L’Île Salinéenne était une véritable attraction pour les aventuriers d’East Blue d'antan ainsi que pour les cuisiniers de l'époque alors que pour de nombreuses personnes cela n’était qu’une légende. Entièrement constituée de sel, elle jaillissait de la mer au milieu d’une large zone nommée Mer Saline caractérisée par ses masses de grains de sel qui se balade à la surface ainsi que ses véritables icebergs qui étaient en réalité des cristaux de sel géant. Situé au bord du continent pourpre Redline et à l’entrée du cercle polaire, cette mer autrefois extrêmement célèbre et fréquenté, pour ne pas dire exploité, est devenu pour les esprits des gens une simple partie de l’océan du pôle. Pourtant la grande saturation en sel et les masses flottantes que certains prétendent être de la neige sont la pour montrer la vérité. C’est la Guerre Blonde ayant eu lieu peu après la fin du Siècle Oublié qui mit fin à l’exploitation de la Mer Saline qui devint alors un mythe donnant encore moins de raison aux habitants d’East Blue d’aller explorer le cercle polaire. Au milieu de cette zone marine, à une vingtaine de kilomètres à peine des falaises écarlates de l’unique continent du monde visible dans le lointaine à partir de là, l’Île Salinéenne était une véritable curiosité naturelle tout droit sortit de l’imaginaire, ou de Grandline. Immense amas aux plages de fleur de sel protégeant les plaines des gains de sel, elle possédait comme roche des cristaux de sel colossaux qui n’étaient pas sans rappeler les « icebergs », mais dans des proportions encore supérieures. De manière surprenante, quelques espèces sont parvenus à s’adapter à cet environnement hors du commun. On trouve ainsi des crabes blancs aux carapaces cristallines, les Selamines, ainsi que des palmiers aux écorces rugueuses extrêmement denses et robustes en mesure de résister aux assauts du sel et qui ont des feuilles pâles et très sèches. Les copeaux d’écorces de Palmiers Salinéen était d’ailleurs devenu une épice légendaire depuis la transformation de l’île en mythe.

Empire naturel méconnu, il n’était pourtant pas inconnu totalement de l’humanité. Une poignée d’explorateurs chevronnées en connaissaient l’existence, une vingtaine de personne par siècle faisant la redécouverte des lieux. Parmi ce nombre limité se trouvait une personne assez bien connue de Lucina puisque c’était Ishtar elle-même qui était tombé sur les lieux en traversant le firmament pour rejoindre le village polaire de la tribu des Yokus. Dans l’optique de se mettre hors de portée des Ookami pendant quelques jours, suite à la libération de Féliora et la bataille dans la capitale du Chehifat de Saba, le trio voguait donc vers cette destination mystérieuse que la bilcane n’avait pas encore révélée à ses deux amis. La demoiselle ailée, toujours blessée et en rémission de la confrontation, guidait donc tout ce beau petit monde afin de passer trois ou quatre jours aux confins du monde. La Mer Saline se révélait déjà dans sa complexité à la chanteuse et à la vampire qui pouvaient admirer les « icebergs », les masses de sel qui dérivaient sur l’eau ainsi que des bancs de poissons qui avait évolué ici au point que leurs yeux demeuraient clos à jamais pour se protéger de la forte concentration de chlorure de sodium dans l’eau. Leurs écailles étaient également renforcées. Une espèce de morse spécifique à la région vivait sur les cristaux géants, se nourrissant uniquement de sel pour vivre. Ce monde arctique spectaculaire se révélerait dans toute sa splendeur quand, au détour d’un énième vaisseaux de sel voguant à la manière d’un bloc de glace imposant, apparaîtrait enfin la destination, les montagnes fendant l’air et les étendues blanches aux palmiers étonnant.

-Voici l’Île Salinéenne de certaines légendes de l’océan orientale.

La demoiselle ailée débarqua, déposant les deux femmes qu’elle transportait sur le sol cristallin. Reprenant forme humaine elle observa les alentours et inspira un grand coup. Même l’air était saturé en sel, ce qui, de manière assez rigolote, semblait faire encore plus ressortir l’odeur de l’iode marine. Un paysage blanc, pur, sans trace d’activité humaine, le tout sur la toile bleu de l’océan tendu par les parois écarlates de Redline. C’était bien le lieu qui convenait pour se mettre à l’abri de toutes recherches des Ookamis pendant les prochains jours. Tandis que Lucina tentait de s’habituer à l’environnement en éprouvant les difficultés qu’avait à offrir cette contrée qui sortait de l’ordinaire, Féliora profitait de sa liberté retrouver à sa manière en tournoyant sur elle-même, acceptant la nature dans pleine globalité. Un sourire naquit sur les lèvres de la bilcane face à l’enthousiasme de ses deux amies sur les lieux. C’est ainsi que la Delalande fut amenée à se questionner sur les possibilités qui s’offraient à elle pour poursuivre son œuvre.

-Tu peux tenter de le faire, mais la nature reprendra ses droits, j’en suis certaine. La mer se frayera peut-être un chemin à travers le sel et viendra laver ces terres tout en essayant d’éroder les cristaux. Je le crois fermement car les quelques découvertes que j’ai pu faire m’amène à penser que la nature purge l’île de toute futilité. Les grottes que vous trouveriez dans les crevasses ont été taillés par l’homme pour extraire du sel, mais pourtant toutes les installations ont disparu. Si vous enleviez les amas, vous pourriez aussi tomber sur des ruines d’ancien bâtiment. De même, le campement de Lord Turimer, qui était déjà là quand j’ai découvert cet endroit, a complétement disparu depuis que j’ai quitté les lieux alors qu’il avait été abandonné par l’équipage de cet aventurier opportuniste qui fit naufrage un peu plus loin à cause d’un narval. C’est véritablement un royaume de la nature… Et si cette contrée est oubliée c’est peut-être car l’homme n’est jamais parvenu à dompter complétement cette région particulière de notre monde fascinant.

La fille des cieux marqua un pause tout en désignant d’un geste l’île aux mille et une surprises.

-Je vous prierai donc de garder le secret de l’existence de cette endroit pour le préserver de l’avidité des hommes et peut-être d’une nouvelle lutte entre eux et la nature souveraine. Cet endroit est né de la mer et est devenu un mythe. L’avidité des hommes seraient une bien trop grande menace. J’ignore depuis combien de temps cette contrée existe, mais ce qui est sûr c’est qu’on ne pourra pas observer pareils choses autre part sur les mers bleues. Nous allons attendre quelques jours pour nous faire oublier de ces hommes-loups et nous allons user de ce temps pour explorer les lieux et découvrir de nouvelles choses. La dernière fois, je n’ai pas eu tant de temps que cela pour essayer de voir ce que l’île pouvait cacher. En soit c’est l’aventure en terrain sauvage dans sa forme la plus pure et dans un lieu exceptionnel. À vrai dire, je pense même que je vais aller observer la « calotte » de sel demain ainsi que quelques icebergs pour voir quels sont les animaux qui y vivent.

Bloquant son menton entre deux doigts, la guerrière céleste termina de présenter le « programme » pour le séjour.

-Alors Lucina, libre à toi de peindre si tu le désire, que ce soit la matière ou la toile. Libre à toi de discuter et de profiter des soirs autour du feu pour questionner Féliora et moi sur les îles de ce monde, car elle aussi ne fait que voyager. Libre à toi de profiter en n’ayant plus à craindre que des bandits ou autres barbares ne cherchent à s’en prendre à nous. Les animaux les plus dangereux de la région ne vivent pas sur l’île alors vous n’avez à priori pas grand-chose à craindre. Mais veuillez à demeurer prudente, on ne sait jamais.

La demoiselle ailée garda un œil sur la vampire qui discutait avec son pinceau et commençait à s’éloigner pour trouver une autre forme d’art pour marquer les lieux de son passage. La bilcane ne l’accompagna pas car elle voulait discuter un peu avec sa vieille connaissance et connaître ses projets pour pouvoir organiser au mieux la suite des événements.

-Alors Féliora, quel sera la prochaine destination de ton périple ? questionna l’Archange du Typhon en prenant une poignée de sel dans sa main, sel qui avait un peu absorbé l’énergie marine et qui par conséquent affaiblissait légèrement la maudite, même si c’était loin d’annuler ses pouvoirs.

-Vu qu’il vaut mieux éviter de rester à East Blue, je pense repartir à West Blue pour continuer à me produire et découvrir ce vaste monde.

-West Blue… Je vois. Tu vas devoir rejoindre Loguetown du coup. On t’y déposera si tu veux. Ce sera l’occasion pour Lucina de découvrir le Quartier-Général de la Marine et du Gouvernement Mondial sur cet océan ainsi que la place où a été exécuter Gold Roger.

-Je serai ravi que l’on y aille ensemble, mais tu es sûr que nous n’attirerons pas l’attention ? Si jamais les Ookamis se sont remobilisés, ils surveillent peut-être la ville pour voir si des personnes correspondant à nous partent pour une autre mer. Je te rappelle que c’est comme ça que, après l’évasion de Ruth Island, Léo Graverfort et sa bande de traqueurs d’esclaves nous avaient eu à Trader.

La chanteuse avait beau être assez innocente et niaise par moment en raison de sa grande gentillesse, elle avait traversé de nombreuses épreuves et fait face à l’adversité, alors l’expérience accumulé lui permettait de prendre conscience des dangers de certaines entreprises.

-Tu as raison, souligna la fille des cieux. Mais nous pouvons tourner la chose à notre avantage. Si nous nous séparons et que tu rejoins seul une embarcation, en étant grimé, ils ne sauront pas où tu es allé tandis que je pourrais faire diversion en faisant appel à mes relations sur place pour me faire accompagné de deux autres personnes qui vous remplaceront. Cela ne présente aucun risque pour toi.

-Mais pour toi ?

-Ils n’enverront jamais deux ou trois guerriers Ookami surveiller un point de départ comme celui-ci. L’un d’eux, Tully plus précisément, pourra peut-être si trouvé si jamais il craint la fuite et voudrait intervenir en personne, mais ils ont d’autres choses à faire que nous courir après. Leur présence sur cet océan, bien loin de leur Nouveau Monde, n’est pas lié directement à leur vengeance contre Karim et moi. Ils préparent quelques choses au royaume de Saba, mais il me faudrait certainement avoir l’avis de Karim et Finn pour en savoir plus, malheureusement aux dernières nouvelles mon ami est toujours dans le coma et ses compagnons sont à la recherche d’un moyen pour l’extraire de sa condition.

