Nous étions donc sur la première île de North Blue, un peu avant la rencontre des membres de l'équipage d'Ammo, Micqueot était très réputée pour ses grands crus d'exception se vendant presque à prix d'or. Fraîchement débarquée, notre aventurière toujours en quête de savoir et de grandes découvertes scientifiques se baladait dans les rues de la ville, observant les diverses personnes déambulant ça et là à côté d'elle. Le vent était froid, si bien que les habitants n'hésitaient pas à se couvrir au moyen de manteaux et autres paires de gants, le ciel quant à lui s'était légèrement obscurcit.

Le temps passait, notre charpentière en herbe finit par s'arrêter devant un bâtiment semblant être un genre de Mairie ou quelque chose du même style mais en tout cas, il s'agissait bel et bien d'un établissement administratif chers lecteurs. De plus, une affiche assez cocasse était placardée sur la porte d'entrée. Ils recherchaient momentanément quelqu'un pour les aider dans leurs tâches journalières, comme délivrer certains messages ou bien traiter quelques petits dossiers en cours depuis un long moment voire même oubliés au fond d'un tiroir. Sans grande conviction mais poussée par sa curiosité maladive, elle décida de sonner à la porte, histoire de voir de quoi il en retournait, si le jeu en valait réellement la chandelle. Une fois à l'intérieur, Ammo eut tout le loisir d'observer l'énorme désordre qui régnait en ces lieux, les quelques employés qu'il y avait courraient partout avec d'énormes piles de documents, d'autres encore se cassaient la figure avec divers caisses en cartons bien trop chargées. Une situation si comique que l'on aurait pu la confondre avec un film absurde et humoristique à petit budget.

« Quel désordre ici... » Chuchota t'-elle.

Esquivant tant bien que mal les chocs frontaux ainsi que les objets renversés au sol tels que des feutres par exemple, la jeune aventurière se dirigea vers l'un des nombreux comptoirs où un homme était installé confortablement, était-il le chef ici ? S'avançant d'un pas ferme et motivé, notre protagoniste marcha alors vers le pupitre où l'individu en question était entrain de travailler, ou du mois... Faire semblant. Se positionnant face à lui, notre héroïne le fixa d'un air désinvolte, le sourire aux lèvres, prête à aider un peu pour tuer le temps !

En voilà donc un bon moyen de tuer le temps chers lecteurs ! Écarter des monstres marins d'un rivage où des cultures entières étaient ravagées jour après jour par ces bestioles aussi immenses qu'affamées. Notre protagoniste avait déjà une idée toute trouvée, elle n'aurait qu'à se procurer deux ou trois composants électroniques spécifiques afin d'élaborer un dispositif à ultrasons, les systèmes auditifs de ces créatures en prendraient un sacré coup si elles s'amusaient à revenir dans les parages... Immédiatement sortie de la mairie, notre charpentière en herbe sortit en ville afin de se rendre chez divers marchands et camelots et expliquant la situation à ces derniers, les prix pratiqués sur leurs articles furent pour ainsi dire, inexistants pour ne pas dire symboliques. Les poches à présents pleines de choses diverses et variées, Ammo se dirigea vers le rivage pour venir à la rencontre des citoyens souffrant donc de la présence de ces différents nuisibles.

Une fois les présentations faites et la mise au point des opérations, notre héroïne parvint à réquisitionner une petite maisonnette afin de préparer son travail, déposant délicatement chaque pièce allant faire partie intégrante de son fameux dispositif. Prenant pour base une ancienne caisse enregistreuse, elle la dépouilla entièrement afin de ne conserver que la carcasse tout en y incorporant les circuits imprimés de vieilles radios, etc... Une fois le tout monté, elle fabriqua une antenne assez sommaire en torsadant un cintre, celui-ci trônait au sommet de cette machine infernale. Désireuse de tester son invention le plus rapidement possible, Ammo demanda aux insulaires de jeter de la nourriture dans l'eau et de faire le maximum de bruit possible afin d'attirer les monstres marins jusqu'au rivage.

Au bout de quelques minutes, les efforts des habitants furent récompensés, un monstre surgit alors des profondeurs en hurlant de manière significative, presque enragé. Notre inventrice appuya finalement sur le bouton presque magique de sa machine et quelques secondes avant que celui-ci n'attaquent les humains, le signal chargé d'ultrasons atteignit ses tympans pour le faire capituler presque immédiatement ! Celui-ci plongea quelques dizaines de mètres plus loin et s'enfuir à toute vitesse et sans jamais se retourner chers lecteurs, Ammo venait de réussir son coup et n'en était pas peu fière. Elle constata également que les inquiétudes de son interlocuteur de la mairie n'étaient pas fondées cette fois-ci, les habitants n'avaient rien exagéré et c'était donc avec plaisir que la jeune femme laissa son invention protectrice ici, leur servant désormais de bouclier contre les créatures des profondeurs.

Après avoir fait l'objet de nombreuses félicitations, notre aventurière au grand cœur rebroussa donc chemin en direction de la mairie où cette dernière allait remettre un petit compte rendu de cette tâche dont elle venait de s'acquitter à merveille. Après trois bonnes heures depuis son départ, Ammo revint donc à la porte d'entrée qu'elle poussa une seconde fois, apparaissant donc à l'intérieur tout en se dirigeant vers l'homme lui ayant demandé gentiment de remplir cette petite tâche.

Sortant de l'établissement avec cette fois-ci une nouvelle tâche à réaliser, Ammo se dirigea donc vers la zone portuaire, où le négociant en bois avait élu domicile et où son activité était devenue florissante en observant parfois certains tarifs totalement exubérants pratiqués par celui-ci. En fait, un employé de la Mairie s'était rendu sur place comme à son habitude pour payer le bois commandé mais cette fois-là, le marchand s'amusa à augmenter le prix, le multipliant pas deux chers lecteurs. Naturellement l'envoyé de la Mairie tenta de négocier mais ce dernier finit sa journée à l’hôpital, les hommes de main de la crapule lui infligèrent une belle correction pour son insolence soit-disant... Le soleil commençait à se coucher, les rues se vidaient peu à peu. Le crépuscule s'installa progressivement, plongeant notre protagoniste dans une profonde mélancolie, bercée à la fois par la fraîcheur du vent et des quelques rayons lumineux qui persistaient encore.

Arrivée sur place, Ammo aperçut diverses stères de bois ainsi qu'un important nombre de troncs méticuleusement rangés ensemble et coupés de façon identique, au moins cet homme était minutieux à contrario de sa mauvaise foi ainsi que ses modes opératoires très discutables. Les ouvriers du patron étaient tous assis autour d'un brasero en buvant de l'alcool, la fin de journée en somme... Se dirigeant d'un pas assuré vers celui qu'elle était venue voir, Ammo se mit à le fixer avec insistance, bien décidée à ne payer aucun matériau qu'elle allait prendre aujourd'hui, cela serait sa punition pour l'idiotie qu'il commit un peu plus tôt. Une fois en face du négociant, notre héroïne sortit les mains de ses poches pour venir croiser les bras et engager la conversation :

« Bonsoir, j'ai une question à vous poser, est-ce bien vous qui avez envoyé un employé de la ville à l’hôpital ? Je dois m'en assurer avant toute sorte de négociations avec vous. » Dit-elle en fixant son interlocuteur du regard.

« Oui, en effet vous avez-vu juste, j'ai donné cet ordre à mes subalternes afin de lui apprendre que c'est moi qui.. ; ?? Ahhh !!! » Hurla alors le négociant avant de voler au sol.

En effet, la charpentière venait de le frapper violemment au visage d'un coup de poing chargé de rage et de détermination. Son interlocuteur s'écrasa au sol, la tête la première en s'écorchant le visage d'une manière très brutale. Ses subordonnés se levèrent d'un coup tout en se dirigeant vers Ammo pour tenter de secourir leur employeur mais contre toute attente, c'est ce dernier qui les stoppa net dans leur course bien que la pirate était prête à faire face. Ce coup de poing surprise retourna complètement la tête de la crapule, observant alors la jeune femme en tentant de se relever, encore sous le choc du coup qu'il venait de recevoir en plein visage.

« Maintenant que les formalités sont réglées, j'aimerais négocier votre bois, bien que je n'ai pas l'intention de payer ce que je suis venue chercher... Libre à vous d'essayer la méthode que vous avez employé avec l'autre mais je suis plutôt coriace, vos gardes du corps ne feront peut-être pas le poids, regardez-les... Ils ont l'air encore plus laids qu'ils ne sont bêtes... » Enchérit-elle d'un air blasé.

Sortant son livret de commande ainsi que son stylo, le marchand se tenait prêt à noter chaque parole de son interlocutrice qui se retourna afin de rentrer en ville. Elle haussa le ton afin qu'il l'entende très clairement :

« Nous avons besoin de quinze stères de bois de chêne, vingt troncs de pommier, une dizaine de lattes d'érable. Tout ça gratuitement bien entendu et livré devant la Mairie demain à la première heure. Ne me forcez pas à revenir, cela me mettrait profondément en colère de me déplacer une nouvelle fois pour des enfantillages. »

Passant devant l'établissement qui allait fermer, notre protagoniste au grand cœur passa le message qu'une livraison aurait lieu demain matin, une petite cargaison de bois et tout ceci gratuitement. Elle spécifia également qu'elle reviendrait demain pour s'en assurer.

Ammo allait pouvoir mettre ses compétences en action chers lecteurs, participer à diverses réparations en ville comme certaines toitures endommagées par les averses de grêlons ou encore les biens publics dégradés par les petits vandales des différents quartiers sensibles. Les dirigeants de la ville lui laissèrent pour ainsi dire carte blanche afin de diriger certains travaux, quel honneur pour elle si je puis dire ! Se baladant en ville elle aperçut deux ouvriers sur un toit qu'elle s'empressa de venir aider en y grippant à son tour, attrapant un marteau et quelques clous afin de fixer quelques poutres en bois afin de remplacer celles pourries par le temps et les intempéries continues. Versant quelques gouttes de sueurs et extirpant des échardes de ses doigts délicats, elle déposa l'outil sur un rebord de la charpente afin de descendre et reprendre son chemin. Repensant à l'ange qu'elle rencontra sur South Blue, elle se dit à elle même :

« Et toi, que fais-tu à ce moment précis ma belle ? » Souriante et affichant un rictus amoureux...

Poursuivant sa route, notre héroïne observa ce qu'il se passait sur sa gauche, une personne tentait en vain de fixer sa gouttière le long de son mur mais celle-ci ne savait pas s'y prendre si bien que la charpentière dû venir lui prêter main forte. Forant quelques trous dans la façade dans le but de venir y fixer les colliers permettant de faire tenir cette-dernière en place. Plus tard dans la journée, notre protagoniste pu assister à la reconstruction d'une habitation ayant été ravagée par les flammes un mois plus tôt. Un incendie d'origine domestique selon l'enquête menée par les services de la ville, une friteuse allumée depuis des jours sans surveillance. Retroussant ses manches, Ammo décida de se joindre aux ouvriers pour accélérer un peu le mouvement, ne laissant donc plus cette maison calcinée en plein milieu du paysage. Le front et son débardeur en sueur, elle leva les yeux pour apercevoir au loin les dirigeants de la mairie, probablement venus sur les lieux afin de s'assurer du bon déroulement des opérations. Même à cinq personnes travaillant à plein régime, ce chantier risquait de prendre un peu de temps.

Après ce lourd chantier, Ammo fut invitée à boire un verre afin de se détendre et gommer la fatigue accumulée par cette journée harassante, ce qu'elle accepta d'emblée chers lecteurs. Au fil de la soirée ainsi qu'au fil des verres que notre aventurière alignait, l'employé de la mairie qui lui donna ses diverses tâches à remplir, s'assit à côté d'elle avec quelques questions à lui poser. Ammo lui répondit en toute franchise en regardant ses mains couvertes de désinfectant et de pansements :

« Ce que je fais ici ? Ah ah... Je me suis retrouvée ici après avoir fuit l'île où je vivais. En réalité je travaillais pour la Marine et sur le côté, je rafistolais les navires pirates accostant sur l'île, un business tout à fait illégal. J'ai suivis un équipage de pirates afin de fuir et pour me retrouver ici à vous aider... Je cherche également quelqu'un dont je ne connais ni le nom ni la fonction. C'est une femme, elle doit mesurer environ trois mètres, blonde de cheveux et pourvues d'ailes blanches magnifiques. Un véritable ange à la beauté incomparable, j'en suis dailleurs amoureuse voyez-vous. Même plus encore... Il s'agit sans doute d'un assassin au grand cœur, elle laissa partir l'une de ses cibles, quel noble geste... » Dit-elle en observant le fond de son verre.

Avachie sur son tabouret, elle se tenait le front comme pour rester parmi eux, ne pas se laisser partir dans une ivresse folle... Les autres ouvriers dansaient, chantaient si fort que le son de leurs voies raisonnait dans tout l'établissement. Le tenancier allait faire un important chiffre d'affaires en cette fin de soirée, si bien que celui-ci offrit une autre tournée, motivant une fois de plus les clients présents dans la salle, hurlant et levant leurs verres afin de trinquer à la bonne nouvelle.

Spoiler: