Assez peu de personnes eurent une interaction avec Karim qui, enjoué à l'idée de parler à un autre homme-bête, avait laissé de côté son habituel agressivité et son air bougon. Il fit mine de réfléchir un instant aux profondes paroles de Shalon et acquiesça simplement, voyant celles-ci comme un appel au calme. Il avait l'impression de se retrouver face à un de ces vieux sages qui lui donnaient des conseils à tout bout de champs ou qui sortaient des phrases toutes faites telles que « Le solide roseau plie sous le vent. » ou une connerie dans le genre – et il n'était en réalité pas très au courant de ce qu'un roseau pouvait faire ou non. En se mettant en tailleur, il observa la scène avant que la Pile n'arrive. Deux champs de bataille : un avec deux donzelles qui semblaient se battre plutôt bien, et un avec quatre mecs, tous plus intéressants les uns que les autres. Il y avait le cornu, mais aussi le Zoan, l'épéiste et le baraqué.

Lorsque enfin la Pile vint à sa rencontre, Erwin la dévisagea de haut en bas et de bas en haut avant de simplement accepter d'adresser la parole à cette humaine : elle avait l'air « chouette ». Elle faisait donc partie de la catégorie à laquelle il ne parlerait pas avec dédain, comme il le faisait avec Finn. Les autres pouvaient aller se brosser pour obtenir une politesse quelconque.

- Yo.

Il ne fallait pas abuser tout de même. Courtois, mais pas amical. Son regard se concentra sur les divers mouvements de ses adversaires, et tandis qu'il observait l'usage du fruit du démon du révolutionnaire – qu'il avait déjà combattu – il ne put s'empêcher un sifflement admiratif. Son ennemi était plus fort que lui, il ne tarderait pas à le défoncer si personne n'intervenait... Et rapidement, un autre joyeux luron vint lui faire remarquer qu'ils étaient en position de faiblesse, blablabla... Pfff.

- Ta gueule, interrompit le loup. Rien à foutre. Là par hasard.

Il scindait sa phrase pour faire comprendre qu'il n'était actuellement d'aucun des deux côtés. Bien sûr, dans sa tête, il n'irait pas s'allier à des gars trop dangereux mais il comptait bien rentrer à la maison auprès de son bien-aimé, et... Cette pensée le fit rougir, et tandis qu'il devenait pivoine, il se roula en boule sur le sol et commença de vives roulades comme pour évacuer la pression. Une fois fini, il se releva et s'étira, commençant ses échauffements.

Quant à la mission proposée par l'Umbra, l'Ookami l'avait déjà oubliée. Il observa cependant la salle pour trouver monsieur Ourson : peut-être une future recrue pour son équipage, se dit-il avec un certain enthousiasme. En réalité, il s'était désintéressé de la Pile pendant quelques instants, et pour commencer à comprendre le merdier dans lequel ils se trouvaient, il allait falloir l'interroger.

- Au fait, il se passe quoi ici ? Pas que ça m'intéresse, mais au moins que je sache qui sont tous ces cons.

Vulgaire, comme à son habitude. Ça ne s'arrangeait pas. La question s'adressait aussi bien à la jeune femme pétillante bien qu'angoissée qu'à Shalon. Il avait rapidement compris que l'épéiste à lui seul serait assez fort pour gérer le baraqué : il n'allait pas se mettre en travers de la route d'un combattant plus expérimenté, enfin sauf s'il fallait sauver le gros.

Citation :

Karim est vulgaire, oh qu'il est vulgaire (envers Massy puis en parlant de tout le monde).

Ravi Jade, primée à 299.000.000 berrys, et Asheyn Ardo.

Elle bougeait bien, la blondinette... Un sourire naquit sur les lèvres de Jade tandis que Lilianna passait intelligemment sous la lance ennemi, profitant de l'acharnement d'Ardo destiné à la Nebula pour renchérir avec tact et doigté. Contrairement aux apparences, cette jeune femme n'était peut-être pas foncièrement frêle et sans défense... Bien entendu, du point de vue de Jade, elle n'en était pas moins une débutante aux gestes lents, approximatifs et plein d'ouvertures à exploiter, mais tout art était constamment à parfaire : elle avait les bases et la sagacité, le reste finirait par suivre. Le Général de Mars, d'ailleurs tâta bien vite du potentiel brut de la jeune femme lorsque le fourreau de son épée le percuta en plein ventre, lui coupant le souffle momentanément. Il recula d'un pas, afin de récupérer une posture plus stable et plus propice à la contre-attaque, et énervé d'être tenu en échec par une simple inconnue, il décida finalement de jeter son dévolu sur Lilianna : il récupéra sa lance à deux mains, se saisissant fermement et puissamment du manche, prêt à l'expédier dans un coup d'estoc, lorsqu'il se souvint in extremis de la présence de la Nebula, dans son dos. Il était pris en tenaille, dans ces conditions, et ne pouvait pas s'en sortir s'il combattait de manière trop irascible... Cette constatation fut salvatrice, puisqu'elle lui vint à l'esprit juste au moment où la rouquin levait sa claymore, prête à l'abattre dans le dos du sous-fifre de Makui pour le pourfendre en plein dos, d'un coup d'un seul. Le jeune homme, réactif, prit la décision de s'écarter de plus belle : la courte portée ne lui bénéficiait pas, compte tenu de son arme et de celles de ses deux ennemies, et il devait prendre un certain recul pour revenir plus redoutablement que jamais.

Il eut donc la présence d'esprit de bondir sur le côté, réalisant une roulade prompte non sans crachoter au passage, la respiration toujours momentanément irrégulière à cause du coup que Lilianna lui avait porté en plein ventre. Il se redressa ensuite prestement et, tout en profitant d'un bond en arrière, usa savamment de son allonge pour porter un coup d'estoc à la Ravi, qui s'était rapprochée de lui en tentant de l'attaquer. Encore vigoureuse, malgré ses blessures, elle eut les réflexes nécessaires pour réaliser un pas en arrière, évitant ainsi une blessure infamante mais, dans le même temps, reprenant ses distances et permettant donc à Ardo de jouir de davantage de liberté de mouvement. Et c'était tout ce dont le Général avait besoin : il savait dorénavant que Jade était blessée, mais que cela ne l'empêchait pas de livrer bataille avec un talent indéniable. A contrario, si la blondinette était en parfaite santé, elle était très certainement moins redoutable que la Nebula... C'était donc d'elle qu'il allait s'occuper les instants à venir, et le fait d'avoir poussée l'autre femme à reculer était parfait, à ce titre.

Il décida donc de passer à la vitesse supérieure : après avoir retrouvé un appui stable, il se mit à faire tournoyer sa lance dans ses mains vigoureusement, comme une espèce de menace pour rendre ses hypothétiques assauts imprévisibles et pour pousser les deux demoiselles à demeurer en retrait. Cela ne se prolongea toutefois pas très longtemps : il s'avança d'un simple pas, prenant un appui plus lointain, et destina à Lilianna un nouveau coup d'estoc en visant son torse. Sauf que l'offensive à l'arme blanche n'était pas le seul danger qui guettait la doctoresse : peu de temps après la naissance de ce mouvement, des flammes sortiraient de la lance pour en accompagner la lame, la faire rougir, et hypothétiquement laisser quelques brûlures certes minimes mais handicapantes à la jeune blondinette...

Shalon, ancien prisonnier d'Impel Down, et Vive Julia, la Pile, Membre d'une Division de la Section Scientifique.

Les dires que Massy leur destinèrent eurent un impact bien différent sur les trois personnes incriminées. Si Karim décida de jouer la carte de l'agressivité, signifiant clairement à l'homme-kangourou son manque indéniable d'envie d'en découdre dans l'immédiat, Shalon quant à lui demeura plus modéré et plus serein. L'homme bouc se contenta effectivement d'arquer un sourcil puis d'esquisser un sourire certes bref et éphémère, mais relativement amusé par le tempérament opiniâtre des jeunes gens qui l'entouraient. Les uns décidaient de combattre Mars sans avoir d'autres véritables raisons que la protection de personnes qu'ils ne semblaient pas connaître, tandis que les autres y voyaient juste un moyen de se défouler comme un autre... Et cela sans parler des personnes qui, comme lui, n'avaient toujours pas songé pertinent que de prendre part à ces quelques festivités. Julia, quant à elle, fut plus frontalement affectée par les dires de Massy : elle grimaça ostensiblement, incapable de savoir comment agir. En tant que membre du Gouvernement Mondial, elle savait bel et bien que Mars était constitué de criminels, pour l'essentiel, et que leur élimination était préférable de ce point de vue... En revanche, elle n'avait jamais été pour l'application d'une justice aveugle et, au-delà de ça, elle n'estimait pas nécessairement avoir de raison de s'impliquer davantage sur un tel champ de bataille. Aussi demeura-t-elle muette, considérant que, de toute manière, Karim avait pu répondre à sa place, quoique de manière plus acerbe qu'elle n'aurait pu le souhaiter, jusqu'à ce que l'homme loup requiert leur aide, à elle et à Shalon, pour en savoir davantage quant à ce qui se déroulait ici. Elle ne perdit pas l'ombre d'un instant et l'homme bouc, trop heureux de pouvoir rester terré dans son mutisme, lui laissa galamment la parole.

-Eux, ils bossent pour Mars, l'organisation de Kokuwo Makui, l'ancien vice-amiral ! L'ourson nous a raconté qu'il prévoyait d'exécuter tout un tas de gens qui étaient liés aux Grands Jeux qu'il avait créé, et qu'il a perdu...

C'était très sommaire et laconique mais, de toute manière, la jeune femme n'eut pas l'occasion de prolonger davantage la discussion : elle fut interrompue par l'ourson en question qui, à sa manière, avait également été ciblé par les dires de Massy, chose qui semblait le pousser à récupérer son style exubérant et tapageur.

Tedibeashirotokuro.

-QUOIIIIIII ? Ne me faîtes pas de mal ! Kyaaaaaaah !

