Moldoron.

Cette saleté de chasseur de primes... Non content d'éviter ses assauts, il essayait maintenant de le provoquer ! L'escrimeur blond avait la tête qui tournait dangereusement, mais il ne se sentait pas pour autant incapable de combattre : il avait déjà connu pire, en quelques sortes... Cependant, ce qui le gênait davantage, c'était de voir les Decimas qui l'entouraient jusque là tomber comme des mouches, les uns après les autres. Un certain nombre de gouvernementaux avaient été touché, voire vaincus, mais les plus grosses pointures étaient de surcroît encore debout... Et même si Akainu, également, était encore en état de combattre, il n'allait probablement pas pouvoir tenir le cap face à autant d'ennemis en même temps ! Conscient donc que sa place était aux côtés du pion, imaginant qu'il y serait bien plus utile plutôt qu'ici, en train de tenir tête à un combattant déjà à moitié mort, Moldoron décida de passer aux choses sérieuses pour accélérer la fin de cet ennemi trop teigneux. Malheureusement, exactement au même moment, deux autres agents bondirent dans son dos pour le prendre par surprise, l'empêchant de mettre ses sombres desseins à exécution... Pourtant, avant même que les deux types ne parviennent à le frappe, le sol se déforma et s'éleva, engloutissant le marine et l'agent du CP9 sans leur laisser la moindre possibilité de s'en sortir. Au même moment, simultanément, une gigantesque explosion eut lieu. L'épéiste eut à peine le temps de se retourner : ses yeux écarquillés fixèrent une gigantesque vague de mercure qui, à une vitesse effarante, le percuta de plein fouet et propulsa son corps brisé une centaine de mètres plus loin. Sur tout le champ de bataille, des scènes similaires avaient eu lieu : lorsque les combattants n'avaient pas été carrément engloutis, à l'instar de Skronk ou des blessés Decimas, ils avaient été violemment projetés.

† Flashback †

William Lancaster, ex-akainu, et Amirale Fujikujaku.

La stratégie était bien pensée : en utilisant son haki de l'observation et la peinture de son allié, Ghetis pouvait tenter de prendre Lancaster de court, afin d'inverser la tendance. Cependant, cette stratégie reposait principalement sur sa survie, sur le long terme, et sur celle de Yonass : un pari terriblement risqué si l'on considérait que l'ancien amiral risquait désormais de reporter son attention exclusivement sur eux...
Pourtant, alors que le chasseur de primes s'élançait dans la direction d'Akainu, celui-ci ne lui jeta qu'un bref regard, machinal et mécanique, avant de balayer le reste du champ de bataille du regard. Ilifili et Patero avaient tous les deux étaient vaincus, tout comme Ive et Okotentorebo. Autrement dit, les principales têtes d'affiches côté gradés Decimas avaient toutes été défaites : le seul qui demeurait, Moldoron, n'avait pas de titre à proprement parlé et n'était qu'un combattant plus doué que la moyenne, hors du commun. Ce traitement de faveur particulier ne lui permettait pas d'être considéré par le pion amiral comme l'un de ses supérieurs... Et le chien rouge imagina donc tout naturellement qu'il ne pouvait plus mettre ses supérieurs en danger via ses actions, puisque tous semblaient morts. Car oui, pour William, désormais, les blessés étaient tous à considérer comme étant morts... Pourquoi ? Parce que son haki de l'observation ne parvenait pas à déceler le moindre signe de vie... Logique : l'Archer qui lui faisait face l'empêchait d'utiliser son haki, justement.

Ainsi, le pion Decima écarta brutalement les bras, toujours en suspend dans les airs, ses pieds lui permettant de rebondir à intervalles réguliers, à coups de petites explosions. Et Ghetis n'était toujours pas arrivé, son gunbai s'approchant peu-à-peu de sa main, que les paupières de Jasmine s'écarquillèrent soudain : elle avait comprit ce qu'il allait tenter. Vive d'esprit aussi bien que de corps, Fujikujaku prit l'initiative : d'un ample signe de la main, des pans de roches et de terre se détachèrent du reste du sol et de la lave en fusion. Ces morceaux de roche vinrent placer un certain nombre de combattants à l'intérieur de véritables cocons : Dereto et Yzis, Caligula et Nanao, et enfin elle-même étaient désormais parfaitement coupés du reste du monde. Flais, de son côté, eut tout juste le temps de générer un dôme de plomb, et Yonass l'intelligence suffisante pour le recouvrir de haki de l'armement en y apposant ses mains qu'Akainu passait à l'action.

† Fin du Flashback †

Une détonation d'une puissance phénoménale avait eu lieu : du mercure, projeté à une vitesse ahurissante, et à une quantité démentielle, avait rapidement englouti l'arène toute entière, la dévisageant définitivement. Les protections dressées par Jasmine et Flais s'effondrèrent mollement, laissant alors apparaître les principaux rescapés. Pour Ja'far et Ghetis, rien n'était moins sûr, de même que pour le pacifista Alphabeto et Tanaka Ysaak... Fujikujaku, haletante, posa un genoux à terre en regardant les cadavres et les hommes inconscients qui s'étalaient à perte de vue. Ils allaient avoir besoin de secours, aussi vite que possible... Pire encore : Akainu venait tout juste de retomber au sol, indemne. La main de la demoiselle se dressa brutalement, comme pour tenir cet ennemi en joue, mais une voix d'une certaine douceur, provenant de derrière elle, la calma dans ses ardeurs :

-Taratata... La bataille est finie, amirale.

Kokuwo Nala, Bras-Droit de Mars.

Une fermeture éclaire venait de s'ouvrir derrière l'amirale, dévoilant une silhouette qui lui était relativement familière. Elle pivota donc brutalement, pour tenir cette menace à l’œil, tout en gardant une main pointée en direction d'Akainu. La situation était mauvaise, très mauvaise...
Dereto se redressa péniblement tandis que Yonass, de son côté, essayait d'aider Flais à en faire de même : cette attaque surprise n'avait pas été attendue, et il avait eu du mal à générer son élément avec une telle rapidité au vu de ses blessures. Un peu plus loin, la carcasse métallique de l'Alphabeto gisait au sol, un bras en moins. Il n'en finissait plus de produire quelques bips sonores, mais ne semblait pas totalement détruit. Ysaak, quand à lui, avait été écarté nettement plus loin, et semblait avoir les deux jambes brisées : désormais, il tentait de se traîner jusqu'au pacifista.

Kokuwo Nala, Bras-Droit de Mars et Amirale Fujikujaku.

-Et voilà. Ce regard-là, celui-là, j'aime pas. Déjà parce que ça vous donne un air agressif, ce qui n'est déjà pas un bon point en soi, ensuite parce que j'ai l'impression que si vous le pouviez, vous m'écraseriez comme ça, en serrant le poing, terminé. Si je pouvais, je serais déjà loin mais... on m'a donné un ordre, vous savez ce que c'est.
-Abrège.

Même si elle était au pied du mur, Jasmine conservait un air féroce, que lui avait d'ailleurs pointé du doigt son interlocutrice. Dans le même genre, elle n'avait guère envie d'écouter les balivernes de cette Decimas sans broncher : s'il s'agissait des derniers mots qu'elle avait à entendre, alors mieux valait se contenter du silence. Car il fallait admettre qu'elle était dans une situation pour le moins périlleuse : d'un côté l'apparition de cette étrange jeune femme aux pouvoirs certains, et de l'autre un ex amiral en pleine forme qui venait de littéralement raser un champ de bataille sans vraiment lever le moindre petit doigt, uniquement grâce à ses capacités de génération qui approchaient de la folie furieuse. Non, vraiment, le Gouvernement Mondial était bien mal embarqué... Et pourtant, les plus hauts-gradés étaient encore en état de combattre. Dereto, en premier lieu, se rapprocha brutalement de sa supérieure d'un soru, se plaçant instinctivement entre elle et Akainu pour prévenir un assaut et tenter de protéger la demoiselle s'il en était capable. Flais et Yonass, ensuite, entreprirent de se relever en s'aidant l'un l'autre et, une fois debout, arborèrent une attitude certes défensive, mais qui transmettait parfaitement leur détermination. Bref : ils avaient été prêts à donner leur vie à la justice et s'il fallait le faire maintenant, ils n'allaient pas se gêner. Pourtant, Nala ne leur jeta pas le moindre regard, et conserva son attention braquée sur l'amirale Fujikujaku jusqu'à ce qu'un autre homme ne débarque des cieux. Elle le fixa alors approcher avant de s’exclamer :

-Ghetis Archer ! Parfait, je vous cherchais. Mais laissez donc tomber vos armes, tous autant que vous êtes, je vous l'ai dit : la bataille est terminée. Vraiment, c'est pas du bluff. Ça me fait penser que...
-Et pourquoi est-ce qu'on vous obéirait ? Même si Lancaster est d'une puissance extraordinaire, vous n'êtes plus que deux...
-Pousse-toi, Nala. J'en ai marre.

Kokuwo Makui, chef de Mars.

Le chef de Mars sortit à son tour de la fermeture éclaire en coupant net Yonass dans son élan, lui arrachant d'ailleurs une expression de stupeur et de surprise. Et il fallait le comprendre : l'ex vice-amiral Kokuwo Makui était censé être mort durant le jeu macabre qu'il avait initié au sein même du siège de Mars, vaincu par un Rasgarat Abel aux pouvoirs terrifiants. Pourtant, l'homme qui leur faisait face était encore vivant, même si son corps était recouvert de bandeaux et que son visage était d'ailleurs horizontalement fendu par ceux-là : il avait sans conteste essuyé de très graves blessures, mais tenait debout. Après s'être dévoilé aux regards des gouvernementaux, il prit une posture plus stoïque, croisant les bras derrière son dos en les dévisageant tour-à-tour. Puis, après avoir laissé leur effarement diminuer en intensité, il poussa un soupir et désigna l'amiral Akainu d'un bref mouvement de tête :

-Lui, il vient, et vous, vous survivez. Pas de négociations.
-Doit-on comprendre que Mars est affiliée aux Decimas ?
-Comprenez ce que vous voulez, amirale. Ce que vous voulez.

L'homme avait répondu à Jasmine qui se renfrogna en grommelant, sans vraiment trouver quoi que ce soit à redire. Si les rumeurs disaient vraies, Makui était très largement d'une puissante équivalente à Dereto, et si l'on ajoutait Nala ainsi que William à l'équation, les maigres chances que possédaient encore les membres du Gouvernement Mondial venaient définitivement de prendre leur envol. Mais ça n'était pas tout, car une troisième silhouette se dévoila enfin lorsque Nala claqua des doigts, sortant de la fermeture éclaire avec lenteur avant de s'arrêter juste derrière les deux Kokuwo.

Ex amiral-en-chef Kizaru.

-Bon, Centes ne nous l'a pas prêté pour le faire combattre, il est juste là pour vous montrer qu'être raisonnables, parfois, c'est bien... Enfin, votre survie est liée à quelques conditions, quand même.
-Ghetis Archer. Où est le ponéglyphe de Drum ? Parlez.

Nala avait, une fois de plus, été coupée par son frère, mais ne s'en formalisa guère. Alors que les agents du Gouvernement Mondial échangeaient quelques brefs regards légèrement déstabilisés, incapables de savoir comment réagir pour optimiser leurs chances de survie, la demoiselle se tourna à nouveau en direction du chasseur de primes et expliqua brièvement la situation...

-Drum, Centes s'en fiche. Nous avons de très puissantes têtes, mais notre armée n'est pas encore à la hauteur. Se disperser, c'est s'affaiblir. Non, cette opération de diversion -car c'en était une, ne soyez pas trop fiers- visait à nous permettre à nous deux, Makui et moi-même, de nous balader sur l'île pour retrouver le ponéglyphe que nous devions ensuite ramener sur Merveille. Sauf que surprise : on a eu beau fouiller, pas le moindre ponéglyphe... Et c'est là que vous intervenez ! Ou plutôt là qu'intervient votre défunt frère...
-L'assassinat du Roi de Drum. Tout est lié, n'est-ce pas ?
-Aller, dites-nous, où il est, le ponéglyphe ?

Car s'ils savaient que Renaissance était liée à cette affaire sordide qui regroupait assassinat, extorsion de biens et autres joyeusetés, ils ne connaissaient évidement pas le fin mot de l'affaire... Sinon, ils ne seraient évidemment déjà plus sur Drum.

Kokuwo Nala, Bras-Droit de Mars et Kokuwo Makui, chef de Mars.

