Feuille de personnage Niveau: (52/75) Expériences: (879/1000) Berrys: 2.235.426.002 B
Jeu 14 Juin - 20:24
L'audace.
La capture improbable.
feat Sera Kyoshi
Je reviens d'ici deux ou trois heures. J'ai quelques courses à faire en ville.
Il avait tout juste pris le temps de glisser quelques mots à Damon, à bord de l'Aldébaran, qu'il avait d'ores et déjà déserté le pont de son navire et qu'il était en train de gambader gaiement, les mains enfouies dans les poches, sur les racines titanesques qui formaient l'entrelacs que l'on nommait Archipel Shabondy. C'était un endroit avec lequel il entretenait un rapport a minima conflictuel, a maxima paradoxal : si cette place lui avait indéniablement permis à surpasser l'être qu'il était jadis, si c'était ici qu'il avait su se reconstruire après la mort des siens, après la disparition funeste qu'avait subi l'équipage de Raphaël, il y avait également vécu certaines de ses plus traumatisantes expériences. Entre les nuits de déboires et de débâcle à écumer les bars malfamés dans l'espoir candide d'éponger ses pleurs par le biais de l'alcool et les défaites pitoyables qu'il avait eu à endurer, notamment contre le célèbre pirate Harushige, décédé depuis lors, le Phoenix avait tant et tant erré en revêtant un air si piteux qu'il était quasiment convaincu du fait que la majorité des locaux le craignaient moins pour sa réputation désormais fameuse plutôt que pour les sautes d'humeur dont il était à l'époque réputé. Il était un artiste et l'avait, d'aussi loin qu'il s'en souvenait, toujours été : dès son plus jeune âge, il avait pris un malin plaisir à griffonner sur des livres, sur des murs, sur des tables, à pincer les cordes des violons et des guitares qui passaient sous ses doigts curieux, à modeler des formes dans la boue et dans l'argile, à siffloter les airs qui lui passaient par la tête, instinctivement... Cela lui conférait un rapport pour le moins particulier à ses émotions, à ses sentiments. Il était plus à fleur de peau qu'on ne pouvait l'imaginer, pour un grand pirate, un représentant de cette glorieuse nouvelle ère. Il était victime de ses états d'âmes plus qu'il ne les contrôlait... Bon nombre de ses ennemis avaient pu s'en rendre compte, au cours des batailles, au fil des guerres. Yorkshire Mendela, Mozero, William Lancaster... Tous n'étaient pas forcément aussi déloyaux, fort heureusement, mais il arrivait parfois qu'ils en viennent à céder à la lâcheté en remarquant que le Phoenix était plus facile à distraire qu'à abattre. S'en prendre à ses pairs, c'était ouvrir une brèche flagrante dans sa garde pourtant généralement alerte... C'était l'exposer grossièrement.
Un fin soupir s'éleva de ses lèvres entrouvertes tandis qu'il bondissait de l'une à l'autre des racines qui constituaient le grove de non-droit auprès duquel l'Aldébaran avait été amarré. Il n'allait pas rester au sein de ces quartiers désolés et désertés, où seuls les criminels pullulaient, à la recherche de larcins à commettre... il allait plutôt se rendre sur l'un des groves touristiques. Le trente-cinquième, plus précisément. Il y avait là-bas des amis qu'il n'avait plus vu depuis belle lurette : Gama et Sila. Lui était le chef d'une petite troupe de bandits qui tenaient davantage des saltimbanques plutôt que des brigands sanguinaires qu'on avait l'habitude de dépeindre et de caricaturer au sein de la presse officielle et gouvernementale. Elle était un joli brin de fille dont il s'était épris, des années auparavant, lors même qu'il purgeait sa dépression et qu'il vomissait ses démons, sa rancœur et sa détresse. Ils avaient, l'un comme l'autre, été d'une aide salvatrice pour l'aider à s'en retourner à sa vie banale et quiète, à sa nonchalance ordinaire et à son insouciance que bon nombre avaient, à toutes les époques, grossièrement et injurieusement pointé du doigt. On le qualifiait souvent d'inconséquent, d'immature et d'esprit simplet... On ignorait bien volontairement qu'il avait vécu avant d'en arriver là et que le choix qu'il avait fait, celui d'apparaître aussi juvénile et candide, était probablement fort délibéré. Le Phoenix, non sans grogner à cette pensée contrariante, laissa son buste s'affaisser en expirant de plus belle. C'était la moindre des choses que de passer les voir, l'un comme l'autre, tant que son équipage maintenait son escale sur cet archipel si singulier... D'autant plus qu'il ne savait guère quand se présenterait la prochaine occasion qu'il aurait de croiser leur chemin. Certes, Tengoku no Seigi allait demeurer à quais encore de nombreuses semaines puisque la commande qu'il avait formulé pour une nouvelle embarcation venait tout juste d'être prise en charge, et que le chantier s'annonçait autrement plus titanesque que tout ce que les charpentiers avaient pour coutume de réaliser... Néanmoins, il allait avoir du pain sur la planche : la majorité des membres de son équipage étaient trop récents et il ne pouvait décemment pas espérer qu'ils finissent par s'intégrer d'eux-mêmes. Il devait les surveiller, au moins pour minimiser les frictions, si celles-ci commençaient à se faire remarquer. Il devait surveiller l'évolution des travaux et joindre leurs alliés divers et variés pour les maintenir au courant quant à l'évolution de la situation. Et il devait, bien entendu, planifier leur départ jusqu'à l'île des Hommes-Poissons, passage obligé avant d'aller s'égarer au sein du Nouveau Monde, le plus tumultueux de tous les océans.
Autant dire que les jours et les semaines à venir risquaient d'être remplis. Mais, étrangement, l'artiste ne s'inquiétait guère. C'était la première fois, et ce depuis un très long moment, qu'il n'avait pas eu autant de temps pour respirer, de son côté. Nakata avait effectivement couru de fait d'arme en exploit, ces derniers temps : entre les batailles diverses, l'organisation de Graou Island et sa trahison vis-à-vis de ses fonctions de corsaire, au service du Gouvernement Mondial, il avait eu de quoi s'activer et même de quoi s'acharner. A quand remontait son dernier repos, digne de ce nom ? Même ses dernières nuits lui avaient semblé bien brèves, partagées entre cauchemars et insomnies... De temps à autres, il se surprenait à songer qu'il n'avait qu'une hâte : enfin s'élancer à la conquête du Nouveau Monde, à gravir les vagues titanesques de cette mer indomptable. Il croyait, probablement avec trop d'espérance, que s'éloigner de la sorte de tous ses repères et que s'enfuir au sein d'une mer qu'il ne connaissait pas le moins du monde lui permettrait d'échapper à tout un pan de ses responsabilités et de ses phobies. Il avait conscience, pourtant, que cet espoir était destiné à s'éteindre aussi tristement qu'il n'avait pu naître... Il ne tromperait jamais ni la mort, ni la fatigue, ni la solitude. Ces ternes concepts étaient ancrés en lui de manière trop insidieuse, comme s'ils avaient été vissés à son âme et comme s'il était absolument impossible de les en dissocier. Il songeait même que le combat et l'effervescence, qu'il désirait continuellement depuis des années, n'étaient ni plus ni moins, à l'instar de la passion et de la fougue amoureuse, qu'une manière de tromper provisoirement les démons qui lui dévoraient les entrailles et se repaissaient de ses doutes.
Sans qu'il ne s'en soit rendu compte, le Fenice avait opté pour une marche plus lente, pour un aspect plus voûté, plus miséreux, plus las. Il alla même jusqu'à ralentir la cadence, alors que la ville n'était encore qu'un point à l'horizon. Les maisons éparses construites à même les racines titanesques des Yarukiman Mangroves ne suscitaient en lui pas davantage d'émotions que leurs occupants. Nul ne cherchait à créer des échauffourées, dans le coin : pas même les marines qui se cantonnaient à l'inaction, mis-à-part lorsqu'une opportunité leur souriait ou que la nécessité les forçait à réagir. Lui était trop haut primé, trop redouté : jamais personne ne tenterait de le prendre en chasse, sur Shabondy. Les gouvernementaux faisaient en règle générale mine de ne pas le remarquer... Alors les civils ? C'étaient tout juste s'ils lui jetaient un regard. Ceux qui tremblaient d'effroi faisaient en sorte de ne pas attirer son attention. Les autres murmuraient à son passage, tout au plus, mais ne persistaient guère s'ils apercevaient une simple œillade de sa part... Toutefois, le mythique n'était pas sot : il savait pertinemment que depuis son arrivée, la population toute entière de l'archipel avait eu vent de sa venue. Si quelqu'un avait voulu le trouver, dans de telles conditions, il n'y aurait pas éprouvé la moindre difficulté... Et ce quelles que soient les intentions qu'il nourrissait à son égard.
Called to the ring, Taking me round by round It hurts and it stings, Taking me down, down, down You think that you caught me, I can hear you taunt me Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed
But I'm not dead yet So watch me burn.
Fenice Nakata
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Dim 15 Juil - 0:30
L'audace
Cela faisait quelques jours qu’elle était arrivée et elle songeait déjà à repartir… La jeune femme avait pensé trouver de quoi susciter son intérêt sur l’archipel Shabondy, mais ce fut sans succès. Il fallait admettre que ce n’était typiquement pas le genre d’endroit que Sera affectionnait. Elle n’avait pourtant pas une morale très tranchée et un sens de la justice exemplaire, mais elle avait vu durant son séjour trop de choses qui touchaient au ridicule de son point de vue… On lui avait pourtant recommandé de faire un tour ici pour approfondir ses connaissances en tant que chasseuse de primes. Il était vrai que pour l’instant elle s’était toujours évertuée à se tuer à la tâche pour attraper des primés et mériter sa paie. Elle avait donc été curieuse de voir le fonctionnement de Shabondy de ses propres yeux, de regarder comment marchait ce trafic étonnant de têtes mises à prix, s’il était vraiment intéressant parfois… Finalement tout cela n’était pas mieux qu’une mauvaise farce. Dès qu’on lui en avait parlé elle avait eu un avis tranché sur la question, elle aurait pu mettre sa main à couper qu’elle n’allait pas avoir recourt à de tels procédés, qu’elle continuerait à se débrouiller toute seule quittes à finir épuisée et revenir bredouille encore pas mal de fois. Mais sa curiosité avait pourtant été piquée à vif, notamment son envie de découvrir le monde. Explorer le monde n’était pas forcément toujours synonyme de merveilles et de beauté, Sera en avait bien conscience et c’était d’ailleurs ce qui l’intéressait. Elle voulait tout voir, tout savoir, des plus belles choses aux cotés les plus sombres… Toute sa vie n’en avait d’ailleurs été que le reflet. Elle avait quitté sa prison dorée pour rejoindre les rues. Pour certains elle avait justement quitté tout ce qu’il y avait de meilleur pour le pire, mais sa vérité était tout autre, si ce n’était tout l’inverse. L’univers était trompeur, alors elle avait toujours mis un point d’honneur à se faire son propre avis sur chaque chose… Et pour cela, il fallait qu’elle voie de ses propres yeux, qu’elle expérimente. Cet archipel n’était rien de plus qu’une expérience, qu’une leçon bien qu’elle n’ait aucune utilité.