En entendant la phrase de Massy qui lui était attribuée, et le désignait comme étant un vulgaire ourson psychopathe, Tedi fit volte face, une tasse de thé à la main, répandant le liquide tout autour de lui, y compris sur son pelage duveteux. Il n'en fallut pas plus pour le faire hurler de plus belle, tout en se trémoussant allégrement comme pour tenter de retrouver un peu de fraîcheur, en imaginant certainement que le fait de bouger de la sorte amènerait ledit thé à refroidir plus vite. Malheureusement, cela ne fut guère le cas, et il se trémoussait encore lorsqu'il reprit la parole d'un ton plus ferme, voire colérique, pointant sa patte dénuée de griffe dans la direction de l'homme-kangourou.

-Et puis, vous êtes les gentils, normalement ! Si vous me capturez, quelle différence entre vous et Makui, hein ?

Tamohari Yakazana, primé à 28.000.000 berrys.

Le pauvre type qui l'avait emmerdé un petit moment venait d'en avoir pour son argent : la maigre chaîne qu'il avait tenté d'interposer sur la trajectoire du sabre de Yakazana n'avait pas pu tenir le coup, et l'homme cornu avait par la suite eut droit à un fameux rouler-bouler pour lui remettre les idées en place. Bon, ce ne serait assurément pas suffisant pour le mettre hors d'état de nuire, mais cela aurait le don de calmer ses ardeurs et de permettre au Général de se concentrer sur ses deux autres ennemis, et plus particulièrement sur le kangourou bien trop agile à son goût... Le kangourou, d'ailleurs, qui avait l'air pressé de tâter de la lame du sbire de Makui, à en croire le foutoir qui émanait de l'arrière du colossal épéiste. Ce dernier pivota juste à temps pour voir une lame d'air menacer la partie inférieure de son corps. Nonchalamment, sans vraiment prendre la peine d'étudier la menace, il interposa son gantelet en acier et brisa ladite projection sans plus de cérémonie, constatant simplement que ses ennemis actuels avaient vraiment l'air d'en raffoler, sans vraiment comprendre pourquoi. Ces offensives étaient faibles, peu discrètes, moins affûtées de le tranchant d'une épée et beaucoup plus prévisible... l'offensive qui suivit, d'ailleurs, bel et bien tangible, lui prouva simplement qu'il avait raison. La lame qui était destinée à son épaule, il ne fut pas capable de l'éviter pleinement : il se contenta de se pencher légèrement sur le côté en grimaçant, trop massif et trop lourd pour réaliser une esquive complète, en bonne et due forme. Le Tamohari sentit donc l'acier pénétrer sa chaire et se ficher dans son épaule, lui attirant un grognement rauque et sourd. Ces types commençaient franchement à le gonfler, et il le montra bien assez vite : sa main gantée vint agripper la lame de Massy pour l'empêcher de l'extraire et il tenta de lui décerner un coup d'épée horizontale, forçant ainsi le zoan à se reculer précipitamment en abandonnant son épée dans la plaie qu'il venait de causer avec. Comme prévu, c'était bien le sous-nombre qui jouait puissamment en leur défaveur...

Et d'ailleurs, Sakuga souligna ce constat bien assez vite, tirant parti de la diversion de Massy et de la blessure qu'il avait infligé à Yakazana pour tenter de pousser le Général vers la sortie encore un peu plus promptement. Si ledit Général fut capable de voir l'offensive venir, et donc d'y réagir partiellement, il ne put rien faire d'autre qu'avancer un pas : comme il s'était retourné pour faire face au kangourou, son dos s'était à nouveau retrouvé exposé. L'attaque, donc, toucha au but à son tour, dessinant une fine estafilade le long des muscles dorsaux disproportionné du musculeux sabreur, le faisant grommeler à son tour. Ce n'était pas ce genre de blessures qui allaient le terrasser, assurément pas, mais endurer de genre de déconvenues le plaçait indéniablement dans une posture pour le moins précaire : seul contre plusieurs, il risquait de commettre une erreur d'autant plus aisément. Énervé, il pivota donc pour faire face au blondinet qui lui tenait tête et tenta de l'écraser d'un coup vertical, tout en renonçant aux enchères qui étaient jusque-là en train de se dérouler : il se fichait bien de cette criminelle, puisque les premiers renforts n'allaient pas tarder à arriver... Et il en eut bientôt la satisfaction.

Shafura Antonio, primé à 16.000.000 berrys, et Aseri, mercenaire primée à 33.444.555 berrys.

-Ah ! Pour Ardo, passe encore... Mais Yakazana, toi, en difficultés ? Voilà qui va m'offrir une promotion !
-Zihihi... Et voilà Shafura Antonio, Quatrième Général de Mars !

L'homme, presque aussi massif que Yakazana, venait de passer la porte d'un pas ferme et décidé, arc en main. Tedi l'avait rapidement introduit, juste avant qu'une vingtaine d'hommes pourvus de fusils n'entrent à leur tour, en cadence et ordonnés, manifestement prêts à mettre la main sur les intrus pour leur faire payer le chaos qu'ils semaient. Malheureusement, deux d'entre eux n'en eurent jamais la liberté : des couteaux vinrent les cueillir en plein front, les forçant à ralentir la progression. Ils mirent alors en joue l'auteure de ces meurtres, tandis que le Quatrième Général se figeait pour la jauger d'un regard mauvais. Aseri avait choisi son camp...

-Toi... Tu vas être la première à y passer...
-Tais-toi. Je ne suis pas payée pour parler.

Spoiler:

II observait les scènes qui se produisaient autour de lui, mais c’est surtout l’altercation de l’ours qui l’interpella. Il l’avait remarqué jusqu’à présent mais sa stature, ce qu’il semblait être ne lui inspirait juste pas assez d’empathie, pour le peu qu’il en avait, pour qu’il ne daigne le considérer comme un camarade. A l’inverse de Shalon qui, lui, avait déjà toute sa considération. La fille aux cheveux blonds eut au moins sa gratitude : il appréciait le fait qu’elle lui parle avec une certaine considération, et qu’elle lui explique les choses simplement. Enfin, il n’avait pas tout saisi, mais il croyait comprendre que pour elle, Mars, c’était les méchants, et qu’eux… Bah même si ils n’étaient pas « gentils » ils étaient, au moins, moins méchants.

- J’vois… C’est chiant. Si j’fais rien, et que Finn l’apprend, il va m’en vouloir…

Il fallait qu’il y réfléchisse un peu plus. Il observa l’homme-bouc comme pour lui demander un conseil du regard, mais c’était sûrement peine perdue. Il semblait se complaire dans son mutisme. Allait-il donc intervenir ? Lorsqu’il voyait que les deux donzelles étaient en train de se battre efficacement contre un ennemi, et que l’épéiste assez puissant avait l’air de gérer son adversaire, il se disait qu’il était assez inutile pour le moment. Bah, il pouvait toujours essayer de se charger des fusilleurs qui arrivaient et que la malpoli avait déjà commencé à attaquer…

Ah, mais les deux autres gars semblaient déjà quitter le combat contre le gros pour s’en prendre aux soldats qui venaient d’arriver avec… l’archer ? C’était pas son truc les combats à distance. Vraiment pas. Et si ils comprenaient le pouvoir du cornu, en plus, ils allaient pouvoir l’éliminer facilement…

- J’aime pas les combats à distance… J’crois que je vais pioncer, fit Karim en s’étirant.

Il s’écarta un peu pour se retrouver à l’écart des tirs, et attendre peut-être qu’un adversaire qui ne puisse pas le tuer d’une balle dans la tête ou d’une flèche dans le cul n’arrive. Quand ce serait le cas, il espérait que quelqu’un le préviendrait s’il ne s’était pas endormi d’ici là. Seul problème : il ne donnait pas vraiment une bonne image de lui. Ah, oui, qu’est-ce qu’il en avait à foutre ? Au pire, les soldats allaient tuer le cornu, et il pourrait récupérer ses cornes pour les revendre et s’acheter des bières. Bonne idée.

En se mettant dans un coin, il se mit à bailler de manière très ostentatoire. Il s’ennuyait ici, rien ne semblait nécessiter ses réactions. En même temps, leurs adversaires avaient l’air assez faibles, et de ne pas casser trois pattes à un canard. En soit, la seule chose qu’il venait de faire, c’était de choisir son camp : il interviendrait quand un ennemi lui ferait monter le sang à a tête. En attendant, il ferma les yeux et écouta ce qui se passait autour de lui. Les bruits d’épée, les tirs s’ils arrivaient, les coups, les déguisements, la mort qui fauchait chaque individu qui avait mis sa vie en jeu en entament le combat… Tout ça lui rappelait son enfance.

Citation :

Karim glande et fait mine de s'endormir.

Ravi Jade, primée à 299.000.000 berrys, et Asheyn Ardo.

Lorsque Lilianna prit le parti de décocher un coup de pied au bout de la hampe, Ardo arqua un sourcil à demi ahuri. Il était rare qu'on décide de dévier ses assauts d'une manière aussi tapageuse et risquée : elle s'était exposée frontalement aux flammes, et avait compté sur l'étanchéité de ses habits et plus particulièrement de ses bottes pour se prémunir du feu en question. La stratégie toucha au but, mais dans l'état des choses, elle risquait fort de finir par se brûler durablement si l'affrontement se prolongeait : le tissu ne tiendrait pas le coup éternellement... Sauf que le Asheyn comprit bien vite que son problème n'était pas de combattre jusqu'à ce qu'elle tombe : c'était d'arriver à s'en dépêtrer jusqu'à ce qu'il ait une ouverture satisfaisante pour l'abattre. Car si Jade s'était montrée d'autant plus redoutable et virulente, la blondinette, quant à elle, avait l'air de vouloir jouer sur son impétuosité et sur son ingéniosité pour contrebalancer et égaler les prouesses martiales de sa collègue d'infortune. C'est ainsi qu'elle en vint à attraper le foulard du Général qui, stupéfait, chercha promptement une manière de se dérober tandis que l'épée de la jeune femme menaçait de lui mordre le flanc. Habituellement, ce genre de situations n'arrivait jamais : il arrivait toujours à s'en protéger puisqu'il était plus que doué pour tirer profit de la hampe de sa lance, autant que de sa lame et que de ses flammes. Sauf qu'elle était assez insaisissable, et misait principalement sur sa souplesse et son agilité pour le prendre de court... De quoi le rendre plus qu'irascible. Néanmoins, ça n'était pas nécessairement suffisant pour le prendre de court, et il le prouva bien assez. Le subalterne de Makui interposa le manche de sa propre arme sur la trajectoire de la lame, coupant court à son avancée morbide et funeste qui menaçait de lui infliger une cuisante blessure. L'instant suivant, il levait le genou avec une brusquerie sèche et sourde. L'objectif ? Percuter la demoiselle d'un coup au niveau de l'abdomen pour la forcer à relâcher prise, pour lui couper le souffle, et hypothétiquement pour surenchérir sur un assaut plus vigoureux encore...