Ce Ghetis Archer avait de la suite dans les idées, c'était indéniable... Probablement plus que son frère, d'ailleurs. En l'écoutant parler et décliner l'hypothétique lien reliant Mars aux Decimas, Makui ne put s'empêcher de laisser un sourire ironique envahir son visage. Le chasseur de primes n'avait pas tort... Mais pas raison pour autant. Certes, Mars pouvait se targuer d'être une organisation bien à part, qui n'avait pas à subir l'influence du pouvoir du Monarque, au même titre que les chevaliers de ce dernier, mais ils n'étaient pour autant pas exempt de ses caprices. Tout au contraire, le jeu en lui-même et la sélection des candidats, cela n'avait été qu'une vaste opération visant à permettre à Centes d'abattre les futurs grands, les plus fortes têtes de la Nouvelle Ere avant même qu'elles ne mûrissent. Des élèves de John Pacifique, un Supernova au haki royal, un désormais vice-amiral, l'une des têtes d'affiche de la piraterie de South Blue... La liste était longue, et ceux qui avaient passé l'arme à gauche étaient autant de menaces qui n'étaient plus là pour planer sur leur avenir à tous. Dans tous les cas, aucun des deux Kokuwo ne se permit de répondre après la prise de parole de Ghetis à ce sujet : cela ne les intéressait pas outre mesure, et le monde avait encore à patienter avant de connaître toute la vérité les concernant... Avant de savoir à quel point Centes avait pensé à tout, avant même la trahison du vice-amiral, quelques années plus tôt. Cet homme, ce Roi n'était pas devenu un tel danger pour l'ordre mondial par pur hasard : il l'était devenu à cause de ses qualités certaines, et ce dans pratiquement tous les domaines imaginables. Un leader hors normes, un chef charismatique... En bref, bien loin, très loin de l'image de lâche que le chasseur de primes décrivait. D'un autre côté, il ne l'avait jamais rencontré, donc il était difficile de lui en vouloir : il n'était qu'un ignare...

Vint ensuite, enfin, le temps tant attendu des informations qu'ils étaient venus quérir : vraisemblablement, l'Archer acceptait de coopérer à condition que les forces du Gouvernement Mondial ne puissent se retirer au préalable. L'homme appuya cette condition en la transmettant directement à Jasmine, sous forme de supplique : celle-là ne semblait guère être en mesure de la contester, tout comme Yonass, Flais et Dereto qui se contentaient d'observer avec grand intérêt. Il était impossible d'imaginer une victoire face à Akainu, Kizaru et Makui en même temps, et ce même si d'aventure des renforts leur parvenaient suffisamment promptement pour leur éviter une défaite sanglante... La diplomatie était donc leur dernière issue. Après un lent hochement de la tête, Fujikujaku sortit un minuscule Den Den Mushi de sa poche et y murmura quelques mots, sonnant l'évacuation des blessés et des pions capturés en tant que priorités absolues. Elle s'apprêtait elle-même à faire demi-tour pour aller aider au transport des mourants lorsque la voix du chef de Mars se fit entendre, la coupant net dans son élan :

-Vous restez-là, amirale. Vous, et le chasseur. Les autres peuvent tous partir.

Si le visage de la demoiselle sembla se renfrogner, elle ne contesta aucunement. Elle pivota simplement, croisant les bras l'air agacé, gardant toutefois ses sens en éveil en considérant les probabilités pour que la situation ne dégénère : endormir sa méfiance ne pouvait avoir que des conséquences terriblement négatives. Tandis que Yonass et Flais exécutaient les ordres, certes sans grande conviction mais avec tout le sérieux qui devait les habiter compte tenu de leurs responsabilités, Dereto, lui, se figea. Brutalement, il essuya la marque de peinture qui demeurait sur son corps et se plaça aux côtés de Jasmine, dans la même posture qu'elle, le tout sous le regard étonné de l'amirale et sous celui nettement plus amusé de Makui :

-Je reste également.
-Pas d'inconvénients.

Une fois que tout le beau monde fut enfin à l'écart, Nala s'écarta de son frère pour contourner le trio de gouvernementaux resté sur place et se figea devant Akainu en poussant un soupir ennuyé. Elle ouvrit alors une fermeture éclaire juste devant le pion et l'y poussa avant de la refermer, le tout tandis que l'ex vice-amiral prenait la parole sous le regard morne et vide d'un Reis Jacob vaguement à l'affût.

-Bien, maintenant que l'affaire est réglée, passons aux choses sérieuses. Oh, et pour votre gouverne... Nous savons que Sypher Wenham est lié à l'affaire, dans le cas de figure où il vous prendrait l'idée de mentir ou de vous enfuir.

Les possibilités n'étaient qu'extrêmement minces, mais il était toujours bon de posséder un moyen de pression tel que celui-ci : depuis le début, Makui connaissait les liens qui unissait Sypher Wenham à Noctis Archer... C'était d'ailleurs en partie pour cela que celui qui n'était encore à l'époque qu'un enfant avait été choisi pour participer au siège de Mars. En partie, seulement... Il était toujours bon de tenir les enfants prodiges à l’œil, de manière générale. Restait à voir comment Ghetis allait réagir à cette petite provocation, et s'il allait accepter de coopérer ou s'il allait, au contraire, précipiter bêtement sa mort.

Kokuwo Nala, Bras-Droit de Mars et Kokuwo Makui, chef de Mars.

Le chasseur ne sembla guère désarçonné par la menace de mort qui planait sur la tête de Sypher Wenham : il semblait au contraire relativement confiant et, dans une certaine mesure, songeait que construire une sépulture décente suffirait, dans le pire des cas. Pour autant, Makui ne perdit pas une once de son sourire : certes, sa menace tombait à l'eau, mais elle ne faisait de refléter un fait d'autant plus intéressant... Si même les amis et collègues cessaient de vouloir se protéger et se venger, Centes n'avait plus beaucoup de chemin à parcourir pour contrôler le monde tout entier. Autre constat revigorant : Ghetis n'avait pas envisagé la possibilité d'un Sypher Wenham sous le contrôle du Monarque. En bref : même si le chasseur de primes en venait à se détacher de son vraisemblablement ex-collègue, les Kokuwo ne manquaient pas de moyens pour obtenir les informations qu'ils recherchaient tant. Et cela avait de quoi mettre en joie l'ex vice-amiral, qui attendit patiemment les renseignements qu'il était venu chercher... Et qui n'eut pas matière à être déçu.
Lorsque l'homme héla l'un des siens pour lui demander de lui rapporter des doigts, les sourcils du chef de Mars s'arquèrent délicieusement, alléché par ce qui allait suivre : on voulait lui donner l'opportunité de créer une vivre card pour suivre en temps et en heure le propriétaire du ponéglyphe, et ce jusqu'à l'autre bout du monde s'il en avait l'envie ? Pour le coup, le logia des neutrinos n'avait aucune raison de s'énerver : tout au contraire, Ghetis remplissait largement mieux son rôle qu'il n'aurait pu l'espérer de prime abord. Dans tous les cas, le Kokuwo dut alors prendre son mal en patience : tandis qu'on allait quérir les doigts tant espérés, le chasseur pivota en direction de l'amirale pour lui faire une demande toute particulière, un sourire sur les lèvres.

Le fait qu'il lui demande son gunbai n'était pas étrange, en soi, et le fait d'user de politesse n'avait également rien de bien étonnant : en temps normal, la maudite se serait exécutée sans broncher, et l'histoire se serait arrêtée là. Cependant, elle n'était pas du genre à oublier candidement les affronts du passé : certes, la bataille n'était pas une défaite, ou en tout cas pas une défaite absolue quelque soit le point de vue, mais Jasmine n'oubliait pas pour autant les insultes que lui avait envoyé Ghetis au début de l'affrontement. Relativement rancunière, elle fronça donc les sourcils avant d'attirer le gunbai, lequel fendit les cieux jusqu'à se retrouver dans les mains de la jeune femme. Le sourire satisfait qui vint se placer sur ses lèvres alors n'était ni plus ni moins qu'un avertissement : elle contrôlait désormais son arme, et elle possédait par conséquent un moyen de riposte mortel s'il tentait une nouvelle fois de lui chercher des poux. Cependant, Fujikujaku n'alla guère plus loin : pas la peine de ridiculiser le chasseur, d'autant plus qu'ils étaient face à une situation qui les dépassait tous les trois, Dereto inclus, et de très loin. La raison et la mesure étant nécessaires, elle envoya donc l'arme au chasseur de primes, le tout sous le regard vaguement intéressé d'un Makui enjoué, les mains toujours croisées derrière son dos, comme il en avait l'habitude.

