalamment. Il se croit tout permis le petit chien ?

"Alors, mon toutou, tu as perdu ta maman ? Si tu veux, je peux t'aider à retrouver le chemin de ta niche." - Aidan

Je ne pensais pas qu'il me comprendrait, ou peut-être savait-il que je me moquais de lui, car il s'est mis a grogner en me montrant ses belles dents blanches. Magnifique, une journée si parfaite, ruinée en quelques secondes par un misérable louveteau trop ambitieux. Ses frères de meutes étaient déjà parti en direction du village, ignorant les moutons. L'odeur alléchante de la viande cuite a dû leur exploser le museau, car pour une meute, ils étaient très nombreux. Au moins dix grand max. L'heure n'était pas à la réflexion, le loup s'apprêtait à me sauter dessus, mais je ne lui laisserai pas l'occasion de le faire. Sortant mon couteau, je fis un déplacement de côté sur sa droite avant de bondir sur son flanc. Il esquiva l'attaque en roulant sur sa gauche et se releva pour me fondre dessus, mais son museau fut intercepté par le talon de mon pied droit qui lui décocha une plainte douloureuse, enfin, pour un loup.

Grognant de plus belle, il tourna la tête vers moi, mais ne vit rien, c'est alors que je lui retombais sur le dos, le chevauchant comme un vrai toréador. Il sautillait, se trémoussait, mais rien n'y changeait, je restais bien accroché à lui, plantant à l'occasion ma lame dans son dos. Il couinait comme un chien battu et son grognement se perdait dans un écho de coups de lame déchirant la chair, les muscles et frottant les os de ce dernier. Finalement, il poussa un dernier hurlement, une complainte, probablement d'adieu, et s'écroula au sol. Je peinais à me relever quand deux autres grognements me parvinrent depuis la lisière de la forêt. Deux gros loups s'avançaient dans ma direction.

"Je crois que c'est mon jour de chance, deux pour le prix d'un, on va se régaler ce soir." - Aidan

Ma boutade avait pour but de me rassurer, mais je ne pensais pas vraiment ce que je disais. Les loups s’élancèrent vers moi, beaucoup plus rapides et endurants que leur congénère mort à côté de moi. Ce ne sera pas une partie de plaisir, je vous l'assure, mais je pense pouvoir m'en sortir... avec un bras ou une jambe en moins. Les blessures de guerre, ce n'est pas mon fort. Le plus gros était déjà sur moi, sa gueule faisant suffisamment la taille de ma tête, je roulais au sol, esquivant de justesse une décapitation unilatérale qui ne m'aurait sûrement pas laissé de marbre. Je reportais mon attention sur le second qui me contournait pour me prendre de dos. Coincé en sandwich, comme celui au thon qui m'attendra à la fin de ma ronde de matinée, enfin, si je m'en sors vivant. Ce n'est pas assuré à cent pour cent.

Je continuais les roulades à gauche et à droite, me prenant quelques coups de griffes par-ci, par-là, je tentais de les regrouper en un même endroit pour mieux les frapper en même temps, mais ce n'était pas facile. L'un d'entre eux devait être l'alpha de la meute, peut-être le plus petit, plus rusé et malicieux. Il avait une belle robe blanche tachée de sang, mais ce ne devait pas être le mien, car mes blessures ne m'avaient été causée que par le gros lard qui me tournait autour depuis déjà cinq minutes. Je commençais à fatiguer et, eux, pas le moindrement du monde. Génial ! Je vais mourir avant même d'avoir pu éliminer mon premier pirate et d'avoir pu revoir mon père.

"C'est vraiment le jour de ma vie, vous ne voudriez pas retourner dans votre petite forêt et m'oublier pour le restant de vos jours ?" - Aidan

Nah, ils ne voudront jamais. Je déteste vraiment les loups...

"Aidan. On discutera plus tard, le reste de la meute se dirige tout droit vers la ville. Il n'y a pas de Marine locale, ici. Sinon, je ne serais pas en poste ici pour protéger le bétail. Dirigez-vous vers la ville, moi je file chercher l'équipement adéquat pour ces circonstances. Ils vont bientôt atteindre les premiers hameaux. Évitez de balancer trop bourrasques prochainement, vous pourriez blesser des civils innocents. Et si auquel cas, ça arrive, vous m'aurez sur votre dos. Est-ce bien clair, dame Ishtar ?" - Aidan

Je ne pouvais attendre sa réponse, m'élançant sur le chemin de terre qui s'offrait à ma gauche. Celui-ci me mènera à la vieille tour de guet, d'où je pourrai assister cette étrange voyageuse. Au loin, je pouvais voir les loups dévaler les flans des routes et s'approcher dangereusement des premiers hameaux. Cette attaque était beaucoup trop ordonnée pour n'être qu'une simple chasse. Les loups normaux ont pour habitude de s'attaquer aux animaux à la lisière, pas à la ville. Mon instinct me poussait à faire preuve de prudence.