Qui, malheureusement, ne vint jamais. La gigantesque claymore de Jade le transperça en plein dos, ressortant au niveau de son torse sans menacer Lilianna un traître instant. Du sang affluant au bord de ses lèvres, le général fronça les sourcils et pivota péniblement, remarquant la présence de la blessée. Il s'était laissé avoir bêtement, à cause de la ténacité des deux jeunes femmes, de leur supériorité numérique... Et de son tempérament à la fois orgueilleux et insouciant. C'était une blessure dont il allait avoir du mal à se remettre sans soins conséquents, et la Ravi n'allait même pas s'arrêter en si bon chemin : elle eut un mouvement horizontal et tournoya, décrochant sa lame du torse de l'Asheyn avant de lui percuter le flanc gauche d'un geste circulaire, le propulsant droit contre un mur non loin. Estimant qu'il allait avoir du mal à se remettre de ces coups-là, la Nebula reporta son attention sur Lilianna et la houspilla quelque peu, sourcils froncés.

-Tu es complètement suicidaire... On était deux contre un. Ça n'était pas la peine de jouer si effrontément.
-Bande de... Salopes...

Jade, vaguement impressionnée, jeta un regard à Ardo qui, bien que transpercé, du sang s'échappant autant de son torse troué que de ses lèvres entrouvertes, accompagnant le moindre de ses râles, tenait encore debout. Prenant appui sur son arme plutôt que sur ses jambes, l'homme avait réussi à retrouver une position plus digne, mais comprenait sans peine que le reste de la bataille risquait d'être terriblement âpre à mener... Un sourire ne manqua toutefois pas de se visser sur ses lèvres et il présenta le bout de sa lance dans la direction des deux jeunes femmes, répandant dans leur direction un torrent de feu gargantuesque. Si elles restaient à portée, elles finiraient brûlées vives...

Tamohari Yakazana, primé à 28.000.000 berrys.

Le kangourou semblait vouloir leur fausser compagnie... Bonne chose pour le second général qui, même s'il était quelque peu blessé, se sentait encore amplement assez en forme pour venir à bout du blondinet à condition qu'il combatte seul... Contrairement à Ardo qui, de son côté, semblait avoir souffert bien plus ostensiblement de l'infériorité numérique. Comprenant sans peine qu'Antonio ne serait d'un secours que très discutable et relatif, d'autant qu'Aseri avait l'air de vouloir se mêler à la petite fête, Yakazana comprit sans peine que le reste de cette bataille allait se déterminer par la force de deux choses : son propre combat, qu'il devait mener à bien sans plus tarder, et l'arrivée d'autres renforts compétents capables de leur rendre un second souffle de vigueur et de vitalité. Néanmoins, dans l'état des choses, l'important était de se focaliser sur l'épéiste blond... Tout en évitant les conséquences possiblement désastreuses des interventions incessantes de l'homme à cornes, qui tentait d'entraver ses mouvements par le biais de ses chaînes tout en le désorientant grâce à son pouvoir que le Général commençait à comprendre. Malheureusement, comprendre et s'adapter étaient deux choses bien distinctes, et le colossal épéiste savait lucidement qu'il ne parviendrait pas nécessairement à multiplier les mouvements complexes tant qu'il demeurait dans la zone inversée de Kardorn : il lui fallait donc miser sur des gestes simples à utiliser, même dans ces conditions anarchiques et chaotiques... Aussi s'exécuta-t-il simplement, sautant à pieds joints pour laisser la première chaîne passer sous ses pieds sans le menacer un traître instant. Tandis qu'il retombait directement sur ladite chaîne, pour empêcher l'homme cornu de renchérir par la suite, sa main gantée intercepta quant à elle la chaîne qui menaçait sa tête. De cette manière, il venait de priver le maudit de son arme de prédilection... Et allait pouvoir se concentrer un peu plus sur le blondinet fougueux qui lui fonçait droit dessus.

-Assai !

Sakuga voulait le projeter en l'air ? Illusoire. Le Tamohari était à la fois plus massif et plus costaud que son opposant... Et prouva qu'une telle manœuvre était à oublier d'entrée de jeu en abattant son épée verticalement, en un coup descendant d'une puissance extraordinaire. Le coup, non content d'interrompre celui de son opposant, allait forcer ce dernier à prendre un meilleur appui sur le sol, sans quoi il serait broyé sous la force brute colossale de son adversaire. Tenter d'engager un bras de fer de la sorte avec le second général de Mars, c'était se placer en situation plus que précaire... Yakazana, s'il parvenait bel et bien à clouer l'autre sabreur au sol, ne tarderait guère à relâcher la chaîne de Kardorn pour tenter d'offrir à Sakuga un puissant coup de poing avec sa main gantée, dans le but de profiter de cette incapacité à lui répondre. Le coup allait sûrement manquer de vigueur, à cause de son épaule blessée... mais risquait néanmoins d'être assez virulent pour projeter le jeune primé à l'écart d'un coup d'un seul.

Shafura Antonio, primé à 16.000.000 berrys.

Alors qu'Aseri, dagues en main, se jetait à l'assaut des quelques soldats qui encadraient Antonio, ce dernier fut contraint de reporter sa pleine attention sur un autre homme qui progressait à vive allure dans sa direction : l'un des épéistes ayant gêné Yakazana et l'ayant même blessé. S'il n'aimait pas vraiment le second général, le Shafura devait reconnaître sans peine qu'il s'agissait d'un guerrier plutôt doué. De facto, il entendait bien en finir aussi promptement que possible avec ce kangourou épéiste, qu'il accueillit sans plus attendre en tirant une flèche de son carquois, en l'encochant, et en s'apprêtant à tirer dès qu'il verrait une ouverture, sans l'ombre d'une sommation. Cette dernière ne tarda par ailleurs guère à se présenter : lorsque Massy interrompit sa charge, menaçant de progresser sur les derniers mètres par le biais d'un bond plutôt qu'en courant, très certainement dans le but de prendre le général de court, il tenta d'empêcher l'archer d'en profiter en projetant une lame d'air dans sa direction. Une précaution plus que futile, dont le général ne sembla que très modérément se soucier : il interposa tout simplement son arc, bloquant la lame d'air sans d'autre cérémonie avant d'expliquer tout en relâchant la corde de son arme.

-Je combats le plus souvent contre mes collègues épéistes... Tu crois vraiment que ce genre de manœuvres nous pose problème ?

A la vérité, les lames d'air de Massy manquaient même d'une force certaine pour qu'Antonio se sente véritablement menacé par un assaut de ce type... La flèche, qui venait d'être décochée, allait cueillir le kangourou en plein bond, sans que ce dernier n'ait aucun moyen de l'éviter, ayant perdu son appui. Il risquait de se faire transpercer le torse d'un coup d'un seul... Si une puissante vague d'air ne l'avait pas dégagé sur le côté avec virulence, quitte à lui occasionner un petit rouler bouler déplaisant.

Vive Julia, la Pile, Membre d'une Division de la Section Scientifique.

-Mais t'es complètement fou ! Tu voyais pas qu'il avait son arc !

Julia avait observé le combat de loin, puisque Karim n'avait pas vraiment l'air non plus d'être le parfait camarade de discussion : à la vérité, elle commençait à comprendre que la situation n'aidait pas vraiment et qu'il valait mieux qu'elle offre un coup de main secoureur aux autres intrus si elle espérait pouvoir se tirer d'ici en un seul morceau. Certes, elle n'avait personnellement aucune raison de détester Mars, mais les gens qui combattaient les généraux semblaient être pour la plupart bien plus honnêtes et dévoués que les généraux en question... Exception faite, peut-être, du blondinet sanguinaire qui affrontait Yakazana. Du coup, quand elle avait vu que Massy était en danger, elle avait pris la décision de l'écarter d'un coup d'un seul de la trajectoire de la flèche, en lui tirant dessus avec son pistolet à air. Comme ils étaient loin l'un de l'autre, le kangourou n'aurait certainement pas beaucoup à souffrir de l'attaque en elle-même... Et avait à tout le moins évité une blessure plus que cuisante. Antonio, lassé, décocha une nouvelle flèche et la tira dans la direction de la blondinette, qui l'évita d'un bond angoissé, suivit d'un petit cri strident. Elle s'expliqua rapidement, donnant par le même coup des renseignements à la fois à Massy et à ses ennemis.

-Je peux pas tirer continuellement ! Il se recharge ! Couvre-moi, s'il te plaît !

Malheureusement, le Shafura tirait d'ores et déjà une nouvelle flèche de son fourreau, et risquait de la canarder jusqu'à ce qu'elle se retrouve sévèrement blessée... Et il fallait vite en finir, avant que les bruits dans le couloir, qui s'intensifiaient d'instant en instant, ne dévoilent une nouvelle menace encore plus tangible que les quelques renforts auxquels ils avaient déjà eu droit.

Les pas dans le couloir attirèrent l'attention de Karim qui n'en fut que mécontent. Le bruit sourd qu'ils faisaient venaient s'ajouter aux différentes actions qui se déroulaient autour de lui, et il n'appréciait pas d'être déranger dans sa tentative de sommeil. Ainsi, il se contenta de se relever en faisant mine de bailler : il était définitivement loin de pouvoir avoir la paix, et se mêler aux hostilités qui se jouaient ici, c'était l'une des seules manières qu'il aurait finalement de se réveiller. Il en avait mis du temps, mais les choses sérieuses pouvaient commencer ! Alors, quel champ de bataille ? Quel ennemi... Oh, mais ils semblaient déjà tous pris. Dommage. En revanche, la blondasse qui l'avait accueilli en lui donnant des informations semblait dans une situation délicate. Elle était épaulée – ou épaulait, en fonction de la façon dont on voyait la scène – l'homme-kangourou pas marrant.

Autant n'appréciait-il pas ce gars avec son épée et ses bonds qui donnaient le tournis, autant avait-il une dette de principe envers la demoiselle. Hors, des principes, il n'en avait pas. La seule raison pour laquelle il pourrait lui venir succinctement en aide, c'était pour qu'elle batte son adversaire et qu'ils trouvent un moyen de se barrer d'ici. D'un souffle déjà exaspéré, sachant qu'il ne trouverait pas sa place ici, il se contenta de dévisager l'archer. Oh, il visait la donzelle. Pourquoi ? Il n'en avait foutrement aucune idée, mais il s'en foutait : elle devait rester en vie. Au moins jusqu'à ce qu'il ait épongé sa dette de principe.

Ainsi, d'un geste presque fou, mais d'autant moins réfléchi qu'il était spontané et sans aucun intérêt, l'homme-loup se jeta sur la demoiselle et la plaqua au sol pour lui éviter de se prendre une flèche. Il ne fit attention ni à son arme, ni à son équilibre : tout ce qu'il avait fait, c'était la mettre hors de danger et, potentiellement, d'énerver son adversaire. Enfin, les remarques du sabreur étaient suffisamment acerbes pour servir de catalyseur, et la seule chose que put faire Karim fut de rajouter par-dessus un rire narquois et dégradant.

Puis il se tourna vers la demoiselle qu'il venait « d'aider » et lui lâcha sur un ton désintéressé :

- Maintenant que je t'ai sauvé les miches, on est quitte pour les infos. Survis, t'es plus cool que l'autre guignol.

En disant cela, il avait pointé Massy du doigt, puis s'était relevé et dirigé vers l'origine du bruit qui l'avait dérangé. Chaque chose en son temps : tous les combats étaient gérés, et si un nouvel ennemi arrivait, il fallait éviter qu'il ne dérange un combat en cours. Et puis, si ça se trouve, c'était aussi un nouvel allié, issu d'une fissure et qui détestait... Qui déjà ? Macouille ? Ah, il ne se souvenait plus de son nom.

- T'es humain ? Gentil ? Méchant ? En fait, balek, t'es juste ce qu'il me faut, aguicha Karim à l'adresse du ou de la personne qui sortirait de ce couloir.

Bien sûr, il n'était pas fou : il ne fit que passer la tête d'un côté pour apercevoir la personne qui venait d'arriver. Il n'aimait pas foncièrement les éléphants, mais il s'apprêtait sûrement à rencontrer quelque chose de tout autre... Un sourire sur les lèvres, carnassier et sadique, Karim appréciait déjà chaque instant de sa future rencontre.

Citation :

Karim plaque Julia au sol, et se dirige ensuite vers le couloir d'où vient le bruit qui l'a dérangé.

Shafura Antonio, primé à 16.000.000 berrys, et Vive Julia, la Pile, Membre d'une Division de la Section Scientifique.

Conformément à ce qu'il avait pu observer lors de sa première ruée, le jeune épéiste qui tentait de s'en prendre frontalement à Antonio était effectivement assez impulsif et impétueux. Contrairement à ce qu'il avait pu considérer, il était également capable d'apprendre de ses erreurs et d'en tirer profit pour se montrer plus pertinent et plus efficace. Ainsi, lorsque Massy évita l'une des flèches qui lui était destiné, après avoir attiré l'attention de l'archer avec succès, ce dernier afficha une moue désabusée et quelque peu agacée, ne s'attendant pas à une telle réaction de la part de l'adversaire. Il était agile et preste, et c'était probablement grâce à ces qualités-ci qu'il avait pu placer Yakazana dans un état aussi pitoyable... En plus du combat en équipe, qui semblait être une valeur refuge pour ces intrus belliqueux, s'il en croyait également l'équipe des deux jeunes femmes qui n'en finissait plus de tourmenter Ardo à quelques dizaines de mètres de là seulement. L'important était donc de venir à bout du kangourou tant que ce dernier ne pouvait plus recevoir l'aide de la blondinette énergique qui, si le général avait bien su comprendre le sens de ses mots, ne pourrait pas lui prêter main forte continuellement. C'était chose envisageable, et il ne tarda guère à le montrer en bandant à nouveau son arc tandis que l'épéiste arrivait à sa hauteur. Cependant, le premier coup d'estoc l'empêcha de tirer, dans l'état des choses : il dût user de son arc pour dévier le premier coup d'un mouvement latéral relativement sec. Le Shafura, convaincu d'être plus fort que son adversaire, qui avait selon lui démontré une naïveté stupéfiante et une incapacité à réfléchir en tentant de s'en prendre à lui aussi brusquement lors de sa première offensive, fut toutefois rapidement pris de court et déchanta lorsque l'épée de l'Umbra percuta à nouveau son arc mais cette fois-ci plus sèchement. La réponse ne tarda guère à éclater : l'envoyé de Makui fut incapable de conserver son arme entre ses mains et celle-ci glissa pour retomber au sol, juste derrière lui.

Il avait donc été désarmé par cette crapule qui lui faisait face. C'était là un affront déshonorant, mais dans l'état des choses, Antonio semblait envers et contre tout plutôt paisible et placide. Il ne paniquait pas, et il fut en mesure de le prouver lorsque la flèche, qu'il tenait toujours dans sa main gauche, tenta de s'enfoncer dans l'une des épaules de l'ennemi par le biais d'un simple coup d'estoc. S'il ne pouvait plus tirer ses munitions, il allait se contenter de les utiliser comme s'il s'était agi de poignards... Une telle manœuvre ne serait assurément pas aussi fructueuse que de les propulser à vive allure mais, à tout le moins, cela pouvait permettre au Shafura de tenir tête à son assaillant et de lui répondre en jouant sur l'effet de surprise. Qui pouvait s'attendre à ce qu'un archer attaque également au corps-à-corps ? Enfin, cela n'était dans l'état des choses qu'un moyen précaire de répondre à l'attaque de son ennemi. Car le Général ne perdait pas de vue son premier objectif : récupérer rapidement son arme de prédilection.
A partir de là, plusieurs options étaient possibles : soit l'ennemi encaissait ou esquivait l'attaque, donnant suffisamment de temps à Antonio pour lui permettre de reprendre possession de son arc, soit il réussissait à bloquer, auquel cas il forcerait le combattant de Mars à demeurer sur la défensive... Dans l'état des choses toutefois.

Julia, de son côté, avait réussi à esquiver la première flèche. Elle s'apprêtait d'ores et déjà à éviter la seconde qu'elle s'était faite plaquer au sol, l'action inattendue lui arrachant un nouveau petit cri d'angoisse. Lorsqu'elle se rendit compte que c'était le fait de Karim, et que ce dernier ne semblait définitivement pas hostile à son égard, elle reprit néanmoins du poil de la bête et soupira de soulagement, heureuse de constater que Massy avait récupéré la pleine attention de l'archer. Elle n'aimait pas être mêlée à des batailles rangées de la sorte, a fortiori lorsqu'elle se retrouvait au premier plan... Elle était bien plus douée en tant que soutien. Quand l'homme-bête lui faussa compagnie, en lui demandant de survivre, elle ne put pas lui envoyer de réponse bien convaincue et déterminée, se contentant de quelques mots vagues et incertains tandis qu'elle se redressait, encore hébétée et surprise.

-Euh.. Ben... merci...

En tout cas, pour l'heure, elle avait à faire : elle imaginait que Massy, tôt ou tard, risquait d'avoir à nouveau besoin d'aide... mais il n'était pas le seul à livrer bataille contre les troupes de Mars et, à dire vrai, la blondinette ne se sentait pas nécessairement obligée de le soutenir lui plutôt qu'un autre. Le but était avant toute autre chose de prendre l'ascendant avant que les renforts ne pointent définitivement le bout de leur nez, chose que semblait vouloir prévenir Karim. Maintenant qu'elle avait ostensiblement et ouvertement pris le parti des intrus, elle ne pouvait plus se débiner... Son regard acéré glissa donc sur le champ de bataille avant qu'elle n'aperçoive quelque chose qu'elle pouvait tenter, afin de précipiter l'issue de l'un des combats qui se déroulait dans l'un des coins de la salle. Oui... En agissant ainsi, elle pouvait se montrer utile !

Ravi Jade, primée à 299.000.000 berrys, et Asheyn Ardo.

Si Jade avait été interloquée par la réponse de Lilianna, qu'elle n'imaginait pas aussi ferme et sèche, et si elle s'apprêtait à lui rétorquer à son tour, quoiqu'adoucit par les dires de la blondinette qui semblait définitivement avoir bon fond, elle fut coupée dans son élan par l'avertissement que cette dernière lui lança et qui lui permit, dans un réflexe salvateur, de bondir à temps pour se placer hors de danger provisoirement. Un lance-flammes... Il ne manquait plus que cela. Ardo n'était plus en état de poser problème à la rouquin et à sa partenaire du jour, considérant les blessures et multiples lésions graves dont il avait à souffrir : au corps-à-corps, l'une comme l'autre des épéistes auraient indéniablement les capacités nécessaires pour le réduire en charpie. En revanche, tant qu'il les maintenait à distance, il pouvait éventuellement tenter de prendre l'ascendant en les épuisant et en les poussant à la faute... Elle grimaça en constatant par ailleurs que le Général semblait l'avoir choisie en guise de première proie. Réaction plutôt logique. Elle était la plus dangereuse des deux bretteuses et, en outre, était blessée et donc plus susceptible de commettre une erreur que l'autre jeune femme. Sans parler du fait qu'elle était responsable du coup d'estoc que l'homme avait enduré frontalement... De quoi l'enrager quelque peu, à en croire son faciès désormais déformé par la colère et noyé de haine. N'écoutant que ses réflexes, mettant encore un petit peu à mal ses propres capacités corporelles, la Nebula se redressa donc et se mit à courir, tâchant de s'éloigner quelque peu du rayon de feu qui menaçait de la dévorer d'un instant à l'autre sans véritablement réussir à le distancer. C'était le jeu du chat et de la souris et, à ce train-là, à moins que quelqu'un d'extérieur à cette course poursuite ne vienne se mêler à l'affaire, elle risquait fort de commettre un impair qui la précipiterait dans ce torrent ardent...