Par la suite, les choses redevinrent nettement plus sérieuses : Ghetis admit bien volontiers que les membres de Mars avaient vu juste, et que Renaissance était derrière le coup. Leur dernier membre encore en vie, ou plutôt encore en activité, semblait être actuellement en possession du ponéglyphe : Shindô. Ce nom n'était évidemment en rien inconnu à Nala et à son frère... Tout comme celui de Zeke Lundren, l'un des criminels qu'ils avaient choisi en tant que participant à leur petit jeu. Savoir que ces deux-là s'étaient alliés avait de quoi surprendre, même pour le vice-amiral qui avait vu de nombreux retournements de situation durant sa carrière de marine ! Dans tous les cas, l'Archer annonça ensuite à Makui que le ponéglyphe devait en théorie se trouver sur Whiskey Peak, une île de Grand Line non loin de Drum : les troupes des Decimas s'y jetteraient d'ici quelques heures seulement, grâce aux pouvoirs qui étaient à la disposition de Centes en la matière. Nala, notamment, pouvait se montrer terriblement utile, pour le coup... Visiblement, le chasseur de primes conseillait dans tous les cas de s'en prendre à l'homme-poisson, même s'il n'était pas à l'endroit escompté, ou en possession de l'objet tant convoité. C'était à noter, mais dans tous les cas, le maudit des neutrinos avait l'habitude d'agir de la sorte : il n'avançait pas en terre inconnue, cette fois-ci. Un type vint donc apporter le doigt dans un bocal, que l’interlocuteur du chef de Mars s'empressa de tendre à ce dernier. Alors que ses bras étaient toujours croisés derrière son dos, une main se matérialisa, formée par du haki de l'armement, et empoigna le bocal pour l'amener à Nala, qui l'attrapa habilement avant de retourner se placer derrière son aîné. L'affaire était réglée : le ponéglyphe ne pouvait désormais plus leur échapper...

Enfin, cette affaire était réglée, mais pas tout pour autant. Sous le regard incrédule de sa jeune sœur, Makui renvoya Jasmine et Dereto d'un simple signe de la tête. Les deux marines ne se firent guère prier, laissant ainsi le chef de mars en compagnie de Ghetis et de Nala. Une fois les oreilles indiscrètes bien éloignées, l'allié de Centes prononça quelques mots soigneusement choisi :

-Quel est ton rêve, chasseur ? Puissance, argent, renommée ? Quel qu'il soit, je peux te l'offrir. Rejoins Mars, deviens mon bras gauche, et nous trônerons sur le Monde. Libre à toi de refuser, mais... Tu n'auras pas de deuxième chance.

Kokuwo Nala, Bras-Droit de Mars et Kokuwo Makui, chef de Mars.

Un refus. En soit, c'était quelque chose d'excessivement rare, pour l'ancien vice-amiral : il avait toujours été du genre à prendre les devants et à assurer ses victoires, même s'il avait un certain goût pour l'excitation et l'adrénaline... Chose qui lui avait d'ailleurs valu les cuisantes blessures qui recouvraient encore son corps, vestiges de son affrontement sanglant face au Schichibukai Rasgarat Abel. Pourtant, de prime abord, Makui ne sembla guère s'en formaliser : Ghetis n'était pas indispensable, bien au contraire, même si sa puissance brute était certaine et respectable. En fait, pour le maudit des neutrinos, l'intérêt de l'Archer résidait avant tout dans son fruit du démon, et dans la combinaison dantesque qu'offraient l'arène et la fermeture éclaire mis en symbiose : le pouvoir de bloquer des ennemis dans une zone indestructible. Largement de quoi bloquer les meilleurs éléments de Marineford pour raser le reste, ou encore de quoi isoler un Yonkou pour l'abattre pendant que les siens ne pourraient plus lui prêter main forte... Toutefois, le chef de Mars ne visait pour l'heure pas d'aussi prestigieux opposants : Centes lui-même avait encore peur de s'y casser les dents par péché de gourmandise, alors il serait bien arrogant d'imaginer que cela était à sa portée ! C'était pour cette raison que le refus du chasseur de primes, en lui-même, ne le gênait pas : tout au plus le décevait-il... Au contraire des paroles qui suivirent qui, quant à elles, eurent le mérite de mettre les nerfs du Kokuwo à vif.

Ce type était vraiment un soumis au Gouvernement Mondial ? Voulait-il aveuglément servir une cause qui se moquait de ses soldats ? Souhaitait-il brandir la justice de ses supérieurs comme étant absolue et sacro-sainte, peu importait son coût ? Terriblement déçu, le chef de Mars laissa le chasseur de primes s'en aller avant de pivoter à son tour et de pénétrer dans la fermeture éclaire, les poings serrés. Sa jeune sœur lui jeta un regard affectueux avant de donner l'ordre à Kizaru de pénétrer à son tour, ce que fit l'imposant pion. Puis elle ferma la fermeture éclaire derrière elle, ne laissant passer que quelques paroles de la part de Makui :

-Je me suis trompé : ton frère était nettement plus intéressant que toi. C'est le mauvais des deux qui est mort, ce jour-là.