Roi Phillip MIV
Rares étaient les royaumes qui n’avaient pas changé de régime depuis le Siècle Perdu. Horstemps en faisait cependant perdu : depuis l’éveil du Gouvernement Mondial, cette monarchie absolue avait perduré grâce à la loyauté indéfectible de son armée, au pouvoir ahurissant de la noblesse ou au laxisme des paysans. Dans un système féodal, les petites gens n’avaient aucune place dans les choix faits sur leurs vies. Ce n’était pourtant pas ce qui inquiétait Lars Volkoff, si on en croyait l’ordre de mission qu’il avait fourni à Taito Nowaki.

« Le Roi Phillip MIV de Horstemps est suspecté d'être en lien avec des hors-la-lois. Réunissez les preuves en infiltrant le château avant que la délégation arrive pour négocier un nouveau régime politique. »

Simple, clair et net. Les moyens utilisés étaient libres. Actuellement, le Royaume était encore en guerre contre un pays ennemi. La majorité des troupes mobilisables avait donc été envoyée contre les barbares, et il ne restait plus que la milice royale ainsi que les conseillers du roi, ses ministres. C’était l’occasion idéale pour s’infiltrer, même si le Nowaki n’aurait pas réellement le droit à l’erreur. Son navire arrivait en fin de matinée, et celui de la délégation serait là en début d’après-midi de la suivante, à partir du moment où il aurait donné son feu vert. Il n’était pas seul pour cette mission, car deux personnes avaient été nommées pour l’accompagner.


Agent d'élite du Cipher Pol 5, Arthur Keit.
L’agent d’élite du Cipher Pol 5 Arthur Keit était celui qui avait réuni les informations sur Horstemps. Dépêché par la Directrice Ayana Hime quelques semaines plus tôt, il avait pour rôle officiel d’assurer la jonction avec les forces en place, d’estimer les défenses de l’île et d’attribuer ou non une aide à celle-ci. Bien sûr, cela faisait partie de certaines des fonctions des agents du Cipher Pol 5. Ils étaient censés protéger ces îles, si elles n’étaient pas capables de le faire elles-mêmes. S’agissant d’une puissance militaire à part entière, le Royaume d’Horstemps n’avait pas réellement besoin de cette expertise et avait régulièrement joué de son influence pour éjecter le Cipher Pol, mais la nature amicale de cet agent aux multiples facettes avait su apaiser les suspicions.

A présent, il lui était demandé de prendre du recul pour pouvoir estimer les pertes et réévaluer les besoins de l’île après le changement de régime, s’il se produisait. Instaurer de nouvelles lois nécessitait de changer l’opinion du roi, ou de le forcer à accepter son point de vue. Il avait aussi pour ordre de servir les besoins du Nowaki. A vrai dire, s’il ne l’évaluait pas, il savait que leurs supérieurs étaient en train de regarder comme Taito gérait ses hommes. Après cela, il serait amené à estimer les besoins de l’île à son tour en termes d’hommes.

Ils se trouvaient donc à ce moment-là dans la cachette d’Arthur qui indiquait méthodiquement les entrées du château.


Agent du Cipher Pol 1, Ryuk Sawayoshi

- Je ne suis pas en retard, j’espère ?

C’était souvent que les Cipher Pol 1 et 5 coopéraient, principalement pour estimer les ressources nécessaires à la création de locaux, à l’envoi de troupes, aux systèmes de rotation, de ravitaillement en armes, aux transferts de prisonniers ainsi qu’à la prise en charge de coûts annexes qui ne pouvaient pas être déterminés à l’avance. C’était important de garder de bonnes relations avec ceux qui étaient en charge de gérer l’administratif, car de mauvaises relations pouvaient apporter son lot de malheurs.

Il était difficile de vexer le distant Ryuk Sawayoshi. Agent du Cipher Pol 1, il avait toujours réalisé ses missions avec le plus grand soin. C’était l’un des rares hommes de son service qui quittait son bureau sans rechigner pour aller sur le champ de bataille, même si dans le feu de l’action il n’était pas un décisionnaire effectif. Il avait aussi pour mission d’apporter les ressources que le Nowaki aurait pu demander, dans la mesure du réalisable.

- Vice-Directeur Nowaki, c’est un honneur. Je suis Ryuk Sawayoshi, Agent du Cipher Pol 1. Je servirai de relais entre la délégation et votre escouade. Si vous avez besoin de mes conseils, je suis à votre service.

Il pourrait donner son avis, si Taito le demandait. En revanche, si ce n’était pas le cas, il se contenterait de rester silencieux. Ainsi, le Vice-Directeur pourrait commencer à donner ses ordres, ou à poser des questions pour obtenir plus d’informations.

Agent du Cipher Pol 1, Ryuk Sawayoshi
L’agent du Cipher Pol acquiesça. Il avait l’habitude de communiquer avec des personnages hauts en couleur : on avait décidé après tout d’assigner un agent à Taito qui pourrait l’aider en cas de coup dur, bien qu’il n’était pas du tout formé au combat et que la poigne masculine sembla le faire tiquer. Il grimaça en se secouant la main avant de rehausser ses lunettes sur son nez. C’était une sale habitude qu’il avait prise.

- Je ne m’offusquerai pas. Quant à mon avis… La sécurité du palais semble être assez faible en termes d’infiltration. L’agent que vous avez envoyé n’a eu aucun mal à devenir une servante, or dans la plupart des palais il aurait fallu plusieurs semaines ou plusieurs mois pour arriver au même résultat. Heureusement, cela n’a pas été un problème ici. Ce roi semble accepter cependant plus de maîtresses que de concubines, ce qui signifie qu’il ne veut pas partager le pouvoir chez lui. Il sera donc difficile de le convaincre d’embrasser les valeurs gouvernementales actuelles sans les preuves que vous devez trouver… Pour cela, je vous conseillerais de commencer par l’intérieur du palais. Si vous n’êtes pas bon acteur, mieux vaut que vous créiez une diversion pour vous infiltrer et vous exfiltrer rapidement. Le château comporte une centaine de chambres, une trentaine de bureaux, une cinquantaine de pièces à vivre pour accueillir des invités, organiser des bals, gérer les affaires courantes, ainsi que trois bureaux royaux où sont entreposés les documents, selon le dernier rapport.

Il donnerait ainsi un plan approximatif du château au Nowaki, qui ne comportait que le rez-de-chaussée où la servante avait pu s’introduire, ainsi que les parties extérieures du château. En si peu de temps, c’était assez incroyable d’avoir des informations aussi détaillées. Cela montrait encore une fois le professionnalisme de ceux qui travaillaient avec Taito aujourd’hui : bien différent de celui d’une équipe ramassée sur le coude pour défendre les intérêts d’autrui dans une mission combat qui n’était pas leur objectif initial.

- Une cinquantaine d’hommes. J’ai contacté la base d’East Blue et demandé à ce qu’on m’informe du gradé le plus proche de l’île. Etant donné les activités suspectes du Roi, le Vice-Amiral Eircken avait déjà déployé à proximité le Commandant Warlock. Ils nous prêteront main forte en cas de soucis. Ils sont officiellement en mer pour traquer des pirates, et ont averti la milice de l’île de leur présence, ce qui fait qu’ils ne semblent pas suspects.

C’était encore une preuve de son implication. Il avait pris soin de prédire ce qui pourrait se passer. Ce qui avait fait pencher cet homme pour le CP1, c’était qu’avec ses compétences il était moins embêté à travailler dans la gestion que dans l’entreprise tactique, et qu’il risquait moins de se faire limoger pour faute grave. Créer des tactiques, c’était aussi assumer le poids de leur échec parfois.

- Je contacterai le Cipher Pol 3 ainsi que le Cipher Pol 7, mais je doute que ce dernier ait des hommes à nous fournir dans l’immédiat.

Il ne lui ferait pas l’offense de lui expliquer que c’était en raison de l’absence de primé à proximité, et qu’ils n’avaient donc pas énormément d’intérêts à intervenir, même s’ils étaient les meilleurs combattants depuis la dissolution du Cipher Pol 9.

- L’objectif de cette mission est de ne pas engager l’ennemi. Il vaut mieux battre en retraite plutôt que de risquer une opposition. Dans le pire des cas, si vous ne pouvez pas revenir en arrière, il vaudrait mieux éliminer un opposant et cacher sa carcasse sans se faire découvrir. Je doute que quiconque ait le Haki de l’Observation ici, mais les défenses du château en elles-mêmes sont assez chères donc je ne doute pas qu’elles vous demanderont de la discrétion.

Agent d'élite du Cipher Pol 5, Arthur Keit.
Taito arriverait finalement à la cache. Elle était plutôt insonorisée grâce au brouhaha de la taverne au-dessus, et possédait deux issues au cas où elle serait découverte. Une était l’entrée, et l’autre une cachette derrière une caisse en bois posée à même le sol, un trou dans lequel il fallait passer pour atteindre un tunnel qui menait vers l’extérieur.

- Vice-Directeur, saluerait-il respectueusement. J’aimerais bien m’attribuer les mérites, mais j’ai été mis sur ce poste après les suspicions de mes supérieurs. La situation est stable, le roi s’adonne toujours à ses plaisirs charnels, pas d’évolution. Le premier ministre et le ministre de l’économie me semblent louches. Ils tentent d’approcher le roi de manière assez insistante, même lorsque je suis en présence de celui-ci et discute sécurité avec lui. Je n’ai pas réussi à trouver des informations sur les hors-la-lois, et la mise sur écoute n’a rien donné pour l’instant.

Il indiqua l’autre agent demandé par le Nowaki, qui se trouvait dans un coin de la pièce sur un bureau en train de jouer sur les différentes fréquences dans le but d’obtenir quelque chose. Il n’était arrivé que trois jours plus tôt mais n’avait pu acquérir que des informations basiques : l’endroit où le roi commandait ses prostituées par exemple, ou encore le nom d’une marque de vin qu’il commandait tous les deux jours, en provenance de North Blue – c’était bien sûr toujours le majordome qui s’occupait de cela.

- Nous sommes dans une impasse tant que nous n’avons pas des documents spécifiques qui montrent qu’il dilapide les caisses du royaume en commerçant avec des hors-la-lois. Il est possible qu’il soit précautionneux et garde les documents sous scellé dans une pièce du château. Toutes les pièces sont équipées d’un système de surveillance, et à ce que j’ai cru comprendre certaines pièces sont même piégées. J’aurais aimé dire qu’un utilisateur de Haki est immunisé, mais il y a sûrement des pièges adaptés, même si je n’en ai rencontré aucun. Qu’en pensez-vous, Vice-Directeur ? Est-ce que vous avez une idée pour entrer dans le château ?

Ce n’était pas un test : lui-même n’était pas un excellent acteur. On lui avait confié une mission qu’il tentait de mener à bien cependant, et il continuerait d’aider le Vice-Directeur en lui donnant des informations s’il le pouvait, ou en faisant ce qu’on lui demanderait.

Agent d'élite du Cipher Pol 5, Arthur Keit.
La première idée de Taito était compliquée à mettre en œuvre en raison justement de cette opposition. Grâce aux réseaux d’informations du Royaume d’Horstemps, et à leurs divers alliés, il était improbable que des ennemis portent le chapeau. Qui plus est, il serait difficile d’expliquer d’où venaient les preuves si elles avaient été prises de manière délibérée pendant l’attaque, mettant ainsi le doute sur l’instigateur de l’attaque. L’agent du Cipher Pol 5 la rejeta simplement, se disant qu’il y avait des méthodes beaucoup plus efficaces avant d’en arriver à une opposition frontale.

- Il serait possible, pour un court temps, de couper les escarméras, rebondit l’Agent d’élite en se massant le menton. Ca permettrait de faciliter l’infiltration. Pour le maquillage, il suffit de demander à l’Agent du Cipher Pol 1, il devrait pouvoir dégoter quelqu’un rapidement pour faire quelque chose de basique au cas où vous croiseriez un employé dans les couloirs. Quant à moi, je pourrai occuper le Roi avec une réunion factice. Cela vous laisserait une heure pour vous infiltrer et vous exfiltrer.

Il ne fit même pas référence au Haki de l’Observation puisqu’il était improbable que quelqu’un le possède ici, sur les Blues, surtout en temps de guerre où les meilleurs étaient envoyés au front.

- Interroger les ministres est aussi possible, acquiesça Arthur. On peut aussi se faire passer pour des hors-la-lois qui ont un produit à proposer. J’ai plusieurs hypothèses sur les relations véreuses du Roi. Pour moi, il s’agit surtout de produits illicites très chers qu’il se paye sur l’argent de ses sujets, comme par exemple des drogues ou des services de prostitution ou d’esclaves. Il doit être livré avec d’autres produits, mais n’a pas besoin d’entrer en contact régulièrement avec les criminels. Il a sûrement des comptes qu’il tient dans son bureau, ainsi qu’une liste des produits, ou le contact des criminels.

Ce serait suffisamment de preuves pour le faire chanter. Au pire, s’ils apprenaient des choses qui n’étaient pas sur papier, ils pourraient toujours falsifier des documents. Les méthodes brutales étaient sûrement possible ici. Peut-être même qu’un des ministres était le receleur de biens, et que c’était pour cette raison que la surveillance n’avait pas encore aboutie. En tout cas, il allait falloir sélectionner un plan et commencer à le mettre en œuvre.

Arthur Keit contacta l’Agent du Cipher Pol 1 de sorte à ce que ce dernier prenne les mesures nécessaires. Il fallut trois heures pour qu’il trouve quelqu’un de compétent et de suffisamment manipulable pour maquiller Taito, et qui soit disponible rapidement. Ainsi, en fin d’après-midi l’opération commença, tandis que le maquilleur faisait ses miracles et transformait le fier Vice-Directeur en un agent d’entretien du palais. Si le rôle était en général réservé aux servantes, il était possible de trouver quelques hommes dans des ailes annexes du château. Cela rendait quelques personnes suspicieuses, mais pas au point d’inquiéter le Vice-Directeur. De toute évidence, le personnel du château était sinon incompétent au moins peu inquiété par la sécurité du Roi. Si cela n’avait pas été le cas, Taito aurait été arrêté en passant les cuisines où un groupe d’hommes jouait avec les couteaux bruyamment et faisaient un travail plutôt minable.

Le Vice-Directeur pourrait ressentir plusieurs voix dans l’enceinte du bâtiment. Arthur Keit était entré à l’intérieur de la salle du trône et avait commencé son audience avec le Roi de Horstemps, enchainant les sujets divers sur la sécurité et sur les renforts possibles, détaillant des options alambiquées qui lui faisaient gagner du temps et ennuyaient le Roi.

Dans les lieux de vie qu’il traversa, il pourrait distinguer deux voix en particulier. L’une d’entre était collée à un mur de la salle du trône à l’intérieur d’une des salles occupées en général par des convives. Personne ne montait la garde devant, puisqu’il était censé n’y avoir personne dedans. Dans une autre, un des ministres était présent et semblait réaliser ses travaux administratifs. Ses sens de Zoan pourraient lui permettre de déterminer leur position, mais aussi quelques-uns de leurs mouvements comme le bruit de la plume qui grattait le papier ou le bruit d’un appareil grésillant qui amplifiait les sons.

Finalement, s’il ne portait pas d’intérêt à ces deux éléments, il pourrait arriver au niveau au bureau du Roi. Il y avait dans sa chambre une demi-douzaine de femmes et quelques servants. C’était le lieu qui farfouillait le plus de présences humaines, alors que le bureau n’en avait aucune. Il ne serait pas difficile d’y entrer. Dedans, des dalles de couleur différentes étaient posées en quinconce, à l’exception d’une dague violette dans un coin qui venait briser l’harmonie de la pièce. Trop voyante, elle pouvait très bien être un piège.

Le bureau en lui-même était un bureau d’érable. Il y avait divers tiroirs, ainsi que des bruits étranges. Si les escarméras semblaient tous désactivés, il y en avait un en particulier qui avait encore les yeux ouverts. Il n’était pas, contrairement aux autres, connecté à la chaîne, et se focalisait uniquement sur le bureau, n’englobant pas l’entrée ni la fenêtre qui donnait sur la cour arrière, mais qui était verrouillée par un système complexe et renforcé par un verre qui n’avait rien à envier aux murs en titane qui protégeaient certaines célèbres boutiques.

Des armoires où étaient entreposés des documents administratifs étaient posés contre les murs. La porte qui menait vers la chambre était fermée. Des rires provenaient de cet endroit, tandis que dans la salle du trône le monologue de Viktor Keit résonnait comme une interminable complainte. Il allait maintenant falloir choisir les endroits à fouiller, et éviter les potentiels pièges disposés ici en se montrant très prudent. Un bureau truffé de pièges risquait d’être une plaie dans la recherche des preuves, mais il y avait peut-être un moyen simple de s’en sortir.

L’appareil désactivé, Taito pouvait avancer dans la pièce sans être embêté. Le système dans la pièce n’était pas si complexe que cela. La seule dalle dans la pièce à sortir du lot avait une importance particulière, contrairement aux trous dans le mur qui, certes, envoyaient du gaz mais n’étaient en réalité pas un opposant particulièrement coriace avec la vivacité du Vice-Directeur.

Ainsi, lorsqu’il regarda l’intérieur du bureau en ouvrant les tiroirs, une petite explosion fit partir en fumée tous les documents qui se trouvaient à l’intérieur. Il ne restait rien d’intéressant, en dehors de l’escarméra dans la pièce et des armoires. Du gaz commença aussi, à ce moment-là, à s’accumuler auprès de la gomme à mâcher qu’ils ne franchiraient qu’au moment où Taito les enlèverait. S’il ne les enlevait pas, cela provoquerait l’explosion des murs de la pièce, mais dans tous les cas le gaz sortirait en grosse quantité dans la pièce… Pas suffisante cependant pour l’assommer sous sa forme Zoan.

Les personnes à côté semblaient s’être calmées, comme si l’explosion qui n’avait fait tellement de bruit avait déclenché une alarme.


Premier Ministre de Horstemps : Percival Seri
Soudain, la porte s’ouvrit en volée, et un des ministres qui avait parcouru rapidement les couloirs entra.

La personne qui se trouvait là était le seul ministre réellement compétent, et il grogna, pestant à l’adresse de Taito :

- Putain, y’en a un autre qu’est là pour tuer le Roi ?

Son caractère but en blanc pourrait peut-être permettre au Vice-Directeur de se sauver la face en l’accusant, mais la discrétion n’était de toute évidence plus au rendez-vous. Le Premier Ministre observa donc le Zoan mais n’aurait pas la priorité sur la réactivité : Taito pouvait bien massacrer l’île si ça lui chantait, les Blues n’offraient pas de réelle résistance à une personne comme lui.

Taito avait plusieurs choix : il pouvait utiliser le premier ministre, chercher un moyen de désactiver le piège pour fouiller les armoires – piège dont le système à présent visible à l’intérieur du bureau permettait de le lier à la dalle, et donc de supposer que tous les autres pièges y étaient liés.

Premier Ministre de Horstemps : Percival Seri
Percival Seri était né sur Horstemps, y avait vécu et était parti en voyage durant sa jeunesse. Son amour pour la liberté l’avait d’abord amené à devenir un pirate, sans aucune renommée, mais il s’était rapidement fait approché par des révolutionnaires. Son désir de protéger la liberté avait été son cheval d’arçon vers le poste de Premier Ministre, après être revenu sur l’île pour la libérer du joug de la royauté. Nombreux furent ceux qui pâtirent de ses complots. Il était donc habitué à voir d’autres personnes manigancer en face de lui, cependant quelque chose lui susurrait que cette fois-ci les pertes risquaient d’être plus grosses que la mise. Il se pinça les lèvres, sans tenter d’attaquer, serrant le poing et retroussant ses épaules vers son cou.