-Je vois, fit la Di Marta en faisant une moue assez triste en raison de la situation assez malheureuse dans lequel se trouvait cette bande d’alliés.

C’est alors que le cri de la vampire se fit entendre, résonnant dans les oreilles des deux autres demoiselles qui tournèrent la tête de manière coordonné dans un seul et même mouvement. La céleste observa l’énorme bestiole qui courrait après l’artiste qui semble toute avait perturber sa sieste. Avançant d’un pas décidé, mais tranquille, la reptilienne dépassa la vampire qui continuerait certainement à courir jusqu’à Féliora. Posant sa main sur le crabe, l’originaire de la mer blanche se mit à rassurer la créature tout doucement et avec calme.

-Tout doucement… Nous ne te voulons pas de mal mon grand. Ne t’inquiète pas. Elle ne voulais pas t’embêter tu sais.

Bien entendu, l’animal ne comprenait pas le langage humain, mais les sentiments pouvaient passer au travers de la voix et la manière dont cela était fait l’apaisa progressivement. Caressant la carapace cristalline, l’Archange du Typhon se tourna vers son amie.

-Tu vois, il n’est pas si méchant, sourit la maudite.

Doucement le crabe se mit en marche pour retourner à sa place, s’éloignant de cette présence humaine qui le dérangeait. In fine, cela demeurait le domaine de la nature et les êtres de raison avaient abandonnés leur emprise sur les lieux il y a bien longtemps.

-Ce n’est pas grave ! C’est incroyable ! lança la chanteuse en robe rouge qui suivait l’animal, faisant des pas chassés pour l’accompagner sur quelques mètres toute en s’offrant une vision prolongé de la créature endémique à l’île.

-Val ruk mara natho gama, ajouta la bilcane.

Féliora dirigea alors son regard vers sa camarade vampire et hausserait les épaules, ne comprenant absolument ce que voulait dire l’Archange du Typhon, qu’il s’agisse d’une autre langue ou d’une mauvaise réception auditive. Finalement, la Delalande se perdit dans ses pensées et laissa une foultitude de questions virevolter et se multiplier jusqu’à ce que la faim rattrape son ventre pour l’amener sur un tout autre chemin beaucoup plus simple.

-Je n’en sais rien, mais je ne m’étonne plus de rien. Pourquoi existe-t-il un volcan qui a pour guise de magma de la neige ? Pourquoi y a-t-il une île qui a pour sol de l’éponge mauve ayant pour minerai du bois et pour arbre de la pierre ? Comment se fait-il que des dinosaures aient survécus à Little Garden ? Je n’imagine même pas tout le travail qu’ont les scientifiques pour comprendre tous les aspects de ce monde hors norme. Avec les connaissances que j’ai réussi à glaner en biologie au fil de mes rencontres durant ces nombreuses années, il y a par exemple un sujet qui me fait m’interroger… Comment se fait-il que des poissons aient évoluer pour autant se rapprocher anatomiquement du singe et arrivé à devenir des hommes-poissons et des sirènes ? Je veux dire, les races « humaines », que ce soit l’humain standard, le nain, le gnome, le géant, le cornu, les anges ou même les vampires, nous sommes des sous-espèces et évolution d’un même ensemble de primates à priori… Alors que les hommes-poissons et les sirènes sont bel et bien deux espèces aquatiques connectés n’ayant je ne pense pas de lien avec les grands singes, puisqu’il faut faire partie du même ordre pour pouvoir se reproduire… enfin de ce que j’en sais. Bref, je ne vais pas vous embêter davantage avec mes réflexions.

Marquant une pause, la De Lérhane alla chercher à nouveau les questions dans son esprit pour pouvoir répondre à la suite.

-Pour la suite des opérations, nous allons monté un coup fourré à Loguetown pour que Féliora puisse rejoindre West Blue sans encombre. Ils n’en ont pas vraiment après vous de toute façon. Vous n’êtes que des moyens de m’atteindre. Féliora s’était pour m’attirer dans un piège et s’ils vous retrouvent ultérieurement, il n’y a pas de raisons qu’ils tentent à nouveau une telle opération si vous ne savez pas où je suis. Cela leur fait courir un trop gros risque et cela a déjà échoué une fois, d’autant plus que je ne suis pas leur cible première et qu’ils ont un objectif plus important pour leur plan à remplir, bien qu’on ignore lequel pour l’instant. En sommes, c’était un coup de poker de Tully qui n’a pas réussi à obtenir sa vengeance en dépit des moyens déployés et ses supérieurs risques certainement de lui passer un savon pour cet échec qui leur a certainement posé beaucoup de problèmes vu le grabuge provoqué et la perte de la jeune femme-louve de l’autre fois… C’est ce que je pense en tout cas. Nous restons ici juste le temps qu’ils vérifient l’océan, mais d’ici quelques jours ils se seront calmés et le savon sera administré je pense, bien que Tully et le père de l’adolescente garderons certainement une plus grande rancœur envers moi.

S’étirant, la demoiselle ailée termina son monologue.

-Et on peut toujours tenter de faire un feu en faisant des étincelles avec mon épée, même s’il va nous falloir le bois à l’intérieur de l’écorce car il me semble que le pourtour est trop résistant pour brûler. Et je ne pense pas que le sel gêne pour faire un feu, mais nous allons bien voir.

Lucina partait déjà récupérer du bois sur ces arbres, ayant simplement attendu la fin des explications avant de foncer s’impliquer dans sa tâche. Féliora se tourna cependant vers l’Archange du Typhon, les sourcils froncés, doutant visiblement d’un des éléments mis en avant.

-Le gros sel est très pratique pour réguler le feu lorsqu’il est très localisé et qu’il faut faire avec les moyens du bord. Tu es sûr que le faire à même une telle quantité de sel est une bonne idée ?

-Tu as raison… Il vaut mieux parer à cette éventualité… Nous n’avons qu’à récupérer l’écorce trop dure qui me semble trop difficile à enflammer pour en faire un genre de plateforme au-dessus du sel qui couperait donc le feu de camp de la plage.

La chanteuse hocha la tête et partit en trottinant, l’esprit léger en se disant que rien ne pouvait mal se passer, vers l’endroit où la jeune Delalande s’afférait déjà autour des arbres. L’originaire de la mer blanche se laissa basculer sur le sol, profitant de ce temps mort pour se reposer un peu. Son corps avait beaucoup souffert de l’affrontement contre les Ookamis et toutes les blessures n’étaient pas guérie. Tournant le visage vers les deux demoiselles qui l’accompagnaient dans cette aventure, la De Lérhane se dit qu’elle devait continuer à inculquer à Lucina, encore inexpérimentée en matière de survie en milieu hostile, les choses essentielles à penser lorsque l’on voyage. Lorsque l’on est seul en pleine forêt ou en pleine ville, il y avait de nombreuses astuces qu’on maîtrisait consciemment ou nous sur la manière d’agir pour se protéger au maximum, même si ce n’était pas toujours suffisant, ou pour s’offrir un peu de confort là où il n’y en avait en apparence aucun. La vampire désirait clairement découvrir le monde et la bilcane était certaine que, même après qu’elle l’ait ramené à l’Archipel Konomi, Lucina désirerait en voir encore plus. Si elle bénéficiait de l’expérience de la maudite pour entamer son propre voyage et vivre ses propres péripéties, ses chances de survie et ses possibilités pour se sortir de diverses situations ne feraient que s’accroître. C’était une bonne journée pour commencer à mener cet enseignement vu le contexte. Se redressant, la blonde aux iris argentées vit que la Di Marta revenait avec les premières écorces. L’incarnation du Serpent à Plumes mit à son tour la main à la patte en organisant le bois de manière à couvrir une parcelle du sol suffisante pour accueillir le reste par la suite. Finalement, les deux autres femmes revinrent pour qu’il soit temps d’allumer ce feu.

L’ancienne révolutionnaire positionna son épée en diagonale, plantant la pointe dans les buches, et vint racler la surface avec un petit silex qui était dans ses affaires pour être utilisés dans de tels situations. Grâce aux années de pratique, il lui fallut seulement quatre essais pour générer des étincelles et six autres pour que cela soit suffisamment puissant pour faire s’embraser les buches et transformer le tout en un feu de camp. Afin d’éviter que le tout ne s’embrase trop intensément, la De Lérhane avait placé un petit tapis de sel sur les écorces dures, une quantité suffisamment raisonnable pour éviter que le chlorure de sodium n’avale le brasier.

-Je ne suis pas certaine que ce sera très confortable. Ce qui pousse ici est soumis à des conditions difficiles et les plantes sont assez sèches, par conséquent leurs feuilles le sont aussi. Il y a par endroit des touffes d’herbes entre le blanc et le jaune qui se casse au moindre contact. Pour l’ancien camp, je ne suis pas certaine qu’on en trouvera des traces à moins de creuser dans le sel. Mais on peut éventuellement s’arranger. En plaçant des feuilles larges en tapis pour ensuite utiliser nos affaires comme un matelas et des oreillers. C’est loin d’être du luxe, mais dans la nature il faut savoir improviser. Il est très rare qu’on est un grand confort donc on se débrouille avec les moyens du bord. Je me disais justement que si jamais tu voudrais voyager par la suite, après que je t’aurais ramené chez toi, il faudrait que je t’enseigne les petits trucs utiles que l’on apprend à force de voyager. Enfin bon, je vais aller m’occuper de faire les lits, profitez en pour manger en attendant.

-Oui, le pire est dernier nous bien qu’il demeure toujours quelques risques, déclara la bilcane en laissant ses doigts vagabonder sur la surface du sol salé. Nous allons pouvoir nous reposer tranquillement durant le temps que dura notre séjour en ces terres.

Après quelques échanges, la jeune vampirette finit par questionner l’Archange du Typhon sur ses voyages, voulant qu’on lui narre une ou plusieurs aventures.

-Une soirée au coin du feu est une situation parfaite pour se raconter des histoires non ? Alors pourquoi pas en raconter un tour de rôles ? Voyons… Il faut que je réfléchisse à un voyage que je n’ai pas déjà raconté à Féliora…

Après quelques instants de réflexions passer à regarder les environs ainsi que les deux demoiselles avec qui elle vivait ici, la De Lérhane joignit les mains dans un clappement assurée, comme pour se mettre à applaudir sauf qu’il n’y avait qu’une itération du mouvement.

-1503 était entamé depuis quatre bon mois lorsque l’équipage du Liberty Bell, une goélette pirate, s’égara entre les voies de navigation deux et trois de la première partie de la Route de tous les périls. Je me trouvais alors à son bord, ayant rencontré la bande à leur halte à Port Dalco et le capitaine Rudolph McTyrnan ayant accepté ma présence. Dérivant pendant plusieurs heures en raison de la destruction du log pose sensé mener à l’île suivante, une secousse du navire ayant fait chuter le précieux instrument, la mer passa soudainement du calme plat à une tempête des plus violentes. Pendant une demi-heure, nous avons affronté la tempête à bras le corps. Montant aux huniers et gérant le grand foc, nous avons alterner pendant plusieurs postes, nouant et dénouant les cordes, carguant les voiles pour éviter qu’elles se déchirent sous les bourrasques. Au terme de cette bataille contre les éléments, le Liberty Bell s’arrêta soudainement de tanguer et nous parvînmes à une étendue d’eau qui bouillonnait. D’énormes bulles de vapeur éclataient à la surface qui frémissait sur toute la région. L’un des nôtres en fit les frais puisque l’eau qui composait une bulle jaillit, passa au-dessus du bastingage et brûla son avant-bras au troisième degré. Il fut très compliqué de naviguer au milieu de ces flots tourmentés, la prudence et la minutie étant de mise alors que les mouvements de la mer étaient pour le moins incertains, pour ne pas dire aléatoire. Finalement les courants nous ont poussés vers une île inhabité que je n’ai plus jamais revu depuis.

Marquant une pause, l’Archange du Typhon s’empara d’une poigné de sel et la laissa tomber en un mince filet, comme du sable, entre ses doigts.

-La terre était entouré par une calotte de sel. Seul l’eau s’évaporait et le sel de la mer s’agglutinait donc autour du seul obstacle se trouvant dans cette zone. Mais le plus étonnant était les cheminés qui s’élevait dans le ciel. Ce n’était pas un mais une quarantaine de volcans qui se trouvaient perdu au milieu de Grandline. Il s’agissait de cheminées longues et minces qui grimpaient à des hauteurs variables. Je pense qu’aucun cratère n’excédait le mètre en diamètre. Toujours est-il que la véritable surprise fut la raison de toutes les couleurs qui bariolaient la nature de cette île, de longues tâches s’étendant sur de longs mètres apparaissant même depuis l’extérieur de ce territoire mystérieux. Il n’y avait ici nulle lave alors que l’activité volcanique ne cessait jamais. Ce n’était pas du magma qui sortait de ces cheminés de pierres, mais de la peinture. Du bleu, du rouge, du vert, du rose, du jaune, du orange, du violet et tant d’autres teintes qui sortaient tel un geyser en un instant pour s’abattre sur une partie de l’endroit. Cet endroit était une toile géante dont la Nature était le seul peintre. Avec l’équipage, nous avons décider de nommer cette contrée lointaine « les Forges du Peintre » en conséquence, comme si sous ces cheminés de pierres travaillaient un artiste faisant bouillir la peinture pour réaliser l’œuvre de sa vie.

Visiblement le récit intéressait grandement la jeune vampirette. Ce n’était pas très étonnant en vérité étant donné que cette dernière était peintre. L’Archange du Typhon n’avait pas choisit cette histoire par hasard, elle savait que cela plairait à celle qui l’accompagnait actuellement dans son périple sans fin. La réaction ne faisait donc pas atteindre et cela amusait la grande asperge, qui étant petite était surnommé « Tour de Guet » par ses trois amis.

-Cela m’étonnerait que les flots ne l’aient rappelés à eux. Si je ne l’avais pas vu de mes yeux, je t’aurais dit que c’était une légende, mais elle existe belle et bien. J’ai foulé cette terre. J’ai même été recouverte de peinture bleu pour tout vous dire. C’est un sacré souvenir quand j’y pense cette bataille que l’on avait fait pour essayer de placer les autres dans un angle de « tir » des volcans… C’était pire qu’une bataille de boule de neige à Seppen Town… Mais au final, une immense giclée de peinture jaune à recouvert toute la zone où l’on était. On en avait de la tête au pied, avoua la bilcane avant de partir dans un fou rire tandis que les images lui revenaient en tête.

Prenant plusieurs secondes pour reprendre toute sa contenance, la demoiselle ailée toussa de manière sèche à deux reprises avant de parler à nouveau. La demande de Lucina surpris alors la blonde, mais un sourire franc remplaça bientôt l’instant où elle fut prise de court. Laissant sa tête tombée en arrière, la guerrière céleste observa l’étendue céleste.

-Et bien… Ma foi… Je n’ai pas retrouvé les Forges du Peintre depuis cette fois-là, mais si on cherche depuis le ciel cela ne devrait pas être si compliqué. Si je t’amène uniquement là-bas sur Grandline, cela ne devrait pas être très dangereux comparé à une majorité du reste de la Route de tous les périls. Elle porte très bien son nom. J’ai hâte de pouvoir partir explorer le Nouveau Monde, mais les menaces sont encore plus nombreuses et immenses là-bas. J’espère que je serai à la hauteur pour pouvoir découvrir toutes les merveilles qui se cachent dans ces contrées lointaines se trouvant littéralement au bout du monde.