Sauf que, fort heureusement, Lilianna semblait bel et bien vouloir intervenir. La pirate s'en rendit compte du coin de l’œil, voyant que la doctoresse tâchait de prendre le lancier à revers pour le forcer à relâcher la pression flamboyante qu'il exerçait sur la Ravi. Cette dernière, soulagée par l'initiative quelque peu intrépide de sa collègue, nota dans un coin de sa tête de lui rendre la pareille avant de remarquer qu'Ardo n'était potentiellement pas aussi sot que les deux demoiselles n'avaient pu le croire de prime abord : il avait remarqué l'arrivée imminente de la blondinette, et venait de lui envoyer quelques insultes qu'il menaçait d'accompagner d'un instant à l'autre en ramenant de toute urgence son torrent de flammes sur ladite blondinette.

-Tu pensais que j'allais pas te voir, hein ? Crève la première, alors !
-Laisse-toi porter ! Fais-moi confiance !

Ce n'était ni Jade, ni Lilianna qui avait répondu à Ardo... Mais Julia qui, positionnée dans le dos de la blondinette, brandissait son pistolet dans sa direction. Il n'était pas rechargé complètement, mais... Tant pis. Elles n'avaient pas le luxe d'attendre davantage, ou l'une des deux épéistes risquait fort d'être blessée, à terme. Un coup de feu partit donc, déployant non pas une balle mais un courant d'air puissant. Si la doctoresse décidait de résister, elle parviendrait sans peine à demeurer à sa place... Mais cela ne serait ni plus ni moins que se mettre en danger. En revanche, si elle décidait de bondir, alors la rafale salvatrice lui permettrait d'accentuer la vitesse de sa charge avant qu'Ardo n'ait le temps de réagir en bonne et due forme...
Et elle aurait par conséquent la possibilité de l'achever avant qu'il ne puisse se défendre.

Tamohari Yakazana, primé à 28.000.000 berrys.

L'ennemi était coincé : Yakazana n'avait donc plus qu'à l'abattre. Fort heureusement, tous les combattants semblaient dispatchés aux quatre coins de la pièce et, ainsi, personne ne semblait prêt à venir en aide à Sakuga, qui devrait compter sur ses propres compétences pour se tirer de là... Et la décision que prit le jeune blond sanguinaire ne fut pas nécessairement la plus sage. En effet, lorsque ce dernier décida de rompre le contact des deux épées pour atteindre le général en visant son flanc droit, le Général comprit qu'il ne possédait pas des capacités nécessaires pour éviter un coup aussi inconscient : il se contenta donc de l'encaisser, ajoutant cette future balafre à son palmarès de blessures déjà grandissant, avant de riposter en bonne et due forme de deux manières différentes. D'abord, son coup de poing, d'ores et déjà lancé, parvint à percuter son adversaire en plein estomac et commença à le repousser vers l'arrière avant qu'ensuite sa lame, libérée de toute résistance, ne parvienne juste à temps au niveau du torse du Keigo pour lui rendre la blessure qu'il venait de lui occasionner. L'intrus eut de fait l'occasion de réaliser un rouler bouler pour le moins vigoureux tandis que le subordonné de Kokuwo Makui, de son côté, grommelait en chancelant quelque peu pour la première fois depuis le début des hostilités. Même un colosse tel que lui possédait ses limites, et il allait sans dire que le combat commençait au final à lui peser... Entre l'épée de Massy, toujours présente dans son épaule, et les désormais nombreuses blessures dont il avait à souffrir, son endurance et sa robustesse étaient mises à mal. Mais il pouvait se rassurer et conserver le moral grâce à deux faits indéniables. Premièrement, les intrus aussi commençaient à fatiguer : Sakuga en était l'exemple le plus probant, puisqu'il avait enduré à son tour des blessures assez graves. Deuxièmement, les renforts n'allaient pas tarder à débarquer d'un moment à l'autre... De quoi offrir aux soldats de Mars un second souffle pour le moins bienvenu !

Toutefois, en attendant, le Général et ses deux collègues allaient devoir se débrouiller seuls... D'autant plus qu'Aseri prenait un malin plaisir à tourmenter et à tabasser le moindre des renforts qu'Antonio avait ramené avec lui. Quel sombre crétin, il n'avait pas été assez intelligent pour ramener d'autres généraux avec lui... Le retard des autres véritables renforts risquait de leur coûter très cher mais, à entendre les bruits de pas dans le couloir, ils auraient à tout le moins bientôt un coup de main salvateur afin d'éviter le pire. Conscient que gagner du temps était la priorité absolue, le Tamohari se redressa quelque peu, se mit en garde et envoya à l'attention de son ennemi quelques mots francs et honnêtes.

-Tu te bats plutôt bien, je dois te le concéder. Mais tu ferais bien mieux de déposer les armes, comme tous tes amis ici présents... Vous ne pouvez pas gagner, de toute manière. Nous sommes loin d'être les plus puissants combattants dont Mars dispose...

Mervault Carian, primé à 40.000.000 berrys, et Tomoe Arata.

-Putain, ça va encore être un fameux foutoir ! Je m'occupe de celui-là, Carian !
-Fais comme tu veux...

Le premier général, l'air blasé, se contenta de fermer les paupières tandis que son collègue, le troisième général, prenait les devants en venant à la rencontre de Karim. L'idée était simple : il allait le broyer rapidement et en faire un exemple pour montrer au reste des intrus qu'il valait mieux éviter d'emmerder Kokuwo Makui pour rester en vie et en bonne santé aussi durablement que possible. Si les Généraux ne savaient assurément pas à quoi rimait cette attaque inattendue, ils semblaient bel et bien décidés à y répondre par la force et par le feu, comme le prouva Arata en se saisissant de l'un des nombreux boulets en acier qui trônait à sa ceinture, qu'il détacha sans peine tandis que la quarantaine de subordonnés, dans le dos de Carian, dégainaient leurs armes et se mettaient en garde, prêts à intervenir dès que leur supérieur leur en donnerait l'ordre. Ce dernier, néanmoins, semblait vouloir donner sa chance au troisième général de prouver sa valeur en dégageant de leur chemin le premier adversaire qui semblait s'y être immiscé... Haut de trois mètres, et d'une stature plus qu'avantageuse, le Tomoe brandit le boulet vers l'arrière avant de le balancer puissamment et simplement en direction de Karim, sans prendre la peine d'user de quelconque artifice. L'assaut, trivial au possible, ne se basait que sur une seule et unique donnée : la force physique de ce colosse... Et quelle force ! La puissance brute qu'il venait de déployer n'allait probablement pas échapper à l'homme-bête, encore moins s'il faisait l'erreur grossière d'endurer le projectile frontalement. S'il parvenait à esquiver, ledit projectile allait tout bêtement rencontrer un mur, à quelques dizaines de mètres de là... Qui allait tout simplement voler en éclats.

-T'as intérêt à me divertir avant que je me fasse chier !

Il ne les vit pas arriver dans un premier temps. Tout ce qu'il vit, ce fut ce boulet en acier qui lui fonçait dessus. Se jetant à terre, sur le côté, il n'entendit pas les premières paroles de son agresseur et se contenta de soulever un sourcil, circonspect par cette sentence si vivement donnée. L'avaient-ils observé en train d'aider la nana au pistolet à air ? Ou alors... Bah, il s'en fichait, on le cherchait et il était chaud pour se battre. À bas la réflexion, vive l'action. D'un signe encourageant, il fit un petit geste à Shalon, comme pour lui indiquer que la bataille allait commencer. Ils n'étaient évidemment pas à leur avantage : ils étaient largement en sous-nombre, et si l'humaine aux couteaux semblait gérer la situation et que les autres jouaient à décapiter leurs camarades...

Oh. Une occasion. À moins qu'ils ne soient imperturbables, ils étaient tous soumis à leurs émotions. Un sourire naquit sur les lèvres de Karim, insidieux, insondable. Il pouvait en profiter. En combat, il n'y avait ni honneur, ni fierté. Le seul intérêt était de donner des coups et d'en recevoir. Il fallait aussi faire preuve de perspicacité : surtout quand on affrontait une armoire à glace. Le fait qu'elle ait lancé un boulet sur lui ne voulait pas dire qu'il était un faible attaquant au corps à corps... Bien au contraire : il devait avoir une force démentiel, et ça relevait un peu le niveau. Invitant ainsi d'un geste Shalon à se battre, à se réveiller en soit, Karim... s'élança en direction d'Arata. Il ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, et il n'avait pas conscience du danger que les quarante soldats ainsi que le leader de ce groupe représentaient, à supposer qu'il soit dangereux.

Il voulait se battre. Fonçant tel un taureau sur sa cible, il se concentra sur elle pour ne pas céder face à sa terrible puissance de front. Au contraire, il avait besoin d'un geste, d'une attaque engagée. Il lui fallait de l'action, il lui fallait de la passion... Et soudain, il lui fallut aussi de l'adaptation. Lorsqu'il arriverait sur son adversaire, faisant fis de tout le reste suite à la promesse de ce dernier de s'occuper de lui, il pourrait, si l'ennemi avait les jambes entre-écartées, passer entre elles en glissant au dernier moment. Il se relèverait alors derrière lui vivement, dans le but de lui donner un puissant coup de poing dans le creux des jambes, au niveau du genou. S'il réussissait, il pourrait affaiblir son adversaire temporairement, de quoi lui donner l'occasion de le maltraiter aisément... Ou de laisser un autre allié lui donner un coup qui pourrait le sonner. Y aller seul ou à plusieurs, qu'importe.

Il n'avait d'ailleurs pas de stratégie particulière en tête. Si la première feinte ne pouvait fonctionner, il en tenterait une autre. Au moment où le colosse tenterait de l'attaquer de front, il esquiverait sur le côté et tenterait alors de se remettre en position pour effectuer le même coup, en espérant que ses genoux soient pliés pour que l'effet soit encore plus dévastateur.

Bien sûr, l'appel qu'il avait fait à Shalon, s'il ne le jugeait pas forcément discret, n'était pas évident... Surtout si l'homme-bouc avait pris soin de s'endormir. À vrai dire, former une équipe d'hommes-animaux était pour le jeune homme dynamique la seule façon d'arriver à ses fins. Il considérait que les humains étaient souvent trop faibles. Ils étaient moins agiles, moins habiles, moins... Moins tout en fait. Le seul endroit où ils battaient les hommes-bêtes était la cruauté. Ils redoublaient d'imagination.

Citation :

Karim fait signe à l'homme-bouc de venir et il attaque Arata de front, usant d'une ruse pour tenter de le déstabiliser par derrière, au niveau des genoux.

Shafura Antonio, primé à 16.000.000 berrys.

Leur bras de fer s'était rapidement engagé, et il semblait avoir pris une tournure pour le moins ardente. C'était ici et maintenant que tout allait se décider entre Antonio et son jeune adversaire... Et l'un comme l'autre des deux opposants n'avait pas vraiment l'air de vouloir lâcher le morceau. Lorsque l'autre type parvint à se baisser juste à temps pour éviter de recevoir un coup de flèche trop virulent, le général de Mars réussit néanmoins à l'atteindre en pleine épaule, lui fournissant par la même une blessure handicapante qui risquait de lui faciliter la suite du conflit... Si toutefois ce dernier se prolongeait au-delà de quelques secondes. Car l'épée de Massy pénétra finalement son abdomen, venant mordre sa chaire voracement, menaçant de le terrasser d'un instant à l'autre. Si le visage de l'archer fut momentanément déformé par la douleur et s'il eut un râle rauque, comprenant sans peine que cette blessure grave serait au moins aussi incommodante que celle de son adversaire, sinon plus, il comprit bientôt que le pire restait encore à venir s'il ne réagissait pas avec la virulence appropriée. Aussi relâcha-t-il promptement et prestement la flèche d'ores et déjà fichée dans le corps ennemi, venant en chercher une autre dans le carquois qui demeurait dans son dos. Dans le même temps, son autre main, libre quant à elle, vint attraper la garde de l'épée de l'intrus pour l'empêcher de progresser trop en avant au sein de ses tissus : s'il ne réagissait pas de la sorte et n'opposait pas une ferme résistance, ses tripes viendraient bientôt recouvrir les dalles et son cadavre ne manquerait pas de les suivre de peu... La douleur insoutenable et insurmontable, en revanche, ne tarda guère à le courber quelque peu vers l'avant, comme dans le but illusoire et vain de trouver une posture qui susciterait chez lui une agonie moins intolérable. Il n'y parvint pas et, au contraire, son assaillant sembla en profiter pour lui fournir un coup de boule qui, néanmoins, n'eut pas grande utilité : le Shafura était déjà bien assez souffrant pour qu'un tel coup ne le désorientât, et la douleur qu'il ressentait était si vive que son corps ne lui aurait jamais permis de perdre connaissance. En revanche, sa main qui avait agrippé la lame adverse se montra moins robuste l'espace d'un instant et le kangourou put en profiter pour remonter quelque peu parmi les organes de l'Archer, duquel émana un nouveau râle de douleur. A ce rythme, cela risquait fort d'être son dernier combat...

Pouvait-il décemment se permettre de capituler, pourtant ? La réponse était évidente. Non. Se laisser mourir ? Et puis quoi encore ? Sa seule mort, il ne semblait guère capable de la comprendre et de l'anticiper, ainsi précipité face à un échec hypothétique : tout contribuait à le maintenir dans un état de bestialité conséquent. Et il le prouva bien assez tôt : sa main pourvue d'une flèche passa au-dessus de Massy pour s'abattre dans son dos, y plantant sans peine le poignard improvisé avant de le retirer sèchement. Cette opération, l'envoyé de Mars l'effectua à plusieurs reprises avant que le bois de son projectile n'en vienne finalement à céder, laissant le bout de la flèche bloqué dans le dos de l'homme-kangourou. Las et à bout de force, Antonio fut alors incapable de demeurer davantage conscient et, à cause du sang perdu et des coups endurés, ne tarda guère à basculer vers l'arrière. Quant au reste ? Ce serait à son opposant de le décider...

Tamohari Yakazana, primé à 28.000.000 berrys.

Pour Yakazana, la situation s'était désormais éclaircie. Il semblait évident que les renforts étaient désormais arrivés, et que Carian se trouvait fort probablement parmi eux : le jeune premier Général était le meilleur combattant d'eux cinq, et aurait certainement les capacités nécessaires pour venir à bout de ces intrus, ou à tout le moins de ceux qui avaient su triompher et survivre en demeurant en bon état. Toutefois, le colosse ne pouvait pas se permettre de faillir sans livrer bataille fièrement et fermement : cette seule idée le dégoûtait et n'était pas digne d'un soldat de sa stature. Son objectif était donc le suivant : vaincre Sakuga, qui lui semblait être suffisamment puissant pour incarner une réelle menace, quitte à perdre connaissance par la suite. Gagner du temps pour ses collègues... Et leur permettre de triompher d'autant plus aisément.
C'était cette philosophie qui l'avait poussé à se mettre sur la défensive, et cette philosophie qui le poussa finalement à se montrer moins précautionneux que son ennemi n'aurait pu l'espérer. Une feinte ? D'une certaine manière, oui. Si le blondinet avait décidé de lui offrir quelques secondes d'un repos salvateur afin de reprendre en énergie, il n'aurait clairement pas dit non. Sauf que pour l'heure, c'était l'imminence de leur lutte qui prédominait... Et qu'ils allaient devoir s'y abandonner l'un comme l'autre, à corps perdus. De fait, lorsque la première lame de l'adversaire le menaça frontalement, le Tamohari n'hésita pas l'ombre d'un instant et tâcha d'attraper ladite épée au vol, stratégie favorisée par l'épuisement apparent dont son ennemi aussi avait à souffrir : ils étaient tout deux à bout de force, et leurs mouvements qui suivraient seraient les derniers à se montrer aussi violents. Quand la deuxième épée, à son tour, fut envoyée en direction du Général, ce dernier eut une réaction surprenante : il se contenta d'amortir avec sa propre épée un court instant avant de dévier la lame adverse... Droit vers son flanc. La lame pénétra donc dans sa cage thoracique, faisant couler un flot de sang non négligeable le long du corps du colosse, mais se coinça toutefois contre les côtes du blessé qui afficha dès lors un sourire victorieux. Il profita de sa posture et de sa stature titanesque pour fournir à Sakuga un coup de boule virulent, qui risquait fort de laisser le blondinet dans un sale état... Chose dont il essayerait alors de tirer profit pour le mettre à mort.

Malheureusement, Yakazana n'eut jamais l'occasion de prolonger cet assaut : il reçut soudainement une douleur sourde au niveau du dos et grommela avant de tourner son regard vers la silhouette qui l'avait agressée. Aseri se tenait là, à une dizaine de mètres... Et venait d'envoyer un couteau pour le planter dans le dos du général. Ce dernier, la mine endolorie, le corps à bout à cause des multiples assauts endurés, tomba finalement à genoux sans pour autant lâcher la dial blade de Sakuga. Il ne songea qu'à une chose : que sa fin semblait approcher...

Ravi Jade, primée à 299.000.000 berrys.

-Tss. Très bien. Mais fais vite. Tu ferais mieux de t'occuper des autres, si tu as du temps à perdre avec ça.

Jade n'avait pas perdu la notion du temps, et les mauvaises postures de Sakuga et de Massy ne lui avaient pas échappé. Elle ? Elle serait encore capable de combattre après cela : ses blessures dataient de quelques semaines auparavant et Lilianna ne tarderait guère à s'en rendre compte. Une estafilade colossale se trouvait au niveau de son flanc droit et semblait avoir fragilisé un bon nombre de ses côtes. La blessure avait été prise en charge, mais mal soignée : elle ne s'était certes pas infectée mais la chaire et les os se régénéraient plutôt péniblement, ce qui causait gêne et douleur pour la Nebula dont il était question. Pourtant, la jeune rouquin savait que cela ne l'empêcherait pas de livrer bataille si elle avait besoin de forcer un tant soit peu sur son corps... Elle n'ignorait pas, en revanche, que faire preuve de trop d'ardeur ne ferait qu'aggraver son état, ou a minima nullifier le peu de convalescence qu'elle avait pu s'octroyer. Dans les faits, donc, elle n'était pas contre le fait de laisser la blondinette l'ausculter, d'autant que cela lui permettait de recouvrer ses forces maintenant que le premier ennemi était mort... Mais elle n'allait pas tarder à devoir se lancer à l'assaut des renforts, elle n'était pas sotte et ne pouvait décemment pas l'ignorer. Quand Lilianna lui demanda pourquoi elle avait choisi de mettre à mort Ardo, la pirate écarquilla son dernier œil avant de pousser un soupir de lassitude, ayant du mal à apprécier la naïveté de sa jeune interlocutrice qui, définitivement, avait encore beaucoup à apprendre.

-Même à moitié mort, il aurait pu être une gêne. S'il avait combattu à l'aide d'une masse de quinze tonnes, encore... Sauf qu'il n'avait manifestement qu'un petit bouton à presser pour tenter de nous brûler vive. Je préfère le savoir mort plutôt qu'hypothétiquement à nos trousses. Ce n'est pas notre seul ennemi.

Le message était donc plutôt clair et limpide : c'était la plus stricte des prudences, voire la plus tangible des paranoïa qui avait poussé la rouquin à procéder de la sorte. Elle aurait pu agir autrement tout en s'assurant qu'Ardo ne poserait plus problème, après tout : en cassant son arme, par exemple. Elle n'avait toutefois pas spécialement envie de se compliquer la vie avec un vulgaire larbin à la solde de Makui : ces types pouvaient bien tous crever qu'elle ne pourrait jamais qu'en éprouver de la satisfaction et du contentement...
Quand Lilianna eut enfin abandonné l'idée de la prendre en charge, puisque ses blessures auraient nécessité des jours de repos plutôt qu'un passage express entre les mains d'une doctoresse, la Ravi récupéra son arme qu'elle avait pris le luxe de planter dans le sol et la plaça sur son épaule avant de jeter un regard acéré dans la direction de Karim et des autres renforts, de l'autre côté de la porte. Elle répondit donc vigoureusement et intraitable, considérant qu'il s'agissait là de la meilleure voie à emprunter pour finalement arriver à déboucher sur son objectif initial.

-Je ne sais pas toi, mais moi, je vais aller m'occuper de ces gars-là pour ouvrir un chemin...

Pour imager son discours, elle ne tarderait guère à se mettre en route, même si elle ne prendrait toutefois pas la peine de forcer l'allure : l'homme-bête avait l'air de savoir se débrouiller, et puis il n'était guère nécessaire de se ménager maintenant. Avec un peu de chance, la jeune Pile et la criminelle se joindraient bien assez tôt à elles...

Tomoe Arata.

Tandis que le Premier Général faisait signe aux soldats de le suivre, les entraînant en direction de la salle des portails et des portes qu'ils ne tardèrent pas à dépasser, Arata quant à lui se focalisa sur la vermine qui lui fonçait dessus et qui, il en était convaincu, ferait office d'entrée en matière savoureuse et efficace. Restait à savoir comment cet intrus souhaitait la jouer : manifestement, il était adepte d'un corps-à-corps prompt et sans fioriture puisqu'il s'élançait sans la moindre hésitation, et qu'il avait été capable d'esquiver le premier lancer avec doigté et efficacité. Se munissant dans sa main droite d'un autre projectile de ce type, le Général serra la main gauche et, au moment où Karim se présentait devait lui, tenta de lui asséner un crochet virulent et redoutable. Ce fut un échec relativement cuisant, puisque l'autre homme se contenta de passer entre ses jambes en glissant avant de tenter de percuter le creux des genoux du Tomoe qui... Se laissa faire. A la vérité, il ne fit pas que se laisser faire : il décolla sa jambe droite, et usa du coup pour pivoter sur son autre appui. Etant déstabilisé, il ne tarda guère à choir sur son flanc gauche tout en réalisant une demie rotation plus que suffisante pour avoir l'homme-bête en ligne de mire avec le boulet d'acier qu'il tenait dans la main droite.

-Mange donc ça !

Si l'adversaire n'arrivait pas à anticiper, à esquiver ou à dévier le projectile, alors il risquait fort de passer un sale quart d'heure... D'autant que l'agent de Mars, dans sa grande méticulosité, avait pris le luxe de viser le visage de Karim. Avec la puissance du lancer, le projectile risquait fort de lui défoncer tout l'avant du crâne et de le sonner irrémédiablement... Restait à savoir comment son ennemi allait pouvoir s'en sortir, et s'il allait tenter de profiter de la chute du Tomoe pour lui nuire davantage encore.

La situation était à la fois surprenante et équivoque : l'ennemi avait su tirer profit de l'attaque du loup qui était pour le moins suicidaire. Pour autant, celui-ci ne fut pas réellement attristé par la vivacité de son opposant. Il était certes grand mais il savait jouer sur son corps, et un seul coup n'aurait suffi à le mettre à terre, ce qui rendait les choses à la fois palpitantes et étrangement excitantes. Si le cerveau de Karim avait pu réfléchir, il aurait été en ébullition. Fort heureusement la majorité de ses combats se passaient à l'instant, ainsi il n'était pas près de se griller un neurone ! Le boulet s'avançait donc vers lui à une vitesse raisonnablement performante : la force de son bras et la lourdeur de son corps envenimaient les choses. Cependant, rien d'inesquivable pour l'homme-loup qui était habile en plus d'être con !

Il ne parla pas, il ne se réjouit pas d'avoir affaire à quelqu'un qui semblait porter un boulet comme on portait une balle à envoyer au chien. Le premier de ses réflexes fut salvateur pour l'instant qui suivit. Au lieu de s'écarter et de laisser le boulet le faucher sur sa trajectoire, à cause de la longueur du bras de cet homme haut de trois mètres, il enserra son ennemi, ou du moins le bouscula sans réelle idée en tête. Celle-ci ne vint qu'après.

- Merde, marmonna-t-il tandis qu'il se servait du déséquilibre de son ennemi pour le mener au sol.

S'il réussit, la conséquence pourrait être assez tragique puisque son adversaire risquait de lâcher le boulet sur sa tête. C'était une idée saugrenue, mais néanmoins pas réellement envisageable si le boulet avait déjà été lancé. Dans ce cas là, le mouvement de l'air interpellerait Karim qui, dans un mouvement, profiterait du choc au sol et de la potentielle migraine de son adversaire pour... Lui planter ses doigts dans les yeux. Il allait au moins le priver de la vue, de manière assez permanente, sans avoir pour finalité de le tuer. Un affrontement tel qu'il l'envisageait pouvait s'apparenter à de la barbarie pure et dure, et de cette manière il n'essayerait même pas de se cacher des moyens peu honorables qu'il employait. Après tout, si un épéiste utilisait sa lame pour couper les yeux, pourquoi n'aurait-il pas pu utiliser sa main ?

En revanche, un autre cas de figure existait : si le boulait n'était pas envoyé au loin avec le mouvement, cela voudrait dire qu'il était resté coincé dans sa main. Dans ce cas-là, l'attaque ne porterait pas ses fruits puisque l'homme-loup serait immédiatement assommé et ne pourrait certainement pas finir ce combat autrement que sur une civière. L'objectif était donc d'esquiver d'abord le coup, en roulant sur le côté de manière à se mettre hors de portée de l'engin de malheur. Alors, il se relèverait vivement, utilisant son élan pour sauter légèrement... Et enfoncer son pied sur le bras de son opposant, celui qui tenait le boulet. S'il réussissait, il pourrait peut-être entendre un petit « Crac » qui viendrait lui arracher un sourire d'emmerdeur : réduire une des fonctions motrices de son adversaire pour rééquilibrer les forces, peut-être était-ce un objectif louable. Cependant, tout se faisait par instinct, et l'esprit de Karim ne l'affichait pas en première tâche... Bien au contraire.

Citation :

Karim attaque son adversaire en se projetant sur lui pour finir de le déséquilibrer. Ensuite tout dépend du boulet : s'il ne le menace plus, il se sert du fait que son adversaire soit potentiellement sonné pour lui crever les yeux, sinon il roule sur le côté, se relève vivement et saute pour atterrir avec virulence sur son ennemi et lui casser le bras (celui avec lequel il a jeté le boulet).

Mervault Carian, primé à 40.000.000 berrys, et Shalon.

-Exécutez les blessés. Je me charge de ceux qui sont encore indemnes.

Son ton était à la fois grave et autoritaire : Carian, qui venait d'arriver dans la salle, n'avait qu'une seule ambition, à l'heure actuelle. Mettre à mort tous ceux qui avaient décidé de pénétrer à l'intérieur de Mars et qui, non contents de s'y insinuer, avaient tâché de leur mettre des bâtons dans les roues et de vaincre plusieurs de ses collègues et subordonnés. Son regard quelque peu attristé vint s'échouer tour-à-tour sur la dépouille d'Ardo puis sur les corps en bien piteux état de Yakazana et d'Antonio. La menace n'avait pas été prise suffisamment au sérieux, et ils n'avaient pas su s'organiser à temps pour s'en tirer sans souffrance aucune... Vertement, il tira son épée de son fourreau et lorgna du côté de ses ennemis, remarquant sans peine que plusieurs d'entre eux semblaient être à bout de force ou violemment blessés. C'était notamment le cas de l'homme kangourou et du blondinet qui s'était occupé du Tamohari... Et qui seraient donc sans nul doute les plus faciles à terrasser. Quant aux autres ? Ravi Jade était sans conteste celle que le Premier Général craignait le plus, vis-à-vis de sa réputation certaine. Elle semblait néanmoins être dans un état relativement piteux, chose dont il pouvait tirer profit à condition de l'affronter dans de bonnes dispositions... Ce qui signifiait qu'il devait pour l'heure s'occuper d'exécuter une bonne partie de ses ennemis. Arata ne tarderait guère à pointer le bout de son nez, après s'être occupé du cancrelat qui avait tâché de compliquer leur avancée et à partir de ce moment précis, le Destin de ces pauvres hères serait irrémédiablement scellé. Ils n'auraient plus la moindre chance de s'en tirer vivant... Cependant, alors qu'il allait passer à l'action, une autre silhouette l'intrigua. Un homme-bouc. Shalon s'était redressé, non sans soupirer exagérément, et s'était rapproché du Premier Général et de ses subordonnés à pas feutrés avant de se planter à une dizaine de mètres de lui, bras croisés et allure austère. Finalement, l'homme-bête prit la parole, tranquille et impassible, comme si la perspective d'une lutte à mener ne l'effrayait ni ne suscitait d'engouement particulier chez lui.

-Je suis navré mais... Oserais-je vous demander d'attendre un petit peu ? Des blessés sont en train d'être pris en charge et... il serait malvenu de s'en prendre à eux à un tel moment.
-Je serais bien stupide de laisser passer une telle occasion.
-Mh... C'est ce que je craignais...

Carian avait arqué un sourcil interrogateur, ne comprenant pas du tout où son ennemi voulait en venir. Son rôle de Premier Général de Mars était de coordonner les troupes au service de Kokuwo Makui et de veiller, dans la mesure du possible, à l'intégrité du Quartier Général tant qu'il n'était pas envoyé sur le terrain pour réaliser quelque mission que ce fut. Pourquoi aurait-il dû attendre que les blessés soient gentiment remis sur pied pour les affronter à nouveau ? La réponse lui fut bientôt apportée par son ennemi qui, à la vérité, semblait faire une fixette sur l'honneur : l'homme-bête se mit posément en garde, arborant un faciès cette fois-ci plus sombre, plus concentré et plus déterminé. Il était prêt à se jeter à l'assaut de ses adversaires, et cela ne manqua pas : alors que le bretteur lui fonçait dessus à une vitesse spectaculaire, Shalon se baissa juste à temps pour éviter le coup d'épée horizontal qui manqua de le scalper. Une pirouette plus tard et il esquivait le deuxième geste mordant de son ennemi, vertical cette fois-ci, conservant sagement une certaine distance de sécurité avec le Mervault qui, armé, semblait posséder un net avantage sans parvenir à en tirer profit de manière tangible. Le message était clair : certes, l'homme-bouc allait pouvoir gagner du temps, mais il n'allait néanmoins pas pouvoir triompher seul. Et, pour les combattants expérimentés et possédant un certain sens critique, un autre constat plus pessimiste ne tarderait pas à accompagner le premier, nuançant davantage encore les chances de victoire de l'intrus sur le Général...

Ravi Jade, Nebula, primée à 299.000.000 berrys.

Alors que les soldats de Carian menaçaient de se déverser en direction de Massy et de Sakuga notamment, ils furent coupés dans leur élan par une épée aguerrie qui vint trancher les gorges de deux d'entre eux. Ils eurent le réflexe salvateur de s'écarter précipitamment de la toison carmin qui s'était interposée et purent ainsi obtenir un léger répit avant que l'épée de la Nebula ne revienne à la charge, décapitant sèchement un autre des soldats. Ces types-là n'était ni plus ni moins que du grouillot mais Jade devait s'en charger pour permettre à Lilianna d'offrir des soins décents aux blessés. C'était, d'une certaine manière, une façon de lui rendre la monnaie de sa pièce et de la remercier pour l'aide qu'elle avait pu lui fournir face à Ardo... mais cela n'empêchait pas la pirate d'être hâtive à l'idée de jeter son dévolu sur Carian Mervault. C'était là un gros poisson et elle savait pertinemment, à en croire le début de son combat face à Shalon, que son corps meurtris ne lui permettrait pas d'en venir à bout aisément, pas sans se replonger dans un état vulnérable, voire invalide. Elle tâchait donc de rester objective et d'empêcher sa soif de vengeance de la manière la plus productive et la plus pérenne possible : empêcher les renforts de semer leur grain de sel dans l'équation. Si elle offrait assez de temps à Massy et à Sakuga pour récupérer au moins un dixième de leurs compétences initiales, alors ces deux bretteurs pourraient s'avérer d'un soutien colossal et non négligeable lorsque le vrai combat s'articulerait enfin... Car la demoiselle rousse n'était pas sotte. Un seul coup d’œil lui avait permis, en direction de l'homme-bouc, pour comprendre que ce dernier ne gagnerait pas. Il se battait manifestement au corps-à-corps, et était d'autant plus en danger face au tranchant de l'épée adverse. Le Général se déplaçait mieux et plus vite, même si l'ancien prisonnier d'Impel Down n'était pas foncièrement mauvais pour autant. Le problème, c'était qu'elle avait l'impression qu'à chaque esquive, il semblait s'engourdir et se montrer de moins en moins habile, de moins en moins efficace, au contraire d'Ardo... Était-il également blessé ? Plausible. Mais le savoir ne les avantagerait pas beaucoup : ils devaient lui prêter main forte avant qu'il ne tombe, c'était là un fait indéniable.

Aseri, mercenaire primée à 33.444.555 berrys.

-Lui a dit qu'il m'offrirait les huit millions en échange d'une tâche supplémentaire... mais toi, tu me dois trois millions et demi.

La hors-la-loi s'était totalement désintéressée des agents de Mars qui affrontaient, dans son dos, les autres intrus. Elle n'était pas sotte et savait pertinemment qu'elle allait être cataloguée comme étant ennemie de Makui maintenant qu'elle avait pris les armes contre plusieurs soldats de ce dernier... Mais la chose lui importait peu, à la vérité. Elle ne combattait jamais gratuitement, à moins d'y être évidemment contrainte. Et pour l'heure, ça n'était pas le cas : Jade et Shalon semblaient être assez féroces et redoutables a minima pour retenir les ennemis. De son côté, Aseri voyait donc cette occasion comme une entracte de laquelle elle pouvait tirer un profit certain : récupérer son dû auprès de Massy, pour commencer, avant de s'orienter vers Sakuga lorsque le premier l'aurait payée. Elle s'était donc plantée face à l'homme kangourou et s'était contentée de le darder d'un regard calme et tranquille, réclamant simplement ce qu'il avait pu lui promettre par le passé. Certes, la précipitation et l'effervescence avaient empêché la demoiselle de demander une preuve d'honnêteté et de sincérité de la part des deux épéistes à qui elle avait fini par louer ses lames, mais elle n'en conservait pas moins les pieds sur terre. Tout contrat se devait d'être honoré, et celui-ci n'y faisait pas exception...

Vive Julia, la Pile, Membre d'une Division de la Section Scientifique.

-Alors toi... T'es vraiment dans un sale état !

Julia était arrivée trop tard auprès de Lilianna pour l'aider quant à Massy, mais elle avait su se ressaisir pour s'approcher de Sakuga tandis que l'autre blondinette faisait le tour de ses blessures. Entre le coup de boule sec et virulent, le coup de poing surpuissant et le coup d'épée qui avait laissé un large sillon sur le torse de l'épéiste blond, ce n'étaient pas les blessures et les séquelles qui manquaient. Avec ou sans soin, il allait avoir du mal à se montrer aussi performant qu'auparavant, dans de telles conditions. Il fallait panser les plaies, refermer l'estafilade au torse, tâcher d'immobiliser le buste autant que possible pour éviter de fragiliser davantage encore les côtes qui avaient dû souffrir du choc sourd lorsque le poing ganté l'avait percuté... En bref, beaucoup de travail était à réaliser, et il n'y avait plus qu'à prier pour que le blessé accepte de se tenir tranquille jusqu'à ce que son état soit a minima stabiliser. Dans le cas contraire, ce combat risquait d'être son dernier... La Vive ne tarda guère à le souligner, accrochant à nouveau son pistolet à sa ceinture et s'accroupissant auprès du primé pour s'occuper de son cas en collaboration avec l'autre doctoresse, expliquant rapidement et promptement :

-Je suis scientifique. Je n'excelle pas dans les soins mais... Je m'y connais un peu. Je vais t'aider ! On ira plus vite, comme ça. Dis-moi juste ce que je dois faire !

Il allait sans dire qu'entre de mains si expertes, Sakuga allait être tiré d'affaire et allait même pouvoir s'en retourner au combat d'ici quelques minutes, mais malheureusement, aucun miracle ne pourrait opérer dans de telles conditions. Les soins dont il allait être pourvu seraient indéniablement rudimentaires, et il lui faudrait un examen approfondi dans des conditions moins tumultueuses pour s'en remettre pleinement... Cependant, comme les deux demoiselles ne pouvaient pas faire mieux dans l'état des choses, Julia n'allait pas pester ou protester si le criminel décidait d'abréger cette séance de soin pour repartir sur le front sans plus tarder. Après tout, cela le regardait...

Tomoe Arata.

Il avait esquivé ? Non, c'était différent. Il s'était instinctivement jeté en avant pour s'écarter de la trajectoire du boulet et pour empêcher Arata de lui éclater le crâne d'un coup d'un seul. Le Général grommela et pesta en chutant et en lâchant son projectile improvisé. Sa position précaire et ses appuis dévissés l'avaient empêché de se rattraper dignement et prestement, et il se retrouvait désormais engagé dans une mêlée au corps-à-corps avec son assaillant fugace. Quelle plaie... Lui qui espérait pouvoir les descendre les uns après les autres en demeurant à distance, les canardant simplement jusqu'à ce que mort s'en suive ! Pourtant, le Général comprit sans peine que l'heure n'était pas au cheminement de pensées : il avait un cloporte à écraser et ce dernier semblait vouloir profiter de l'ouverture pour lui infliger des blessures cuisantes dont il ne saurait jamais vraiment se remettre. Il visait ses yeux. Le problème c'était que dans cette posture, l'envoyé de Makui ne pouvait pas se permettre de se dérober pleinement de l'attaque... Sa posture ne le lui permettait pas. La parade était également inenvisageable, puisque l'homme-bête qui l'affrontait était à la vérité plus rapide qu'il ne l'était lui-même. Du coup ? Un constat morne et sinistre ne tarda guère à se faire comprendre dans l'esprit du Tomoe : il ne pourrait pas garder ses deux yeux intacts à la suite de cette rixe. A partir de là ? Son corps, lui aussi, se mit à réagir instinctivement. Dans un premier temps, il pencha sèchement la tête sur le côté. Cela ne lui permit pas de sauver ses deux yeux, mais au moins d'en prémunir un : seul le gauche fut atteint. Et tandis qu'il hurlait de douleur, il canalisa cette rage qui grimpait pour chasser son ennemi. Il lui expédia un coup de poing vif et vigoureux en pleine cage thoracique, profitant de leur proximité pour retourner à son adversaire sa politesse. Il lui avait crevé un œil ? Très bien. Il allait lui défoncer quelques côtes... Si son coup portait, il allait sans dire que Karim allait passer un bien mauvais moment. Le Général, quant à lui, allait profiter de cet instant de répit pour se redresser en chancelant et en agrippant à nouveau l'un de ses boulets, paré à faire feu dès qu'il retrouverait ses esprits. En attendant, sa main gauche allait demeurer plaquée sur les paupières desquelles s'écoulait un mince filet de sang...

Si cela ne fonctionnait pas, en revanche, l'envoyé de Makui s'acharnerait. Pas seulement avec les mains, d'ailleurs : il tenterait d'écarter Karim en multipliant les mouvements amples puis, à la moindre occasion entraperçue, tenterait de lui décerner un coup de pied en plein thorax pour lui couper la respiration momentanément, l'envoyer valser, et commencer à fragiliser ses côtes. Restait à savoir si l'homme-bête allait avoir le recul et la réactivité nécessaire pour éviter le premier coup...