Un rêve devenu réalité.

Quelle île agréable. Ça faisait des semaines que j'étais ici maintenant, ayant décidé de stopper mes traques de criminels pour m'entraîner dans un art que je ne maîtrisais pas vraiment, l'art de l'Ittoryu. Enfin, je savais utiliser un sabre, mais ici, sur cette terre de Samouraï, je n'étais qu'un débutant qui ne connaissait rien.

Impétueux comme je l'étais, j'avais passé la première journée à chercher la confrontation dans les différents Dojos, mais ce n'était pas la façon de faire ici. J'avais fait chou blanc et je rentrais à la taverne, un peu déçu de n'avoir trouvé aucun adversaire à affronter. J'allais entrer dans ce lieu lorsque je me fis interpeler.


—Alors, tu veux te battre gamin ?

Venant d'un gars qui devait avoir mon âge, je le pris à la rigolade. Ils m'avaient tous refusé un combat dans leurs dojos respectifs, alors pourquoi venait il maintenant ? Son air supérieur me fit tout de suite comprendre qu'il ne semblait pas me prendre au sérieux, ce que je pensais être une bonne chose. Main sur le fourreau, je le regardais avec un sourire provocateur.

—Je pensais que personne n'oserait l'affronter, vu comme vous avez tous fermé vos gueules quand je suis venu ! Norohrohroh !

— Les préceptes des dojos sont simples, pas d'effusion de sang à l'intérieur. Mais j'ai vu ton regard me défiant tout à l'heure, et j'avoue que je me sens obligé de te remettre à ta place. Ça va aller très vite.

Je n'eus même pas le temps de dégainer mon sabre que mon adversaire fondait déjà sur moi, sabre en main et prêt à frapper. Je pouvais voir dans son regard qu'il était déterminé à me donner une leçon mais ce ne serait pas si facile. Un coup latéral, de ma droite vers la gauche, au niveau de mon cou. Il ne rigolait pas, un tel coup n'était pas fait pour juste blesser, mais pour tuer. Je lâchais mon fourreau tout en pliant rapidement les genoux. Je n'avais pas le temps de sortir mon sabre et bloquer, donc je devais esquiver. Le coup de mon adversaire étant déjà parti, une petite mèche de mes cheveux tranchée nette, j'aurais pu utiliser mon pouvoir pour l'immobiliser facilement. Mais j'étais sur une île de sabreur autant jouer le jeu à fond. Et puis, si je pouvais encore un peu garder le secret sur mon fruit, c'était un plus non négligeable. Et surtout, il fallait que je progresse au sabre et que j'arrête de ne compter que sur mon pouvoir. C'est pourquoi je remettais ma main sur ma garde pour contre-attaquer. Mais lui n'était pas en reste non plus, en me voyant me baisser, il stoppa du mieux qu'il pût son attaque pour tenter d'attaquer de nouveau.

Nos sabres s'entrechoquérent tandis que j'avais tenté de trancher au niveau du genou. Avec un centre de gravité aussi bas, je pouvais esquiver grâce aux acrobaties que je connaissais. Une roulade sur la droite, une sur la gauche, je le rendais fou tandis qu'il se fatiguait en tentant de me toucher. Ce manège dura quelques instants, jusqu'à ce que je décide de remonter en prenant appui grâce à mes mains que j'avais placé derrière ma tête quand je me retrouvais à l'envers sur le sol. Je faisais une roulade arrière pour esquiver un dernier coup, et j'arrivais à placer un coup de sabre au niveau du ventre de mon adversaire. Sa blessure n'était pas profonde, une goutte de sang perlant sur son abdomen. J'étais sur une bonne lancée, l'autre dû le sentir puisqu'il interrompit le combat.

— Ok, t'es pas juste un petit prétentieux qu'on peut corriger facilement. T'es plus fort en acrobaties qu'au sabre, mais je pense que mon maître pourrait t'apprendre à te canaliser. Moi c'est Gio, et toi t'es qui ?

—Norohrohroh ! J'ai juste commencé à m'amuser, mais merci. Je m'appelle Jin Morioka, je deviendrais le plus grand Chasseur de Primes du monde !

S'ensuivirent plusieurs rires, des tapes dans le dos viriles pour se prouver qu'on se respectait mutuellement, et j'eus le droit de devenir l'élève du maître du dojo du Singe.

Cela faisait donc un mois environ que je passais mes journée entière dans le dojo, arrivant le premier et partant le dernier, souvent bien après tout le monde. Mon Maître m'avait même autorisé à claquer la porte en partant, tellement je restais longtemps après que la nuit tombe. J'avais désormais une tenue du Dojo et j'étais devenu un disciple à part entière. Mais ce matin là, l'arrivée d'un navire bouleversa totalement ma journée. Ou plutôt, c'est l'arrivée de cet homme, bien différent des marchands qui avaient l'habitude d'accoster sur cette île. Il semblait fort, bien plus que la plupart des personnes que j'avais croisé ces derniers temps. Mais ce n'était peut-être qu'une impression. Pourtant, je n'arrivais pas à décrocher mon regard de ce type. Ça faisait un mois que ça n'était pas arrivé. Oui, j'avais une folle envie d'affronter ce mec qui venait de débarquer sur l'île, d'autant plus que je remarquais qu'il portait un sabre à la ceinture. Il avait l'air mieux que celui que je me trimballais depuis un petit bout de temps maintenant. Bien mieux.

— Hoï étranger ! Tu fais quoi ici ?

En parlant, je m'approchais de lui en posant ma main droite sur la garde de mon sabre, rangé dans mon dos. Mon regard se voulait provocateur, je sentais que cet étranger n'était pas là pour le tourisme ou le commerce. Le fait de ne pas pouvoir me battre dans le dojo m'avait peut-être bien aidé à être plus vindicatif. Mais s'il avait du répondant, je n'hésiterai pas à lui apprendre la vie. Et puis, ça me permettrait de tester les nouvelles techniques que j'avais appris pendant ce mois.

Un rêve devenu réalité !

La main droite dans le dos, laissant pointer mon coude vers les cieux, je saisissais la garde de mon sabre, comme si j'avais anticipé ce qu'il allait se produire. En un mois sur cette île, j'avais pu croiser quelques gars qui voulaient en découdre, mais je n'avais jamais interpellé quelqu'un directement. C'est vrai que mon intégration sur l'île avait été parfaite, mais je n'avais, jusqu'à présent, pas ressenti le besoin d'être agressif face à un étranger. C'était presque un comble quand je repensais à la façon dont j'avais été reçu. Mais aujourd'hui, j'étais seul et j'avais ressenti une envie irrépressible de l'affronter. Peut-être était-ce son sabre à la hanche qui produisait cet effet ? Toujours est il que ce jeune homme semblait enclin à un bon combat. Et ça, c'était une bonne chose.

Lorsqu'il commença à me scruter, je compris que c'était bon, que j'aurais droit à mon combat. Je l'observais en retour quelques secondes, on aurait dit que le temps s'était arrêté à ce moment-là.

—Je suis Marvin D. Ox et j’ai suivi l’enseignement du grand Shimura le renard.  

Son nom ne me disait rien du tout, et celui de son soit-disant maître non plus. Peut-être une célébrité dans la région ? À vrai dire, ce n'était pas important, puisqu'avant que je ne puisse rétorquer une réplique bien sentie, je remarquais qu'il avait tracé un arc de cercle sur le sol. Il était déterminé, ça c'est évident, et sa phrase suivante me fit comprendre qu'il avait autant envie que moi de se battre. Ça, et le fait qu'après avoir mal parlé de mes cheveux, il s'élança dans ma direction, à toute vitesse. Mais pas comme la plupart des sabreurs d'ici, qui gardaient une posture qu'on peut qualifier de noble, avec le dos bien droit, non, lui, il avait décidé de baisser son centre de gravité au maximum, afin de gagner en vitesse. Je dois bien reconnaître que c'était malin. Mais la distance qui nous séparait me permit d'anticiper son attaque. Enfin, pas vraiment l'anticiper, sinon je l'aurais esquivée pour mieux contre-attaquer. Mais comme j'avais déjà la main sur la garde de mon sabre avant son attaque, je dégainais rapidement mon arme et dans un geste rapide, je l'abattis devant moi. Les deux sabres s'entrechoquérent, provoquant un son bien distinct. J'en profitais pour faire l'intéressant, comme bien souvent.

—T'es pas mauvais, mais j'espère que tu as autre chose ! Norohrohroh !

Comme nous étions dans une lutte de force, je souriais avant de bondir en arrière. Si j'en avais ressenti le besoin, j'aurais utilisé le Noro pour me débarrasser de lui rapidement, mais quelque chose me disais que cet individu valait le coup de me battre un peu plus. Je reprenais mes appuis sur le sol pour mieux lui faire penser que j'allais m'élancer contre lui. Mais en réalité, je comptais garder un peu de distance tout en testant une technique que j'avais appris récemment. Je donnais un coup puissant en diagonale, du haut vers le bas, ce qui produisait une lame d'air qui partit rapidement dans sa direction. Du peu que j'en avais vu, il devrait l'esquiver facilement. C'est pourquoi je me tenais prêt pour une éventuelle riposte.

Résumé: