La bilcane faisait le trajet dans le sens inverse. Le colis avait été déposé. Quel colis ? Le garnement noble qui avait martyrisé Ishtar, Nils ainsi que d’une certaine façon son majordome et Krom. S’il était demeuré sur Toroa en l’état, il aurait été un véritable danger pour les innocents qui auraient dû se soumettre à sa volonté, d’autant plus qu’il semblait avoir quelques liens avec les autorités. Ainsi, la fille des cieux avait décidé de l’amener à Toroa, une terre ayant vécu la révolution et ne soumettant actuellement guère à la richesse. Il allait devoir se débrouiller et seul pour revenir chez lui. Plus qu’une punition, l’Archange du Typhon espérait que cela lui servirait de leçon et que le caractère du jeune homme changerait quelque peu. Ce n’était pas gagné, mais au moins il comprendrait que son argent ne pourrait pas tout lui offrir. Enfin, il lui faudrait revenir à West Blue plus tard pour vérifier l’évolution de cette histoire. Pour l’heure, la De Lérhane retournait à Toroa pour rejoindre la rencontre qu’elle avait fait durant cette aventure, à savoir Nils. La Faucheuse était une personne assez particulière du fait de ses quelques problèmes de compréhension. Si cela avait faillit mettre dans de beau draps le binôme, étant donné que sous sa forme maudite le vieillard croyait qu’elle était son ennemi, cela rendait l’homme des plus intéressants aux yeux de la bilcane qui avait bien envie de côtoyer quelques temps le barbu, quitte à vivre temporairement chez lui, pour en découvrir davantage sur ce personnage.

Fendant le vent, la bête mythologique s’approchait des côtes à toute vitesse en survolant la surface de l’eau. S’élevant subitement à la vertical, la demoiselle ailée grimpa encore et encore dans la voûte céleste. Observant l’île qui se dressait devant elle, l’ancienne révolutionnaire laissa un sourire naître sur son visage avant de se diriger en direction de la demeure des Gratz. Demeurant à une très haute latitude, l’Archange du Typhon se doutait qu’il valait mieux éviter d’aborder Nils en étant transformer via son pouvoir de zoan. Ainsi, elle avait opté pour une entrée fracassante qu’elle avait déjà réalisé par le passé. Reprenant forme humaine, ou plutôt angélique, en plein ciel, Ishtar commença à dégringoler, conservant uniquement deux de ses majestueuses ailes en forme hybride afin de freiner durant la majorité de la chute afin de ne pas s’écraser sur le sol comme une vulgaire crêpe. À moins d’une centaine de mètres de la terre ferme, elle abandonna toute trace du reptile volant divin pour retrouver son apparence originelle. C’est ainsi que, tel un météore, l’originaire de la mer de nuages rencontra le sol dans un impact retentissant qui creusa un petit cratère à une trentaine de mètres du domaine de la ferme des Gratz. Sortant en toussant à cause de la poussière soulevé et assez lente en raison du résonnement du choc dans ses membres, la De Lérhane sortit du voile brumeux et terreux de son atterrissage pour essayer de se diriger vers l’habitation. Un ange était tombé des cieux, tel un envoyé des dieux ou un être déchu propulser sur le monde terrestre, et se dressait désormais là. Restait à voir la réaction de tout le monde pendant qu’elle continuait à cracher ses poumons en raison de la poussière s’étant infiltrer en eux.

-Désolé ! C’est difficile parfois de doser l’atterrissage, répondit la grande bilcane aux beuglements de l’ancêtre une fois que sa toux fut arrêtée.

Se redressant, l’Archange du Typhon observa les lieux et fut assez désolé que son arrivée génère ce chaos. Elle pensait pourtant avoir cibler suffisamment loin de la ferme, mais cela semblait ne pas être le cas finalement. Mince. La pauvre femme du Gratz semblait terroriser. C’était compréhensible d’une certaine façon. C’est alors que la guerrière céleste remarqua avec étonnement la présence de Krom, faisant ainsi disparaître la tristesse de la constations par la surprise.

-Oh ! Vous êtes encore là vous, lâcha-t-elle simplement.

C’est alors que l’homme aux deux haches mesurant quasiment la même taille qu’elle se dirigea vers la maudite à vive allure. Cette dernière recula vivement à coup de grand pas en agitant un bras devant elle pour évoquer une négation.

-Du calme là ! Je ne suis pas là pour me battre. Celui qui vous menacez de vous faire exploser ne vous causera plus d’ennui et je reviens simplement pour voir comment se porte la ferme. Si j’ai fait des dégâts en arrivant, vous m’en voyez désolé. J’en prendrais les responsabilités et aiderait à tout remettre en ordre.

Si malgré tout Krom passait à l’assaut, la De Lérhane ferait en sorte d’esquiver ses assauts tout en continuant de reculer. Elle disait vraie. Elle ne voulait pas combattre. Même si elle aimait ça, il n’y avait ici aucune raison de faire couler le sang et tout ce à quoi elle aurait pu aspirer c’était un duel amical avec ce combattant qu’elle avait libéré en emportant son sadique maître et en récupérant la télécommande de l’explosif implanté dans le corps de Krom afin de détruire cet engin de mort. Au pire des cas, elle tenterait même avec ses mains de venir saisir celle de son opposant pour lui faire arrêter le mouvement sans ajouter d’autres gestes afin de faire cesser la confrontation totalement inutile. Si cela marchait, peu importe le moment du déroulement des possibilités, la bilcane se dirigerait vers le vieillard et sa femme en renouvelant ses excuses.

-Encore désolé. Dites-moi ce que je dois faire pour réparer et je m’y attèlerais sur le champs.

Elle y passerait peut-être toute la journée, ce qui serait en vérité assez étonnant étant donné sa force physique qui lui permettait de transporté les charges lourdes avec une grande facilité, néanmoins l’ancienne révolutionnaire le ferait. C’était une question d’honneur. De plus, elle continuerait à travailler jusqu’au soir au besoin pour se faire pardonner, étant donné que simplement réparer les dégâts ne ramener qu’à la situation initiale et ne compensait pas le reste. Néanmoins, est-ce que la bonne volonté de l’Archange du Typhon serait accepté et aurait-elle l’opportunité de discuter avec la femme de Nils pour faire connaissance et ainsi la rassurer, lui montrer qu’elle n’était en aucun cas une menace. Cela permettrait de faire disparaître la peur chez elle. Le travail aux champs serait peut-être aussi l’occasion de discuter un peu avec Nils et en apprendre plus sur lui. De plus, de par son enfance à Bilca où chacun devait mettre la main à la patte en raison de l’autarcie de la ville, la De Lérhane se débrouillait assez bien dans les travaux manuels de ce style.

