Parish Milton
Ses pieds trempaient dans l'eau, tandis que le soleil brillait de tout son éclat. Sa villa sur Holliday Island était sûrement l'une de ses plus grandes fiertés. La piscine qui donnait sur la mer lui rappelait à quel point rejoindre Erika avait changé son train de vie. Un petit sourire satisfait s'invitait sur ses lèvres, tandis que son regard se tournait vers Dorothy Broom, une de ces pirates recrutées récemment qui avait finalement décidé de rester parfaire son art sur Grand Line. La jeune femme, enchaînée, les ongles rongées par la lutte incessante pour s'échapper et les yeux injectés de sang, était toujours à la première épreuve de celle qui la maintenait en vie.

Le Den Den Mushi qui avait sonné quelques secondes fut amené par un homme-bête. Elle l'avait choisi discret, mais ses pattes soulevaient suffisamment d'eau sur le marbre pour qu'elle l'entende.

- Edward. Fort bien, ma foi.

Elle n'était pas versée dans  les mondanités, même si les circonstances prêtaient à la conversation légère. L'enchaînement ne la laissa cependant pas pantoise, et elle élargit son sourire aux informations de son nouveau collège :

- Tu détruis et je recrute, fit-elle avec satisfaction. Qui ? Un scientifique peut-être ?

Elle savait à présent qu'il se trouvait sur Time End, et elle savait surtout qui s'y trouvait : Extinction. Si Edward Lawrence était entré en contact avec eux et avait jugé qu'ils étaient suffisamment intéressants pour la recruteuse, cela valait la peine de porter une oreille attentive à ses propos.

Parish Milton
Décidément, l'équipage principal avait fait le bon choix de recruter cet homme, cet Edward Lawrence. Parish Milton avait eu une bonne sensation la première fois qu'elle l'avait rencontré. Il la dominait autant en taille qu'en puissance individuelle, et elle n'avait pu s'empêcher d'avoir un frisson le long de son échine : instable, imprévisible, indomptable, c'était les mêmes sensations qu'elle avait eu avec Erika, même si elle se tairait bien de faire la comparaison à voix haute. L'Impératrice ne l'était pas depuis aussi longtemps sans avoir ce côté redoutable qui faisait faire d'incroyables courbettes à de fiers dirigeants.

Elle s'abstint encore une fois d'interrompre le maudit au bout du fil, notant de manière mécanique chaque information qui lui semblait importante pour la mission qu'ils se partageaient. Avant de répondre, elle claqua des doigts et donna un papier à ses subordonnés qui se mirent en activité, contactant des personnes qui se trouvaient près de la dernière localisation connue du Baratie. Elle enverrait aussi une petite troupe plus apte pour suivre l'idée.

- Des hommes sont en route pour le Baratie, Edward. Si nous réussissons à en tirer quelque chose, le succès te reviendra entièrement, et Sa Majesté te récompensera. J'espère que tu sauras te souvenir que je t'ai épaulé un jour.

Elle était une excellente recruteuse, mais aussi un excellent juge. Savoir si quelqu'un avait du potentiel était dans ses compétences : Edward Lawrence faisait partie de ces gens qui, comme peu d'autres, avaient un potentiel... presque infini. S'il n'était pas fauché dans son élan, il deviendrait risiblement l'un de ceux qui serait au-dessus d'elle d'ici peu de temps, et alors elle devrait s'assurer qu'ils soient en bon termes à ce moment-là.

- Je te verrai à la prochaine réunion, termina-t-elle en faisant référence à leur prochaine rencontre qui avait été programmée quelques semaines plus tard pour faire un point sur la situation sur Grand Line.

Elle raccrocherait si Edward n'avait rien à rajouter. Elle reprendrait alors l'entraînement de sa nouvelle recrue, la faisant hurler de douleur pendant d'interminables heures.

Parish Milton

- C'est entendu... Et le financement fera partie des négociations pour le recruter. Nous avons des fonds réservés à ce type de personnes.

Les extravertis, les huberlus, ceux qui faisaient parlé d'eux par l'investissement qu'il en ressortait. Les revenus d'un casino étaient bien peu de choses par rapport à ce qu'Erika pouvait fournir grâce aux taxes de ses îles et à la vente d'esclaves qui étaient deux de ses rendements principaux. Contrairement aux autres Empereurs comme Taka et Tengen qui n'étaient que peu investis dans le commerce hors-la-loi... Le seul détonnant clairement étant Hadès dont la flotte dépendait entièrement de ses revenus centraux. C'était là quatre manières de fonctionner : un étalage oppressant sur plusieurs sources de revenus, une autarcie créée par la production de ses propres ressources, un financement indépendant de chaque équipage sans aide centrale et un commerce plus traditionnel même si tourné vers le monde hors-la-loi.

Les Empereurs brassaient des milliard comme tout bon leader, et c'était pourquoi l'inquiétude d'Edward était adorable. Enfin, il n'avait pas tort d'avoir cette source de revenus : il devait assurer ses arrières.

- Si cela échoue, il n'aura jamais existé, s'amusa-t-elle à préciser, signifiant qu'elle irait jusqu'à effacer son existence pour couvrir une potentielle débâcle.

Elle n'était pas de ces tendres qui envisageaient un monde paisible. Une pièce d'échec qui n'était pas utile n'avait pas sa place. L'approcher, c'était lui donner des informations, et il n'irait pas bien loin s'il décidait de ne pas les rejoindre. Enfin, s'il était bel et bien capable de créer des chimères, au diable le recrutement. L'Impératrice lui trouverait une place bien au chaud dans un de ses laboratoires, il n'y avait pas à en douter.