Soupirant de lassitude, j’étais loin de me douter de ce qui allait se passer. Dans ma cabine de navire, je profitais d’un bref moment de calme, me remémorant ce qui va suivre prochainement. L’assaut pour tomber sur Osmose. En route pour la fameuse île, chacun se préparait comme il pouvait. Fumant clopes sur clopes, je noyais de possibles doutes ou craintes derrière une cancéreuse et me vidais l’esprit. Jusqu’à ce qu’un bruit vienne rompre ce silence. Un appel ? Qui peut bien m’appeler à cette heure ? En général, si je n’attends pas d’appel et qu’on me sonne à cette heure, ce n’est pas bon signe. Grognant, je décroche et laisse l’homme se présenter.

« Ren Tao. »

Le nom tombe comme un glas qui raisonne dans l’air. Raki ? Cela ne me dit rien, cependant, il va sans dire que mon nom lui, pour sûr que ça lui dira quelque chose. Repensant donc à ses dires, il avouait avoir un souci visiblement qu’il nous faut résoudre. Piqué à vif, ma curiosité voit le jour et si mon air agressif disparait pour laisser place à la curiosité, c’est limite celle d’un fauve devant une proie, prêt à bondir au moindre faux pas de ce dernier.

« Quel est ce souci ? J’écoute avec … attention. »

Le genre d’attention qu’on n’aime pas avoir surtout venant d’une personne si impulsive que moi. Si le Raki savait à qui il a à faire, il comprendrait qu’il y avait deux solutions : raccrocher ou parler en faisant attention à ses dires.

En ce doux soir, je ne pensais pas parler affaire avec un … inconnu. Attendant des explications de cet homme, je vins à soupirer tandis que je demandais quel était le fameux « souci ». Avais-je détruit un de ses bâtiment sur une île ? Ou peut-être fauché une de ses amies ? Les possibilités sont tellement nombreuses et pourtant, peu importe qui il est, je ne craignais absolument pas les retombés qu’il pourrait me prédire. Alors tandis qu’il vint à me parler du fameux souci, je vins à tirer sur ma clope avant de me redresser. Marchant dans la pièce, je vins à ouvrir ma porte pour alors croiser Mélina. Elle tombe à pic ! Interpellant la petite, je lui demandais de prévenir Ayabusa et qu’il devrait venir me voir. Suite à cette parenthèse laissant presque à croire que je n’avais rien à faire de ses mots, finalement, la décision tomba quant à son histoire de taxe.

« Et je ne verserai aucun centime de ma poche… »

Le ton était ferme, convaincu. S’il pensait pouvoir m’arracher de l’argent, il se trompait. Et la raison en soit est évidente… Je suis Ren Tao. Qui est-il pour espérer me faire cracher un tant soit peu d’argent sans que JE ne l’aie décidé ?
C’est alors qu’il fait entendre une remarque qui m’intrigue. Des informateurs sur Himitsu Shima ? Pensait-il me faire du chantage ? Ou me faire peur ? Allait-il laisser planner une menace concernant cette île ? Pire, laisser sous-entendre qu’il me mettrait des bâtons dans les roues dans ma lutte contre Konan ? Croit-il qu’un homme de plus à abattre serait un souci pour moi ? Mes sourcils se froncèrent tandis qu’il revint à l’assaut avec ses taxes. Autant le dire, mon humeur n’était pas la plus loquace qui soit. Mais chance pour lui, l’heure atténuait mon horrible humeur de l’instant.

« Déterminé à être cupide jusqu’au bout hein ? Jouons carte sur table… Je ne compte pas débourser un centime pour qui que ce soit autre que ma personne. Que crois tu faire en essayant de négocier ainsi ? T’ennuierais-tu assez pour oser tenter le diable ? »

Quelqu’un toqua à la porte et Ayabusa se présenta. Sans complexe, je vins alors à prononcer le nom de ce fameux jeune homme. Ayabusa étant ma banque de donnée attitré, ce dernier cherchait dans ses fiches pour voir si était ce jeune homme.

« Bref, jouons … Quelles sont tes idées ? Que me proposes tu ? »

Ayabusa feuilletait son carnet où il regroupe toutes les informations à savoir sur les gens de ce monde. Qu’ils soient civils, marines, hors-la-loi ou révolutionnaire ainsi que pirate. Un maximum d’information et au minimum la prime ainsi que la ou les raisons de cette dernière. Raki visiblement avait une petite prime débutant à être un semblant « intéressant ». C’est ce que signifie en tout cas le sifflement qu’il fit alors que l’homme au bout du fil discutait.
Pas intéressé par l’argent ? Je me retenais de simplement rire alors qu’il m’appelait suite à une histoire de taxe, mais passons… M’étirant quelque peu, je le laissais continuer, me demandant ce qu’il pourrait m’apporter. Il parla donc, proposant diverses choses. Bien qu’au final, il parlait plus pour lui… Il négociait sérieusement le manque de taxes ? Si au début je ne disais rien, je finis par rire de cela. Ainsi donc, il désirait protection et aide pour un coup contre l’exemption de taxes ? Voilà qui est amusant. Un marrant lui.

« Tu es sérieux ? »

Si je ne disais pas « petit », c’est sans doute car nous avions peut-être le même âge. Aussi égocentrique sois-je, l’âge n’est pas une chose sur laquelle je joue, puisque je suis assez jeune. Bref, cela ne m’empêche pas de prendre les rigolos pour des clowns et des gros poissons pour des proies quand il le faut. Malheureusement, ce Raki tentait visiblement de s’en prendre à plus gros que soit.

« On va mettre les choses au clair … Raki. Si je n’étais pas occupé à l’heure actuelle, qu’est-ce qui m’empêcherait de faire une descente ? Qui s’opposerait à moi ? Les petits criminels de Maisetsu ? Les personnes des fameux cartels ? Crois-tu simplement que contre moi ils aient un semblant de chance ? La vérité est la suivante Raki, si je le veux, je rase l’île quand bon me semble. Mais tu seras d’accord pour dire que ce n’est pas dans notre intérêt commun n’est-ce pas ? »

Qu’il ne perde pas de vue cette dure réalité : j’ai la main. Refusant d’être celui qui doit faire des choix, je vins alors à finir ma clope tandis qu’Ayabusa terminait de lire le rapport. Ce Raki n’était pas n’importe qui, mais … pas non plus une réelle menace selon lui. De ce fait, il me fit signe qu’on pouvait clairement se lâcher.

« Je vais donc mettre les choses au clair. Je ne verserais aucune taxe à qui que ce soit et pour la tranquillité de l’île… Tu n’en demanderas pas. Comme ça, tout le monde est content. Maintenant que le tableau est dressé… Venons en aux affaires. Tu veux donc parler business avec moi. Hmmm… Tu souhaites donc plus de sécurité pour ton île ? Mes hommes déployés sur ton île sont déjà un bel investissement. Il va de soi que toutes choses qui menacerait ce business serait une cible pour ces hommes. Se dissiper un peu plus, c’est prendre des risques… Je peux accéder à ta requête, mais avec cette conséquence. S’il arrive quoi que ce soit à un de mes business ici-bas, je m’occuperai personnellement de toi ? Compris ? »

Un sourire carnassier se dessina sur mes lèvres. Logique non ? En tant que « gérant » de l’ile, visiblement s’était lui le responsable, donc lui qui devra assumer toutes merdes possibles. Cette épée de Damoclès était d’ailleurs une possible opportunité pour les chefs de gang de se retrouver libre, en supposant qu’ils ne veuillent plus de Raki comme chef. Le jour où un chef voudra retrouver sa liberté, il n’aurait qu’à foutre la merde pour que Raki gagne de sacrés ennuis. Ou du moins en théorie… Car c’est sans compter un possible « après » Raki. Continuant de parler, cette fois-ci il se montra plus raisonnable, plus à sa place.

« La guilde marchande ? Rien à foutre… J’ai d’autres chats à fouetter. En revanche, il y a un possible compromis à trouver… »

Là aussi, mon sourire vit le jour. Activant mon den-den mushi blanc, nous pouvions désormais parler librement.

« Tu parles d’espions à Himitsu Shima. Quel genre d’espion ? Des employés qui font double jeu ? Ou simplement des oreilles parmi leurs murs ? Dans tous les cas, tu n’es pas censé ignorer que c’est le grand amour entre lui et moi. Et prochainement… Jours… Mois… Ou année… Sa tête tombera grâce à ma main. De ce fait, voilà une chose qui peut m’intéresser. En l’échanges d’informations, je me montrerai sans doute enclin à t’aider dans tes affaires, voir protéger nos affaires communes. Qu’en dis-tu ? »

La discussion se poursuivant, je venais de poser mes conditions et me faire clair. S’il espérait faire de l’humour, il tombait très mal. Moi rabat-joie ? Sans doute… Mais j’avais clairement d’autre choses à faire en ce moment même. Ainsi, il montra savoir que je suis du genre à aimer les feux d’artifices, ce qui me fit presque sourire. Presque… Réaliserait-il enfin les emmerdes qui lui pendent au nez s’il pousse un peu trop la chanson ? Je l’espérais en tout cas. Mais s’il y a bien une chose que je sais, c’est qu’il n’en faut pas laisser les ennuis grossir de trop. Konan a fait cette erreur avec moi, mais je ne ferais point celle-ci. Bref, le laissant reprendre, il me fit part de paroles plus censées à mes yeux et là, je me détendis quelque peu.

« Cela tombe bien c’est mon objectif… Et de toutes ses possessions, l’esclavagisme est de loin la chose qui m’intéresse le moins. Un bon point non ? »

Question rhétorique, je repris la parole sans tarder.

« Tout. Tout ce qui peut être utile et surtout si des choses peuvent y entrer, nous risquons de bien nous entendre. En revanche, il faudra te débrouiller pour que tes hommes échappent au pire le jour où je rendrais visite à ce dernier….Je voudrais donc si c’est dans tes cordes… Des plans de l’endroit, le système de sécurité, à voir si tu ne va pas gagner une mission pour le saboter. Ainsi que d’autres informations comme ses effectifs, ses manières… bref, la totale. »

S’il pouvait me montrer patte blanche, il avait là l’opportunité absolue pour gagner un allié de poids.

« Je suis du genre à protéger mes compagnons et remercier généreusement mes partenaires… Alors qui sait en effet. En m’obtenant ces informations qui me faciliteraient grandement la tâche, je suis sûr que la guilde marchande serait surpris de voir que tu fais dans l’’artifice… »

Sur les mots de cet homme, je vins à raccrocher et souffler la fin de ma clope. Faisant le point dans ma tête, je me tournais alors vers Ayabusa pour évaluer les risques et avantage de ce genre de situation. Cet homme était un outsider totalement sortit de nulle part. Ses exploits n’étaient pas aussi éclatants que les nôtres mais là n’était pas la question. La question était de savoir quelle utilité il pourrait avoir pour nous et déterminer si oui ou non il serait juste de s’allier. Ou alors… Juste l’utiliser. Comme pour tout et tout le monde, il faudrait prendre des mesures et contre-mesure. S’il pouvait nous faciliter la tâche sur l’île de Konan, il pouvait aussi nous rendre la vie dure. Et si l’idée de le traquer pour l’éliminer ne me déplaisait guère, ce serait un énième adversaire à éliminer et il faut dire ce qui en est : la liste est déjà assez grande comme ça !

Pour le moment donc, nous marcheront dans le bon sens. Après tout, en toute logique les taxes seraient à Zéro sur cette île. Il faudrait trouver un moyen de calmer ses ardeurs bien qu’il semble déjà tout trouvé. Mais si on pouvait éviter d’en arriver là, autant le faire non ? Rasez une énième île serait pénible… Terminant de me briefer avec Ayabusa, ce dernier enchaîna sur diverses pensées et avis sur certaines choses. En effet, celui-ci commençait à penser à l’après-guerre. Après Konan ? Que se passera-t-il ? Non pas qu’il doutait de moi, mais il remettait en question certaines choses comme la politique à adopter. Un régime de terreur ferait sans doute fuir plus de gens qu’ils ne les rassembleraient.

Si autrefois je m’en serais foutu, cet homme – dernier membre fondateur des S.G avec moi – était devenu un conseiller et ami à la longue. Je vins donc à me faire assez vague, remettant à plus tard cette pensée. Faudrait-il changer notre approche ? Ou … mon style d’approche ? La question se posera sérieusement plus tard. Chaque chose en son temps.