Amirale Fujikujaku et vice-amiral Dereto.

-Si j'avais su...

Jasmine, emmitouflée dans tout un tas de vêtements plus chauds et épais les uns que les autres, avait bien du mal à braver les courants d'air glaciaux de Drum. Avançant péniblement, un pas après l'autre, sur un tapis de neige qui semblait bien plus profond qu'il ne l'était réellement, elle grelottait en maudissant Chairoka, les Etoiles, les autres dignitaires et tous leurs ordres stupides. Quand on l'avait conviée à se rendre sur Drum, elle avait accepté en pensant qu'il s'agissait là d'une visite de courtoisie, pour rassurer la Royauté qui avait eu à subir un attentat quelques mois plus tôt, leur montrer que la marine était toujours forte et bien présente pour protéger leurs egos ainsi que leur pathétique vanité... Mais il n'en était rien ! Si Fujikujaku avait bel et bien eu l'occasion de visiter le palace du monarque local, on l'avait rapidement mise-au-courant de l'autre raison de son déplacement, de la vraie mission qui l'incombait : repousser l'assaut imminent des Decimas. En réalité, il s'avérait qu'AOI et Cipher Pol avaient fouiné suffisamment correctement pour remonter à des informations d'une importance capitale... mais sachant que l'ancienne chasseuse de primes n'accepterait pas de combattre dans de telles conditions climatiques, a fortiori si elle considérait que Pacifique et Elkens, les deux autres amiraux, étaient disponibles, les hautes têtes pensantes avaient décidé de lui cacher la véritable quête qui l'amenait en ce lieu si froid jusqu'au moment opportun. De facto, la jeune femme se retrouvait à marcher au bon milieu d'une tempête... et dans une tenue vestimentaire tout bonnement désastreuse ! Comme elle n'avait pas prévu de subir les sévices de la neige aussi longtemps, elle ne s'était doté que de quelques pulls aux couleurs chatoyantes, le tout sous son désormais habituel manteau de l'amirauté, aux bordures d'un rose clinquant... Elle avait par conséquent rapidement réquisitionné les habits les plus chauds des marines qui étaient attribués à la même mission qu'elle, y compris le manteau de vice-amiral d'un Dereto étrangement serein.

Car celui-là ne craignait aucunement le froid. S'il avait longtemps subsisté sur Shabondy, profitant du climat quasi tropical de l'archipel, presque constamment ensoleillé, il avait en réalité vu le jour sur North Blue et y avait d'ailleurs passé le plus clair de ses jeunes années. Autrement dit, cette résistance au froid vivait en lui jusque dans ses gênes : quand il avait vu sa supérieure grelotter, transie, il n'avait donc pas hésité un seul instant et lui avait donné son manteau, se retrouvant alors dans sa tenue habituelle, à ça près que les couleurs étaient désormais accordées à sa fonction de marine, autrement dit en bleu et en blanc.

Le cortège gouvernemental parvint malgré toutes les difficultés du monde à se rendre au campement que leurs alliés de fortune avaient construit un peu plus tôt pour s'abriter du vent. Les quelques tentes, dont les cordages claquaient à chaque instant, s'ouvrirent de concert pour laisser sortir quelques membres de l'AOI, dont les deux plus célèbres faisaient partie de l'exécution.

Exalva Flais et Milosephko Yonass, exécuteurs AOI.

-Mauvaise pioche, on chope la pire des trois... Enfin, tant que c'est pas l'un des sept pots de fleurs...

Flais avait parlé spontanément, mais ses paroles semblèrent échapper à Jasmine qui continua de grelotter en progressant en direction de l'une des tentes, bien décidée à se mettre à l'abri pendant quelques instants. En revanche, la pique ne passa pas inaperçue aux oreilles de Dereto qui, en passant à côté de l'exécuteur, ne se gêna aucunement pour lui adresser un petit coup d'épaule. L'action attira immédiatement un air courroucé sur le visage du principal intéressé, qui fut pourtant coupé dans son élan par son collègue de toujours, Yonass.

-Venez vous mettre à l'abri, je vous en prie. Malheureusement, ils ne sont déjà plus très loin... Nous n'avons que peu de temps.

Un vague merci, très clairement enrhumé, s'échappa des lèvres de Fujikujaku qui s'engouffra derechef dans le tas de tissus et des toiles qu'on lui présentait, aussitôt imitée par son subordonné le plus proche.

Pacifista Alphabeto.

-Bi-di-bip-bip.

Le premier détail qui sauta à la vue de Dereto, s'il pouvait s'agir d'un détail, était la présence d'un Pacifista Alphabeto dans un coin de la tente en question. L'imposant colosse de métal posa ses yeux de ferrailles sur les nouveaux arrivants, avant d'en retourner à sa contemplation silencieuse du mur de toiles qui lui faisait face. Jasmine, ne se formalisant guère d'un tel détail, se jeta auprès du minuscule feu de camp placé au centre de la tente, où elle put enfin retrouver quelques couleurs. Les quelques dignitaires présents, AOI y compris, commencèrent alors à converser au sujet de la stratégie la plus propice à utiliser. Selon toute vraisemblance, les soldats les plus faibles ainsi que les quelques membres des Cipher Pol présents, souvent plus par hasard que par véritable envie, seraient chargés de nettoyer le gros des forces envoyés par Centes... S'ils avaient tout du moins la chance d'affronter une armée conventionnelle. Les deux exécuteurs, l'amirale et son laquais ainsi que le Pacifista auraient alors le champ libre pour s'occuper du reste, du gratin, des puissants. Malheureusement, il était difficile de concevoir un plan de bataille complet et exhaustif sans avoir les chiffres sous les yeux : ils devraient donc agir avec une certaine marge de liberté, qui leur permettrait d'affronter l'adversité avec plus d'aisance. Plusieurs questions semblaient toutefois tracasser le subordonné de la jeune Fujikujaku : lorsque l'un des dignitaires présents s'en rendit compte, il n'hésita pas à le solliciter, l'encourageant à évoquer ce qui semblait le gêner, ce à quoi Dereto répondit en ces termes.

-Et bien, pour faire court, j'ai eu la chance de lire les rapports détaillés sur Alabasta et Baltigo... Aucun Schichibukai n'est présent ? La Foudre et le Phoenix semblaient pourtant vouloir sauter sur chaque occasion... Et j'aurais pensé que le Gouvernement utiliserait la Flèche à la moindre occasion.
-Les pirates gardent leurs convictions, nous ne pouvons pas compter sur eux à la moindre difficulté. Ils ignorent tout de Drum et de sa condition, c'était un choix délibéré des Cinq Étoiles.

La réponse de Yonass laissa le vice-amiral songeur. Tenir les forbans à l'écart pour permettre aux véritables agents de prouver leur efficacité et leur solidité... Une pensée pas si naïve qu'elle n'en avait l'air, puisque contrairement à Alabasta où l'AOI avait été la principale force en présence, la marine était désormais excessivement représentée. Une amirale serait largement en mesure de compenser l'absence d'un corsaire... Sans parler du bijou technologique que la Section Scientifique avait mis à la disposition des combattants, le Pacifista aux armes perfectionnés. Ces brutes de guerre avaient été fut un temps la bête noir des chasseurs de primes de toutes les mers : se faire voler une cible par une bestiole de métal, il n'y avait assurément rien de plus humiliant... Pour les avoir vu combattre à plusieurs reprises, Dereto savait pertinemment qu'ils pourraient compter sur eux. Mais il lui restait malgré tout une question qui demeurait sans réponse... Et ce fut à nouveau Yonass qui l'a lui apporta.

-A Alabasta, l'assaut n'était qu'un leurre... Que se passe-t-il si Centes prend le risque d'attaquer le Roi directement ?
-Il ne jouit manifestement du soutien de personne, sur Drum, et ne peut de toute façon pas se permettre une telle manœuvre deux fois d'affilée. Si toutefois il en prenait le risque... Il s'en mordrait les doigts.

A quelques kilomètres de là, au cœur de l'île, en plein milieu du palais royal.

-Papa... Il fait peur, le grand monsieur noir...
-Ça... Je ne te le fais pas dire.....
-Bi-dip-di-dip.

Milosephko Yonass, exécuteur AOI, et vice-amiral Dereto.

-La Section Scientifique souhaite donc vraiment se lier à la partie, hein...
-Exactement. Ils se sont manifestement sentis délaissés à Alabasta et... Ah, je crois que nos derniers invités sont arrivés.

Un léger sourire sur les lèvres, Yonass coupa court à la discussion. Les hauts-dignitaires du Gouvernement Mondial, comme un seul homme, se tournèrent en direction de Ghetis, de Nanao et de Caligula, qui venaient tout juste de franchir les toiles de la tente de commandement. Seule exception, Jasmine demeurait transie aussi près du feu que possible, même si les conditions climatiques semblaient s'être brutalement améliorées : les exécuteurs et le vice-amiral, extrêmement bien renseignés, surent dès les troubles visuels qu'il s'agissait de l'oeuvre de ce bien mystérieux chasseur de prime. En voyant entrer le masqué, Dereto se rappela promptement les événements de Shabondy, où il avait encore l'air si maladroit et si faible, comparé à l'actuelle amirale. C'était probablement encore le cas, mais il n'y avait qu'à le regarder au milieu de toutes ces grandes têtes pour comprendre qu'il avait fait de certains progrès... Et les deux rookies qui assuraient ses arrières n'étaient pas sans reste. Un Cipher Pol 9 toujours pas agent officiel mais aux antécédents déjà relativement fournis, et un bas-gradé de la marine ayant tenu têtes aux troupes Decimas sur Alabasta... Les Cinq Étoiles semblaient tenir ces deux jeunots en estime, probablement parce que tout espoir de voir un nouvel héros surgir des tréfonds des matelots était bon à prendre : ce serait le moment pour eux de prouver qu'ils possédaient bien les qualités qu'on leur louait. Quoi qu'il en fut, ce fut le Milosephko qui prit la parole le premier, accueillant les trois nouveaux arrivants avec quelques paroles amusées à leur égard :

-Allons, sergent-chef, ne prenez pas trop vos aises sous prétexte que quelques pointures vous portent de l'estime. Vous n'êtes encore qu'un inconnu à nos yeux, et certains pourraient vous reprocher votre spontanéité dans une telle situation : nous sommes à l'orée d'une guerre, après tout. Quoi qu'il en soit, je suis heureux de vous voir enfin arrivés : comme je viens de le dire, la bataille est imminente et vous vous en doutez, les Decimas sont dans le coup. Nous allons vous renseigner rapidement.
-Pour le peu que nous en savons, il s'agit d'une attaque de grande envergure, plus ou moins comparable à celle d'Alabasta. L'avantage que nous avons, c'est que les politiciens connaissent désormais le but de Centes, et qu'ils ont pris leurs dispositions. Le Roi est hautement protégé, et l'amirale est déjà présente.

C'était Dereto qui avait pris la parole à la suite de Yonass, croisant ses bras pour embrasser un air clairement plus sérieux. Il avait conscience du fait que cette bataille allait probablement être la plus périlleuse de toute sa carrière de marine, d'autant plus que les troupes des Décimas étaient selon les renseignements qu'il avait pu en tirer bondées de bons soldats. Alors bien évidemment, lui et les trois autres hauts-gradés de la marine et de l'AOI étaient également considérés comme des combattants d'élite, mais il valait mieux demeurer aussi prudent que possible : rien n'était gagné tant que les officiers ennemis étaient toujours debout. Suite à cette prise de parole perspicace, l'exécuteur au teint pâle acquiesça et poursuivit ce petit exposé, sous le regard exaspéré de son collègue qui semblait n'attendre que les combats :

-Mais ça n'est pas tout. L'Alphabeto ici présent a été spécialement renforcé pour l'occasion... Via tout un lot de systèmes de perception. Il peut voir plus loin, plus précisément, avec une vision thermique... Sans compter les multiples balises que les soldats de la marine ont pu disposer dans un large périmètre, sur tout le tour de l'île. Autrement dit : au moindre mouvement anormal, il nous mettra au courant et prendra les dispositions nécessaires pour traiter la menace. Quoi qu'il en soi, ce n'est pas le plus important : si nos pensées se confirment, Centes aura envoyé une armée assez vaste pour nous submerger et raser les forces présentes sur Drum. Et c'est là que vous intervenez.

Ses paroles avaient été ponctuées d'un léger mouvement de la tête désignant l'aspirant Cipher Pol et le sergent-chef. Ces deux-là n'étaient encore qu'au bas de l'échelle, mais ils risquaient d'avoir un rôle des plus importants... Quand on lui avait donné les ordres, Yonass en avait même été légèrement désarçonné : bien évidemment, leurs passés ou leurs formations convenaient à la mission, mais il s'agissait là d'un pari risqué. En cas d'échec, la mission reviendrait aux deux exécuteurs, qui risquaient toutefois d'être occupés ailleurs... En bref : si ces mecs échouaient, c'était une belle galère qui pointerait le bout de son nez.

-Vous allez devoir localiser et abattre deux des "Tours" de Centes. Ce sont hiérarchiquement les soldats les plus hauts au sein de l'armée Decimas, si l'on excepte le Monarque et les Chevaliers. Ils seront sûrement plus nombreux, mais vous n'êtes pas les seuls sur le coup : le pacifista ici présent sera chargé de vous assister, et vous serez également épaulés par le colonel Skronk, dont les forces seront chargées de vous frayer un chemin. Quant à vous, chasseur de prime... Étrangement, nous n'avons pas d'obligation à vous transmettre. Cela signifie que vous aurez une large liberté d'action, et que vous pourrez agir selon votre...
-Ouais ouais, abrège, Yonass.

Exalva Flais, exécuteur AOI.

Le second agent d'AOI fit quelques pas en avant pour dépasser son collègue et se retrouver non loin des trois membres de la Couronne. Une fois bien proche d'eux, il prit à nouveau la parole, un air nettement plus sévère que celui de son comparse inscrit sur le visage :

-J'vais être clair : vous êtes mignons et vous avez l'air bien sympa, les bleus, mais je comprends pas pourquoi le gouv' vous charge de cette mission alors que même le colonel machin truc est plus fiable. Mais j'en ai rien à foutre, à vrai dire. J'vais avoir d'autres chats à fouetter pendant la baston, et je vais pas être là pour vous sauver les miches : autrement dit, vous avez pas intérêt à vous foirer. Et te concernant...

L'exécuteur posa son regard sur Ghetis et, à nouveau, s'approcha de quelques pas, jusqu'à pratiquement coller son front contre le masque du chasseur. Cette action, visant plus l'intimidation que la confrontation, cherchait à jauger le cran du chasseur. C'était une manière de faire bien particulière, mais qui avait tendance à séparer deux genres de personnes en catégories bien distinctes : les pleutres... Et les autres.

-T'as pas intérêt à te mettre en travers de mon chemin, quoi que tu fasses. Tu peux rester à faire une bataille de boules de neige avec les mômes du bled le plus proche si tu veux, mais fais gaffe à toi.
-Je ne pense pas qu'il soit intelligent de se tirer une balle dans le pied à l'approche d'un combat, exécuteur.

Dereto s'était approché des deux hommes, allant jusqu'à poser sa main sur l'épaule de Flais pour attirer son attention et l'obliger à prendre des distances vis-à-vis de Ghetis. L'action lui valu dans un premier temps un regard assassin et relativement froid, puis quelques paroles toutes aussi agressives, signe indélébile des luttes et des rivalités inter-factions :

-Je trouve ça marrant que ce soit toi qui balance ça, le bleu, parce que figure-toi que si ton abrutie d'amirale-en-chef savait gérer son armée, on aurait plus de gradés et pas de chasseur...
-Moi qui pensais que vous agissiez à trois, à l'AOI. Où est passé votre collègue ? Aston Finley a du mal avec les chiffres ?

La faiblesse des uns attirait la moquerie des autres, et ce cercle vicieux aurait pu poursuivre quelques minutes durant si personne n'était intervenu. Cependant, ce ne fut pas le cas, puisqu'une voix les coupa net dans leur élan injurieux. Il ne s'agissait toutefois ni de la voix de Jasmine, trop occupée à se réchauffer tant bien que mal, ni de celle de Yonass, qui observait la scène avec bien trop d'intention pour cela, ni même celle de Ghetis qui aurait pu songer vouloir défendre ses intérêts... mais bien de celle de l'Alphabeto.

Pacifista Alphabeto.

-Bi-di-bip-bip. Intrusion détectée. Direction Est-nord-est. Provenance estimée : Merveille.

Sans crier gare, faisant soudainement fi des tensions qui les animait quelques instants plus tôt, Dereto et Flais sortirent de la tente brutalement, Yonass sur leurs talons. Grâce à l'arène spécialement aménagée par Ghetis, ils pouvaient observer à l'horizon une demi-douzaine de mâts s'approcher d'eux, fendant les eaux à grande vitesse et portant tous la même voile : celle des Decimas. La boite de conserve, qui les avait suivi plus lentement, prenant garde à ne bousculer aucun des protagonistes, ne tarda pas à observer les quelques silhouettes qui lui apparaissaient déjà. Il ne fallut guère plus qu'une paire de secondes pour que quelques noms ne sortent de ses cordes vocales mécaniques, accompagnées à l'occasion de primes plus ou moins conséquentes.

Ilifili, 63M de berrys, et Patero, 44M de berrys.

-Il fait déjà froid...
-Si tu mettais autre chose qu'une culotte, tu t'en sortirais sûrement beaucoup mieux.

A bord du navire principal des Decimas, l'agitation était à son comble... Et pour cause : tout le monde était sur le qui-vive. Ils étaient certains que le Gouvernement Mondial leur avait concocté un comité d'accueil de conséquence et de qualité, probablement semblable sinon encore plus puissant que celui qui s'était opposé à leur assaut précédent, sur Alabasta. Et pourtant, ni Ilifili, ni Patero ne semblaient spécialement inquiétés. Il y avait finalement plusieurs raisons à cela : premièrement, Centes n'était pas un Monarque stupide, il savait qu'il leur faisait courir des risques et avait pris des dispositions, qui incluaient une retraite efficace et imparable en cas de pépins. Deuxièmement, la majorité des hommes qui les accompagnaient, y compris au niveau des sbires qui manœuvraient les navires, n'étaient que des pions dont le fameux Decima avait pris possession, notamment lors de l'assaut de Merveille. Autrement dit, ces gars n'étaient que des morts en sursis, que des sacrifices : les voir mourir de la main de leurs collègues risquait donc d'être d'autant plus jouissif. Troisièmement, et non des moindres : même s'ils étaient quant à eux de très bons combattants, ils n'étaient rien, strictement rien comparés à la pointure qui les accompagnait. Et cette pointure-là avait le pouvoir de réduire le Phoenix en un amas de chaire sanguinolente d'une simple attaque.

-Bi-di-bip-bip. Présence de William Lancaster, ex-Akainu, certifiée. Capture impérative.
-Que... Akainu ?!

C'était bien la première fois depuis des semaines que Yonass était pris par surprise : il avait évidemment imaginé que les pions seraient des ennemis de taille, mais ils avaient naïvement pensé que le vice-amiral et Fujikujaku seraient en mesure de leur tenir tête seuls. Il s'était manifestement lourdement trompé... Et cela risquait de les obliger à revoir leurs exigences à la baisse. L'exécuteur s'apprêtait à se tourner en direction de Nanao et de Caligula pour leur donner de nouveaux ordres lorsque la tente dans laquelle ils se trouvaient s'envola, dévoilant une jeune femme plus déterminée que jamais.

Amirale Fujikujaku.

-Dereto, viens là, tout de suite. Le masqué, euhm... Archer, c'est ça ? Vire-moi ton machin, je vais me les faire.

Le vice-amiral s'approcha de sa supérieure de toujours avec un sourire amusé sur les lèvres tandis que celle-ci posait ses deux mains sur la neige, au sol. S'il ne se passa rien dans un premier temps, le tapis blanchâtre ne tarda par la suite guère à se déformer, laissant foncer vers les navires deux colonnes d'une poudreuse immaculée, prête à percuter les premiers bateaux et à les faire chavirer. Jasmine savait pertinemment que si elle avait été choisie pour combattre sur Drum, c'était simplement grâce à son fruit du démon : elle allait montrer aux marines qu'ils ne s'étaient pas trompés en coulant cette minable flotte d'un coup d'un seul et en leur rapportant ce pauvre Akainu... En un seul morceau, si possible.

Ex-Amiral Akainu, William Lancaster.

Amirale Fujikujaku et vice-amiral Dereto.

-Ojou-sama, dois-je...
-Non, pas maintenant. Contente-toi de me seconder.
-Bien...

Quand ce pauvre abruti de chasseur avait insulté l'amirale, le vice-amiral s'était soudainement raidi, menaçant de bondir d'un instant à l'autre. Si elle lui en avait donné l'ordre, il n'aurait pas hésité une seule seconde et l'aurait terrassé avant de s'occuper des Decimas... mais même elle comprenait que la situation était bien plus épineuse qu'elle n'y paraissait. Trop en tout cas pour continuer à se tirer dans les pattes. Ainsi, Jasmine ne tenta pas de réagir lorsque Ghetis entreprit de surfer sur les colonnes de neige, alors qu'elle aurait tout aussi bien pu en profiter pour l'envoyer dans l'eau sans le moindre risque de le voir s'échapper : elle contrôlait la neige comme elle contrôlait sa main, et s'approcher de trop près de l'une de ses constructions revenait donc à se tirer une balle dans le pied... En généralement plus expéditif encore. Dans tous les cas, les AOI et les autres gouvernementaux fixèrent les navires Decimas tandis que les deux colonnes et le chasseur menaçaient de les percuter d'un instant à l'autre. Avec un ex-amiral à bord et plusieurs têtes connues et redoutées, il allait sans dire que les larbins de Centes devaient avoir assez de répondant pour éviter de mourir aussi brutalement : leur réaction ne se fit justement pas attendre, forçant d'ailleurs Ghetis à user de son geppou pour poursuivre sa progression.

Patero, 44M de berrys et William Lancaster, ex-Akainu.

-Oï, oï, ils déconnent pas ! Cabot carmin, fais quelque chose !

Faisant parfaitement honneur à sa réputation, le désormais pion plaça ses deux poings en avant et propulsa soudainement deux sortes de geysers de mercure à très haute pression, le tout recouvert d'une plaque du haki de l'armement suffisamment résistante pour fracasser les deux colonnes de neige et les faire disparaître sans plus de cérémonie. Jasmine, toujours près du campement, fronça silencieusement ses sourcils en regardant cet ennemi imprévu, manifestement aussi puissant que ne le comptaient les rumeurs : il allait être une plaie à affronter, et encore plus à capturer. Si les gouvernementaux n'arrivaient pas à se coordonner, ils pouvaient d'ores et déjà laisser tomber l'affaire, et Drum avec... Et malheureusement, Ghetis semblait vouloir aller en ce sens. Si sa ruée héroïque l'exposait plus que n'importe quel autre combattant côté marine et faisait donc de lui un ersatz de bouclier humain, ce fut la suite de ses actions qui entravèrent profondément les actions des justiciers. La création de son arène, brutale et inattendue, en désarçonna plus d'un, mais ce furent surtout les tonnerres et les orages menaçants qui inquiétèrent les hauts-gradés de l'armée en présence. Parmi eux, Flais se tourna vivement en direction de l'Alphabeto et beugla quelques ordres secs, destinés à tous les soldats en mesure de l'entendre :

Exalva Flais et Milosephko Yonass, exécuteurs AOI.

-Balancez la ferraille, écartez vous des canons... Et de ce putain de pacifista !

Malheureusement, le mal était fait, et Nanao, sans se rendre compte de la dangerosité qu'incarnait une pile de deux mètres de haut quasiment exclusivement constituée de métaux conducteurs, se trouvait bien plus exposé à un coup de jus surprise que les exécuteurs ne l'auraient souhaité. Conscient que ce type, malgré son apparente simplicité d'esprit, devait d'une manière ou d'une autre inspirer un sentiment de satisfaction auprès des gradés du Cipher Pol 9, et ce sans évoquer le fait que son rôle était l'un des centraux de cette bataille, Yonass prit la décision de lui sauver la mise en agissant promptement. Sa bouche s'ouvrit, large, et l'instant suivant sa langue, qui avait grandi anormalement et à une vitesse extraordinaire, saisissait l'apprenti tueur au niveau du bras et le balançait en arrière, l'écartant à toute vitesse du pacifista. Sa malédiction avait de bons côtés, même si le modèle de grenouille dont il était le maudit disposait d'un puissant poison : en prenant garde à ne pas directement toucher la peau du rouquin, il avait pu le tirer d'affaire sans lui causer de blessure majeure. Et il avait manifestement été bien inspiré : l'instant suivant, un éclair foudroya l'Alphabeto, lui arrachant une série de bips incessants et alarmants :

Pacifista Alphabeto.

-Surchauffe critique. Extinction imminente. Réactivation des circuits progressive à suivre.

Ses yeux s'éteignirent brutalement tandis que sa carcasse métallique s'affaissait sèchement, vide de toute énergie. Si la plupart des modèles de ce type possédaient une excellente résistance à la foudre, puisqu'ils étaient censés pouvoir combattre sur le Nouveau Monde où le climat avait souvent tendance à n'en faire qu'à sa tête, celui-là avait spécialement été retravaillé pour affronter les Décimas sur Drum... Autrement dit, il n'était absolument plus préparé à endurer un éclair, et cette simple onde de choc l'avait donc forcé à s'éteindre pour éviter de griller quelques unes de ses armes, ce qui aurait bien entendu mené à une série d'explosions massives dont la plupart des agents du Gouvernement Mondial auraient durement pâti. Yonass, dont la langue avait repris des proportions plus conventionnelles, se tourna en direction de la petite flotte des Décimas, espérant que Ghetis prendrait assez rapidement conscience de son erreur pour l'effacer d'une manière ou d'une autre. Flais, de son côté, s'apprêtait carrément à hurler au chasseur de primes "d'arrêter tes conneries, sale connard", songeant qu'il lui était absolument impossible d'utiliser son fruit du démon dans de telles conditions environnementales, lorsqu'un autre éclair frappa cette fois-ci l'un des mâts des navires Decimas, audacieusement dressés en direction des cieux. Un incendie se déclara quasiment simultanément, au niveau de la voile notamment. Restait à voir si cette petite réussite allait rattraper le reste...

Fort heureusement, les justiciers allaient enfin recevoir une bonne surprise, après la série de cuisants échecs qui s'étaient enchaînés les uns après les autres : un pan glacier et rocailleux sembla se détacher du reste de Drum et fut brutalement propulsé en direction de la flotte Decima, sous les regards interloqués et estomaqués des soldats de la marine présents. Jasmine, momentanément, se tourna dans la direction du responsable. Si elle ne fut pas en mesure de cerner l'identité de ce type, elle comprit bien aisément qu'il s'agissait d'un allié. Contrairement à Ghetis, il allait peut-être avoir droit à quelques compliments et à une remontée positive s'ils continuaient à ce train-là... Car en effet, la présence d'éclairs dans le ciel semblait avoir soudainement tétanisé Akainu, qui ne savait plus comment réagir : attaque grâce à son logia et risquer de se prendre la foudre, ou laisser l'affaire à quelqu'un d'autre ? Cet instant d'hésitation, lourdement accentué par son absence de matière grise, fut fatal à bien des Decimas : le morceau de rocher enfonça la moitié d'un navire dans l'eau dans un brouhaha sonore phénoménal, et l'autre moitié ne tarda guère à s'enfoncer dans la mer de poison.

-Oh, le cabot, occupe-toi de l'insecte volant, là ! Arrête de bailler aux corneilles !

Maintenant que Patero venait de lui donner un ordre, le cabot en question pouvait les appliquer à la lettre : ainsi, il leva son visage pour scruter Ghetis et, usant d'une force démentielle, se propulsa grâce à ses jambes droit dans la direction de l'autre maudit, menaçant de le percuter d'un violent coup de poing recouvert de haki d'un instant à l'autre. De son côté, le fou se tourna en direction du campement gouvernemental... Juste à temps pour fixer l'arrivée de nouveaux projectiles, envoyés cette fois-ci par Caligula. Les rochers et l'arbre connurent cependant tous le même sort : une fois son sabre dégainé, le primé leur balança à chacun une série de lames d'air, et les quelques écorces et cailloux qui parvinrent aux Decimas ne suffirent même pas à assommer l'un d'entre eux.

Colonel Skronk.

-Soyez pas cons, bande de demeurés ! Tirez pas maintenant, sont pas à portée ! Gâchez pas des munitions !

S'il avait essayé d'ignorer les premiers effets sonores, signe d'une bataille imminente, tout en restant précieusement cloîtré dans sa tente, le colonel avait fini par sortir après que la foudre ne soit tombée non loin de lui. S'il avait peur ? Bien sûr que oui ! Il n'était qu'un petit colonel sans grande histoire et même s'il s'était bien souvent fait remarquer, c'était plus pour sa grande gueule que pour ses capacités martiales. Son air patibulaire contribuait à lui donner une bonne réputation, dont il avait stratégiquement usé pour se retrouver plus ou moins au pouvoir... Sans jamais se douter qu'il recevrait l'ordre de la part de Chairoka elle-même d'assister Fujikujaku pendant une bataille de première importance et de grande envergure ! Au milieu de ces hommes aux capacités dantesques, il se sentait presque aussi nu qu'il ne l'avait été durant ses touts premiers entraînements, en tant que mousse... Mais il était trop tard pour reculer. Il avait des ordres, même si cela le désespérait au plus haut point...

-Nanaligula et Calio ! Restez derrière, on vous ouvre la voie dès qu'ils sont à portée ! Et vous, les abrutis, faites comme l'exécuteur a dit mais TENEZ LES RANGS !

La confusion était totale : la crainte de mourir foudroyé, celle de terminé une carrière trop courte à leur goût en tant que laquais d'un souverain qu'ils ne reconnaissaient nullement... Bref, les marines ne savaient pas trop comment réagir dans une telle situation et si leurs hauts-gradés semblaient faire preuve de sang froid, ils n'étaient pas tous capables d'en faire autant. Ainsi, même si la bataille semblait avoir pris une bonne tournure, notamment grâce au rocher qui avait éclaté l'un des bateaux du premier coup, ils avaient tous conscience du fait que cela pouvait rapidement tourner en la faveur des Decimas... D'autant plus qu'Akainu venait de passer à l'action ! Si cet homme était aussi fort que les journaux ne l'avaient raconté durant des années, ils étaient tous dans de beaux draps...
Jasmine, consciente du fait que la majorité de ses hommes étaient en train de se dégonfler, poussa un soupir entremêlant exaspération et colère. C'était pour cette raison qu'elle n'appréciait pas son grade, malgré le salaire et les privilèges qui allaient avec : les discours galvanisant, très peu pour elle... En temps normal, Dereto s'en serait volontiers chargé, mais comme il était occupé à lui transmettre les informations dont il disposait via son haki de l'observation avancé, la main droite posée sur l'épaule gauche de la demoiselle, il était incapable de le faire. Elle se racla donc la gorge et hurla aussi fortement qu'elle le put, s'époumonant de toutes forces :

-C'est pour ça que vous vous êtes engagés, soldats ? Pour avoir peur de l'orage ? Vous allez vraiment laisser Centes s'emparer de vos familles sous prétexte que vous n'étiez pas préparés à braver les éléments ?

Ces paroles eurent tout d'abord un effet déstabilisant au sein des troupes, avant que la majorité des hommes ne prennent conscience de leur importance : oui, s'ils fléchissaient, ils donnaient aux Decimas une occasion de progresser et de s'emparer d'un Royaume tout entier... Ils ne pouvaient pas se contenter d'une défaite absolue, et tant qu'ils en avaient la capacité, ils allaient lutter ! Yonass, un sourire sur les lèvres, s'avança au niveau de l'amirale pour lui glisser quelques mots, vaguement amusé :

-Qui aurait cru que vous possédiez des talents d'oratrice ?
-F... Ferme ta gueule !
-Chassez le naturel...

Flais, à son tour, s'avança aux côtés de son collègue et de Jasmine, poussant un soupir tout en s'étirant de tout son long. Pour l'heure, il ne pouvait pas encore agir mais les navires adverses progressaient à vive allure : ils pourraient bientôt mener l'attaque. Une fois que cela serait fait, ils n'auraient plus qu'à tenter le tout pour le tout.

Ovelondoroboledo Okotentorebo, 30M de berrys et Ive, 29M de berrys, tours des Decimas.

-Alalalalalala, ces jeunes débordent d'énergie... Quel dommage qu'ils ne se rendent pas à l'évidence... Tout particulièrement cette petite Fujikujaku... Elle possède vraiment deux beaux s...
-Tu pars en débris, le vieux. Tais-toi, retourne dans ta cabine et épargne-nous ta salacité.

Ive s'était emparé de sa hache dès qu'il repéré un ennemi au-dessus de leur petite flotte, mais il n'avait pas eu le temps de passer à l'action que l'amiral s'en était immédiatement chargé. Réactif, et doué : même s'il s'agissait d'un simple pion, le chauve savait pertinemment qu'il n'avait pas la moindre chance de se montrer plus efficace que lui. Leurs capacités martiales respectives étaient séparées par bien trop de talent : même s'il n'était qu'un jeune marine, William Lancaster avait toujours su séduire ses supérieurs, grâce à un talent d'apprentissage hors norme. Mais le primé n'était pour autant pas tout-à-fait un faiblard : s'il était présent pour l'attaque de Drum, c'est qu'il s'y prêtait tout particulièrement, et il avait hâte de briser quelques crânes histoire de montrer à ces fiottes du Gouvernement Mondial qui il était, et à quel point sa prime actuelle était risible comparée à sa force effarante. Okotentorebo, quant à lui, s'était prostré dans le plus grand des silences dès lors que son collègue l'avait rembarré : comme à son habitude, lorsqu'on l'insultait, il boudait. C'était mécanique, et plus fort que lui... Une sorte de super-défaut, qu'il possédait depuis l'enfance et qui, bien entendu, ne le lâcherait jamais plus.