- Y’a… personne de suspect ici. Le Roi, il est… Enfin, peu importe. Vous avez pas le droit d’ici, si vous êtes pas le roi ou le premier ministre.

Il avait obtenu un signal au déclenchement du piège, et s’était empressé de venir. Il savait bien ce qui s’était produit. Il ferma les poings : devait-il agir ? Quelque chose l’en empêchait, le poussait à rester prudent. Il ouvrit la bouche, mais Taito pourrait entendre que la conversation entre l’agent d’élite et le roi était en train de s’écourter. Quelqu’un l’avait sûrement prévenu de l’incident dans son bureau…

- A part le vin, il commande rien. Y’en a toujours des caisses, et des caisses.

Finalement c’était peut-être là, sous son nez. La réponse qu’il cherchait, il aurait pu l’avoir sans entrer dans le château, en menant une enquête qui n’était pas pressée par le temps. L’infiltration du château était une des options qu’il avait, tandis que celle de prendre l’escargophone en était une autre. Il fallait cependant sortir d’ici, et le premier ministre semblait hésiter à faire sortir le Nowaki. « Est-ce que je suis en train de me faire doubler, ou est-ce que c’est un ennemi ? » se disait-il sûrement. Pourtant, sur son visage, seule l’inquiétude dominait, et il finit par dire pour éviter d’éveiller les suspicions :

- Je suis le Premier Ministre Percival Seri. Vous avez dit que vous vous appeliez comment déjà ?

Inquiet mais pas suicidaire, le ministre se contenta de laisser partir l’inconnu, prenant le temps de noter mentalement sa description. Peut-être qu’il pourrait s’en servir plus tard : n’étant pas réellement du côté du Roi, il avait encore plusieurs cordes dans son arc à jouer avant de prendre le pouvoir sur cette île. Ses yeux vinrent donc graver le visage du jeune homme et il le laissa partir. Rapidement, il le rapporterait au roi qui mettrait un signalement sur cette personne et observerait l’étendue des dégâts avant de remarquer la disparition de son escarméra, le faisant simplement blêmir. Il avait le temps de prendre quelques mesures, ce qui risquait de désavantager les émissaires du Gouvernement Mondial lors de leurs négociations futures, cependant… Ce n’était pas quelque chose dont avait à s’inquiéter Taito Nowaki. Le vice-directeur avait plus ou moins réussi la mission qu’on lui avait confiée.


Agent du Cipher Pol 1, Ryuk Sawayoshi
Il pourrait donc rapidement retrouver l’agent du Cipher Pol 1, Ryuk Sawayoshi. Ce dernier était en proie à la gestion de différentes communications, dont la plus récente du Roi qui interrompait les livraisons de vin pour l’instant.

En regardant les enregistrements, ils pourraient comprendre que le Roi cachait dans son bureau, dans un des tiroirs piégés, désarmés grâce à la dalle violette sur le côté, des documents indiquant des écarts importants dans les comptes liés au vin, ainsi que quelques échantillons de substances interdites, fournies uniquement par des cartels hors-la-lois. Certes, cela ne suffirait pas à le déchoir de ses droits royaux mais les condamnations pourraient pousser les autorités à interroger certaines personnes… Et à creuser d’autres détournements de fonds publics. Les lois de l’île, malgré la monarchie, n’étaient pas favorables à ces comportements qu’il avait acquis à la perte de sa femme et de son enfant.

- Doit-on transmettre les documents ? Demanderait le Cipher Pol 1. Interroger les ministres ne me semble pas nécessaire, nous devrions avoir assez de support actuellement pour terminer la mission. La délégation arrivera demain, si nous les prévenons maintenant.

Il pourrait toujours capturer et torturer les ministres, mais il n’en obtiendrait pas réellement d’informations. Ils n’avaient qu’une connaissance ciblée de leur domaine. Ils étaient incapables de dire où partait l’argent du Roi, et ils ne savaient pas non plus quel genre de personnes pouvaient venir sur l’île pour livrer le vin. Remonter le cartel, ce qui aurait été un gros coup de filet, n’était pas à l’ordre du jour.

- Après l’arrivée de la délégation, nous n’aurons plus rien à faire. Nous pouvons surveiller le Roi d’ici là, et ses communications. S’il part du château, l’agente du Cipher Pol 2 infiltrée pourra le poursuivre, mais l’agent d’élite du Cipher Pol 5 a presque terminé sa mission.

L’homme repositionnait ses lunettes en parlant. Il avait une bonne capacité à jauger de la situation, et ça en faisait un atout précieux pour le Cipher Pol. Il était en phase de devenir un agent d’élite, mais il craignait que cela l’oblige à être mobilisé plus souvent pour des opérations qui le dépassaient. Il soupira avant d’attendre une réponse de Taito, et de prévenir la délégation le cas échéant.

Agent du Cipher Pol 1, Ryuk Sawayoshi

- Mieux vaut que nous nous fassions discret, oui, indiqua l’agent du Cipher Pol 1 sans commenter les manœuvres proposées.

En effet, il y avait peu de choses qu’ils pouvaient faire à présent. L’agente du Cipher Pol 2 en infiltration continuerait de ramener des informations, au besoin, et permettrait ainsi de rapidement comprendre que le Roi était agité et tentait de se débarrasser des preuves directes. Pourtant, il ne fuirait pas sa confortable position, ayant échappé à la réalité trop longtemps pour mettre aussi rapidement de l’ordre dans son esprit. Ses ministres seraient moins aux aguets, à part le Premier Ministre qui finirait par disparaître sans crier gare. L’ancien révolutionnaire prétexterait une mission diplomatique, avant de déguerpir sans demander son reste.

La délégation arriverait peu de temps après.


Vice-Directeur du Cipher Pol 8 : Fernand Skellig.
Renommé à 93.524.777 B.
Des six personnes présentes, aucune n’était déjà entrée en interaction avec Taito avant ce jour. Il s'agissait d'hommes et de femmes bien vêtus, et certainement versés dans les finances et la politique. Aucune ne manifestait d'appartenance à un mouvement quelconque, sinon au Gouvernement Mondial. Pourtant, Taito pourrait se remémorer avoir vu l'un de ses interlocuteurs parmi les affiches de renommées du Gouvernement, ou sur des articles des journaux qui étaient diffusées par les Martin Facteurs. Il s’agissait du numéro 2 de l’Agence du Cipher Pol 8, le Vice-Directeur Fernand Skellig. L’homme se tiendrait d’ailleurs en tête de cortège lorsque Taito viendrait les accueillir, et il le regardait avec le respect qui était dû à sa position.

- Vice-Directeur Nowaki, je suis le Vice-Directeur Skellig, du Cipher Pol 8. Grâce aux informations que vous nous avez fournies, nous avons assez de matière pour redresser la corruption présente dans ce pays. Je peux vous rendre un service et vous mettre au centre de la résolution de cette enquête dans les médias tout en faisant les gros titres des journaux, pour vous permettre de gagner en renommée si vous le désirez. Ce sera difficile d'éclipser Kaiten-Su, certes, mais ce n'est pas impossible d'être sur le devant de la scène malgré tout.

Il parlait de renommée auprès des citoyens. Cela permettrait à Taito d’asseoir plus ou moins sa réputation grâce aux machinations des médias. Il devrait apprendre tôt ou tard à tirer les bénéfices de ces manigances, mais la proposition n’était surtout pas anodine. En criant un haut-fait sur les toits, cela permettait de justifier sa montée en grade rapide et d’éviter d’éveiller les soupçons. Bien sûr, il avait simplement déplacé des pions sur un échiquier ici, et il s’en attribuerait simplement une gloire éphémère, mais en tant que futur Directeur de son agence, c’était toujours cela de gagner en termes de confiance. Les enjeux derrière cette anodine question pour le grand journaliste qu’avait été Fernand étaient de toute évidence à l’échelle du Gouvernement Mondial.

Enfin, s’ils n’avaient rien à échanger de particulier, le Skellig se dirigerait vers le château sans crainte de ce qu’il allait arriver. Les agents dirigés par Taito repartiraient à leurs missions respectives, une fois toute la situation tassée.