La bilcane n’en voulait pas vraiment au vieil homme de s’emporter. Il était normal qu’une certaine colère naisse s’il était fortement attaché à sa ferme. C’était elle qui était largement en cause en raison de son atterrissage mal calculé et donc les jurons du Gratz étaient justifiés d’une certaine façon même si c’était certainement en partie l’emportement qui parlait pour lui. La De Lérhane s’en voulait beaucoup et se mettrait au travail sans broncher, acceptant pleinement cette punition. Elle devait assumer ses responsabilités. Cela n’était de toute manière pas grand-chose pour une grande gaillarde comme elle.

-Je vais faire attention, déclara l’Archange du Typhon avant de s’emparer des outils en se disant qu’elle aurait certainement pu reboucher le trou à main nue en réalité, la demoiselle ailée étant habituée à soulever des pans entiers du sol lors de combat afin de s’en servir comme bouclier par exemple ou encore déstabiliser l’équilibre de son adversaire.

La De Lérhane entamerait donc le travail en faisant attention à ne pas mobiliser trop sa force physique surhumaine sur les outils afin d’éviter à ceux-ci de céder sous la poigne de titane de l’originaire de la mer blanche. La blonde aux iris argentées y était plus ou moins habitué pour éviter de fracturer des mains lorsqu’elle en serrait. Ce serait en effet fort dommage de blesser quelqu’un en voulant simplement lui dire bonjour car l’on ne maîtrise pas sa force. Ce serait comme briser une maison parce que l’on a fermé la porte trop fort. Une fois la tâche terminée, la fille des cieux accepta volontiers la citronnade qui lui était proposé par la charmante vieille dame.

-Oh je ne lui en veux pas. Je comprends parfaitement. C’est ma faute après tout.

Tandis que l’Archange du Typhon buvait une première gorgée du breuvage, elle écouta Linedea raconter les derniers jours et fut ravi que Krom s’intègre si bien à cette petite famille, jetant d’ailleurs des regards réguliers en direction de l’homme en armure lorsqu’il était question de ce dernier. Il pourrait les protéger en cas de besoin si jamais il se passait quelques malheurs.

-La relation que j’ai avec lui ? Bah… Il était aux ordres d’un monsieur très méchant qui voulait s’en prendre à vôtre ferme. Il menaçait ce bon jeune homme avec un explosif placé dans son corps et j’ai arrêté ce vilain monsieur ainsi que briser la télécommande qui enclenche le système pour qu’il soit libre. Puis je suis revenu ici.

C’était retranscrit assez simplement pour éviter de se perdre dans trop de détails. L’Archange du Typhon pensait très clairement que Krom n’avait aucune raison de nier que la demoiselle ailée disait la vérité. Elle n’attendait pas de récompenses particulières de sa part ou d’autres formes de gratitude. La De Lérhane avait agis comme il fallait le faire et puis c’était tout. Il n’y avait pas matière à épiloguer.

-Si cela ne vous dérange pas, je serai ravi de rester !

La bilcane n’hésiterait pas à mettre la main à la pâte pour payer d’une certaine façon l’hébergement, tout comme elle participait aux manœuvres des navires sur lesquels elle voyageait comme si elle était un membre à part entière des équipages qu’elle rejoignait.

-C’est très beau chez vous, déclarerait la grande demoiselle en pénétrant dans la charmante bicoque, le style assez vieillot en soit ne la dérangeant guère.

Elle travaillerait le reste de la journée au champs au besoin et n’hésiterait pas à discuter avec tout le monde, même avec le grand gaillard qui ne pouvait lui répondre seulement des « Krom ». Lorsque le soir viendrait, un vélo passerait dans le coin en hurlant dans un haut-parleur en espérant attirer du monde.

-La dernière du Cirque Prusse à Toroa ce soir ! Profitez-en ! De l’amusement pour les petits comme les grands à deux pas de chez vous ! Venez profitez de cette dernière soirée où le prix a été réduit de moitié ! répétait l’employé en boucle en traversant les terres de l’île afin de s'éloigner des grandes villes et trouver les habitations en marge des cités.

Tout se passait pour le mieux lorsque l’employé du cirque passa non loin de la ferme Gratz afin de faire la promotion du spectacle de son patron. Ishtar discutait avec le grand gaillard en armure, asseyant d’interpréter au mieux ses « Krom » régulier tout en appréciant que l’ombre du conflit s’était largement éloigné de leur relation. La bilcane aurait bien aimé pouvoir lui demander comment il en était arrivé au point que son langage se résume à cela, néanmoins il n’aurait jamais pu fournir l’explication détaillé. En fait, elle s’imaginait bien son interlocuteur lui lancer un « Krom » qui signifierait « C’est trop compliqué ». En attendant, elle lui racontait certains de ses récits de voyage ainsi que diverses choses pouvant parfois toucher au domaine du combat ou de son fruit du démon. Cependant, la De Lérhane préférait éviter globalement le sujet étant donné que le mercenaire n’était désormais plus contraint de se battre en dehors des cas de nécessité. Portant le verre à ses lèvres, la fille des cieux observerait la toute jeune demoiselle rejoindre son papy en trombe.

-Il y en a une qui veut aller au cirque, présuma-t-elle dans un murmure en souriant en coin.

La demoiselle ailée ne s’était pas trompée étant donné que la fillette semblait désirer ardemment découvrir les animaux exotiques que ce genre de troupes emportaient avec eux pour satisfaire leur public avec quelques tours durant leur spectacle. Face aux assauts répétitifs de la jeune fille, le vieillard capitula et se plia aux souhaits de sa descendance sous le regard amusé de la bilcane. C’était tout à fait mignon d’observer ce genre d’ambiance dans un lieu en paix. Depuis qu’elle était arrivé sur West Blue, l’ancienne révolutionnaire n’avait pas vraiment eux l’occasion de se poser comme cela ce qui rendait ces moments aussi précieux qu’agréable. C’est alors que Nils se montra moins bougon en présentant quelques excuses à l’originaire de la mer blanche avant de lui faire une proposition qu’elle ne pouvait pas refuser.

-Ce serai avec grand plaisir, déclarerait-elle. Nous aussi nous devons nous déguiser ?

Le gros problème c’était que trouver un déguisement à sa taille serait loin d’être aisé et que si la réponse était positive il allait falloir improvisé.

-Voulez-vous venir également Krom ? rajouterait la fille des cieux en disant qu’il serait de même pour lui.