Après avoir fait le tour de Shabondy, jetant un coup d’œil effectivement aux primés qui étaient proposés, ainsi que prenant conscience de l’esclavage qui y régnait sans rien craindre, elle avait fini par s’en tourner plus volontiers à la nature. Oui, aujourd’hui elle s’était levée las de la foule et des habitations… Elle avait envie de partir et pourtant elle devait encore patienter quelques temps… Elle partirait sous peu, c’était certain. Quittes à être là, autant vraiment effectuer tout le tour de l’archipel et s’imprégner de son ambiance… Mais dès son réveil, elle avait senti qu’elle avait besoin de souffler, de s’écarter quelque peu de la ville et respirer. Ce n’était pas réellement que l’atmosphère générale était pesante, où le fait qu’elle commençait à s’ennuyer... Non il en retournait plus de sa fatigue. Cela faisait quelques temps qu’elle avait décidé de démarrer son activité de chasseuse de primes et elle commençait à sérieusement se questionner. Certes, ses compétences étaient utilisées à bon escient et étaient un plus non négligeable... Elle retrouvait également cette sorte d’adrénaline et cette dose d’action dont elle avait toujours eu besoin, qui l’avaient également toujours fait vivre. Mais les choses étaient différentes. Ces derniers temps, plus les jours passaient et plus la jeune femme avait l’impression de tromper également l’ennui. Traquer quelqu’un ne devenait plus qu’une façon de l’occuper. Elle se questionnait de plus en plus sur ses convictions, si elle avait finalement un quelconque but… Et le néant qui lui répondait ne l’aidait pas vraiment. Dans ces cas là, son esprit la ramenait sans mal à sa vie d’avant, à la bande qui avait su l’accueillir, à Eden… Elle avait vécu tant de choses. Désormais qu’elle se retrouvait seule, tout lui semblait bien fade. Son envie de voyager était pourtant toujours aussi vive et importante pour elle, mais si elle avait dû troquer ce désir contre une vie aussi remplie que celle d’avant… Elle l’aurait fait. Même si la vie à Old Trail n’était pas des plus simples, qu’elle avait donné son lot de misères et de souffrances pour tous ceux que Sera avait connu. Évidemment une telle remise en question était également légitime, elle en avait conscience. Après tout, démarrer une nouvelle vie, quitter ses attaches, se retrouver à se débrouiller par soi-même quand vous avez toujours compté sur l’entraide… Il y avait de quoi être incertaine. Revoir Eden l’avait d’ailleurs tout simplement achevée. Cet idiot était en vie et l’avait laissée seule pour de bon, volontairement. Une rage sourde la prit une nouvelle fois à la pensée de son ami. Il devait surement être loin, aucunes chances qu’elle puisse copieusement le faire souffrir et se venger. Puis en le laissant elle avait décidé de poursuivre sa route seule, de ne pas chercher à le retrouver. A ce moment-là elle désirait encore son indépendance et tenter de vivre par ses propres moyens. Malheureusement le temps avait fait germer en son sein trop de questions sournoises et pernicieuses que sa volonté s’en retrouvait malmenée. Elle avait besoin d’oublier, de souffler.
Ses pas l’avait automatiquement conduite hors de la ville, elle avait dès lors uniquement parcourut des racines les unes après les autres. Ce ne fut que quand elle était déjà loin qu’elle décida de ralentir quelque peu jusqu’à s’arrêter et prendre un bon bol d’air. Elle profita pleinement du silence et des environs. Elle leva la tête vers les branches, admirant l’imposante structures des arbres autour d’elle. Elle se sentit alors terriblement petite et insignifiante. Le monde était vraiment plein de surprises et avait su se parer d’un millier de choses les plus incroyables les unes que les autres. Finalement, son tour à Shabondy pouvait avoir du bon, ne serait-ce que pour ses paysages atypiques… Elle aurait dû sortir plus tôt de la ville, elle se sentait déjà mieux et prête à y retourner. Néanmoins, Sera resta encore un long moment à l’extérieur et à se balader sur les racines, presque comme un enfant à qui on aurait offert un nouveau terrain de jeu. Elle entreprit d’ailleurs de monter toujours sur les plus hautes dans l’espoir d’apercevoir la mer au loin, ne serait-ce qu’un bout et de se poser dès qu’elle y parviendrait. C’est en escaladant effectivement une racine plus haute que celles qui semblaient donner un chemin en contrebas vers la ville, qu’elle aperçut une silhouette se rapprochant sur le plan inférieur. Elle n’avait pourtant croisé personne durant son expédition, et par réflexe elle s’accroupit, prenant le soin d’être moins visible et de pouvoir tranquillement observer depuis son poste de fortune… Une tête blonde ne tarda pas à se rapprocher et elle n’eut aucun mal à reconnaitre l’homme en question alors qu’il se trouvait encore assez loin. Le monde était étonnant… Et incroyablement petit. Quelles chances avait-elle de tomber sur une tête connue ici ? Elles étaient infimes... Et encore plus de tomber sur sa tête à lui… Son regard couleur rubis se fit d’ailleurs plus concentré et intéressé tandis qu’elle appuyait sa tête sur sa main, ne le quittant vraiment pas des yeux. Nakata… Cela faisait un bail. Pourtant elle n’avait pas perdu une miette de ses exploits. A vrai dire, elle en avait été quelque peu obligée… Il était devenu une cible de choix. De la pauvre prime qu’il pouvait rapporter, il avait gagné en importance et sa tête pouvait désormais ramener très gros... Mais forcément, il avait du devenir plus dangereux et plus dur à piéger qu’à l’époque. Un sourire ne put s’empêcher d’étirer ses traits. Son humeur maussade était un peu passée, elle se sentait presque plus d’humeur joueuse désormais. Il la connaissait et ignorait très certainement ce qu’il était advenu d’elle. Donc.. Qui ne tente rien n’a rien et avec un peu de chance…
Elle le laissa se rapprocher doucement, l’observant toujours silencieusement tel un prédateur prêt à sauter sur sa proie. Il avait l’air perdu dans ses pensées… Elle pouvait peut-être tenter une attaque surprise ? Sera fit la moue, c’était trop simple et tout bonnement risqué. Il ne fallait pas le sous-estimer. Puis… Après tout ce temps, elle comptait bien l’emmerder quelque peu, histoire de baisser sa vigilance également. De toute façon elle n’avait rien de mieux à faire aujourd’hui. Si elle arrivait à le piéger elle touchait le jackpot, si elle échouait… Aucune retombée. Cependant, le blond avait vraiment l’air presque abattu, si bien que le jeu en perdait même un peu d’entrain. L’idiot. Ce n’est que quand il arriva à son niveau, presque sous ses pieds qu’elle se manifesta.
« Tu comptes courber l’échine jusqu’à ramper par terre ? »
La demoiselle avait gardé son attitude désinvolte et piquante. Elle s’était désormais relevée, les mains nonchalamment dans ses poches et le regardant depuis son perchoir avec un léger sourire aux lèvres et un regard des plus amusés voir moqueur. Quelque chose avait dû le perturber, elle voyait clairement qu’il avait pour l’heure l’air perturbé voir déprimé peut-être. Mais ce n’était pas son style de s’inquiéter, elle préférait se faire taquine histoire de le secouer quelque peu. Elle entreprit de descendre tranquillement, nullement pressée ni intéressée par une mauvaise chute. Néanmoins, elle sauta la dernière hauteur qui la séparait du blond pour se réceptionner plus à son niveau.
« Ça fait longtemps. Ne me dis pas que t’es devenu dépressif depuis, ça serait ennuyeux. »
Elle dégagea ses cheveux sur le côté en le regardant, toujours un léger sourire espiègle aux lèvres. 3 ans… Ils avaient changé l’un et l’autre, elle ne pouvait clairement pas le nier et ce dès le premier coup d’œil qu’elle avait pu lui adresser de plus près. Ils avaient chacun fait du chemin depuis leur rencontre et leurs premiers échanges. Ils avaient évolué, grandis et surement fait des choses passionnantes et variées… A commencer par leurs positions et activités respectives.
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Fenice Nakata
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Équipage : Tengoku no Seigi
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Dim 15 Juil - 15:05
L'audace.
La capture improbable.
feat Sera Kyoshi
Il n'avait pas encore su retrouver sa prestance et sa superbe qu'il fut alpagué par une voix féminine, en provenance des hauteurs. L'ancien capitaine corsaire tressaillit tout en commençant à se maudire mentalement et ardemment. Il savait pertinemment que son haki de l'observation se serait manifesté en cas de danger réel et fondé, mais le simple fait qu'il ait ignoré une présence jusqu'à ce qu'il y soit confronté prouvait qu'il avait négligé puissamment les environs, sous le simple prétexte de sa renommée et de sa réputation aussi glorieuse que fleurissante. Quelle vanité... Nakata aurait pu se mépriser d'autant plus âprement s'il n'avait pas songé urgent de découvrir l'identité de la personne à l'origine de cette apostrophe des plus imprévisibles : il orienta donc son regard vers les cieux, tâchant de se redresser quelque peu afin de lorgner la silhouette féminine et gracile qui se formait, au-delà des quelques amas de racines qui le surplombaient encore. Cette jeune femme semblait le connaître, à en considérer le tutoiement usité et son air revêche et espiègle. Et si l'idée de son identité se manifesta bien vite, le musicien se contenta, dans un premier temps, de la repousser nonchalamment d'un revers de la main désabusé. Sera ? Pourquoi serait-elle là ? Elle était issue de South Blue, à l'origine. Tout comme lui... Mais elle n'avait jamais semblé vouloir réaliser de grandes choses. A l'époque de leur première rencontre, elle n'était qu'une jeune femme trop impétueuse... Qu'est-ce qui aurait bien pu l'amener jusqu'à Shabondy ? Et pourtant, à mesure qu'elle descendait dans l'optique manifeste de le rejoindre, le capitaine pirate intrigué sentit cette hypothèse un peu folle prendre corps de plus en plus tangiblement sans qu'il ne parvienne à l'évacuer dûment. Il savait probablement aussi bien voire mieux que quiconque cet océan recelait de surprises et de sources d'étonnements diverses. Et l'Archipel était, envers et contre tout, la plaque tournante de bien des commerces compte tenu de sa position stratégique... Juste avant Mariejoa et l'île des Hommes-Poissons, juste à la fin de la première partie de Grand Line et à l'extrémité des sept voies qui pourfendaient cette mer capricieuse de part en part. Si elle avait décidé de voyager, il n'était pas déstabilisant qu'elle ait fini par échouer ici... même s'il était plus improbable toutefois qu'elle ait réussi à y parvenir à l'instant même où l'équipage du jeune Fenice y jetait l'ancre à son tour. Le maudit du mythique n'eut néanmoins pas le temps de répondre à cette énigme qui se désépaississait inexorablement que de nouvelles provocations, toujours plus impertinentes, lui furent jetées à la figure. Nul doute ne pouvait demeurer, dès lors : c'était toujours elle, et elle n'avait toujours pas sa langue dans sa poche... Non sans une moue à demie-amusée, le blondinet fit en sorte de lui répondre, prenant une posture sereine et droite, les mains plongées dans les poches de son pantalon, manifestement détendu.
Je ne pensais pas te voir ici... C'est une bonne surprise ! Même si j'aurais aimé que les retrouvailles se fassent un petit peu moins... Venimeuses ?
Il grossissait le tir, bien sûr : Sera ne lui avait, dans les faits, strictement rien de désagréable. Pourtant, le capitaine pirate ne sembla pas spécialement à ses aises, lors des premiers instants de ces retrouvailles inattendues. Et pour cause... Non seulement cette rencontre était effectivement absolument imprévisible, et elle intervenait de surcroît en le prenant au dépourvu, à un moment d'égarement et de flottement durant lequel il avait été démuni et durant lequel il avait tristement manqué de concentration, mais en plus de cela, il n'avait jamais trop su comment considérer cette jeune femme rencontrée des années auparavant et avec laquelle il ne pouvait décemment pas assurer avoir eu une relation particulièrement proche ou fusionnelle. Devait-il la considérer comme une amie ? Comme une vague connaissance ? Comme une espèce de silhouette lointaine, connue lors d'une occasion éphémère et quelconque, qui n'incarnait ni plus ni moins que des souvenirs d'expériences estompées depuis lors ? Ils n'avaient, à l'époque, rien vécu de bien marquant, en fin de compte. Rien qui n'ait pu demeurer, en tout cas, après la disparition de Raphaël et des autres. Car leur rencontre, précisément, puisait ses racines à la toute fin du premier voyage en solitaire du Musicien Ailé... C'était lorsqu'il s'en était retourné sur South Blue, dans le but de retrouver l'équipage de Raphaël au sein duquel il voulait faire ses armes en tant que pirate, qu'il avait fini par la rencontrer une première fois. La revoir maintenant, et à cet instant criblé de doutes et sertis de chimères passéistes et dévorantes, cela pouvait s'assimiler à un grossier manque de tact de la part du Destin, si jamais une telle entité existait bel et bien... Souhaitant toutefois ne pas se montrer indélicat, grossier ou inconséquent vis-à-vis de cette demoiselle à laquelle il n'avait rien à reprocher, le Phoenix leva sa main droite piteusement jusqu'à son propre visage, qu'il parcourut énergiquement avant de relever les quelques mèches dorées qui venaient barrer son regard pour offrir à Sera un regain de forme et d'euphorie qu'elle méritait probablement.
Désolé. J'étais juste songeur. Tu aurais sûrement mérité un peu plus d'enthousiasme mais... Difficile de lutter contre les sautes d'humeur.
Il était franc. Il ne se sentait, honnêtement, ni le courage ni la nécessité de lui mentir, pour l'heure. Elle ne représentait pas grand chose, à ses yeux : c'était un constat cruel mais inévitable pour lui qui, des années durant, avait parcouru le monde dans tous les sens et l'avait épié sous toutes ses coutures. Des rencontres comme celles-ci, il en avait faites des dizaines, des centaines, voire des milliers. Cela ne signifiait pas qu'il méprisait Sera, ou qu'il l'exécrait... Au contraire. Selon ses souvenirs, elle était une personne assez agréable, quoique généralement surprenante et trop intrépide. Car s'ils étaient différents, voire aux antipodes l'un de l'autre, concernant tout un tas de sujets et de comportements, il y avait un plan sur lequel ils étaient quasiment similaires. Leur audace, et leur faculté à jouer avec la patience de leurs interlocuteurs. Ils pouvaient se montrer railleurs, user de leur esprit affûté ou de leur rhétorique merveilleuse pour pousser un ennemi à la rage et à la colère, pour le pousser à l'erreur. Ils jouaient sur l'impertinence et sur l'effronterie, accentuait leur jeunesse apparente en mimant des comportements de moujingues, de garnements outrecuidants et impolis. La moquerie, c'était leur compétence commune : leur fond de commerce. A l'époque, force était d'admettre qu'elle disposait d'une avance considérable en la matière : lui n'était ni plus ni moins qu'un gamin trop insouciant, qui excellait certes à rendre autrui complètement fou mais qui était encore trop réceptif à ce type de provocations. En l'espace de deux phrases, elle allait probablement prendre pleine mesure de la maturité qu'il avait acquise. Il était désormais un homme fait : les petites piques, comme celles qu'elle avait pu formuler en venant à sa rencontre, ne semblaient plus l'atteindre du tout. Elles semblaient a contrario glisser sur sa peau sans jamais risquer de susciter son courroux : c'était comme si la plus virulente et la plus caustique des insultes avait été condamnée à s'écraser sur un mur immuable. Force était d'admettre qu'il avait été à bonne école : Méliandre, notamment, son ancienne navigatrice, lui avait tant et tant destinée de politesses similaires qu'il n'était plus vraiment à une injure près.
Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es devenue pirate ?
Cette fois, ce furent ses lèvres à lui qui s'étirèrent en un léger sourire railleur. La provocation était plutôt molle, mais elle agissait comme une espèce d'entrée en matière timorée. Restait à savoir ce que Sera allait lui répondre : peut-être allait-elle se montrer plus farouche et moins sincère que lui... Si tel était le cas, de toute manière, Nakata n'allait pas franchement lui en tenir rigueur. Il était déjà heureux de pouvoir bénéficier de sa présence. Elle allait effectivement lui permettre de se changer quelque peu les idées, de songer à autre chose qu'à son devoir de capitaine, aux formalités qu'il avait à remplir dans les jours à venir. Elle n'avait pas été aussi proche de lui que Gama et Sila mais, en fin de compte, il préférait peut-être demeurer quelque peu à ses côtés plutôt que de se précipiter auprès du brigand et de sa jeune sœur : elle l'avait connu avant que sa vie de pirate ne vire à l'échec sanglant, avant qu'il n'ait un avant-goût de l'enfer, avant qu'il n'écume les prémices du calvaire qui avait été le sien. Elle savait, en d'autres termes, la personne qu'il avait été autrefois... Et elle représentait en fin de compte à ses yeux peut-être bien plus qu'il ne voulait bien l'admettre, de prime abord. Comme une lame de fond scélérate surgissant des eaux pour happer les malheureux imprudents qui restaient sur les berges un jour de tempête, elle venait de bousculer les prévisions du Phoenix pour s'y immiscer sans la moindre politesse, ni la moindre délicatesse. C'était peut-être un signe, même s'il n'était pas franchement fataliste : peut-être devait-il demeurer quelque peu à ses côtés, si elle le lui permettait... Peut-être lui offrirait-elle, au final, la sérénité qu'il s'était apprêté à chercher ardemment, sur cet Archipel où trop de souvenirs douloureux avaient été cultivés et où ils n'en finissaient plus de s'entrelacer, à la matière des racines titanesques de ces arbres millénaires...
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But I'm not dead yet So watch me burn.
Fenice Nakata
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Sam 29 Sep - 21:39
L'audace
La jeune femme était enfin parvenue au niveau du pirate. Elle l’avait, dans les premiers temps, sagement observé tout en gardant son air espiègle au visage. Rien ne servait de se presser, ils avaient le temps d’aborder des choses plus sérieuses… A vrai dire, Nakata avait encore un peu de sursis avant qu’elle ne tente quoi que ce soit. Sera était avant tout curieuse, elle se l’avouait sans honte. Si sa curiosité n’avait pas été piquée à vif et si elle n’éprouvait pas une once d’intérêt pour le blondinet, elle aurait déjà passé à l’action pour tenter de l’ajouter de son palmarès… Mais en dehors de l’espèce d’affection qu’elle lui portait, elle n’était pas folle non plus. Nakata n’était pas une proie facile, la jeune femme savait pertinemment que l’attraper n’allait pas être une mince affaire… Si elle avait pu effectivement compter sur l’effet de surprise, ce dernier était désormais passé et la probabilité de réussir son coup était devenue trop mince. Non, elle avait réfléchi en le voyant arriver tranquillement. La meilleure solution était encore de prendre la température, de s’enquérir sur sa personne, de jouer à la vieille amie ou du moins ce qui pouvait le plus s’en rapprocher, afin de le mettre d’autant plus en confiance et endormir sa vigilance. Les probabilités de l’attraper n’étaient pas forcément plus grandes mais c’était un léger plus qu’elle ne pouvait négliger… Et puis s’il parvenait à lui échapper, ce n’était pas grave. La capture du Fenice aurait l’avantage de lui faire un bon entrainement, et au passage cela aurait peut-être le mérite de l’embêter. Oui, Sera était de ce genre de femme qui préféraient toujours lier l’utile à l’agréable… Que cela soit de d’abord discuter avec lui pour en apprendre plus sur les années passées sans se croiser, que se mesurer à lui pour en tirer dans tous les cas des profits assez alléchants. Tachant de ne pas trop le regarder avec un air de prédateur qui l’amènerait à se douter de quelque chose, elle afficha un sourire parfaitement serein et croisa les bras, adoptant sa nonchalance coutumière.
- Venimeuses ? J’aurais pu faire pire… Mais je doute que tu veuilles voir de quoi je suis capable.
Au moins il ne pouvait pas se tromper, il l’avait bien retrouvée, toujours égale à elle-même. La jeune femme ne voyait simplement pas pourquoi elle aurait eu à mâcher ses mots. Juste descendre de son perchoir, en lui criant à quel point ça faisait longtemps, lui semblait typiquement inutile et grossier. Limite plus insultant que les paroles qu’elle lui avait adressées. Mais se rappelait-il au moins qu’elle était ainsi faite ? La question resta un instant en suspend dans son esprit. Trois longues années… Ils ne s’étaient connus qu’une poignée de jours, il avait très bien pu oublier la teneur des moments qu’ils avaient partagés. En y pensant, elle songea qu’Eden aurait certainement été le mieux placé pour ramener leur maigre et pas si lointaine jeunesse commune sur le tapis. Ce bout entrain aurait sans mal sortit une ou deux anecdotes sans réfléchir, faisant alors appel aux bons souvenirs du blond pour mieux engager une conversation. Mais ce n’était définitivement pas le style de Sera. Au mieux, pour sa part, elle aurait sorti quelques souvenirs gênants sur le Fenice. Malheureusement, à sa grande déception, elle ne retrouvait rien de cette teneur-là dans sa mémoire. Elle le regarda avec attention, relever quelques mèches de son front et reprendre un peu de vivacité. Il se décrivait songeur ? Il l’était clairement, et vu sa précédente attitude, il ne s’agissait en rien de bêtes songes. Non, il avait songé à des choses plus dures et difficiles qu’à de bêtes choses. Si l’envie curieuse lui prit de s’en enquérir, elle n’en fit rien. Ils n’étaient pas assez proches, puis à quoi bon ? Ses lèvres s’ouvrirent légèrement puis se refermèrent en même temps qu’un air quelque peu contrarié s’afficha sur son visage. Qu’est ce qu’elle faisait exactement à vouloir le capturer, pour ensuite s’inquiéter de ce qu’il pouvait bien ressentir ? Elle finissait par ne plus tourner rond… Comme pour mettre de la distance avec ces si fâcheuses idées, elle tourna légèrement les talons et prit l’initiative de s’installer sur une racine assez haute. Elle y trouva appui sans trop de mal et continua à regarder Nakata. S’ils devaient discuter, autant être à l’aise… Chose encore plus appréciable vu les paroles du blondinet. Elle haussa un sourcil à sa provocation avant d’émettre un rire nerveux.
- Oh pitié. Ne sois pas insultant je te prie… Ou je risque d’être autant plus venimeuse.
Malgré son outrage apparent et surtout feint, elle était plus amusée qu’autre chose. Il l’avait provoquée, elle n’avait pas rêvé… Bien évidemment, il s’était évertué au même art que le sien durant le peu de temps qu’ils avaient passé ensemble, mais de mémoire à l’époque, il ne jouait pas encore dans la même catégorie d’elle. Il avait plutôt tendance à prendre un peu la mouche et à vite laisser tomber. Le temps l’avait apparemment rendu plus persévérant et avait offert un adversaire potentiellement de taille à la demoiselle. Un léger sourire satisfait étira ses traits et elle le regarda avec un air d’autant plus joueur. Ils allaient s’amuser un peu, du moins elle allait prendre un malin plaisir à tenter de le mener en bourrique quelque peu… Il fallait bien qu’elle se mette quelque chose sous la dent. Et ce dans tous les sens du terme. Le peu de jours passés sur cette maudite île n’avaient clairement pas été palpitants et manquaient cruellement d’actions et de divertissements…
- Pirate… Quelle idée. Tu me vois tout de suite faire quelque chose d’aussi dégradant… C’est vexant. J’ai un peu plus de jugeote que ça et de respect pour ma petite personne…
Ignorer que le jeune homme qui lui faisait face était un célèbre pirate, était strictement impossible. Mais elle préférait jouer l’idiote et être provocante de la sorte. Elle ne le prenait pas pour un simple d’esprit, au contraire. Sa provocation s’était faite à son tour molle, mais elle était juste là pour la forme. Elle savait pertinemment que le fameux pirate n’allait pas s’arrêter sur si peu et allait voir clair entre les lignes… Autre avantage de lancer des phrases de ce style : réfléchir. Elle devrait à un moment ou à un autre lui trouver une raison convaincante quant à sa présence sur l’Archipel… Et cette fois-ci, elle se trouvait stupide de n’avoir rien en stock et de ne pas avoir pensé à ce détail. Elle pouvait bien lui sortir la vérité, avec un grand sourire elle pouvait très certainement lui balancer qu’elle était devenue chasseuse de primes et qu’elle faisait un tour dans les parages par curiosité… Il pouvait ainsi le prendre à la rigolade pure, tout comme se méfier, ou croire qu’elle n’aurait jamais l’audace de s’attaquer à lui. Mais tout cela lui paraissait presque trop facile… Non, elle avait envie de rester vague.
- Disons que je suis de passage, comme un peu partout… Je voyage au grès de mes envies et de mes moyens aussi.
Sera haussa les épaules, ne trouvant rien à rajouter de plus pertinent. Après tout, rien n’était faux. Elle avait pris la décision de devenir chasseuse de primes pour ces raisons, et elle n’avait à l’heure actuelle aucune attache pour ces mêmes raisons. Ses yeux se perdirent quelques instants dans le vide, bien loin de la silhouette du blond. Trois ans. Cela lui semblait une éternité.. Et pourtant tant de choses s’étaient passées. Combien de fois avait-elle frôlé la mort avant d’arrêter toutes ces conneries avec Eden ? Beaucoup trop… Et la pseudo-perte de son meilleur ami n’avait fait qu’accentuer son envie de mettre les voiles. À bien y penser, elle avait parfois l’impression elle-même de se chercher, si ce n’était pas de fuir. Néanmoins, la voie qu’elle avait empruntée était la plus plausible et la seule qui lui semblait pour l’instant la plus juste. Sa route n’apportait aucune réponse et aucun but, mais elle permettait potentiellement d’en croiser à des endroits ou à des moments insoupçonnés… Du moins, elle l’espérait. Sentant que son humeur allait finir par se faire sentir, la rose sourit de nouveau en plantant son regard dans celui de son interlocuteur.
- Et toi alors ? Pirate il parait ?
Elle siffla un peu puis afficha un air railleur. Évidemment qu’elle savait. Elle était loin d’être une groupie mais elle avait suivi ce qu’il avait accompli, au fil du temps… S’amusant surtout souvent. La vie était parfois remplie de surprises. Elle l’avait rencontré et senti plein de promesses et de qualités, mais jamais, ô grand jamais, elle n’aurait imaginé qu’il puisse s’engager sur une telle voie et devienne l’homme qu’il était à l’heure actuelle. Car oui, elle ne pouvait nier, elle l’avait connu plus jeune et plus enfantin. Il était maintenant un véritable homme et à ce titre, elle se sentit presque déçue. Elle n’allait plus pouvoir le faire tourner en bourrique des mêmes manières qu’avant… Mais cela ouvrait aussi de nouvelles possibilités. Après tout, elle aussi avait changé.
- Donc, qu’est-ce que tu viens faire ici alors ? Surtout avec une mine si terrible. Ne me dis pas que tu t’es perdu en mer et que tu ne retrouves plus ton chemin ? Ou que tu ne sais plus où tu as mis ton bateau…
Facile et bas… Mais il lui fallait bien le tester quelque peu... De toute façon, elle n’allait pas lui faire de cadeaux et de toute évidence, elle-même n’allait pas en être un pour lui. L’échange et sa posture avaient beau être amicaux, elle n’oubliait pas son but initial… Elle comptait bien le duper et l’attraper. Si les années lui avaient appris quelques petites choses, c’était bien qu’il ne fallait jamais laisser passer sa chance. Ami ou pas.
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Fenice Nakata
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Lun 7 Jan - 16:01
L'audace.
La capture improbable.
feat Sera Kyoshi
Elle n'était pas pirate. Oh, il n'apprenait rien : littéralement rien. En fait, elle prenait même un malin plaisir manifeste à demeurer nébuleuse, vague, incomplète quant aux propos qu'elle formulait. La chose semblait lui tenir à cœur... Le fait de le laisser dans l'incompréhension et dans l'incertitude. Nakata ne s'en formalisa guère. Une voyageuse : voilà l'étiquette qu'il venait de lui coller... Avec tout ce qu'elle impliquait, tout ce qu'elle pouvait impliquer, et tout ce qu'elle n'impliquait pas. Il songea brièvement qu'il aurait encore besoin d'un long moment afin de percer à jour l'identité réelle et actuelle de cette réminiscence du passé vécu sur South Blue : en l'espace de ces années écoulées, elle avait pu changer du tout au tout, traverser mille carrières, en embrasser deux mille autres. Comment diable aurait-il pu être suffisamment perspicace pour se douter un traître instant du fait qu'elle planifiait actuellement une hypothétique capture sur sa propre personne ? Insouciamment, le jeune musicien se contenta de la dévisager posément tandis qu'elle continuait ses élucubrations provocatrices, qui ne le firent guère tiquer, si ce ne fut par un sourire malicieux et amusé. Elle feignait l'idiotie : lui, l'ancien corsaire, savait pertinemment que le monde entier devait être au courant de son affiliation de forban. A moins d'être aveugle et sourd ou de se faire un point d'honneur à ne jamais lire le journal, il était absolument impossible qu'elle soit passée à côté d'une telle information. Il avait à plus d'une reprise fait l'objet d'un tapage médiatique... Pour de mauvaises raisons, le plus souvent. Pour de bonnes, parfois. Même pour un Schichibukai, c'était complexe d'entrer dans les bonnes grâces des journaux officiels, gouvernés par quelques véreux aristocrates et bureaucrates officieusement au service de la Marine... Ses quelques coups d'éclats avaient été félicité, pour sûr, mais ils avaient été assurément moins mis-en-avant que ses crimes qui, eux, avaient été relayé à d'innombrables reprises, et à toutes les occasions. En somme ? Il était certain que la quasi totalité des habitants de Shabondy aient une idée plus ou moins précise de son identité : elle, qui l'avait côtoyé, ne dérogeait assurément pas à cette règle. Le Fenice, toutefois, demeura muet dans un premier temps. Le vent s'immisça doucement, faisant bruisser quelques feuilles et les tissus de leurs vêtements, avant qu'il ne daignât enfin offrir à Sera ce qu'elle avait, en quelques sortes, ardemment provoqué.
Un pirate de passage sur Shabondy... Je me demande ce que je pourrais faire ici, tiens. Chercher à passer de l'autre côté de Red Line, peut-être ? Aller sur le Nouveau Monde ? C'est une hypothèse en l'air, ne t'en fais pas. Je la sais farfelu : trop pour que ton esprit terriblement rationnel puisse y songer.
Bien sûr que ce n'était pas ce qu'elle avait voulu lui demander. Elle avait voulu savoir ce qu'il faisait ici, face à elle, au beau milieu de l'Archipel... Et non pas sur l'Archipel lui-même. Sauf qu'il avait décidé de feindre la bêtise, à son tour : de la renvoyer à son propre reflet, donc. Un petit stratagème simple et banal, afin de lui montrer qu'il n'avait, lui non plus, pas sa langue dans sa poche. S'était-il inspiré d'elle, au fil des mois et des années, pour devenir aussi éloquent et provocateur lorsqu'une perche lui était tendue ? Possiblement. Lui-même n'en avait pas la certitude... Mais l'inconscient évoluait bien plus souvent par mimétisme qu'on ne voulait le penser. Les êtres humains n'étaient généralement ni plus ni moins qu'un produit abouti formé de plusieurs couches d'échanges, d'interactions et d'inspirations. L'environnement conditionnait l'évolution d'un homme : pas seulement l'endroit qui le voyait grandir, mais aussi et surtout les personnes qu'il côtoyait, leur nombre, leur diversité. Il l'avait respectée. Pas suffisamment pour la vénérer franchement, mais bien assez pour lui remarquer tout un tas de qualités... Voire un semblant de supériorité sur la personne qu'il était lui-même, à l'époque de leur prime rencontre. Était-ce pour cela qu'il se montrait désormais aussi espiègle ? A cause d'une influence sournoise et psychologique qu'elle aurait eu sur lui, même à l'autre bout du Monde ?
Je fais ce que tous les pirates font encore, lorsqu'ils ont un moment de repos. Je me passe le temps. Certains boivent, d'autres baisent. Je marche. C'est meilleur pour la santé, paraît-il.
Il disait la vérité... mais il ne la disait pas. Encore un semi-mensonge : comme celui qu'elle lui avait exposé à propos de sa condition. Allaient-ils encore longtemps continuer ce petit jeu de semi-vérités ? C'était fort probable. S'il ne pouvait pas exactement connaître l'étendue de la pugnacité de Sera, Nakata, quant à lui, excellait encore davantage dans l'obstination que dans la provocation. Autant dire qu'il n'était pas près de se lasser de ce petit jeu, qui venait tout juste de s'entamer... D'autant plus qu'il lui semblait que c'était au final une façon plus saine et plus originale d'ignorer ses songes pendant quelques minutes, sinon quelques heures, que d'aller larmoyer aux creux de cous innocents et qui n'avaient rien demandé à personne. Car elle avait été la première à l’alpaguer de la sorte, il ne faisait ni plus ni moins que lui renvoyer la politesse : elle l'avait invité sur son terrain de jeu, d'une certaine manière. Puisqu'il avait répondu à son interrogation, le Phoenix se permit, à son tour, de lui renvoyer une autre question. Il ne la précipita guère : il se contenta d'orienter son regard vers l'une des bulles de savon que cet archipel mythique et féerique produisait constamment le long de ses racines et il la suivit des yeux tandis qu'elle lévitait paresseusement jusqu'aux hauteurs, où elle finirait tôt ou tard par éclater à tout jamais.
Tu ne t'attendais quand même pas à ce que ma vie soit devenue une espèce de parodie, si ? Ce n'est pas parce que je suis devenu célèbre que je me suis résolu aux pillages, aux viols et aux exécutions sommaires de soldats prisonniers. Enfin, je peux te renvoyer la question, d'ailleurs. Toi, qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas vraiment le genre d'endroits où les voyageurs innocents se perdent sur Shabondy, habituellement. C'est plutôt par ici que zonent les raclures les plus hideuses du coin... Et je doute qu'elles te souhaitent beaucoup de bonheur, si elles croisent ta route.
La recommandation cachée du Fenice, qui conseillait de ce fait à la jeune femme de s'éloigner quelque peu des groves de non-droit, situés au centre de l'archipel, n'était pas qu'une simple formule de politesse. Ils n'étaient pas loin de la zone touristique, de surcroît : autrement dit dans la zone où les petites frappes et les scélérats s'égaraient le plus souvent, priant pour croiser la route de fortunés malchanceux et égarés. Le mythique imaginait sans peine qu'elle avait de quoi se défendre, mais on pouvait toujours tomber sur un os dont on mésestimait gravement la dureté... lui-même avait à maintes reprises été pris de court par des opposants plus vigoureux qu'escompté, sur ce damné Archipel Shabondy. Et force était d'admettre également que Sera avait toujours été dotée, pour le meilleur comme pour le pire, d'un physique particulièrement attrayant : les regards graveleux des cloportes vicieux qui rampaient dans le coin risquaient fort de ne plus la lâcher, s'ils parvenaient à la détailler une seconde de trop. Pour l'heure, le blondinet était là : autrement dit, même dans l'optique où des hors-la-loi mal intentionnés les espionneraient, il y avait fort à parier qu'ils ne se montreraient pas tant que le capitaine serait présent. La célébrité était dissuasive, en l'occurrence... Mais cette célébrité, la demoiselle, quant à elle, n'en était guère doutée. Alors, allait-elle s'énerver d'être prise pour une demoiselle en détresse, à tort ou à raison ? Allait-elle enfin lui donner quelques renseignements tangibles quant à celle qu'elle était finalement devenue ? Il était tout ouïe, dans tous les cas.
Called to the ring, Taking me round by round It hurts and it stings, Taking me down, down, down You think that you caught me, I can hear you taunt me Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed
But I'm not dead yet So watch me burn.
Fenice Nakata
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Mer 16 Jan - 14:56
L'audace
C’est toujours assise, que Sera continuait à observer le jeune pirate et à l’écouter. Leurs provocations mutuelles restaient toujours assez maigres et légères, mais elles étaient cependant assez intéressantes pour avoir toute son attention. C’est donc par une énième pirouette qu’il lui répondit au sujet de sa présence sur l’archipel. Bien évidemment elle n’avait jamais demandé autant de précisions mais il semblait que le blondinet voulait s’amuser à en donner plus que nécessaire… Non sans lui glisser quelques amabilités au passage après lui avoir reproché d’être venimeuse. Un esprit terriblement rationnel ? Ses lèvres ne s’étirèrent que d’avantage en un sourire. Être rationnel n’était pas une de ses qualités, ni un de ses défauts à vrai dire… Elle n’avait pas pour habitude de suivre la logique, encore moins celle du commun des mortels. Non, son seul guide était son instinct, et ce dernier n’avait vraiment rien de rationnel parfois si on regardait en arrière les quelques péripéties qu’elle avait pu vivre ou dans lesquelles elle s’était embarquée… Alors cherchait-il vraiment à la vexer quelque peu ou ignorait-il simplement qu’elle pouvait être prise d’un grain de folie assez facilement ? Il s’agissait peut-être là d’un savant mélange des deux… Elle ne lui en fit pas la remarque, elle resta sagement à l’écouter d’autant plus. Il ne faisait que jouer au même jeu qu’elle et le mimétisme semblait encore plus l’amuser au plus haut point. Est-ce que Nakata Fenice était devenu un des plus grands pirates de son époque et en était devenu un adversaire redoutable sur tous les points de vue ? Plus l’échange se prolongeait et plus la curiosité de la jeune femme était piquée à vif. Il fallait qu’elle voie par elle-même ce qu’il avait dans le ventre. Et dans ce cas-là quoi de mieux que de se mesurer à lui ? Elle allait devoir agir agilement et intelligemment.
« Marcher est meilleur pour la santé c’est vrai. Mais tu ne me feras pas croire que tu ne t’adonnes pas non plus à tout ce que tu as cité précédemment. A moins que tu sois si pur… mais j’ai de très gros doutes là-dessus. Ou que tu sois trop timide ou coincé ? »
Et encore une provocation facilement glissée à l’encontre du jeune pirate. Évidemment elle aurait pu faire bien mieux voire carrément s’en passer… Mais ce n’était pas en vain. Elle en profitait au passage pour l’embêter si cela était possible, et en plus et surtout pour endormir sa vigilance. S’il en venait à penser qu’effectivement elle avait perdu son mordant et qu’elle n’était décidément même plus une menace verbalement parlant, il baisserait la garde. Oui la jeune femme espérait qu’il en vienne à l’ignorer du tout au tout. Moins il lui donnait d’importance et plus elle avait de chance de l’avoir… Après tout elle devait la majorité de ses succès aux faux semblants. Combien de fois déjà lui avait-on attribué une mauvaise étiquette ? Sera était passée maître dans l’art de tromper son monde… Et pour continuer à le faire tout était bon, même passer pour quelqu’un de simplement méchant et bête. Alors, c’est avec un air toujours aussi angélique qu’elle continuait d’agir de la sorte jusqu’à que la situation ne réclame de changer de tactique. Elle avait toujours d’autres cartes en main si jamais…. Et d’ailleurs il sembla qu’il était temps pour elle de changer d’angle d’attaque suite aux dernières paroles du blond.
