Le nobliau parcourait les ruelles d’Ironfall d’un pas las. Après les événements d’Izaria où Paradise, enfin surtout Raki et Akira, c’étaient opposés aux décimas et avaient soutenu la Marine dans la bataille, l’organisation anarchiste qu’Aggaddon avait infiltré était rentré au bercail. Ironfall était après tout la terre d’origine du Goshuushou et était devenu le quartier-général du groupuscule qui avait effectué un mystérieux pacte de sang lorsqu’ils étaient à West Blue pour obtenir davantage d’allier. Si le retour au pays n’avait pas été particulièrement mouvementé, c’était désormais de la gestion qui attendaient les trois membres principaux de Paradise. Mais le pire, c’était que Raki et Akira avaient mis les voiles afin de rejoindre le très lointain archipel de Shabaody. À l’heure actuelle, ils avaient peut-être tout juste atteint Reverse Mountain et auraient encore toute la première partie de Grandline à remonter pour atteindre leur destination. La cerise sur le gâteau c’était que le Médixès restait là pour surveiller et protéger l’île des attaques qui pourraient la menacer. Heureusement, le Goshuushou avait enfin prévu de réaliser le plan d’attaque du noble sur son île natal de Nortis alors que cela faisait quelques mois que le maudit des biscuits attendait de pouvoir enfin mettre à exécution sa vengeance sur le dernier membre encore vivant de sa fratrie ainsi que faire déferler sa colère sur le colonel Ahura Mazda. Au moins, les ultimes préparatifs pour l’assaut permettaient à l’homme richement habillé de pouvoir s’occuper lorsqu’il avait fini la gestion de l’île.

Soupirant, l’homme à la chevelure d’ébène observait le ciel septentrional de sa chère North Blue alors que des gouttes de pluies filaient depuis les vaisseaux grisâtres du firmament pour s’abattre sur le monde d’en bas, tentant vainement de purger et laver l’humanité des maux qui la hantaient. Le chapeau large sans plume laisser le visage éburnéen de l’homme vierge de toute perle céleste alors que ce le membre de Paradise s’arrangeait au mieux pour salir le moins possible ses chaussures, esquivant la boue avec habileté. Heureusement, d’ici quelques minutes l’éclairci qui pointait entre les vestiges de la tempête de la veille s’agrandirait pour laisser l’astre solaire couvrir les terres d’Ironfall d’une chaleur légère propre aux terres de cette contrée du Grand Nord. Tandis que le Médixès se préparait à rentrer dans l’une des tavernes de l’île afin de rester au sec jusqu’à la fin de la pluie et entamer une seconde ronde pour surveiller les activités des habitants et conseiller ces derniers en cas de besoin, le regard du noble fut attiré par une jeune demoiselle armée d’un sabre qui déambulaient en courant dans la rue. Intrigué et se devant de mener à bien la tâche qui lui avait été confié pour ne pas perdre le soutien de Paradise dans ses projets, Aggaddon se mit à avancer à un rythme très soutenue afin de rejoindre cette demoiselle et savoir ce qu’elle venait faire ici, sans se douter que cela l’amènerait à retrouver une vieille connaissance qu’il ne se serait pas attendu à recroiser dans de pareilles circonstances.

Aggaddon avait suivit de loin cette mystérieuse jeune femme et espérait que cette dernière ne l’avait pas repéré. En tout cas, il semblait qu’elle regardait derrière elle pour vérifier quelque chose et que l’inconnue n’avait pas prit la peine de lancer des regards vers les toits sur lesquels se déplacer le Médixès avec son agilité habituelle qu’il mettait au service de sa discrétion. Bien entendu, il avait repéré le Gratz qui lui aussi courrait, mais étant donné la distance et le contexte, il ne reconnu en aucune façon cette vieille connaissance dont le souvenir c’était emmêlé dans sa mémoire et ne resurgirait clairement que s’il était face au docteur qui s’identifier clairement. Cependant, ce qu’il pouvait observer jusqu’à maintenant ne lui permettait guère de conclure que les deux inconnues jouaient au chat et à la souris et l’actuel gestionnaire d’Ironfall pensait simplement que ce vieil homme était l’un des habitants de l’île qui courrait dans les rues afin d’aller s’abriter à cause de la pluie battante qui faiblissait progressivement et qui toucherait à son terme d’ici quelques instants ou une ou deux minutes. Finalement, la filature toucha à son but et l’homme richement vêtue plissa les yeux en voyant la porteuse de sabre pénétrer dans une boutique de robes de mariés. C’était quoi ce délire ? Pourquoi entrer en étant armé ? C’était clairement suspect et le Médixès comptait clairement interpeler cette damoiselle pour lever le voile sur tout ces mystères au plus vite et déterminer le sort qu’on lui réserverait. En l’absence de ses collaborateurs de Paradise, Aggaddon était la figure d’autorité principale de l’île qui échappait aux lois gouvernementales. Sautant en faisant une roulade en l’air, le maudit des biscuits atterrit en faisant peu de bruits, preuve de son agilité. C’est alors qu’une chose étrange se dessina à quelques mètres devant lui.

Alors qu’il comptait se diriger vers la boutique, voilà qu’un canon de fusil sortait d’une fenêtre et pointait en direction de la rue comme si la personne s’apprêtait à tirer. La jeune demoiselle était-elle la cible ? Cela expliquerait son empressement et sa tendance à vérifier si elle était suivie ou non. Cela pouvait également permettre de comprendre pourquoi cette inconnue était armée si elle devait se défendre contre des gens qui en voulait à sa vie. S’approchant de la vitre, l’habile nobliau passa sous le canon de l’arme à feu pour se relever et observer au-travers du verre la personne qui portait le fusil. En un claquement de doigt, un biscuit apparut et vint boucher le trou par lequel une balle aurait pu sortir et filer droit vers une personne pour lui faucher la vie en quelques instants. Sortant son pistolet à silex, le Médixès interpella l’agresseur pour lui faire comprendre qu’il était en mauvaise posture et devait se tenir à carreau pour expliquer la situation.

-Au nom de Paradise et de Raki Goshuushou, vous êtes en état d’arrestation. Veuillez-vous tenir tranquille et expliquer les raisons de votre geste. Que comptiez-vous faire avec votre arme à feu et n’essayez pas de m’entourlouper. Vous attendez clairement de tirer sur quelqu’un.

Le pistolet pointé sur le tireur, le Médixès observa du coin de l’œil un nouveau protagoniste, ou antagoniste, pénétrer dans les lieux afin de savoir ce qu’il se passait. Fronçant un sourcil, l’actuel gestionnaire de l’île allait expliquer la situation sans savoir vraiment si cette personne était avec son adversaire ou non. Rien ne pouvait indiquer l’une ou l’autre des possibilités et il fallait se contenter pour l’heure de jouer le jeu en partant du principe qu’elle n’avait rien à voir dans l’affaire présente. Personnellement, cela ne l’aurait pas gêné de trancher la tête à ces deux énergumènes, néanmoins Raki n’apprécierait certainement pas un tel comportement, ce qui ferait perdre en confiance ce dernier vis-à-vis d’Aggaddon quand bien même il n’y avait aucune réciprocité. Paradise n’était qu’un outil que le mathématicien voulait détruire après emploi. Il n’avait aucune sympathie et encore moins confiance en ses collègues et confrères, pourtant cela lui prendrait peut-être quelques années avant de ne plus avoir besoin de ces « camarades ».

-Je me présente mademoiselle, Aggaddon Médixès. Je suis le représentant de Paradise en l’absence de Raki et l’île est donc sous ma direction pendant que mes collègues sont en voyage pour mener à bien nos affaires. Il s’avère que je viens d’interpeller cet homme qui était manifestement en train de se préparer à tirer dehors. Nous avons beau nous trouver sur un territoire hors de la juridiction despotique du Gouvernement Mondial, il n’en demeure pas moins que nous avons quelques règles à respecter pour éviter que le chaos ne se répande et que la ville ne disparaisse dans des conflits internes stupides. C’est pourquoi cet homme est en état d’arrestation. Le connaissez-vous d’une quelconque manière ? Pourquoi courriez-vous dans les rues de la ville, sabre à la ceinture ? Et toi, j’aimerais bien que tu finisses par répondre aux questions que j’ai posé. Nous n’avons pas toute la journée. N’essaie pas de me trouver un mensonge et je me moque complètement que la situation te fasse paniquer.

Le savant attendrait ainsi que les deux autres personnes présentes dans la pièce s’exprime et tente à minima d’apporter une justification ou expliquer leurs gestes et intentions. Afin de pouvoir patienter, tout en continuer de viser le tireur avec son arme à feu, l’originaire de Nortis fit apparaître un siège fait de biscuit afin de s’y asseoir. Est-ce que la demoiselle dénoncerait-elle son allié en l’abandonnant pour se dédouaner de son implication dans la tentative de meurtre ? Est-ce qu’en représailles il allait lui-même la dénoncer pour éviter d’être le seul à chuter ? Comment la situation allait-elle évolué ? Tant de questions que le nobliau ne pouvait guère se poser puisqu’il n’avait aucun élément à sa disposition et ne savait rien du petit jeu que cachait cette mascarade, cette tentative d’homicide sur un vieillard dont le Médixès n’avait même pas vraiment notifié la présence durant sa filature de cette mystérieuse femme armée alors qu’il connaissait le Gratz depuis quelques péripéties à la Gorge Polaire.

Installé tranquillement, le nobliau fit passer son regard de l’un à l’autre des protagonistes qui cherchaient à savoir comment renvoyer la balle. Le tireur semblait perdu et ne mettait en place aucune défense, comme s’il espérait que quelque chose vienne le tirer d’affaire et cela ne venait pas plaider en faveur de la prétendue propriétaire de la boutique. Néanmoins cette dernière commença à parler et à tenter d’offrir une explication au défenseur de l’île qui en vérité mourrait d’envie de tout simplement trancher la tête de ces deux énergumènes avant d’aller lire un livre… Malheureusement afin de poursuivre aux côtés de Paradise il valait mieux qu’il demeure sérieux et ne salisse pas inutilement l’organisation avant de lancer son plan pour la faire imploser. Donc elle semblait le connaître. La déclaration qu’elle fit par la suite sembla assez flou… Elle voulait à priori sous-entendre qu’il s’agissait d’une personne qui l’avait déjà agressé, mais cela pouvait en vérité être plus complexe.

-Vous revendiquez donc qu’en dépit du fait qu’il ait eu accès à votre magasin, ce dernier ne dispose pas de lien avec vous et qu’au contraire il est là pour vous nuire ? Ce serait une manière de nuire à votre entreprise en vous accablant d’un meurtre que cet homme aurait alors commis. Vu comment il est terrifié, j’ai de toute manière l’impression que c’est plus un outil utilisé par quelqu’un qu’un cerveau maléfique… Vous n’avez guère l’air d’un mauvais bougre mon brave… Alors dites-moi la vérité : qui est votre employeur ? Cette femme dit-elle la vérité ou continuez vous de plaider au fait que c’est pour elle que vous faisiez cela ? Si vous ne parlez pas, vous aurez prouver être finalement inutile et vous reposerez bientôt sur ce sol avec une balle de plomb dans la cervelle. Voulez-vous finir aussi misérablement, essayait de faire pression du mathématicien avec un air désinvolte qui signifiait ouvertement qu’il se moquait bien de mettre un terme à une vie.

C’est ce moment précis que choisit un vieillard pour débouler dans la pièce sans qu’on ne l’ait invité. La demoiselle fit alors un bond élégant et maîtrisé qui semblait indiqué que la demoiselle n’était pas une simple civile mais disposez de quelques capacités même si le savant n’était pas un expert en combat et ne pouvait pas déterminer véritablement qu’elle niveau la femme pouvait avoir. Tournant la tête pour inspecter le nouvel arrivant, le Médixès se dit que ce vieillard lui disait quelque chose, mais impossible pour l’instant de savoir d’où il pouvait bien connaître ce barbu. La propriétaire prit la parole pour inciter l’intru à retourner en bas, néanmoins une question démangeait le nobliau qui se permit de ne pas attendre pour mettre la demoiselle devant les faits.

-Vous semblez bien habile pour une jeune femme n’ayant prétendument pas les moyens de se défendre dans les rues. Auriez-vous une confession supplémentaire à faire ? s’enquit l’homme richement habillé tandis que la tension continuait à croître.

Qu’elle serait la réaction du Gratz face à cette drôle de scène tandis qu’il n’obtenait aucune explication pour savoir de quoi il en retournait ?

Finalement, la demoiselle se décida à vider son sac. C’est sans aucun regret qu’elle pointa du doigt le vieillard. C’était lui sa cible ? Et ce jeune homme pleurnichard était un larbin incapable de faire son travail. Il aurait bien achevé l’énergumène pour se débarrasser de mercenaire du dimanche, néanmoins il préférait éviter que cela n’entache sa relation avec le reste de Paradise dont le retour signifierait le départ pour l’attaque sur Nortis. Il ignorait que cela allait attendre encore plusieurs mois. En tout cas, le Médixès se décida. Sans même regarder, usant de son fluide perceptif pour viser, il appuya sur la détente. La poudre hurla. Le plomb virevolta. Le sang gicla… Néanmoins le visage demeura intact. C’est dans l’épaule que s’était logé le projectile. Le nobliau n’avait absolument pas raté son tir et se satisfaisait de cette issue.

-Un petit souvenir de ma part, lui lâcha-t-il avant de reporter son attention sur la femme qui lui faisait face et le barbu.

Pourquoi tant de moyens pour éliminer un vieillard ? Où l’avait-il ce papy à la fin ? S’il savait cela, il pourrait assurément tirer la situation au clair et comprendre les motivations de l’assassine. Lorsqu’elle quémanda l’autorisation d’éliminer le vieux bougre, le mathématicien resta quelques instants silencieux à réfléchir avant de formuler une réponse.

-Je préférerai que vous fassiez ça autre part qu’ici. On m’a donné la charge de géré cette ville et j’aimerais éviter que le reste de mes camarades apprenne que j’ai un meurtre avoir lieu sur cette île. Personnellement, cela ne me fait ni chaud ni froid que vous parveniez à remplir votre mission ou non, mais en l’état j’ai des obligations qui m’oblige à vous répondre non… Néanmoins si vous tentez de vous débarrasser moi pour être libre de faire ce qu’il vous plait, vous pourriez amèrement le regretté et je serai ravi d’avoir une excuse pour vous éliminer.

Ramenant une nouvelle fois son regard vers le Gratz qui avait pris la parole, il écouta ce dernier parler et un éclair de lucidité traversa son esprit lorsqu’il capte le nom que le docteur cherchait. Chloé Gratz ? Gratz ? … Aggaddon comprenait maintenant : c’était l’homme qu’il avait croisé jadis à la Gorge Polaire ainsi que le contre-amiral qui avait éliminé le constella Talpan. Il ne fallait surtout pas prendre à la légère la présence de ce bonhomme sur l’île.

-Vous êtes simplement venu cherché Chloé ? demanda alors bien fort le Médixès. Je crains qu’elle ne soit partie pour Yakoutie Island il y a peu !

C’était bien évidemment un mensonge, mais s’il ne mentait pas sur les raisons de sa présence, le membre de Paradise pourrait alors éloigné promptement une grosse menace qui planait sur Ironfall.

La ruse avait fonctionné. Il ne demanda aucunement une preuve de bonne fois ou que ce qu’il racontait était vrai. C’était bien arrangeant. Par ce biais, le Médixès se débarrassé d’un gros problème et si cette demoiselle réussissait son coup cela ferait toujours un gradé de moins pour le Gouvernement Mondial. Le nobliau n’avait aucune raison d’empêcher cette dernière d’exécuter son œuvre, surtout étant donné le fait qu’il était un représentant de Paradise qui était une organisation criminel anarchiste et donc où la liberté comptée plus que tout. Cela avait beau être une aberration à ses yeux, il devait agir en conséquence jusqu’à ce qu’il aurait finit d’utiliser Raki et Akira a sa guise pour ses projets.

-Faites bon voyage. J’espère que vous retrouverez Chloé, déclara le jeune homme en faisant un hochement de tête en direction de l’inconnue en réponse à celui de cette dernière, lui donnant ainsi une sorte d’aval pour lui confirmer que cela ne le dérangeait pas qu’elle fasse son œuvre durant le voyage du vieillard.

Il avait beau avoir croisé cet homme jadis, il ne se souvenait même plus s’ils s’étaient ou non. Cela n’avait de toute manière aucune importance aux yeux du mathématicien qui ne faisait confiance à personne et ne s’attachait pas le moins du monde aux gens. Ce n’était qu’une vie de plus qui disparaîtrait dans la souffrance. Le quotidien quoi. N’indiquant pas non plus à la femme qu’elle oubliait de prendre des robes, le noble observa les deux hurluberlus quitter la pièce et bientôt se perdre dans les rues d’Ironfall pour retrouver une embarcation. S’étirant, l’homme à la rapière descendit finalement à son tour puis émergea de la bâtisse pour se diriger vers l’endroit où il logeait. Cette péripétie égaillait un peu son quotidien morne de gestion de l’île. En un sens, le Médixès était content que cela ait lieu bien que cela le retarde et le gêne dans son emploi du temps. En effet, il ne fallut pas longtemps pour que les tracas administratifs lui reviennent à l’esprit. Heureusement, dans six jours il prendrait un petit congé pour s’adonner à quelques activités annexes, un entrainement à l’épée et au tir, quelques réflexions savantes, l’usage de ses biscuits afin de construire quelque chose. L’originaire de Nortis à la peau pâle soupirait. Et dire que lorsqu’il deviendrait marquis il aurait encore plus de travail similaire. Il fallait qu’il s’y habitue et trouve un moyen d’y prendre du plaisir…