Une fois les préparatifs terminés, tout le monde pourrait se diriger tranquillement dans la direction de la ville à côté de laquelle la troupe avait élu domicile. Le lieu était assez facile à trouver car bien indiquer et quelques familles se dirigeaient vers lui pour rejoindre la grande file d’attente qui s’étendait devant l’immense chapiteau couvert de ballons de baudruches pour fêter la dernière représentation. Aucunes roulottes n’étaient visibles à l’arrière étant donné que les artistes préféraient leur version marine bien plus pratique dans un monde fait d’eau. Ces petits vaisseaux de taille aussi réduite que les habitations mobiles traditionnelles des cirques étaient tout aussi flamboyant que leurs homologues terrestres, parés de leurs mille couleurs et autres motifs humoristiques. Néanmoins, le chapiteau avait été dressé dans les terres et toutes les embarcations mouillaient donc non loin au port. En tout cas, il était facile de deviner que les gradins seraient plein ce soir vu le monde qui s’était déplacer, certains appâtés par la réduction sur le prix des billets.

-Nous en avons encore pour au moins dix minutes de queux, nota la De Lérhane en soupirant sans remarquer que, devant eux dans la file, deux personnes aux visages froids ne semblaient pas être venu là pour s’amuser.

Ishtar, tout simplement déguisé en ange portant une toge faite à partir de drap que la bilcane avait promis de laver le lendemain, remarqua les complaintes sur la possession d’une faux par le vieux Gratz. Voir toutes ces personnes s’inquiétait et tenter de la lui retirer faisait sourire la De Lérhane. Ils allaient se retrouver à buter contre le tempérament particulier de l’ancêtre qui allait certainement leur faire ravaler leurs complaintes. C’est ainsi que quand le vieil homme évoqua l’arme comme étant sa canne, la fille des cieux ricana dans ses dents, amusé par la chose. Il n’était vraiment pas commun ce Nils. Néanmoins, ce dernier dû bientôt rediriger toutes son attention vers la petite Ginny qui en bonne petite-fille curieuse qu’elle était ne cessait de poser mille et une question sur le spectacle qu’ils allaient voir. Cela allait certainement durer une bonne partie du temps d’attente, ce qui n’allait pas arranger les affaires de Chloé qui elle semblait ne pas supporter ce comportement. Alala les enfants. C’est tout un travail de s’occuper d’eux. Ishtar se demandait si elle en aurait un jour, sachant ce qu’il fallait faire pour en concevoir. L’asexuelle eu un frisson et préféra éloigner cette idée de son esprit pour reporter son attention sur les environs.

Elle fronça les sourcils en voyant qu’un des employés du cirque semblait particulièrement nerveux. C’était peut-être de voir tout ce monde qui le stressait. Pourtant il n’avait pas l’air de faire partie des artistes et ne devait donc pas se produire devant le public. Il n’était certainement pas encore costume en fait. Oui ce devait être ça. Ce n’était pas la peine de s’inquiéter pour eux. Après tout, elle était là pour se détendre et le reste des citoyens présents également. La bilcane reporta ainsi son attention sur la gentille petite famille Gratz le temps que la file avance jusqu’à l’endroit où l’on achetait les tickets.

-Je vous paye les place, déclara la De Lérhane en déposant les berrys au guichet. Je vous dois bien ça, ajouta-t-elle en repensant aux dégâts fait à la ferme à cause de son atterrissage et le temps perdu à cause de ça, ainsi que de l’hospitalité qu’on lui avait proposé si aimablement.

Tout le petit groupe pu ainsi enfin pénétrer dans l’immense chapiteau pour découvrir les estrades qui s’élevaient tout autour de la piste centrale recouverte de sable. Comme à l’extérieur, des ballons de baudruches étaient accrochés un peu partout et des employés en vendaient. Ils étaient alors accrochés au petit chariot qu’ils poussaient et qui étaient remplis de pop-corn ou d’une machine à faire de la barbe-à-papa. Des petits-souvenirs pendaient aussi et décoraient donc les côtés de cet étal mobile. Ishtar se demandait si un des petits-enfants Gratz, voir plusieurs, se laisseraient attirer et dépenseraient l’argent de leur papy. La bilcane pointerait du doigt un endroit où il y avait assez de place pour que toute la petite troupe puisse s’assoir, la demoiselle ailée profitant de sa grande taille pour avoir une vue dégagée. Ainsi elle irait s’installer et garderait les places au besoin si Ginny, Chloé ou Alphonse entraînaient leur grand-père vers l’un des vendeurs.

Le bilcane observa d’un œil amusé la montagne de confiseries et de babioles que le grand-père avait été contraint d’acheter pour satisfaire ses petits-enfants. Voyant le vieillard lever les yeux au ciel, la demoiselle ailée lui tapota légèrement le dos, en contrôlant sa force pour ne pas faire souffrir le Gratz, pour signifier qu’elle compatissait même si elle jugeait la situation plus ou moins cocasse. C’est ainsi que Monsieur Loyal avança sur la piste, laissant ainsi entendre que le spectacle allait commencer incessamment sous peu. Les animaux semblaient déjà être prêts à faire leurs numéros pour ravir la foule et s’étaient lancé dans un défilé de présentation. Les vendeurs présents dans la foule, qui remplissait désormais toutes les estrades, termineraient leurs affaires avant de retourner du côté de la troupe. Et ils en avaient encore beaucoup à conclure des affaires vu la file d’attente. Les « portes » du chapiteau se refermèrent donc, mais personne ne pouvait penser à faire attention au moyen par lequel cela avait été fait. Les deux rideaux avaient été noués par des chaînes tandis que des piquets avaient été enfoncé pour fixer le bas de ces derniers dans le sol. Personne ne pouvait être là pour s’interroger sur la raison pour laquelle les artistes pourraient bien vouloir les empêcher de quitter le chapiteau.

-Mesdames et messieurs, enfants et parents, bienvenue à la dernière représentation de nôtre formidable troupe ! Vous allez voir des choses extraordinaires ! Des animaux que l’on trouve dans des contrées lointaines ! Des acrobates venant tout droit d’une île de Grandline ! Des contorsionnistes dont les talents vous feront vous questionner sur l’anatomie ! Que le spectacle commence !

La musique emplie l’air tandis que la parade des animaux se poursuivait autour du Monsieur Loyal et des quelques dresseurs. Le maître de cérémonie avait bien sûr fait attention à excité le public avec ses descriptions des premiers numéros qu’il avait déclamé dans l’ordre. Il ferait d’ailleurs la même chose lorsque les acrobates et contorsionnistes seraient passé une première fois pour indiqué les numéros suivant.




-… Il y a un homme-serpent, une femme-chien, un nain certainement originaire de Dwarf Town et qui doit être en déplacement, une grande femme avec des ailes ainsi qu’un homme cornu. Pour le reste, il s’agit seulement d’humains. Etonnamment, il n’y a l’air d’avoir aucun soldat de la Marine qui soit venu aujourd’hui… expliqua la demoiselle au masque de lapin à son collègue.

-Avec toutes ces disparitions et ce qu’on a fait de certains des corps, cela me semble étonnant qu’ils ne soient pas un minimum au courant. Peut-être interviendront-ils pour empêcher la fête de vivre son apothéose ! Peu importe ! Ce sera amusant de s’occuper d’eux ! lança le clown en rigolant, tandis qu’un ballon de baudruche apparut subitement dans l’une de ses mains.

-Et puis, nous récupérerons tout l’argent qu’ils ont sur eux avant de décamper, ajouta le patron du cirque avare en s’approchant de son duo de tueurs préférés.

-Oui oui. Faites mumuse avec votre pognon pendant que nous on fait vivre aux gens l’apogée de leur vie ! Je ne m’explique toujours pas comment autant de gens ne peuvent pas être réceptif à notre art. C’est pourtant un numéro si délirant et amusant de voir quelqu’un se vider de ses entrailles après avoir subis quelques sévices hilarants ! ricana Nerkal.

Tout le monde semblait prêt à lancer le plan pour faire de cette représentation le plus grand et mémorable spectacle que Toroa n’ait jamais vu !

Le spectacle se poursuivait pour le plus grand bonheur de la foule. Ishtar avait bien remarqué que Papy Gratz ne semblait pas vraiment intéressé par le spectacle, préférant très nettement prendre un repos qui était certainement bien mérité. Elle ne se formalisa donc pas sur ce comportement et laissa les enfants s’occuper de le sortir des bras de Morphée lorsque les ronflements commençaient à se faire entendre. Les différents artistes se présentèrent donc les uns après les autres afin de mettre en lumière leurs numéros jusqu’au moment où un clown demanda à un membre du public de le rejoindre pour le célèbre numéro avec les tartes à la crème. Étrangement, Nerkal demanda à l’homme de se positionner à un pilori afin de faire la cible. Bien entendu, les enfants attendaient avec impatience que le lancer est lieu, que le paternel désigné pour subir ceci reçoive la crème dans la figure. Le clown envoya ainsi son projectile qui vint percuter le visage du pauvre homme, déclenchant ainsi un torrent de rire chez les enfants et certains parents. Néanmoins, c’est la bonne ambiance céda en quelques instants sa place à la terreur. La tête pleine de crème roulait sur le sol, détaché du reste du corps qui chuta à son tour sur la piste. Le pilori de Nerkal en était le responsable. En effet, des lames rétractables se cachaient sous le bois et se refermer sur le cou de la personne qui était placé là lorsque le tueur appuyé sur un bouton dans sa manche. En parlant du Chasfield, il était plié en deux, riant sans émettre de sons pour rester dans son personnage tandis que la panique se répandait. Finalement, le farceur se releva et chercha à capter l’attention du public restant, celui qui n’avait pas encore bien pris conscience de la situation.

Pendant ce temps, certains des artistes qui c’étaient produit jusqu’à maintenant restés plantés devant l’entrée pour boucher celle-ci. Le dompteur qui se trouvait parmi eux donna un coup de fouet et ses acolytes en coulisses ouvrirent les cages d’animaux positionnés vers le public derrière le rideau, libérant les fauves qui allaient déferler sur le public d’un instant à l’autre.

-L’heure de la chasse est arrivé ! C’est un numéro inédit que nous vous proposons ! déclara Nerkal en faisant de grands gestes avec les bras avant de réajuster la fleur sur son costume, qui ne comprenait pas d’eau contrairement à ses confrères de métier mais une solution acide qui viendrait ronger le visage et les globes oculaires de la prochaine personne qui s’approcherait de lui, à savoir l’homme cornu qui se rua immédiatement sur le meurtrier.

Milenna débarqua à son tour sur la piste, armée d’une hache dans une main et d’une tronçonneuse dans l’autre, un large sourire visible sur sa bouche qui n’était pas caché par son masque de lapin. Ceux qui savaient se battre se mirent en position, essayant de déterminer les choses à faire en priorité. Tout le monde était pris par surprise et c’était également le cas de la De Lérhane qui, dans des conditions d’amusement avec cette gentille famille, avait relâché sa garde. Son regard se dirigea vers le lion qui commençait à engloutir une jeune fille plusieurs mètres plus loin. Elle fulminait de rage. Comment pouvait-on oser faire une pareille chose. Sans attendre elle se jeta sur le fauve et l’assomma d’un seul coup de poing sauvage avant de se tourner vers le reste des animaux, lançant un regard vers les Gratz pour les défendre en cas de besoin. Les deux personnes qui étaient resté avec un visage froid dans la file un peu plus tôt arrivèrent rapidement sur la piste alors que l’homme cornu chutait au sol en se tenant le visage recouvert du puissant acide.

-Lieutenant Amerlock et commandant Thalerford de la Marine. Vous êtes pris la main dans le sac. Vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de nos collègues et de tout les malheureux que vous avez envoyé dans le ciel avec vos ballons.

-Enfin ! déclara Nerkal. C’est pas trop tôt. On attendait avec impatience vôtre arrivé, ricana-t-il.

Nils touchait du doigt la vérité. Bien évidemment, les deux officiers n’étaient pas venus seul pour s’occuper de l’intégralité de la troupe. Leur unité qui avait mené l’enquête depuis le début des meurtres entouraient le chapiteau à une quarantaine de mètres de celui-ci en attendant que le responsable de l’opération ne leur transmette le signal de passer à l’assaut. C’est ainsi qu’après avoir tenté deux coups d’estoc issue de son arsenal du nitoryu, attaques que le clown esquiva sans beaucoup de difficulté, le commandant sortie un pistolet à silex, geste qu’imita bientôt son collègue. Deux tirs espacés de trois secondes. Tel était le fameux signal qu’attendaient les troupes pour passer à l’action. Sans attendre plus longtemps, Thalerford envoya une lame d’air vers son adversaire ainsi qu’une autre en direction du public, sur un des fauves qui s’en prenait aux spectateurs. De son côté, c’était le lieutenant qui allait devoir se focaliser sur les armes de son opposante, à savoir la hache et la tronçonneuse. Elle serait plus lente que lui, mais une seule attaque de l’outil électrique pouvait suffire pour lui infliger des blessures graves. Laissant tomber son lourd manteau qui cachait sa tenue blanche de gradé, il se mit en garde, prêt à user de sa boxe anglaise pour mettre un terme à la menace qui lui faisait face. Thalerford quant à lui, qui avait réussi à cacher ses deux katanas dans son dos sous son propre manteau lorsqu’il avait fait la queue, entama une valse avec le Chasfield qui, étonnamment, n’usait pour l’instant d’aucun de ses gadgets et se contentait d’esquiver en souriant toujours un peu plus.

-Vous êtes cerner ! finit par déclarer le commandant. Nos hommes doivent entouré les lieux en ce moment même. Vous n’avez aucune chance de vous en sortir. Stoppez ce massacre sur le champ ou ce sera la potence pour vous tous.

-Vous croyez ? rigola Nerkal. PATRON ! Vous avez entendu ?

Le chef de la troupe hocha la tête et sortit un escargophone assez étrange. Il ne disposait pas de combiné mais d’un bouton. Ces activateurs ou télécommandes à distance étaient assez rare et augmenter énormément le prix de deux den den mushi, le système pour que l’un réceptionne spécifiquement le signal de l’autre étant assez onéreux pour les prix standards de ces créatures très répandus. Le gouvernemental haussa alors un sourire. Quelques instants plus tard, son visage fut recouvert par la surprise et la terreur…


Les deux coups de feu résonnèrent dans la nuit à Toroa. La sergente-cheffe portant une casquette redesigné de la Marine sortit sa tête d’un buisson, son fusil à la main, ses pistolets rangés à sa ceinture.

-Ils n’ont pas attendu la fin du spectacle apparemment cette fois, pesta Mierciela étant donné que les soirées précédentes les spectateurs avaient quitté le cirque sans encombre, laissant seulement certains d’entre eux derrière eux livrés à un funeste destin. Merde. À L’ATTAQUE ! Neutralisez-les et sauvons les civils !

Prenant plusieurs secondes à s’équiper de leurs armes, un vingtaines de soldats de la Marine dont trois sergents qui assistaient les trois plus haut gradé de leur unité incorruptible s’élancèrent vers le chapiteau, venant de toutes les directions autour de celui-ci pour l’encercler. Il ne leur restait que quelques mètres à franchir avant d’atteindre le tissu qui cachait le massacre dont les cris résonnaient dans leurs oreilles. C’est alors que le patron appuya sur son escargophone, pas vraiment à cause des paroles du commandant. En effet, une escaméra trônait au sommet du chapiteau afin de surveiller les alentours pour éviter une telle déconvenue qui était tout à fait prévisible étant donné qu’ils s’attendaient à la visite des gouvernementaux. Un cliquetis attira l’attention de la sergente-cheffe, néanmoins elle n’eut pas le temps de comprendre ce qui en était la raison. La terre se souleva et les flammes jaillirent. Des explosions en chaîne firent le tour du cirque, emportant dans les flammes la quasi-totalité des troupes de Thalerford. Ceux qui n’avaient pas eu la chance de périr face à la déflagration chutèrent, recouverts de flammes, hurlant à plein poumon leur agonie. Des étincelles rejoignirent le tissu et percèrent ce dernier pour laisser apparaître des trous dans le chapiteau. Néanmoins, ces derniers menaient tout droit sur le feu subsistant de l’explosion, un brasier mourant mais encore vif pour l’instant.




Le rire du clown résonna dans les oreilles du commandant qui comprenait avec horreur que les bruits d’explosions provenaient de dehors, là où se trouvait ses hommes. Ses fidèles soldats qu’il dirigeait maintenant depuis deux ans et avec qui il avait formé une unité d’investigation et frappe chirurgicale. Il semblait cependant que cette fois-ci il était mis en échec. Il avait été assez bête pour ne pas imaginer que ces criminels assez impulsifs cacheraient un chef d’orchestre plus méthodique qui était paré à des éventualités d’assauts de la Marine. Paralysé par le fait de réaliser que tout ses soldats avaient passés l’arme à gauche à cause de lui, il ne put esquiver le jet d’acide qui quitta la fleur du clown pour venir ronger toute la partie droite de son visage. La réaction d’Amerlock fut encore plus impactante. Il se tourna dans la direction de la première explosion, son regard rempli d’un effroi immense.

-Mier… MIERCIELA !

La panique céda bien vite à une colère purement désespéré. Sa chère et tendre… Elle était peut-être morte. Elle n’était peut-être plus. Cette simple idée anima le lieutenant d’une fureur qui le poussa à hurler à plein poumon en se jetant sur la femme au masque de lapin qui profita du trouble de son adversaire pour lui donner un bon coup de tronçonneuse. Certes Amerlock atteignit sa cible, prêt à la rouer de coup, mais l’un de ses bras vola dans les airs avant de retomber sur le sol quelques mètres plus loin. Ishtar était ébahi. C’était quoi cette scène. Qu’est ce qui justifiait un tel massacre ? Pourquoi ? Ces pauvres gens n’avaient rien fait de mal. L’Archange du Typhon serra les poings, son corps tout entier tremblant sous l’émergence de son courroux bestiale.

-Nils… Protégez les enfants.

Sur ces mots, la demoiselle ailée usa de sa force titanesque pour arracher le gueule du tigre qu’elle venait d’étaler par terre. Son regard se posa sur les autres prédateurs de la salle. Elle allait les écraser. Elle serait le mur entre les humaines et les animaux. Elle allait s’occuper de chacun d’eux jusqu’à ce que le danger soit bien moindre, puis sa fureur s’abattrait sur cette troupe de cirque complètement monstrueuse. Son corps se métamorphosa alors, atteignant les huit mètres de longueur de sa forme hybride. Colossale, sanguinaire, le prédateur mythologique était dans la place et ses crocs fondirent immédiatement sur la menace la plus proche, une hyène qui sentit toute une partie de sa chaire être arraché par la mâchoire du reptile colossale dont le regard dorée luisait dans les ténèbres, s'accordant aux flammes des explosions puisqu'elle avait la volonté de devenir le brasier qui avalerait ces ignobles personnages.

Les coups pleuvaient, générant des lames d’air et d’autre subtilité du même calibre, néanmoins le clown continuait d’esquiver, penchant son corps, sautant, pour passer au travers du déluge de colère du commandant. Les cris remplissaient l’air tandis que des corps chutaient lourdement, ayant perdu la vie qui les animaient. Les artistes du cirque se mettaient également en action, rejoignant la valse morbide. Ils arrachaient l’amusement et la joie qu’ils avaient répandu dans les yeux des spectateurs pour n’y laissait que la désolation et le vide de la mort. Le rire de Nerkal reprenait régulièrement, alimentant la rage du gouvernemental qui se sentait nargué et presque impuissant. Décidant finalement de canaliser en partie ça colère, il arrêta une de ses attaques en plein milieu pour changer d’axe et surprendre le Chasfield duquel un filet de sang jaillit, à la surprise de ce dernier. Cependant, il ne semblait pas en colère. Dommage que l’officier ne se soit pas épuisé vainement, cela aurait été encore plus hilarant.

-Passons à la mascarade. Chamawamawamawa ! lança le meurtrier en refermant ses doigts sur l’air dans ses paumes comme s’il voulait saisir une boule.

C’est alors que des ballons de baudruche firent leur apparition, non seulement dans l’espace qu’avait saisit le psychopathe, mais également autour de lui. Ces enveloppes légères naissaient en contact avec son corps, néanmoins ils n’y avaient pas besoin que cela vienne de la peau ou des mains. Nerkal avait appris les subtilités du fruit des baudruches avec le temps, notamment le fait qu’il pouvait faire apparaître des ballons qui n’étaient pas gonflé à l’hélium ou pas l’air. C’est ce que découvrit son adversaire subitement en tranchant l’un d’eux en deux. La substance explosive comprit dedans repoussa Thalerford. Ce ne lui faisait que quelques brûlures mineures, la déflagration n’étant pas suffisamment importante pour faire davantage, cependant cela le surpris suffisamment pour créer une ouverture dans laquelle s’engouffra le clown qui plongea des ongles d’acier, qui jaillirent des gants en déchirant ceux-ci, dans la chair de son opposant afin d’en retirer un beau morceau. Le tueur s’amusa avec le bout de peau retiré en ricanant avant de tourner le visage vers le commandant, les ballons du Chasfield commençant à voleter un peu partout autour d’eux.

-Saura-tu deviner de quoi ils sont remplis tout en essayant de me toucher ? questionna l’homme qui souriait en permanence.

Le gouvernemental tourna alors son regard vers tous les ballons qui composaient la décoration ainsi que ceux qui étaient accroché au chapiteau. Si l'incendie résultant de l'explosion ne se limitait pas à former des trous dans le tissu, que se passerait-il lorsque le feu rencontrerait le fruit de la malédiction de son ennemi ?


La femme au masque de lapin parvint à repousser le lieutenant pour se redresser et redémarrer sa tronçonneuse d’un coup sec alors que l’homme qui venait de perdre sa petite amie supportait comme il pouvait la douleur provenant de sa blessure béante. Il avait perdu un bras, mais ce n’était rien comparé à la perte de la sergente-cheffe. Aveuglé par la rage et la tristesse, abandonnant toute logique pour se ruer simplement sur son adversaire dans un déluge de violence irraisonné, il repartit à l’assaut, laissant au sol un trainé de fluide pourpre provenant de la section de son membre supérieur. Milenna n’eut donc aucun mal à contrer cet assaut. En effet, elle lança sa hache droite dans la poitrine du Amerlock qui fonçait droit sur elle, suite à quoi la masquée s’approcha de lui un bond. Elle retira l’arme pendant que le lieutenant chuté en arrière pour lui enfoncer la tronçonneuse dans les intestins qui furent lacérés encore et encore. Peu importe s’il mourait, il emporterait cette meurtrière dans la tombe. Malgré toutes ces blessures qu’il aurait pu éviter en se battant correctement, l’Amerlock redressa son buste en serrant les dents, désireux d’aller refermer sa mâchoire sur la jugulaire de son ennemie. Ses yeux s’écarquillèrent soudainement. La hache de Milenna venait de lui trancher sa propre gorge avant qu’il ne soit à porté de sa cible. La peur s’immisça sur son visage quand il comprit qu’il était trop tard. Ses dernières pensées se tournèrent vers Mierciela. Au moins, il pourrait la retrouver. Sa tête rencontra le sable de la piste et c’est sur cette vision du monde qu’il ferma ses paupières pour la dernière fois, rendant l’âme après avoir mené une charge futile qui avait rendu cette mort tout aussi inutile. Tout cela car il c’était laissé emporté par ses sentiments…

-Intéressant.

La femme masquée avait détournée le regard du cadavre du lieutenant pour observait un vieillard qui ne cherchait en aucun cas à fuir. Voilà quelque chose peu commun. Intriguée, Milenna décida qu’il s’agirait de sa prochaine cible. C’est ainsi qu’elle se dirigea vers Nils Gratz, brandissant sa tronçonneuse tout en courant vers lui pendant que Thalerford découvrait avec stupeur et désespoir la mort de son fidèle second. Il avait tout perdu dans cet assaut, néanmoins il allait devoir survivre et triompher pour venger tout ces sacrifices et honorer la mémoire de tous ces défenseurs de la Justice ayant donner leur existence à la cause et aux valeurs qu’ils défendaient.

Pendant ce temps la monstruosité reptilienne avait continué son œuvre hors du champs de vision des différents combattants présent sur la piste à ce moment-là. Les animaux lâchés sur ce côté du public avaient été neutralisé et le poing de la De Lérhane s’abattit sur un funambule traversa la structure de l’estrade sous le regard médusé du patron du cirque.

-D’où… D’où elle sort celle là ?

Ce n’était pas prévu. Absolument pas prévu. L’attaque d’une unité de la Marine était logique et il savait que le colonel gérant l’île ne pourrait pas se déplacer lui-même pour une enquête, ce qui faisait que les personnes envoyées seraient gérables par Nerkal et Milenna. Cependant, il n’avait aucunement prévu la présence d’un autre maudit certainement à la hauteur du clown et d’une partie des meilleurs pirates des Blues. Qui était-elle dont ? Ce n’était pas une personne primée, sinon il l’aurait retenu puisqu’il étudié expressément le sujet pour éviter ce genre de déconvenue. Les informations et dossiers de la Marine qu’il avait obtenu par la corruption et la pègre ne faisait pas mention d’une telle créature entre le serpent et l’oiseau. Il n’y avait pas trente-six solutions.

-Nerkal ! Ne t’amuse pas trop. Débarrasse-toi vite de ce guignol, tu as encore du travail qui t’attends là, déclara le boss, la sueur perlant sur son front, en comptant sur ses autres employés pour retenir la créature qui s’élevait jusqu’en haut du rideau, traversant la fumée dégagé par le feu qui s’étendait petit à petit sur le chapiteau, afin de plonger sur les membres de la troupe qui bloquait l’entrée en massacrant des spectateurs.

Il n’était pas au bout de ses surprises si Nils et Milenna commençaient à s’affronter. Un vieillard se battant à la faux ! Ce serait vraiment une île de fous !