Il avait donc osé la mettre en garde sur Shabondy ? Avait-il même osé la comparer à une innocente voyageuse ? Foutaises… Tout comme le reste. Certes elle craignait forcément quelque chose mais ce qu’il ignorait c’est qu’elle n’avait peur de rien, tout comme avant elle n’avait pas froid aux yeux. Les soucis pouvaient bien venir à elle, elle saurait garder son arrogance et s’en sortir même s’il fallait y laisser quelques plumes. Elle s’était jurée de ne plus jamais être la victime de qui que ce soit. Et ce n’était surement pas les pauvres criminels de bas étage de Shabondy qui allaient lui faire peur, encore moins les mises en gardes de Nakata. Il ne savait pas de quoi elle était faite ou capable. Cependant… La sous-estimait il sciemment pour l’énerver ? Si oui elle devait l’avouer, il aurait presque pu réussir. Au lieu de s’énerver de cette potentielle tentative ratée, les lèvres de la jeune femme se fendirent en un sourire en coin énigmatique.
« Les raclures les plus hideuses du coin ne souhaitent pas mon bonheur ? »
Doucement, elle glissa de son perchoir de fortune et toujours dans un mouvement fluide elle s’arrêta devant le Fenice, l’effleurant presque. L’attention du jeune homme n’avait été que trop longtemps détournée, il était temps qu’il se concentre uniquement sur elle... Son regard remonta sans mal de ses épaules à ses yeux et son index vint se planter dans son torse. Non, elle n’était nullement piquée à vif par sa remarque mais il baissait décidemment trop vite la garde à son goût s’il la considérait déjà comme une jeune fille sans défense. D’un côté elle aurait pu dire tant mieux et en profiter pour le capturer… Mais non ça l’énervait simplement. Elle savait qu’il valait mieux que ça et elle n’avait surtout pas envie de croire qu’il pouvait être si bête. Il ne pouvait pas l’être. C’était étrange comme réaction, même elle en avait conscience. Trop tard cependant, elle était lancée…. Son sourire de prédateur se fana et elle retrouva très vite un air neutre et des plus sérieux.
« Qui te dit que ce n’est pas moi la pire raclure…. »
Elle le fixa un long moment, ne bougeant pas d’un centimètre, son souffle frôlant la peau du pirate. Avait-il réussi à tout suivre et attraper au vol ? Allait-il désormais être sur la défensive ? Il était trop tard néanmoins pour faire marche arrière… Elle soupira une fois en repensant à son idiotie. Elle venait, une nouvelle fois encore, de se priver d’une attaque surprise… Elle remonta le bout de ses doigts sur son torse, elle lui faisait trop de cadeaux.
« Et tu ne m’as pas répondu non plus concernant ta tête de chien battu. Car tu sais… La pire des raclures que je suis, ou même un autre moins pire que moi, aurait très bien pu déjà te tuer un bon paquet de fois. »
Pour appuyer ses dires, son index se planta une nouvelle fois dans son torse et ce au niveau du cœur. Oui, elle aurait très clairement pu déjà s’en prendre frontalement à lui et potentiellement en tirer avantage et le blesser… Elle n’était pas sotte, il était certainement trop fort pour qu’elle arrive à le tuer ainsi, et encore moins un bon paquet de fois comme ellel’avait décrété… Mais il lui semblait bon de ne pas trop vanter les mérites du jeune homme ni lui accorder trop de crédit. Inutile de lui accorder verbalement l’avantage. Puis c’était sa faute. Il avait été trop pensif, il aurait très clairement pu se faire attaquer par n’importe qui. S’il commençait à lui donner des conseils, elle avait de quoi lui rendre la pareille.
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Sam 23 Fév - 15:45
L'audace.
La capture improbable.
feat Sera Kyoshi
Ouuuh... Si j'avais dix ans de moins, tu aurais presque pu me faire rougir.
Il avait davantage persiflé cette provocation pour lui-même que pour la jeune femme, lorsqu'elle avait soulevé une éventuelle timidité de sa part. Il ne s'était pas embêté à répondre plus fermement ou plus ouvertement car il se doutait qu'elle était aussi informée que lui du caractère saugrenu de cette petite pique. Lui, coincé ? Il avait commencé à naviguer seul avant même son seizième anniversaire. Avant cela, il avait passé plus de cinq ans aux côtés de matelots et de mousses de la Marine, qui l'avaient initié au plaisir de la boisson, ou avaient pu lui destiner tout un tas de railleries graveleuses lorsque certains des leurs se réservaient le luxe de passer quelques nuits avec les putains des villes portuaires qui les attendaient de pieds fermes, luxe évidemment refusé d'office au jeune sergent-chef flamboyant jugé trop immature et trop jeune. Autant dire qu'il avait eu l'occasion d'être confronté au sexe et à la débauche à plus d'une reprise, ainsi qu'au caractère lourd de certains hommes... Cela étant, il ne se sentit pas l'envie de répondre plus en avant à ces dires également parce que l'ironie latente des propos de Sera demeurait fondée et véritable. Effectivement, il était familier de ces coutumes-ci, et ils s'y exerçaient assez fréquemment, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il s'y plongeait éperdument à la moindre occasion... Chose qu'elle n'ignorait pas, sans nul doute. Il estima donc tout naturellement que leur petit jeu de dupe et de piques serait éternel au point d'en devenir lassant, si tout et son contraire faisait office de puits à contradictions. Or, il lui tardait d'en savoir davantage quant au vécu et aux motivations actuelles de cette vieille connaissance... Il fut néanmoins privé de ces précisions-ci tandis qu'elle prenait le parti de se rapprocher un peu. Beaucoup, même, selon le point de vue, puisqu'elle vint pratiquement se coller contre lui en se départissant de l'air bon enfant qu'elle avait pu arborer jusqu'à présent : elle passa de la femme provocatrice à la prédatrice jaugeant sa proie, et il fut assurément déstabilisé par ce changement soudain de posture. Tant et si bien qu'il en vint à se raidir un court instant, laissant de ce fait les doigts et le souffle de la chasseuse s'entremêler et glisser quasiment lascivement sur son torse légèrement bombé.
La mort n'est pas vraiment une menace, pour moi...
Il eut l'air absent tandis qu'il évoquait cette réalité d'une façon détournée. Le Phoenix. Elle avait dû entendre ce surnom qu'on lui prêtait souvent, même si elle ne comprenait pas nécessairement d'où il lui venait, et pourquoi il lui collait à la peau de la sorte. Cela faisait longtemps que Nakata n'osait plus se targuer de disposer d'une vigilance à toute épreuve. On l'avait effectivement souvent pris de court, et on le ferait à nouveau assurément... Sauf que contrairement au commun des mortels, cela ne l'inquiétait pas outre-mesure car cela n'avait pas matière à l'inquiéter, sauf dans de très rares circonstances où le granit marin pouvait avoir un facteur des plus déterminants. Si Sera l'avait souhaité, elle aurait effectivement pu lui poinçonner l'estomac d'un coup de dague alors qu'elle était venue se placer face à lui, à un centimètre tout au plus, au point que leurs vêtements respectifs s'unissent et de frôlent les uns les autres momentanément... mais alors quoi ? L'ancien corsaire se serait contenté de retirer la dague, nonchalamment, et les flammes azures auraient rempli leur office. Il n'aurait probablement pas même chancelé, tant son corps était devenu aguerri, avec le temps. Il ressentait toujours la douleur, pour sûr, mais elle était moins dévorante, moins oppressante. Son style de combat résidait sur un dévouement de soi qui touchait presque au masochisme : il poussait sans cesse ses muscles et ses os à leurs limites, mettaient en péril leur intégrité, en usait et en abusait avec une démesure spectaculaire qui lui aurait coûté cher s'il n'avait pas été doté de sa tant détestée malédiction. Autant dire qu'il avait eu le temps de s'accoutumer à ce genre de sévices simples... Un léger soupir s'échappa des lèvres du Fenice, tandis qu'il songeait à livrer l'entièreté de ses démons à cette vieille connaissance, qu'il quitta momentanément des yeux pour orienter son regard vers les hauteurs où les branches noueuses s'entrelaçaient et formaient un plafond arborescent et chimérique. Cela pouvait lui faire un bien fou de livrer les confins de ses pensées à autrui, d'en assumer la lourdeur et les horreurs... mais était-elle la mieux placé pour entendre parler de tout ceci ?
Hé bien, mettons... Surmenage. La vie de pirate n'est pas une sinécure. On nous vend une existence sereine, tranquille, dénuée de toutes responsabilités, de touts fardeaux... Foutaises. Je n'ai jamais été aussi rongé d'angoisses que depuis que je suis devenu capitaine. Je dois m'occuper de mon navire, de mon cap, de mes subordonnés, des vivres, de l'argent, de l'île qui est la nôtre, de nos actions à venir, sur le court terme comme sur le long, de nos alliances, de nos querelles... Je n'avais plus eu cinq minutes pour moi depuis des années.
Une nouvelle fois, une vérité pour un mensonge. En soi, l'artiste parlait vrai. C'étaient ses occupations multiples qui l'empêchaient de profiter du positif, il en avait éperdument conscience... Mais il avait toujours été un acharné. Déléguer ce qu'il était en mesure de faire lui-même, ça lui était proprement intolérable. De fait, là où la plupart des membres des Tengoku no Seigi passaient des soirées agréables sur le pont, à contempler les étoiles en profitant d'un verre d'alcool ou en agrémentant leurs repas de jeux en tout genre, lui s'enfermaient jusqu'au plus noir de la nuit et ne s'endormait en règle générale qu'une poignée d'heures, pour s'en retourner entretenir son corps dès que le soleil pointait à l'horizon. Comment diable pouvait-il décompresser, en se dévouant de la sorte à son rôle de capitaine ? Il avait besoin d'être épaulé, et ce besoin serait de plus en plus véridique à mesure que le temps passerait, et que son Empire encore embryonnaire prendrait forme. Fort heureusement, Graou Island lui était dorénavant inaccessible, et c'était dont tout un tas de paperasses et d'ennuis dont il était délesté... Musashi faisait par ailleurs un excellent régent, en son absence. Restait que l'équipage en lui-même demandait beaucoup d'attention. Trop pour un seul homme. Kyoshiro mûrissait à vue d’œil dans son rôle de bras-droit et Damon faisait indéniablement un conseiller irréprochable, alors il devait sans doute apprendre à leur offrir davantage de responsabilités...
Enfin, ça n'a aucune importance. Personne ici sur Shabondy ne peut m'inquiéter. S'il y a bien une chose que tu dois croire me concernant, c'est celle-là... Mais toi, donc ? Si tu es une raclure... Tu es venue ici pour les affaires ? J'ai peine à croire que l'esclavagisme soit devenu ton cheval de bataille. Je me trompe ?
Elle lui cachait quelque chose, elle aussi. Cela sautait aux yeux. Ceux qui s'aventuraient jusque sur les groves de non droit étaient pour l'immense majorité des personnes sans scrupules, qui avaient des montagnes de tares à se reprocher. Les autres cherchaient la quiétude des lieux, à l'instar du Fenice... ou à nuire aux premiers, aux crapules. Les batailles étaient fréquentes par ici : les chasseurs de primes pullulaient, et les brigands aussi. Était-elle partie prenante de ces batailles ? Si oui, il était peu probable qu'elle soit du côté des crapules. Le capitaine ne se remémorait pas d'elle une personne sainte et irréprochable, pour sûr, mais de là à tomber dans de si regrettables travers... C'était improbable. Elle était peut-être, en revanche, de la même trempe que lui. Une isolée, une solitaire, qui cherchait à tuer le temps et qui ne puisait ici qu'un semblant de paix intérieur... Il en aurait potentiellement la réponse très rapidement. Il lui avait fait la fleur d'assumer l'une de ses innombrables part d'ombre : c'était à elle d'être franche, désormais.
Called to the ring, Taking me round by round It hurts and it stings, Taking me down, down, down You think that you caught me, I can hear you taunt me Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed
But I'm not dead yet So watch me burn.
Fenice Nakata
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Mer 7 Aoû - 13:38
L'audace
Les lèvres de Sera gardèrent son sourire si énigmatique, et pour cause elle avait réussi son effet. Même si Nakata n’avait pas pris peur à proprement parlé, la légère tension que son corps avait exprimé n’était pas passée inaperçue à ses yeux. C’était une petite victoire, et encore si on pouvait la considérer comme telle, mais ça lui suffisait, surtout pour l’encourager à continuer ce qu’elle entreprenait. Cependant, elle ne s’était pas attendue à la tournure suivante, jamais elle n’avait songé que le blondinet se confie à elle si ouvertement et si... Grandement. Elle ne put réprimer un air surpris, il lui semblait que ce sujet était mort et enterré, elle ne pensait pas qu’une énième question sur son état puisse enfin le faire réagir et qu’il lui réponde. Comme quoi leur échange lui réservait encore des surprises... Elle chassa son léger air déconfit en clignant des yeux puis en toute bonne Sera qui se respecte, la jeune femme croisa les bras. C’était plus par fierté qu’autre chose, elle refusait de se montrer trop bienveillante et toute ouïe bien qu’elle ne perdît absolument pas une miette de ses paroles. Le genre qu’elle se donnait en dépendait, elle préférait se montrer détachée voire blasée que plutôt grandement intéressée… Évidemment elle n’ignorait pas que dans la vie obtenir des choses par des faux semblants attendris se révélait généralement plus efficace… Mais dans le cas du Fenice, il la connaissait. Elle n’aurait pas pu feindre d’être touchée ou affectée par ses préoccupations, tout comme elle n’allait pas s’enquérir de sa santé ou de son bien être actuel. Non, ce qui ressemblait plus à la rose c’était de soupirer comme elle venait de le faire.
« Et donc tu n’as pas pris 5 minutes pour marcher depuis 5 ans ? Ça doit être dur une si longue marche … Dois-je aussi en déduire que tu n’as pas eu le temps pour quoi que ce soit d’autre… Disons... D’agréable et jouissif ? Je croyais que tu n’étais pas si pur finalement ? »
Un air amusé s’afficha sur son visage, agrémenté d’un petit sourire taquin et satisfait. Personne n’était assez idiot pour proclamer que le rôle de capitaine était une partie de plaisir… C’était clair que le jeune homme avait dû vivre des coups durs et n’avait surement jamais pu se reposer dignement. Elle n’ignorait pas non plus que s’accorder 5 minutes n’était qu’une façon de parler pour lui signifier qu’il n’arrivait pas à couper les ponts de toutes ses obligations. De toute façon tout ce qu’elle avait pu entendre ou lire sur lui le confirmait largement. Et après tout il restait humain également, il était donc logique que tout cela finisse par lui peser, c’était quelque chose qu’elle pouvait concevoir bien qu’elle n’irait pas le lui souffler. Comment aurait-elle pu de toute manière ? Oui, elle préférait rester détachée, mais surtout elle ne savait pas comment s’inquiéter de quelqu’un correctement ou s’apitoyer sur le sort d’autrui. Et il ne fallait même pas aborder la question de réconforter quelqu’un, ce n’était pas dans ses cordes... A moins qu’elle ne tombe sur quelques idiots qui puissent gober des mensonges, et faudrait-il encore que ses idiots lui apportent quoi que ce soit par la suite… Mais dans le cas de Nakata, il y avait bien quelque chose à gagner. Elle se devait toujours de le piéger et il lui semblait que plus le temps passait, plus leur conversation continuait, et plus ses options se réduisaient. Elle y voyait plus clair également, elle ne pouvait clairement pas l’attaquer de front si brusquement. Du moins pas ici, pas sur ce genre de terrain et quand bien même elle réussirait à prendre la main et le pétrifier, qu’allait-elle faire de lui par la suite ? Oui, plus ils bavardaient plus elle réfléchissait en même temps à tous les tenants et les aboutissants de son coup. La jeune femme s’était même fait la réflexion qu’elle avait été trop idiote de venir à sa rencontre directement. Elle aurait dû observer et tout préparer en amont avant de reprendre contact avec lui… Avait-elle finalement délaissé son côté froid et calculateur pour laisser s’exprimer une quelconque affection qu’elle portait au blond ? C’était possible même si elle peinait à se l’avouer… Il était une partie de son passé, qu’elle le veuille ou non, il restait attaché à lui une part affective. Après tout pour l’instant que faisait-elle ? Elle prenait son temps, elle s’amusait et ce n’était pas bon. Il était temps qu’elle arrête les enfantillages. D’autant plus que les dires du blond la défièrent quelque peu. Personne ne pouvait l’inquiéter ici… Il n’avait pas encore clairement songé à son cas.
« Tout le monde se retrouve sur Shabondy pour affaires non ? Que ça soit toi pour approvisionner ton navire et reposer ton équipage, ou même le pauvre bougre qui décide de profiter d’une bonne dose d’alcool et de putains. Tout est affaire, cela dépend du point de vue. »
Elle garda les bras croisés mais lui sourit une nouvelle fois. Il était curieux à son tour et elle pouvait le comprendre, mais elle n’était pas prête à lui livrer quoi que ce soit… Premièrement elle n’avait pas envie de se trouver un prétexte ou créer un quelconque mensonge... Elle avait la flemme tout simplement. Deuxièmement c’était bien plus amusant de le laisser mariner, se méfier et chercher de possibles explications à sa présence ici. Arriverait-il seul à deviner sa nouvelle occupation avant qu’elle ne passe à l’action ? L’idée de cette petite course contre la montre lui plaisait.
« L’esclavage... Tu ne me vois pas donc me plonger dans ce domaine ? Quel dommage… Je me demande bien pourquoi. Tu penses vraiment que je ne suis pas une raclure c’est ça ? Mais tu sais, ne m’accorde quand même pas trop de vertus, tu serais déçu. »
Elle pouvait bien l’avertir par ci par là par de petits indices… Elle avait encore une certaine marge de manœuvre avant qu’il en arrive à la conclusion qu’elle soit chasseuse de primes. Toujours aussi vague et joueuse en somme, un autre sourire provocateur étira ses lèvres alors qu’elle plaça quelques mèches de ses cheveux derrière son oreille. Il était temps qu’elle commence à user un peu de ses charmes. Si elle quitta ensuite sa position, ce ne fut que par quelques pas pour se rapprocher à nouveau du blond. Elle le dévisagea avec un intérêt non camouflé de haut en bas tout en s’amusant à lui tourner autour. Elle ne reprit la parole qu’en l’effleurant une fois de plus, rappelant presque leur précédent face à face où il s’était légèrement tendu mais se faisant plus séductrice.
« Quoi que si tu te proposes pour devenir mon esclave je pourrais reconsidérer les choses... »
La jeune femme plongea son regard dans le sien, non sans lui sourire une fois de plus, avant de se décoller de lui en l’esquivant presque. Elle se mit alors à faire quelques pas comme si elle décidait de le laisser ainsi en plan et de ne pas poursuivre leur échange. C’était une possibilité, elle pouvait s’arrêter là et reprendre sa route, et lui sa marche. Du moins elle laissa planer le doute de cette possibilité avant de se retourner au bout de quelques mètres.
« Tu viens boire un verre capitaine ? Tu pourras m’expliquer un peu plus tes tourments d’homme célèbre. Et avec un peu de chance je te donnerais quelques indices pour que tu saches ce que je fais ici… Sauf toujours si tu décides d’être mon esclave. »
Elle lui adressa un clin d’œil. Oui elle pouvait feindre sans mal de s’intéresser à lui, de vouloir l’écouter, mais pour le coup rien n’allait être réellement faux. Elle allait le faire et ce parce qu’elle n’en avait pas le choix. Elle devait continuer de le mettre en confiance au plus possible, tout en ne tombant pas dans le penchant inverse en se montrant bien trop gentille. Il la connaissait et se méfierait aussitôt... Que la demoiselle veuille aller prendre un verre pour continuer à échanger et lui lancer des piques était plausible, c'est tout ce qu'elle voulait. Et puis aller boire un verre lui permettait de se rapprocher d’une ville, c’était plus simple pour son plan. Ce n’était pas en pleine forêt qu’elle réussirait à le piéger et à le livrer à la marine... Dans l’éventualité où elle parviendrait à le figer, car c’était là sa seule option : l’immobiliser pour de bon. Si elle arrivait bel et bien à le faire ici elle n’allait certainement pas en revanche le transporter sur son dos jusqu’en ville. Si elle gagnait, si la chance lui souriait, elle serait par contre contrainte de le laisser là et d’aller chercher les marines. Or il était trop précieux, et surtout la prime qui accompagnait sa tête, pour qu’elle perde sa chance sur un coup de poker dans un coin perdu de Shabondy. Sans vouloir insister, elle ne bougea pas, toujours sage et souriante et quelques mètres en avance sur lui, attendant qu’il lui emboite le pas. Allait-elle réussir à le convaincre et l’amadouer en agissant naturellement ou devrait-elle user de tous ses charmes pour le battre ?
