Kiama l’Ouragan, vieille cheffe de cuisine révolutionnaire et actuellement maîtresse de stage de Nook appréciait grandement son petit stagiaire. Son sens de la perversion l’amusait clairement, sachant que son âge avancé la plaçait hors de la zone d’intérêt du petit brun. Plus encore, et dans un autre domaine que son amour incommensurable pour les femmes, le jeunot avait un talent culinaire indéniable et incroyable. Elle avait la chance d’être la dernière de ses quatre maîtres, elle bénéficiait donc de l’apport de chacun de ses trois collègues précédemment et pouvait laisser une trace indélébile dans le cœur et dans l’art du Yamaka.

Quoiqu’il en soit, en ce jour particulier, la cheffe et le stagiaire s’étaient pris la tête pour une raison plus que légitime : le « World Pie Contest » ou concours international de tarte pour les moins anglicistes d’entre nous. Pour une fois, la bateau révolutionnaire avait quitté les Blues et s’était dirigé sur la voie 6 de Grand Line, là où aurait lieu le concours en question. Pour participer audit concours, il fallait non seulement se trouver sur l’île, mais aussi construire une équipe de deux, c’était obligatoire. Chaque équipe devait se composer d’un cuistot et d’une serveuse jouant souvent le rôle de coach pour le praticien, star du show selon beaucoup mais faire-valoir seulement pour les cuisiniers. Quoiqu’il en soit, Nook s’était promis de choisir sa serveuse, et bien évidemment, il ne serait le serveur de personne. C’était en partant sur ce terrain qu’il avait proposé à Kiama de remplir ce rôle, elle n’était pas belle mais pleine d’expérience. Malheureusement, après une discussion respectueuse, sans aucune effusion de mot ni noms d’oiseau, dans la compréhension la plus totale ; les deux cuistots s’étaient expliqués et avaient compris que leur collaboration était impossible. Ah quel malheur, mais toujours dans le plus grand des respects !

Aussi, suite à cette gentille explication, le jeunot était parti faire la gueule dans sa cabine en attendant leur arrivée sur l’île hébergeant l’évènement. Mais d’ailleurs, il nous fallait parler de cette île.

Le concours international de tarte était un événement planétaire qui attirait les plus grands seigneurs de la pâte mais qui, justement, n’avaient pas beaucoup de chemin à faire. En effet, le contest se déroulait sur l’île de Patapain, territoire connu et reconnu à travers toutes les mers pour la douceur, la légèreté et le caractère angélique de sa superbe pâte à tarte ! Tous les ans, le concours avait lieu et le gagnant gagnait le droit et le privilège de gérer la fabrication des pâtes à exporter : ressource première de l’île et surtout, la recette changeait : elle devenait celle du vainqueur.

Cependant, depuis cinquante-sept ans, la victoire revenait à la même personne, une personne désormais connue simplement sous le sobriquet de « Mamie Tarte ».




Pourtant, cette année, le concours allait être différent : Mamie Tarte ne participait plus en tant que concurrente pâtissière mais bien en tant que serveuse/coach pour sa descendance. Problème, Nook n’avait pas compris si c’était sa petite-fille ou son petit-fils. Bon, ne nous mentons pas, il avait clairement une préférence sur le sexe de la personne. Bref, pour tous les pâtissiers du monde, cette retraite signifiait une chose : la chance de l’emporter pour la première fois depuis cinquante-sept ans !

Le jour J ! Enfin, pas vraiment le jour J mais le jour J-1, le concours n’avait lieu que le lendemain et heureusement pour le jeune cuisinier révolutionnaire/futur forban. Après tout, Nook s’était bougé de descendre du navire de Kiama pour la simple et bonne raison qu’il se devait de trouver une serveuse pour le concours. Il avait fait le tour de son navire, avait demandé à tout le monde, homme, femme, vieux, jeune, tous ; mais personne n’avait répondu positivement. Les refus pouvaient être classés en deux catégories : ceux qui ne voulait pas accompagner mais seulement assister au spectacle et ceux qui avaient bien trop peur de la réaction de la cuisinière en chef pour envisager lui faire un « bébé dans le dos ».

Quoiqu’il en soit, il se retrouvait donc tout seul, comme un con, et ne pouvait s’inscrire au concours tant qu’il n’avait pas de coéquipier, ou plutôt de coéquipière. Pendant les deux jours qui l’avaient séparé de sa prise bec avec sa maîtresse de stage, le Yamaka avait cherché un moyen de trouver un allié. Après tous les refus, il avait bien compris qu’il devrait trouver sur place et le meilleur moyen de convaincre était de proposer quelque chose de différent : quelque chose qui entrainerait l’attraie d’une potentielle serveuse. Il avait envisagé plein de plan : trouver des moches et leur promettre de sortir avec elles, trouver des grosses et leur promettre leur poids en pâtisserie ou trouver des belles sans cervelles pour leur permettre de jouer les miss sur la scène du concours. Seul problème, et malgré les qualificatifs qu’ils pouvaient donner aux femmes, il les aimait et les « respectait » toutes. Les guillemets sont ici présent car selon certains, il est irrespectueux de mater une fille dans son bain … à son insu … en étant caché dans un conduit de chauffage.

Enfin bref, au final, Nook avait eu une idée de génie, une idée qui lui ramènerait obligatoire une collègue de concours. Avant de sortir du navire, il avait passé quelques heures en cuisine et avait ainsi posé le pied à terre en portant un panier massif surmonté d’un chiffon humide. Il traina son poids jusqu’au lieu du concours, se plaça en-dessous du large portique d’entrée qui était en pleine installation et attrapa le chiffon qu’il déplia et accrocha contre la palissade à ses côtés. Sur le dos de celui-ci, maintenant à la vue de tous, était écrite une simple annonce :

« Pâtissier cherche serveuse, pour croire en mes chances, goûtez mes petites brioches »

Posé dans les bras du cuistot, le panier maintenant à l’air libre dévoilait un nombre non-négligeable de petites brioches dorées dans lesquelles étaient incrustés plusieurs types de fruits confits par ses soins. Grosso modo, l’idée était d’attirer le badaud avec la promesse de bonne brioche et de convaincre quelqu’un par le goût de ses beautés.


Plus loin dans l’île, Marcel, fier natif de l’île âgé de soixante-treize ans, avant été dérangé dans sa promenade du matin par une petite blondinette au visage aguicheur. Avant même de chercher à comprendre le fond de sa phrase, le vieux toisa la jeunette d’un regard autoritaire et expliqua son point de vue.



Il fut coupé par la cause réelle de l’appel de la blondinette.
 


Le papy inviterait alors Lili à le suivre sans plus de cérémonie et la mènerait jusqu’au lieu du concours. Ensemble, si elle suivait, il passerait sous un portique et le vieux viendrait remarquer un élément différent du décor.



Il s’approcherait alors de Nook, prendrait une brioche et mordrait dedans. Alors, il ne parlerait plus et une larme de joie coulerait sur sa joue.

Nook vit la larme du vieux couler mais surtout, avant, il avait entendu son commentaire sur la qualité redoutée de ses créations. Lorsque la larme coula, le pervers ne put contenir un sourire en coin. Le vieux était peut-être un natif de l’île, il dégustait peut-être de la pâte d’excellente qualité depuis des années mais il n’était qu’un amateur. Un vrai pâtissier, un vrai cuisinier, un vrai praticien ou un critique digne de ce nom aurait noté la qualité de la brioche seulement à la vue et à l’odeur. Pourtant, un critique de haute volée n’aurait probablement pas eu le même enthousiasme. Aucun doute qu’il aurait apprécié la brioche, qu’il lui aurait trouvé beaucoup de points positifs mais au final, elle n’était simplement qu’une belle réalisation de pâtissier : pas une bête de concours. Le plus intéressant là-dedans restait encore le fait que Pervcook avait été élevé par la plus grande des cheffes, la plus acerbes de critiques gastronomiques et donc, il avait parfaitement conscience de son travail : il était correct, simplement correct et c’était tout à fait l’effet recherché.

Cependant, lorsqu’il vit la belle blonde arriver et mordre, le prodige culinaire se pétrifia.



Sa remarque, enfin si l’on pouvait appeler ça une remarque, n’était pas audible pour son assistance ; il l’avait seulement laissé siffler entre ses dents. Elle était absolument magnifique, rien à jeter, tout à garder. Des yeux merveilleux d’une couleur peu commune, des courbes harmonieuses et pulpeuses, des lèvres fines qui bougeaient sur le rythme régulier de ses mastications, des jambes interminables et des cheveux… des cheveux ! Une cascade d’or tombant sur des épaules charmantes. Nook n’était plus subjugué : il se faisait dessus. Et s’il pensait déjà à remercier son dieu pervers, il s’en retint, un instant de plus. Pourquoi ? Parce qu’en plus elle semblait adorer la brioche !

Carton plein pour le futur forban ! Il avait attiré l’œil de la belle, il avait réussi à gagner les faveurs de son estomac et de fait, son attention. Il ne devait pas foirer, il devait garder la tête sur les épaules et avancer ses pions de telle façon à pouvoir faire chavirer le cœur de cette future Madame Yamaka. Car oui, s’il n’était qu’un jeune cuisinier de prime abord, le brun était non seulement un pervers de talent mais aussi un stratège immoral d’envergure internationale. Il recueillit donc chacun des compliments et finit par y répondre.



Plus il poussait son explication, plus son cœur s’emballait et dans sa première tirade, il n’osa pas placer la demande principale. Il laissait la blonde savourer toujours plus sa pâtisserie et espérait qu’elle allait se proposer d’elle-même. Enfin, si elle n’avait pas pris l’initiative avant, alors il oserait.



Au dernier moment, sa langue avait failli fourcher ! Mais non, il tenait bon et devait réaliser son objectif premier ! Le concours ? Non pas ça. La pécho ? Evidemment ! Et pour se faire, une victoire commune au concours semblait être un bon début !

En entendant l’ultime phrase, la mâchoire du pâtissier se crispa sous la joie et l’excitation d’avoir une réponse positive, enfin à trois quarts positive. La jeune femme semblait intéressée et amusée à l’idée de pouvoir prendre part au concours mais persistait un problème de compétence selon elle. Ca, le brun s’en moquait complétement, il était beaucoup trop occupé pour penser à autre chose que le fait qu’il allait pouvoir bosser à côté d’un méga-canon pareil, une avion de chasse même plus : le porte-avion complet là. Crispant également ses deux points sur les lanières en osier de son panier, la Yamaka prit le temps d’avoir une pensée pour celui sans qui rien de tout cela n’aurait été possible.

Son père ? Non. Sa mère ? Pas plus. Sa capitaine, Kiama l’ouragan ? Evidemment que non. Le pervers pensait à un guide, une présence aimante et agréable dans les moments de doute, un distributeur de rêve et de cauchemar mais qui savait toujours récompenser la fidélité : son dieu pervers. Il ne faisait plus aucun doute qu’il avait les faveurs presque exclusives de celui qui, depuis les cieux, veillait à offrir chance et félicité à tous ses adeptes. Certains échouaient, certes, mais notre héros enchainait succès sur succès ; enfin touche intéressante et rapprochements inappropriés seraient plus exacts. En effet, dernièrement, il avait enchainé la rencontre avec des femmes toutes plus désirables les unes que les autres, il avait rencontré la femme parfaite, l’élue, à savoir Ginny Gratz. Et maintenant elle ! Cette bombe atomique qui ne semblait pas rebutée ou inquiète à l’idée de ses lancers à corps perdu dans cette entreprise d’équipe. Tout était trop beau pour être vrai… Si seulement, cette fois-ci, le dieu pervers permettait à son fidèle de conclure une bonne fois pour toute.

S’éloignant enfin de ses rêves et espoirs, son regard se reporta sur les yeux groseilles de sa potentielle serveuse tout en passant plus que rapidement sur son décolleté d’un coup d’œil furtif. Il la jaugea et reprit un point de vue objectif. Objectif avec quand même un petit a priori de base et de constance : elle était hyper canon.

Quoiqu’il en soit, après l’avoir détaillé rapidement de son œil expert et entrainé par des années de voyeurisme, le jeunot finit par rendre son avis. Il allait être honnête et ne cacherait rien, sauf son envie de se marier avec elle éventuellement.



Oui il avait été honnête sur quasiment toute son intervention, exception faite du passage sur l’absence d’arrière-pensées, évidemment. Il posa enfin son panier contenant encore quelques brioches pour tendre une main franche à la blondinette et ainsi scellé leur alliance. En plus, bonus non-négligeable : premier contact physique ! D’ailleurs, si elle préférait sceller leur lien par un câlin ou un baiser fougueux, il ne dirait pas non. Mais avant tout, il ajouta quelques mots.



Une équipe était-elle finalement formée ? La jeune femme aimait-elle travailler nue ? Avait-elle un secret caché qui l’obligeait à tomber amoureuse de toute personne lui offrant de la nourriture ?

Tant de questions qui trouveraient bientôt des réponses.





A quelques rues de la place du concours, dans une maison incroyablement grande et luxueuse, une vieille dame se trouvait devant l’épaisse porte fermée d’une chambre. Celle reconnaissable entre tous sur l’île, Mamie Tarte, motivait le concurrent qu’elle présentait cette année : sa descendance devait assurer et il n’y avait pas une seule seconde à perdre. Serait-ce un jeune homme ou une jeune femme qui ouvrirait cette porte pour se diriger, avec sa grand-mère, vers le lieu de l’épreuve.

S’il avait été dans un jeu qu’il appréciait encore quelques années auparavant, le jeune homme aurait entendu une petite musique de victoire de fin de jeu lorsque la belle blonde avait accepté. Il était aussi heureux qu’on pouvait l’être de constater que non seulement il allait pouvoir s’inscrire mais encore et surtout, qu’il se présentait avec cette blonde-là. Lui qui s’attendait à devoir se présenter avec un vieux ou un ado boutonneux, était maintenant au paradis.

« Je te remercie mon dieu ! T’es vraiment le meilleur »

Oh oui il y avait de quoi remercier ! Il allait rester aux côtés de cette fille pendant plus d’une journée : tout le temps qu’il fallait pour réussir à conquérir son cœur et plus si affinités. Le cœur de sa belle, ses formes, sa cambrures et son sourire ; sa … Lilianna ?



Lorsqu’il entendit le nom de famille du jeunot, le vieux ouvrit de grands yeux mais ne dit rien de plus car coupé avant par une voix qu’il ne connaissait que trop bien. Il s’agissait là d’une voix qui l’accompagnait depuis bien des années, une voix qu’il avait connu dans un contexte très privé plus que cinquante auparavant mais qui n’était maintenant qu’une parente par intermédiaire. En effet, le vieux Hamsh était un homme marié, comme il l’avait notifié à la belle blonde, et il avait trouvé l’amour éternel dans les bras de la sœur de celle dorénavant connue comme étant « Mamie Tarte ».

Quoiqu’il en soit, dans le dos du vieux, se jouait maintenant une scène digne des plus grandes tragédies littéraires de tous les temps. Un homme, enfin un pervers de treize ans, se trouvait maintenant le cœur partagé entre deux objets de désir ou comme l’on disait dans sa jeunesse : le cul entre deux chaises. Sauf que présentement, et il ne pouvait que l’avouer, il s’agissait de deux très belles chaises. Si d’apparence, la blonde attirait plus facilement le regard, plus vieille, plus souriante et plus généreusement « constituée » ; il n’en restait pas moins que le pervers voyait en cette « Himeko » quelque chose de plus qu’attirant.

Ces traits fins et juvéniles donnaient un charme fou à cette personne qui ne devait pas être très éloignée en âge de notre héros. Elle semblait discrète, réservée, charmante et drôle mais Nook n’aurait peut-être pas l’occasion de le voir pour le moment.

Pendant que le Yamaka contemplait la nouvelle arrivante, le vieux continuait à tailler le bout de gras avec sa belle-sœur.



Comme chez les vieux, le nom du prodige fit tiquer la vieille, elle connaissait ce nom comme la majorité des pâtissiers de l’île et des cuisiniers dignes de ce nom à travers les mers. Après tout, le brun était directement issu de la célèbre Kashi Yamaka, une cuisinière qui avait fait les beaux jours de son art avant de rejoindre la révolution pour combattre la tyrannie gouvernementale. Si son fils ne partageait pas ses idéaux, il avait hérité de son amour de la cuisine et de son talent.

Devant cette révélation, Mamie s’avança vers Pervcook et tendit une main vers le panier qui se trouvait encore à ses pieds. Mais au moment où elle allait saisir une brioche, le cuisinier intervint et bloqua le geste avec douceur et force : une main de fer dans un gant de velours. La vieille dévisagea alors le futur concurrent de sa petite pour comprendre la raison de ce geste.



En réalité, ce n’était pas la seule raison de son refus : il voulait en garder plus pour Lilianna qui semblait beaucoup apprécié les dites brioches. Enfin, ce fut la jeune brune qui s’avança et porta sa main au panier ; au panier de brioche évidemment.

Nook voulut l’interrompre également mais Himeko s’expliqua avant.



Le futur forban laissa alors faire en regardant sa coach et serveuse, elle pouvait s’interposer si elle le désirait : elle était membre de l’équipe. A défaut, la future opposante pourrait donner son avis.

Nook regardait maintenant la vieille et sa petite fille partir vers le lieu où se dérouleraient les festivités. Il aurait pu être abattu par les paroles de la jeune brune mais il n’en fit rien ; bien au contraire il était totalement galvanisé. Yeux luisants, sourires carnassier tendu jusqu’aux oreilles, le pervers venait de trouver un intérêt plus que réel pour ce concours : il allait le remporter pour prouver à cette femme qu’il était celui qu’elle devait idolâtrer. Ensuite, de fil en aiguille, il pourrait très probablement penser à en faire plus qu’une simple adoratrice mais bien un sujet de désir et de pratiques charnelles. Mais les choses ne pressaient pas encore.

Il délaissa enfin son sourire d’envie lorsque la belle blonde l’encouragea, apparemment elle commençait d’ores et déjà à revêtir la casquette de coach, ce qui titilla légèrement la libido du jeunot. Mais l’heure n’était pas à l’amour, il fallait se concentrer sur la gastronomie, tout en prenant un peu de plaisir, et pour cela le jeune aux mœurs douteuses savait comment faire. Il regarda sa serveuse en souriant, un sourire différent cette fois : gentil, rassurant, amical et digne de confiance.



Nook prendrait alors la direction du port et du navire révolutionnaire qui était le sien, enfin là où il était en stage plutôt. Kiama avait pris des dispositions, elle avait loué un local en ville pour s’entrainer et avait précisé à son stagiaire qu’il pouvait se servir des cuisines du navire pour faire ce qu’il avait à faire. Après tout, s’il perdait son pari avec la vieille alors qu’il s’entrainait à domicile, il n’en serait que plus humilié. La corvée de patate serait alors encore plus déprimante et lourde pour le gosse.

En arrivant sur le navire, il croiserait justement sa patronne en train de quitter le navire avec toute sorte d’ustensile et avec le second de cuisine : son partenaire. Si Lilianna avait suivi, la vieille cheffe lui lancerait alors un regard intéressé accompagné d’un sourire amusé. Elle connaissait bien son petit et savait que s’il avait réussi à trouver une belle enfant comme ça, il avait quelques idées derrière la tête. Pourtant, elle ne pipa mot à la blondinette et se concentra uniquement sur son subordonné.



Un sourire radieux naquit sur le visage de Pervcook, le même qu’il avait affiché après le départ de la Mamie Tarte et d’Himeko.



Sans attendre de réponse, il croisa une dernière fois le regard de Kiama et invita Lilianna à descendre vers la cuisine, dans les entrailles du navire. Il lui indiquerait le chemin et finirait enfin, une fois devant la porte, par retirer son haut, dévoilant ainsi un torse maigre mais sculpté par l’exercice. Si la belle se demandait pourquoi ce geste, elle comprendrait lorsque Nook ouvrirait la porte. A cet instant, il l’inviterait à entrer rapidement pour ne pas laisser s’échapper trop de vapeur.

De vapeur ? Oui, l’intérieur de la cuisine en était maintenant rempli, comme si le duo se retrouvait au milieu d’un hammam, de fait, il faisait donc très chaud. Nook ne dirait d’abord rien, il laisserait à son acolyte le temps de lui demander le pourquoi de la chose.

Alors il expliquerait.



Tout était vrai, ou presque. En réalité, les kimonos pourraient aller en longueur mais il y aura probablement beaucoup moins de place au niveau pulmonaire. Si Nook réussissait son coup, il allait pouvoir se rincer l’œil en préparant sa pâte pour le lendemain. Mais au final, la blonde avait le choix, elle pouvait rester ici et avoir chaud.

Lorsqu’elle accepta la proposition de passer de nouveaux habits plus « confortables », le sourire dément du pervers refit surface. S’il n’oubliait pas sa mission culinaire et avait déjà la tête dans ses étagères, le jeunot ne pouvait s’empêcher de se demander comment ce canon allait revenir. Il y avait évidemment plusieurs possibilités et la première était encore celle où elle reviendrait avec ses propres vêtements, expliquant au pâtissier qu’elle n’avait rien trouvé à sa taille. La seconde, beaucoup plus intéressante, était celle selon laquelle Lilianna avait céder et estimer que dévoiler un peu plus de peau n’était pas bien grave devant un jeune comme le brun et dans une cuisine remplie de vapeur d’eau. Enfin, il y avait encore une chance qu’ayant pris peur, la belle blonde se soit enfuie. Cette dernière hypothèse serait bien évidemment une catastrophe pour le cuistot qui se retrouverait alors sans partenaire et dans l’impossibilité de se présenter au concours.

Même si ses pensées divaguaient entre les courbes de la jeune femme, Nook n’avait de cesse de mettre en branle ses capacités pour débuter ses préparations dès l’arrivée de Lilianna mais il y avait des choses qu’il pouvait débuter sans elle.

Ainsi, les ingrédients essentiels de la pâte furent rapidement disposés sur le plan de travail et rapidement mélangés par la main experte de celui qui avait étudié tous les domaines de la cuisine. Mais soudain, alors qu’une boule de pâte massive prenait forme sur le plan de travail, l’oreille perverse de Nook fut attirée par le bruit de la porte de la cuisine.

Il ne pouvait attendre un instant de plus, il devait se rincer l’œil et profiter de tous ses instants pour gagner en potentiel pervers. Enfin, son œil se porta sur la blondinette qu’il découvrit avec plaisir et avec un énorme sourire. Elle était maligne cette petite, elle savait faire beaucoup avec peu de chose et avait apparemment une imagination débordante, tant mieux : lui aussi. Après tout, elle avait eu la bonne idée de préserver sa poitrine, ses fesses et autre partie charnelle de son corps mais avait ainsi dévoilé un dos magnifique. Lorsqu’elle passait devant lui, son regard se perdait systématiquement dans les lignes de son dos de la belle blonde, le tout avec une grande discrétion. Il ne put cependant retenir une remarque, ou plutôt, un compliment.



Toussotant, le jeunot chercha à se reconcentrer pour expliquer chaque étape de sa préparation à la doctoresse.



Le cuistot désigna du doigt un petit caisson en bambou sur le marbre de la cuisine portant des trous sur l’intégralité de la surface.



Nook avait prévu plein de chose, mais il avait surtout prévu de faire durer le plaisir avec cette jeune femme. Elle avait effectivement tous les pouvoirs sans aucune limite. SI elle lui demandait de se mettre nu il le ferait, si elle demandait une tarte aux pommes il la ferait ; il espérait quand même plus de la nudité. Mais la durée avait un autre intérêt : la chaleur et l’humidité ferait transpirer et ainsi, l’habit de Lilianna viendrait coller à sa peau et dévoiler un peu plus ses forme : tout un programme !

Nook remarqua bien vite que la blonde aux poumons bien développés lorgnait clairement du côté de son contenant fait maison et cela l'amusait. L'être humain était une bête curieuse de tout ce qui lui était étranger mais le jeune cuistot ne trouvait pas cela étrange, lui qui était finalement un grand curieux du corps féminin. S'amusant donc de la situation il écouta les divers questions que pouvait lui poser la belle Lilianna et y répondrait en temps et en heure. Pour le moment, il avait envie de lui faire plaisir et de satisfaire sa curiosité. Après tout, s'il la laissait voir sa pâte miracle, il aurait peut-être le droit d'avoir un visuel sur ses sous-vêtements non ?

Il la regarda donc amusé et l'invita simplement à soulever cette cloche de bois trouée :



Si elle soulevait, la blondinette verrait alors une belle boule de pâte incroyablement lisse et aérée. Pourtant, ce qui attirerait davantage son attention ne serait pas l'aspect du chef d'œuvre mais bien sa couleur : la pâte préparée par Pervcook était rose. Cette couleur rose pâle, associé à la régularité de l'œuvre donnait l'impression que l'on regardait les courbes harmonieuses d'une femme magnifique. C'était avec cette idée en tête que le pervers avait construit son idée : il voulait la rendre aussi attrayante qu'une femme l'était à ses yeux. Puis, une fois la surprise de la vue, ce serait l'odorat de la Windspell qui serait appelé à entrer en scène. En effet, en soulevant ce contenant pourtant troué, une légère effluve se dégagerait, un parfum doux, agréable et rappelant assez facilement les jardins botaniques des plus belles cités florales. Nook, sans même regarder sa partenaire, savait qu'une telle chose allait attirer sa curiosité et par la même, ses questions. Pourtant, pour défier son envie un peu plus longtemps, il entreprit enfin de répondre aux premières interrogations de celle qui lui donnait des bouffés de chaleur.



Vantardise ? Non seulement de la pure sincérité. Initialement, Nook était cuisinier, pas pâtissier. Alors prendre du sucré ne ferait ni plus ni moins que le ramener vers ses premières amours, là où il n'était pas en danger, là où la pâte ne servirait qu'à sublimer la garniture. Non, le lendemain, il comptait bien éblouir avec du sucré, avec une pâte exceptionnelle.

Pourtant, il continua à répondre avec une certaine joie.



Nook écouterait alors toutes les propositions et n'hésiterait alors pas à commenter et éventuellement à s'en nourrir pour ses réflexions ; il était également prêt à recevoir une question sur sa pâte secrète. A elle, il ne lui cacherait rien, pas même son corps si elle le demandait !

Alors que la blonde expliquait les bases réflexions qu’elle pouvait avoir sur le concours à venir, en prenant maintenant en compte l’existence d’une triple épreuve à l’occasion du concours, le sourire du pervers ne faisait que s’intensifier. Il y avait deux raisons à cette joie qui paraissait maintenant sans borne, l’une tout à fait honorable mais l’autre l’était nettement moins.

Tout d’abord, Nook ne pouvait s’empêcher de se féliciter de plus en plus d’avoir pu recruter une jeune femme de ce talent et avec un tel engagement. En utilisant une technique de recrutement aussi osée, le Yamaka avait eu légèrement peur de tomber sur un partenaire s’intéressant plus à se faire de la bouffe à l’œil ou une jeunette en mal de reconnaissance qui passerait sa journée à se préparer pour le concours en se pomponnant dans la salle de bain. Non, lui avait eu la chance de rencontrer une personne impliquée, sympathique, coopérative et particulièrement maligne quant à la suite et le déroulement des évènements. Elle n’avait beau pas être une professionnelle, ses idées étaient plus qu’intéressantes et poussait le jeunot sur des pistes nouvelles : en réalité il ne faisait qu’ajouter un caractère professionnel aux propositions de la blonde. La dernière proposition sur le gâteau en forme de fleur le surprit même ; il avait eu la même quelques heures auparavant. C’est d’ailleurs à ce instant précis que le four du cuisinier se mit à sonner.

En se dirigeant tranquillement devant l’appareil en question, Nook jeta un coup d’œil à la belle jeune femme se trouvant au milieu de cette brume magnifique. Ici, son sourire changea de nature pour redevenir le sourire pervers qu’il pouvait avoir lorsqu’il croisait une belle femme. Cachant sa tête en se penchant vers le four, ce fut la seconde source de satisfaction qui se rappela à l’intérêt de Pervcook. Non seulement, il avait trouvé une femme magnifique aux atouts physiques incomparables mais en plus, son choix d’environnement ne faisait qu’accentuer la chaleur et l’humidité qui pouvaient ressortir des premières pâtisseries qui sortaient du four. Si elle commençait déjà à légèrement transpirer, cela n’allait faire qu’augmenter. Bientôt, son vêtement moulerait son corps à la perfection : rien de mieux pour un gamin pervers comme le brun.

Tout sourire, il vint poser un plateau sur le plan de travail, juste devant Lilianna tout en lui confessant une partie de ses impressions ; mettant de côtés ses réflexions concernant le corps de la Windspell.



Il baissa les yeux vers sa création et invita la belle à la déguster dès qu’il aurait suffisamment refroidi.







Cette fois, Nook ne plaisantait plus. Loin, très loin du niveau des brioches, cette réalisation était d’une toute autre volée et avait demandé plusieurs heures de travail, une cuisson très longue à chaleur douce et un investissement conséquent. Pourtant, au milieu du temps de cuisson, l’idée de la pâte infusée lui était apparue et lui avait semblé meilleure ; d’ailleurs elle l’était. Pourtant, il avait poussé sa réflexion et elle avait encore évolué sous les propositions de Lilianna.



Alors il laisserait à son acolyte de goûter cette fameuse tartelette Rose-litchi avec sa première pâte avant de continuer.

Alors que Nook avait rapidement délaissé l’observation de sa pâtisserie pour reporter son attention sur son carnet de croquis ; et accessoirement avec le bonus « coup d’œil vers décolleté », il débuta la mise en image de l’idée finale qu’il avait en tête. En réalité, cette petite pâtisserie était davantage une brioche qu’une réelle tarte et il avait enfin trouvé le moyen de transformer ce simple modelage de pâte en une œuvre artistique d’une volée bien plus grande. Souriant de contentement, il dressa un rapide croquis de la chose qu’il avait en tête avant de reporter son attention sur la belle blonde qui se trouvait à ses côtés.

La chaleur de la pièce, qui avait encore grimpé grâce à l’ouverture du four, avait eu l’effet escompté : le kimono de prêt avait encore gagné en accroche sur la peau de cette créature de rêve. Même si elle l’avait retourné et que sa poitrine était parfaitement cachée, qu’il n’y avait pas le moindre décolleté, les formes plus qu’utopique de la beauté restaient de plus en plus sculptées, entrainant un sourire très clairement pervers pour le coup. Mais au moins, la blondinette était prise dans la dégustation, il y avait donc peu de chance qu’elle ait aperçu ce regard porté sur elle. Mais en réalité, ce qui tira rapidement le cuistot de sa contemplation furent les arguments et l’étude que Lilianna pouvait faire de la brioche fourrée. Il lui avait déjà dit auparavant mais plus le temps passait, plus cette femme lui paraissait épatante. Pas physiquement, il avait bien évidemment perçu son potentiel physique au premier regard, mais culinairement.

Au final, il n’arrivait pas à concevoir que sa serveuse n’était qu’une profane ; pour lui, elle était maintenant une critique plus que pointue. Il ne pouvait ignorer toutes les remarques plus que pertinentes de la séduisante blonde et se nourrissait de ces dernières pour toujours aller plus loin dans sa réflexion gastronomique, pour transcender les limites de son art. Au final, elle pointait du doigt plusieurs points très intéressant et d’autres que le futur maudit de la laine avait d’ores et déjà réglé et il commença par ceux-là.



Il ferma alors brusquement son carnet de dessin, il allait garder son projet ultime secret jusqu’au bout, même pour sa belle. Pourtant, si l’esthétique resterait un mystère, les goûts à mettre en place allaient devoir être débattus et les doutes de Lili étaient les bons.



Oubliant les formes démentielles de la beauté, il repartit sur son plan de travail et débuta l’élaboration de son prochain test. Pour le reste, il avait annoncé une banale tarte aux pommes, mais il le pensait, il allait jouer avec les règles de sa fidèle serveuse ; il allait la jouer difficile et espérait que la blondinette lui trouve des denrées apparemment totalement improbables : il souhaitait dépasser sa mère, et là se trouvait sa première opportunité. Et une idée lui vint soudain en tête.



Oh oui, il voulait travailler ce produit… Pour le reste, carte blanche belle Windspell.

A peine avait-il fermé les ouvertures qu’il attrapa la plaque de cuisson sur laquelle se trouvait sa préparation et vint l’enfourner tranquillement, deux heures et demie après le début, deux heures de silence et de plaisir culinaire. Pourtant, lorsqu’il finit par enfourner, lorsqu’il fut appelé par sa belle coéquipière, l’esprit gastronome du jeunot céda devant l’esprit pervers et si puissant de ce dernier. Il reporta son regard, plus qu’intéressé sur le vêtement maintenant complétement collé à la peau de la porteuse. Au final, le kimono ne laissait que peu de place à l’imagination et les détours même des sous-vêtements de la blonde se laissaient entrevoir, entrainant chez Nook une rage charnelle plus que puissante.

Une question lui avait été posée mais c’était davantage le visage angélique qui retenait l’intention du premier concerné. Pourtant, même si elle attirait à elle toutes les envies du jeunot, ce dernier la respectait pour le travail d’équipe qu’elle fournissait. Il lui répondit donc, un peu distrait par ses formes, mais avec toute l’honnêteté du monde.



En disant cela, Nook sourit légèrement à la blondinette, il avait fortement envie de lui préciser qu’elle pouvait prendre une des places de « femme de sa vie » absolument quand elle le désirait. Finalement, par pudeur, fatigue ou plus simplement par conscience de son prochain, il s’en retint et répondit à la question de fond.



Malgré sa réponse concernant sa mère, il ne pouvait pas se passer de la chose la plus évidente pour un pervers de son rang : s’offrir la vue des dessous de cette magnifique jeune femme. Les plans se bousculaient maintenant dans la tête de Pervcook pour remplir son objectif premier. Mettre un petit coup de lame dans le vêtement pour l’entailler suffisamment, enflammer une partie du tissu pour entrainer un mouvement d’effeuillage par panique, faire semblant de renverser des restes de préparation sur sa tenue pour l’obliger à l’enlever avant que cela ne vienne trop tâcher le vêtement ou encore prétexter une besoin de tissu pour sortir le plat du four.

Malheureusement, toutes ces machinations étaient soit trop dangereuse pour sa serveuse, soit complétement irréaliste, la cuisson n’était pas terminée. Le brun se maudissait d’avoir si peu d’imagination, lui qui priait et honorait le dieu pervers sans cesse, lorsque soudain une idée vint frapper son esprit : il allait se sacrifier pour son art. Enfin, pour ses croyances.

Nook fit donc un tour rapide de la cuisine et se débarrassa des quelques chiffons qu’il utilisait pour cuisiner rapidement sans trop laisser voir sa compagne du moment. Ensuite, il revint à son plan de travail, saisit quelques fraises et commença à les détailler rapidement comme il savait si bien le faire. Pourtant, et alors que les gestes semblaient d’une précision démoniaque, sa lame ripa et vint causer une bonne estafilade le long de l’avant-bras du futur forban. La blessure n’était pas profonde mais relativement longue : quelque chose d’impressionnant qui n’handicaperait pas le gamin pour le concours du lendemain.

Alors commença son jeu d’acteur, fier homme qu’il était, il ne cria pas mais se contenta de tiquer et émettant un souffle caractéristique de douleur. Le tout accompagné d’un significatif :



Il finit par présenter son bras à la belle. Cependant, quel dommage, il n’y avait plus rien à disposition pour endiguer le flot de sang et bander de façon précaire la blessure de gastronome. Alors comment faire ?

Nook comptait bien voir la belle dénouer sa ceinture et s’en servir de bande, si elle le faisait il aurait alors une vue merveilleuse sur le vêtement ouvert. Le tout sans que cela ne vienne d’une action perverse, le plaçant ainsi hors de tout soupçon.

Le contact du bras assuré dans ses mouvements et de la douceur de la peau de la belle blonde plongea le petit brun dans un état de félicité qu’un homme ne pouvait finalement trouver que dans la plus grande réalisation de ses désirs. S’agissant du jeunot, et il l’avouait lui-même, il était assez facilement ébahi lorsque son interlocuteur était une femme : une caresse amicale, une manipulation médicale, une étreinte prolongée ou même un regard soutenu ; tout cela remplissait souvent le brun d’espoir et de désir. Aussi, voir cette femme pulpeuse prendre soin de lui plongeait le blessé volontaire au bord des coulées de sang nasales, au sens figuré. Précisons à ce titre que contrairement au cliché, le Yamaka ne saignait pas du nez en situation charnelle, il préférait souvent afficher son sourire si caractéristique. Sourire qui ne put s’empêcher de prendre place lorsque la praticienne commença à balayer la pièce du regard à la recherche de quelque chose susceptible d’endiguer la coulée de sang.

Si le pervers avait pu remercier son dieu à de nombreuses occasions en cette journée particulière, s’il avait renouvelé ses remerciements lorsque la doctoresse l’avait pris en charge, il ne put qu’être déçu en voyant que Lilianna avait réussi à contrôler le saignement et demandait maintenant où se trouvait l’infirmerie, histoire de parachever son travail. Pervcook se pinça les lèvres et tenta de réflechir en quatrième vitesse pour trouver de quoi noyer le poisson, malheureusement il ne trouva aucune excuse valable.

Dire qu’il n’y avait pas d’infirmerie sur un navire de cette ampleur était bien évidemment beaucoup trop flagrant. De plus, la beauté n’aurait qu’à se rendre dans la chambre de Nook pour récupérer un morceau de tissu, un vieux vêtement ou n’importe quelle autre chose permettant d’accomplir sa mission. Ouvrir sa blessure plus profondément était une autre possibilité mais qui fut rapidement écartée du fait de l’imminence du concours qui se préparait. Enfin, la dernière possibilité restait l’échappatoire majestueuse, l’acte impardonnable : lui-même prendre la ceinture pour bander son bras. Malgré tout, il la respectait trop pour lui faire un coup pareil, et il perdrait surement sa serveuse ; donc non.

Devant le fait accompli, le cuisinier se contenta de prendre un air naturel, de cacher sa déception et indiqua l’emplacement de l’infirmerie ; pièce qui n’était d’ailleurs pas bien loin.



Sa nouvelle manœuvre se mettait en place. Certes, la belle allait se rafraîchir et le kimono allait peut-être quitter la moulure de ses formes harmonieuses mais le retour à la chaleur ne serait que plus beau et plus efficient. De plus, lui laisser du temps permettait au cuistot de mettre en place la prochaine stratégie perverse, l’ultime avait d’aller se coucher d’ailleurs.

Il attendit donc que la Windspell sorte de la pièce et lança l’opération « Gloire aux dessous ». Il s’empressa donc de sortir sa nouvelle préparation, tout juste cuite et la plaça sur le plan de travail où la belle dégustait jusqu’alors les propositions culinaires faites par le gamin. Ici, il jouait le tout pour le tout, la palme d’or : le coup de génie. Ce fut donc une belle création parfaitement cuite qui sortit du four et qui viendrait reposer quelques instants à l’air libre. Ici cependant, rien de similaire à la précédente proposition, une tarte toujours, mais au contenu d’un blanc totalement immaculé, une pureté comme l’on n’en trouvait peu dans ce monde.

En réalité, il s’agissait là du tout premier dessert que le jeunot avait appris à réaliser pour faire plaisir à sa sœur, à une époque où la fratrie était encore unie et où la sœur n’avait pas encore pris le petit en grippe pour son talent culinaire supérieur. Une tarte donc, au fond parfaitement cuit, à la couleur sablée majestueuse, aux bords légèrement plus cuits et à l’appareil semblable à un nuage. Il attendrait alors quelques instants que son acolyte revienne, il se ferait soigner tranquillement et proposerait la dégustation.



Attention, on ne se trouvait plus dans la brioche fourrée présentée plus tôt, loin de là. Cette tarte représentait la quintessence de la maîtrise pâtissière actuelle de Pervcook. Il maîtrisait mieux que quiconque chacune des phases de préparation de cette garniture dont il avait copié chaque aspect dans le talent sans borne de sa mère. Ici, il n’y avait aucun raté, aucune place au doute, aucune hésitation sur le verdict à venir : le dégustant adorerait.

Ce plat précis, Nook ne le préparait jamais ou presque. Il le considérait comme l’une de ses signatures mais refusait de trop s’en servir. Souvenir des soucis fraternels, simple envie de préserver ses plus grands plats, conservation d’un secret familial ou volonté de réserver cela à certains élus ; toutes ces raisons poussaient Nook à ne sortir cette arme de destruction massive qu’en cas d’ultime recours. Pourtant ici, l’objectif était double.

Le premier était évident : il était pervers. En effet, les personnes qui goûtaient à ce plat ressentaient un profond plaisir physique et mental souvent accompagné d’une bouffée de chaleur consécutive au désir ressenti. Si lorsque cela arrivait à sa sœur il s’en moquait, il avait pourtant noté que sa création faisant souvent sauter un ou de bouton de chemisier alors sur un kimono, peu d’autres alternatives que la libération large de la partie supérieure. Il ne verrait que la partie haute des sous-vêtements de la belle mais cela serait un avant-goût avant une plus belle découverte le lendemain.

Le second but était beaucoup plus louable, plus différent. Il ressentait envers Lilianna une certaine proximité de par la simplicité et la gentillesse de cette personne mais aussi une véritable gratitude pour avoir accepté de se joindre à lui dans ce concours. Cette épreuve de pâtisserie représentait pour lui l’opportunité d’envoyer un message à sa mentor, sa mère. S’il gagnait, elle serait fière. S’il gagnait, Lili y serait pour beaucoup alors il souhaitait la remercier.

Tout cela justifiait la réalisation de cette « Paradise Pie » composée donc d’une multitude d’ingrédients enlacés les uns aux autres sous la forme d’une crème aérienne, d’une douceur et d’une souplesse incomparable. Au goût, le premier élément reconnaissable était la noix de coco, l’un des seuls reconnaissable d’ailleurs. Pourtant, le tout était beaucoup plus complexe. Il s’y trouvait d’autres fruits exotiques, de la crème vanillée, quelques autres ingrédients de second ordre et l’ingrédient secret ; celui qui emmenait le gouteur au paradis : du piment. L’agressivité du piment était totalement imperceptible, noyée par la douceur de l’ensemble. En réalité, ce secret se trouvait là pour une seule raison : la chimie. Le piment enflammerait le plat dans l’organisme humain qui réagirait sans le sentir, il offrirait cette sensation de plaisir et de chaleur sans les désagréments habituels.

Après cette dégustation, Nook inviterait sa collègue à aller se coucher. Il fallait en forme pour le lendemain. Si elle le désirait, une cabine libre était à sa disposition sur le navire révolutionnaire : une chance de plus de petit-déjeuner avec les créations du gamin.

En tous les cas, cette soirée était à marquer d'une pierre blanche : Nook considérait trois de ses plats comme des signatures, deux plats salés et un dessert. Des plats qu’il ne cuisinait qu’en occasion d’importance, des plats d’exceptions : il venait d’en faire un.

Malgré l’occasion qui lui était donnée d’aller espionner la belle blonde dans la salle de bain dont il connaissait finalement tous les recoins, le jeunot décida de ne pas céder à ses pulsions mais bel et bien d’aller, lui aussi, se décrasser. Certes, il aurait accepté une invitation à partager la salle de bain des femmes avec sa serveuse mais il ne voulait pas violer son intimité ; enfin pas ce soir. En d’autres termes, il lui offrait une nuit de répit. Beaucoup seraient étonnés d’apprendre de tels agissements de la part du pervers, pourtant Nook avait accueilli les compliments de son acolyte concernant sa tarte du paradis qu’il lui en était reconnaissant. Cette même reconnaissance l’empêchait presque inconsciemment d’aller mettre la blondinette dans une situation peu enviable : celle de victime d’un voyeur.

Aussi, après s’être débarrassé de toute la sueur qu’il avait pu produire durant sa préparation, il fila rapidement dans son lit et s’y endormit sans la moindre difficulté, ses dernières pensées allant directement vers les courbes magnifiques de la Windspell. S’il n’avait pas pu tout voir en détail, et ce malgré un plan bien orchestré, il avait quand même réussi à faire suffisamment monter la température pour placer les atours de Lilianna au plus près de sa peau : un joli coup. Ensuite, pendant son sommeil, il rêva de femmes, comme d’habitude. Cependant, à l’inverse de ses habitudes lubriques, il n’avait rêvé que d’une seule et unique femme avec tous ses vêtements : sa mère. Il s’imaginait servir à sa mère le plat qui lui ferait gagner le concours, ce plat avec de la rhubarbe qu’elle dégusterait avec plaisir, envie et admiration. Puis dans un second rêve, il avait revu sa sœur et lui avait offert sa tant aimée Paradise Pie… Tout semblait si parfait, si idéal et, plus étonnant, si chaste !

Puis, sur les coups de cinq heures du matin, les yeux du jeune brun s’ouvrirent franchement, dix minutes plus tard, le minot était en plein travail derrière ses fourneaux, préparant le repas à l’équipage et un plateau plus privatif à sa chère compagne d’aventure. A six heures pile, il se trouvait dans la salle commune, derrière de grands bacs remplis de nourriture qu’il distribuait sans discontinuer aux membres de l’équipage tout en les motivant… à sa manière.



Nook ne connaissait pas les habitudes de sommeil de la belle mais n’irait pas la réveiller avant onze heures si celle-ci n’était pas encore levée, après tout le concours ne débutait qu’à treize heures. Toutefois, si elle se réveillait la tombeuse aurait tout le loisir de venir rejoindre son acolyte en suivant l’odeur de nourriture vers la salle commune où son panier perso l’attendait gentiment. Et qui sait ! Peut-être que la jeune femme, seulement réveillée et d’humeur câline, inviterait le jeunot à venir la cajoler !

En attendant, Nook avait le cerveau en ébullition, que pouvait-il bien faire pour remporter le concours et surtout, pour s’assurer une victoire dans chacune des épreuves de sélection. Les idées commençaient à germer mais sans connaitre les thèmes imposés comment pouvait-il réellement s’évertuer à élaborer telle ou telle recette.

Bouarf, il oublia rapidement cette idée et verrait bien sur le coup, il était un Yamaka après tout. Il continua donc son service avec une seule hâte : en découdre.

Une fois Lili levée et retrouvée, une fois le petit-déjeuner avalé et quelques petites blagues échangées, il pourrait être temps de poursuivre et de se préparer pour le départ. Pourtant, Nook resterait ouvert à toute question provenant de son amie.