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Du monde

Pour Saba

Ils étaient donc paumés. Le soleil comme point de repère ? Ce constat ne fit pas sourire l’homme-bouc qui se contenta de hausser un sourcil avant de regarder le reste du petit groupe. Ils étaient fatigués de toute les manières, il n’y avait que lui qui semblait encore frais comme la rosée du matin. Observant pendant quelques instants la mangouste en face d’eux, il finit par dire d’une voix las :

- Très bien, nous faisons halte pour la nuit.

Il organiserait des tours de garde avant de se coucher, et se désaltérerait grâce aux glaçons proposés par Air Huline, leurs gourdes ayant atteint un bas niveau de remplissage. Il partagerait aussi avec tous les rations qu’ils avaient à manger. Jean-Gab viendrait se lover dans un trou tandis que lui-même se contenterait de regarder les étoiles. Des journées chaudes, des nuits glaciales. La différence de température se ferait sûrement sentir, mais ce n’était pas grave. Par rapport à Impel Down, c’était une promenade de santé.

La description de Chahla donna froid dans le dos à Eileen. Les personnes désintéressées ça cachait toujours quelque chose : un passé pas joli-joli, ou un besoin obsessionnel de reconnaissance. Les gens qui ne pensaient qu’aux autres, c’était un foutu idéal de bande-dessinée. Même Karim faisait ça parce qu’il ne supportait pas quelque chose, pas parce qu’il voulait aider les autres. C’était ça qui l’empêchait d’être un de ces « héros ».

Laissant la fin du chemin se dérouler en silence une fois ses questions répondues, elle serait surprise par le mécanisme qui se trouvait dans l’étendue désertique. Ses yeux se porteraient sur Vergono qu’elle suivrait, alors que Sacha finirait par se dévoiler comme si de rien n’était. Descendant, les trois femmes continueraient à observer attentivement ce qui se trouvait autour d’elles. Alors bientôt se dévoilerait une silhouette attablée autour d’une douzaine hommes animaux. Pourtant, c’était le seul à attirer le regard.

Les plats sur la table semblaient définitivement appétissants, mais chacun des membres du groupe avaient suffisamment mangé pour ne pas y toucher. Enfin, Aichounne se laissa quand même tenter par des plats à base d’harissa qui lui sifflèrent le gosier. En général, les épices servaient à cacher quelque chose : la médiocrité de la viande par exemple. En tout cas, elle allait sûrement occuper les toilettes toute la journée suivante. Elle n’avait jamais supporté ces mets, raison de plus pour ne pas rester dans un endroit où c’était la spécialité.

- Merci pour tout ça. Vous disiez Sur demain ? Répèterait Eileen en croisant les bras après avoir désigné le repas de la main. Vous avez donc retrouvé Karim. J’imagine qu’il fait encore des siennes, cet abruti. C’est quoi le plan ?
- Vous voulez faire quoi une fois que le Cheb sera tombé ? Demanda Sacha d’un air inquiet. Les révolutions ne sont bonnes qu’en asseyant un régime différent derrière. Si vous comptez faire la même chose que vos prédécesseurs…
- Est-ce que vous allez libérer les esclaves ? Finirait Aichounne, inquiète.

A chaque réponse, une petite question supplémentaire. Finalement, les questions se tairaient naturellement. Elles étaient intéressées uniquement par trois choses, et celles-ci avaient été évoquées : le plan, l’avenir de Saba et la libération des esclaves. Si Karim n’arrivait pas à le conscientiser, ses camarades d’équipages en étaient en revanche pleinement capable. Enfin sauf Jean-Gab, il était aussi stupide que son modèle.

Spoiler:

Chahla Kurotsune ; Vergono

Base révolutionnaire, désert de Saba

Des questions, le renard avaient prévu d’en recevoir. Les sujets semblaient pour autant se mélanger, dans les crânes de ses convives. Il se permit un silence, au début, se servant lui-même semoule, légumes et viande. Hors de question de manquer son repas, encore moins celui-ci : à l’orée d’un évènement qu’il avait attendu depuis un moment. Ses yeux s’étaient fixés sur Aïchounne, suite à son interrogation quant aux esclaves. Le révolutionnaire sourit lorsqu’il la vit se délecter de quelques mets qui avaient été mis à disposition, comme l’ensemble de ses hommes par ailleurs. En voilà une qui n’avait pas laissé son bon vivre au placard.

-Demain le Cheb va faire une prise de parole en s’exposant, lui et ses hommes. Il souhaite annoncer la date de début de la première exposition universelle de Saba. C’est… quelque-chose d’important. Surtout pour attirer les touristes et renflouer ses caisses.

Le canidé roula des yeux sur Eileen, Sasha puis Vergono avant de prolonger.

-On va en profiter pour s’occuper de son cas, surtout celui de Big son garde du corps et bras droit. Vint alors le sujet épineux de l’après. Qu’avaient-ils tous à ce sujet, hein ? Je vous parlerais du projet pour le régime lorsque, déjà, nous aurons sécurisé la situation des nôtres.

A dire vrai, pourquoi aurait-il dû répondre à cette question ? Ces personnes ne vivaient pas ici, s’impliquaient uniquement car, de ce que Chahla comprenait, leur capitaine s’entêtait à filer un coup de patte pour bouter le Cheb.

-Je souhaite sécuriser nos ressources, avant de faire de la politique.

Il pensait à l’énergumène que Big avait recruté récemment. Un type dont la capacité lui permettait de mettre en danger l’ensemble des citoyens selon l’usage qu’il en faisait. Avait été dit à Chahla que l’un de leurs meilleurs hommes était sur le coup, il espérait que ce dernier était déjà en train de s’occuper de ce problème. Vu l’heure et s’il n’avait pas encore fait des siennes, ça devait être le cas.

-Mais si on doit jouer ce jeu-là maintenant…

Un rictus saisit la mine de Chahla lorsque, de son œil perfide, il observa le premier tremblement de Vergono. Sa fourchette vrillait, au rythme de sa main. Bientôt, l’incompréhension éprit l’homme-chat qui peina à muer ses lèvres.

-Voyez-lui. L’une de ses griffes pointa celui dont les muscles ne répondaient plus. Il raconte tout ce qu’on dit à Big contre promesses et berrys.

Vergono s’échoua à la renverse, son verre de lait le suivant.

-La confiance s’obtient difficilement ici, puisque la précarité impacte la loyauté. Rares sont ceux qui priorisent le plus grand nombre. Nous vous raccompagnerons en ville à l’aube, mais je ne vous en dirai pas plus. Karim devrait être présent, celui en qui je fais le plus confiance l’a rencontré et rencardé. Votre ami souhaite passer à tabac le Cheb, espérant que ça suffise. Nous nous chargerons du reste et le soutiendrons, sinon l’inverse. Encore faut-il pouvoir croire en lui.

Deux hommes-fouines allèrent vers le trio pour récupérer le corps ankylosé de l’espion du Cheb. Celui-ci allait vraisemblablement passer un sale quart d’heure. Si Aïchounne avait mangé une datte, on lui aurait proposé un verre d’un jus verdâtre avant qu’elle ne se retrouve figée contre son gré.

- Qu’il soit présent et agisse de la sorte est important pour nous, notamment car sa famille est impliquée dans le trafic des nôtres. Le renard détailla la merguez qui lui faisait face, un poil trop grillée. Quelles sont ses véritables intentions ? Je ne m’y avancerai pas jusqu’à le voir à l’œuvre.

Sur ces mots et si les camarades de l’Ookami n’avaient pas plus de besoins, Chahla finirait le repas d’un raclement de chaise. Les trois invités auraient été conduits dans une piaule où des futons avaient été mis à disposition. Le matin même, une escouade les aurait réveillé aux premières lueurs du soleil. Il s’agissait de partir, et ce, dans la bonne direction.

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Issa Gomae ; Zouhour ; Juan Di Binto

Quelque-part, en souterrain.

Malheureusement pour l’individu à la crinière tressée, il était visiblement arrivé trop tard et n’était tombé que sur Juan Di Binto. Il s’agissait d’un ingénieur naval, était rapporté que ce dernier fournissait le Cheb et ses partenaires en navire et autres constructions en tout genre. Ce dans le but de renforcer sa position de pouvoir. Il avait été aisé pour Zouhour de capturer ce type après l’avoir trouvé, c’en était presque effrayant : le petit koala était décidemment toujours le gars le plus au fait, ici. Qu’importait, désormais, puisque cet humain de pacotille était un bon cracheur d’information. La torture, ça aidait.

-Bon… bah désolé mon gars. Tu m’es plus trop utile, là…
-T’es sûr Zouhour ? Meshmesh va pas être content, on a besoin de lui pour les sillos.
-Rien à cirer, tu travailles pour l’ennemi une fois, tu travailles pour l’ennemi toujours.

D’un bruit saisissant le squelette d’Issa, le kanabo de son ami fracassa celui de l’humain.

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Aire Huline

Désert de Saba

-Bon, cette fois c’est la bonne.

Aire s’était levé au premier rayon, il semblait déterminé ce matin. Après tout, le Huline avait commis une faute hier en s’étant laissé distraire par Shalon et ses questions. Il espérait toutefois que le potentiel renfort que ce guss représentait aurait pu modérer le contretemps qu’il représentait. Si c’était le cas, alors peut-être qu’il y aurait eu moyen de défaire l’une des plus grandes menaces de cette île.

Le buveur d’eau.

-Aller, on y va. Direction le tombeau.

Des glaçons furent lancés à chacun de ses nouveaux camarades, la route devait être courte vu leur position relative au soleil.

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Umeshu

Cité de Saba, centre-ville

Il était tôt, très tôt. Sur Saba, les nuits les plus longues duraient six heures. Umeshu était déjà posté sur le toit d’une vieille enseigne. Si les hommes-bêtes étaient habitué à se lever tôt, les expatriés et touristes avaient la tare de la grasse matinée. Les rues étaient donc plutôt désertes, elles auraient commencé à se noircir que plus tard. Depuis son point en hauteur et en observant sous un certain angle, le violet pouvait épier les pauvres sbires du Cheb s’affairer à l’installation d’une géante estrade en haut de l’avenue principale de la cité. Celle qui recoupait l’ensemble des premiers cercles depuis le palais. Tout autour, des barrières avaient été disposées, et, à leurs pieds, les humidificateurs avaient été déployé. Après tout il y en allait avoir du monde, la chaleur allait être infernale.

Le koala espérait que ce n’était pas la journée qui le serait devenue.

A cette pensée, il tira hors de son costard son escargophone puis composa un numéro. Il ferait ainsi sonner celui que le révolutionnaire avait filé à Karim, la veille. Dormait-il toujours ou tramait-il déjà quelque-chose dans son coin ?

Il ne leur restait que quelques heures avant le début de la cérémonie.

-H-3, Karim. Il faudra attendre que les chars remontent l’avenue et qu’on soit sûr que le Cheb y soit pour se lancer. Aurait-il transmis, sans sentir le besoin de préciser qu’il s’agissait de lui.

Autrement il aurait retenté sa chance, heure par heure. Espérant que l’Ookami ne fasse pas une connerie entre temps.

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Du monde

Pour Saba

Si le groupe d’Eileen suivait à présent avec méfiance ceux qui refusaient de répondre aux questions les plus élémentaires, celui de Shalon avançait avec toute la confiance qu’ils pouvaient avoir en leur fournisseur de glaçons. Les regards portés sur l’homme-mangouste ne transpiraient pas l’admiration, sauf peut-être de la part de Jean-Gab qui admirait très certainement tout ce qui pouvait passer dans son champ de vision. Les frères Friers s’étaient quant à eux intéressés un peu plus à l’environnement autour d’eux pour se repérer au cas où ils devraient fuir, mais finalement ils se disaient qu’ils feraient bien de reprendre la mer le plus tôt possible.

Laissant un soupir las s’échapper devant les quelques pas qui le séparait du tombeau, Shalon regarderait Jean-Gab qui avait commencé lui aussi à s’impatienter. Finalement la mer leur convenait mieux que le désert. Fallait-il rebrousser chemin ? Non, s’ils pouvaient aider la population locale et peut-être cet homme-mangouste, Karim leur dirait sûrement qu’ils avaient fait le bon choix. Peut-être que suivre les idéaux de l’Ookami n’était pas toujours la chose la plus intelligente à faire mais… Pourquoi pas, pour une fois ?

La structure était immense. Un peu moins de cinquante mètres de hauteur, des murs en pierre de sable soutenus par des arches en bois, le tout posé au milieu de la plaine désertique : un tombeau ou plutôt une prison. Shalon regardait avec intérêt l’architecture, mais il fut interpellé par la nécessité d’une telle structure à ciel ouvert.

- Un stade, commenterait-il en ayant déjà vu une structure de ce genre sur le Nouveau Monde. Pourquoi a-t-on construit un stade au milieu du désert ?

Il se tournerait vers Air Huline :

- Quand on entrera, on est censé y faire quoi exactement ?

Une fois cette interrogation résolue, ils pourraient pénétrer dans les lieux.

L’homme-loup s’était réveillé aux aurores. Son regard fatigué s’était tourné dans son lit pour trouver l’emplacement vide que Finn avait occupé quelques fois. Chaque matin il pensait à son ami qu’il avait perdu, et chaque matin son humeur ne savait s’améliorer. Heureusement, ce jour promettait de lui changer les idées. Il marcha sur quelques épines et lâcha quelques insultes bien choisies. J’Örkad, qui n’avait pas dormi de la nuit, passionné par un livre sur les techniques de constructions navales, s’était relevé dans le couloir en détournant les yeux et en sifflotant :

- C’est toi, hein ?
- Je ne suis pas un homme-sapin, se défendit-il.

Quel menteur. Pourtant, pour une fois, Karim ne le poursuivrait pas dans l’ensemble du navire. Il avait décidé de concentrer ses pensées ailleurs. Allant voir Andy, il la réveilla en la poussant de son hamac. Celle-ci ronchonna face à tant de violence dès le petit matin, mais se ravisa devant l’air sérieux de son capitaine :

- Prépare le navire, juste au cas où.

Elle déglutit et acquiesça. Le Vieux finit par s’approcher à son tour, se curant les oreilles. Quelque chose le dérangeait avec la journée qui allait avoir lieu. Il tendit un parfum à Karim qui fronça les sourcils :

- Tu penses que c’est le jour pour…
- Prends juste ça, au cas où.

L’homme-loup haussa un sourcil, mais le déposa sur une table. Il n’avait jamais porté de parfum, c’était désagréable à l’odeur. Partant vers la ville, il déciderait d’observer les alentours. Il voulait visualiser les lieux où allait avoir lieu l’action de la journée. Il détestait l’idée de se faire prendre au dépourvu, surtout quand le doute persistait, après une bonne nuit de repos, sur l’objectif qu’il souhaitait atteindre. Insidieusement, Umeshu avait réussi, avec la femme-faucon, à le faire se demander si son objectif était juste. Est-ce qu’il devait reculer ? Décrochant finalement son escargophone, il dit sur un ton presque ensommeillé :

- Les chars… D’accord, pas de soucis.

Ses alliés n’étaient pas revenus au navire. S’il fallait dégager vite… Ah, si Finn avait été là, il aurait sûrement su quoi faire. Ainsi, il ne prendrait pas de risque mais se cacherait dans la foule avec sa capuche de sorte à ne pas être visible, ou dans un bâtiment s’il se faisait repérer trop tôt.

Spoiler:

En plein milieu du désert, le groupe d'Eileen continuait son avancée guidée par une petite escouade d'hommes-bêtes. Ceux-là avaient été missionnés au réveil des étrangères pour les conduire à bon port. Puisqu'Eileen posait beaucoup de questions, le chef de l'escouade s'arrêta un temps avant de lui tendre un papier.

-Tenez... Fit-il, timidement. Le chef voulait vous le passer en main propre, mais il a dû partir plus tôt que prévu.

La femme-démon pourrait y voir un numéro inscrit.

-C'est le numéro du Den Den Mushi qu'Umeshu a remis à votre ami.

Sur ces mots il reprit sa route en plein milieu du désert. Combien de temps encore ? Il se le demandait.

Aire Huline

-Pour y faire des jeux, devant un public.

Si Shalon avait besoin de plus de précisions, le bicolore aurait étoffé sa réponse : bientôt allait avoir lieu la première édition de l’exposition universelle de Saba. Si son objectif premier était d’appâter encore plus de touristes et faire tourner l’économie de l’île, il s’agissait également d’offrir un beau spectacle. Aussi et comme avait pour habitude le Cheb premier du nom, son successeur voulut voir plus grand à destination d’un public ciblé, moins local. Des jeux allaient avoir lieu, donc, différents sports y seraient pratiqués, notamment par des hommes-bêtes à sa botte. Certaines rumeurs mentionnaient également des combats d’exhibitions, opposant esclaves locaux à des touristes ayant l’envie d’en découdre.

Des choses dégoutantes donc. Elles l’étaient encore plus lorsque l’on considérait l’impact qu’avait la construction dudit stade. Avec des quantités d’eau limitées et en plein désert, il était éreintant de travailler de la sorte. Notamment lorsque les heures s’enchaînaient sans décompte et que les dead-lines étaient serrées.

-Depuis plusieurs morts, ils ont enfin décidé d’être « raisonnables » et ne faire avancer les travaux que de nuit.

Si l’homme-mangouste semblait dégoûté par ce constat, la situation présente l’arrangeait. En journée, il y avait moins de monde. Il s’attendait donc à trouver des ouvriers en train de dormir, quelques superviseurs fatigués de leur nuit, et éventuellement sa cible.

-Mais notre objectif est tout autre ! Sa seconde griffe s’éleva fièrement.  Le circuit d’eau de Saba est ouvert sur l’océan. Il est pompé est conduit dans des silos après filtration. Le truc c’est que le circuit est récent et reste court. Il suffit que l’un des conduits majeurs soit pollué pour qu’on perdre toute eau potable avant un moment.

Le stade avait été rattaché au dit circuit, notamment pour alimenter les humidificateurs constellant les gradins. Aussi, un silo devait certainement se trouver dans le coin. Selon la logique d’Aire, celui-ci se trouverait certainement en souterrain : pour que l’eau n’ait aucun risque de s’évaporer, à trop chauffer. C’était des choses qui arrivaient.

-Le Cheb n’est pas bête, même s’il a la tête de l’emploi. Un type a ce pouvoir, celui de nous prendre notre précieuse eau.

C’était donc lui, sa cible principale : « Le buveur d’eau ».

-Mon but c’est de le bagarrer. Trouver le silo et identifier les principaux conduits en partant de ceux du stade, comme ça on pourra plus tard abreuver les bidonvilles en les déroutant. C’est ça, le plan de Chahla !

Ses coins de lèvres s’élevèrent en même temps que ses pattes. Il était fier de lui, cette mission allait être une réussite. Aire en était certain. Il allait réussir à aider le peuple d’une façon plus viable que sa production limitée de glace. Son entrain fut cependant tempéré par un bouquetin qui se préféra pragmatique. Un plan, hein ?

-On rentre et on voit. Vous m’suivez ?

Si c’était le cas, ils pourraient tous entrer dans le stade. Les moyens ne manquaient pas au milieu de tous ses échafaudages et nombreuses échelles. Peut-être auraient-ils aussi pu passer par l’un des nombreux points d’entrée, certains étaient finalisés, accessibles par de beaux escaliers, d’autres semblaient encore en construction.

___

Le premier coup de tambour annonça le début de la fanfare. Les énormes portes des jardins du palais s’ouvrirent, leurs grincements couverts par les clairons et trompettes. Une mélodie jouée en l’honneur de ce jour, une mélodie composée par le Cheb lui-même. Il avait souhaité que ce jour soit parfait, y donnant une teinte conquérante plutôt que festive. C’était son grand jour.

-C’est l’heure Big.
-Je suis prêt.

Les premiers chars passèrent les portes pour prendre l’avenue principale, celle qui coupait les cercles. L’estrade les attendait et l’avenue s’était noircie de monde : des expatriés, touristes et commerçants locaux. Dans les cercles plus lointains, des hommes-bêtes des bidonvilles essayaient de se hisser un passage. Voir de leurs propres yeux le visage de leur malfaiteur.

Les vaisseaux étaient tirés par d’imposants chameaux, ils étaient tout de bois faits. Peinturés et décorés aux couleurs orientales, parfois virant sur l’exotisme de certains fruits de Grand Line. Des constructions décoratives les ornaient, le premier portait la tête du Cheb fait en ce qui pouvait sembler être du bois mélangé à du papier-mâché. Aux côtés de ces constructions pouvaient être vues des danseuses, toute en plumes, leurs oreilles et museaux trahissaient leur appartenance à leurs races. Des escargophones photographiques figèrent de leurs éclats ces images.

Issa Gomae ; Zouhour

-Tu penses qu’il est dans lequel ?
-On a juste à attendre qu’il sorte.
-C’est trop tentant…

Zouhour et Issa ne souhaitaient pas se lancer tout de suite. Ils observaient de leurs lunettes télescopiques chaque char sortant, certains visages étaient reconnaissables lorsque les navettes portaient des sièges. Des amis et partenaires du Cheb, en majorité. Mais, pour l’heure, les deux révolutionnaires ne voyaient pas leur cible.

Umeshu

Pulupulupulu

-Karim ? On attend le début de son discours.

Umeshu avait encore une fois joint l’Ookami, après un début de matinée d’attente. Leur opportunité allait bientôt s’ouvrir, mais il fallait se faire patient. Ne pas tomber dans le panneau.

-N’agit pas avant et reste à couvert.

Sur ces mots, le koala essuya son index sur sa veste. Puis, d’un vif-pas, il aurait quitté sa place haute pour s’élancer dans les ombres des ruelles. Laissant seul sur le toit le mercenaire qui était venu pour lui prendre sa tête.

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Du monde

Pour Saba

Eileen observa le bout de papier un instant, et composa le numéro après quelques instants d’hésitation. D’une voix un peu fatiguée, la personne au bout du fil répondit :

- Y’a quoi ?
- Karim, c’est Eileen. On a contacté les révolutionnaires. Tu es où ?
- Euh… Dans Saba.

« Dans la ville » donc. La maudite regarda le chef de l’escouade. Elle ne pouvait pas parler librement, mais au moins elle savait que leur capitaine était en vie. C’était déjà ça de gagner. Il n’y avait plus qu’à s’avancer. Est-ce qu’ils étaient au moins dans la bonne direction ? Elle n’arrivait pas à faire confiance à ces hommes. Peut-être qu’ils auraient dû prendre le pouvoir eux-mêmes, mais pour le redistribuer à qui derrière ? Karim était sûrement en train de se demander si ce qu’il faisait était juste. Sinon, il aurait déjà ramené sa gueule en bon fanfaron qu’il était.

- Tu vas t’en sortir ?
- J’vais m’en tirer. Rejoignez-moi au bateau.
- Pourquoi ?
- Au cas où.

Il était prudent, depuis quand ? Sacha ronchonna à cette demande, et se tourna en direction des deux autres. La médecin n’était de toute évidence pas d’accord avec cela, et Aichounne réfléchissait clairement à comment retrouver Karim.

- Oh, la parade va commencer. Bon, j’vous laisse.

Il raccrocha l’escargophone. Les trois femmes s’échangèrent un regard :

- Il y a moyen d’avancer plus vite ? Firent-elles en cœur.

Karim observait le premier char sortir. Il se demandait si le Cheb était dedans. Il n’avait pas vraiment l’habitude d’obéir aux ordres alors dans sa tête il fallait qu’il casse chacun de ces véhicules de parade pour trouver sa « cible » prioritaire. Il se demandait comment les vrais espions faisaient pour attendre aussi longtemps, et ça ne faisait que cinq minutes. S’il restait trop au même endroit, il allait s’endormir. Ah bah tiens, peut-être qu’il pouvait aller à l’endroit où le gars allait faire son discours. L’estrade…

Jouant des coudes, il se fraya un chemin vers celle-ci. Quand il verrait le gars, il pourrait lui sauter dessus. Pour faire quoi ? Prendre sa tête ? Non, c’était pas dans les plans. Il savait que c’était un esclavagiste mais… Ses yeux se tournèrent vers les hommes-bêtes des bidonvilles. Les humains auxquels ils étaient vendus… L’homme-loup se figea soudain. Il ressemblait à quoi déjà, le Cheb ?

Le détail du plan était tout de même assez étonnant. Shalon comprenait parfaitement de quoi il en retournait, et Castel pensait déjà à la façon de détourner les tuyaux pour les amener à devenir des conduits pour les bidonvilles. C’était plus que possible, même largement… Mais ça demandait un peu de main d’œuvre, et ça ils en manquaient.

- On entre… Et on voit, grognerait Shalon.

L’homme-bouc observerait la structure. Ils devaient trouver un accès souterrain après tout. Mais Castel de son côté observerait surtout la diffusion d’eau, et les tuyaux qui y étaient attachés. Il chercherait d’un coup d’œil à savoir quel matériau était utilisé, ainsi que quel système de pression avait été conçu. S’ils employaient des technologies trop complexes, il ne serait d’aucune utilité. En revanche, l’objectif premier était d’identifier les principaux conduits. Laissant Shalon prendre la tête de l’expédition, ils ne s’étonneraient pas de le voir au besoin assommer quelques têtes trop pressées. Il fallait bien endormir les menaces.

Spoiler:

-Avancer plus vite ? Vous pouvez courir, si vous voulez. Mais avec le soleil qui tape, c’est une mauvaise idée.

Ne pouvait-il pas se promener avec ses camarades sans se faire importuner toutes les deux minutes ? Il souffla, repensant aux ordres qu’il avait reçu de son leader. Si cet homme-bête ne comprenait pas le fond de cette stratégie, il n’hésita pas à s’exécuter. Après tout, on ne l’avait pas embrigadé pour son cerveau.

-On devrait arriver d’ici quelques heures.

Ses yeux roulèrent, la femme démone le rendait nerveux. Comment allait-elle réagir si elle se rendait compte qu’ils n’étaient pour l’heure pas du tout sur la bonne direction ?

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Aire Huline

Le groupe d’Aire et Shalon s’était introduit dans le stade sans grand problème. De temps à autres, ils croisaient des hommes-dromadaires affalés au sol, assommés d’un lourd sommeil. L’homme-mangouste ouvrait la marche aux côtés du cornu, il tendait l’oreille et préférait avancer sur la pointe de ses pattes. Par endroit, il pouvait entendre des bruits de pas s’approcher ou s’éloigner d’eux. Ces bruits avaient une teinte particulière, métallique. Nulle surprise pour lui, il savait qu’il s’agissait de fer.

-On devrait aller là, pour le sous-sol.

Chuchota-t-il à l’attention du bouquetin, tandis que les autres analysaient les conduits encore visibles sur les murs. Ceux-là menaient à cet escalier descendant qui leur faisait face. S’ils s’aventuraient, ils finiraient par tomber sur des couloirs plus larges. Les conduits y convergeaient, se rejoignant en un nœud pour s’unir en un seul plus large. Au loin s’esquissait une porte, quelques pas encore, puis des bruits stoppèrent le bicolore. Ils venaient de derrière la porte en bois. Des voix semblaient-ils, une criarde, l’autre plus féminine.

Trop tard, la poignée s’abaissa et il tomba nez à nez avec deux bonhommes imposants. Celui qui franchit le premier le seuil, tenant encore le levier de porte, épingla son regard aux silhouettes du petit groupe s’ils avaient fini par se rendre dans ce foutu couloir. Nulle échappatoire ici, pas d’intersection ou de salles connexes ou se cacher.

Avancer ou reculer, donc.

La silhouette de deux-mètres choisit la première option, s’abaissant pour franchir le cadre. L’autre la suivit. Des poils courts ornant des muscles denses, des cornes longues et acérées, ainsi que des yeux vides – comme dénué de vie.

-C’est… c’est les frères Lito… Souffla Aire, surpris de les voir.

Il n’eut grand temps d’en dire plus, les deux fondèrent vers lui et ses nouveaux camarades. Une charge puissante, avec pour but de les empaler de leurs cornes qui devenaient plus large à mesure de leur course.

Spoiler:

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-Pour l’instant, aucun retour urgent. Deux cadavres retrouvés sur un toit, trois autres dans une ruelle connexe.

Tapis dans l’ombre d’une succursale, Kin à ses côtés, l’index ganté de la Flynch s’était porté sur le mini-gastéropode sis dans son oreille. Elle attendait des retours de ses hommes, sinon les ordres de son maître.

Les chars s’étaient avancés sur l’ensemble de l’avenue cadrée des barrières, séparant celle-ci des spectateurs. Sur des balcons, certains touristes s’étaient posés, un thé frais à la main, pour observer l’évènement en hauteur et moins souffrir de la chaleur globale. Les humidificateurs aidaient ceux qui se trouvaient massés au sol, mais la chaleur sèche de Saba était telle un moustique qui vous suçait le sang. Il vous prenait ce qu’il avait à prendre, sans laisser une goutte, puis se tirait. Des piqures, répétées, éreintantes et énervantes. Si certains commerces eurent la bonne idée de rester ouvert, proposant via leurs stands des boissons rafraîchissantes, nul ne se détournait de l’arrivée des véhicules.

Puis ils se stoppèrent, lorsque le premier atteignit presque l’estrade. De celui-ci sortit une équipe d’hommes en costard, des escaméras dans les mains. Ces appareils furent dirigés vers le point d’intérêt que tous zieutaient.

Des roulements de tambours, firent taire les clairons.

Et, d’un mouvement, l’estrade comme le sol se retournèrent. Un mécanisme ingénieux, une trappe tournante, qui fit tourner le tout à 180° : remplaçant le bout de bois ridicule par une estrade de marbre sur laquelle deux chaises étaient plantées.

Les silhouettes qui s’étaient attachés par le biais d’une ceinture à ces chaises défirent leurs boucles. Elles se dressèrent alors toute deux, l’une faisait un peu plus du double de la première, certainement le triple en largeur.

Des escargots projecteurs se mirent à retranscrire cette scène en grand sur les façades de l’avenue et l’imposante derrière l’estrade, marquant la fin de l’allée.

Il s’exprima alors, tout sourire, tandis que son garde-du-corps parcourut son rictus de sa langue.

-PEUPLE DE SABA, VOTRE CHEB VOUS PARLE !

Les cris de la foule, principalement ceux d’humains, ponctuèrent cette déclaration. Dans ce brouhaha général, un autre escargophone se mit à pululuter. Une main au pelage noire le porta à ses lèvres.

Spoiler:

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Pour Saba

Le chemin se faisait long, et le stress montait au fur et à mesure. « Encore quelques heures ? ». Eileen faillit s’énerver, cependant pour quelqu’un qui n’avait pas le sens de l’orientation les autres étaient sûrement sa seule source de repères. Pour Sacha aussi d’ailleurs : la seconde médecin de l’équipage observait avec un air épuisé le chemin qui leur restait à parcourir. Cela aurait été sans compter sur la voix d’Aichounne qui s’éleva à cet instant-là :

- Mais donc nous amenez vers un raccourci ? Parce que Saba est par là si j’en crois le chemin d’hier et la position du soleil, ferait la Navigatrice avec un air un peu sceptique.
- On ne va pas dans le bon sens ? S’enquit soudain Eileen avec un air mauvais.
- Non, mais je croyais que vous le saviez, fit innocemment la femme-chien dont les oreilles semblèrent tomber encore plus bas que précédemment.

Le groupe regarda d’un œil inquisiteur l’homme-bête en face d’eux. S’il bafouillait ne serait-ce qu’un instant ou montrait des signes de mensonge, il passerait un sale quart d’heure, avant que le groupe purement féminin ne fasse demi-tour. Elles le dépouilleraient évidemment de tout ce qu’il avait sur lui, combiné compris.

Castel était en extase devant la structure, émerveillé par toutes les différentes prouesses d’ingénieur qu’il avait fallu déployer pour en arriver là. Il notait mentalement la complexité du système dans le but d’être sûr que la moindre modification soit amenée à faire bouger les choses correctement, au moins dans le sens où ils le désiraient. Ce n’était bien sûr pas du tout l’objectif de Jean-Gab qui commençait à jouer avec l’écho des couloirs sous terre, sous le regard inquisiteur de Sébastian et de Shalon. Les deux auraient fini par l’éclater si la porte face à eux ne s’était pas ouverte.

- Des hommes-taureaux ? Demanda l’homme-bouc qui toucha ses propres cornes pas aussi grosses que celles d’en face.

Ils leur fonçaient dessus à bonne allure, et pourtant Castel n’avait toujours pas remarqué leur présence. Sebastian s’apprêtait à sortir ses deux sabres malgré la place qui manquait par ici : c’était sans compter sur Shalon qui s’était positionné en un rien de temps entre les deux mastodontes pour attraper une corne à chacun, ses mains recouvertes de Haki de l’Armement, pour les assommer simultanément.

Le choc ferait un « dooooong » qu’il répéterait autant de fois qu’il le fallait s’ils décidaient de se débattre, mais qu’il ne réitèrerait pas sans quoi. En effet, Jean-Gab s’était approché en les regardant avec un air interpellé :

- Est-ce que ça va ? Waaaah, qu’est-ce que vous avez l’air d’avoir un travail de meeeerde, ferait-il. Ça ne vous tenterait pas la vie de pirates au lieu de rester ici à protéger des lieux comme ça ? Vous pourriez aller sur le Nouveau Monde avec votre force ! T’en penses quoi, Aire ?

Le petit bout d’homme observerait l’homme-mangouste pour jauger sa réaction. Etait-ce une proposition ? Pas vraiment, c’était juste pour les faire dégager de l’île. Il avait l’intention de les envoyer chez le premier Empereur qui passait par là. Des minotaures, c’était bien des trucs de Vieux non ? De son côté, Shalon continuait à les immobiliser alors que Castel continuait à observer tous les systèmes alentours.

Karim ne comprit pas comment ils étaient arrivés ici. Dans son navire, il n’y avait pas encore de simili-ascenseur, ce qui était un élément sur lequel il allait devoir se poser. Il y avait bien un monte-charge mais il trouvait que le système était encore différent. Quand il regarda les deux hommes, l’un d’entre eux lui dit foutrement quelque chose, mais il n’en était pas certain. S’approchant un peu plus, il sentit une vive douleur lui serrer le cerveau : ah, c’était une manifestation de son Haki de l’Observation selon Eileen. Il en avait ras-le-bol de celui-ci, surtout qu’il était presque sûr que ça ne servait à rien ce genre de choses. Laissant la douleur s’étirer sur quelques instants, il entendit alors comme un signal pour compenser son manque de connaissances, même s’il n’avait pas pu regarder la scène avec son mal de crâne : « Votre Cheb vous parle. ». Oh cool ! Se dit-il. S’élevant dans les airs il utilisa l’un des bâtiments comme tremplin et s’élança en un seul bond au-dessus de la foule, et en un second jusqu’au niveau du Cheb.

Oui, vous savez, le Cheb : ce grand gaillard de deux mètres qui se faisait tenir son haut-parleur par un plus petit. En effet encore une fois, Karim n’avait pas compris la leçon. S’approchant du grand à toute vitesse, il recouvrit son corps d’électricité, faisant se dresser ses poils sur son corps. Arrivant à hauteur du grand gaillard, il lui donnerait un coup de poing dans l’estomac sans tenter de le transpercer, mais bien dans le but de libérer de l’électricité pour l’électrocuter.

Si cela fonctionnait ou même s’il l’éjectait, il se retournerait vers le petit homme et soufflerait, fier :

- Je suis là pour sauver les hommes-bêtes du joug du Cheb, enfin au moins ceux qui sont esclaves.

Il le prendrait par les épaules et lui dirait, ému :

- Ne vous laissez pas contrôler par le Cheb, je vous en conjure !

Du coin de l’œil, il finirait par dire :

- Au fait, vous connaissez un gars qui s’appelle Chacha… Chaka ? Chala ?

Spoiler:

-Ah mince. Se risqua l’homme bête pris la main dans le sac. Je me suis effectivement trompé de direction. J’ai plutôt l’habitude de faire ça de nuit, avec la lune, moi.

Un rire naïf que les camarades de sa troupe tentèrent de soutenir du mieux qu’ils purent. Était-ce à ce moment qu’il allait se faire goumer et se retrouver planté la tête dans le sable ?

___

Aire Huline

Les hommes-taureaux furent assommés sans la moindre difficulté. Shalon les maîtrisa aisément, sous le regard médusé de son camarade bicolore. Ce dernier semblait inquiet pour l’état des frères Lito, autrefois ils avaient été amis.

-Leur fait pas trop mal ! Ils sont sous l’emprise de quelqu’un… C’est le cas de tous ceux qui ont viré sous la bannière du Cheb.

Le bouquetin aurait pu d’ailleurs le comprendre à un moment : nulle réponse fut donnée par ceux à qui il vendait les bien faits du Nouveau Monde. Leurs yeux étaient dénués de toute lueur, complètement azimutés, comme dans un autre monde.

-Laisse les donc. On continue !

Rassuré par la force insoupçonnée de Shalon, qui égalait au moins la sienne, Aire s’élança dans le couloir jusqu’à franchir la porte d’où étaient provenus les pantins du Cheb. Là, il put découvrir un spectacle bien dramatique. Une pièce immense avec en son centre un silo qui était raccordé aux conduits que le groupe avait jusqu’alors suivi. Ce conteneur était à moitié encastré dans un trou creusé au sol. A y voir de plus près, il semblait branché à un tuyau plus large par sa base. Certainement rattaché à l’océan, du moins Aire l’espérait, autrement ça aurait signifié que cette eau venait du circuit de la cité en elle-même. Et, à dire vrai, selon ses connaissances sur le procédé de traitement de l’eau de mer, les choses allaient en ce sens.

-Oh… quelle mauvaise surprise.

Il n’eut cependant le temps de dire quoique ce soit que deux silhouettes captèrent son regard. L’une était à sa taille, une femme à la peau boisée. Il avait déjà vu cette femme dans les geôles, peut-être était-elle celle qui recrutait ses camarades et les faisaient passer de l’autre côté.

Quant à l’autre silhouette, il s’agissait bien de lui. « Le buveur d’eau ». Il était là, à le contempler du haut de ses quasiment trois mètres. Aire n’eut le temps de comprendre que des projectiles rosâtres et tranchant virèrent vers lui.

-BAGAGAGAGA ! Il avait encore raison, cette raclure de Big !

La main du pirate, qui se découvrit alors, s’apposa au silo. Elle vira alors au rose.

-Tu veux faire quoi, petit tocard ? Je vais foutre en l’air toute la ville si vous m’laissez pas vous goumer. Toi et tes potes.

Aire se crispa, faisant signe à ses camarades de s’arrêter. Honnêtement, il ne savait pas quoi faire. Sa conscience lui jouait des tours.

Spoiler:

___

Le poing de l’Ookami cueillit le ventre de sa cible, le projetant sur une courte distance, hors de l’estrade. Alors l’homme-loup s’était dévoilé devant tous, les escaméras et leurs projecteurs présentant à tous son visage. Pour certains révolutionnaires, c’était le signal. Celui de s’élancer pour attirer l’attention des mercenaires à la botte de l’homme-cornu qui coordonnait le tout au travers de Lizbeth Flynch.

Gatcha

-Zouhour ? Laisse Big à Karim. Ne t’expo-

A peine eut-il eu le temps de décrocher que la voix de son frère l’emmerda au plus haut point. Zouhour raccrocha ainsi, ayant de toute façon d’autres choses à fouetter avec son acolyte.

-On va te bousiller cette fois. L’manchot.

Zouhour Kurotsune ; Issa Gomae ; Djin Usagi

___

Big ; Cheb Khaloud II

Sur l’estrade, Khaloud II se voyait presque désemparé de faire face de sitôt à Karim. Celui-ci s’était toutefois fourvoyé, le prenant pour un vulgaire larbin. Cela eut le don de piquer son ego.

-Mais… je suis le Ch…

Avant qu’il ne pût finir, un poing d’eau irait frapper l’homme-loup. Si la puissance de cette attaque était relative, son objectif était tout autre : la fourrure touchée se verrait trempée. Alors, un rire gras retentit.

-T’as dit Chahla ? Il peut toujours se ramener, ce lâche.

Une voix rauque et pleine d’entrain franchit le sourire carnassier du colosse de trois mètres. Il s’était relevé et ne semblait pas avoir subi d’important dégâts. Sur son corps aucune trace d’électrocution, était-ce Karim qui était trop faible ? La réponse était tout autre et bientôt l’homme-loup s’en serait rendu compte.

-Je vais t’exterminer, gamin. Toi et ceux qui veulent semer le chaos dans cette ville.

Il s’élança alors d’un vif-pas, ses poings virant au noir, il allait le tabasser. Pire, le goumer. Son premier poing aurait été une feinte : avant même de pouvoir atteindre l’Ookami, il décocha son coup dans l’air pour bazarder une nouvelle fois de l’eau. Une giclée qui avait pour objectif de perturber son adversaire, afin de mieux le cueillir au flanc de son second poing.

Casser des hommes-bêtes, c’était son truc à lui.

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Du monde

Pour Saba

Eileen regarda le groupe qui les avait menés en bateau. Leur rire était tout sauf naturel. Quand Aichounne avait donné les indications, elle avait déjà eu un doute mais tout semblait le confirmer. Prenant sa forme de spectre, elle les terroriserait suffisamment pour que deux comparses aient simplement à finir le travail. Bien sûr, elles n’étaient pas des monstres, elles traineraient les hommes en les attachant les uns aux autres avec leurs vêtements et les mettraient à l’abri si elles en trouvaient un.

Cela les retarderait bien longtemps cependant…

Shalon observa l’homme en face d’eux. S’il ne connaissait pas toutes les primes, il connaissait au moins celle-là. C’était sans nul doute parce que Karim l’avait déjà rencontré : sans quoi identifier Melrose D. Mingo était une perte de temps. S’il s’était décidé à le prendre par surprise, il aurait sûrement pu l’avoir avant qu’il ne réagisse… Mais ils avaient en face d’eux un ennemi qui les prenaient par mégarde.

Si ce n’était pas pour la « grande gueule » de Jean-Gab, il aurait sûrement déjà capitulé. Le garçon avait cependant son lot de choses à dire :

- Eh, tête de mort ! Tu fais quoi ici ? Tu bosses pour le Cheb ?

Il grognait, mais ne fit pas un geste. D’un air pensif, Shalon ajouta :

- Quand tu nous auras goumer, tu vas quand même infecter l’eau du réservoir, n’est-ce pas ?

Castel et Sebastian semblèrent horrifiés à cette idée, mais le plus jeune tenta de réfléchir rapidement. S’il pouvait localiser une valve qui coupait le circuit d’eau, alors ils pourraient rapidement réparer les dégâts que menaçaient de faire le Melrose. Sans quoi ils devraient se résoudre à se laisser battre ? Non, à vrai dire ils n’étaient pas venus pour ça. Shalon était aussi de mauvaise humeur avec la chaleur, alors c’était lui qu’il fallait empêcher de frapper.

Karim reçut le premier coup sans broncher, et sentit son corps se recouvrir d’eau. Et alors ? Il n’avait pas peur d’être mouillé ! S’ébrouant malgré tout, il vit que l’ennemi avait fait passer une couche de Haki de l’Armement sur ses mains. S’était-il protégé grâce à ça ? En fait il s’en foutait, mais quand il se sentit attaqué il oublia de lâcher l’homme qu’il tenait dans ses mains. Coup du sort ? Il le mettrait en travers du premier assaut, masquant complètement le second qui viendrait cueillir son flanc.

Cette fois-ci, il allait le goumer cet enfoiré. Laissant peu de doute à ses intentions quand il vola sur quelques mètres, il se rattrapa et se recouvrit d’électricité. Celle-ci n’avait pas réellement d’effet sur lui, sinon modéré puisqu’il la produisait. Cependant il n’avait qu’une envie, c’était de goumer le gars en face de lui. Ainsi il en produisit un petit peu plus que d’habitude, et s’élança en oubliant la victime qu’il avait lâchée. Il marcherait dans une flaque d’eau laissée par le garde du corps, laissant son électricité la parcourir jusqu’au roi qu’il ne connaissait pas, et lança un nouveau coup de poings en direction de son adversaire.

Grâce à son électricité, il pouvait à présent se mouvoir plus vite. Il ne savait pas trop comment ça fonctionnait, mais l’essentiel c’était qu’il y arrive. Ainsi dès qu’il arriverait à hauteur du gars, il le frapperait avec du Haki de l’Armement en direction du ventre, avant de tenter de lui faucher les jambes en changeant son Haki de place. L’objectif était de le déstabiliser pour l’étaler sur le sol après tout ! Et après ? Il l’attraperait par le bras et libèrerait une grosse quantité d’éclairs à l’intérieur de l’adversaire.

Spoiler:

Aire Huline ; Melrose D. Mingo, Pirate primé à 29.665.000B ; Assa Bukavu

-T’es con ou bien ? J’te goume et j’me casse. Sinon ma menace a pas de sens. Tu m’trouves insensé ?

La tête de Mingo n’était effectivement pas reflet de grande intelligence, pour autant il possédait bien un minimum de raison. Ses ordres avaient été clairs, mais, plus que les directives, le Melrose D. pensait au moyen terme : il aurait aimé se la couler douce sur cette pauvre île plus longtemps. Après tout il y avait à sa disposition tout ce qu’il aimait ici : le climat qui lui rappelait son enfance, des restaurants luxueux, de l’alcool à volonté et des petites bourgeoises venant d’autres îles. Il était logé et nourri par son ami Big, tant que le primé d’East Blue lui obéissait quand nécessaire. C’était là un bien bel accord.

-Alors les merdeux, vous m’laissez vous goumer ?

Son buste et ses épaules enflèrent tout en se couvrant de granules rosâtres. Il prenait de l’ampleur pour intimider l’ensemble, sans doute, cela n’eut guère d’effet sur Aire Huline pour autant. Il avait dégagé les projectiles salins de Mingo d'un revers de pattes, aisément donc, ce qui lui indiquait que par rapport à lui ce type était relativement faiblard. Ce qui inquiétait le bicolore, c’était plutôt cette grosse main de sel au contact du silo. L’homme-mangouste n’avait aucun moyen de mettre hors d’état de nuire, et ce rapidement, l’individu : il s’agissait d’un de ces types qui avaient été béni d’un des plus puissants fruits. Les logias. Quelle plaie que c’était, lorsque l’on n’avait pas de moyen de les atteindre.

-Je… Je peux te laisser me tabasser si tu veux, mais retire ta pogne de ça !

Le Huline était crispé, tendu comme un string. Peut-être que Shalon ou l’un de ses camarades avait une solution.

___

Big

Karim s’était fait projeter sans encombre par Big, cependant l’homme-loup avait menacé la vie du Cheb en le manipulant facilement. Le colosse n’eut de peine à saisir son boss par la taille pour l’éjecter derrière lui. Alors, tandis que l’Ookami se mettait à fondre sur lui tout d’éclairs couverts, il beugla :

-Extrait le.

Puis ses genoux se fléchirent à son tour et, d’un bond, il aurait répondu à la charge de Karim. Le poing de ce dernier se serait fiché dans le bide du cornu. Celui-ci accusa le coup, tandis que sa main droite projeta une nouvelle fois de l’eau dans la tronche du canidé. Enfin, son sourire s’esquissa, lorsque le pirate faucha ses jambes pour l’amener sur ce sol trempé, étant lui-même mouillé.

-BAGAGAGA

Lorsque Karim vint saisir son bras, celui-ci s’illumina d’arc verdâtre qui se cristallisèrent bientôt en de nombreux éclairs visant à électrocuter l’Ookami. La tenue de combat du garde-du-corps, tout de caoutchouc, lui permettait de ne craindre l’électro des hommes-bêtes qu’il aimait prendre à leur propre jeu. Si l’homme-loup eut le réflexe de relâcher le corps de Big, les éclairs auraient été conduits dans la flache d’eau les entourant, à moins que Karim ne se contente de rester dans les airs.

Il n’était qu’au début de ses surprises.

Kin Levi ; Cheb Khaloud II

-Je… je me charge de votre protection, maître.

Kin avait débarqué rapidement sur les lieux, depuis le recoin dans lequel la Flynch et lui s’étaient terrés pour suivre l’action et les directives de Big, retranscrites par les escargoreillettes que la garde du Cheb portait. Le borgne saisit le Cheb dans ses bras, avant de disparaître de plusieurs vif-pas. Sur les toits, des silhouettes devinrent floues en réponse à ce spectacle : il était temps de pourchasser ce type.

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Pour Saba

- Bon bah viens alors, frappe ! Hurla Jean-Gab.

De toute évidence il s’agissait d’une provocation en bonne et due forme. Pourtant Shalon se mettrait en travers de la route du Mingo s’il tentait de bouger. Il soupirerait un instant en regardant le silo. Ils n’avaient certes pas de Granit Marin pour empêcher le pouvoir du fruit du démon de fonctionner, mais ils devraient pouvoir faire fonctionner leurs méninges. Laissant quelques brèves secondes s’écouler, ce serait finalement Castel Friers qui parlerait d’une voix d’ingénu :

- C’est pas le bon tuyau. Je peux vous montrer ? Dirait-il en direction du Mingo.

Une musique commencerait à se faire entendre. Sebastian écarquillerait les yeux sans comprendre d’où venait le son à cause de la résonnance des environs.

- Qu’est-ce que vous faîtes ? Demanda-t-il aux personnes en face de lui.

Son rythme cardiaque commencerait à baisser alors que Castel tenterait d’expliquer en long, en large et en travers que le bon tuyau était un autre. Cependant sa voix ne couvrirait pas la musique qui viendrait assoupir rapidement, en dix secondes à peine, toutes les personnes présentes dans la pièce. C’était une boite à musique que Jean-Gab portait sur lui. Il avait provoqué Mingo pour que Shalon se mette devant lui, pour être masqué. Il n’avait cependant pas prévu que l’autre ingénieur parle autant, en plus en se trompant de tuyau. Puis il avait activé la boite à musiques, de sorte à endormir toutes les personnes dans la pièce.

Quand celle-ci aurait fini de fonctionner, il serait le seul à être encore éveillé. Il prendrait la jambe de bois à sa ceinture et frapperait violemment l’homme-bouc qui se réveillerait sous le choc. Ils n’auraient plus qu’à goumer Mingo en bonne et due forme, tout en n’oubliant pas de ligoter sa comparse. En tout cas, Shalon ne perdrait pas un instant pour l’éloigner des tuyaux avant de réveiller Air Huline.

Les coups pleuvaient. D’une manière inattendue, le péon fut sauvé par le Cheb. Karim aurait presque eu envie d’arrêter le combat, mais il n’en avait rien à foutre maintenant qu’il avait commencé. Au contraire l’envie de se battre était omniprésente. Un sourire carnassier sur le visage, il profitait de chaque attaque échangée pour gagner en vigueur. Sa force surhumaine lui donnait peu d’avantages mais ici elle l’intéressait plus que son électro qui ne semblait pas avoir d’effets sur l’ennemi.

Du coup, il ne restait qu’une seule chose à faire : frapper le plus fort et le plus longtemps possible contre la personne en face de lui. Il n’avait pas l’intention de laisser la moindre occasion passer de briller. S’il se fit brûler la peau en partie par les éclairs verdâtres, il décida en première attaque de briser la plateforme sur laquelle ils se trouvaient. Il profiterait de la chute pour se propulser sur l’ennemi avec un bout de plateforme et opposer son électro aux éclairs qui étaient lancées dans la direction, se protégeant avec son armement. Il offrirait quelques coups au visage dans le but d’arriver sur le sol le plus vite possible…

Et quand ils y seraient, il tenterait de se trouver au-dessus de son adversaire. Il arrêterait d’utiliser son Haki mais donnerait un coup de tête à l’ennemi tout en se recouvrant d’électro pour empêcher de se faire électrocuter, comme une barrière protectrice d’éclairs. Il ne comptait plus que sur sa force brute et sur son cran. Il attaquait inlassablement.

Spoiler:

Aire Huline ; Melrose D. Mingo, Pirate primé à 29.665.000B ; Assa Bukavu

-Qu’est-ce que tu me baragouines ducon ?

C’était pas le bon tuyau ? Il se foutait de sa gueule ce gamin bercé trop près du mur, avec sa tête de mangemerde. Le Melrose D. était tombé sur un belle bande de branquignoles. Le Melrose D. était confiant quant à son plan et sa position, le nombre n’allait pas changer grand-chose : il était en position de force, menaçant le silo directement. Celui-ci était relié au réseau global par le gros tuyau branché par le bas. En plus de ça, sa malédiction lui conférait des pouvoirs qui lui permettait de n’avoir aucune concurrence sur les blues. C’était bien pour cette raison que Mingo campait ici, par ailleurs, pour ne pas avoir encore une fois à faire face à des types capables de l’atteindre.

Ah, cette plaie de haki.

-Ce que je fous ? S’étonna-t-il de répondre au naïf qui le questionna. C’est à moi te vous l’demander ! Le prochain qui m’pose une question conne, je m’y mets ! Fit-il, enflant encore sa main de sel.

Il aurait attendu quelques instants alors, devant le regard effaré de la Bukavu. Toujours pas de mouvement particulier de la part de ces individus. Ca l’agaçait. Et puis, les tuyaux semblaient travailler : une mélodie vint éreinter son esprit.

-Bon alors, on va pas coucher ici ! Vous m’faites quoi là, laissez-vous gou…

Un bâillement lui coupa sa parole, puis, bientôt, ses paupières s’alourdissent jusqu’à se clore. Deux bruits mats annoncèrent rapidement la réussite de Jean-Gab : Mingo et la femme l’accompagnant était hors d’état de nuire.

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Big

Mêler, taper, cogner, frapper, goumer.

Le combat entre l’Ookami et Big était une bagarre sans once de grâce ni stratégie. Chaque coup semblait rendu, et, bien que Karim et son adversaire essayaient de diminuer les assauts qui leur étaient adressés, ils ne faisaient qu’encaisser de la meilleure de manières pour rendre un autre coup. Un échange de poing, donc, et l’homme-bête essaya rapidement de mettre au sol Big pour lui asséner un puissant coup de crâne. Lorsque le canidé brisa l’estrade, le cornu se laissa choir et accepta la stratégie, sinon l’instinct, de Karim. Il le laissa monter sur lui, puis, lorsque son front s’arma, il vint le saisir de sa main droite pleine d’éclairs. Son triceps s’était enflé pour maintenir Karim à distance, c’était qu’il était costaud pour son gabarit.

-Petit con va. Ricana-t-il avant que ses yeux ne s’ouvrent en grand. Puis, d’un souffle, il vida sembla vider ses poumons. LIZBETH, FAIS-LE !

Une seconde.

Puis cinq.

Puis dix.

Alors un bruit se fit entendre. Puis un autre. C’était sur la gauche des combattants, sur l’avenue menant à eux. Un à un, les chars semblaient rentrer partiellement en mouvement : leurs décorations fanèrent bien rapidement pour révéler de la tuyauterie. Elle était similaire au humidificateurs jonchant l’allée, au niveau des façades des bâtiments l’ornant, comme aux pieds des barrières maintenant la foule de spectateurs des dits chars.

Ca se passa alors là. Un déclic, un seul.

Les vannes s’ouvrirent brutalement et de l’eau sortait comme averse des chars. Il en était de même pour chaque humidificateurs. Bientôt, c’était toute l’avenue qui allait être recouverte d’eau, elle ainsi que l’ensemble des gens présents.

-BAGAGAGA !

Big usa de la texture glissante de sa tenue humidifiée pour se défaire du poids de Karim. Il se redressa rapidement, le repoussant de coup de paumes si le loup essayait de le charger. Sa stratégie avait changé, le colosse s’était élancé vers la zone trempée. Là où il devenait une véritable menace.

-Alors l’homme-bête, tu vas continuer à être tout feu tout foudre ?

Le poing gauche de l’homme-cornu se ferma alors. Une lumière verdâtre sembla s’y concentrer, gagnant peu à peu en intensité. Karim pouvait essayer de le combattre sur ce terrain nouveau, il se serait rendu compte que Big ne cherchait plus à le taper, mais à l’esquiver ou le contrer d’une main.

-Tic, tac.

La foule trempée aurait commencé à faire les maths… Certains commencèrent à s’exciter, essayant de se faufiler en dehors de ce bourbier. Mais la crainte générale ne permettait pas d’être rapide. Puis, comme des dominos, si l’un trébuchait, il aurait emporté la majorité avec.

Alors le chaos aurait pris la suite.

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Pour Saba

Pour une fois, Karim était impressionné. Il n’avait pas vraiment l’habitude de se battre contre des gars qui utilisaient leur cervelle, alors quand ça arrivait il pouvait se retrouver dépassé par les événements. Il y avait bien le gars avec la tête de dinosaure sur l’île de Sacha, mais il l’avait vaincu sans réellement utiliser son cerveau. Il n’aurait sûrement pas réussi seul cela dit. Et depuis, il avait ces fichus maux de crâne qui arrivaient de manière aléatoire et qui le déconcentraient. Heureusement il passait outre la plupart du temps : son peu de matière grise ne pouvait pas se concentrer sur deux choses à la fois, et la douleur n’était jamais prioritaire. Raison pour laquelle les coups qu’il recevait étaient autant d’endurance en moins qu’il ne remarquait pas.

Pour l’instant son regard était concentré sur ce qu’il avait en face de lui : un gros balèze qui venait de se défaire de son poids alors qu’il faisait couler de l’eau des bâtiments à proximité sans que rien ne semble capable de l’arrêter. Il écarquilla les yeux et se dit que quelque part, dans le désert, il devait y avoir un système qui faisait venir l’eau jusqu’ici. Si seulement quelqu’un pouvait le détruire, il aurait alors sa bénédiction. Mais de toute évidence ce ne serait pas le cas, et l’ingénieur naval dut se résoudre à suivre son adversaire vers la zone trempée. Il savait ce qu’il allait faire, parce qu’il aurait fait la même chose.

Pourtant l’Ookami avait déjà décidé de changer de stratégie. Il commença à concentrer son Haki de l’Armement dans son poing. Il fallait qu’il soit le plus fort possible, alors il en concentrerait une grande quantité sans s’inquiéter de ses propres réserves. Et de toute évidence l’ennemi avait choisi de faire la même chose. Dans ce combat de fauves, seul le plus intelligent pouvait l’emporter ? Non, c’était une idée préconçue. L’homme-bête souriait. Il ne pouvait pas forcément empêcher les gens de se faire électrocuter, mais il était capable de faire autre chose. Ainsi au lieu de frapper au hasard, il prendrait une poignée de terre boueuse ou de sable dur et l’enverrait en direction de son adversaire.

Et dans le même temps, pour concentrer son attention sur cette première attaque, il abattrait son poing sur la poigne gauche de l’ennemi, dans le but de lui faire libérer les éclairs non pas vers le sol mais vers le ciel, ou d’utiliser son propre Haki pour annuler celui de l’ennemi, car la quantité que Karim venait de déployer était tout simplement impressionnante.

Sans réaliser un quelconque discours qui se voudrait encourageant envers les civils, il enchainerait en attrapant la tête de l’ennemi vers les airs si ce dernier était surpris, et lui ferait sentir une décharge d’électricité intense en plein dans le visage. Même s’il recevait un coup il ne lâcherait pas, quitte à se faire briser une côte. Il avait compris que l’ennemi ne conduisait pas l’électricité, mais la peau exposée était bien l’un des points faibles de ce type de mécanisme.

Spoiler:

Big

-Espè…

Il fut contraint à un bond en retrait, agrandissant de façon éphémère la distance entre lui et le forcené. Cela mit à mal son ego, lui, Big, le casseur d’hommes-bêtes, poussé à reculer. Si ce geste lui permit d’éviter le vulgaire jet de sable boueux, pour sûr que le cornu devait se résoudre à se confronter au haki de l’Ookami. Pour autant, ses priorités étaient autres et il préféra suivre sa stratégie. Sa main luminescente s’ouvrit en grand tandis que le canidé le chargeait, il avait certainement compris son intention et souhaitait la minimiser. Le colosse ne l’aurait pas laissé faire, il n'aurait pas fait cette concession : à son ouverture, sa paume laissa une puissante décharge d’éclairs verdâtres frapper le sol et se reconduit dans l’ensemble de l’eau.

A cet accomplissement Big sourit, tandis que le poing de Karim le percuta. Il devinait ce qui était en train de se tramer, la conséquence de sa bienheureuse action : rien ne pouvait plus stopper sa foudre, et, tandis que l’Ookami lui tint la tête et s’amusait à le bourrer d’éclairs, c’était l’ensemble des civils à proximité qui se voyaient électrifiés à l’image du garde du corps.

Certains devinrent ternes et inertes instantanément, d’autres tombèrent mués de râles et spasmes. Alors on pouvait voir la véritable nature de l’Homme, guidé par son instinct de survie, des corps seraient piétinés, consciencieusement, pour éviter d’être en contact direct avec l’eau. D’autres tentait de se raccrocher à des bords de façades et balcons, craignant une prochaine salve.

-Fé le, Fam. Baragouina le chef de la garde, la gueule prise par Karim.

Le cornu devait tanker les coups qui lui auraient été portés, la peau de son visage brunit en zébrures par endroit, mais l’étincelle sis dans ses yeux ne perdit guère d’intensité. Il n’attendait qu’une seule chose : que le contrecoup de sa décharge ne passe, pour reconduire ses quelques réserves de haki sur sa tête. Le protéger un moment pour changer la donne et reprendre le dessus.

Sam Ouraï

Les ordres avaient été clairs pour Sam, reçus par son escargoreillette, ce moment était venu. La sueur irrigua ses tempes tandis qu’il comprit que Big avait su anticiper cet évènement, bien qui lui était défavorable. Ca faisait froid dans le dos à l’Ourai, qui, depuis les toitures, observait le chaos naître en contrebas. Les chars trempés avaient été endommagés par la décharge de son chef, les civils, eux, étaient pour la plupart dans une situation critique dans un proche rayon de l’affrontement entre l’Ookami et son adversaire. Sur d’autres toits, le mercenaire à la botte de Lizbeth pouvait voir certains visages connus affronter Usagi, son collègue. L’affrontement était ici féroce, et sans doute que l’homme-lapin allait perdre. Ce dernier étant diminué par sa récente perte : son bras gauche.

Qu’importait au grisonnant, il n’avait qu’une chose à accomplir et il aurait pu prendre congé. Ses mains se portèrent ainsi en cône devant ses lèvres, puis il se mit à geindre de toutes ses forces.

-C’EST… C’EST… CET HOMME-BÊTE VOUS A TOUS FOUDROYE ! EN PLUS DE VOULOIR TUER BIG, NOTRE PROTECTEUR, IL SE PERMET DE S’EN PRENDRE A NOUS EN DOMMAGE COLLATERAL !

Il se répéta une seconde fois, puis finit par conclure.

-QU’A-T-ON FAIT POUR MERITER CA, HEIN ? QU’A-T-ON F…

Spoiler:

Un bruit de craquement cueillit son esprit avant que la douleur ne lui parvienne. Un index s’était logé dans sa nuque, un coup sec et précis. Sam n’aurait eu le temps de comprendre ce qu’il se tramait que ses genoux cédèrent, son torse suivit rapidement en s’étalant complètement.

-Quel merdier.

Umeshu s’en était tiré jusqu’alors, affrontant quelques sbires faiblards de la Flynch. Ceux-là n’avaient été ennuyant que de par leur nombre. Le koala essuya son doigt sur le kimono de sa victime, puis tira son escargophone hors de sa poche. Il composa un numéro, souhaitant des nouvelles, tout en observant l’Ookami qui était visiblement en train de finir Big.

Listing des PNJs:

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ft.
Du monde

Pour Saba

Taper, bourinner, taper. Karim n’avait pas d’autres solutions face à un ennemi qui était immunisé contre son style de combat. Il ne pouvait que proposer des assauts linéaires et prédictibles. Sa colère n’en fut pas moins décuplée quand il vit que sa tentative de mise en échec de son ennemi avait été complètement oblitérée, ne lui permettant qu’une maigre progression face à cet abruti qui lui faisait face. Les civils, dont la plupart étaient de piètres soutiens au pouvoir en place, furent les victimes de cette machination tortueuse. Laissant éclater sa colère sourde, cette fois-ci l’Ookami décida de se déchainer sans entendre l’intervention d’un des alliés du gars en face de lui.

- Espèce d’enfoiré ! Gueula l’homme-loup sans regarder le public qui pouvait l’apercevoir au loin. T’as aucune race !

Il frappait, tantôt à la tête, tantôt au ventre. Il concentrait son Haki de l’Armement de plus en plus et à mesure qu’il le concentrait, il l’épuisait. Pourtant les réserves qu’il avait seraient suffisante pour un nouvel assaut qu’il mesurait en perçant celui de son adversaire. Le sien était spécialisé pour passer outre les défenses adverses après tout.

- Les hommes-bêtes sont libres de faire ce qu’ils veulent, pas d'être esclave des merdes comme toi !

Il donna un coup de Haki concentré dans l’estomac dans le but de pousser les limites de son adversaire un peu plus proches de ce qu’il pensait qu’elles étaient. Il passait outre l’armure de Haki potentielle qui se dresserait alors qu’un passage à tabac en règle avait lieu. Karim ne pouvait pas comprendre, il ne pouvait pas se mettre à la place de dégénérés qui réduisaient les autres en esclaves. Son clan, lui-même, c’était tous des espèces d’enfoirés qui n’avaient pas compris la notion de liberté. Lui il savait ce que ça faisait d’être contraint, il savait ce que ça faisait d’être mis aux abois.

S’il réussissait à pousser l’ennemi au bord de l’évanouissement par ses multiples assauts, il déchargerait à nouveau de l’électricité en lui pour le faire s’évanouir, sans intention de le tuer. Il n’allait pas l’abattre, il n’était pas dans une exécution publique, mais il pouvait l’assommer et le mettre hors d’état de nuire. C’était comme ça qu’il comptait faire : il ne s’abaisserait pas à annihiler quelqu’un comme lui, parce qu’il n’en valait pas la peine. En revanche il le mettrait dans un état peu reluisant.

Spoiler:

Big

Les coups pleuvaient sur le colosse, Karim avait pris le dessus et le cornu ne misa visiblement pas sur la meilleure des stratégies. L’armement de l’Ookami était bien plus fort qu’escompté, trop à son goût, surtout lorsque lui-même était partiellement vidé du sien. Il n’avait ainsi le temps de se remettre d’un impact, qu’un second le cueillit aussitôt, puis un troisième, et il perdit le compte bien vite. Il valait sans doute mieux, c’était certain, mais surtout Big ne le put plus : ses muscles se décrispèrent petit à petit, son corps vira au flasque, et bientôt ses iris se révulsèrent. Alors le loup put se délecter de la scène, un visage aux traits fatigués, les yeux blanc cassé, absents, et des lèvres entrouvertes qui laissaient un maigre râle s’esquisser d’un soupir.

Big était vaincu, plus que ça, il était hors d’état de nuire. C’était une première pour lui, depuis qu’il avait rejoint les blues pour s’établir de façon opportuniste sur cette pauvre île. Le bagarreur n’avait plus eu affaire à tel adversaire en dehors du Nouveau Monde, pouvait-il considérer que le karma l’avait rattrapé ? C’était là enfin un signe, celui de passer à la caisse. Non pas pour les actes commis, mais pour avoir fait le choix de se soustraire à la difficulté d’un environnement en faveur d’une vie menée dans l’opulence et la simplicité. C’était donc un rappel. Celui que la vie n’était pas un kiwi. Il avait voulu la croquer en y retirant la peau, amère et rugueuse, pour se délecter seulement de cette chair verdâtre, sucrée et acidulée. Grave erreur, donc.

Umeshu

-Karim a vaincu Big, mais il a quand même eu le temps de faire de nombreuses victimes.

Umeshu s’était lancé lorsque son interlocuteur décrocha. Il ne commenta pas plus que ça la scène qui lui était présentée en contrebas et ne s’interrogea même pas quant aux prochains agissements de Karim. De toute façon, ce type là venait de régler un gros problème : celui d’isoler le Cheb. Plus que tout, il avait défait Big et le koala se permit de bientôt l’imaginer dans une geôle. C’était une image très plaisante.

-Principalement des touristes venus pour l’occasion. Peu d’hommes-bêtes, donc.

Pour toute réponse, il entendit un grognement de satisfaction, puis l’escargophone ferma ses paupières. Ne lui restait plus qu’à laisser les choses se faire, qu’allait de son côté faire Karim ? Le violet n’avait envie d’interagir avec à cet instant, souhaitant voir ce que ce type comptait faire désormais. Avait-il un plan en tête ou finalement le koala l’aurait bien cerné ?

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Saba - Sous la cité

Gatcha

L’escargophone s’était éteint d’une tonalité à la demande de son possesseur. Celui-là en avait déjà assez entendu. Il pressa alors son pas dans le tunnel que lui et ses quelques camarades – triés sur le volet – arpentaient depuis plusieurs dizaines de minutes.

-Oh ! S’écria une petite fille en voyant au loin un rectangle de lumière se dessiner. On va bientôt arriver au bout ! T’as vu ça, dis, dis ? C’est trop cool cette journée !

Sa main droite gigotait dans celle d’un autre qui la tenait pour l’accompagner, tandis que son autre main vint pour tirer un pan de son qamis en soie. Les yeux de la petite blonde se portait sur cette personne qu’elle avait retrouvée en ce jour, lui présentant à chaque fois un grand sourire lumineux. Elle était heureuse visiblement.

Spoiler:

-On va bientôt arriver, oui. Tu as raison Shahdi. Répondit une voix délicate qui s'aggrava alors. J’espère que tu es prêt, mon ami.
-Je le suis toujours ! Conclut le meneur en ricanant gueule béante.

Que se tramait-il ?

Spoiler:

Listing des PNJs:

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ft.
Du monde

Pour Saba

Un regard empli de colère s’éleva sur la scène autour de lui. Il haïssait les humains pour cette simple raison : leur présence était toujours synonyme de perte et de manigances. Les hommes-bêtes n’étaient pas exempt de ces caractéristiques, mais ils avaient la tendance à l’impulsivité. Tirant l’homme sur ces épaules, l’Ookami remonta d’un saut rapide les immeubles en direction de l’endroit où étaient situés les quartiers des esclaves, ceux qui seraient vendus si rien n’y faisait. Il ne plaignait pas les morts, car dans toute guerre il y en avait. Et Saba était le cœur même d’une guerre contre la liberté, une guerre qui était menée par les imbéciles en col roulé contre le peuple. Rien qu’à voir l’accoutrement de ce gars, il se disait qu’il était tombé sur une belle enflure.

Quand il arriverait près des remparts qui séparaient les quartiers aisés des quartiers pauvres, Karim observerait les hommes-animaux qui pouvaient voir le corps inanimé, et pourtant bien vivant, de son ennemi. Il n’avait pas vraiment appris à faire de longs et beaux discours, il se foutait bien de ce qu’on pouvait penser de lui, et de ce qu’ils feraient après son départ. Il haïssait l’idée même de garder des hommes-animaux dans une pauvreté extrême. D’une voix puissante, il fit en direction de ceux qui seraient amenés à l’écouter, le peuple de Saba, l’événement ayant pour le coup apporté un grand mouvement central :

- Vous tous ! Ce gars-là ne vous fera plus rien !

Il le montrerait puis le déposerait.

- Je sais pas quoi vous dire. J’peux pas vivre à votre place, mais j’peux vous donner une chose : une chance de changer les choses ici. J’suis pas des vôtres, j’suis qu’un gars qu’est passé par là. Mais vous avez le droit d'pas être parqué dans ces taudis, vous aussi. Prenez vot' liberté. Soit vous restez ici, à vivre une vie comme ça, soit vous partez. J’emmènerai ceux qui veulent quitter ces lieux, et si on n’a pas assez de place sur un bateau, on en prendra d’autres. Et ceux qui veulent rester, y’a des personnes qui veulent renverser le pouvoir alors voyez ça avec eux. J’crois qu’c’est tout pour moi.

Il n’avait pas vraiment fait un discours motivant. Il n’était pas fait pour les discours. Il était fait pour montrer avec ses actions que les gars qui profitaient de leur dur labeur pas très bien rémunéré pouvaient être vaincus. Il voulait faire voir au peuple de Saba que s’ils voulaient se révolter, ils auraient des personnes qui seraient à leurs côtés, même si ce n’était pas lui. Karim Ookami n’était pas un révolutionnaire venu diriger un pays et prendre la tête des opérations, c’était un gars qui n’en faisait qu’à sa tête. Ceux qui voulaient le suivre seraient les bienvenus, et il remettrait sûrement son ennemi à l’espèce de koala si celui-ci lui promettait de ne pas le tuer.

Et puis si ça ne fonctionnait pas, il pourrait juste attendre que ses camarades n’arrivent pour improviser avec eux. Après tout, il n’avait pas de plan en tête.

Spoiler:

Umeshu

Le second de Chahla fut surpris de voir Karim soulever le corps de Big pour l’emporter avec lui. Il se demandait où ce dernier allait se rendre avec, aussi le koala suivit l’Ookami jusqu’aux remparts de Saba. Ces murailles de pierre de sables, renforcées par endroit de charpentes en bois, séparaient nettement la cité du ghetto et bidonvilles en périphérie. Elles faisaient un peu plus d’une vingtaine de mètres de haut. Ici était massée l’ensemble des hommes-bêtes vivant sur cette île depuis fort longtemps, expédiés dans la précarité par la politique du second Cheb, Khaloud II. Celui-ci avait préféré l’expatriation et le tourisme à la mise en valeur et florissement de la culture locale.

Le koala se posta aux côtés de l’homme-loup tandis que celui-ci beugla pour son audience en contrebas. Certains s’étaient mis à l’écouter, bien que quelques vieillards n’eussent pas la meilleure ouïe pour pouvoir capter ce qu’il beuglait, d’autres s’émerveillaient à reconnaître ce qu’était le corps de Big tenu jusqu’alors par Karim. Aussi des murmures se mirent à prolonger les phrases de l’Ookami, puis ceux-là s’étendirent pour enfler en brouhaha. Plutôt que les propos du pirate, c’était le constat suivant qui marquait : il avait vraiment cogné Big ?

Un gars s’enquit d’une jumelle pour être sûr de lui, bien que le colosse était reconnaissable de loin. Il n’était ici question de ne pas se faire duper. Mais… cette tenue, ces cornes, cette gueule ecchymosée… c’était bien lui. Big.

-Il a fracassé Big !
-Plus même, il l’a tabassé !

Des cris de ferveur allèrent ainsi ponctuer le discours de Karim qui put alors se focaliser sur Umeshu. Ce dernier s’était approché de lui, après avoir calmé quelques hommes-bêtes au service du Cheb - responsables de surveiller le rempart. Si quelques-uns étaient aveuglés par leur asservissement, d’autres ne purent que laisser Karim faire : ils avaient eux aussi vu leur plus grande crainte réduite à néant, portée en une vulgaire loque sur le dos du canidé.

-Il ne sera pas tué. J’y veillerai personnellement. Répondit l’agent de la révolution à la proposition de Karim.

Après tout, il y avait pire que la mort ici-bas pensait le violacée en zieutant la carcasse en devenir que lui remettait le loup. Le corps du cornu aurait été transporté jusque dans leur base où le petit être commencerait à le questionner.

-WOW ! TU L’AS TABASSÉ ?
-Putain, j’rêve pas. Dis, dis, j’rêve pas ?

Deux silhouettes rejoignirent de plusieurs bonds Karim et Umeshu. Ils étaient deux révolutionnaires réputés sur cette île, bien qu’étant considérés comme à la tête d’une clique de dissidents : agissant impulsivement et indépendamment des directives de Chahla.

Spoiler:

-Moi c’est Zouhour, je suis le frère du tocard qui s’évertue à représenter l’intérêt de tout le monde ici. Respect, tu me refais tellement d’avoir cogné ce gros tas plutôt que de lui laisser cette occasion. Le masqué s’était posté devant Karim en le matant de haut. Son expression n’était pas visible, derrière son masque, pour autant on devinait à son ton qu’il était content de le rencontrer... Je vois que MeshMesh’ s’est fait un bon allié.
-Carrément. Tu viens de faire un truc dingue, petit gars. Enchaîna Issa. C’quoi ton nom ? Si t’as besoin d’une caravelle, on en a une à te prêter.
-T’parles trop toi ! Claqua des dents l’homme-lion. Mais ouais, tu m’enlèves une sacrée épine du pied. Bipe moi si besoin, on t’arrangera.

Sous son bras gauche, Zouhour portait lui aussi un corps inerte. Il s’agissait de celui de Jin, cet homme-lapin qui s’était fait enrôler malgré lui par les hommes du Cheb. Il avait autrefois été une figure importante pour le peuple. Si Karim avait des questions à ce sujet, Zouhour aurait pu lui expliquer rapidement sa situation, mais qu’importait de ce type : Big était le plus important, ici. Une fois ce point réglé, le duo indépendant se recentra sur Umeshu pour savoir ce qu’était prévu pour la suite. Ca, ils risquaient de le découvrir incessamment sous peu, quand, depuis le contrebas, quelques onomatopées de surprise et émerveillement montèrent à leurs oreilles.

Des escargoprojecteurs s’étaient allumés au sol, amenés là par des hommes de Chahla, pour projeter sur la façade du rempart une scène bien particulière. Il s’agissait du palais du Cheb, au centre de la cité, devant lequel avait visiblement été installée une estrade de fortune. Pour l’heure rien d’autre, sinon quelques silhouettes d’hommes-bêtes qui s’activaient ci-et-là autour de l’estrade comme pour préparer quelque-chose.

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Chahla Kurotsune

-Nous y voilà !

Le cri de Chahla résonna quelque-peu dans la grande pièce que lui et ses deux suiveurs venaient de rejoindre. Ils étaient arrivés là depuis le souterrain, une trappe leur avait visiblement été ouverte, les conduisant dans une salle à hauteur sous plafond immense, au sol en marbre – frais – et aux murs épurés de toute décoration. Seul le marbre et quelques plantes se chamaillant meublait cette pièce. Il s’agissait d’un des deux principaux halls d’entrée du palais de Saba, celui faisant la jonction entre les appartements de la famille du Cheb et les jardins extérieurs derrière le palais.

Spoiler:

-J’imagine que vous avez fait bonne route. Je…
-Assez des convenances, où en est-on ?

Le Kurotsune coupa celle qui l’avait attendu depuis tout ce temps, son regard dégoulina brièvement sur elle avant qu’il ne reprenne sa marche. De son côté, Lizbeth ne put que se courber en découvrant les deux personnes qui accompagnaient de près Chahla. Elle se fichait quelque-peu de Shahdi, cette enfant qui ne comprenait pas réellement les enjeux se tramant, mais se focalisait plutôt sur celui qui lui tenait la main. Le visage de celui-ci se voila de tendresse en croisant son regard, d'une douce voix il lui accorda de l'attention.

-Vous pouvez disposer, je vous remercie pour votre aide. Avant tout, pouvez-vous répondre à mon camarade ?
-Kin devrait bientôt arriver devant le palais. Souhaitez-vous que je lui donne une autre directive ?
-Ca ira comme ça, activons-nous ! Conclut Chahla. Tu vas voir mon ami, ce qu’est devenu notre belle cité depuis tout ce temps. On la reprend enfin.
-Notre Saba.

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Chahla Kurotsune

Sur la grande projection, tous purent voir les imposantes portes du palais s’ouvrir en fond de scène. Un amas de silhouette y apparurent alors puis avancèrent en tâche filiforme s’élargissant à mesure de leurs pas. Bientôt, tous auraient pu reconnaître la plus imposante, celle de Chahla Kurotsune, vaisseau de l’espoir de son audience. A ses côtés se trouvait Lizbeth Flynch, connue comme étant le sbire de Big, cheffe de la milice de la cité, ainsi qu’une silhouette encapuchonnée et une petite gamine aux cheveux d’or. Si la Flynch s’arrêta aux côtés de l’estrade, l’homme-lion et son camarade drapé d’un voile bleu marin y montèrent.

Le révolutionnaire se décrassa la gorge, poing devant ses lèvres, puis laissa son regard dégouliner sur sa droite et gauche. Il contemplait quelques de ses hommes qui déboulaient des quartiers connexes pour voir la scène de leurs propres yeux. Ceux-là se massèrent devant l’estrade, laissant un couloir vide pour permettre aux escaméras de filmer la scène à transmettre aux projecteurs des bidonvilles.

-Mes sœurs et mes frères, aujourd’hui est un grand jour ! Commença à beugler le ténébreux. J’imagine que vous vous posez déjà de nombreuses questions. Qu’est-ce que cette femme fait à mes côtés ?

Il s’interrompit alors, pointant d’une griffe une Lizbeth qui ne se sentit guère à sa place. Les bras croisés, le menton dans son col, elle tapait son biceps de son index frustré et impatient. Ce moment-là, bien qu’elle s’y était préparée, elle le vivait mal : évidemment, que ces hommes-bêtes, ne l’appréciaient guère. C’était certainement réciproque, par ailleurs, mais la femme ne regrettait en rien les actions qu’elle avait commises jusqu’alors. Encore moins ce qu’elle avait récemment fait, manigançant avec Chahla, dans le but de retrouver son premier leader.

-Cette femme a accepté de nous aider pour mettre la main sur le Cheb ! Elle a trahi cette enflure de Big avant même qu’il ne soit mis hors d’état de nuire ! Tout ça pour une seule fin commune, retrouvez notre chère Saba.

Deux silhouettes apparurent alors à sa droite, ce qui fit rire le félin. Celui-ci reconnut Kin, mais surtout l’homme qu’il tirait fermement par le bras : Khaloud II.

Kin Levi ; Cheb Khaloud II

-Viens donc, petit homme. Ramène moi ce type.

Une fois amené à portée de l’estrade, Chahla ne se fit prier et saisit par le col le prisonnier que lui avait conduit Kin. Il le saisit d’une main et l’agitait comme s’il ne s’agissait que d’une vulgaire poupée de chiffon.

-VOICI LE CHEB KHALOUD II. VOUS TOUS, REGARDEZ LE SE DEBATTRE ALORS QUE JE LE TIENS ! CET ENFOIRE QUI VOUS A POUSSE DANS LES BIDONVILLES, EN DEHORS DE NOTRE CITE. CETTE MERDE QUI VOUS LIMITE EN RESSOURCES, CELUI QUI SE MOQUE DE MOI A ME CONTRAINDRE A NEGOCIER PLUS DE RATIONS. REGARDEZ LE, CE TYPE, CONTEMPLEZ SON IMPUISSANCE MAINTENANT QU’IL EST DANS MES GRIFFES, MAINTENANT QUE BIG N’EST PLUS LA POUR LE PROTEGER.

Il inspira un coup, posant au sol le Cheb, maintenant une certaine emprise sur son cou pour pas que ce dernier ne soit tombé, ses jambes flageolant sous la pression qu’il expérimentait actuellement.

-UNE EXPOSITION UNIVERSELLE ! C’était ça, l’annonce qu’il souhaitait faire. Profiter de notre cité pour s’enrichir, se faire bien voir, attirer tout un tas de rapaces en son genre ! Notre culture n’étant ici qu’une vulgaire marchandise, un spectacle ridicule ! Mais, rassurez-vous, tout ça prend fin. Laissez-moi vous présenter mon tendre ami.

Alors la silhouette encapuchonnée, portée aux côtés de l’homme-lion, vint tirer le voile couvrant sa tête pour enfin se révéler. Il exhiba ainsi des traits familiers à beaucoup : une grande majorité du peuple, mais également le Cheb Khaloud II.

Cheb Khaloud I

Cheb Khaloud I !

Le premier Cheb de Saba, celui bien aimé de la population. Il avait permis aux humains expatriés de vivre en cohésion avec les hommes-bêtes dont il respectait les terres. Lui avait permis l’apport externe pour développer la cité et y améliorer les conditions de vie par l’import de ressource et l’établissement d’un système de filtration d’eau de mer, pour abreuver une partie de la population et ne plus seulement dépendre de la pluie se faisant rare. Il s’agissait ainsi d’une figure paternelle et bienveillante, tout le contraire de ce qu’était son rejeton.

-Peuple de Saba, je suis navré de mon absence suite à mon accident. Encore plus que mon propre enfant m’ait fait passé pour mort. Aujourd’hui, Chahla et moi, main dans la main et comme autrefois, allons remettre les choses dans l’ordre. A commencer par s’occuper de cet huluberl-
-BIIIIIIIIIIIG TUE-LE ! Fit le fils, s’esquintant la gorge, fusillant son père d’yeux exorbités, incapables de croire ce qu’il voyait. T’aurais dû mou-
-Oh ta gueule.

La patte de Chahla vint balayer le visage de l’humain, l’envoyant valser au sol, devant l’estrade. Il en avait fini de ce merdeux.

-Emmenez le dans le palais, nous lui règlerons son compte en temps et en heure. A présent…

Alors Chahla et le premier Cheb purent continuer face à leur assemblée directe et virtuelle, plantée face aux remparts de la cité : leur objectif était simple, reprendre les choses en main, à deux, comme autrefois. Et, maintenant que les travers humains avaient été mis en exergue durant le néfaste règne de Khaloud II, il était question de faire le nécessaire pour rectifier le tir et amener un semblant d’harmonie à nouveau.

- Notre priorité est de d’accroître les apport en ressource dans les bidonvilles ainsi que de prioriser les investissements pour y établir de nouveaux foyers – salubres.

Il aurait continué d’énumérer ses ambitions, une par une, jusqu’à mettre le doigt sur le point noir.

-Nous nous occuperons également d’identifier, au travers d’interrogatoire de Big, Khaloud II et autres, chaque personne prenant part aux trafics des nôtres. Une fois ça fait, je vous assure, mes sœurs, mes frères, que je m’occuperai d’eux personnellement.

A cette déclaration, beaucoup dans les bidonvilles se mirent à acclamer leur leader qui venait de sortir de l’ombre pour dire et faire ce que tous attendaient de lui.

Enfin, Chahla Kurotsune allait prendre ses responsabilités en main, enfin il allait s’occuper de renverser l’ordre des choses.

Rebattre les cartes.

Ainsi l’avenir de Saba allait prendre un visage nouveau.

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Oumar avait parcouru le désert pendant une journée entière, se servant de la Lune puis du Soleil pour se guider au travers de ce terrain vague. De retour dans l

-Ils ont repris le pouvoir, donc. Que fait-on ?
-Attendons le bon moment avant d’exposer la vérité. Alors, nous reprendrons ce qui nous revient de droit.
-Bien, père.

Il se leva alors, repensant à cette petite humaine qu’il avait sauvée la veille. Pourquoi encombrait-elle autant ses pensées ? L’adolescent ne le comprenait pas et s’assurait qu’il ne devait pas le faire. Sa mission était plus importante que ses ressentis.

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