William Lancaster, ex-Akainu.

Le vent fouettait son corps avec férocité tandis qu'il s'était élancé droit en direction de son opposant, bien décidé à l'abattre sans même utiliser son fruit du démon, par la simple force de son corps... Et il ne tarda pas à délivrer un coup d'une puissance formidable mais pourtant d'une simplicité débordante, se contentant de faire usage d'une force brute immodérée pour tenir l'autre homme à l'écart et permettre aux navires de progresser encore et toujours. Ce fut d'ailleurs certainement ladite simplicité de la stratégie qui permit à Ghetis de s'en prémunir plus ou moins parfaitement, même si cela lui avait valu une prise de hauteur réellement conséquente et certainement un engourdissement passager, au niveau de ses bras. Cette attaque, si elle n'avait finalement pas aboutie du tout, avait de quoi inquiéter les représentants du Gouvernement Mondial, posés sur les rives à quelques centaines de mètres de là : même sans son libre-arbitre, même en tant que pantin, William Lancaster était un adversaire à ne surtout pas sous-estimer. Son expérience, sa force, ses capacités, tout cela pousserait certainement Jasmine et son comparse à redoubler de prudence pour éviter d'être bêtement balayés, à la moindre occasion. Cet homme était un expert, tant et si bien que lorsque le chasseur de primes se décida enfin à répliquer, il n'eut absolument aucune difficulté à éviter ces quelques gerbes de flammes et lames d'air. Si l'attaque en elle-même n'aurait certainement pas suffi à le blesser, il prit toutefois les dispositions pour être totalement hors de danger : ses pieds explosèrent soudainement, délivrant alors au reste de son corps une énergie cinétique suffisante pour réaliser une acrobatie en plein air. Ses membres inférieurs étaient tout juste régénérés qu'il retombait agilement sur le mât du navire Decima, qu'il utilisait comme soutien pour un rebond, retournant se placer sur les canons frontaux, à l'avant du navire. Une fois là, Akainu croisa les bras, posant un regard froid et mécanique sur les ennemis qui lui faisaient face, prêt à combattre avec cette fermeté qui l'avait toujours caractérisée.

Et il avait été sacrément bien inspiré : une poignée de secondes plus tard, alors que l'arène avait été remplacée par une autre et que l'un des navires, désormais inhabitée, s'en allait à la dérive tandis qu'un lot de rescapés tentait vainement de remonter à son bord, les troupes du Gouvernement mondial se décidèrent à agir une nouvelle fois, notamment motivée par l'apparition de nouvelles armes. Les boulets de diamants et les bombes qui fendirent les cieux en direction des Decimas semblaient bien partis pour atteindre leurs objectifs respectifs, mais se heurtèrent tous au même moment à un cuisant échec : les bras de William devinrent brutalement difformes, se multiplièrent et s'allongèrent en devenant alors du mercure. Le métal enroba soudainement les projectiles qui menaçaient les embarcations et les fit prisonnier un court instant, opposant une résistance conséquente grâce à une utilisation du haki de l'armement savamment dosée. Les explosifs détonèrent sans causer la moindre blessure aux troupes de Centes, le gaz noirâtre fut libéré à l'écart des navires du Monarque, et les diamants tombèrent lourdement dans l'eau sans opposer davantage de résistance : Akainu était là, inébranlable et invincible. Tandis qu'il reprenait enfin forme humaine, usant de son haki de l'observation pour tenir les intentions de ses anciens collègues à l’œil, les tours et les fous qui l'encadraient se permirent d'arborer des expressions satisfaites, sinon arrogantes : avec une telle arme à leurs côtés, il était impossible de perdre. Mais le pire, dans tout ça, c'était que ce pion n'était pas le seul qui leur avait été prêté...

Pacifista Alphabeto et colonel Skronk.

-Remise-en-fonction progressive des systèmes accélérée. Aide extérieur acceptée.

Quelques paroles quittèrent la bouche pourtant encore fermée du Pacifista tandis que Pride tentait d'arranger ses fonctions aussi promptement que possible. L'aide du scientifique additionnée au brillant programme de remise-en-route concoctée par les hauts-gradés de la Section Scientifique permettaient au robot de recouvrer ses moyens plus rapidement que prévu, en témoignèrent bientôt ses yeux qui se mirent à clignoter d'une lueur rougeâtre. Si la bête de fer n'était pas encore parée au combat, cela n'était manifestement guère plus qu'une question de temps... Et c'était tant mieux car à quelques mètres de là, les navires des Decimas continuaient de progresser et étaient enfin à portée des canons. Skronk, qui ne s'était guère formalisé de la réponse de Caligula, fut néanmoins surpris par les compliments de Nanao et se contenta de hocher la tête lentement, sans bien cerner les intentions de l'agent des Cipher Pol. En effet, les quelques rumeurs qu'il avait pu entendre d'eux n'étaient guère flatteuses, et dans le feu de l'action, il s'attendait à ce que cet assassin le balance en diversion comme un morceau de steaks lancés à des loups affamés. Mettant de côté ces pensées morbides, le colonel hurla quelques paroles à l'intention de ses subordonnés, leur donnant un ordre clair et précis :

-Maintenant ! FEU ! ET NE VISEZ PAS LANCASTER, CA SERT A RIEN, BANDE DE BONS A RIEN !

En effet, le boulet qui s'apprêtait à percuter l'amiral fut renvoyé avec encore plus de violence de là où il venait. Il fut toutefois éclaté en plein air par un pieu métallique, expédié par l'un des hauts-gradés du Gouvernement Mondial présent.

Exalva Flais et Milosephko Yonass, exécuteurs AOI.

-Ces marines... Tous aussi inutiles les uns que les autres !
-Prends le navire de gauche. Je prends celui de droite.
-C'est déjà réglé.

Le logia AOI, Flais, se mit à courir en direction de sa cible désormais attitrée et, une fois au bord de l'eau, effectua un bond d'une puissance phénoménale, ne tardant guère à atterrir sur le pont... ou plutôt sur le front d'un agent des Decimas qui, suite à cette collision surprise, fut éjecté du navire et s'écrasa dans l'eau froide, un peu plus bas. De son côté, Yonass ne prit même pas le luxe de se rapprocher : alors qu'il se trouvait encore aux côtés de Fujikujaku, il changea ses jambes bien humaines en pattes de grenouilles gigantesques et se propulsa soudainement. Si Lancaster avait laissé passer le premier, il tendit cette fois-ci son bras en arrière, s'apprêtant manifestement à envoyer du mercure en direction de l'exécuteur... Mais il fut coupé dans son élan lorsqu'une nouvelle colonne de glace fendit les cieux dans sa direction, l'obligeant à s'en prémunir et donc à laisser passer l'intrus jusqu'à un autre navire. Le regard de l'ex-amiral se posa donc tout naturellement sur la responsable de la gêne occasionnée, qui lui lança pour l'occasion un regard plein d'assurance.

Amirale Fujikujaku.

-Pas si vite, mon beau, tu as fort à faire.

Alors que Dereto était encore et toujours immobile, dans la même position que précédemment, à savoir la main droite sur l'épaule gauche de Jasmine, celle-là venait de tirer son arme fétiche de son fourreau. Caesarius, le glaive des Saijo O Wazamono, allait probablement servir, ce jour-là... L'ancienne chasseuse de primes se mit lentement en garde, expirant avec douceur tout en fixant son opposant, faisant le tri dans son esprit pour comprendre et analyser au mieux les informations retransmises par son acolyte. Elle devait cerner les intentions de William à la seconde même où il les esquissait, pour pouvoir les utiliser à son encontre et prendre l'avantage. Cette bataille n'allait pas être des plus simples, et pourtant, la demoiselle avait la certitude qu'elle pouvait parvenir à triompher... D'une manière ou d'une autre.

William Lancaster, ex-Akainu, et Amirale Fujikujaku.

L'ex membre de l'Amirauté et sa remplaçante se toisaient avec un air de défi, si tant est que la neutralité imposée par Centes le lui permettre : sans son libre-arbitre, William n'avait pas grand chose de plus humain que le Pacifista plongé dans une intensive session de réparation, et il devait donc se contenter de scruter la posture de Jasmine en silence, impassible comme jamais. Pourtant, il ne tarda guère à passer une nouvelle fois à l'action, lorsqu'un immense oiseau coloré de gris passa au-dessus de son crâne : alors que le peintre sur celui-là se préparait à bombarder les navires qui se trouvaient en-dessous de lui, Akainu, parfaitement capable de cerner les intentions de l'artiste en question grâce à son haki de l'observation, se courba légèrement en avant. Incrédule, Fujikujaku le regarda faire avant de comprendre où il voulait en venir : ce type envoya en direction de l'oiseau une colonne de mercure massive afin de le percuter de plein fouet et à une allure folle, sans même avoir à le regarder. Ainsi insensible au color trap et tout en gardant sa principale adversaire à l’œil, le pion fut non seulement en mesure d'écarter la menace naissante des bombes mais également de mettre sévèrement en danger le piaf et son dresseur... Courroucée de voir que malgré l'imminence de leur affrontement, elle ne parvenait pas à observer la totale attention de son ennemi du jour, la demoiselle tendit une main dans sa direction et s'apprêta à envoyer une nouvelle attaque formée de neige lorsque le Lancaster prit les devants, créant une détonation sous ses pieds de la même manière que précédemment. Ainsi, il se projeta droit en direction de l'amirale et, une fois tout juste arrivé au-dessus de la neige, il projeta dans sa direction une sorte de laser de mercure hautement condensé, d'un simple coup de poing.

Et malgré la simplicité apparente de la manœuvre, Jasmine comprit très rapidement que tenter un blocage n'était pas une option viable : si elle ne voulait pas finir coupée en deux dès le début des hostilités, elle devait éviter. Malheureusement, les esquives physiques primaires n'étaient pas envisageables... Tout d'abord parce que cela l'aurait forcé à rompre le contact avec Dereto et qu'elle aurait donc perdu son haki de l'observation provisoire, extrêmement mauvaise idée face à un logia aussi puissant, mais aussi parce qu'elle n'était pas certaine de pouvoir se tirer d'affaire et écarter son subordonné par le même coup à temps. Autrement dit, sa seule échappatoire venait encore et toujours de son fruit du démon. Le tapis blanchâtre aux pieds des deux anciens chasseurs de primes sembla se contracter violemment, se solidifiant à vue d’œil, et les souleva tout simplement au moment opportun, les faisant voler au-dessus de l'offensive de Lancaster. Ainsi suspendus en l'air, tranquillement debout sur un bloc de neige flottant, son cher subordonné toujours à ses côtés, Fujikujaku se permit un léger sourire en voyant le laser adverse creuser un large sillon dans la neige. Leur affrontement commençait, c'était certain, et le plus dur était encore à venir... Mais cette simple esquive lui avait permit de comprendre une simple et bonne chose : elle avait les moyens de le tenir en échec.

Colonel Skronk et Pacifista Alphabeto.

-Nanachose, emmerdez pas l'amirale maintenant, j'vais vous donner vos ordres !

Le colonel s'était empressé de prendre la parole en voyant le Cipher Pol s'approcher de l'amirale : vu la situation dans laquelle elle se trouvait, elle n'avait ni le temps ni les moyens de s'occuper du rôle de ses subalternes. Mais fort heureusement, le colonel était envers et contre tout un homme relativement compétent, peut-être même légèrement plus que la chasseuse de prime qui n'avait finalement jamais vraiment eu à gérer de bataillon tout entier. Ainsi, lorsque le membre de la Couronne fut enfin proche de lui, non loin du Pacifista en pleine séance de remise-à-zéro, Skronk prit la liberté de lui adresser un bref topo, se massant la nuque d'un air légèrement inquiet :

-Je dois avouer que la situation est assez épineuse, mais globalement, vos ordres ne changent pas. Vous devez vous occuper des fous. Cela étant... Tant que l'Alphabeto n'est pas totalement remis sur pied, et tant que les exécuteurs n'ont pas nettoyé au moins un navire, je vous donne l'ordre de rester à l'écart du navire principal. Trop dangereux, pas envie d'perdre d'autres hommes sur une telle mission...

Et cette décision était probablement sage, car le navire mère, même dépossédé de son principal atout, n'en était pas moins chargé en pointures redoutables. Si Ilifili et Patero étaient les seuls visibles dans l'immédiat, le colonel se doutait que Centes leur avait offert une escorte compétente et plus nombreuse qu'un simple et unique ex-amiral : après tout, si les Decimas voulaient vraiment s'emparer de Drum, ils allaient devoir y mettre les moyens. Pour l'heure, le Gouvernement Mondial était encore et toujours en surnombre, et certainement mieux organisé que les troupes de Merveille qui, en l'espace de quelques mois seulement, avaient vu leurs rangs grossir de façon exponentielle. Une force autant qu'une faiblesse, puisque le Monarque et ses sbires n'avaient probablement jamais eu l'occasion de s’exercer à l'art de la stratégie sur de tels chiffres... Avec un peu de chance, cette offensive tournerait bientôt en leur faveur, mais il fallait pour cela espérer que les deux agents d'AOI ne rencontrent pas trop de résistance. Alors que Skronk s'en retournait aux canons, beuglant à nouveau quelques ordres aux tireurs, le Pacifista répondit aux diverses questions de Nanao d'une seule et même phrase :

-Primes : 63M et 44M. Aucune information complémentaire. Remise en route imminente.

Une autre série de bips sonores, et la jadis carcasse métallique retrouvait fière allure, dressée sur ses deux jambes comme l'arme de guerre qu'elle était : sous peu, l'Alphabeto pourrait prouver que les membres de la Section Scientifique étaient bel et bien des génies à l'état brut.

Exalva Flais et Milosephko Yonass, exécuteurs AOI.

De leurs côtés, les exécuteurs faisaient honneur à leur réputation de vaillants guerriers : entre deux explosions, ils distribuaient mandales et coups de genoux, expédiant des Decimas à la pelle par-dessus les bastingages des navires qu'ils avaient respectivement envahis. Yonass, de son côté, se rendit rapidement compte de l'arrivée d'un collègue, en la présence de Caligula : à deux, nettoyer le pont ne fut guère plus qu'une formalité, mais tout n'était pas joué pour autant. En effet, lorsque le membre de la Couronne décida de fouiller le bâtiment naval, il se heurta bien rapidement à un pépin imprévu : une porte s'envola littéralement, projetée d'un coup de pied par un nouvel arrivant qui ne tarda guère à fondre dans sa direction.

Ex-commandant Rebo.

Un ex-commandant à la carrure imposante se mit en effet à foncer droit vers Caligula. Il s'agissait sans conteste d'un pion à la solde de Centes, à en croire son expression faciale vide et étonnamment calme. En comprenant que son jeune collègue s'était exposé, Yonass tenta de prendre les devants, sans grand succès : une balle vint perforer le bois du pont juste devant son pied et il leva les yeux en direction du mât, l'air agacé. Un tireur s'y trouvait, également un ex-pion bas-gradé de la marine, à en croire son allure... Pour l'heure, le titanoboa allait devoir s'occuper de son ennemi tout seul.
Ainsi, à peine fut-il au niveau de son ennemi que Rebo tenta de le faucher d'un puissant uppercut du droit, essayant de le percuter en plein menton et ce sans la moindre délicatesse. S'il prenait le luxe d'encaisser le coup, le zoan s'exposait à quelques douleurs persistantes au niveau de la mâchoire : les poings américains autour des mains du colosse n'étaient pas là pour faire jolis.

Eresone, 50M de berrys, et Sacristilia, 20M de berrys.

Dans le même sens, de son côté, Ja'Far n'avait pas eu de grande résistance durant ses premières passes d'armes sur le navire fraîchement investi... En revanche, les choses ne tardèrent guère à se tarder. Alors qu'il devait déjà penser la capture du navire effective, ou en tout cas simple question de secondes, et tandis qu'il se dirigeait vers le mât pour l'attraper et l'arracher, deux silhouettes sortirent de l'une des portes qui menaient aux entrailles du navire et foncèrent droit vers lui, le plus grand des deux en premier. Eresone était un longue-jambes, un ex-pirate qui avait eu la malchance de tomber sur Merveille pendant son valeureux périple sur Grand Line, en la compagnie de ses camarades : Centes avait profité de l'occasion pour s'en faire un solide allié... Bref : le longue-jambes se projeta en direction du chasseur de primes avec une force et une brutalité qui avaient de quoi surprendre, compte tenu de la puissance de ses membres inférieures, et ne tarda guère à passer à l'action. Son premier mouvement fut un coup de pied parfaitement horizontal, qui visait à frapper son opposant en plein dans les côtes pour le projeter en arrière. Si jamais celui-là prenait la décision de l'éviter d'une manière ou d'une autre, Sacristilia saurait sauter sur l'occasion : en tant que femme-bête, elle était également très vive de corps, et possédait une rapière à la pointe acérée dont elle userait en visant directement la gorge de son ennemi. S'ils n'étaient que des pions, ils n'en semblaient pas moins dangereux...

Ovelondoroboledo Okotentorebo, 30M de berrys et Ive, 29M de berrys, tours des Decimas.

Non loin de là et alors que la plupart des batailles démarraient, Ive et son confrère remarquèrent sans la moindre peine qu'un duo venait également dans leur direction, manifestement décidé à les combattre. S'ils les laissèrent arriver sans encombres, ils ne furent pas assez stupides pour les attendre en croisant les bras : Okotentorebo siffla puissamment, en tout cas aussi fortement que ses lèvres gercées ne le lui permettaient, et ils se tournèrent en direction des deux chasseurs de primes, les suivant du regard pour anticiper leurs actions. Et cela leur fut plutôt profitable : la première action de Ghetis les visait en effet, plus ou moins indirectement, et Ive ne perdit pas son temps, se plaçant devant l'ancêtre et contrant la lame à distance grâce à sa large hache, reculant toutefois légèrement au moment du choc. Ce type qui lui faisait face n'était assurément pas un débutant, et il allait très certainement lui donner du fil à retordre ! Les autres attaques des alliés du Gouvernement Mondial ne furent pas plus fructueuses, en tout cas pas concernant le duo de tours : la plupart des soldats sans grade qui traînaient par là se firent en effet bêtement avoir, excepté ceux qui, vifs d'esprits, avaient anticipé la menace et s'étaient écartés pour laisser les professionnels faire leur travail. Quoi qu'il en fut, après s'être occupés des faiblards, Ghetis et son compère se tournèrent tout naturellement en direction d'ive et d'Okotentorebo qui, pourtant, ne bronchèrent même pas... Et pour cause ! Alors que les deux chasseurs s'élançaient dans leur direction, deux menaces sortirent de l'ombre et de la masse grouillante, bloquant immédiatement les mouvements des chasseurs et les empêchant d'atteindre leurs supérieurs.

Kitisiri, ex contre-amirale, et Sotechan, 34M de berrys.

Kitisiri, l'éventail recouvert d'une plaque du haki de l'armement, s'occupa de contrer le gunbai de Ghetis tandis que Sotechan, de son côté, ex-commandant de la révolution, avortait l'attaque elle-même de Agon en bondissant au moment opportun et en le menaçant d'un coup de pied. Bien évidemment, Agon pouvait envers et contre tout continuer son mouvement mais cela n'aurait pas servi à grand chose, sinon à s'exposer à un coup de pied sec et parfaitement millimétré. Quoi qu'il en fut, Ive et son compère se permirent alors un sourire à la limite du sadisme... Mais il fallait les comprendre : l'occasion de reprendre l'avantage était trop belle ! Tandis que la barbe d'Okotentorebo grandissait brutalement et menaçait d'attraper les chevilles de Ghetis pour le faire chuter, l'homme à la hache fonça droit vers ce dernier en poussant un hurlement guerrier, tentant d'abattre le tranchant de son arme verticalement pour couper le chasseur en deux. Si jamais celui-là tentait d'éviter, il était conseillé de le faire sur le côté : l'offensive de la tour avait en effet la particularité de générer une large lame d'air au passage, donc reculer d'un bond n'aurait pas été une option judicieuse.