"Et Lizzie qui n'a pas pu en avertir un seul. Il me revient de faire ce qui doit être fait." - Aidan

Au lieu de déboucher sur la vieille tour, je me suis déplacé de quelques mètres pour arriver à une vieille caserne où se trouvait un vieux clocher rouillé. En espérant qu'il ne s'écroule pas, j'ai pris mon souffle et je lui ai sauté dessus, pieds joints vers l'avant, percutant la couronne conique de la cloche. Le choc était percutant, mais je parvins à la faire bouger suffisamment pour créer un mouvement qui créa un tintement retentissant partout sur l'île. Je dû me boucher les oreilles pour ne pas devenir sourd. Déjà que mes pieds me faisaient souffrir après l'atterrissage forcé, maintenant je devais me relever pour retourner à la tour de guet. Ma tête tournait, car malgré mon bouchage d'oreilles, le bruit était si intense que j'ai cru pendant un instant que mes tympans allaient exploser. Au moins, la ville aura entendu la cloche retentir.

J'arrivais en vue de la tour de guet, juste à temps pour voir une vision qui m'horrifia : Ce n'était pas seulement dix loups qui étaient passés, mais une bonne trentaine et ils étaient déjà entré dans la partie supérieure de la capitale. Une cloche résonna au loin, celle de l'église, en plus coups pour répondre à ceux que j'avais fait entendre. On entendait et on pouvait voir les hommes rentrer de part et d'autres de la capitale pour se diriger dans leur maison et en ressortir fourches et faux à la main. Ce n'était pas une simple attaque de loups, ils étaient beaucoup trop regroupés pour n'être qu'une seule meute.

Je venais à peine de prendre mon fusil en main et de mettre des cartouches au sol, m'accroupissant pour mieux pouvoir viser et les abattre, mais avec les maisons, il était difficile de toucher qui que ce soit sans atteindre par malchance un civil qui courait pour fuir. Je fulminais à l'intérieur de moi contre mon impuissance et mon manque d'attention. Si j'avais vu le coup venir, j'aurais pu prévenir la capitale beaucoup plus tôt. Si j'étais plus fort, j'en aurais eu terminé de ces deux idiots de loups et je serais déjà ici ou même dans le village pour aider à protéger les citoyens.

"Pourvu que Lizzie ne se retrouve pas dans tout ce bordel." - Aidan

"Je lui avais pourtant dit d'y aller mollo, Je vous jure, parfois, j'ai l'impression qu'on ne m'écoute pas." - Aidan

Depuis mon point d'observation, je pouvais voir les loups se faire démonter par l'étrange créature volante. Elle les mitraillaient de je ne sais pas trop quoi, mais ça fonctionnait bien. Pour ma part, je n'étais pas très utile, ma vue étant sans cesse bloquée par les maisons et les citoyens qui fuyaient. Il fallait que je descende moi-même à la capitale. Pour se faire, j'allais utiliser la tyrolienne que j'avais installé l'an dernier. Après avoir escaladé rapidement la vieille tour de guet, je me suis élancé dans le vide de la falaise, jusqu'à atteindre la corde en fils d'acier plantée dans le flanc de la montagne. J'utilisais mon fusil pour glisser le long de la tyrolienne, filant à pleine vitesse, à travers les arbres, en direction des murs extérieurs de la ville. Je me laissais finalement tomber sur la grande muraille, roulant plusieurs fois sur moi-même avant de reprendre ma course en sautant sur les hautes toitures des maisons. Le feu n'avait pas pris, les loups ne s'intéressaient qu'aux humains. Il fallait que je me dépêche.

Maintenant que j'étais plus près, je pouvais offrir un meilleur soutien à la populace, n'hésitant guère avant de tirer sur les loups que je voyais passer en bas et au loin dans les rues. Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps avant d'arriver à la place principale, désertée par les citoyens en panique. Les loups semblaient garder l'endroit. Étrange, me suis-je dit. Je ne voyais plus la créature, car mon attention s'était reportée sur un jeune homme, assis au milieu des loups, qui ne semblait pas être effrayé par ces derniers. Je ne le reconnaissait pas, il ne devait pas être du coin. Les loups se couchaient autour de lui et sur lui, frottant leur museau contre lui, celui-ci répondant à leurs demandes en les caressant. Je n'avais pas le temps de réfléchir. Je visais déjà un premier loup pour tenter de l'abattre et mes yeux se rivèrent sur le jeune homme qui me fixait du regard. Ses yeux verts me plongeaient dans un abysse de profondeur.

"Qui es-tu ? Que fais-tu là, au milieu de ses monstres." - Aidan

"Ce ne sont pas des monstres, mon ami. Ce sont mes compagnons." - Inconnu

Ses compagnons, c'était donc lui qui les avait poussés à s'en prendre aux humains de la cité. Je ne pouvais décrocher mon regard de ses étranges yeux hypnotisant.

"Qui es-tu ?" - Aidan

"Je m'appelle Raphael, Crossford Raphael. Je suis un pirate qui cherche le repos." - Raphael

"Si c'est le repos que tu recherches, alors je peux te l'offrir. Tu reposeras à jamais sous terre dans quelques instants." - Aidan

"Ce n'est pas de cela que je parlais. Attrapez-le." - Raphael

Les loups fondaient sur moi, comme une armée de fourmis, mais je me trouvais sur les toits. Comment allaient-ils monter jusqu'ici ? J'ai été très surpris par ce qui s'est enchaîné. Les loups formaient ensemble un grand escalier qui les mèneraient jusqu'à moi. Je n'ai pas perdu de temps et pendant que les loups couraient sur les dos de leurs confrères, je tirais sur ceux qui retenaient toute la masse, faisant s'écrouler l'escalier animalier comme un immense château de cartes auquel on aurait fortement soufflé dessus. Les loups tombaient et s'écrasaient sur le béton sec et chauffant du petit matin, poussant des couinements de douleur. Certains ne se relevèrent même pas après que leurs compagnons leur soient tombés dessus. Ce pirate, Raphael, me regardait, les yeux remplis de haine. Mes yeux dérivèrent vers ma droite, d'autres loups avaient monté les escaliers menant aux grandes murailles de la capitale et sautaient maintenant de toits en toits venant tout droit vers moi. Malheureusement, l'écart entre ma maison et les autres aux alentours était beaucoup trop espacé et ils tombèrent tous en bas, laissant leur os se fracasser sur le béton. Un seul d'entre eux parvint à sauter suffisamment loin pour atteindre le rebord de la toiture de la maison où je me situais. Profitant de son atterrissage forcé, je lui ai sauté dessus, mais vif comme un loup, il m'esquiva et me frappa d'un coup de tête qui me fit basculer de l'autre bord de la toiture. Je peinais à me retenir par une tuile, mais le loup s'approchait dangereusement de moi et ses frères attendaient leur festin, juste sous mes pieds, se léchant les dents de leur longue langue râpeuse.

"Tu t'es mis dans de mauvais draps, petit homme." - Raphael

"On peut dire ça oui..." - Aidan

Il me fallait un plan d'urgence et plus vite que ça, mais mains allaient bientôt lâcher et je chuterais alors vers ma mort très certaine. Pour la première fois de ma vie, au lieu de réfléchir à comment m'en sortir, je me suis mis à prier pour un miracle.

Si je ne m'attendais pas à avoir de réponse, le ciel m'a répondu avec l'arrivée opportune de la créature céleste de tout à l'heure qui m'a prise par ses... pattes ? Ou ses griffes ? Dans tous les cas, moi je me retrouvais sur un autre toit et je regardais la créature voler vers Crossford. Au loin, une nouvelle cloche retentissait, me signalant que la capitale avait été évacué. Une bonne chose de fait, maintenant il me fallait m'occuper du cas de Crossford, et ce ne sera pas facile, à moins que cette chose dans les airs m'apporte un soutien. Elle semble intéressée par ce dernier. Je me suis assis un instant pour réfléchir à la procédure à suivre. Mon fusil était au sol et mon couteau avait volé je ne sais pas où dans les prés. Si je descendais, je devrai possiblement affronter d'autres loups qui arriveraient d'ailleurs. Peut-être devais-je laisser cette étrange créature s'en occuper toute seule et partir inspecter les bâtiments.

"Je ne sais pas si tu comprendras ce que je vais dire, mais je te le laisse pour cette fois-ci. Moi, je vais voir s'il n'y a pas des gens coincés dans des maisons ou d'autres loups à éliminer." - Aidan

"Je ne t'ai pas permis de partir, petit homme." - Raphael

"Tu sais où te la mettre ta permission, pirate." - Aidan

Sitôt dit, je fonçais sur les toits des bâtiments, en direction du sud, le quartier des habitations. Il ne me faudrait pas beaucoup de temps pour l'atteindre, cette partie est en inclinaison vers le bas et les toits ne sont pas beaucoup espacés. Je jetais un dernier coup d’œil à l'hideuse créature qui volait dans le ciel avant de plonger dans les ruelles étroites qui me permettront de rejoindre le secteur résidentiel.

Pas de loups en vue, c'est bien, je vais devoir redoubler de prudence lors de mes recherches, je n'ai plus d'armes pour me défendre. J'espérais de tout coeur que Lizzie se trouvait hors de la ville, elle était sous ma responsabilité. Bon sang, pourquoi fallait-il que les pirates existent ? Le monde s'en porterait mieux sans eux. Si ce pirate parvient à s'en sortir, je le retrouverai quoi qu'il m'en coûte et je l'exécuterai le plus lentement possible.

Qu'est-ce que c'était ? Alors que je poursuivais mes recherches, un puissant bruit de cloche résonna au loin. Je tournais la tête vers la provenance du bruit, pour voir l'affaissement de la tour de l'église centrale. Que c'était-il passé là-bas ? Pourquoi la tour avait explosé. J'ai tout abandonné, me ruant vers celle-ci. J'avais trouvé un couteau de cuisine dans une maison, en cherchant, et je l'avais pris sur moi pour pouvoir me défendre. Je courais dans les ruelles quand un loup est apparu au loin, me fonçant droit dessus. Pour l'esquiver, j'ai dû sauter sur les murs des deux côtés en me propulsant par appui dessus avant d'agripper une échelle remontée, me balancer et me lâchant derrière lui. La ruelle était trop étroite pour qu'il puisse se retourner, donc j'ai continué mon chemin. C'est peu après que je suis finalement tombé sur Lizzie... que j'ai percuté sans le vouloir.

"Que fais-tu encore ici ? Pourquoi n'es-tu pas avec les autres ?" - Aidan

"Je te cherchais. Il faut fuir avec les navires !" - Lizzie

Fuir ? Pourquoi faire ? Ce ne sont que des loups. Lizzie avait toujours un don pour dramatiser tout ce qui lui arrivait.

"Lizzie, calme-toi. Ce ne sont que des loups. Quand ils seront tous morts, on pourra revenir ici reprendre notre vie tranquille." - Aidan

"Mais..." - Lizzie

"Pas de mais, je vais t'escorter jusqu'en lieu sûr, puis j'irai voir ce qu'il s'est passé à l'église." - Aidan

"Moi j'ai tout vu, c'est un monsieur qui a fait exploser la tour. Il est justement parti avec la cloche en direction du port." - Lizzie

"Pardon ?" - Aidan

Un monsieur a fait exploser la tour ? Ce n'est pas de très bon augure. Qui irait se risquer à... attendez une petite minute, comment pourrait-il transporter la cloche, elle est beaucoup trop lourde pour être déplacée à main nue.

"Tu es sûre et certaine de ce que tu as vu ?" - Aidan

"Skully Aidan ! Si tu sous-entend que j'ai peut-être halluciné, sache que mes yeux et mon esprit se portent très bien ! Si je te dis que j'ai vu un homme tirer la cloche sur le trottoir, c'est que je l'ai bel et bien vu !" - Lizzie

Elle paraissait assez vexée, mais bon, au moins j'étais certain qu'elle disait la vérité. Lizzie ne ment jamais quand elle est en colère.

"D'abord, je vais t'amener en lieu sûr, ensuite, j'aviserai pour cet homme." - Aidan

Je lui ai donc pris la main avant qu'elle ne me trouve une autre raison pour que je ne m'en mêle pas et que l'on fuit en bateau. Nous courions main dans la main, dans les rues, zigzaguant à travers les bâtiments pour nous diriger jusqu'aux soubassements. J'ai frappé trois fois sur une grosse porte blindée qui s'est peu à peu ouverte, le grand Jérémy nous offrait un sourire crispé, qui se voulait rassurant.

"Prend soin d'elle. Il ne devrait plus rester trop de loups à l'heure actuelle. Est-ce qu'il manque des personnes ?" - Aidan

"... Non, je ne crois pas. Reviens-nous vivant, Aidan." - Jérémy

J'aurais bien eu l'envie de lui sourire pour le rassurer, mais je ne devais pas lui faire preuve d'empathie.

"J'essayerai." - Aidan

"Attends, Aidan !" - Lizzie

"Hum... ?" - Aidan

Elle courait vers moi les bras ouverts, je savais ce qu'il allait se passer. J'ai refermé la lourde porte sur elle et je suis parti. Il fallait que je me dirige vers le port, intercepter cet homme et découvrir ses intentions réelles. Et aussi récupérer notre clocher, car sincèrement... ça ne se fait pas de voler une cloche. Je me demande combien de calories j'aurai perdu à la fin de la journée... et surtout si on ne pourrait pas me donner un petit quelque chose à manger. J'ai pas vraiment mangé, depuis ce matin, mis à part le petit pain que m'a offert la mère de Lizzie. Mon ventre commence peu à peu à s'éveiller.

"Dépêchons-nous." - Aidan

Sur mon chemin, j'ai croisé maints loups qui ont tenté de m'attaquer et j'ai donc dû les affronter, un par un, ce qui m'a énormément retardé dans mon avancée. Je devais courire sur les devantures, sauter sur leur dos, les poignarder, les esquiver en évitant de me faire éventrer, me cacher pour ensuite en ressortir. Tellement épuisant, qu'au bout d'un moment j'ai simplement préféré fuir et me cacher dans un restaurant. J'en ai aussi profité pour manger un peu de bacon et de saucisses avec quelques légumes. C'était mon petit moment détente, car je devrais reprendre la route et affronter d'autres loups.

J'étais sorti du restaurant et deux loups m'attendaient, probablement pour me tuer, j'imagine. J'ai pris mon couteau de fortune en main et je me suis mis en position de défense.

"Okami no Odori" - Aidan

Prenant mon couteau à revers, j'arquais mon dos vers le bas, restant accroupi, attendant le bon moment pour plonger. L'un des loups couru dans ma direction et tenta de me mordre à droite, mais j'avais déjà fait un bond à gauche, pour revenir contre-attaquer sur son flanc.

"Chisana Tsume" - Aidan

Je lui ai ouvert tout le flan droit avant de retirer ma lame pour recentrer mon attention sur le second loup qui me contournait sur la gauche et me sautait dessus. Petite bond roulé vers l'avant avant de me retourner et de lui attraper la queue pour le ramener de force vers moi. J'enchaînais deux attaques, une de l'échine de son dos jusqu'à son cou et la seconde de sa nuque à là patte droite avant.

"Chisana Okami no Kiba" - Aidan

Les deux loups geignaient comme jamais et tentaient de se relever, mais la quantité de sang qu'ils perdaient les épuisaient très rapidement. Finalement, ils se sont arrêtés de couiner. J'ai donc repris ma route en direction des quais dans l'espoir de ne pas rater l'homme qui nous avait pris notre clocher. J'ai rencontré un troisième loup, mais j'ai fait une glissade pendant qu'il me sautait dessus pour en même temps en profiter pour lui trancher les quatre pattes.

"Chisana Okami no Kami Kizu" - Aidan

Il n'y avait plus aucunes traces de loups dans les environs, ce qui a eu pour but de me rassurer. J'approchais du grand boulevard qui descendait vers les quais, quand je me suis mis à entendre un bruit irritant, comme si on frottait une surface solide sur un sol sec et rugueux. En plus de faire beaucoup d'échos, j'étais persuadé qu'il s'agissait de la cloche que l'on traînait. J'ai couru à en perdre haleine et je suis finalement parvenu au carrefour, percutant un homme. J'étais retombé en arrière et j'ai relevé la tête pour lui faire mention de son inattention quand j'ai aperçu la cloche à ses côtés. Lizzie n'avait pas menti, un homme portait bel et bien la lourde cloche de la tour de l'église avec lui. Je me suis relevé en position de combat, prêt à en découdre.

"Okami no Odori" - Aidan

Quelle était sa puissance réelle ? Qu'allait-il tenter de faire maintenant que je l'avais pris en flagrant délit ? Je ne le laisserai pas fuir. J'allais engager le combat quand quatre loups sortirent de nul part nous entourant tout en grognant de manière menaçante.