Abaissant sa tête pour revenir à une posture plus normal, la fille du firmament découvrit la Delalande qui s’embrouillait à nouveau avec son pinceau. Avait-elle écouté la réponse jusqu’au bout ? Bah… Ça n’avait que peu d’importance au final.

-Il va bientôt être temps de dormir. Ils faut que l’on reprenne des forces après tout ce que nous avons vécu, conclut alors la maudite.

La demande de la jeune vampire ne surpris pas beaucoup Ishtar au final. Elle découvrait le monde et n’avait jamais pu vivre de tels expériences. Enfermé dans un cocon de quotidien, ces expériences et sa jeunesse d’esprit en faisait une proie facile à cette peur qui venait la traverser. Le côté protecteur de la bilcane, la rendant très maternelle avec ceux qu’elle appréciait, ne pouvait refuser pareille demande.

-Oui bien sûr. Tu peux dormir avec moi si tu veux, répondit en souriant la demoiselle ailée avant de lancer un regard vers la chanteuse à la robe rouge qui elle sourit en coin face à la scène qui était en même temps assez drôle et assez émouvante.

Féliora s’installa sur sa couche et ne tarda pas à dormir, trouvant bien plus facilement le sommeil que dans sa cellule chez les Ookamis. L’Archange du Typhon s’installa à son tour et attendit que la Delalande ne vienne se blottir contre elle. La De Lérhane observa la demoiselle à la chevelure rose et vint alors caresser cette tignasse avec une certaine tendresse. L’insouciance de la jeunesse et la naïveté de la découverte du monde était quelque chose qui rendait la blonde aux quatre ailes assez mélancoliques. C’était son enfance avec Sakuga, Omnis et Eva. Cela s’arrêta là car les événements tragiques qui mirent fin au quatuor obligèrent chacun d’eux à grandir mentalement prématurément. Elle était devenue mature trop tôt là ou en quelque sorte Lucina allait le devenir trop tard. Ce n’était pas ça qui gâchait une vie, loin de là, néanmoins cela impliquait des vecteurs existentiels. Cependant, ce n’était guère le moment de s’occuper à réfléchir à ce genre de choses. Les iris argentées de la femme qui mesurait trois mètres de haut retournèrent une nouvelle fois sur la jeune demoiselle vampire. Il était vrai que cette race vivait normalement la nuit du peu qu’elle en savait de sa malheureuse expérience avec les Báthory. C’était bien étrange qu’une personne issue d’une espèce vivant dans la pénombre craigne les ténèbres nocturnes. Allait-elle réussir à dormir et se reposer ? La maudite ne le saurait pas de toute façon. Rattrapé par sa propre fatigue, ses yeux ne tardèrent pas à se clore et son esprit fut envoyé en une contrée où le tangible n’avait pas sa place. Le sommeil s’imposa à son âme. Un sommeil réparateur qui lui permettrait de récupérer de son affrontement face aux Ookami dans la contrée de Saba.

L’air matinale vint chatouiller les narines de la blonde. Ses paupières se soulevèrent, puis se refermèrent avant de se rouvrirent à nouveau. La femme qui ne mesurait pas moins de trois mètres de haut s’étira avant de se redresser et d’observer le soleil apparaître à l’horizon et couvrir ces mers bleues et blanches de ses rayons chaleureux. C’est alors qu’un cri fendit les airs. Féliora se dressa d’un bon, jaillissant de sa couche pour se préparer à toutes éventualités. De son côté, l’ancienne révolutionnaire nota l’absence de la vampire et s’apprêta à partir à sa recherche quand elle l’aperçue en train de revenir. Visiblement, la jeune était mal réveillée, mais cela n’explique pas ce cri.

-Qu’est ce qu’il s’est passé ? questionna la Di Marta.

Que la Delalande dise la vérité ou invente une excuse en pensant que cela la rendrait plus idiote, les deux autres femmes l’accepterait.

-Je vais chercher le petit-déjeuner, déclarerait l’Archange du Typhon. J’espère que vous aimez bien quand c’est salé, rigola-t-elle.

Après quelques minutes, la bilcane revint avec des crabes qu’elle ouvrir sans difficulté avec sa force surhumaine puis piocha quelques ingrédients sur ses affaires pour faire un petit déjeuner à base de la chaire de l’animal. Le vent vint caresser sa chevelure, soulevant sur son passage quelques mèches.

-Il va falloir que l’on trouve de quoi s’occuper… réfléchit la De Lérhane à haute voix toute en terminant de répartir les portions. Il me semble avoir vu des petites taches marrons entre les grains de sel à un endroit. Peut-être trouverons nous les restes d’un camp juste en-dessous.

-Cela pourrait être intéressant ! Puis nous pourrions visiter un peu plus les recoins cachés de l’île voir ce que l’on peut y trouver non ? proposa ensuite la Di Marta. C’est pas comme si on était pressé. On va avoir du temps à tuer ces prochains jours.

La blonde hocha la tête avant de tourner son regard vers Lucina pour savoir son avis et ses envies sur la question, en tout cas si jamais elle comprenait la discussion car vu sa tête la demoiselle à la chevelure rose devait encore être un peu dans le flou suite à son réveil particulier.

-Il faudrait aussi voir si on ne trouverait pas un endroit assez tranquille pour se laver, car avec une mer aussi salée ça n’y est pas très agréable, souleva encore Ishtar avant de donner leur part à chacune des deux autres filles présente. Enfin, pour l’instant mangeons, nous verrons cela après.

-Oui je vais participer aussi, répondit Féliora en se levant après avoir elle-même finit son petit déjeuner. Mais je t’en prie, appelle moi par mon prénom et pas Lady. Je ne suis absolument pas noble, sourit la chanteuse en robe rouge.

Laissant Color’Art dans une position qui satisfaisait sa partenaire vampirique, le trio pourrait avancer dans les terres pour rejoindre l’endroit que la De Lérhane avait repéré un peu plus tôt. Les masses de sel demeuraient colossales, alors il fallait trouver un moyen de déblayer un peu le terrain afin de rendre la tâche plus facile. Sans plus attendre, la fille des cieux se métamorphosa pour prendre sa forme hybride. Sa queux s’abattit sur le sol et fit jaillir une masse de grains qui retomba plus loin. Elle répéta l’opération, dégageant progressivement une fosse d’où il serait plus simple de partir.

-Avec un tel matériau à creuser, ça va être assez éprouvant que le sel descende dans le trou à chaque coup de pelle… Mais on ne va se laisser démonter !

Des fouilles, ça prenait du temps, et il était certain que celles-ci prendrait une bonne journée avant de se rendre véritablement pertinente. C’est donc au milieu de la journée que l’ancienne révolutionnaire dégagea, avec un coup de queux, les premiers constituant de ce qui sembla bientôt être une tente. Certainement les restes du campement que la maudite avait évoqué la veille au soir. En cherchant un peu plus loin, la Lucina ferait certainement ses propres découvertes, mais Féliora n’était pas en reste puisqu’elle tomba sur une marmite en cuivre donc la conception était assez ancienne.

-Le métal a été très attaqué par le sel, fit remarquer l’originaire de Lunas en extrayant sa découverte. Cela me rappelle le style d’ustensiles que je trouvais chez ma grand-mère quand j’étais petite…

-Donc ça pourrait avoir un bon siècle en vérité, commenta la blonde aux quatre ailes en revenant auprès de sa camarade. Tu en pense quoi Lucina ?

La demoiselle ailée retourna ensuite de son propre côté pour laisser ses deux amies continué leurs recherches. Finalement, vers 16h, l’ancienne révolutionnaire trouva des poutres qui constituaient vraisemblablement un toit jadis.

-Hey ! J’ai l’impression que j’ai trouvé un truc intéressant. Venez-voir.

La demeure n’avait certainement pas tenu, cependant il y aurait assurément de nombreux éléments à l’intérieur de la ruine qui serait intéressant à étudier pour en découvrir plus sur ceux qui avait tenté de s’installer ici.

Les demoiselles avaient déjà commencé à accumuler plusieurs trouvailles abandonnées au cours des siècles par ceux qui avaient tenté de s’implanter sur l’île, même temporairement. L’Archange du Typhon s’attendait à de pareils résultats, mais les bijoux ouvragés semblaient indiqués d’une personne assez riche avait réussi à mener son expédition jusqu’ici, peut-être en amenant sa femme avec lui. Cela expliquerait de nombreuses trouvailles de Lucina alors que de son côté Féliora trouvait principalement des ustensiles classiques pour mettre en place un campement. D’après les conclusions que pouvait en tirer Ishtar, la Delalande était dans le périmètre qui correspondait assurément à la tente de la riche femme qu’elle imaginait là où la Di Marta fouillait ce qui correspondait à l’extérieur et donc là où l’on trouvait l’activité du camp avec certainement son feu et tout le reste. À moins que la riche dame commande elle-même l’expédition, ce dont la De Lérhane doutait à cause de l’aspect très précieux de ses biens qui semblait indiqué qu’elle n’était pas très aux faites des conditions dans lesquels vit un explorateur, la tente du responsable devait se trouvait non loin de là. Cependant, cela prendrait peut-être du temps de trouver précisément où creuser pour savoir.

Lorsque la maudite reptilienne appela ses camarades, les réactions ne se firent pas attendre et Féliora descendit à toute vitesse inspecté la structure de la ruine qui émergeait du sel.

-Cette île est faite entièrement de sel, en vérité, j’en viens à me demander s’il y a vraiment un endroit où on trouve de la terre en dessous de nous. Peut-être que l’origine de tout le sel de cette région est ici. À mon sens, si l’on voit ces montagnes qui semblent être des cristaux de sel géant, c’est car en réalité toute cette île devait être à l’origine un cristal de sel sortant de la mer. L’érosion l’aurait transformé ainsi tandis que des morceaux entiers se seraient retrouvés à dérivés sur l’eau dans toute la zone. Ce n’est qu’une théorie, mais je crois que c’est vraiment possible. En tout cas, le sel est comme le sable est en mesure d’engloutir et recouvrir rapidement ce qui est posé ou construit dessus. Peut-être même que plus c’est lourd, plus ça sombre vite sous le sable…. Quoi que… Je n’en sais rien… Mais cette construction n’est pas de la même époque que vos autres découverte je pense.

Déblayant un peu plus, l’angélique créa un passage que la vampire pouvait emprunté pour rejoindre l’intérieur de la construction.

-Alors ? Tu vois quoi là-dedans ? demanda la Di Marta qui essayait de rejoindre la demoiselle à la chevelure rose.

Les deux autres demoiselles avaient déjà pénétré l’intérieur de la ruine engloutie par le sel, mais également par le temps. L’Archange du Typhon écoutait les remarques que faisait ses deux camarades pour un peu savoir à quoi s’attendre là-dessous. Quand finalement la vampirette l’invita à les rejoindre, la blonde n’eut pas trop le choix sur le moyen à employer pour cela. Aux vues des positions qu’il lui faudrait prendre pour ramper là dessous, la zoan mythique préféra faire appel à sa malédiction et adopta donc son apparence hybride. Après cette métamorphose, la fille des cieux glissa sur la surface de chlorure de sodium via ses écailles ventrales.

-Vous avez trouvé des choses intéressantes, siffla la reptilienne en réponse à l’invitation de la Delalande tandis que sa langue bifide passait entre ses crocs.

C’est alors que la demoiselle ailée entendit elle aussi le bruit sourd qui remua toute la surface. Grâce à ses sens animaux, la bilcane sentait qu’une créature approchait, mais dans cet espace réduit, avec ses huit mètres de longueur, il n’était pas aisé de réagir de manière appropriée. C’est alors que le monstre surgit dans toute sa splendeur et sa monstruosité. Les animaux, les humains les premiers, étaient des créatures cauchemardesques lorsqu’ils le voulaient. Cependant, en notant la taille que faisait cette bête étrange assurément endémique à l’île, la De Lérhane nota qu’ils avaient les mêmes désavantages.

-Sortez de là, je m’occupe de ça ! intervint l’originaire de la mer blanche, malheureusement quelques instants trop tard pour empêcher que le dard ne vienne à la rencontre de Lucina. Féliora, inspecte sa plaie et soigne là si besoin !

La Di Marta réagit au quart de tour et suivit du mieux quelle pouvait ces instructions en préparant la vampire à se diriger vers l’extérieur pendant que l’hybride mythique s’élançait droit sur l’incroyable chimère cristalline pour l’attraper et la tiré dans le sens opposé. Les deux bêtes très longues commencèrent alors à s’enrouler l’une autour de l’autre, néanmoins Ishtar avait l’avantage, grâce à ses capacités de serpents, de pouvoir appliquer un effet constricteur à son étreint. Une valse s’engagea, les corps s’emmêlant tellement que l’on aurait cru voir une pelote de laine mélangeant deux couleurs différentes. De son côté, Féliora emmènerait aussi vite que possible la blessée à l’extérieur pour vérifier son état.

-Si tu es un boulet, j’en suis encore davantage un. C’est car je me suis prendre que vous avez dû me sauver des Ookamis. Et non c’est bon, je n’ai rien, lui sourit Féliora avant de se remettre sur la blessure pour désinfecter et essayer de réduire les dégâts.

Le combat faisait rage. Les coups pleuvaient tandis que les deux corps s’enroulaient l’un autour de l’autre sans pouvoir se démêler. Plongé dans les ténèbres, ils usaient chacun de leur vision thermique pour capter et analyser leur espace. La dualité entre le blanc chatoyant éburnéen face au vert sombre et brillant du plumage reptilien était complète, un yin et yang organique et vivant se créant dans la mêlée tandis que les deux entités déployer leurs armes respectives pour tenter de pourfendre le corps de l’autre. Néanmoins, cela ne marcha à aucun moment, les deux créatures souples parvenant à s’esquiver l’une l’autre avec beaucoup d’aisance. Finalement, les deux bêtes jaillirent hors de la demeure engloutie par le temps et le sel, traversant le toit pour fendre l’air. Les têtes se faisant face, elles hurlèrent simultanément pour tenter de s’imposer sur l’autre. C’est alors que Lucina hurla pour donner une information importante à l’angélique. La bilcane se retrouva expulsé sur le côté, mais n’en avait pas finit pour autant. Comprenant que son adversaire allait prendre pour cibles les deux autres femmes, la De Lérhane utilisa son appendice, l’envoyant à la poursuite de l’ennemi. Il se referma alors sur le dard de l’étrange chimère alors que les deux monstruosités étaient encore dans les airs. La guerrière céleste tira d’un coup sec en refermant son étau constricteur violemment. L’animal hurla alors de douleur quelques instants avant que la puissance physique démentielle de l’originaire de la mer blanche arrache complétement cette partie en déployant trop de force. L’étrangeté chuta alors, se débattant dans le vide en espérant s’en tiré. Retrouvant finalement son sol, elle s’enfonça dans les profondeurs et disparu précipitamment, se mettant à l’abri de la fureur des humains qu’elle était venue chasser.

-Merci du coup de main ! s’exclama l’Archange du Typhon lorsqu’elle reprit forme humaine en atterrissant non loin de ses deux camarades. Comment tu te sens ? Tu penses que c’est grave ?

Si Lucina lui expliquait le fonctionnement de la piqure décrite dans les schémas explicatifs, la zoan mythologique se verrait fortement rassuré et soufflerait un bon coup.

-Tu as peut-être quand même besoin de temps pour t’en remettre. Je peux continuer un peu sans vous pendant que vous vous reposez.