Le grand gaillard à la barbe et à la chevelure noir et au teint mat vadrouillait au milieu des rues tandis que le calme revenait peu à peu tandis que les quelques agents osant braver les Ookamis connaissaient une amère défaite. Le pays était au cœur d’un trafic d’hommes-bêtes conséquent qui remontait même jusque dans certaines hautes strates du Gouvernement Mondial selon les rumeurs. Les hors-la-loi, tel que ce clan qui maltraitaient leurs homologues comme s’ils n’appartenaient pas à la même espèce, étaient donc rarement réellement punis. La Maréchaussée et les quelques Gens d’armes n’intervenaient que dans le cas où les civils étaient mis en danger, mais en vérité une bonne partie était corrompu ou craignait les représailles qui suivraient s’ils s’attaquaient à l’un des trafics majeurs. Le Cheh lui-même, souverain de la nation, pourrait se montrer fortement courroucée, les rumeurs quant à son implication dans les trafics étant si nombreuses que cela était devenu une vérité générale pour les habitants des quartiers défavorisés comme celui-ci. Connaissant les risques qu’on encourait à se balader dans ces rues, surtout lorsqu’un conflit comme celui-ci avait éclater, il n’était guère étonnant de voir que l’artisan s’était emparé de son équipement et avait revêtit une armure et une épée, ou plutôt un grand sabre, qui étaient de sa propre conception. Ce n’était pas spécialement un combattant, mais un tel attirail avait le mérite d’intimider les plus crédule et de permettre de se défendre un minimum contre certains pillards qui parcouraient le coin, tout comme les bandits qui pouvaient tenter de braquer sa petite échoppe au marché couvert. Néanmoins, maniant mieux le marteau que la lame, il avait embarqué avec lui ses outils de forge afin d’en user au cas où. Vu l’étendu du chaos qui régnait avec ces habitations écroulés, chose fortement inhabituelle, il préférait prendre ses précautions.

Lorsque la vampire jaillit sur la route d’Abdel qui commençait à se demander s’il n’allait pas rentrer vu qu’il faisait chou blanc, il détailla la demoiselle du regard tout en notant les points qu’il avait retenu pour identifier la fameuse Lucina.

-Ch’veux roses… Blanche comme un cul… Un seul n’œil… Mouais on peut dire ça… La taille qu’i’ faut… Une meuf en rouge avec qui est tombé dans les pom’… Z’êtes Lucina Delalande ? C’est m’dame Sibd Ah Utk qui m’envoie vous chercher mam’zelle. Y’a une dame chelou avec des ailes aussi blanche que votre tronche qui est là-bas et demande après vous.

Malik, comme de nombreuses personnes de cette partie très pauvres de la ville, n’avait pas eu la chance de faire des études et descendait d’autres pauvres qui n’avaient pas eu d’études. Le dialecte familier se transmettait ainsi de génération en génération chez de nombreuses familles de cette partie de la cité tant et si bien qu’il existait des cours pour apprendre à parler correctement.

-Zuivez moi.

Si elle acceptait, il récupérerait Féliora qu’il portrait jusqu’à l’immeuble, rencontrant que quelques combats à esquiver grâce à sa connaissances de ces ruelles. Le calme retombait peu à peu et les combats semblaient s’être finit. Certains habitants perchaient à leur fenêtre qui observaient les événements depuis un petit moment finirent par rentrer chez eux, comme si ce spectacle ne les choquait pas en dépit de sa rareté. En fait, la cruauté était assez commune dans les parages et les habitants des coins soumis aux trafics avaient pour quotidien la terreur et l’horreur. Tout ceci ne les affectait donc plus. Arrivé au bâtiment, si Lucina avait suivi, elle pourrait monter découvrir Ishtar dont l’opération se terminer et la médecin pourrait s’occuper d’elle à son tour tout en lui expliquant.

-Il faudra quelques jours à ton amie pour s’en remettre.

Elle ferait des recommandations sur quelques herbes à prendre plus tard. Le forgeron grommela et finalement la logeuse des étrangères lui lança quelques pièces issues de la bourse d’Ishtar, ce qui restait après le paiement d’Alma. Pour motiver ses deux voisins, la logeuse avait dû mettre de l’argent en jeu et la bilcane avait accepté de payer. Madame Sibd Ah Utk attendait bien entendu elle aussi un retour sur investissements. En sauvant plus ou moins la vie de l’Archange du Typhon, cette dernière aurait une dette envers la vieille dame non ? De quoi en tirer largement profit…

Trois jours passèrent. Trois journées durant lesquels Ishtar n’ouvrit pas les yeux. Si Lucina avait la possibilité de sortir pour se changer les idées, Féliora lui avait conseillé de ne pas le faire pour éviter d’attirer l’attention des Ookamis qui devaient certainement encore chercher si les trois demoiselles étaient encore dans le royaume. La chanteuse s’était en effet réveillé le soir de la journée de la bataille et avait prit connaissance du déroulement des événements. Elle s’excusa auprès de la vampire pour l’avoir poussé à rebrousser le chemin vu les difficultés que cela avait entrainé pour la De Lérhane. Durant tout le temps à attendre, si la Delalande suivait le conseil de rester enfermer, les deux inconnus auraient le temps de faire plus ample connaissance. Si celle à la chevelure rose racontait sa nature vampirique, ses origines et son histoire durant ce temps, la Di Maria s’en émerveillerait et en ferait de même en racontant des anecdotes de sa jeunesse à Lunas et de certains de ses voyages aux quatre coins du monde. Elle raconterait également comment elle avait rencontré l’Archange du Typhon en défendant le cirque de l’archipel Orgao contre des bandits, lutte dans laquelle la reptilienne l’avait rejoint. Elle évoquerait également rapidement sa participation à un cirque où elle rencontra un certain Eden Chapter, étrange personnage qui a l’époque portait toujours un masque d’ours, et tout une troupe d’artistes assez surprenant. Tout ces voyages, Féliora les racontaient à Ishtar dans leur correspondance. En tout cas, la chanteuse en rouge, quand bien même était crédule par certains aspects, la situation dans laquelle le trio se trouvait l’amenait à craindre que la médecin ou le forgeron ne les trahisse en cherchant à se faire bien voir des criminels du gang des hommes-loups et peut-être à se faire un peu plus d’argent. Heureusement, durant ces trois jours, rien ne sembla indiquer que Tully et les siens auraient retrouvaient la trace de leur cible.

Finalement Ishtar ouvrit les yeux, émergeant de la torpeur qui n’était au final qu’un sommeil réparateur. Se tenant l’épaule en se redressant et en grimaçant, la maudite du Serpent à Plumes prit plusieurs secondes à prendre conscience de son environnement.

-Ishtar !

Avant qu’elle ait eu finit de reprendre pleinement possession de ses moyens, Féliora se jeta aux pieds de la blonde aux iris argentés qui mesurait trois mètres de haut. Les larmes aux yeux, la chanteuse baragouiner des excuses pour s’être faite capturée et que sa correspondante soit contrainte de prendre de telles risques et de souffrir autant pour juste la sauver. Se frottant un œil, l’Archange du Typhon posa sa seconde main sur l’épaule de sa vieille connaissance, un sourire en coin aux lèvres.

-Ce n’est pas grave, ce n’est pas ta faute mon amie. Ils étaient trop dangereux et puissants pour toi. Puis, c’est moi qui ait choisit de te chercher quand j’ai commencé à m’inquiéter pour toi. C’était mon choix. Et pour l’instant, tout vas bien, ne te tracasse plus avec ça.

La demoiselle ailée dirigea alors le regard vers Lucina.

-Merci d’avoir protéger Féliora après que Tully l’ait envoyé dans les pommes. Je suis désolé de t’avoir emmené dans cette histoire. Combien de temps cela fait-il que cela ait eu lieu ?

-Trois jours, rétorqua madame Sibd Ah Utk en entrant dans la pièce en tenant un plateau avec plusieurs petits bols remplis d’infusions.

-Hmmmmm… laissa s’échapper la demoiselle ailée en réfléchissant. Nous devrions allez dans un endroit calme une semaine histoire qu’on se fasse oublié, je connais un endroit parfait pour cela, mais prenons encore un jour ou avant de partir pour totalement nous remettre de ces émotions. Vous en pensez quoi ?

Féliora hocha la tête tout en essuyant les dernières larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. Si Lucina était d’accord, il pourrait profiter de se reposer encore un peu avant de partir vers l’aventure suivante que leur réservais Ishtar.