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Fenice Nakata
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Mar 13 Aoû - 15:05
L'audace.
La capture improbable.
feat Sera Kyoshi
Si tu veux tout savoir, le sexe n'est pas un de mes loisirs favoris, ces deniers temps, effectivement. C'est trop long.
Elle l'avait pris par surprise, en se montrant mesquine et aventureuse, allant jusqu'à le titiller sur le plan érotique par le biais de piques plus ou moins déguisées... Mais cela ne dura guère. Le Phoenix n'était plus un enfant, et son rapport aux fusions charnelles avait eu le temps de mûrir, depuis qu'il s'était élancé dans la piraterie, depuis qu'il avait vécu ses premières expériences. Si le caractère taquin et entrepreneur de Sera n'avait de cesse de le désarçonner, cela tenait davantage de la surprise candide plus que de la gêne et de l'inconfort... Et il venait de lui en apporter la preuve. Tout en souriant avec amusement en prononçant sa réponse, il se permit de lui offrir un léger clin d’œil, discret et simplement égayé par leur discussion et la malice avec laquelle ils surenchérissaient l'un après l'autre. Il ne s'attendait pas à la gêner autant qu'elle avait pu le faire le concernant, au moment de leurs retrouvailles, mais il estimait qu'il avait certainement de quoi faire s'il commençait à se montrer plus espiègle qu'elle ne l'envisageait... Cela ne demeura néanmoins pas éternellement. Après qu'elle lui ait répondu grâce à un lieu commun, rappelant que tout un chacun se rendait sur Shabondy avec un but en tête, glorieux ou trivial, elle se fit à nouveau plus provocatrice, supprimant de plus belle les quelques centimètres qui les séparaient pour lui servir une suggestion qui ne manquait guère d'ardeur. Lui, son esclave, à elle ? Outre le sous-entendu flagrant dont cette proposition était imbibée, évocatrice de bien des moments agréables à en croire leur proximité et le tempérament aguichant de son interlocutrice, il y aurait eu là de quoi satisfaire plus d'un homme. Rien que l'idée totalement platonique de pouvoir partager sa vie avec une femme aussi splendide pouvait rendre plus d'un individu un brin trop lubrique complètement rêveur : le Phoenix, à son corps défendant, était trop terre-à-terre pour tomber dans pareil traquenard. Il devait admettre que Sera ne s'était pas enlaidit, à la faveur des années : a contrario, son attitude plus franche, plus mature et invoquant une certaine assurance lui offrait des allures de femme déterminée, sûre d'elle... De quoi la rendre d'autant plus attrayante aux yeux du Fenice. Néanmoins, son escale sur Shabondy était somme toute transitoire, et la pause qu'il réalisait actuellement n'était pas promise à se prolonger indéfiniment. C'était une entracte provisoire et, tôt ou tard, lui et Sera repartiraient chacun de leur côté. Ils n'étaient pas faits pour s'aimer et pour s'unir, contrairement à ce qu'elle sous-entendait généreusement, depuis quelques minutes déjà... Et cela, le pirate ne l'oubliait pas à cause d'une simple œillade faussement langoureuse.
Désolé, l'esclavage, ça n'est pas fait pour moi. Je me bats en grande partie pour garantir la liberté d'autrui. Je serais un homme de piètre valeur si je laissais tomber la mienne à la première invitation un tantinet trop osée. Et j'imagine que tu vaux mieux qu'un homme piètre, non ?
Puis elle se retourna et s'éloigna, toujours aussi insaisissable, appréciant apparemment bien trop l'idée de lui glisser entre les doigts pour mieux se mettre en évidence, pour se montrer toujours plus intrépide dans son comportement apparemment concupiscent. Ce fut à cet instant que l'ancien corsaire eut une vision plus globale sur le corps entier de cette désormais femme faite : étant plus âgée que lui, il l'avait déjà connue adulte, mais il devait admettre qu'il la trouvait d'autant plus charmante actuellement. Ou peut-être était-ce sa propre vision et ses propres goûts qui, les jours défilant, s'était affinée pour se resserrer finalement autour du physique de Sera ? Ces deux options semblaient viable et, d'une certaine manière, devaient l'être : il était indubitable que le blondinet, à force de mûrir, avait désormais une lucidité vis-à-vis de ses goûts qu'il ne possédait pas alors et il était indéniable que Sera, tant par son comportement que par l'effet des années sur son enveloppe charnelle, avait évolué et s'était améliorée, changeant pour le mieux et se muant en celle qu'elle était actuellement. Nakata, toutefois, ne se plongea pas à corps perdu dans ce type de réflexions tandis qu'elle pivotait enfin pour lui faire face, le dardant toujours d'un regard pétillant, et lui faisant une offre qu'il ne se voyait guère répudier : il conservait les idées claires, et n'oubliait pas que la féline qui lui faisait face était nettement plus taquine qu'aventureuse... selon ses souvenirs, à tout le moins.
Va pour un verre. Cela me changera les idées. De toute façon, on ne va pas rester plantés là, au milieu de nulle part...
L'idée de papillonner sur les groves de non-droit ne lui déplaisait guère, mais la flore pauvre des Yarukimans n'était guère le cadre idéal pour des retrouvailles festives et amusantes. Et puis, s'il s'était comme toujours attendu à croiser tout un lot de connaissances sur l'Archipel, ce n'était assurément pas le cas de Sera, dont la présence avait tout pour le désarçonner : tout comme elle l'y invitait en sous-texte, l'idée d'essayer deviner ce pourquoi elle avait réalisé le chemin jusqu'ici l'attirait assez. Car le musicien, malgré tout le plaisir qu'il prenait à renvoyer à la demoiselle la moindre de ses provocations, n'oubliait pas qu'elle ne l'avait toujours pas franchement renseigné à ce sujet lors même qu'il avait, de son côté, fait montre d'une honnêteté irréfutable... De quoi piquer sa curiosité, bien plus en tout cas qu'une série de plaisanteries graveleuses. D'un pas tranquille et serein, nettement plus enjoué que lorsqu'il avait quitté le bord de l'Aldébaran, le capitaine de Tengoku no Seigi rejoignit sa vieille amie et se contenta de la suivre, estimant qu'elle l'amènerait bien assez vite à un tripot non loin dont elle avait la connaissance... Il allait se contenter de se laisser entraîner, exceptionnellement. Il n'avait jamais pris l'habitude d'arpenter les groves habités, après tout, préférant la quiétude des zones hors-la-loi où les friches s'étendaient sur des centaines de mètres à la ronde, même s'il savait que la répression gouvernementale y était rare tant le nombre de primés s'y aventurant était excessif. Tant qu'il ne prononçait pas un mot plus haut que l'autre, sa présence ne ferait certainement même pas jaser : en revanche, il était étonnant que Sera accepte l'idée de paraître en sa présence, en sa public, sans sembler y songer à deux fois. Le décret Decima était formel, après tout : tout civil aperçu aux côtés d'un hors-la-loi pouvait finalement être considéré comme tel... Avait-elle pour ambition de finir son existence dans une prison sordide, ou même au fin fond d'Impel Down ? Il en doutait : aussi estima-t-il sérieusement que ce qu'elle lui cachait jusqu'à présent avait un potentiel lien avec tout ceci. Était-elle d'ores et déjà une criminelle ? Il n'avait pas vu d'affiche de mise-à-prix à son nom, ces derniers temps, mais il devait admettre n'avoir épluché les nouvelles en la matière que très distraitement. De surcroît, ne lui parvenaient en règle générale que les primes ayant récemment été modifiées sur l'océan de Grand Line : pour peu qu'elle ait réalisé quelques exactions funestes sur les Seas Blues plutôt que sur la Route de tous les Périls, il lui était impossible de le savoir sans lire religieusement la moindre des dépêches journalistiques qui lui parvenait...
Je te trouve tout de même bien audacieuse. Considérant la prime qui est sur ma tête, tu aurais pu t'attendre à ce que je sois devenu une sorte de monstre... Non ? Cette idée ne t'a pas caressée l'esprit ? Ton petit jeu aurait pu mal finir, si tel avait été le cas.
Sur ce point, il s'interrogeait honnêtement, même s'il ne perdait pas l'occasion de l'injurier d'irresponsable de façon détournée. En l'état, il demeurait néanmoins assez sincère... Elle n'aurait pas été la première à se détourner de lui brutalement en apprenant que le Gouvernement Mondial le considérait comme un criminel de la pire engeance. Et il ne lui en aurait même pas voulu, en soi : il savait que la censure du Gouvernement était plus qu'efficace, et que ceux qui ne se renseignaient qu'au travers des plumes des journaux officiels finissaient bien souvent par ne plus penser grâce à leurs propres cortex. Toutefois, cette éventualité semblait avoir été loin, très loin du champ des possibles, du point de vue de Sera... Cela signifiait-il qu'elle n'accordait pas le moindre crédit aux propos obséquieux des agents de la paix ? Cela aurait été une preuve de lucidité, et il l'estimait assez probable, en fin de compte. Même si elle jouait le rôle de l'écervelée sensuelle à la perfection, elle n'avait jamais été une sotte fille, au contraire. C'était possiblement pour cela que son instinct lui soufflait de prendre garde : en fin de compte, il ne la connaissait que trop peu... Et des années s'étaient écoulées, depuis leur dernière discussion. Qu'est-ce que la vie avait bien pu lui réserver, à elle ? Il avait eu son lot d'expériences bouleversantes, qui auraient bien pu altérer son comportement du tout au tour s'il s'était laissé aller, s'il n'avait pu compter sur personne d'autre que sur lui-même... Comment savoir que Sera, elle, n'avait pas eu à souffrir d'expériences au moins aussi nocives ? Seul l'avenir le lui dirait... Si elle acceptait enfin de se montrer un peu plus loquace vis-à-vis d'elle-même.
Called to the ring, Taking me round by round It hurts and it stings, Taking me down, down, down You think that you caught me, I can hear you taunt me Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed