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Jiva
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Sam 14 Oct - 11:26


Spoiler:

Une loque inactive. Un type qui ne faisait que de se laisser porter par autrui, sinon l’ennui.

J'étais le protagoniste d’un mauvais livre, évoluant dans un monde dont le rôle consistait à me confronter à un tas des problèmes. En partant de ce constat je ne pouvais qu’être angoissé. Quel livre de merde c’était, si je n'étais qu’une loque ne branlant rien de ses jours. Peut-être qu’au final j'étais le figurant dans la vie d’un autre type ? Comment savoir si ma réalité était bien celle qui prévalait ?

-Alors, c’est quoi le plan ? Teintai-je auprès d’Arty, avec un ton faussement naïf.

Pour seule réponse un ricanement, il s’activait sur le pont en m’ignorant complet. Visiblement, on lui avait assigné une tâche qui le rendit tout azimuté, sinon excité. Ce gosse semblait ainsi purement décoratif, un figurant donc. Ce constat allait dans le sens de ma théorie du protagoniste, ce n’était pas plus mal. Pour autant, ça ne me donnait pas plus d’indications sur le pourquoi du comment.

Le gamin regroupait deux tonneaux qu’il avait affairés plus tôt, avant notre prise de large avec son île natale. C’était un pauvre gus que je ne connaissais que brièvement, de réputation, pour les mauvaises raisons : un petit prétentieux rêvant d’aventures, un bambin qui squattait les ports en quête d’un équipage qui aurait pu l’accepter en son sein. Trouver une opportunité de prendre la mer et exhiber ses soi-disant talents de timonier. Jusqu’à ce jour,  et je devais lui concéder ce point, il semblait ne pas nous avoir mené en bateau – à défaut de mener le nôtre. En sa faveur avait joué une accalmie climatique, qui eut sans doute le don de le conforter dans sa propre estime de lui.

-Hey, Basil, ramène mon drap.
-Ton drap ? Quelle était cette connerie, encore.
-C’est pour Jiva, t’inquiète.

Jiva, donc. J’avais bien toutes les raisons de m’inquiéter.

Elle me fascinait de malaise.

Rarement, il m’arrivait de croiser d’autres personnes pour lesquels je ressentais cette particularité. Comme si leur âme résonnait avec la mienne. Non pas de l’attachement, simplement un sentiment de rencontrer des personnes qui avaient le potentiel de me comprendre. Des gens qui m'étaient similaires : d’autres protagonistes, cerclés de figurants. Des constantes dans un décor changeant en permanence.

Je m’abstenais généralement d’interagir avec eux, par flemme d’investir en efforts pour me raccrocher à quelque chose d’autre qu’un verre bienfaiteur. Mais, cédant pour une fois face à mon désespoir et la détresse de ma solitude, j’eus le plaisir d’accepter son offre. Elle pouvait me montrer ce qu’un type comme moi, perdu et isolé, aurait bien pu devenir s’il investissait un peu plus dans son propre bien-être et ses ambitions. C’était que le vide qui nous cerclait au moment de notre rencontre poussa notre rapprochement : il était plus facile de se laisser faire que de refuser et de s’en soustraire. Comment faire pour vaincre le vide après tout ?  La trajectoire de Jiva s’était donc accolée à la mienne, pour un temps à définir, et peut-être que notre rapprochement aurait permis de vivre des aventures mortelles et de me forger de vraies relations. Peut-être, oui.

C’était que… Elle n’avait pas grand-chose dans le crâne, sinon un naïf feu prêt à tout consumer en guise de carburant. Je pouvais bien la critiquer, me diriez vous. De mon côté je n’étais pas mieux, puisque n’avais que mes tribulations et mes déceptions à proposer en guise de petit bois.

En me démerdant, j’aurais pu vivre une vie de rêve, donc.

En me démerdant avec elle.

___
Spoiler:

-Une pirate ?
-Oui. Toi et moi, nous sommes des pirates.

Le regard sévère de Lao parcourait le corps ecchymosé de sa protégée. Cette petite gamine s’était bien battue pour récupérer son rab qu’on lui avait racketté. Elle avait déjà un sacré caractère, pour son âge, bien qu’il faillait encore l’aiguiller pour lui faire prendre les bonnes décisions. Peut-être qu’un jour le grisonnant aurait pu lui expliquer plus en détail qui elle était et ce qu’elle représentait pour lui : l’enfant de son ancien capitaine et la fille de celle qu’il avait aimée en secret.

-Nous sommes les êtres les plus libres. Tu verras un jour, lorsque tu sortiras de cette cage : tu n’auras qu’à regarder un endroit pour t’y rendre, le nommer pour qu’il soit tiens. Lui et toutes ses richesses.
-Séricheze ? Fit l’enfant, le regard absorbé par son protecteur.
-Richesse : tout ce que tu pourras obtenir dans ta vie. Qu’il s’agisse de terres, d’objets et de camarades.
-Donc l’pain que Torbru m’a pris, c’tait ma richesse ?
-C’est ça. Et tu sais, Jiva, lorsque que quelqu’un te prend quelque-chose, tu te dois de lui faire payer. Parce qu’un pirate ne cède jamais rien gratuitement.

Le pauvre reste de miche que la fille tenait en main constituait ainsi le peu qu’elle avait ici, dans cette miteuse cellule. Son monde à elle, à défaut d’un simple berceau. L’air y était tellement chaud et sec que la mie de la nourriture se gorgeait de sa sueur, rendant ainsi chaque bouchée amère. C’était là un standard pour cette gamine qui ne connaissait rien d’autre que ça, lorsqu’elle ne devait pas se repaître des restes de ses homologues qui passaient l’arme à gauche face à la rudesse de l’enfer carcéral.

Un enfer en guise de jardin d’enfant.

Ce triste constat eut le don d’attendrir la mine de Lao. Sa voix s’éclaircit tandis que son front s’accolait à celui de sa protégée.

-Je suis fier de toi. Que tu ais récupéré ce rab sans que Pico et moi ne te venions en aide. T’es bien des nôtres ! Une vraie pirate.
-Oh ! Dis m’en plus, sur les pirates.

Un trou noir s’ouvrit ainsi dans le for intérieur de la prisonnière.

Glouton d’histoires rapportées.

___


Risky Red.

L’île écarlate présentait ses pourtours à la caravelle solitaire. Celle-ci ne payait pas de mine et semblait presque démunie : un petit bâtiment d’apparence modeste, sans fioriture pour la couvrir, sans aucune couleur ni symbole en guise d’identité. Rien qu’une carcasse standard portée par des voiles immaculées, sans teinte ni histoire. La météo avait été clémente avec ce vaisseau, permettant à ceux qui l’habitaient de se rendre sans trop de problèmes aux abords de ces terres. Basil avait supervisé le Rouzé durant l’ensemble du trajet, s’assurant que le môme ne les conduise pas vers une direction autre que celle indiquée par les quelques aiguilles à son poignet. Il en choisit une par facilité et s’y attacha, et, en quelques jours de voyage, le Baxter eut le pénible plaisir de reconnaître la couleur de cette première île.

Il s’était déjà rendu là-bas, avec son précédent équipage, ce pour se faire jeter par-dessus bord et être contraint de retourner, queue entre les jambes, sur Paradise. Ses naïfs rêves d’aventures avaient été enterrés ici. Si l’idée de prendre sa revanche sur cette ancienne vie l’enchantait, l’état d’esprit et l’intellect apparent de celle avec qui Basil s’apprêtait à le faire l’inquiétait fortement.

-Ca m’étonnerait qu’on y trouve ton pote, t’as bien saisi ? S’il a été enlevé et qu’une rançon t’a été demandée, c’est un coup d’un mercenaire. En plus, il avait pas de prime ton Galéon. Alors pas besoin d’en faire des caisses, on fait profil bas, on investigue gentiment et on se tire fissa. C’t’une île de merde.
-J’ai compris, j’ai compris, j’ai compris. Tu te chies dessus ? Ca fait trois fois que tu me l’répètes.
-Parce que t’es en boucle sur ce sujet, j’veux m’assurer que t’ais bien mon point : on fait profil bas. Qu’est-ce que t’a demandé à Arty ? Il fait mumuse avec son drap et des tonneaux alors qu’on débarque dans quelques minutes.
-Oh, il a tout ?

A cette remarque, le désespéré s’éclaircit la gorge. Il y avait dans ce simple bruit plus de mépris et de dédain que dans une série de jurons bien servis. Jiva n’en fut pas sensible, elle le perçut d’ailleurs comme une confirmation du trouble dans lequel pouvait se trouver l’esprit de son camarade.

-Bazboy, t’es quoi toi ?
-Hein ?
-Bah, toi, moi. On est quoi ?
-Eh beh. Toi, t’es une fille perd-
-Toi et moi, Bazz, on est des pirates.

Elle lui tourna les talons sur ces mots secs, quittant l’habitacle pour se rendre sur le pont. Consterné, son camarade lui emboîta le pas après s’être servi une lampée d’une des bouteilles posées sur leur semblant de bureau.

-Alors Arty ?
-Tout est prêt !

Les paumes du mioche invitèrent le regard de la céruléenne à contempler le fruit de son labeur. Sur le pont était étalé un drap blanc qui avait été découpé en un rectangle d’un mètre cinquante sur deux mètres, à la louche. Les lignes de découpe n’étaient pas régulières, mais le résultat semblait cueillir un sourire sur le visage de Jiva. Elle contempla alors le port duquel leur bâtiment s’approchait dangereusement, en aucun cas le trio n’avait préparé leur débarquement. Ca, c’était une question que Jiva ne s’était pas posée : pour elle il suffisait de balancer l’ancre à la flotte une fois à bonne portée.

-Bon, tu peux y aller.

Un rictus découpa la face du diablotin, il s’activa à soulever l’un des tonneaux qu’il avait rapportés avec lui. Arty ouvrit le contenant, avant de le porter à bras le corps pour déverser son contenu sur le morceau de tissu. Là, alors que des premières éclaboussures atteignirent les pieds de Basil, Jiva s’approcha du second tonneau.

-Les chasseurs de primes, tu sais dans quel panier on les fout ces tocards ? Beugla-t-elle à son récent acolyte.


«-Ceux qui s’en prennent à notre renommée, ceux qui essaient de subtiliser nos biens, ceux qui osent bafouer notre liberté. Ceux-là, il est de notre responsabilité de les dresser en exemple. Montrer à tous ce qu’il en coûte d’essayer de nous priver de quoique ce soit.»

Après ouverture, ses deux mains plongèrent dans le tonneau pour en ressortir aussitôt, les paumes creuses en guise de louches. Elle les porta ainsi à son visage, fermant ses yeux, tandis qu’Arty saisit le bâton auquel il venait d'attacher l’un des côtés du linge tâché pour commencer à l’agiter et uniformiser son œuvre. Son but était simple, il lui fallait se débarrasser de cet ignoble blanc, la teinte de l’abandon. Quelques instants suffirent pour que le liquide visqueux jusqu’alors contenu dans le tonneau recouvre complètement le drap. De son côté, les griffes de la céruléenne parcoururent son visage pour étaler cette même substance comme s’il s’agissait d’un masque. Basil comprit peu à peu. Quand deux et deux commencèrent à faire quatre, sa mine se décrépit aussitôt.

Cette substance…

«-C’est bien connu, tu sais. On n’emmerde pas un pirate. Et pour s’assurer que les plus ignorants ne s’essaient pas à venir nous emmerder, on a développé notre propre symbole.»

Lorsque la jeune femme rouvrit les yeux son regard sembla happé par une figure irréelle, revenue de son passé. Une gueule familière et réconfortante qui lui apparut. Elle put presque sentir la chaleur de son front contre le sien.

«-Certains disent qu’il représente la mort, d’autre la liberté, parfois les deux. Moi, j’ai tendance à dire que c’est ce qui représente le mieux ce qu’on incarne : une volonté boulimique et inébranlable.»

-Passe le moi, Arty. Fit-elle, tendant sa main rendue gluante.
-Oui !

Une fois l’objet saisi, la nièce de Lao Rance se planta sur le point culminant du bastingage à l’avant du pont, s’érigeant elle-même en figure de proue. Il ne restait qu’une vingtaine de mètres, entre leur navire et le plus proche affairé au port. Basil contempla l’image, un filet de sueur fendant sa face d’un trait.

-Gérez le bateau.

«-On le porte fièrement à l’orée d’une bataille ou d’un raid. Pour décliner à ceux qui le voient notre identité. On se fait clément, en le faisant, car on leur laisse l’opportunité de se raviser, s’ils avaient des pensées irraisonnables, sinon de se préparer à subir notre châtiment s’ils ont cru pouvoir nous prendre gratuitement l’un de nos biens. »

-Les chasseurs de primes sont les chiens du gouvernement. Même Pico le disait. Vendre ses services à quelqu’un c’est une chose, à ces tocards c’est différent.

«-Ils peuvent ainsi voir en ce jour de jugement, là, comme une menace, valser au gré des vents qui nous portent…»

-Ces types vous ont privé de liberté. Ils ont détruit vos vies et foutu en l’air la mienne. Tellement que je ne suis bonne qu’à m’ennuyer alors que je devrais être à vos côtés en train de vivre une vie meilleure.

«…la seule couleur pouvant absorber toutes les autres, sans jamais pouvoir se faire altérer.»

Les genoux de Jiva se fléchirent, sa main droite se planta en appui tandis que la gauche raffermit son emprise sur le bâton portant l'oeuvre d'Arty, un banal drap transformé en tout autre chose par un simple liquide. De l’encre d’homme-poulpe.

-Une vie de pirate.

Puis, en un instant, sans laisser à Basil le temps d’essayer de la raisonner, les jambes de la bleue se déplièrent pour la propulser sur le navire à quai le plus proche. Une fois atterrie dessus, elle y aurait repris appui pour bondir sur le port puis foncer jusqu’au centre de la ville. Chercher un point d’intérêt n’était pas son idée, elle en avait la flemme. Alors, au premier bâtiment qui lui parut dénoter avec les constructions présentes en majorité, elle fonda dessus en usant de sa force spectaculaire pour y lancer son poing et ainsi imprimer sur la façade son empreinte destructrice.

-Qu’on me ramène ces baltringues de chasseurs ou je cogne autre chose.

L'assaillante se planta ainsi devant le bâtiment, du moins ce qui aurait pu y rester. Son bras gauche s'éleva fièrement dans le ciel pour l'annoncer, exhibant le symbole de Lao, celui des pirates.

UN DRAPEAU NOIR





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Jiva
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Mer 18 Oct - 9:14


Les larmes d’acides qui défiguraient régulièrement le paysage local avaient fini par être domptées par les plus impétueux scientifiques. Leurs dégâts n’étaient plus aussi fatals qu’à l’époque où les premiers hommes s’installèrent sur cette île après des mois de voyage en mer, ayant été bannis de leurs maisons. L’inhabilité à s’adapter sans délai avait créer des orphelins, des veufs et des veuves à n’en plus finir : ce ne fut qu’avec l’éminence grise des nouveaux hommes qu’ils purent enfin harnacher cet environnement. Leur rodéo commença et était à ce jour en faveur des habitants. Les témoins de ces centaines d’années de domptage étaient attachés aux bâtiments du port : des sirènes qui résonnaient à chaque fois que la pluie d’acide menaçait de s’abattre soudainement, mais aussi des bulletins météos rediffusés en boucle via des visio-dials changés tous les jours.

« Demain, une pluie d’acide menace de s’abattre sur les terres à partir de 5h00… Merci de rester chez vous… »

Le tri-log pose avait fini de s’agiter quand l’équipage était parvenu à « aborder » l’île. Du moins quand Jiva avait réalisé son entrée fracassante qui estomaqua plus d’un habitant. Le navire qui s’approchait avait de toute évidence de la chance que les dernières pluies de soude remontent à plus de dix jours. Une accalmie agréable pour le peuple autant que pour le bâtiment du Drapeau Noir.


- Vous venez de détruire le mur de la Crèche ! Hurla une jeune femme en pleurs, s’éloignant de Jiva.

Si la pirate n’était pas aux courants des pratiques locales, elle ne comprendrait sûrement pas l’importance que revêtait la « Crèche ». Si la forêt rouge à l’extérieur de la ville portuaire était visible depuis la mer, certains arbres n’avaient pu être détruits avec le temps et les efforts communs des locaux. Ils étaient contenus dans des crèches où ils dormaient paisiblement, vêtus de sorte de dôme qui empêchaient leurs vapeurs caustiques de s’élever sur la ville. Un vent de panique s’éleva alors que les habitants s’élançaient à l’intérieur de leurs maisons. La pirate pourrait sentir que l’assaut n’avait pas eu, dans un premier temps, l’effet escompté. Les habitants auraient sûrement apprécié discuter avec quelqu’un d’hostile aux chasseurs de primes, mais ils étaient plus à même de laisser leur rancœur de côté si cela sauvait leur vie, comme ils l’avaient toujours fait.

Les vapeurs n’étaient cependant pas suffisamment virulentes pour faire du mal à la jeune femme. Comprendrait-elle qui avait construit ces crèches au milieu des villes et pour quelle raison ? A quelques kilomètres de là, une bâtisse imposante aux airs de fort modeste, mais détonnant dans le paysage, s’élevait au-dessus de la ville. Il s’agissait d’une ancienne base marine dont les contours avaient été réhabilités pour arborer un signe de berrys sur la façade.

Soudain, une voix grésilla dans une sorte de mégaphone accrochée à un mur à proximité.

« Veuillez évacuer les lieux et vous mettre à l’abri, une faille dans une Crèche a été repérée… Je répète… »

Le message tourna en boucle avant de s’éteindre définitivement quand tout le monde fut rentré, dans une sorte de mélodrame extrême qui donnait l’impression que l’appareil avait fondu. Alors, dans cette scène digne d’une mauvaise représentation, une personne sortit d’une trappe au pied du mur détruit, soulevant quelques gravats avec lui. Il se dirigea vers le mégaphone et y versa de la soude dessus, sans prêter attention à Jiva.


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Sam 21 Oct - 9:37

Drapeau Noir



Spoiler:

-Tu vois Jiva, nul ne peut savoir par lui-même qui il est réellement.

Après l’une de ces nombreuses crises, la petite fille fut bazardée dans le sac domestique du Toc. Le vieil homme avait ainsi évité le pire avec les autres membres de son équipage, la gamine étant toujours à essayer de leur grapiller le peu de ressources que les gardes d’Impel Down leur octroyaient gracieusement. Tandis que Lao s’occupait de calmer les ardeurs de certains de ses homologues et autres prisonniers venus d’ailleurs, Pico s’évertuait à donner des leçons à Jiva d’une façon plus douce. Si la céruléenne n’était pas à même de penser, encore moins de philosopher, il incombait au maudit de l’éduquer du mieux qu’il pouvait.

-Tu vois le sable ? Il a besoin de ton regard qui se pose dessus pour découvrir qu’il est ocre. Comme il a besoin du contact de ta main qui le saisit pour découvrir qu’il est brûlant et fin.

Dans la dimension de son propre sac, ouvert par sa malédiction, Pico avait recréé et entretenu un potager miniature. De quoi permettre la croissance et survie de la gamine, en lui procurant le nécessaire en nutriments tout en ayant à disposition un endroit au calme, parallèle à leur cellule infernale. L’agriculteur s’approcha de sa protégée dont la figure et les poings étaient constellés de tâches écarlates. Il s’essaya à l’essuyer de sa main, posant sa seconde sur son épaule pour contenir la colère passagère dans laquelle l’enfant s’était plongée.

-Quant au sang, c’est par son reflet dans l’œil qui l’observe qu’il comprend qu’il est rouge.

La bagarre, les chapelets de jurons, le rationnement et la constante peur de se faire prendre à parti par les autres. C’était ce qui rythmait leur quotidien. Qui allait crever durant la nuit ? Qui allait se faire tuer ? Qui allait se muer en bouc émissaire ? Tant de questions qui turlupinaient l’esprit de beaucoup, effritant la raison générale. Dans ce difficile contexte, comment Lao et Pico auraient pu en vouloir à cette petite Jiva, dont les traits angéliques leur rappelaient leur capitaine ? Il fallait rester à ses côtés et assurer sa protection jusqu’à ce qu’elle soit en âge de se défendre d’elle-même. Jusqu’à ce que, peut-être, un jour, elle puisse s’extirper d’ici et découvrir le monde.

Un monde qui n’aurait de choix de s’offrir à elle.

-Toi aussi, Jiva, c’est par tes interactions avec les autres et ce monde que tu apprendras à te définir dans ce monde. C’est à travers le regard des autres que tu découvriras ta propre valeur.

L’index du vieillard se glissa des pommettes au menton de la mioche, redressant sa tête.

-Alors quand on te regarde, présente toi toujours sous le meilleur profil ! Finit-il par ricaner.

___


-La crèche ?

C’était quel nom ça, pour une base de chasseurs ? Qu’importait pour la pirate qui se voyait satisfaite de la réaction de la plèbe. Ces gens qui fuyaient pour se terrer chez eux, espérant certainement que le désastre qu’elle venait d’annoncer d’un coup de poing allait passer au plus vite, loin d’eux et de leurs regards. Une alarme tempêta rapidement aux tympans de la céruléenne tandis que le nuage de poussière et gravats se dissipait enfin. Si le vacarme la séduisit rapidement, soulignant de façon tonitruante sa déclaration de bagarre, ses attentes furent rapidement modérées : ses yeux et son rictus s’écarquillèrent lorsque sa mâchoire tomba face au surprenant spectacle qui lui apparut.

-C’est quoi cette merde ?

Des arbres ? Un jardin botanique, peut-être ? Mais alors où étaient ces fumiers de mercenaires qu’elle était venue se farcir ? Avait-elle toqué à la mauvaise porte ? Ses iris papillonnèrent dans leurs orbites, parcourant l’ensemble du tableau qui lui était présenté. Qu’allait-elle faire pour comprendre ce qu’il se tramait ?

Là, un rectangle se dessina dans les gravats à ses pieds. Une trappe s’ouvrit aussitôt, lui présentant un étrange gus tout de saleté vêtu, une immatérielle compagne malodorante épinglée à son ombre. Ce type sembla ignorer Jiva, toujours fièrement campée sur sa position avec son drapeau brandi, pour faire taire l’alarme teintant à leurs côtés. Le sentiment d’urgence que la céruléenne avait créé dans cette ville sembla se dissiper aussitôt. Pire encore, l’attention qu’elle souhaita happer pour ensuite se défouler ne lui fut pas attribuée. La bleue se sentit débile, l’espace d’un instant, débile et transparente.

On ne la regardait même pas.

Inexistante.

C’en fût alors trop pour la pirate.

-Hey, toi ! Fit-elle, abaissant son drapeau pour pointer le sale type de son index. T’es le seul renfort qu’est envoyé pour défendre la ville ? Ils sont où tes potes chasseurs ? Je vais me les farcir, ces chiens.

Elle espérait obtenir une réponse, autrement sa main aurait certainement cueilli le bide du gaillard pour exprimer son mécontentement. Son haki de l'observation, érigé dans son crâne en instinct, lui aurait permis de percevoir toute attention de réponse à cet assaut impulsif, pour peut-être la contrer et la rendre avec une violence accrue.

Si Galéon avait été là… qu’aurait-il prescrit ?

___
Spoiler:

-Euh. Bon… hein.
-Bah, au moins on est à l’arrêt. Je largue l’ancre ?

Pour toute réponse un soupir.

Désabusé par le comportement de celle qu’il avait rejoint, Basil se retrouvait les bras ballants à devoir gérer de nouvelles responsabilités. Plutôt que de n’avoir qu’à s’occuper de lui-même et de son taux d’alcool dans le sang, il avait été assigné à ce navire et la garde du môme qui s’excitait sur le pont. Leur caravelle était désormais à l’arrêt, étant rentrée dans l’un des nombreux vaisseaux à quai. Si l’homme-diodon sautillait de joie à l’idée de partir à l’aventure, le Baxter tenta de modérer cette aventurière euphorie en lui rappelant où ils se situaient : à l’entrée du Nouveau Monde, sur une île qui pouvait être considérée comme l’une des pires. Une île de merde, avait-il déjà souligné.

Le pirate déchu avait déjà eu l’occasion de venir ici avec son ancien équipage. Cette terre écarlate les avait surpris cette fois-ci, jusqu’à les déstabiliser et causer une scission irréversible entre les plus tenaces et ceux qui traînaient la patte. Les chasseurs de primes et les particularités environnementales étaient deux éléments avec lesquels il fallait savoir composer pour espérer s’en tirer en attendant que le trilog pose ne se recharge. Encore était-il nécessaire d’avoir en tête l’ensemble de ces points : Jiva et Arty, eux, étaient pour sûr des ignorants. Ils étaient ainsi méprisables.

-Arty, va me chercher la machine à bulles géantes. Pesta Basil, s’imaginant déjà clamser ici.
-Oh, on s’y remet ? J’y vais !

L’alarme s’était déclenchée et parvint à ses oreilles depuis le centre-ville. Le Baxter n’eut pas besoin de faire de grands calculs pour comprendre qu’il s’agissait certainement d’une œuvre de Jiva. Dans quel bourbier s’était-elle foutue ? Devait-il réellement se soucier de la réponse à cette question ? Après tout, c’était chacun sa merde ici-bas.

-Connasse.




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Lorsque la personne qui avait provoqué cette cohue l’alpagua, l’homme à la soude se retourna et émit une sorte de grimace. Il fit un signe du doigt, indiquant un appel au silence, avant de désigner d’un geste déterminé l’autre bout de la ville où se trouvait la forteresse des chasseurs de prime :

- S’tu veux avoir à faire aux chasseurs de prime, cria-t-il en chuchotant. Faut aller là-bas. S’en fouttent pas mal des habitants, et puis tout l’monde s’est barré en c’moment. Un truc à faire à leur QG à Dora-machin.

Il parlait bien évidement de Doerena, l’île où le célèbre Mijushike Hojo avait élu domicile la plupart du temps. Un lieu à éviter si le Drapeau Noir voulait éviter de mourir bêtement. Tout en observant la jeune fille, il se tourna soudain vers une porte de maison qui menaçait de s’ouvrir, et d’une voix hurlante, dramatique, fit :

- AH ! LA SOUDE EST EN TRAIN DE ME FAIRE DU MAL ! AAAAAH !

Il déglutit, avant de se cacher pour ne pas se faire voir, au cas où. Cependant la porte se referma aussi sec et il soupira, soulagé. Il se tourna à nouveau vers la jeune femme, et lui désigna à nouveau le QG des chasseurs de primes. Elle pouvait aller massacrer qui elle y trouverait à bon escient, ça ne le regardait pas. Tant qu’il était payé pour son boulot…

Le port était aussi désert que le reste de l’île. Avec l’alarme, personne ne s’aventurait à ne serait-ce qu’ouvrir les volets opaques qui avaient été installés à chaque maison, dans un souci d’uniformité qui frisait le ridicule. Ainsi le péage habituel n’aurait pas lieu pour les deux membres de l’équipage qui pourraient vouloir débarquer à tout moment. En revanche, quelque chose n’échapperait sûrement pas à leur regard s’ils se montraient attentifs à leur environnement : une tête auréolée d’une prime non négligeable arpentait les rues en direction d’une taverne sans prendre de précaution particulière.

Spoiler:

Il s’agissait de Honji Olozetta, l’un des anciens membres de la Triade, aujourd’hui ostensiblement indépendant aux yeux du monde entier. Son implication dans différents trafics sur le Nouveau Monde, connues grâce à des articles de journaux qui mettaient en avant sa terrible influence, indiquaient aussi un autre aspect : il devait avoir des moyens de traverser le Nouveau Monde plus en sécurité, et peut-être même d’accéder à des îles qui auraient été inaccessibles sans cela. Un objectif qui pouvait être atteint s’ils décidaient de le suivre contre le bon sens qu’exigeait la prudence…


Oreo Nabisco "Cabunk"
Pilier de l'Alliance renommé à 280.000.000 B.

La base des chasseurs de prime, une ancienne base marine réhabilitée, était en pleine effervescence. Si Jiva ne le voyait, elle avait provoqué un mouvement de panique au sein des rangs des Chasseurs de Prime. D’habitude, la situation aurait été gérée par l’habituel maître des lieux, Marshall, mais celui-ci était absent avec une grande majorité des météorologues dans le but de développer de nouvelles technologies auprès de Bethany. Paradoxe absolu, le chef des scientifiques de l’Alliance, se trouvait actuellement à Risky Red : Oreo Nabisco observait avec attention les caméras de surveillance, déglutissant devant l’impressionnant trou.

- Ça va prendre au moins une demi-heure à réparer… Quelle plaie. Et c’est qui celle-là ?

Les deux Contre-Amiraux venus récupérés un primé haussèrent les épaules. Tant qu’elle ne venait pas par ici, ils étaient tranquilles. Elle pouvait bien faire du raffut, ça ne les regardait pas. Ils devaient juste rapporter le corps de ce primé auprès du bureau des primes pour justifier le paiement en bonne et due forme… Enfin, ils pourraient décoller une fois le confinement levé.


Sage Benkins & Morine Carter
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Lun 30 Oct - 17:30

Drapeau Noir



Spoiler:

-J’suis pas sûr de la dégaine.
-On en reparlera quand t’auras le corps en miettes.

Face à un Arty ahuri, Basil avait utilisé leur machine à revêtement pour couvrir leur navire, mais également se revêtir lui-même d’une fine pellicule de savon. Si cette résine issue des mangroves de Shabondy était connue pour permettre aux navires de s’immerger et atteindre les profondeurs sans craindre d’être broyée par la pression ; certains la savait utilisée par des maudits pour partiellement retrouver leur interdit – la possibilité de nager. Aussi le Baxter avait été inspiré, peut-être aurait-il pu tirer profit de cette substance pour se prémunir contre l’intempérie qui l’effrayait au plus haut point, la raison pour laquelle Risky Red lui déplaisait. Et si ce savon pouvait le protéger contre les pluies de soudes que l’on disait rythmer le quotidien des locaux ? Nul n’aurait pu s’avancer sur la réussite de cette saugrenue manœuvre, pour autant le dépressif avait préféré jouer de sa chance. Ainsi ce fut dans une fine pellicule translucide, une combinaison aux reflets arc-en-ciel, que le forban débarqua sur le quai de la terre écarlate.

Un rapide coup d’œil lui avait permis de confirmer ce qu’il pensa lors de la première écoute de l’alarme générale. Le quai était laissé pour vide et inanimé. Aucun péon n’était là pour le contrôler, prélever une possible taxe, encore moins leur gueuler dessus pour être rentré dans un autre navire. Si c’était là une bonne chose pour le taciturne qui n’aimait pas interagir avec autrui, le revers l’inquiétait : comment Jiva avait pu être responsable de tout un merdier en si peu de temps ? Qu’avait-elle fait, au juste ? Était-ce seulement elle la responsable de ce foutoir ? Pourquoi Basil avait pris le raccourci de la condamner elle seule ?

Que se passait-il, au juste ?

-Oh Bazz’, regarde ! Un autre type. Beugla le diablotin, encore posté sur leur bastingage.

L’index du rosâtre désigna un bougre en costard qui s’avançait calmement vers la ville. Peut-être était-ce un local ? Très peu probable pour le Baxter qui épingla son regard à cette silhouette. Son allure était certaine d’elle, ce type avait l’air d’être en mission : malgré l’alarme, il dégageait une certaine sérénité, comme s’il suivait un plan. Quelle était la trame de sa vie, à ce bougre ? Était-il aussi un protagoniste dans son propre livre ? Peut-être qu’en ce sens le forban aurait pu trouver un second camarade, moins farfelu et détonnant que la céruléenne. Ouais, ce type ne semblait pas être ici pour profiter du temps de merde, alors Basil s’attela à le suivre jusqu’à le voir rentrer dans une taverne.

Une beuverie, peut-être ?

-Cool ! Tu m’offres l’repas ?

D’un sursaut, Bazz découvrit le mioche dans son ombre. Ce péquenaud inconscient avait décidé de lui coller aux basques sans son consentement, le prenait-il pour son baby-sitter ? Et si ce gamin était là, qui aurait gardé le navire ?

-Tu t’es pas enrobé donc. Remarqua-t-il en première instance, dans un souffle de mépris. On ferait mieux de rentrer, oui. Basil fit une pause le temps d’un bref brainstorming avec lui-même. Mais tu vas commencer par aller aux chiottes, te laver les mains. J’rentre en premier, attends deux minutes avant de me suivre.
-Hein ?
-Fais ce que je te dis, Arty. C’est pour ton bien.

Ainsi, Basil rentra sous les yeux écarquillés d’Arty. Lorsqu’il passa les portes battantes, il s’attendit à ce que le revêtement savonneux qu’il portait attire l’attention des clients. Il s’imaginait déjà être mordillé par une dizaine de paires d’yeux, ça l’excitait au plus haut point… lui procurait la sensation d’exister, mieux encore, être le principal acteur d’une pièce de mauvais goût. Le comédien improvisé se serait posté au bar, arrachant un tabouret dans un raclement pour s’y planter, puis aurait commandé un whisky. Son regard dégoulina sur le lieu, en quête du bougre en costard. Si ce dernier était attablé, au bar ou ailleurs, il l’aurait lorgné en attendant de recevoir son verre.

En parallèle, Arty déboula bruyamment quelques minutes après son camarade. Il marmonnait quelques mots inaudibles, se plaignant certainement de la requête étrange du tocard au haut-de-forme. Au bout de quelques pas, au milieu de la pièce, il sursauterait en voyant le Baxter assis devant le bar.

-AH OUI ! EH, VOUS SAVEZ OU SONT LES CHIOTTES ICI ? J’AI UN TRUC A Y FAIRE, M’VOYEZ ?


___


-Super.

L’espace d’un moment, Jiva aurait pu s’inquiéter de l’état du chic gars qui venait de lui indiquer sa cible. Qui était-il ? Que foutait-il ici, dans cette sale dégaine ? Pourquoi tout le monde s’était abrité dans les maisons alentours ? La soude qui faisait du mal, qu’était-ce ? Elle aurait pu s’interroger sur l'ensemble de ces points, pour sûr. Mais c’était mal connaître la teigneuse, cette âme enfantine qui fut scellée dans une carcasse ayant passée le plus clair de son temps dans un lieu morose.

Ainsi la pirate s’était trompée de cible. Ca la foutait mal, son effet de surprise était certainement gâché désormais. Pire encore, elle s’était ennuyée à soigner son entrée et taper la pose pour récolter le maximum d’attention... tout ça pour rien, sinon se sentir stupide l’espace d’un instant. Mais son mécontentement fut vite bazardé dans l’oubli, tant le bougre qui lui faisait face la rencarda sur la situation. Sa cible fut identifiée clairement, cette fois aurait ainsi été la bonne se confirma la bleue en pensées, plantant son regard sur le gros berry sculpté sur le fort.

L’homme des souterrains put alors découvrir le sourire jaunâtre de Jiva, dont la teinte était d’autant plus contrastée par l’encre noire couvrant son visage. Sa bouche s’ouvrit encore plus, tandis qu’elle approcha son étendard de celle-ci.

-C’est vraiment… Ses dents se portèrent sur l’extrémité basse du bâton pour le mâchouiller… ktop, tout ghza.

Une fois que la pirate eut fini de ronger son drapeau, taillant son embout en pic, elle éleva son bras en raffermant sa prise et ancrant ses appuis. Alors, d’une brusque rotation du buste et d’un geste sec, le nouvellement étendard-javelot fut lancé à toute puissance vers le bâtiment qui avait été désigné par le malodorant.

-Tu t'appelles comment déjà ? Questionna-t-elle le bougre en prenant ses appuis. Moi c'est Jiva et on est potes désormais !

Une seconde eut à peine le temps de passer que Jiva s’élança à la poursuite du projectile d’un bond. Celui-ci endommagea sa zone d’appui, perturbant probablement le pauvre gars qui l’avait rencardé. Après un premier bond, elle se mit à cavaler comme une attardée, sans trop réfléchir, son attention portée sur la base qui aurait bientôt été frappée par sa bannière. Dès lors qu’elle aurait été à portée, la brute se serait une nouvelle fois élancée pour réitérer ses salutations : un coup de poing immodéré dans la façade de leur base qui aurait préalablement été percuté par le projectile, témoignant toute son estime pour ces tocards de chasseurs.

-C'vous les chasseurs ?




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Mar 30 Jan - 23:46



Oreo Nabisco "Cabunk"
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Les chocs s’intensifiaient tandis que les gouttes destructrices continuaient à tomber de la voûte céleste. Face aux assauts toujours plus violent de Jiva, le coordinateur et scientifique de l’Alliance des Chasseurs de Prime manquait de plus en plus de solutions. Ses gadgets tombaient en pièces détachés sous la puissance des phalanges de l’assaillante, sortit droit du néant pour porter le chaos et la destruction sur ces terres. Les murs branlants de l’aile principale de la base des Chasseurs de Prime de Risky Red témoignaient de l’âpre lutte qui avait lieu. Certaines briques se détachaient toutes seules sous l’effet des gouttes, rattachés au reste de la bâtisse par une mince bande de mortier. Oreo tira une grenade aveuglante, puis déploya ses hélices-lance-missiles, des engins volant grâce à leur hélice et qui permettaient de bombarder par le dessus un adversaire. Le Nabisco avait une parfaite compréhension de toute technologie dès qu’il posait un œil dessus, mais face à une force brute et primitive n’ayant rien à voir avec la science, il était tout simplement démuni, pieds et points liés. Comment défendre efficacement toutes ces âmes ? Oreo était parvenus à assenez quelques blessures à Jiva, mais en contrepartie le cyborg y avait laissé le canon qui lui faisait office de bras. Même la constitution métallique de son corps n’était plus suffisante pour résister aux frappes de cette bête féroce qui voulait le dévorer. Une capsule s’ouvrit dans la poitrine du gnome et des feux d’artifices en jaillirent. Ils ne feraient pas vraiment de dégâts, mais ce n’était de toute manière pas l’objectif. Il lâcha une mini-boule disco qui s’activa et démultiplia la lumière de la pyrotechnie afin de créer une succession de flash de couleurs, ce qui allait permettre au tontatta de profiter de cette perte de repère pour se déplacer. Mais, en dépit de tous ses efforts la victoire semblait lui échapper de plus en plus. Jiva délivra un dernier coup triomphale qui vint incruster le corps d’Oreo droit dans un des murs dont tout le contour s’effondra alors suite à l’impact. Alors que la conscience du Pilier de l’Alliance s’évaporait dans les bras de Thanatos, ses yeux s’écarquillèrent un instant. Dans le même temps, une voit vint mettre un terme à toute forme de triomphe de Jiva.


Sage Benkins & Morine Carter
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-Il est temps de plier bagage si vous ne voulez pas finir aux arrêts, déclara le contre-amiral Benkins en faisant craquer ses doigts.

Derrières les deux silhouettes se dessinait en effet un peu plus loin en mer une embarcation battant le pavillon de l’Alliance des Chasseurs de Prime… ainsi qu’une tempête qui se formait progressivement dans toute la zone. Tout membre de l’Alliance ou gouvernemental ayant effectué une partie de sa carrière sur cette mer savait ce que cela signifiait. Les renforts s’étant avéré disponibles pour répondre à l’appel d’Oreo n’étaient pas d’un petit calibre.

[Conquête] Drapeau Noir 1542050781-bethany-ashvane[Conquête] Drapeau Noir Selvar10
Bethany Ashvane « La Tempête du Midi », Elria Shiva « la Rapide »
Piliers de l'Alliance des Chasseur de Prime
Renommées à 712.000.000B et 435.000.000B

-Dès que sa tête entre dans ton viseur, tu peux tirer je pense, commentait Bethany.

-Mais… et Oreo alors ! répliqua la tireuse d’élite qui craignait pour la vie de son camarade.



Honji Olozetta "Waraji ya senko masuta"
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Basil de son côté était parvenu à grignoter quelques informations croustillante au sujet d’Honji Olozetta venu ici pour étendre ses trafics et ses réseaux en ville. À cette occasion, en écoutant les propos tenus par les différents protagonistes de ces conversations, il apparu assez évident qu’une partie de la population était prête à aider les pirates et hors-la-loi à se cacher de l’Alliance et ce contre rémunération. Cela semblait même être un business juteux pour certaines élites économiques de l’île. En prenant contact avec eux, Basil pu négocier leur soutien et cela s’avéra utile bien plus tôt que prévu. En effet, grâce à une de ces cachettes, Damien Lorzetta mis en sûreté Jiva qui avait déclenché un branle-bas-de-combat général en tuant Oreo. Les forbans furent contraint de rester dans cette cave profonde cachée sous une première cave, le temps que la tempête passe, tant au sens figuré que littéral à cette occasion vu la personne qui avait fait le déplacement. Cela offrit le temps au trilog pose de Jiva de s’imprégner du magnétisme pour s’adapter et proposer ses nouvelles cibles.

Ne trouvant plus de traces de Jiva, les Chasseurs de Primes furent bientôt contraint de se rendre à l’évidence : la meurtrière s’était envolé. Ainsi, une fois la voie libre, Damien Lorzetta libéra la petite troupe des profondeurs de son humble demeure et leur ouvrit la voie pour retourner jusqu’à leur embarcation qui avait été réquisitionné mais qui, surveillé par simplement deux soldats, ne serait pas compliqué à reprendre. L’équipage pu faire voile vers de nouvelles aventures après avoir écrit en ces terres le premier acte de leur légende.


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Ven 2 Fév - 10:24

DRAPEAU NOIR






[Conquête] Drapeau Noir L15p
Arty Rouzé

L’enfant ne comprenait pas comment on pouvait apprécier consommer ce poison. Il s’agissait pour lui d’un plaisir éphémère malsain, puisque devait s’entretenir constamment : un centilitre en forçant un autre. Dès que l’on coupait son abreuvement, le manque se faisait immédiatement ressentir. Ne subsistait qu’un vide béant happant tout ce qui passait à proximité dans l’espoir de se combler. Ne pouvait en résulter qu’un mal-être latent, rythmé de pulsions boulimiques dont l’objectif était de rassasier ce désir d’être à nouveau rempli.

La mécanique de l’addiction, certainement, sinon le combat contre l’ennui profond.  

L’absence d’élan vital.

A son jeune âge, le Rouzé avait déjà pu conscientiser cet aspect-là de la vie. C’était qu’en grandissant dans les ghettos Est du Quartier des Hommes-Poissons, il put observer de lui-même les afflictions causées par la pauvreté et leur impact sur ses pairs. Nul doute ne faisait que Basil était l’un de ceux, qui, névrosé comme il paraissait l’être, usait de l’alcool pour meubler leur quotidien : maquiller leur vécu, sinon combattre le temps en l’assommant à coup d’ivresse cotonneuse.

-C’est dingue comme ce poison soulage tout mal. Souffla le Baxter à son camarade de beuverie.
-Le pognon aussi. Rétorqua l’homme tout en feuilletant l’épaisse liasse que lui avait avancée Basil plus tôt.

[Conquête] Drapeau Noir 4qgf [Conquête] Drapeau Noir Hu21
Basil Baxter ; Damien Lorzetta

Damien vint rouler les billets en un cylindre qu’il ceignit d’un élastique. Le hors-la-loi souleva son haut-de-forme pour y fourrer le pécule négocié avec le forban. Le Lorzetta avait toujours apprécié les gens qui avaient ce goût pour son accessoire fétiche. Il trouva tout de suite un point commun avec le drôle d’individu découvert sur les pas de son partenaire d’affaire initial, l’Olozetta. Leur attrait pour la liqueur les rapprocha plus encore : ouvrant leurs pores à autrui, laissant s’y déverser sans friction leurs paroles – vecteurs d’influence. L’impatience et l’antipathie naturelle du criminel étaient tombées face à l’œuvre démoniaque, créant une opportunité jusqu’alors imprévue dans sa journée : aider son nouvel ami de beuverie, moyennant une poignée monnayée, dans le chaos causé par l’une de ses connaissances. Ainsi Damien s’était lui-même bazardé d’une négociation bénigne avec un hors-la-loi grandement réputé à un contrat défini à toute allure, en perte de vigilance, avec de parfaits inconnus. Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même, donc, de se retrouver pris au piège dans cette cave étriquée, avec trois péquenauds lui faisant face. Un mioche homme-poisson qui semblait bouder dans son coin et deux alcooliques en puissance : l’un qu’il commençait à connaître, l’autre qui avait provoqué tout ce grabuge sur Risky Red.

-Laisse-la mec. Elle est paumée, là.

La voix graineuse du Baxter éméché avait stoppé l’élan qui allait animer Damien et le pousser à réclamer explication auprès de la céruléenne. Basil fit montre d'une certaine empathie en cet instant. Le regard du forban raté dégoulina ainsi de la figure de son sauveur à la silhouette recroquevillée de Jiva. Elle leur était revenue en trombe, le corps couverts d’ecchymoses et de sang, une dépouille dans la main, celle d’Oreo Nabisco. L'alcoolique aurait cru voir en elle, au moment de son retour, une fierté exaltée : celle d’avoir mené à bien son assaut, concrétisant ses ambitions affirmées lors de leur arrivée tout en étant ressortie en un seul morceau. Il s'était pourtant passé tout le contraire : son expression s’était fanée lorsqu’elle leur revint et qu’elle les découvrit tous les trois seulement. Même la confirmation de cet exploit par Damien, local de cet île, ne sembla avoir d’intérêt pour la tête cramée. La peste s’était ainsi laissé conduire ici, en pilotage automatique sans piper mot, pour se recroqueviller sur elle-même, laissant choir la dépouille dans une flache ensanglantée.


-Jiva ? Tenta timidement son second improvisé.

Sa vision lui renvoyait désormais qu’une image floue de la réalité. L’alcool faisait effet et il fut difficile pour Basil de confirmer ce qu’il estimait déceler ou non. Sur le visage de sa cheffe son masque d’encre se desquamait en écailles. Il était sillonné de larmes muettes, ses cheveux en désordre et ses yeux assombris brûlaient d’une colère presque effrayante. Elle contemplait le vide, la mâchoire tombante, nuque affaissée, penchée au-dessus de la carcasse ayant subie son courroux.

Elle s’était figée là, larmes et baves s’agglomérant à son menton.

Le robinet goutta alors dans cette mélasse ensanglantée en contrebas.

Une flache violacée qui lui renvoyait son visage distordu.

Pourquoi ? Pourquoi se sentait-elle si vide ?

Pourquoi ?

Elle l’avait pourtant massacré ce type, tout en faisant part à ses collègues de son message. Plutôt, du message de ceux qui l’avaient élevée : réaffirmant fièrement leur symbole et l’identité qui lui avaient attribuée.

Jiva, leur drapeau noir.

Dans ce rôle, la pirate avait pris son pied à répandre le chaos. Détruire cette base, briser les os du nabot qui s’était planté sur sa route. Elle s’était amusée à l’affronter, prendre des coups pour les rendre plus fort. Puis, pour une raison qu’elle ne put conscientisée, elle s’était tirée face aux renforts pour se terrer auprès de ses camarades, ici, dans cet endroit ridicule.

La dépouille du nabot vouée à être un trophée n’était qu’ici l’incarnation de son insatisfaction. Source de son mécontentement.

Et désormais…

Jiva se sentait vide. N’avait plus aucune envie, ne ressentait plus rien d’excitant. Au contraire, elle était presque dégoutée. Pourquoi donc ? Aurait-elle dû aller plus loin ? Aurait-ce seulement eu un sens de le faire ? Elle n’en savait rien, elle ne savait rien.

Le goulot de sa bouteille caressa ses lèvres, le whisky sis dedans réchauffa ses entrailles. La pirate se recentra sur ses traits dilués dans la flache de sueurs, de sang et de larmes qu’elle fixait.

De larmes ? En quel honneur pareilles choses se retrouvaient ici, à dégouliner froidement sur son faciès ? Pourquoi aurait-elle ce truc en commun avec les faiblards, ceux qui versaient dans le sentimental ?

Cette putain de flache était honteuse, ça n’aurait pas dû être le cas.

Pourquoi se sentait-elle ainsi ? Presque démunie ?

Ce reflet dans cette ignoble mêlasse.

Elle y décelait dans sa couleur violacée un rappel de son meilleur ami, plutôt de son absence suite à sa subite disparition. Qu’aurait-il fait, s’il avait été là ? Il l’aurait sûrement célébré ça d’un bon repas et d’une bouteille, s’éclater et tuer le temps de façon quotidienne, jusqu’à ne plus sentir les journées s’écouler, oublier le sens de toute existence comme à leur habitude - la résultante de l’inertie d’une vie simple et dérisoire.

Jusqu’à oublier ne serait-ce que la raison de sa soudaine pulsion boulimique. Cette rage à l’encontre de ces types. Ce besoin de leur faire payer ce que ceux de leur espèce avait fait subir à ses proches.

Ga…

Non.

Lao Rance. Pico Toc.

«-Ne te laisse pas distraire par cette raclure d’homme-bête, je te l’ai déjà dit : ça te perdra.»

Le reflet sembla se muer, ses traits se fronçant. Un air sévère, bien plus sombre, tapissant ce visage jusqu’alors transi d’une solitude prise entre colère et tristesse.

«-Jiva, il y a des gens qui gagnent à te distraire. Te faire stagner avec eux, plutôt que de tomber seul alors que tu t’élèves. C’est la solution qu’ont trouvée les faibles face à la dichotomie de notre monde. »

Pourquoi ne repensait-elle qu’à ces paroles que depuis récemment ? Que lorsque Galéon était loin d’elle. Que lorsqu’elle se sentait plus bas que terre, face à une situation inconfortable. Que lorsqu’elle avait le temps de le faire.

L’abreuvement en distractions étant interrompu.

« -N’oublie jamais qui tu es. »

Cette phrase la piqua soudainement, menaçant de provoquer le craquage jusqu'alors redouté. La tension enfla dans sa poitrine, son cœur manquant plusieurs battements.

-Ce que je suis. Je ne suis qu’une…

Sa gorge se noua pour ne pas prononcer une sentence trop sévère, ressentie comme injuste.

Injuste, l’était-ce réellement ?

Elle ne savait même pas comment se repérer sur une putain de mer ;  ce qu’elle était supposée faire en tant que capitaine de son équipage au rabais. Encore moins de son existence : ce qu’elle avait envie de faire.

Il y avait de quoi avoir honte. Et, pourtant...

« Jiva, tu es une putain de pirate.

La main de Basil s’était présentée à elle, sa voix faisant écho aux mots qu’autrefois prononçait son oncle si sévère. Le postulat qui avait cadré son enfance, conforté dans une direction jusqu’alors perdue de vue.

-Et de ce que ça veut dire, on va le découvrir ensemble.

Il s’était lui-même promis de l’accompagner, se greffer à elle pour vivre sa vie et répondre aux questions qu’il se posait sur son existence.

Ces questions et ces jugements qu’elle s’infligeait en son for intérieur, lui aussi y était souvent confronté et faisait le choix de s’en soustraire. Il avait même espéré trouver plus courageux que lui pour, justement, répondre à l’ensemble sans que le déchu n’eusse à se mouiller. Se sortir de sa misérable solitude en accolant sa trajectoire à celle d’autrui.

Jiva s’était présentée à lui fortuitement et il avait, seulement avec elle, choisi de se lancer.

Qu'elle se retrouve ainsi en ce jour confirma son ressenti au moment de leur rencontre : elle et lui étaient hantés par les mêmes craintes. Plus encore, par une culpabilité similaire.

Celle de ne pas avoir vécu leur vie comme ils l’auraient dû.



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