Tandis que du côté de Thalerford et Nerkal les ballons éclataient les uns après les autres en libérant divers gaz, que ce soit explosif, corrosif ou empoisonnée étant donné que c’était le spectre des substances spéciales que le clown pouvait placer dans ses créations, Milenna s’approchait du vieillard à la faux. Son comportement était plus qu’anormale, pourtant, vu son grand âge, il ne devait pas être un adversaire si terrible. Néanmoins, vu l’arme dont il était doté, il valait mieux ne pas le considérer comme un spectateur normal. C’est ainsi que l’attaque du Gratz fu enclenché et la masquée fut contrainte de reculer d’un pas face à la fulgurance de l’assaut. Décidément, il était bien anormal lui. Un sourire s’afficha sur son visage face à ce constat. Voilà quelque chose d’amusant. Il fallait transformer cela en une chose hilarante, avec des viscères dans tous les sens, une barbe retaillée ou encore de nouvelles rides dessinées à la lame par exemple !

Tandis que Nils dû prendre un instant pour arrêter sa faux avant d’enchaîner sur son attaque suivante, la demoiselle élimina le plus de distance possible entre elle et l’ancêtre tout en gardant le regard rivé sur l’arme pour savoir quand est ce que l’action suivante serait enclenché. Ainsi, lorsque la faux chercherait à s’abattre sur elle, Milenna continuerait de s’approcher du corps de son opposant tout en envoyant sa hache à la rencontre de la lame ennemie afin de garder celle-ci éloigné. Des étincelles naquirent tandis que l’acier des deux outils de mort était en friction. Après quelques instants, la criminelle chercherait à rompre le contact pour crocheter le manche de la faux dans l’angle droit formé entre la naissance de la lame et le manche de sa hache, le reste de la partie métallique venant entourer le reste pour laisser qu’une seule direction pour sortir l’arme du vieillard de cet étau tout en permettant à la femme du cirque de stopper le mouvement de son adversaire. Suite à cela, la demoiselle ferait semblant de donner un coup de pied avant de brandir brutalement sa tronçonneuse dans le but de l’abattre sur le manche de la faux pour la trancher en deux et ainsi priver son adversaire de son outil de défense atypique. Comment le Gratz allait-il se soustraire à cette stratégie.

De son côté, le directeur de la troupe était sur le cul. Un vieil homme sans allure qui offrait du répondant à l’un des membres de son terrible binôme de meurtriers, une créature sortie tout droit d’un cauchemar qui était en train d’éliminer un à un ses employés qui gardait l’entrée, permettant ainsi aux premiers spectateurs de quitter le chapiteau pendant que des corps d’artistes inconscients volaient pour s’écraser dans les gradins, sur la piste ou dans la structure du chapiteau. La panique commençait à le gagner. Si les fuyards parvenaient à alerter d’autres membres de la Marine, une partie non négligeable des défenses de l’île seraient certainement mobilisés pour s’occuper d’eux. Sans parler de ces ennemis qui donnaient du fil à retordre à ses hommes. Serait-ce la fin de son cirque ? Après une année de tournée à répandre la mort sur des îles isolés, ils avaient visé trop gros et allaient être anéantit en une soirée ? Le patron commençait à trembler, cherchant à se relever pour se diriger dans les coulisses et fuir les lieux au plus vite. Il fit un pas, puis un autre, en gardant le visage rivé vers la défaite qui se profilait. C’est alors qu’il croisa deux iris dorées. Son cœur s’arrêta et il avala grossièrement sa salive. La maudite du Serpent à Plumes traversa la piste à toute allure, propulsant avec ses ailes l’air sur le sable qui fut projeté sur les côtés, gênant ainsi au passage l’affrontement entre Nerkal et Thalerford, certains des ballons se retrouvant à dérivé en direction du rideau. Un peu de sable pourrait également atteindre Milenna et Nils. Néanmoins, la mâchoire remplis de crocs ouverte pour lâcher un cri animal, Ishtar menaçait le directeur sans véritablement faire attention au reste.

-C’est vous le responsable de tout cela non ? déclara-t-elle.

La tronçonneuse toucha le manche. La demoiselle pensait ainsi pouvoir en tirer la victoire et ainsi être en mesure de s’amuser avec le vieillard pour conclure en apothéose cette valse morbide. Néanmoins, confiante dans sa stratégie et ses actions, elle fut surprise par la vague se sable qui la déstabilisa suffisamment de temps pour mettre au Gratz de mettre en action son plan. Ainsi, la faux s’en alla, entraînant dans son élan la masquée déstabilisée qui chuta et passa pardessus le petite palissade de protection qui séparait la piste du public. La hache fut entraînée non loin de là par l’outil du papy tandis que la tronçonneuse vint s’écraser sur le sol à côté de Milenna. Cette dernière se plaça à quatre pattes pour se relever, amenant sa main sur son front, le choc ayant généré une douleur dans son crâne. Quand au masque de lapin, il se trouvait désormais par terre et révélait l’intégralité du visage de la Cucurita : toute la partie supérieure n’était qu’un amoncellement de cicatrices et de brûlures, son nez coupé s’avérant être coupé en deux et un strabisme certain changeant son regard. Ainsi, le médecin aurait tout à loisir de profiter de ces instants d’égarement pour planter sa seringue dans la chair de la jeune femme, ses bras, son cou et son visage n’étant pas recouverts. Suite à la piqure, Milenna tenterait de se relever avant de sentir un sommeil soudain la gagner, la torpeur s’imposant finalement à elle pour la laisser sombré dans les bras de Morphée en chutant une nouvelle fois dans le sable. Celle qui avait tué le lieutenant un peu plus tôt avait ainsi été mis hors d’état de nuire grâce à un simple anesthésiant, prouvant que le matériel pouvait l’emporter sur la force brute ou même l’expérience si l’occasion de l’utiliser correctement se présentait.

De son côté, la De Lérhane était trop concentré sur sa proie pour entendre le « Maintenant » que lui avait adressé Nils. L’appendice reptilien constricteur vint se refermer sur le corps du directeur qui tremblait désormais comme une feuille. Il avait toujours été du « bon côté » de la barrière de l’horreur. Allié du mal et de la terreur, il ne pouvait pas comprendre ce que les personnes traquées pouvaient ressentir. Aujourd’hui il le découvrait, croyant ardemment que sa fin était venue. La queue se resserrer autour de lui, compressant son corps sous cet étau trop puissant pour lui. C’est alors que la bilcane fit décrire un arc de cercle à son appendice pour envoyer le patron à la rencontre du sol, fracassant littéralement le corps de ce dernier dans un impact violent pour la cible. Certains de ses os se rompirent, mais le coup était trop brutal pour que sa conscience demeure. Il ne sombra pas dans les bras de Morphée, il y fut propulsé.  C’est alors qu’une nouvelle petite explosion se fit entendre. Le feu qui rongeait lentement la tente avait atteint un premier ballon ornant l’extérieur, libérant ainsi une déflagration qui fit se consumer plus rapidement le tissue, faisant redoubler d’ardeur les flammes tout en envoyant des étincelles qui percèrent d’autres ballons présents dans le chapiteau. Du gaz verdâtre paralysant, un poison immobilisant, en sortit, touchant certains spectateurs qui étaient bientôt au niveau de la sortie et qui s’effondreraient d’ici quelques secondes à l’image des deux personnes venant d’être vaincu. Ishtar se tourna donc vers le clown, prête à venir en aide au commandant s’étant attribué le cas de la plus grande menace, le maudit qui avait jadis distribué des ballons à des enfants pour qu’ils explosent et blessent ces jeunes gens. Une fois que le Chasfield serait vaincu, la défaite officiel de la troupe de cirque pourrait être prononcé.

-Mais... C'est pas rigolo tout cela. Les autres sont vraiment des bons à rien, lâcha Nerkal, se plaignant ainsi de ses acolytes, en faisant une moue triste. Vous avez vraiment pas d'humour vous. Je vais devoir vous l'inculquer !

Dans la situation actuelle, le Gratz avait la possibilité de prendre ses petits enfants et de s'enfuir par l'entrée, les clous empêchant le rideau de s'ouvrir ayant été arraché par la bilcane pendant qu'elle affrontait les employés, mais il devrait pour cela éviter les mauvaises surprises que les ballons de baudruche pouvait lui réserver.

Le chaos s’adoucissait, les hurlements se taisant petit à petit pour laisser leur place au crépitement du cirque qui partait en fumée. C’était la déroute pour les joyeux lurons qui avaient peut-être été trop présomptueux et aurait surestimés leurs capacités à s’en prendre à une île comme Toroa. Si la donnée militaire avait été observé, les interférences potentielles générés par l’inconnu que représentait le public n’avaient pas été imaginé, conduisant à la situation actuelle. Le clown était le dernier combattant encore debout de la troupe, quelques spectateurs disposant de leurs propres capacités s’étant occupé des derniers employés encore en état de gêner l’évacuation. Le dernier rempart entre la réalité et la fin des péripéties morbides et sanguinaires de ce groupe de fous furieux. Nerkal n’était pas assez stable mentalement pour considérer la menace que représentait le duo, et l’arrivée de renforts, dont Krom serait l’un des premiers représentant, ne l’aiderait pas à comprendre sa défaite. Le raisonner aurait de toute manière était vainc. Toutes tergiversations étaient inutiles. Ainsi, le commandant et la décima se jetèrent ensemble dans le champ de ballons pour atteindre le Chasfield. Grâce à la souplesse du serpent, la maudite parvenait à passer au travers sans en toucher alors que Thalerford était contraint dans trancher certains et donc de dévier sa route pour se créer son chemin. La De Lérhane arriva donc en première et envoya sa queue sur Nerkal qui sauta dans les airs où il fut accueilli par deux lames d’air de la part de l’épéiste. Esquivant ces assauts, il n’eut plus l’occasion de modifier sa trajectoire pour éviter l’appendice qui s’abattit sur lui et le conduisit droit au sol.

S’extrayant rapidement, Nerkal généra de nouveaux ballons tout autour de lui. C’était sans compter sur la précision du gouvernemental qui avait eu le temps de se rapprocher grâce à l’action précédente de la combattante céleste. La lame passa entre deux contenants en baudruche pour finalement s’enfoncer sans la chair du clown qui lâcha un grommèlement. Voulant répliquer, il fut surpris par l’appendice de la bilcane qui s’enroula autour de sa jambe. L’hybride mythologique attire le meurtrier à elle de cette manière pour lui décocher un coup de poing mêlant sa force surhumaine à la puissance supplémentaire que lui octroyait cette métamorphose. L’impact fut violent et deux dents du Chasfield jaillirent hors de sa bouche. Propulser plusieurs mètres plus loin, le choc résonna encore dans sa tête, laissant à Thalerford tout le temps à sa disposition pour rejoindre le criminel et poser sa lame sur la gorge de celui-ci. Lorsque Nerkal fut à nouveau en possession de ses moyens, il découvrit la situation et fit une mine triste.

-Tu n’es décidément pas rigolo.

-Vous êtes en état d’a…

-Pour être drôle il faut faire ça !

Sans aucune appréhension ou autre forme de doute, le clown amena son cou sur la lame de son ennemi, se transperçant ainsi lui-même la gorge. En face de lui, Thalerford restait béat en observant la tranquillité et l’amusement qui habitait cette vile créature inhumaine en mourant. C’était horrible. La demoiselle ailée reprit forme humaine et observa l’étendu du massacre, un lourd poids sur le cœur. C’était une véritable catastrophe. Le commandant de son côté se dirigea vers le corps de son ami, le lieutenant Amerlock qui avait trépassait en cédant à ses pulsions. L’officier tomba à genou devant le corps de son camarade avant de frapper le sable du poing.

-Je suis désolé… Si j’avais été un meilleur commandant, vous seriez encore là… Je ne mérite plus ce grade… Je ne veux pas mener d’autres à la mort… Je ne veux pas diriger d’autres personnes que vous…

Peiné, la fille des cieux resta plusieurs instants silencieux en observant le pauvre homme avant de finalement s’approcher de lui pour le réconforter et essayer de le faire se relever de cette épreuve plus que difficile.

-… Vous savez… Ils sont morts pour une cause. La cause que vous défendez, commença la bilcane, compatissante, en venant poser sa main sur l’épaule du survivant de l’unité de la Marine. Je ne sais pas quel était votre plan ni ce que vous saviez, je ne me permettrez pas de dire que vous auriez pu éviter cela ou que c’était inévitable, mais servez vous de cela pour avancer. Ne le faites pas pour vous. Faites-le pour eux. Que leur disparition ne soit pas veine. Qu’ils existent encore au travers de vous et vous permette de mener à bien la tâche qui incombe aux représentants de la Justice.

Peut-être cela permettrait à Thalerford de retrouver la foi de se battre dans les temps à venir, mais pour l’heure il demeurait muré dans le silence, enregistrant les paroles de cette inconnue qui lui avait permis de triomphé de son opposant. La De Lérhane se redressa et se dirigea vers la sortie alors que des soldats de la Marine s’approchaient à la suite de Krom.