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Mar 17 Jan - 5:31
Autophobia
ft. Penelope Ainsley & Ses Pnjs
/ɔtəfowbiə/ Noun autophobia (uncountable) 1. The morbid fear of being alone or abandoned, unloved.
« C'était peut-être une mauvaise idée finalement... »
Quoi donc ? La liste est longue. Déjà rester ici pendant que le reste de l'équipage est dépêché ailleurs pour une mission super importante ça commence mal, même si pour le coup je considérais mes motivations on ne peut plus valides. La rencontre de Prométhée était tout aussi imprévue que choquante et les implications qui accompagnaient sa simple existence suffisaient à m'empêcher de dormir la nuit. Et ce n'est pas tout, malheureusement : Malicia et moi-même sommes pratiquement couvertes de bandages, claudiquant ensemble dans une ruelle en direction de la fumerie que notre cible aurait l'habitude de fréquenter. Il faut dire que nous n'y sommes pas allées de main morte et, malgré une petite journée de repos par précaution, nous sommes loin d'être au maximum de nos capacités, surtout moi. Il aurait été plus prudent d'attendre plus longtemps, voir de patienter jusqu'au retour du reste de l'équipage, mais je savais ne pas posséder un tel luxe. Si l'autre rose était lui aussi amoché, je ne pouvais ignorer la possibilité qu'il quitte l'île des Hommes-Poissons dans un avenir rapproché. Au moins si j'en savais plus à son sujet, si je connaissais ses plans et ses loyautés, mais là ce n'était pas le cas. En de telles circonstances il était hors de question de s'en remettre à la chance.
« J'ai connu pire. »
Malicia Ekkert, Agent d'Élite du CP5
La brune peinait à mettre du poids sur sa jambe au tibia amoché, mais conservait tout de même son vague sourire de goule et son optimisme douteux. J'avais de la chance de l'avoir de mon côté et, surtout, qu'elle ait accepté malgré tout de me conduire là où l'avait menée sa petite enquête. Évidemment j'avais eu la superbe idée de garder tout ceci entre nous, histoire que personne ne puisse nous retrouver ou venir nous donner un coup de main si on en avait besoin. Oui, j'enchaînais les décisions douteuses, mais n'était-ce pas pratiquement une marque de commerce à ce stade ? Sans doute que l'on aurait trouvé plus étrange que je fasse quelque chose d'intelligent pour une fois.
« Tu vas faire quoi ? »
« Bonne question. J'ai pas mal de questions à lui poser, de trucs que j'aimerais élucider. Déjà je dois découvrir si c'est vraiment mon frère, s'il connait mon père, tout ça. Si ça se trouve c'est probablement juste un guignol qui a vu mon avis de recherche ou un truc du genre et qui s'est inventé sa petite histoire parce qu'on se ressemble un peu. »
« Non, je voulais dire on entre ou pas ? »
« Ah !! »
J'étais tellement loin dans mes pensées que je n'avais pas remarqué que nous nous étions arrêtées, maintenant à la hauteur de cet établissement qui, à une autre époque, devait être magnifique. Les coraux qui paraient la façade s'effritaient et la peinture rouge foncée s'écaillait vulgairement, achevant de retirer à la fumerie de sa superbe. Certes l'architecture demeurait jolie avec sa grande porte double et ses fioritures d'inspiration orientale, d'autant plus que la bâtisse se démarquait dans le reste de ce quartier malfamé de bâtiments désalignés. Plusieurs paires d'yeux ne se gênaient d'ailleurs pas pour nous dévisager malgré nos habits de civiles et je devinai qu'ils ne devaient pas souvent voir de nouvelles têtes dans les parages. Surtout pas deux femmes visiblement seules et sans armes apparentes. Valait mieux ne pas traîner trop longtemps à la vue de tous, histoire de ne pas attirer plus d'attention que ce que nous recevions déjà. Je fis signe à ma camarade de me suivre et c'est sans hésiter qu'elle s'exécuta.
L'ambiance feutrée de l'endroit ne me disait rien qui vaille. Bien sûr les paresseux volutes de fumée s'élevant ça et là ainsi que le petit groupe de musique performant sur une petite scène auraient dû m'apaiser. Combien de fois, dans mon jeune temps, avais-je pénétré l'enceinte d'un endroit similaire sur Ironfall ? Mine de rien je n'avais pas grandit dans la dentelle et les criminels de bas étage ne me faisaient plus peur depuis longtemps. Pire, j'avais été forcée, dans ma jeunesse, de les considérer comme des voisins, des amis potentiels, des oncles n'ayant comme seul lien de parenté avec moi une amitié de longue durée avec ma mère. Sauf qu'ici c'était différent. L'île des Hommes-Poissons me paraissait beaucoup plus sinistre, beaucoup plus dangereuse, probablement avec raison. Nous étions, après tout, à l'orée du Nouveau Monde et si les Gouvernementaux plus sages préféraient passer par Marijoa, ça n'avait pas été le cas de l'équipage des demeurés de Unite. Oui, j'ai le droit de dire ça maintenant que je me fais fixer avec des regards meurtriers par genre quatre homme poissons, un mec qui a l'air d'un chef de gang et un regroupement de chasseurs de primes, vu les avis de recherche jonchant leur table. Et pendant qu'on en parlait de ces mecs-là...
« Putain il est rev'nu ! J't'avais dit qu'y reviendrait ! Faut qu'on se casse les mecs !! »
Inutile de dire que j'étais assez confuse de les voir nerveusement remballer leurs trucs, finir leurs consommations cul-sec et faire des courbettes en ma direction comme pour implorer mon pardon alors qu'ils se dépêchaient de quitter ma présence. Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour que mon arrivée cause une telle panique chez ces individus que je n'avais pourtant jamais croisés auparavant ? Une petite minute. Qu'il reviendrait ? Qui ça il ? J'échangeai un regard avec Malicia avant de m'avancer en direction des futurs fuyards, flairant la piste de mon prétendu jumeau. Parce qu'il n'y avait que lui sur cette île pour à la fois leur avoir fait une peur bleue et pour à la fois me ressembler assez pour porter à confusion, pas vrai ?
« Pas si vite ! J'ai des petites questions à vous poser avant de vous laisser partir. »
« Heuuuh ? C'est devenu une meuf ?! »
Demandait un sbire en penchant la tête sur le côté, jaugeant ma taille et ne se gênant pas non plus pour au passage lorgner ma poitrine. Heureusement que son karma lui revint rapidement sous la forme d'une forte taloche derrière la tête, assénée par celui qui semblait être le plus vieux du groupe et, de ce fait, probablement leur chef.
« T'es débile toi ! C'est la vraie ! C'est Penelope Ainsley !! »
Au moins je n'aurais pas besoin de me présenter il semblerait. Et pas seulement ça : ils avaient bel et bien rencontré ma version masculine, selon ce que je venais d'en comprendre. Sans doute que des rumeurs du passage de Unite par les fonds marins avait attiré plus d'attention que prévu et que, saisissant l'opportunité, ce petit groupe avait décidé de tenter sa chance en visant les membres de notre équipage qui étaient primés. Pourquoi était-ce tombé sur moi ? Parce que j'étais la première qu'ils avaient trouvé, tout connement. Ou qu'ils pensaient avoir trouvé en tout cas, rencontrant plutôt Prométhée lors de leur premier essai.
« Cette fois tu vas nous suivre sans faire d'histoires, sinon !! »
« Eh ! C'est ma réplique ça !! »
Déjà l'un des chasseurs de primes venait de s'armer d'une paire de crochets du tigre pendant qu'un autre rechargeait son arme à feu en ricanant avidement. Autour de nous, les quelques serveuses peu vêtues allèrent se cacher au petit trot pendant que des habitués échangeaient des regards, se demandant sans doute s'il valait la peine d'intervenir ou non. Je brandis mes poings et, derrière moi, Malicia prenait elle aussi une posture défensive, fin prête à m'assister dans ce combat qui paraissait inévitable. Preuve étant que le dernier des hommes adverses brandissait une lance en trois morceaux qu'il venait de sortir de je ne savais trop où. Voilà qui pourrait nous compliquer les choses puisque l'Agente du Cipher Pol et moi-même étions surtout habituées aux combats sans armes. Il nous faudrait les en priver ou, au minimum, trouver une façon efficace de combler notre manque de portée comparée à la leur. Non, encore une fois, je réfléchissais trop. Je laissais mes inquiétudes se déguiser en sagesse et me paralyser sous l'excuse de la prévoyance. Pas de ça. Je n'avais plus besoin de ça. Même à quatre contre deux j'avais des outils me permettant de passer outre la stratégie. J'avais les moyens de les fumer en claquant des doigts !
J'armai mon poing qui se sertit d'une bulle blanche, parce que certains classiques sont des classiques pour une bonne raison et que, jusqu'à présent, jamais le Champ de Fleurs Blanches ne m'avait fait défaut. Même que, avant même que ne parte mon offensive, le sang quitta le visage des hommes me faisant face qui, sans doute, ne s'étaient pas attendus à faire ami-ami avec le pouvoir de ma malédiction aussi rapidement. Bim bam, un grand choc et une fissure dans le mur de la fumerie plus tard et... Merde. Je me grattai l'arrière de la tête, bien embêtée. J'avais fait attention, vraiment, et pourtant ça n'avait pas suffit : les quatre guignols étaient totalement dans les vapes, regardant dans le vide avec de grands sourires bêtes alors que, dans leur état second, ils s'imaginaient déjà dans l'au-delà aux petits soins de jolies anges.
« Peut-être que j'aurais dû poser les questions avant de frapper finalement... »
« On peut les interroger s'ils se réveillent. »
« Pas faux je suppose. On ramène le chef avec nous et on lui pose des questions s'il se... enfin, quand il se réveillera. »
Conclus-je en réponse à l'observation de Malicia. Cette dernière se pencha pour récupérer le corps inanimé de notre futur informant par le col et je me préparais déjà à tourner les talons avec la satisfaction d'un travail bien fait. Vous la sentez venir l'arnaque ? Le problème ? L'imprévu ? Bah moi je ne l'avais pas vue venir figurez vous. J'ai pas pensé, bête comme mes pieds, que ma petite démonstration de force avait des chances de mettre des gens en rogne. Un rappel que l'on me fit violemment d'un puissant coup de pied dans le dos, me propulsant pile au beau milieu de la fissure que j'avais moi-même causée dans ce mur porteur. Derrière moi une voix forte retentissait avec une colère certes justifiée, mais qui n'allait pas régler grand chose.
« ÇA VA PAS DE BRISER MON MUR COMME ÇA ?!! TU SAIS COMBIEN DE BERRIES ÇA VA ME COUTER POUR RÉPARER ÇA, SALE CRUCHE ?!! »
Probablement moins si cette femme poisson à la force herculéenne ne m'avait pas propulsée à son tour contre cette même structure affaiblie, je dis ça comme ça. De petits débris venaient quand même de tomber du plafond et nombre des habitués avaient choisis de quitter les lieux au pas de course, leur instinct de survie supplantant toute envie qu'ils auraient pu avoir d'aider la maîtresse de l'établissement à me faire payer cher ma démonstration de force en intérieur. Sa grande main palmée m'attrapa par le col, me secouant vivement telle une poupée de chiffon alors que, derrière, j'entendais les pans du mur qui gémissaient et se tordaient déjà sous le poids du plafond.
« Je comprends, je vous jure, mais on devrait peut-être pas rester là en vrai !! »
« Lâchez tout de suite cette femme. »
Ah, oui, l'Agente Ekkert ! Elle avait posé son index dans le dos de la femme poisson, sans doute prête à utiliser du Shigan pour la maîtriser au cas où elle refuserait d'obtempérer. Bon c'est sûr que ça aurait été plus pratique, et beaucoup plus parlant, si la propriétaire avait déjà quitté les fonds marins auparavant et/ou qu'elle ait déjà vu des techniques du Rokushiki à l'oeuvre. Pour l'heure...
« T'es qui toi ? Si t'as pas de berries à me donner je vais m'occuper de ta sale gueule dès que j'ai fini avec l'autre !! »
Autant dire que les fières représentantes de la Marine, là tout de suite, bah elles ne volaient pas très haut. Je ne croyais jamais dire ça de ma vie, mais nous avions toutefois eu de la chance dans notre malheur puisque, avec tout ce tapage, d'autres clients firent leur apparition. Et oui, il y avait évidemment des malfrats dans des salles privées en train de faire des transactions illicites ou que sais-je encore et, dans le tas...
« Oï ! »
Prométhée Pryor
« Putain c'est vraiment la merde... Je m'occupe de tout y'a pas de soucis ! Vous pouvez retourner en arrière tout va bien ! »
Voilà qui était intéressant. Madame la tenancière connaissait-elle Prométhée pour avoir une telle réaction ? Donc les informations de Malicia étaient bonnes. Enfin, oui, évidemment vu qu'il se tenait là devant nous. Mais le fait est que ça m'intéressait, que ça piquait ma curiosité par-delà ces simples faits. Pourquoi donc fréquentait-il cet établissement sur une base régulière ? Qu'avait-il fait pour s'être attiré ce genre de réputation ? Quelles autres informations pourrais-je glaner à son sujet maintenant que je découvrais ses habitudes ? Je n'aurais pas les réponses maintenant. Ça aurait été trop facile.
« Ooooh, bien joué frangine ! Un peu plus et tu faisais tomber toute la façade, c'est trop bien que tu te décoinces enfin ! »
« Ça va pas ?! C'est de mon établissement qu'tu parles ! L'encourages pas !! »
« Ouais, comme elle dit !! »
La femme poisson, qui me tenait toujours par le col, me jeta un regard mauvais. Je pressai mes lèvres très fort l'une contre l'autre, esquissant un air désolé pour m'être immiscée dans leur conversation. Elle soupira grandement avant de finalement reporter son attention vers le plus dangereux des deux roses qui, bien sûr, en avait profité pour quitter sa place. Heureusement que, au milieu de tout ça, Malicia avait conservé son sérieux. Ça faisait au moins une personne un peu intelligente dans le tas. Alternativement... la façon dont elle avait prit ma défense n'avait pas échappé à mon double maléfique qui, souriant, semblait avoir trouvé là une opportunité en or. Les mains dans les poches, jaugeant la brune avec curiosité, ses lèvres s'étirèrent avec la malice d'un lutin qui a trouvé un nouveau mauvais coup à faire.
« Au contraire, c'est le genre de progrès qu'il faut absolument encourager ! Du coup j'ai une idée : tu vas détruire cet endroit. Au complet. Ça devrait pas être trop dur pour toi si tu te donnes un petit peu, pas vrai ? »
« EEEEEHHHH ???!?? ÇA VA PAS LA TÊTE ?? »
« OUAIS, COMME ELLE D— pardon. »
« Sauf que t'as pas trop le choix, sinon... »
Ses iris verdoyants me quittent enfin pour se poser vers Malicia. Oh non. Je revois passer la scène de l'autre jour, l'exécution de Faith dans la ruelle. L'Agente du Cipher Pol ne se laisse toutefois pas impressionner et, lorsqu'elle comprend que Prométhée s'apprête à jeter son dévolu sur elle, décide de ne pas le laisser avoir le dernier mot ou, dans ce cas ci, la première offensive. Elle s'élance avec le Soru, faisant tomber quelques chaises dans son sillage et déplaçant une table par la simple vivacité de son offensive. Mes yeux s'écarquillent et, terrifiée à l'idée de ce qui s'apprête à se produire, mes poings se heurtent déjà à la poigne solide de la femme poisson qui me libère, certes, mais trop tard. Tout se produit si vite et, pourtant, si lentement à la fois. La scène se joue au ralentit. Prométhée qui quitte le sol avec un bond, Malicia qui s'empresse d'enchaîner sur un Rankyaku pour le faucher en plein vol. Mon reflet qui empreinte l'une de mes propres techniques, frappe l'air sous lui de ses pieds afin de se propulser en salto avant, une jambe en pleine extension pour y transférer tout son poids et laisser retomber son offensive avec violence et lourdeur, renforcée par les vibrations de son Hasshoken. Sa riposte est si forte qu'elle traverse la lame d'air sans ralentir, cette dernière se contentant de trancher le bas du pantalon de Prométhée. Je vois le mouvement d'hésitation de la brune qui tente d'éviter en se propulsant du mauvais côté : celui de son tibia que j'ai affaiblit durant notre entraînement. Elle trébuche et l'impact éclate finalement contre sa hanche alors que le rose abîme mon amie contre le sol de la fumerie qui se craquelle sous la force du coup porté.
« Malicia !! »
Je veux me porter à son secours, mais mon prétendu frère est bien plus proche et il lui suffit d'allonger la main pour que ses doigts se referment et qu'il tire vers lui une pleine poignée des longs cheveux bruns de l'Agente Ekkert pour l'obliger à se relever et la garder près de lui. Le sourire du roux est dangereux et brille d'une violence perverse alors qu'il referme sa main libre contre la mâchoire de sa prisonnière pour la forcer à me regarder ou, inversement, me forcer à voir la détresse qui traverse les yeux sombres de Malicia.
« Alors... C'est quoi le problème cette fois, hein ? Je te demande de détruire une fumerie pour sauver ta pote. C'est pas comme si elle avait une famille cette bâtisse tu sais, elle le sentira même pas. Cette fille par contre... Malicia, c'est ça ? Alors aide moi à comprendre. Pourquoi t'hésites cette fois ? Je pensais qu'on avait dépassé ça ensemble la dernière fois. Franchement je suis un petit peu déçu là. »
« MAIS OUI ELLE A UNE FAMILLE MA FUMERIE, C'EST MOI SA FAMILLE ! JE TE PERMETS PAS, PRYOR !! »
« Oh la ferme, je parle avec ma soeur là. »
Durant tout son discours, Malicia avait tenté de se débattre, mais en vain. Le grand roux n'avait fait que resserrer sa prise tout en l'ignorant et, à présent que cette seconde intruse se permettait de l'interrompre, son impatience se voyait autant qu'elle s'entendait. Sincèrement, je l'aurais cru capable de cracher sur cette femme-poisson, littéralement, si ça avait été suffisant pour apaiser ses pulsions de chasseur. Je m'attendais sincèrement à ce qu'elle réplique encore ou à ce qu'elle se jette sur lui, mais non. Elle avait serré ses gros poings palmés, pesant le pour et le contre avant de clairement choisir de ravaler sa fierté et de plutôt se tourner vers moi pour voir ce que je choisirais de faire. Je n'en croyais pas mes yeux même si, au fond, je comprenais. Si Prométhée n'avait pas ce qu'il demandait, je le savais capable de tuer Malicia et d'ensuite abattre les murs de cet endroit par ses propres moyens simplement pour se réconforter. Je devais trouver une porte de sortie, une solution, et vite.
« Réfléchis un peu à ce que tu me demandes ! Et si les bâtiments à côté s'effondrent aussi ? Et si y'a encore des gens à l'étage ou à l'arrière et qu'ils sont ensevelis à cause de moi ? Même nous merde, on est encore à l'intérieur ! Puis c'est peut-être juste une bâtisse pour toi, mais il y a des gens qui bossent ici et dont la vie dépend de cet établissement ! »
« Et le plaisir là-dedans ? La liberté ? T'es comme moi, je sais que tu l'es. T'as jamais voulu savoir c'était quoi tes limites ? Si c'est moi qui était resté là-bas, si c'est moi qui avais mangé le fruit... La malédiction des séismes Pénélope !! Toutes les choses que tu pourrais faire ! Personne ne pourrait jamais plus te refuser quoi que ce soit. Il n'y aurait personne pour te brimer si seulement tu ne le faisais pas toi-même ! Si tu n'avais pas peur de ta propre puissance !! Allez, laisse moi voir. Laisse nous découvrir ensemble toutes les choses que tu pourrais détruire ! Qu'est-ce qu'on en a à faire des autres ? S'ils n'ont pas la force nécessaire pour survivre à notre affrontement alors ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes !! Tant pis qu'ils soient Marines, Pirates ou Chasseurs de Prime. Ils sont au-dessous de nous et de tout ce que nous pouvons faire et tu le sais !!! »
« Prométhée... Quelle est la signification de tout ceci ? »
Une nouvelle silhouette masculine fait irruption de par la porte qui menait aux salons privés de la fumerie, là d'où Prométhée lui-même est sorti un peu plus tôt. Il est grand, possède de larges épaules et une longue chevelure rosée qui, libre, lui dégringole sur les épaules et jusque dans le haut du dos. À son entrée en scène, la prise de mon jumeau se relâche et c'est avec un mélange égal de soulagement et d'urgence que Malicia revient à mes côtés en boitant, ses longs doigts se refermant contre mes vêtements telles des serres paniquées à l'idée de ne pas trouver de perchoir. Je m'empresse de l'enlacer en retour, mais mon regard ne se détache plus de ce nouvel arrivant mystère.
Hypérion Pryor
« Monsieur Hypérion ! Vot' fils il est vraiment... On veut pas d'ennui nous ici vous le savez, vous êtes l'un d'nos meilleurs clients, vous voudriez pas qu'la fumerie elle tombe vous, pas vrai ? »
Il ne répond pas à la femme poisson, son propre regard m'ayant enfin trouvé et me détaillant quelques instant sans laisser transparaître de surprise ou de joie quelconque avant de finalement se détourner pour foudroyer son fils des yeux.
« Je t'ai demandé d'aller voir ce qui se passait, pas de te comporter comme un vulgaire chien enragé. Nous partons, maintenant. »
« Tss... »
Je n'en crois pas mes yeux. Après tout ce qu'il vient de me dire. Après toutes les provocations qu'il a faites. Prométhée va juste... lui obéir ? Tourner les talons et s'en aller ? Non, une petite minute. C'est n'est pas important ça. Si cet homme est le père de Prométhée et si, comme il l'a dit, je suis sa soeur alors... Alors... !! Je ne peux pas le laisser partir, pas comme ça ! Il ne m'a même pas adressé la parole ! J'ai besoin de savoir, je dois savoir. Est-ce que c'est vraiment lui ? Tout cela vient-il de l'imagination débordante de Prométhée ? Mais je n'ai pas l'impression que c'est le cas. Pas avec la façon dont il me parle. Pas avec toutes les choses qu'il semble savoir. Et puis ses cheveux ! Ses yeux ! Ça pourrait être lui, pas vrai ? C'est tout à fait possible ! Je ne peux pas le laisser partir, pas comme ça ! Pas sans avoir eu les réponses à mes questions !!
« Attendez !! Vous ne pouvez pas partir, pas comme ça ! Revenez... ! Reviens... PAPAAAA !!! »
« Penny, calme toi ! Ils sont trop forts, tu dois les laisser partir !! »
« Mais lâche moi !! C'EST MON PÈRE !!!! Je l'ai trouvé ! Je l'ai trouvé... »
Et pourtant son imposante silhouette ne se retourne pour aucun de mes appels. Aucune de mes supplications. Il n'a qu'une sourde oreille à m'offrir alors qu'il part d'un pas lent, loin de se presser. Comme si de rien n'était. Derrière lui, Prométhée m'offre un regard désolé, empli de pitié. Je lis en ses iris des excuses douloureuses, mais inévitables. Non, ça ne peut pas se terminer comme ça ! Pas alors que je suis si près du but, de la vérité ! La prise de Malicia a beau être serrée autour de moi, désespérée même, mais je ne peux pas la laisser me retenir. C'est le moment où jamais de prouver ma force. D'attirer son attention et de le forcer à me voir, à me parler et à répondre à mes questions. C'est le moment. Il ne reviendra pas une seconde fois.
« Malicia... Lâche moi ou je vais devoir... te forcer à le faire. »
Ma voix s'était affaiblie, s'était calmée. Mais il ne fallait pas s'y méprendre. Ce n'était que le calme avant la tempête et cela la Ekkert l'avait bien senti. Serrant les dents, sa prise ne s'était fait que plus forte. Cette occasion ne se représenterait jamais. Il partirait et mes questions ne trouveraient jamais de réponse. Je ne pouvais pas laisser ça se produire ! Je ne pouvais pas le laisser m'abandonner une seconde fois ! Je ne pouvais pas accepter qu'il me laisse ainsi derrière lui telle une vulgaire chaussette sale, pas deux fois. C'était impossible. Inacceptable. Impensable !!
« Tu ne vas rien en tirer ! C'est n'est peut-être même pas— »
Je l'interrompis d'un coup puissant visant l'épaule. Un coup porté avec la connaissance et la froideur chirurgicale nécessaire à se faire déboiter l'articulation en question sous un cri surpris de l'Agente du Cipher Pol. Sa dextre m'avait lâchée et, pourtant, sa main gauche s'obstinait toujours. Elle me suppliait du regard et, malgré tout, j'ai moi aussi choisi d'ignorer les prières m'étant adressées. À la place je l'ai attrapée par le col et, sans pitié, j'ai effectué un autre des mouvements phares de mon arsenal : un coup de tête en plein visage. L'impact me laissa déstabilisée quelques instants, les joues et le front me picotant d'une puissance que j'avais déjà ressentie par deux fois sous le coup de la colère et du désespoir. Cette fois ci n'y faisait pas exception alors que je n'avais soudainement plus que dégoût pour la brune qui était allée s'abimer au sol pour mieux relever vers moi une expression misérable, le menton couvert de sang. Elle me faisait perdre mon temps. M'empêchait de poursuivre de qui comptait réellement : la vérité à propos de ma famille brisée, fracturée.
« Si tu sais ce qui est bon pour toi... reste par terre, Malicia. »
« Penelope... »
Je l'enjambai sans un autre regard, l'abandonnant à son sort et à ses blessures. Il n'était pas trop tard pour les rattraper. Pour le forcer à me donner les réponses à toutes les questions que j'avais portées en moi toute ma vie. Je devais savoir qui il était et, par extension, qui moi j'étais. Avais-je vraiment un frère jumeau ? Je devais savoir. J'avais besoin de savoir et chacun de mes pas se faisait plus pressé que le précédent. Il ne m'échapperait pas. Je ne le laisserais pas m'échapper quoi que cela m'en coûte. J'avais perdu le contrôle, perdu la raison. N'importait plus que le duo aux têtes roses et ce qu'ils seraient forcés de m'avouer dans un avenir très, très proche.