William Lancaster, Aggammemnon
Le regard de l’ancien Amiral était froid. On ne pouvait y déceler aucune émotion, et pourtant le Haki ne trompait en rien : c’était une profonde et sincère tristesse qu’il conservait en lui. Il était là, à fouler la même terre que Asya à qui il ne pourrait jamais dire « Adieu ». Cet affrontement lui coûterait certainement la vie, mais il y était résolu. Tout comme il n’aspirait pas à vivre dans un monde dirigé d’une main froide par le Gouvernement Mondial, il ne souhaitait pas connaître l’avènement total de Centes après la mort de ses compagnons. Cet homme était à présent un ami, mais il n’en restait pas moins le plus effrayant de tous ceux qui étaient réunis ici. Ses pions continuaient à bouger avec impatience sur un champ de bataille qui promettait une mort certaine à tous ceux qui le foulaient. Cela avait commencé avec Zakka Li et le Shérif, mais ils étaient loin d’être les meilleurs combattants de cette dure épopée.

Ses paroles se moururent dans sa gorge tandis qu’il n’agit pas quand les autres Chevaliers furent attaqués, bien trop concentré. Il était devant une ouverture qui ne s’était toujours pas refermée : or, il savait pertinemment qu’il s’agissait simplement d’un leurre. Ils n’étaient tous qu’un leurre dans le plan de Centes. Son premier objectif avait été atteint en amenant sur le sol nombre de combattants. Il avait démis une partie de la défense de l’imprenable navire, et c’était pour cette raison qu’il savait qu’il n’était qu’un dernier Pion sur l’échiquier. Ils étaient tous condamnés : eux comme leurs ennemis.

Seul Centes devait survivre.

- Je crains qu’il faille y aller un peu plus fort.

Le lion était déjà fou de rage : depuis trois jours déjà, il ne contenait plus sa colère. Natao avait été un compagnon de premier choix. La prémonition de la mort de Jude l’avait un peu plus poussé à la colère, et à présent il était terrassé par la perte de Zakka Li. Son pouvoir était incommensurable dans cet état-là. Il fut donc percuté et ne parcourut d’une demi-douzaine de mètres avant de s’arrêter.

- Voyons ce que tu as dans le ventre, Amiral Shirokuma.

Goliath, Hisae Itô
Il était peut-être le plus résistant ici, mais il avait en face aussi le plus résistant des Décimas, le plus brutal, et sûrement le plus puissant après Akainu. Son regard explosa de rage, et il s’élança en direction de l’adversaire. Son poing se recouvrit d’Armement : il l’avait maîtrisé peu de temps auparavant, et cela restait l’un de ses atouts dans cette guerre. S’il atteignait sa cible, il libérerait une telle pression qu’elle ferait s’éloigner tout sur des dizaines de mètres, voire des centaines.

Goliath n’avait pas réellement prévu de se battre : il était là pour faire bonne figure, avec son marteau au manche relativement court et son bouclier renforcé. Malheureusement, son premier adversaire n’avait pas l’air de vouloir lui accorder un quelconque répit. Il ferma le poing sur son arme et soupira simplement en sentant que, encore une fois, il allait devoir envoyer la sauce dès le départ. Alors que Agammemnon s’en donnait à cœur joie, le géant répondit sagement à la question à peine posée de l’ennemi :

- Je suis Goliath, Cinquième Siège. Sois louable, inconnu.

Et il frappa brusquement son bouclier avec son marteau. Alors, il dégagea une brutale onde de Haki de l’Armement : celle-ci obligerait le Logia à reprendre sa forme humaine en un rien de temps, en plus de le décontenancer. C’était là le pouvoir de Goliath : son Armement pouvait se propager à l’image d’un armement expansif, comme le Bouclier de Haki. Il n’était cependant pas aussi efficace en défense que ce dernier. Il aurait bien aimé prendre son temps, mais l’adversaire serait sonner seulement un court instant. Utilisant un saut vif, il atterrit au-dessus de la tête du Wenham pour lui diriger une attaque d’une puissance remarquable, qui risquait de secouer le jeune homme abasourdi.

Hisae, quant à elle, se contenta d’esquiver sans décrocher un mot. Elle observait la situation : sa vitesse était simplement hallucinante, et il faudrait plus qu’une simple attaque frontale pour la toucher. A l’inverse de Goliath, elle possédait un atout dans sa stature fébrile. Pour l’instant, elle comptait observer. C’était son rôle : être le témoin de la force de l’ennemi. D’autres suivraient pour asséner le coup fatal.


Azer Ty
Ce n’était pas n’importe quel géant. Azer Ty avait plus d’une centaine d’années dans les pâtes, et son expérience défiait l’imaginable pour de simples bleusailles. Ses ennemis venaient de faire leur nid dans ce monde : il avait eu du mal à les reconnaître, car lorsqu’il regardait leurs avis de recherche, il devait froncer les sourcils. Des insectes venaient et tentaient de lui apprendre la vie avec une maîtrise imparfaite de leur Haki. Le sien était inégalé dans le domaine : sa seule crainte était de voir ses alliés tomber, mais là encore Centes les avait pourvus de ses « jouets » pour qu’ils ne partent pas au combat sans défense.

A chaque coup porté, l’Archer semblait atteindre un peu plus son but, du moins dans son esprit. Son enchaînement était assez long pour que le Ty puisse faire une contre-attaque, faisant mine d’ignorer savamment l’autre adversaire. Il ne réfléchit pas réellement, et attendant que son adversaire soit au plus proche, l’écrasa simplement entre sa main et son torse. Sa force de géant était risible : il avait protégé son île céleste des décennies durant, alors il ne comptait pas se laisser vaincre. Sa stature faisait de lui une cible parfaite : il en avait fait une force. Le seul avantage de ses ennemis avait été de ne pas venir en plus grand nombre, sans quoi leurs rangs auraient décru bien plus.

Enfin, il s’intéressa à Heziel, ne lui accordant pas un regard. Seuls ses mouvements d’air, vifs et calibrés, portaient sa présence à Azer Ty. Puis finalement les assauts s’arrêtèrent, ayant prouvé leur inefficacité.

- Oh. Quelqu’un de poli. Je suis Azer Ty, originaire de Celestia, l’île céleste de mon peuple. Tu es plus puissant que ton compagnon : je serais honoré de t’affronter, Heziel Coffe. Viens.

Il sourit, déployant ses dents jaunies par l’âge, avant d’élancer son poing en direction de son adversaire. S’il atteignait le sol, il défricherait totalement ce qui se trouvait sur un kilomètre. Seul, le Coffe aurait bien du mal à s’en sortir… Mais une aussi grande carrure avait bien un talon d’Achille, n’est-ce pas ?

- Il est à moi, fit une voix en sortant de la fermeture.

Kali Nomade, Orim Asakura
Elle fendit les cieux et rattrapa sinon l’Archer au moins ce qu’il en restait. Il avait sûrement eu un ou deux os broyés : un bras peut-être. Qu’importe, elle s’en fichait éperdument. Kali Nomade rêvait de croiser à nouveau ce combattant, et elle allait être servie. Bien sûr, elle n’était pas venue seule : l’ombre qui la suivait n’augurait rien de bon. Il s’agissait de son acolyte, Orim Asakura. L’homme semblait plus sûr de lui depuis la dernière fois. Il avait gagné une prime maigrelette, en raison de son fruit du démon et de son appartenance aux Decimas. Lors de son court séjour sur les îles célestes, on lui avait reproché de ne pas être investi. Aujourd’hui, il ferait au moins une victime. S’élançant en direction de l’ennemi de Hisae, il ne laissa aucune chance au pauvre homme tandis que sa queue le propulsait. L’homme au Zoan du Scorpion vint planter celle-ci dans la nuque de l’adversaire, avalant la distance aisément.

Dream Vespier, Iris Vermillon
Deux autres Fous des Décimas étaient là, présents sur le champ de bataille. Ils avaient respectivement rejoint Jean-Bart Nonoha et Exalva Flais. Bien sûr, c’était deux des cibles prioritaires données par Centes en personne. La liste était d’ailleurs bien ordonnée. Les Amiraux n’étaient pas prioritaires : ils ne représentaient pas un atout stratégique si important en dehors de leurs puissances respectives. En revanche, certains membres de la flotte ennemie étaient notés comme « Dangereux » : le Vice-Amiral Archer faisait partie du Top 5, aux côtés de Aston Finley, Rasgaret Abel et d’autres figures. Juste en dessous se trouvaient Flais et Nonoha. Les deux devaient être éliminés au plus vite, c’était pour cela que les plus proches alliés de Centes cherchaient à les enfler.

Dream Vespier avait reçu un des quelques fruits du démon que les Décimas avaient réussi à obtenir au prix de quelques pertes. Il faisait donc parti des « Fous », ces personnes aux talents spéciaux qui pouvaient clairement servir la cause. Il les dotait parfois de pouvoir : mais là où les Tours commandaient des armées, les Fous étaient en général calibrés pour leur simple utilisation sur le terrain. Leurs regards lucides laissaient clairement voir qu’ils n’étaient pas sous le contrôle de Centes. Au contraire, ils appréciaient la situation. Sur tous les Fous, seuls quelques-uns s’étaient concentrés ici. Le reste était présent sur Alabasta, à l’abri des regards indiscrets.

L’homme avait depuis longtemps quitté son apparence humaine pour prendre sa forme totale : celle d’un Yéti, un monstre des neiges capable de prouesses. L’une d’entre elle fut rapidement mise à exécution : s’approchant de Flais, il n’hésita pas un instant à diriger son poing vers lui. Près de son contact, il pourrait sentir l’air se refroidir brusquement et son corps se geler, atteignant une température ridiculement glaciale.

De l’autre côté, Jean-Bart Nonoha ne pourrait pas frapper son Géant que déjà l’ennemie serait sur lui. Il s’agissait d’une demoiselle répondant au doux nom d’Iris Vermillon : elle n’avait de rouge que le sang de ses adversaires sur elle, cependant. Brusquement, elle lâcha une demi-douzaine de petits sacs sur son ennemi. Des bourses, à en croire leur apparence. Lorsqu’elles arriveraient près de l’ennemi, leur volume doublerait alors et elles exploseraient, laissant sur leur passage quelques morceaux de grenades.

Les géants avaient eux aussi du répondant : la plupart maîtrisaient un Haki qui leurs permirent de résister aux premiers assauts. Ce fut cependant le vice de Centes qui serait salvateur. Alors qu’ils reculaient légèrement, certains géants laissèrent tomber des corps sur le terrain. Il ne s’agissait pas de cadavres : leurs voix étaient bien actives. En revanche, les ennemis du Gouvernement possédaient bien un atout à cet instant : les derniers Colonels et Contre-Amiraux qui avaient été pris dans la folie de Centes sur Merveille. Les derniers Pions sous son contrôle, sûrement prêts à exploser quand ils seraient faillibles. Cependant, ils n’avaient pas été placés n’importe comment : leur apparition semblait coïncider avec les personnes de qui ils furent le plus proches, à l’époque. Des camarades, des amis. Et ils étaient là, faisant barrière devant les géants, menaçant de leur vie leurs anciens amis.

- C’est ignoble, marmonna un géant dans sa barbe.

Mais il secoua la tête. La vengeance devait être opérée à tout prix. Les anciens alliés se mirent donc en marche, en direction de leurs anciens camarades de combat. Alors qu’ils avançaient, ils finirent par devenir plus rapides, prendre plus d’assurance. La plupart avaient un niveau de combat inférieur ou équivalent à leur adversaire, mais ils travaillaient en équipe. Ezra fut rapidement sous les coups d’un Contre-Amiral dont le Yoyo tentait de lui ligaturer les jambes, sachant pertinemment que son meilleur atout était la vitesse, et d’une Colonelle qui tirait des kunais pour l’empêcher d’éviter les premiers assauts.

Ysaak, quant à lui, eut le déplaisir de retrouver deux hommes avec qui il avait fait ses armes. Deux Contre-Amiraux d’une extrême et sincère gentillesse, qui n’avaient jamais voulu blesser un camarade. Aujourd’hui, ils étaient sous le contrôle du plus impitoyable des monarques. Le premier utilisait des cordes qu’il renforçait avec son Haki pour empêcher le Vice-Amiral d’utiliser son Rokushiki qui lui permettrait de s’enfuir, quant au second, il était destiné à briser la concentration d’Ysaak en lui envoyant des ondes sonores avec son Retour à la Vie des cordes vocales.

De son côté, Barber Janz eut le déplaisir de n’arracher qu’un bout de peau au géant qu’il avait visé. Celui-ci possédait un Observation somme toute standard, mais dont le rayon était proportionnel à sa taille. Il localisa donc aisément la source de ses ennuis, et s’élança vers ce dernier. En peu de pas, il fut sur lui, assénant un coup d’épée légèrement qu’il tenait à sa ceinture.

Qwer Ty
Qwer Ty sourit à la vue de son adversaire. Il aimait les jeunes hommes plein de vigueur : contrairement à son leader, il n’était pas revanchard. Il suivait le charismatique géant de 40 mètres, mais il n’était pas si vindicatif. Il savait que le monde était cruel, et il s’en accommodait. Sa mère avait été tuée par un monstre du ciel, il n’en avait pas fait tout un plat. Enfin, il était là et il comptait bien se battre farouchement. Au moins, il pourrait rejoindre son Paradis plus rapidement : il avait déjà les ailes.

Il était équipé de gants taillés sur mesure pour lui. Ceux-ci étaient incrustés de pierres d’une résistance impressionnante qui lui donnaient un corps à corps dévastateur. Couplé à son Haki de l’Observation, il pouvait équilibrer rapidement la donne dans une attaque. Il sourit ainsi en sentant les intentions de l’adversaire : il ne savait pas comment et avec quelle puissance il allait procéder. En revanche, lorsqu’il fut saisi par le style du Lion, il sentit que son adversaire avait bien jaugé ses coups. Le premier poussa Qwer Ty à chanceler, le second ne ferait cependant pas mouche. Alors qu’il commencerait à chanceler, le géant prendrait sur lui : il maîtrisait parfaitement son corps et son centre de gravité, alors d’un geste plat, il balayerait le jeune homme en plein dans les airs pour l’envoyer vers le sol.

- Te battre avec un Géant demande de la concentration, Monsieur Caligula. Tu devrais apprendre à viser soit les articulations dans leur creux, soit les côtes. Tu possèdes l’avantage d’être minuscule, sers t’en.

Après l’avoir repoussé, il ne l’attaquerait pas immédiatement, laissant son ennemi jauger de la meilleure solution.


Chef des Dévoreurs & Dévoreurs
Les Dévoreurs n’étaient pas aussi puissants que leurs adversaires, mais ils étaient bien plus nombreux et possédaient une vitesse surhumaine. Leur nombre jouait en leur faveur : tandis que certains attaquaient les machines comme s’il s’agissait de petites brioches tout justes enfournées, d’autres allaient à l’assaut des scientifiques qui seraient bientôt débordés. Seul Yonass pourrait gérer une demi-douzaine d’entre eux sans soucis, mais ils étaient coriaces. Les coups simples ne les mettaient pas hors de combat, et ils s’entraidaient dans une symbiose parfaite constamment. Finalement, le cœur du combat ne se trouvait pas sur ce champ de bataille là, mais bien à l’écart, du côté de…

- A…mis ?

La créature répondit en tendant légèrement la tête sur le côté. Ce mot était une inconnue pour lui : il allait là où il pouvait se battre. La notion de mort, de tristesse même lui échappait. L’abstraction était trop importante dans ces domaines-là. Il était légèrement primitif, cependant. Lorsque la seconde question résonna, il faillit répéter « Nom », mais il savait ce que cela voulait dire. Il acquiesça doucement, sans aucune arrière-pensée.

- Anubis…

Il acquiesça sans attaquer. Certains de ses compagnons étaient morts, mais la majorité utilisait le nombre et leur synchronisation pour dominer.

Quelque chose fendit l’air. Le bateau qui semblait si loin ne fut qu’à une distance largement acceptable. Le boulet qui fut propulsé tira son arme au dernier moment, une épée longue, et tira une lame d’air dans la direction de l’objet pour le scinder en deux. A vrai dire, il en avait la puissance : c’était juste qu’il se retenait, ciblant précisément l’endroit où se trouvaient Gringo Himan et Jasmine. La coupe n’était donc pas anodine. On venait de lui donner un ordre, et un angle.


Mozero, Aokiji
Ce fut la grande « surprise ». Ils étaient censés arrivés bien plus tard sur le champ de bataille : pourtant, ils frappaient à la porte comme si de rien n’était. Mozero sentit le coup de Chairoka le percuter et l’envoyer légèrement valser avant qu’il ne revienne à la charge, faisant mine de rien. Il avait longtemps voulu affronter cette garce : aujourd’hui, ce serait chose faite.

De son côté, Aston était en proie avec le Haki d’Aokiji. Celle-ci venait de toucher son ennemi : il était au-dessus de tous les autres. C’était lui la proie principale de Centes : en réalité, posséder le pouvoir de se téléporter n’était pas donné à tout le monde. Ils n’avaient pas mis la main sur le Dog, alors ils comptaient bien se servir en capturant Aston. Et à défaut, en le tuant, puisque l’Amirale n’était pas en phase avec le concept de capture. La langue tirée serait bien vite coupée en deux par le bas, par une bille de liquide propulsée à grande vitesse et recouvert d’Avancé. Celui-là même qui viendrait de s’infiltrer dans le sang d’Aston. Il n’aurait jamais dû se laisser toucher.

A l’image d’une bille qui remontait, l’Armement Avancé d’Aokiji lui permettait de s’infiltrer à une très grande vitesse dans le corps de l’ennemi. Elle l’utilisait autrefois pour stopper les mouvements de l’adversaire et le capturer sans qu’il lui oppose de résistance. Cependant, elle possédait d’autres moyens de l’utiliser. Deux actions successives furent donc instinctivement réalisées. La première fut d’envoyer le liquide dans le système. Il allait directement se rendre jusqu’au cœur pour le transpercer. Bien sûr, ce n’était pas par cruauté, mais par prudence. Le second, c’était encore le plus simple. La partie recouverte de Haki serait bientôt séparée du corps du possesseur. Elle lui couperait le deux pieds, continuant son escalade comme pour l’engloutir.


Syrillia Frija
D’un geste sec, Syrilia trancha à la fois l’attaque « Tonnerre » et l’invocation. C’était emmerdant, emmerdant au possible. Quel était ce pouvoir qui donnait tous les pouvoirs au juste ? Qu’importe, elle voulait en finir une bonne fois pour toute avec cet homme, sachant pertinemment qu’il n’était simplement pas doté d’autant de force qu’il le prétendait : elle devait retourner vers son marionnettiste, mais comment ? Si seulement elle avait un moyen de voir les liens… Une sorte de « Byakugan ». Qu’importe. Elle s’élança à une vitesse tout simplement ahurissante, et arriva bientôt au contact de son adversaire tranchant tout ce qui se trouvait sur son passage.

- Syrilia, attaque Tranche ! Hurla, folle de colère, l’ancienne alliée de Makui.

Elle abattit sa lame de manière transversale.


Bexinos Majô
La queue commença à venir vers l’ange qui esquiva en utilisant la queue comme support, pour la serrer finalement avec une force incommensurable pour un si petit corps. Le Shandia avait une force démesurée, et il s’en servait pour mettre en œuvre son style le plus brutal : le Style du Lion. Ce n’était cependant pas sa seule force. Il possédait une maîtrise partielle des autres styles, lui permettant de jouer sur l’agilité. Sa spécialité était là, malgré. C’était un Chevalier qui s’était promu à force de temps. Ses paupières fermées, il semblait considérer que son adversaire ne valait pas encore le coup d’œil. Il sourit et éjecta l’homme à l’opposé de la tour. Il fut finalement surpris : quelqu’un… Chairoka. « Merde ! » se dit-il. C’était à lui d’aller à son contact. S’il réussissait ce serait « Game Over ». Mais son adversaire ne lui laisserait pas le temps.

Il devait l’éliminer. En un coup. Serrant le poing, il dirigea celui-ci vers le sol. L’étage entier trembla avant de s’écrouler sur lui-même, interrompant l’attaque et provoquant un léger nuage de fumée dont il se servit pour s’élancer à toute vitesse en direction de Taito. A ce moment-là, il happerait l’homme en lui donnant un puissant coup dans le ventre, dans le but de détruire ses organes internes. Cela ne servait à rien de faire durer ce combat : Bexinos Majô avait d’autres chats à fouetter.

Deux Pacisitas se retournèrent en direction des membres de la Section Scientifique. Ils semblaient à nouveau décalés par rapport à leur programme initial. Leurs mouvements étaient saccadés, mais une lutte se faisait sentir en eux. Le contrôle était moindre qu’auparavant. Ils tournèrent leur puissance de feu en direction de leurs créateurs, et finiraient par le déverser, si rien n’était fait. Madoka haletait dans Mars : elle ne pouvait rien faire d’autre pour le moment que de devenir le déclencheur de l’Apocalypse, et obliger les membres de la Section Scientifique à sacrifier leurs Pacifistas. Ils étaient en surnombres grâce aux Dévoreurs et aux anciens membres de la marine, qui finiraient leur vie dans d’atroces souffrances s’ils étaient sacrifiés. Autant en profiter.

L’attaque du navire n’était pas anodine : des personnes d’une puissance exceptionnelle devaient s’y trouver, et c’était là où l’homme qu’on ne pouvait contrôler, l’Incontrôlable, irait chercher l’ennemi. Il voulait le déloger, et c’est pour cela qu’il avait voulu trancher le navire en deux : qu’importe une coque en Granit Marin, qu’importe un bouclier de plomb, son style lui permettait de passer outre les matières qu’il ne pouvait à l’origine trancher pour scinder le reste. Et pour un homme de son calibre, qui avait eu le Nouveau Monde dans son collimateur et qui cherchait toujours plus fort que soi… Une fois cette bataille terminé, il détruirait à son tour les Décimas. Il les réduirait en charpie un à un. Seule Erika, l’Impératrice, était digne de lui. Elle et ses formes généreuses, elle et son égo plus important que le sien. Il frémissait.

Vices-Amiraux Sakuraba Yu et Kisa Mojoni.

-Yu ! On devrait les appeler, non ? Il est temps... Les Decimas commencent à déployer de nombreuses troupes.
-Non. Pas encore. Pas tout de suite.

L'air perplexe et songeur de Yu, qui ne détachait pas son regard du champ de bataille, y compris l'affaire de quelques secondes, contrastait indéniablement avec la légèreté avec laquelle il avait répondu à Mojoni. Cette dernière, circonspecte, haussa un sourcil tout en jetant un regard aux gradés qui, en contrebas, affrontaient déjà valeureusement des ennemis généralement en surnombre. Le Gouvernement Mondial semblait avoir paradoxalement renoncé à sa supériorité numérique, comme afin de réduire les pertes qu'ils auraient à subir... Si la jeune vice-amirale avait placée une confiance éperdue en la majorité de ses compagnons d'armes, et a fortiori dans la totalité de ses supérieurs, elle n'en demeurait pas moins sceptique quant à leurs chances de s'en tirer sans pépins. William Lancaster, qui n'aurait été qu'un adversaire simple à évincer dans d'autres circonstances, risquait actuellement de faire un carnage puisque seul Wakai Tsuki, face à lui, semblait jouer sur le même terrain, quoique dans des conditions qui lui étaient largement défavorables... Et ce n'était pas le seul qui risquait, à terme, de leur poser problème. Le géant qu'Archer et Coffe avaient agressé comme un seul homme tenait encore sur ses deux jambes : il était robuste, à n'en pas douter, et pouvait endurer des assauts impétueux sans la moindre difficulté, selon toute vraisemblance. Restaient d'autres combattants aux compétences encore plutôt nébuleuses, sans parler de Mozero qui, au niveau de la tour de guet, tentait de s'en prendre à l'amirale-en-chef elle-même... En somme, s'en prendre dès maintenant aux envoyés des Decimas aurait permis de mettre à mal une partie conséquente de l'armée de Centes sans risquer quoi que ce fut, et cela semblait être l'idéal aux yeux de la jeune épéiste qui se permit donc d'insister pesamment.

-Pourquoi pas ? Sans Lancaster ni Mendez, les Decimas perdraient une force de frappe considérable...
-Peu importe. Celui qu'il nous faut, c'est Centes. Tant qu'il ne se montre pas, il est de notre devoir de lui faire croire qu'il peut gagner. En prime, le pouvoir de Nala est encore trop problématique : tu as bien vu comme Nu Wa a été susceptible de prendre la tangente... Il est possible qu'un certain nombre de ses alliés jouissent du même échappatoire inespéré. On doit s'assurer que ça n'est pas le cas avant de les cerner et de les abattre. La présence de Jude les a contraint à venir : à nous de les forcer à rester.

Elle demeura silencieuse, cette fois, mais n'en pensa pas moins. Il lui semblait que Sakuraba Yu, pourtant tacticien extraordinairement compétent, oubliait momentanément que la victoire ne leur était pas fatalement acquise. La Marine avait failli l'apprendre à ses dépens à Marineford même, quelques années auparavant, lors de l'assaut perpétré par Arias D. Knightwalker et ses troupes de révolutionnaires tantôt idéalistes, tantôt sanglants et brutaux. Sans l'intervention étonnamment salvatrice de Tengen, le Gouvernement Mondial aurait pu endurer de très sévères pertes, et voir son omnipotence ébranlée violemment pour la première fois depuis des siècles... De fait, elle songeait que l'importance résidait dans la victoire, et non dans l'annihilation, et qu'ils devaient donc tout mettre en oeuvre afin d'assurer cette réussite : il comprit ce constat d'instinct et y répondit sans même qu'elle ne le lui soumette, prouvant à ce titre qu'il était quasiment aussi fin psychologue que Chairoka elle-même, qualité immanquable chez un stratège de renom.

-Si nous triomphons avec les effectifs actuels, deux personnes en récolteront la majorité des lauriers : l'amirale-en-chef et le Directeur de l'AOI. Bien sûr, le courage des autres officiers sera loué, la confiance des Étoiles envers Chairoka félicitée, l'efficacité des corsaires exceptionnellement reconnue... Mais ce qui importe le plus, c'est que Saint Constantin et les autres religieux seront évincés de ces félicitations et de ces honneurs. Nous aurons même l'occasion de lui nuire, puisque son enlèvement nous a prévu de l'appui de Sergueï Ivanovitch. Nous pourrons le moquer, moquer son manque de prudence, et la côte de popularité de l'amirale-en-chef surplombera la sienne, au moins pendant quelques semaines. Si, en revanche, nous faisons appel à des tierces personnes... A des Constantinistes ou, pire encore, à des combattants non affiliés au Gouvernement Mondial... Saint Constantin se ruera sur l'occasion soit pour vanter l'efficacité des siens, soit pour moquer notre incompétence. On ne combat pas pour cette guerre, Mojoni. Pour nous, cette bataille est déjà gagnée : parce que si on envisage la défaite, alors on envisage un avenir où nous sommes les parias. Non, on combat pour l'après : pour permettre à la paix de perdurer au sein même du Gouvernement Mondial... Ce qui compte, ça n'est pas la victoire. C'est la façon de gagner.

Jasmine, chasseuse de primes.

-Cet abruti... C'est la dernière fois que je l'aide !
-Vous l'aiderez jusqu'à la fin de la bataille, Jasmine.
-Toi, le stratège à deux ronds, tu la fermes !

Dereto pouffa tandis que Yu levait les yeux au ciel, mimant une exaspération amusée tandis que Jasmine, quant à elle, plantait son regard sur Ghetis Archer. Maintenir la tour de guet dans les cieux ou déplacer Marineford, faire planer le navire, tout cela n'était ni plus ni moins qu'un jeu d'enfant... mais lui venir en aide, à lui ! C'était horripilant. Pourtant, force était d'admettre qu'il risquait en l'occurrence une brutale déconvenue. Pas forcément à cause du géant qui semblait vouloir l'écraser comme un vulgaire insecte : s'il était un insecte, justement, il pouvait tenter de lui glisser entre les doigts pour échapper au pire. Non, Jasmine jouissait d'une vision d'ensemble permis par la hauteur que le navire avait prise et par le pouvoir que Chairoka usait constamment en toile de fond. Elle avait créé là une espèce de réseau que tous les officiers pouvaient garnir de données supplémentaires, de précisions, d'avertissements à l'intention de leurs comparses. Combien de temps avait-il fallu à la paramecia du mental pour mettre sur pied un tel filon, et pour pouvoir le stabiliser sans la moindre difficulté ? Des années, sans nul doute. Mais elle n'était pas la seule qui maîtrisait sa malédiction à la perfection : la chasseuse de primes, elle aussi, était réputée pour le contrôle effarant qu'elle avait de ses compétences. D'un air altier, elle leva un index vers le ciel, toujours en lorgnant du côté de l'Archer... Qui se sentirait puissamment léviter. La chose était imperceptible pour le géant qui l'attaquait, et tout bonnement incompréhensible : ce foutu vice-amiral s'envolait, contre son consentement, contre ses intentions. En somme, son haki de l'observation ne serait d'aucune utilité au gigantesque Decima qui verrait son ennemi lui glisser entre les doigts, ou plutôt contourner sa main pour ensuite de précipiter à la rencontre de Kali Nomade, qui semblait vouloir l'affronter dans des conditions plus ou moins équitables. A partir de là, Jasmine cesserait de le guider et il devrait se débrouiller seul : elle ne lui avait que permis d'éviter le pire. Avait-elle utilisé son fruit du démon directement sur Ghetis ? Non. Il ne le lui permettait pas : elle ne pouvait cibler les êtres vivants eux-mêmes. En revanche, leur attirail, les objets qu'ils revêtaient... C'était une toute autre affaire.

-ET DÉMERDE-TOI MAINTENANT, SALE CONNARD !

Gringo Himan, membre de l'AOI, et colonel John John.

-Rah, elle est douée, la pute !

Un sourire carnassier couvrit le visage d'Himan qui, nerveusement, se mit à tapoter sur les touches de sa manette grâce à ses furibonds petits doigts boudinés. John John, de son côté, demeura stupéfaite face à la force irrationnelle que possédait son opposante. Combien de fois l'aurait-elle déjà tué, s'il n'avait pas été... Autre chose que lui-même ? Il était toute bonnement incapable de le savoir précisément, et il en frémissait de peur. Et si, pour une raison qui lui échappait, le plein contrôle de son corps lui revenait d'un coup d'un seul ? Dans le fond, il savait que cela ne pouvait aboutir qu'à une seule et unique chose : sa mise-à-mort. Il ne pouvait décemment pas se permettre de tenir tête à cette folle furieuse : s'il devait compter sur lui, et non pas sur l'étrange force mystique qui le poussait à se mouvoir... Il serait bon pour l'enterrement. Ce n'était toutefois pas encore le cas : alors que son invocation poussait un ultime croassement et qu'elle disparaissait en un nuage de fumée, tranchée en deux par l'épéiste qui surgissait encore dans l'optique de le tailler en cubes, il sentit ses deux mains se joindre, l'une contre l'autre. Une fois de plus, il brailla comme un veau le pouvoir auquel il eut recours : le tout, évidemment, sous le commandement précautionneux d'un Gringo Himan qui s'en donnait à cœur joie.

-YOSHIMITSU : RAGE ART !

Une nouvelle fois, et tout en adressant un formidable pied de nez à la cohérence et à la logique, un katana apparut subitement dans les mains d'un John John qui ne s'en était servi à tout casser qu'une poignée de fois dans sa vie : il sut pourtant parfaitement comment percuter l'épée de Syrilia afin de la contrer, tout en continuant à chuter vers le sol, qui n'était désormais plus qu'à un ou deux mètres en-dessous de lui. Et au moment où il s'apprêta à surenchérir, afin de lacérer la rouquine un nombre de fois inquantifiable... L'épée disparue.

-Hein ? De qu...

Sa nuque et sa tête touchèrent le sol en premier. Il en eut le souffle coupé... Puis perdit connaissance.
Le valeureux John John avait joué son rôle : il pouvait désormais se reposer.

Rasgarat Abel, Capitaine Corsaire.

-Bordel ! Tu fous quoi, Rasgarat ! J'ai fait tomber ma manette ! Il est foutu, maintenant !

Là-bas... Il y avait un type fort. Si quasiment personne ne s'en était rendu compte à temps, Abel et Jasmine, quant à eux, avaient été suffisamment alertes et adroits pour se rendre compte de la menace qui planait sur eux. Tandis qu'Himan braillait, Jasmine, elle, se rendait compte limpidement qu'elle avait frôlé la mort : sans l'intervention du corsaire et de son haki avancé, rien n'aurait pu la défendre face à la lame brutale et sanguinaire du lieutenant d'Erika. Pourtant, le forban taciturne avait réagi avec une exemplarité irréprochable, qui était en elle-même une énigme le concernant, lui qui n'avait jamais aidé le Gouvernement Mondial qu'en traînant les pieds : il avait simplement compris que s'il ne faisait rien, la bataille risquait de connaître un revirement de situation douloureux. Il ne pouvait décemment pas le permettre... Lui aussi y jouait sa vie. Aussi s'était-il interposé sur la trajectoire de la lame d'air, projetant un vecteur en ligne droite, vers cette dernière, juste à temps pour remarquer qu'elle traversait son vecteur et n'en faisait aucun cas. Il avait donc changé de stratégie : il aurait pu tenter de la dévier avec le haki, bien sûr, mais n'ayant aucune idée de l'effet que cela pouvait avoir, il avait préféré miser sur la sécurité. Il avait fait volte face, s'était éloigné d'un pas et avait projeté sur les cibles de cet assaut lointain deux autres vecteurs, juste assez grands pour les pousser vers l'avant, les déséquilibrer, et les éloigner de ce fait de cet assaut qui aurait pu leur être fatal. Pertinence, réactivité et précaution : c'étaient les maîtres mots de cette décision qui, pour autant, venait de leur coûter cher. La manette générée par Himan quelques heures auparavant n'était plus qu'un petit tas de composants désagrégés, sur le pont du navire... Lequel, fendu en deux, était également maintenu intact par la chasseuse de primes, pour l'heure.

-...

Il le savait. Dans ces circonstances, il était encore le seul à pouvoir défendre les occupants du navire flottant dignement contre une menace de cette envergure... Il allait donc s'y atteler.

Aston Finley, directeur de l'AOI.

-Penser. C'est un mot abstrait, pour vous autres pions... N'est-ce pas, Anna ?

Elle était bloquée. Elle allait le demeurer. Elle aurait voulu pénétrer sa chaire, lui écraser le cœur, lui couper les pieds et la langue : elle l'avait simplement forcé à ramener sa langue dans sa bouche précipitamment avant de sourire effrontément. Il n'avait pas besoin d'aller plus loin : elle avait déjà fait l'essentiel. Elle était venue au contact. Anna Mendez était une combattante formidable, à plus d'un titre, et dotée d'un certain nombre de qualités qui auraient pu lui permettre, fatalement, de défaire Rasgarat Abel, y compris sans son intellect. Toutefois, aucun pion ne pouvait venir à bout d'Aston Finely, dont le pouvoir échappait généralement à toute compréhension initiale, basique et automatique... Et encore plus en ce qui concernait les logias.
Le pouvoir d'Aston Finley était sans nul doute l'un des plus dangereux au monde, entre de mauvaises mains : voilà pourquoi Centes Decima souhaitait l'abattre prioritairement. En touchant un adversaire ou un allié au moment où il utilisait son pouvoir, il pouvait le graver dans sa mémoire et le réutiliser à l'envie, à l'avenir, et ce indéfiniment. C'était ainsi qu'il s'était attribué l'une des compétences du fruit du démon de la téléportation, ou encore ainsi qu'il avait obtenu le zoan de son subordonné, Milosephko Yonass, ou plutôt l'une de ses techniques. Selon les pouvoirs, les contraintes étaient modifiées : pour une raison qui échappait au directeur de l'AOI, par exemple, il était absolument incapable de copier une forme hybride et devait soit se contenter de la forme totale, à l'instar de celle de son sous-directeur qu'il avait déjà pu utiliser à Shivering, lors de l'assaut contre les troupes de l'Inquisition, soit se contenter d'un attribut plus abstrait, à l'instar de Yonass, dont la forme total était d'un désintérêt absolu. Et c'était précisément là que les choses se corsaient, pour Anna Mendez.

-J'imagine que je pourrais le dire... Vous n'êtes même pas capable de m'entendre, maintenant.

Les pions ne pouvaient pas gagner contre Aston Finley. En tout cas pas les logias, et encore moins ceux qui, comme Anna Mendez, décidaient d'utiliser leur fruit du démon au contact, afin de restreindre les possibilités de mouvement de leurs ennemis, afin de les piéger, de les cerner. A son grand déplaisir, le directeur de l'AOI ne pouvait effectivement pas utiliser sa malédiction dans l'optique de se rendre intangible, de se transformer en un élément, quel qu'il fut... Son pouvoir se contentait donc en général de contrôler cette matière. Dans la majorité des cas, comme pour le fruit des liquides, ça n'était réellement jamais utile... Sauf lorsqu'il combattait le possesseur initial de ce fruit du démon.
Il pouvait contrecarrer la moindre des volontés d'Aokiji en contrôlant son propre fruit du démon : en d'autres termes, il engageaient un bras de fer pour prendre le contrôle du liquide qui arrivait à son contact... Et ni l'un, ni l'autre des deux maudits ne pouvait prendre l'ascendant.
Dans ces circonstances, la pensée la plus rationnelle et la plus évidente était de prendre forme humaine et de batailler autrement : de renoncer momentanément à son logia afin de prendre Finley de court par un autre biais. Et on touchait précisément au nœud du problème : il fallait penser. Or, un pion était démuni de son libre-arbitre : il réagissait par instinct, et non par pensée rationnelle. Il y avait donc fort à parier qu'Aokiji s'acharnerait autant qu'elle le pourrait dans sa démarcher initiale, puisqu'elle ne comprendrait pas ce qui lui nuisait, ce qui l'incapacitait. Elle se heurtait à un mur, qu'elle tentait vainement de traverser. En somme : il exploitait et abusait de sa condition de pion pour arracher une victoire certaine en un rien de temps.

-A bientôt, Anna. Je suis navré, mais je n'ai pas plus de temps à vous consacrer aujourd'hui.

Et il approcha sa main, innocemment, du visage de l'ancienne amirale. Une nouvelle fois, la qualité de pion de cette dernière lui ferait défaut : il n'y avait dans ce geste pas une once d'hostilité, et son haki de l'observation ne pourrait donc pas la pousser à réagir. De même, elle n'avait jamais pu être confronté auparavant au pouvoir qu'Aston Finley allait utiliser... Et pour cause. Il s'agissait du pouvoir extrêmement pratique de l'un de ses subordonnés, grand absent du champ de bataille, Bayley Roo. Le troisième exécuteur de l'équipe menée par Yonass pouvait permuter à volonté des choses qu'il avait préalablement touchées, avec évidemment tout un tas de restrictions très particulières. Son fruit du démon rajoutant foultitude de restrictions, le directeur de l'AOI ne pouvait pas tirer grand chose de la malédiction de son subordonné : il pouvait toutefois échanger la position d'Anna Mendez avec celle d'une chaise, par exemple, qui aurait été innocemment déposée dans une cellule au fin fond d'Impel Down...

Amirale-en-chef Asya Lida, alias Chairoka.

L'urgence, pour elle et Finley, était de retourner sur le navire. Oh, bien sûr, ils avaient pour ambition d'en finir avec les deux menaces tangibles et concrètes que Centes avait envoyé sur la tour de guet... Mais ensuite, l'amirale-en-chef et le directeur de l'AOI se retireraient du champ de bataille, potentiellement jusqu'à la fin du conflit, à moins qu'un autre événement ne puisse les forcer à sortir de leur cachette. L'idée était de prendre les devants avec soudaineté pour prendre de court les troupes Decimas, pour surprendre Centes, le déstabiliser, et l'empêcher de réagir à temps... Pas de démocratiser les prises de risques. Plus ils s'avançaient inconsidérément sur le champ de bataille, et plus ils risquaient de faire face à une riposte calibrée susceptible de les mettre à mal. Chairoka s'en doutait : elle et son collègue étaient deux des cibles prioritaires du Monarque, considérant à la fois le symbole qu'ils incarnaient tout deux aux yeux de leurs collaborateurs et subordonnés, et aussi, évidemment, considérant leurs malédictions respectives qui les rendaient au mieux menaçants, au pire invincibles, en l'état des choses. Le blondinet couronné se devait de les évincer : voilà pourquoi ce combat serait probablement le seul que Lida endurerait ici, durant la bataille de Marineford. Elle aurait bien sûr adoré l'idée de se retrouver confrontée à William, mais elle avait fait une croix dessus avant même que le combat ne s'entérine. Centes s'y attendait. Il savait probablement qu'Akainu et elle avaient été relativement proches, suffisamment en tout cas pour attiser un fort sentiment de haine et de répugnance entre ces deux anciens amiraux à l'annonce de la trahison du premier. Voilà pourquoi la louve ne pouvait pas s'en prendre au chien : parce que s'il avait déployé d'incommensurables efforts pour protéger l'ensemble des chevaliers, Lancaster, quant à lui, jouissait potentiellement d'un traitement de faveur qui n'augurait rien de bon.

Mozero, en revanche... C'était autre chose. L'amirale-en-chef perdit son sourire narquois tandis que le mercenaire fondait sur sa position, avec une hostilité palpable. Il était naïf. Non, il était stupide : manipulable, bien sûr, et imprudent. Elle imaginait qu'il avait du répondant : il avait été corsaire, et elle avait déjà entendu parler de ses prouesses martiales. Néanmoins, tout ceci n'était ni plus ni moins qu'une grossière farce... Comment diable pouvait-il espérer se confronter à elle dans de telles circonstances ? Il était possible, bien sûr, que Centes lui ait également octroyé une défense particulière pour mener ce combat à son terme avec une conclusion favorable aux Decimas... Sauf que le pouvoir de Centes, tout comme celui de Sayouri, par ailleurs, n'étaient pas susceptibles de palier à toutes les offensives. Ils tentaient de brimer, d'entraver ses compétences psychiques ? Bien. Fort bien. Il lui restait largement de quoi livrer bataille avec panache...

-Las Fauces del Lobo.

Ses doigts se crispèrent sans se refermer totalement pour autant : ils se durcirent, néanmoins, et devinrent peu ou prou une arme formidable, susceptible de broyer quasiment tout ce qui se trouvait sur leur chemin. Sans plus attendre, alors qu'il approchait à grands pas, elle décida d'écourter cette confrontation aussi drastiquement que possible. Elle se jeta donc à sa rencontre avec une impulsion brusque, afin de le prendre de court. S'il ne réagissait pas à temps, elle le contournerait sur sa droite : elle lui attraperait le poignet d'une main... Et le sectionnerait. Puis elle ferait volte-face, et lui décocherait un coup de genou en bas de la colonne vertébrale. Un coup suffisant pour lui causer une douleur assourdissante et pour le raidir un court instant, qu'elle mettrait alors à profit pour le priver de l'autre de ses mains, en visant le coude, cette fois-ci... C'était cela, le style de combat d'Asya Lida. Une brutalité sans vergogne, qui ne s'embarrassait d'aucune finesse, d'aucune miséricorde. Une mise-à-mort scrupuleusement méthodique, ordonnée, réfléchie et froide. Un déchiquetage en règle, en somme.

Vice-amiraux Ezra Ronald et Tanaka Ysaak.

Ronald parvint à bondir sur le côté in extremis, bloquant deux des kunais qui le menaçait en les balayant grâce à sa main gauche dont les griffes semblaient exagérément protubérantes, tandis qu'Ysaak, de son côté, voyait une corde serpenter tout autour de lui tandis qu'un autre pion malmenait son ouïe et le contraignait à la retenue. Les deux vices-amiraux étaient dans une position délicate, cela allait sans dire : d'autant plus que les géants, qu'ils étaient censés terrasser à tour de bras, étaient pour l'heure encore parfaitement maîtres de leurs mouvements. Ils pouvaient donc se diriger vers la tour de guet, afin de tenter de prendre Chairoka et le directeur au piège... Ou tout simplement s'orienter vers le bateau volant qui, pour l'heure, demeurait précautionneusement hors de leur portée, mais qui ne pourrait pas forcément éviter éternellement des pluies de gravats et d'autres projectiles improvisés gigantesques. Pire encore : l'escouade anti-Decima, par exemple, avait grand besoin d'un espace vierge de tout ennemi afin de s'en prendre sereinement à Akainu... Chose qui ne serait pas envisageable tant qu'une tripotée de guerriers hauts de plus de dix mètres agitaient leurs armes librement, non loin, sans avoir d'adversaires dûment identifiés. Leur sous-nombre allait-il causer la perte des hauts-gradés ? C'était difficile à dire : si Jean-Bart ou Janz auraient potentiellement été ravis de libérer la situation, ils furent eux-mêmes coupés dans leur élan à cause d'autres ennemis. En somme, Ezra Ronald et Tanaka Ysaac semblaient isolés et si, pour l'heure, ils n'avaient à souffrir d'absolument aucune blessure, il allait sans dire que la chose ne serait pas aussi optimiste éternellement... C'était d'autant plus vrai pour Ysaac qui, en fin de compte, n'était pas assez adroit pour s'emparer de la corde qui lui retomberait dessus tôt ou tard. Et les esquives étaient rendues hautement improbables...
Sur le navire, une voix s'éleva. C'était un Yu qui, navré, déposait son regard sur les ennemis d'Ysaac, ceux-là même contre lesquels le vice-amiral n'osait probablement pas lever la main : ils étaient de braves types, auparavant...

-Ils s'imaginent sans doute qu'on va leur laisser dicter le rythme... Dommage. Pas sûr que Ronald fasse beaucoup de cas de leur gentillesse passée.

Sans crier gare, les positions de Ronald et d'Ysaac furent inversées en un éclair. Avant même que le yo-yo n'ait l'occasion de revenir à la charge, Ysaac usa d'un tekkai partiel afin de solidifier le haut de son corps : sa maîtrise du rokushiki n'était plus à prouver, et les projectiles en firent les frais, ricochant lamentablement sur sa cuirasse invisible. Ses jambes s'agitèrent alors brusquement, balançant vers le contre-amiral et son comparse une nuée de rankyakus. Aucune pitié pour les pions : il aurait eu beaucoup de peine à combattre ses anciens frères d'armes, bien sûr, mais celui-ci lui étaient moins proches et, de surcroît, il comprenait bien que l'heure n’était pas à la retenue égoïste. Ils devaient triompher, quel qu'en soit le prix... Même si ceux qu'ils mettaient à mort étaient d'anciens collègues, d'anciens subordonnés, d'anciens supérieurs.
Ronald, de son côté, fut impitoyable. Il était pour l'heure empêché d'utiliser une forme hybride, à cause des ondes vocales... Ou, plus précisément, il était empêché d'utiliser une forme hybride qui améliorait son ouïe, et la rendait plus sensible. En revanche, il lui était encore parfaitement possible de procéder autrement : ses deux jambes se métamorphosèrent momentanément, récupérant des attributs de hyène, et il se projeta en direction du contre-amiral aux cordes vocales pour le gratifier d'un coup de pied d'une virulence sensationnelle. L'idée ? Le catapulter vers les géants qu'il était censé protéger... Et l'empêcher d'exploser, donc, à moins de mettre sérieusement en péril la sécurité de ces habitants des îles célestes. Viendrait ensuite l'autre guignole...

Poisseroy Voltaire et Flamingo Joshua, Soldats de la Section Scientifique.

Un Dévoreur tenta de grignoter la jambe de Voltaire : celui-ci parvint à la ôter de la trajectoire de la sale bestiole juste à temps, et repoussa cette dernière d'un coup de pied sauté d'une précision fine et irréprochable. Il orienta son regard vers son collègue juste à temps pour le voir fracasser l'une des créatures à l'aide de l'une de ses camarades, qu'il utilisait en guise de gourdin : savante idée mais qui ne fonctionnerait qu'un temps. Ils étaient dans la merde, force était de l'admettre : les types de l'AOI avaient marqué une halte temporaire quand on était venu les emmerder, et les deux soldats de la Section se retrouvaient donc un petit peu esseulés, si l'on exceptait le sous-directeur Yamamoto Eracless qui, plus loin, bandait ses muscles face au petit monstre de première envergure. Ils avaient grand besoin de renforts... Et cette certitude s'ancra d'autant plus lorsque Voltaire vit, du coin de l'oeil, l'un des derniers Pacifistas, quoiqu'un peu hésitant, s'orienter vers eux en brandissant un canon d'une taille démesurée, monumentale. Bordel, siffla-t-il entre ses dents : même les derniers Numeros échappaient à leur contrôle et allaient devoir être sacrifiés en grande hâte... Sauf qu'à l'heure actuelle, la situation ne permettait guère aux deux combattants-scientifiques de s'atteler à cette tâche désolante. Ils étaient cernés, et s'ils avaient su tenir les mâchoires ravageuses de ces créatures étranges à distance depuis le début du conflit, ces dernières avaient envers et contre tout pu les encercler : les missiles les achèveraient peut-être, dans cette situation funeste. En d'autres termes, sans un véritable coup de main, ils étaient perdus... Et ce coup de main, justement, ils le reçurent.

Milosephko Yonass et Exalva Flais, Exécuteurs de l'AOI.

-Singe de mes deux !
-Flais !

Le logia fronça les sourcils en voyant son assaillant fondre dans sa direction comme un oiseau de proie : il était ridiculement rapide pour un adversaire de cette taille. Le visage de Flais se renfrogna davantage encore lorsqu'il se rendit compte sans difficulté du fait qu'il avait actuellement affaire à un zoan mythique : il risquait de subir une déconvenue cruelle s'il s'attardait face à ce gars qu'il ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, puisqu'il avait peine à croire que le fait de se changer en macaque bodybuildé soit sa capacité maîtresse. S'il jouissait bel et bien d'un mythique, il possédait un pouvoir étonnant, déstabilisant, aberrant : le Cerbère pouvait générer des rugissements au potentiel destructeur certain, le Phoenix pouvait panser ses plaies seul avec une rapidité affligeante, le Diable pouvait utiliser les énergies négatives de ses adversaires ou de ses alliés pour y puiser sa force... Alors, lui, que faisait-il ? Yonass, de son côté, n'avait pas besoin d'une vue plus explicite pour comprendre que son frère d'arme de toujours était en péril : il se désintéressa donc momentanément des Dévoreurs, qu'il était pourtant sur le point d'atteindre, et abandonna cyniquement les membres de la Section Scientifique à leur sort, priorisant sans plus tarder la protection de l'autre Exécuteurs. Les dissonances et les désaccords entre les différentes institutions du Gouvernement Mondial venaient-elles d'être cristallisées par un comportement impulsif ? En apparence, seulement : bientôt, le pouvoir fantastique de Chairoka fut mis à contribution et, brusquement, tout fut rééquilibré.

A nouveau, leurs positions furent inversées. En lieu et place de Voltaire et de Joshua se tinrent Flais et Yonass, et inversement. La riposte ne se fit pas attendre, pas l'ombre d'un instant.
D'un côté, Voltaire troqua sa forme hybride contre une autre, devenant une ridicule poupée de poils : son haki de l'observation lui avait été utile pour anticiper la menace et y réagir à temps, malgré la virulence de l'échange de position, tout de même grandement adouci par le pouvoir de l'amirale-en-chef, toujours elle. Il laissa donc le poing le survoler puis se jeta sur le côté, tout en tirant une minuscule commande de son uniforme rabougri : il n'était pas le seul à pouvoir déclencher l'auto-destruction des Numeros restants... mais il pouvait le faire. Alors pourquoi s'en priver ?
Car il ne comptait pas croiser le fer avec ce Yéti, oh que non : ce rôle revenait à Joshua. Ce dernier avait vu sa position inversée avec celle de Yonass : il fonçait donc droit sur le flanc de l'ennemi et recouvrit son poing de haki de l'armement avant de lui bondir dessus, bien décidé à le gratifier d'un coup en plein visage. Eux aussi étaient des professionnels du travail en équipe, même si les occasions qu'ils avaient de démontrer l'étendue de leurs talents communs se faisaient rares... Et il valait mieux ne pas les sous-estimer.

De l'autre côté, Yonass et Flais se retrouvaient, côte-à-côte, cernés par une mer d'adversaires qui ne demandaient qu'à en découdre. Quelques missiles furent tirés par les Numeros restants, également, mettant sérieusement en péril la sécurité des deux exécuteurs qui n'eurent même pas à se concerter : ils savaient quoi faire. Ils s'accroupirent de concert et le logia, le premier, leva la main en générant abondamment sa matière. Une espèce de cloche les recouvrit alors tout deux : cloche sur laquelle Yonass apposa ses mains avant de la recouvrir de haki. Ils n'avaient pas de meilleure protection rêvée pour se prémunir des projectiles explosifs qui leur étaient destinés : et le pire, dans tout ça, c'était probablement que la riposte gouvernementale ne s'arrêtait pas là. Certes, les missiles qui allaient s'épuiser inutilement sur la cloche allaient mettre en péril l'intégrité des Dévoreurs plutôt que celle des deux exécuteurs et certes, les Numeros restants qui exploseraient entraîneraient également dans la mort les quelques êtres primitifs qui se trouvaient proche d'eux... mais d'autres explosions furent bientôt à dénombrer.

Amirale Elkens Camille, alias Midoritaka.

-J'AAAAI LES NEEEEEEEEEEERFS PUTAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIN !

On l'avait chassée de la tour de guet, on l'avait réduite à l'impuissance, et maintenant, tout ce qu'on lui donnait pour se défouler, c'était un tas de petites bestioles monstrueuses à peine capables d'opposer résistances à deux envoyés de la Section Scientifique ? C'était là une situation qui ne pouvait que la mettre en rogne, et elle déchaînait sur ces hideuses créatures un déluge de flammes d'une virulence époustouflante. Nul besoin de haki : les explosifs suffisaient et, de toute manière, forcer la dose aurait pu mettre les deux Exécuteurs en danger. En somme, elle s'en tenait à son gigantesque lance-roquettes doté de quatre emplacements, qu'elle rechargeait avec une expertise et une habileté tout bonnement inconcevable : elle avait presque besoin de plus de temps pour vider son arme plutôt que pour la remplir à nouveau. Ce labeur était d'ailleurs grandement facilité par l'aide dérisoire et pourtant tangible de Jasmine, qui avait fait léviter des caisses de projectiles jusqu'à côté de la jeune amirale : celle-là n'avait donc rien d'autre à penser qu'à entretenir le feu nourri qui décimerait possiblement ces sales bestioles jusqu'à la dernière. Du mois l'espérait-elle : elle n'était pas du genre à vouloir s'arrêter à partir du moment où la moitié seulement du travail était remplie. Elle ne pouvait pas s'occuper de Mozero ? Tant pis : elle nettoierait le reste du champ de bataille. A elle toute seule, s'il le fallait.

Vice-amiral Jean-Bart Nonoha.

Il avait droit à une adversaire personnalisée ? En comprenant, par le biais du fruit du mental, que ses collègues bénéficiaient déjà d'une succession d'échanges, il comprit également qu'il allait devoir se donner du mal dans l'état des choses : il ne connaissait strictement rien de cette ennemie et son objectif allait donc être d'analyser la menace qu'elle représentait avant d'éventuellement sonner une alerte de son côté. Yu lui en fut reconnaissant. Il le sentit, mais se concentra davantage sur la criminelle qui lui projetait déjà une nuée de petites sphères. Pas de temps à perdre : il allait s'en prendre à elle s'en plus tarder. Les espèces de bourses étaient sans doute dangereuses, pour une raison ou pour une autre... Et il n'allait pas atteindre qu'elles le touchent pour savoir pourquoi. Lorsque son pied droit foula le sol, il fit brusquement usage de sa propre malédiction : la dalle que laquelle il venait de poser son talon vit sa taille être multipliée par cinq, et il en usa comme d'un trampoline pour se projeter dans les cieux, évitant d'assez loin les bourses qui le menaçaient jusqu'alors. Et tandis qu'il se retrouvait en l'air, il orienta ses deux pistolets vers l'intruse afin de la gratifier d'une succession de tirs, en visant les deux cuisses, les deux épaules et les deux biceps : de quoi la clouer au sol si elle n'était pas assez vive pour lui opposer véritablement résistance.

Barber Janz, Capitaine Corsaire.

-Putain de... !

Il avait esquivé l'offensive descendante adverse d'un cheveu, en se jetant d'un bond sur le côté, et il eut besoin d'un petit moment pour analyser posément la situation. Ce géant n'était pas seulement qu'un gros morceau : il était suffisamment véloce et réactif pour le mettre en danger... C'était quoi ce délire ? Le Capitaine Corsaire était venu avec l'intention d'en découdre, songeant que cette guerre serait un moment propice pour briller et faire parler de lui. Mais le premier quidam venu le mettait d'ores et déjà en difficultés... Il fronça ses sourcils et prit une mine sombre tout en toisant son ennemi avec froideur. Il n'était pas de taille à se frotter aux amiraux, cela allait sans dire, mais il espérait a minima posséder un potentiel brut suffisamment développé pour égaler les vices-amiraux... Sauf que cela n'avait pas vraiment l'air d'être le cas. Effectivement, les Decimas avaient destinés à plusieurs d'entre eux le privilèges d'être attaqués par une flopée d'assaillants tous bien différents les uns des autres : lui, en revanche, avait pu s'approcher des géants sans être inquiété l'ombre d'un instant... On le prenait à la légère. C'était la seule option possible et elle l'insultait au plus haut point. Soudainement ébranlé par une rage sourde, il se mit à serrer d'autant plus ardemment le pommeau de son épée. Ils voulaient jouer, ces connards ? Très bien. Il fit un geste particulièrement ample et horizontal, pour commencer : cela eut pour effet de projeter une gigantesque lame d'air en direction du géant qui avait répliqué si vertement. L'objectif ? Lui faire lever le pied. Si cela fonctionnait, il pointerait immédiatement sa main gauche droit vers le pied dont il était question : il générerait et catapulterait à cet endroit une nuée de pièces larges, rondes, sur la tranche. C'était bête, mais simple : le géant risquait de glisser et de tomber au sol... Chose qui pourrait permettre à Barber Janz de lui sauter au visage pour lui transpercer le front jusqu'au cerveau d'un coup d'estoc. Cruel et malin : la définition parfaite du forban qui se respecte.

Yamamoto Eracless, sous-directeur de l'AOI.

-Enchanté, ANUBIS-KUN ! Je suis Eracless... Et que le plus viril d'entre nous l'emporte !

D'un coup d'un seul, la peau d'Eracless se couvrit d'une fourrure drue et ses muscles, déjà prodigieusement sur-développés, semblèrent croître également. Sa mâchoire se para d'une succession de crocs gigantesques et si des griffes prirent place au bout de ses doigts, il ne les dévoila guère : il se contenta de conserver les poings bien serrés et les recouvrit du haki de l'armement. Sans plus attendre, il se propulsa droit en direction de la petite bestiole, avec une tristesse quasiment perceptible dans son regard : quasiment seulement, car il savait que la fatalité de leurs conditions respectives les empêchait par avance de pactiser ou d'échanger durablement. Ses subordonnés faisaient de leur mieux, derrière lui, pour se protéger de la dévastation qui nourrissait la mort du plus grand nombre des Dévoreurs : lui allait devoir assurer pour faire tomber leur chef, ce cher Anubis. Lorsqu'il parviendrait au contact de cette petite chose, il ne perdrait pas l'ombre d'une seconde et il essayerait tout bêtement de la percuter dans un mouvement descendant, sur le haut du crâne, usant de sa grande taille pour frapper tout en étant normalement hors de portée. Si cela fonctionnait, il enfoncerait sans doute la créature dans le sol : de quoi surenchérir d'un bon coup de pied dans la tête afin, éventuellement, de la décapiter sauvagement et de mettre un terme à l'invasion de ces choses grotesques sur le territoire de Marineford.

Vice-Amirale Hijima Malia.

-Un Chevalier qui se balade librement, ça n'est pas de bonne augure, mais... J'imagine que vous ne me laisserez pas l'exterminer librement, n'est-ce pas ?

Styff, le compagnon de Sypher Wenham, était faible. Bien trop en tout cas pour pouvoir combattre sur Marineford sans s'exposer à de sévères conséquences : voilà pourquoi il avait été évincé du champ de bataille au moment où une tierce personne surgissait, dans l'optique de le mettre à mort sans coup férir. Malheureusement pour les Decimas, tout ne s'était pas passé comme prévu, une fois de plus : une nouvelle inversion avait eu lieu, et la vice-amiral Hijima Malia s'était retrouvée confrontée à ce scorpion dont elle avait contrée la lame grâce à la lame qu'elle tenait inversée et qu'elle avait recouverte du haki de l'armement. Elle déposa sur l'ennemi un regard froid tandis qu'elle le jaugeait, semblant estimer ses compétences martiales et tenter de compter le nombre de passes d'armes qu'il leur faudrait avant de déterminer un vainqueur à l'affrontement qui s'annonçait. Pourtant, l'épéiste n'était pas forcément la plus nerveuse des hauts-gradés réunis pour l'occasion : elle demeurait certes prête à tout et suffisamment hostile pour que l'ennemi comprenne qu'elle en voulait à sa vie, mais au-delà de ça, elle était pour l'heure sur une posture défensive. Cela pouvait-il mener la Chevalier qui s'était fait la malle à revenir à l'assaut en envisageant trouver là une opportunité pour la submerger, grâce à l'aide du scorpion ? Possiblement. En tout cas, la semie-vampire l'espérait puissamment... Car si tel était le cas, le Gouvernement Mondial aurait l'occasion de se débarrasser promptement de deux larbins de Centes en un clin d’œil.

-Doit-on commencer ?

Amiral John Pacifique, alias Shirokuma.

Il avait percuté ce lion avec toute la fureur qu'il était capable d'emmagasiner... Et celui-ci avait tout juste été repoussé sur une poignée de mètres ? John Pacifique fronça les sourcils en se redressant, occultant définitivement William Lancaster du champ de ses pensées. Il venait de trouver un ennemi redoutable, à n'en point douter, et il risquait d'avoir déjà fort à faire avec lui... La preuve lui en fut apportée lorsque l'ennemi, après un rugissement bestial, s'élança dans sa direction avec pour ambition celle de lui rendre son coup. Shirokuma, déstabilisé, n'eut pas le temps de réagir autrement qu'en recouvrant son abdomen du haki de l'armement, parvenant in extremis à nullifier celui de son assaillant : il endura toutefois la force brute de l'assaut, et celle-ci lui coupa le souffle dans les deux sens du terme. Il se sentit soulevé, puis projeté vers l'arrière comme ça n'avait plus été le cas depuis longtemps... Depuis qu'il avait été défait par Shouten Doji, en fait, et depuis qu'il avait su récupérer, petit-à-petit, grâce à une convalescence particulièrement lourde. Des dizaines, sinon des centaines de mètres lui furent nécessaires pour qu'il parvienne enfin à s'arrêter, et cet arrêt là ne fut pas non plus des plus glorieux : il chancela, manquant de tomber à genoux, et laissa un flot de sang s'échapper de ses lèvres avant de redresser un regard incandescent sur le visage léonin de son adversaire. Celui-là ne manquait pas de puissance, cela allait sans dire... Et cela contrastait virulemment avec les quelques rapports qui avaient été dressés par le passé, à son sujet. A quel point avait-il pu progresser, et à quelle vitesse ? En tout cas, on pouvait décemment admettre que sa mise-à-prix était grossièrement dépassée. Alors qu'il aurait dû posséder la force d'un capitaine pirate certes prometteur mais néanmoins débutant, il se trouvait plutôt affublé de celle d'un lieutenant d'Empereur...

-240 millions... Bien sûr. Bon sang... Je vais encore tuer à perte.

Combien de berrys Agamemnon Tyu valait-il ? 600, 700 millions de berrys ? Difficile à établir sur une seule frappe, solitaire, aussi dévastatrice fut-elle... Bien loin de se décourager, l'ancien boxeur se mit à courir, revenant à la charge de son ennemi avec une impulsivité qui tenait du tempérament suicidaire. Il le savait : personne, du côté du Gouvernement Mondial, ne possédait à Marineford une force plus conséquente que la sienne. Chairoka le surpassait en terme d'agilité, Tsuki était plus rapide, Elkens plus insaisissable, bien sûr... Mais c'était lui, le roc, la muraille inexpugnable qui arrêtait et repoussait les armées adverses jusqu'au confins du monde. Il n'était pas n'importe qui...

-Je suis... SHIROKUMA !

Alors qu'il parvenait au niveau d'Agamemnon, il se mit brutalement à freiner : il glissa, même, sur ses deux semelles subitement plaquées au sol. Il réalisa les derniers mètres de la sorte, de façon à surprendre le félin... Et tenta tout bonnement de lui rendre son coup, le bras droit couvert du haki de l'armement, tentant de frapper aussi durement qu'il le pouvait. Cette satanée bestiole voulait un bras de fer ? Elle allait l'avoir.

Amiral Wakai Tsuki, alias Sorafuka, et vice-amiral Keternel Alion.

-Aucune reddition, je présume. Allons-y.

Alion et Emy, d'un coup d'un seul, eurent le réflexe de se déporter d'un côté et de l'autre de William Lancaster : le but était bien sûr non seulement de s'éloigner les uns les autres pour éviter de s'entraver bêtement, mais aussi et surtout de gommer ses possibilités de mouvements. Ils étaient à terrain ouvert, et un environnement aussi vaste pouvait bénéficier au renégat, suffisamment puissant pour prendre l'ascendant s'il parvenait à trop les isoler. Toutefois, le reste de l'escouade demeura plutôt proche de Sorafuka : l'idée était plutôt simple à cerner, et apparaîtrait sans doute clairement à Akainu lui-même. Factuellement, l'amiral était le seul qui pouvait jouer contre lui sur un pied d'égalité. Les deux vices-amiraux qui combattaient à ses côtés étaient certes redoutables, mais ils l'étaient juste assez pour assurer leur propre survie... Et certainement pas celle d'autres marines. Cela n'allait pas les empêcher d'être utiles, bien sûr, et Alion le prouva en projetant une lame d'air en direction du bras droit du logia dans l'optique de le séparer du reste de son corps. Il le savait, ce serait inutile : la condition de maudit de Lancaster réduisait la dangerosité de son action à néant... mais l'idée était autant d'attirer son attention que d'entraver ses mouvements, une fois encore, et la véritable menace fut développée ensuite. Tandis que Mark Cuthvine générait une espèce de disque rouge dans sa main droite, et tandis que Lochal Roncia prenait une forme hybride lui permettant de tisser de la toile dès qu'il en éprouvait le besoin, Jeffer Bartheo, contre toute attente, prit les devants. Il était bien évidemment suivi de très près par l'amiral en personne : le premier avait recouvert ses deux bras du haki de l'armement, et le second ses épées. Là-dessus, Eileena Tempesky dégaina son pinceau et Daar-San, en retrait, commença par se faire discret : l'un comme l'autre étaient davantage pensés comme atout contre les pions plutôt que contre un ancien amiral fou furieux...

Certains affrontements allaient commencer à tourner en toile de fond dans ce décor apocalyptique. Aggammemnon, dont l’impression de contrôle disparaissait au fur et à mesure, entrait dans un combat de poings avec Pacifique. Malia et Orim échangeraient autant de coup qu’ils auraient de temps devant eux : l’équilibre d’un combat précaire basculerait sûrement, mais à l’instant ils se battaient de manière relativement équivalente.

La frappe du sous-directeur de l’AOI fit trembler le sol, tandis que le Chef des Dévoreurs s’était élancé en arrière pour esquiver in extremis le coup de son ennemi. Il n’avait agi que par instinct, ce qui rendait ses mouvements très difficiles à lire, mais aussi assez prédictibles. Il était d’un niveau équivalent à celui de son ennemi, qui bénéficiait sûrement de réflexes décuplés par son expérience. En revanche, la créature qui se trouvait être le maître de ces minions envoyés au combat possédait elle-aussi de nombreux atouts dans sa manche. Alors qu’elle était en l’air, elle envoya une fiole qui se trouvait sous son manque et qui, en éclatant, libérerait une petite pluie d’acide. Sans être dangereuse, elle visait les yeux pour priver l’ennemi de sa vue, dans un premier temps.

Du côté des Dévoreurs, l’astuce de l’échange de places ne les perturba pas. Ils n’étaient pas concentrés sur le type d’ennemis en face d’eux. Cependant, alors que les explosions se succédaient, que les adversaires changeaient de place, les Dévoreurs se relevaient encore et toujours. Ils étaient loin d’être affaibli par quelques balles qui pleuvaient du ciel. Le réel ennemi, et les Gouvernementaux pourraient le comprendre à présent, c’était le chef des dévoreurs. Leurs corps étaient tout bêtement résistants. Ils cumulaient trop d’avantages pour être naturels : à l’image des Pacifistas, les expériences faits sur leurs corps les avaient rendus artificiels. Ils bénéficiaient cependant de plus de tares d’un point de vue stratégique, et surtout intellectuel. Leur réponse à la violence était toujours plus de violence : les combats se prolongeraient aussi de ce côté-là.

Dream utilisait avec attention son pouvoir mythique, mais il fut surpris par le changement de place et vola suite au coup de son adversaire : un coup surprise qui atteignit bien sa cible. Le duo qui lui faisait face était connu, mais il n’en avait pas tellement entendu parler, sûrement par manque d’informations. Il sera le poing, et brusquement une tempête de neige se déclara autour d’eux, dans un rayon d’une centaine de mètres. Le blizzard masquait la vue des deux scientifiques qui pourraient compter sur leur Haki de l’Observation pour se repérer, certes, mais qui devraient aussi compter sur le froid autour d’eux. Brusquement, des pics de neige solides seraient tirés en direction de leurs jambes. La manette d’autodestruction se briserait sûrement à cause du froid, même si cela importait peu à présent que Madoka était incapable de reproduire son exploit de contrôle, si elle voulait rester éveillée.

Du côté des géants, l’affrontement continuait. Les situations s’inversaient, tandis que la stratégie de Ronald porta ses fruits. L’ancien allié qu’il envoya vers le géant n’explosa pas, bien qu’incapable de continuer le combat. Le géant en question en profita cependant : il était brave, certes, mais pas fou. Il sentait que cet affrontement était perdu d’avance s’il se contentait de regarder, alors il prit son arme et envoya une lame de feu en direction de son ennemi, grâce à un système de Pyro-Dial insérée dans son épée. Certes, il ne pourrait pas le blesser gravement mais au moins l’obliger à tenir ses distances en attendant que la cavalerie n’arrive…

Et elle ne tarda pas à arriver. Les mercenaires n’étaient pas qu’au nombre de trois. Bien au contraire, des ennemis sempiternels du Gouvernement Mondial s’étaient réjouis à l’idée de les affronter sur leur terrain, moyennant une certaine somme. Ils avaient chacun leur moyen de procéder, et c’était ainsi qu’ils arrivèrent devant les Vice-Amiraux. La « Guilde Blanche » était une organisation du Nouveau Monde dont les éléments se battaient de manière assez chevaleresque. Ils étaient issus des bas-fonds de l’underground pourtant, et chacun de leur membre était reconnu pour avoir une puissance égale à celle d’un Nebula. Parmi les trois organisations engagées par Centes, comprenant la « Guilde Marchande », ou du moins la partie qui acceptait de collaborer, et les « Mercenaires du Soir », il y avait une puissance remarquable qui se dégageait de ceux-ci. Ils entraient en scène à présent, et se dirigèrent vers leurs ennemis respectifs, sachant que la guerre engagée n’était pas faite pour être gagnée mais pour « gagner du temps ».

- Voyons ce que t’as dans le ventre ! Lâcha Barbare, un homme dont l’épée s’approcher dangereusement du visage de Ronald.
- J’espère que t’es meilleur que cette chiffe molle de Prima, beugla un autre ennemi, District, qui souffla sur son doigt pour laisser apparaître un fouet fait à partir de son ongle, en face de Ysaack.

Jean-Bart Nonoha était en face d’une adversaire qui semblait lui opposer une forte résistance. Iris Vermillon ne s’était pas approchée de son ennemi pour lui offrir une quelconque ouverture : alors qu’il l’esquivait, elle fit apparaître d’autres bourses dans sa main qu’elle utilisa pour contre les balles. Tandis que celles-ci s’enfonçaient dans les bourses, elles furent incapables de les transpercer, comme si elles y avaient trouvé une place remarquablement paisible. Et alors que les bourses tombèrent au sol, Iris s’élança d’une variante du Geppou bien maîtrisée en direction de son ennemi. Elle s’approcha pour lui lancer à nouveau deux bourses, dont l’une était plus grande que l’autre, et ne cesserait de grandir, menaçant d’avaler le Vice-Amiral s’il ne réagissait pas.

Aston était dans une position avantageuse, du moins aurait-on pu croire. Anna Mendez se trouvait à une distance raisonnable de lui, et n’eut pas un instant d’hésitation quand il fallut à nouveau s’éloigner pour éviter d’être touchée par la main de l’ennemi. Le Haki de l’Observation était loin d’être la seule manière de percevoir le danger : la vue était un allié formidable. Et lorsqu’elle avait observé son adversaire, la connaissance de son pouvoir fut une manière de se prémunir. Il aurait beau utiliser tous les stratagèmes, elle était plus puissante que cela. Le lien entre eux ne fut pas rompu cependant, puisqu’une partie submergée d’Armement continuait à tenter de tirailler le pauvre corps de cet homme au grand cœur… Qu’elle expulsa bientôt directement en direction de Chairoka, en même temps qu’une vague recouverte d’Armement, interrompant son attaque. Ce changement brusque venait d’une décision tactique simple : si Mozero était défait, la Louve Brune risquait de l’attaquer en plus, et si elle n’était pas une cible prioritaire, elle représentait un certain danger.

- Putain, j’ai bien cru que j’allais y passer, fit le mercenaire en saisissant une fermeture dans la seule main qui lui restait.

A croire que devenir manchot était une tradition chez les corsaires. En tout cas, cette garce l’avait bien eu : il ne pouvait pas continuer à risquer sa vie impunément face à un adversaire contre lequel il n’était pas de taille. Si seulement ça avait été Shirokuma, son corps à corps brut aurait été sa perte, mais le tranchant de Chairoka était trop pour lui. Finalement, Aston fut sauf pour l’instant, puisque le liquide généré finit par se détacher du corps d’Aokiji et retomber comme un soufflé.

Elle disparut dans la fermeture éclair, tandis que Mozero contemplait son moignon avec dégoût. Le combat était terminé pour lui : hors de question qu’il remette le pied sur ce champ de bataille.

Le géant qui confrontait Jean-Bart, capitaine corsaire de son état, n’avait pas l’air d’une efficacité remarquable. Il comprit les intentions de son ennemi lorsqu’il envoya une lame d’air horizontale, mais il n’était pas fou. Se contentant de briser l’attaque d’un simple coup d’épée, il répliqua… Avec une lame d’air d’une taille démesurée, et utile pour aveugler son adversaire qui, contrairement aux autres gouvernementaux, semblait avoir un niveau largement inférieur. C’était dommage, car le pirate aurait suscité l’admiration de certains dans d’autres circonstances.

Alors que la lame d’air se propagerait, le combat pourrait commencer à s’éterniser dans un échange de coups frontaux et dans un équilibre offert par l’atout du géant dans son observation, qui anticiperait les attaques tout négligeant la vitesse de son adversaire, mais sans la supplanter par la force, peut-être bientôt par la ruse.

C’était le navire leur principal objectif. Les « swaps » venaient sûrement de là, et de deux choses l’une : ils étaient soit incapables de les empêcher, soit en position pour les défaire. Il fallait aveugler Chairoka un instant, or il n’existait qu’une seule solution pour cela. Une fermeture s’ouvrit un peu avant le départ d’Aokiji et de Mozero. Alors qu’ils disparaissaient, un nouvelle fermeture s’ouvrit sans efforts au-dessus de la Tour de guet, et un élément vint changer le cour immédiat de la bataille : un morceau du château de Mars tomba, et pendant sa chute il fut impossible pour Chairoka d’utiliser son fruit, car une loi y était inscrite. « Sous ce morceau de pierre, les utilisateurs de fruit du démon ne peuvent maintenir leur pouvoir. ». Une règle risiblement facile à contrer, mais il n’était pas question de cela. Les cinq secondes d’aveuglement seraient suffisantes.

Dans un premier temps, Centes enverrait ses forces sur le navire. L’Incontrôlable avait fait son petit bout de chemin, fendant les cieux tandis qu’il ouvrait une voie royale à ses alliés. Le haut du navire serait alors pris d’assaut : ils avaient pour objectif d’immobiliser les « atouts ». Jasmine en était un, mais l’Incontrôlable se fichait de cette femme. Il n’aurait d’yeux que pour Abel vers qui il enverrait un nouveau coup de lame qui passerait à travers ses vecteurs pour atteindre son corps.

L’ouverture faite, un déluge d’aluminium viendrait s’engouffrer dans le navire pour y tuer chaque être vivant qui aurait osé s’y réfugier, s’il y en avait. Car s’il y en avait, les Décimas le sauraient. C’était là le cœur de leurs stratégies : le pouvoir d’une petite fille qui n’avait rien d’un jeu. Or, ils n’étaient pas seuls. Pour affronter les Vice-Amiraux présents sur le navire, des alliés s’étaient montrés collaboratifs : les extrémistes révolutionnaires avaient pris part à la bataille.

Il connaissait l’homme qui surplombait la scène. Daisuke Aurola avait marqué les esprits de Baltigo par son action révélatrice d’un véritable échec pour la guerre. Alors qu’il visait l’ennemi, son attaque avait atteint un allié. Avant cela, William aurait certainement voulu la mort de cet homme… Aujourd’hui encore, et lors du dernier vote, il avait été le seul à souhaiter haut et fort que Chairoka ne soit pas exécutée mais juste emprisonnée. Tous les autres, à l’exception des absents, avaient voté pour sa mise à mort immédiate si les circonstances étaient favorables. Pour cela, il fallait cependant que le swap arrête de faire effet. William n’était cependant pas pris là-dedans, et il se permit de répondre à Daisuke.

- Tu as raison. Un monde sous Centes sera un monde où la liberté n’aura pas sa place. L’horreur non plus. Jamais nous n’y arriverons dans un monde où la liberté est encore le cheval de Troie de la haine. Le Gouvernement Mondial tente d’arriver à la même chose, mais en utilisant les seuls moyens à sa disposition. Chairoka n’a pas voulu faire ce que Centes réalise, et malgré tout l’am…

Il s’interrompit tandis que l’assaut était lancé. L’attaque fut à la fois millimétrée et virulente, mais elle apparaitrait dans le brouillard de guerre des quelques secondes offertes par l’apparition d’un morceau du château : une utilisation du pouvoir de Sayouri faible et peu handicapante, qu’elle avait dû faire à ce moment-là.

Il déploya son corps. Quelques petites boules parurent, à l’image de celles envoyées par Akainu, et il les éjecta contre les ennemis en arrière-plan pour les transpercer vivement dans le cœur. Les ennemis qui étaient les plus proches de lui étaient Emy et Alion : ils attaquaient sur les flancs. Deux murs s’élevèrent et exploseraient au moindre contact. Ils étaient un condensé de pouvoir qui, en explosant, iraient recouvrir l’ennemi. Quant aux ennemis venus en face, il leur réservait le pire des assauts. Tandis qu’ils seraient soit contraints de protéger leurs poulains en arrière-plan, soit contraints d’ignorer l’attaque, le sol sous leurs pieds commenceraient à se recouvrir de mercure. Bien sûr, ils devraient sauter en l’air, là où ils recevraient une attaque en gatling de la part du torse de l’homme qui les obligerait à reculer, grâce à quelques billes recouvertes d’armement. Ces techniques, il les empruntait à Kizaru : s’il n’avait jamais atteint son niveau, il tendait à s’en inspirer.

L’attaque de Sypher était simple : entrer, détruire. S’il réussit à attaquer le géant de biais en usant de son Kamisori, celui-ci put voir l’attaque arriver. Il ne bougea pas, se contentant de se protéger grâce au Haki cette partie du corps. Il vacilla alors, pousser par la proximité de l’attaque, mais usa à nouveau de son avancé pour expulser le jeune de son corps, dirigeant ses propres ondes de Haki contre lui. S’il protégea ses organes vitaux, laissant Sypher s’élancer hors de son immense carrure, il ne put que subir sa propre attaque. Tous deux seraient légèrement assommés, et c’était sans compter sur l’attaque enverrait à nouveau pour élaborer une stratégie : il attaquerait une seconde fois, épuisant un peu plus son armement pour éjecter l’ennemi.

Il venait d’être attiré au sol comme un mal propre, par une attaque qu’il n’avait pas vu venir. L’utilisation d’un Zoan était toujours surprenante, surtout pour une race qui évitait les fruits du démon comme la peste. Ce qu’il y avait de plus dangereux qu’un géant, c’était un géant qui avait absorbé une malédiction : or, ces malédictions rendaient les hommes avides et une protection pour leur race était de ne pas en avoir.

- Qwer Ty, jeune combattant. Je ne suis pas pour Centes, je suis juste mon leader : sa fille a été tuée par l’un des vôtres. Notre vengeance n’est pas liée à cet homme.

Il se tut simplement. Les faits étaient là : un Contre-Amiral avait effectivement tuée la pirate Lucia. Les circonstances de sa mort étaient nébuleuses cependant.

Sourire aux lèvres, le géant frappa le sol pour en faire ressortir des gravats qu’il éjecta contre son ennemi. Il l’enverrait au sixième ciel par la voie la plus courte. Dès qu’il l’aura obligé à s’éloigner, il s’élancerait dans sa direction, quelques gravats en main pour l’obliger à danser comme il le voulait.

Ghetis était projeté à une vitesse tout à fait hallucinante. Il n’était cependant pas masqué au niveau de la voix, et ses intentions hostiles parvinrent à Kali. Celle-ci stoppa son mouvement et modifia la trajectoire de son corps. Elle était capable de telles prouesses pour une telle combattante, et empêcha ainsi l’ennemi de la toucher, montrant malgré elle qu’elle ne souhaitait pas subir de dégâts liés à des attaques directes. Certes, sa force était remarquable mais sa résistance, bien que supérieure à celle de la grande majorité des combattants ici, n’était pas exceptionnelle.

Elle s’élança directement sur l’Archer, l’empêchant de parler, et frappa l’air de manière exceptionnellement puissante. L’air se déplaça devant elle, sans démontrer une maîtrise particulière, de sorte à frapper de loin l’Archer et à enfoncer le sol sous lui. Elle s’approcha à nouveau et fit une roue avant pour lui asséner une lame d’air à bout portant. Elle allait le tenir occuper, mais il n’était pas un ennemi prioritaire.

A nouveau l’attaque du Coffe aurait pu jouir d’un échec, mais elle fut miraculeusement en mesure d’atteindre son ennemi qui, tombant sur le côté, faillit interrompre un autre combat qui se déroulait près d’ici. C’était là le problème d’un géant sur le champ de bataille : c’était un atout contre les masses, mais un problème face aux ennemis individuels. Or, il n’y avait que des individualités ici-bas : enfin, s’ils ne remplissaient pas le rôle initialement prévu, ils étaient en mesure de ne pas devenir un poids. Les individualités étaient réservées aux mercenaires des organisations engagées par Centes, et qui attendaient certainement une seule occasion pour le mettre à mal.

- Intéressant, dit-il en secouant la tête.

Son ouïe n’était pas si abîmée, mais durant la chute il avait perdu sa concentration et son armement était devenu moins résistant. Il se releva tout en regagnant la résistance d’autrefois, et soupira : un maudit aurait été plus facile à vaincre. Son mouvement vif brassa de l’air, tandis qu’il remontait sur ses jambes en un rien de temps. La masse qu’il déplaçait, il la déplaçait habilement. Il utilisa une pichenette dans l’air pour déplacer celui-ci à distance et obliger l’ennemi à se défendre s’il ne voulait pas finir emporté. Une fois sa concentration mise à mal, il le balayerait d’un puissance coup de paume qui devrait lui briser quelques os.

Le Nowaki était un adversaire redoutable, à n’en pas douter. S’il n’avait pas une renom grandiose, il était connu pour être l’un des Vice-Amiraux les plus prometteurs, aux côtés d’Alion et de l’Archer. On misait moins sur la prestance de Malia dont le rôle de Vice-Amiral allait à ravir. Anticipant ses actions, il ne put cependant exactement aller dans le sens de son adversaire : en effet, le Chevalier était encore et toujours dans son jeu. Il n’eut pas l’occasion d’envoyer bouler son adversaire, et il dut encaisser un coup de celui-ci, son corps résistant cependant à l’attaque en n’y laissant que quelques égratignures. S’il esquiva par derrière, il sentit la présence de Kitara : il prit donc soin de créer un mur de pierre en brisant d’un coup de pied une partie du sol. Certes, elle pourrait avoir l’Observation, mais sa vision directe serait bouchée.

Lançant un second assaut, pour contrer celui de son ennemi, l’homme n’hésita pas à envoyer une pluie de gravats sur le Nowaki avant de s’élancer finalement sur ce dernier. Il allait l’obliger à utiliser un de ses atouts mais… Alors qu’il s’élançait son ennemi, il tenterait de lui attraper le poignet pour l’attirer vers lui et lui fracasser d’un coup, d’un seul, la cage thoracique, misant sur la soudaineté de son coup.

Yamamoto Eracless, sous-directeur de l'AOI.

Cet ennemi n'était pas vraiment un adversaire ordinaire, mais il n'effrayait pas pour autant Eracless qui le lorgna s'éloigner précipitamment tandis que sa première offensive aboutissait sur un échec cuisant. La petite créature jouissait de réflexes franchement admirables, mais qui ne suffiraient pas à triompher contre le sous-directeur de l'AOI qui n'était lui-même pas en reste, sur ce plan. Quant au reste, il était encore trop tôt pour en juger mais, selon toute vraisemblance, l'homme avait au moins un ascendant confortable sur le plan intellectuel... Restait à voir si cet atout lui serait largement favorable ou s'il ne représenterait qu'un bénéfice tout-à-fait discutable. Lorsqu'une fiole fut projetée dans sa direction, en tout cas, le blond ne perdit pas l'ombre d'un instant afin de répondre à cette menace apparemment anodine. Sur un champ de bataille, tout était à prendre en compte... Et à craindre. Une simple balle pouvait en fait être sculptée dans du granit marin, et un boulet de canon pouvait libérer un nuage d'un gaz mortel qui vous brisait les poumons et vous striait les trachées. En d'autres termes, le sous-directeur disposait d'une expérience qui l'enjoignait fatalement à la prudence afin d'assurer sa propre sécurité : il ne sut donc jamais ce que contenait cette fiole puisqu'il troqua sa forme actuelle contre une forme hybride singulière. Il rapetissa, devint légèrement plus frêle, même s'il demeurait suffisamment trapu pour pouvoir couvrir le chef des Dévoreurs d'une ombre de mauvaise augure, tandis que la fiole qui le surplombait désormais s'en allait à l'écart. A nouveau, il misa sur la soudaineté de ses mouvements : il s'élança en direction de la bestiole et se mit, finalement, à tournoyer avec véhémence tout en avalant les quelques mètres qui les séparaient encore. Il présenta ses griffes en avant, et en naquit une tornade lacérante impitoyable. Le message était clair : s'il avait fait en sorte de s'en prendre à un adversaire relativement isolé, c'était tout simplement car il considérait qu'il était plus à l'aise sans alliés à ses côtés... Tel quel, il n'avait pas besoin de se retenir, et le pauvre Anubis risquait d'en faire les frais promptement.

Amirale Elkens Camille, alias Midoritaka.

Sa pluie d'obus et les explosions des Pacifistas restants n'avaient pas suffi ? C'était impensable... L'amirale arqua un sourcil interrogatif avant de balader son regard sur les armes qui jonchaient le sol à ses côtés. Les deux exécuteurs pouvaient rester coincés dans leur carapace fortifiée pendant des plombes, cela allait sans dire que jamais les Dévoreurs ne parviendraient à creuser au travers pour les rejoindre. En revanche, eux-mêmes étaient inutiles tant qu'ils étaient confinés de la sorte : il fallait donc et au plus vite leur permettre d'en sortir, triomphants. Leurs pouvoirs étaient trop utiles, et Marineford ne pouvait décemment pas se passer d'eux... Aussi la jeune tireuse misa sur un déluge encore plus impitoyable que le précédent. Une nouvelle arme en main, petit joyau de la Section Scientifique, elle fit feu en direction des Dévoreurs qui, pour le coup, n'auraient certainement pas le loisir d'esquiver. Qu'était-ce ? De la foudre. Condensée à un tel point qu'on aurait pu songer qu'il s'agissait d'un éclair... Une prouesse des meilleurs têtes d'affiches du Gouvernement Mondial en matière de recherche. Ces types, en plus de bénéficier du nombre et du budget, jouissaient également de l'expérience, de l'apprentissage, de la coordination. Ils étaient mille fois supérieurs à la scientifique Decima, et cette rencontre entre la résistance des Dévoreurs et le souffle rugissant de l'arme d'Elkens en apporterait la preuve. Pire encore, quelques morceaux des Numeros avaient survécu. Rien de crucial, bien sûr : du shrapnel, de l'acier à demi-fondu, dont certains éclats avaient peut-être pu se ficher dans le corps des Dévoreurs, ou a minima venir au contact. Autant d'éclats qui, justement, offriraient à l'éclair jaillissant une virulence redoublée... Si leurs corps étaient résistants, l'éclair ne jouait pas foncièrement sur le même terrain qu'une pluie d'obus : la détonation n'était plus le seul ennemi des créatures du Nouveau Monde qui, pour le coup, risquait fort de passer l'arme à gauche. Mais la tireuse d'élite, forte de son titre d'amirale, ne s'arrêterait guère en si bon chemin. Elle avait remarqué que le Dévoreur qui tenait tête à Eracless était et de très loin plus doué que les autres. Elle délaissa donc son canon électrique, s'empara d'un fusil de précision et se mit à viser en suivant les déplacements de la bête. Cette dernière semblait prévisible : elle réagissait, elle ne pensait pas. Aussi, dès qu'elle percevrait une fenêtre de tir, elle ferait feu en visant la tête. Pas l'ombre d'une pitié ou d'un remord pour ces bestioles au service de l'ennemi...

Poisseroy Voltaire et Flamingo Joshua, Soldats de la Section Scientifique.

-Bon sang, on se les pèle...
-Josh, tes jambes, protège-les !

S'il disposait du haki de l'observation, une sécurité indéniable pour percevoir les menaces même masquées, ça n'était pas le cas de son compère qui fut par conséquent soulagé d'être épaulé de la sorte. S'ils pouvaient encore mettre à profit le lien mental de Chairoka pour s'avertir l'un l'autre instantanément, le réflexe avait pour l'occasion pris le pas : Voltaire avait l'habitude de travailler avec son collègue et il avait réagi sans trop réfléchir. Lui-même avait changé de forme hybride pour revêtir une apparence plus svelte, plus filiforme, qu'il mit à profit en sautant avec prestance au-dessus des piques de glace. Joshua, lui, se contenta d'user du haki de l'armement : les projectiles vinrent se fracasser contre ses membres avant de retomber mollement, inutiles. Toutefois, l'homme reconnaissait humblement que la situation n'était, pour lui, pas au beau fixe : il avait froid, et n'était pas vraiment habillé pour faire face à un tel calvaire climatique. L'effervescence le réchaufferait, mais un temps seulement... Il risquait d'être engourdi promptement, et donc de commettre une erreur. Les engelures étaient également un risque auquel il s'exposait forcément, s'il demeurait là, inconsciemment... Lui et Voltaire passèrent donc par le lien mental que l'amirale-en-chef avait mis en place pour prendre une décision unanime : le zoan devait, pour l'instant seul, combattre le yéti afin de le terrasser. Sans plus attendre, Joshua prit donc la tangente au pas de course, s'éloignant vivement de cet enfer gelé tandis que son complice, sous sa forme hybride, pivotait pour faire face à son nouvel adversaire. Il n'allait pas attaquer tout de suite : il savait qu'il était désavantagé au niveau du pouvoir... Néanmoins, il pouvait éventuellement contrebalancer par sa rapidité, son intelligence et l'éventuel support de ses pairs lorsque ceux-ci seraient venus à bout de leurs propres adversaires. Oui, Poisseroy Voltaire devait gagner du temps.

Vices-Amiraux Sakuraba Yu.

-Ils sont enfin là.

S'il souriait à pleines dents, l'air carnassier, il n'en était pas moins peu rassuré. Les mercenaires étaient de la partie : le Gouvernement Mondial en avait eu vent préalablement mais ils avaient été incapables d'estimer leur nombre et leur puissance individuelle en temps et en heure. Et pour cause : tout avait été trop vite pour les innombrables taupes de la Marine et des Cipher Pol qui pullulaient au sein de l'underground. Car oui, la Triade et les autres barons de la pègre, Révolution y compris, ne disposaient pas de l'apanage de l'espionnage... S'ils avaient régné sur cinq océans pendant des siècles et des siècles, c'était forcément qu'ils avaient eux-mêmes quelques leçons à inculquer aux criminels sur le plan des services de renseignements secrets. Les mercenaires n'étaient pas un problème, et ils n'en seraient jamais un. D'abord parce que pour la plupart, ils ne nourrissaient de rancœur qu'à partir du moment où ils percevaient leurs dus. Autrement dit, si Centes n'était pas en mesure de les payer suffisamment pour rendre la certitude de leur mort peu ou prou alléchante, ils feraient feu des deux fuseaux, tous autant qu'ils étaient. Ensuite parce qu'ils étaient nuls, sur le plan de la coordination : ils pouvaient bien sûr, entre mercenaires d'une même branche, tenter de lutter conjointement... Mais puisqu'ils n'avaient aucune attache véritable avec les Decimas, il allait sans dire que sauf dans des circonstances exceptionnelles, ils ne pourraient pas opposer à l'entraide constante des gouvernementaux autre chose que de la violence pure et bête. Ils l'avaient prouvé lors de la chute de la météorite : si Zakka Li avait été en mesure de composer avec la ruée folle de Mozero, les comportement imprévisibles et couards de Nu Wa et du Shérif s'étaient achevés sur une note amère pour le Monarque et ses sbires. Il était donc temps de répandre sur le champ de bataille une pluie de nouveaux gradés : pour l'heure, le Monarque avait paradoxalement l'avantage du nombre. Entre les Dévoreurs et les géants, et maintenant les mercenaires, il disposait de troupes nombreuses là où Asya Lida avait jusqu'à présent préféré miser sur la qualité... Il était grand temps de passer à la vitesse supérieure.

-Qu'ils sortent du navire, maintenant.

Si Croustille les surveillait actuellement avec son haki, elle percevrait nettement une vingtaine, voire une trentaine de voix sortir lentement de la cale du navire pour apparaître au grand jour. Tous portaient un uniforme bien particulier : celui de la Section Scientifique. A leur tête, la civile Wave, autrefois affiliée aux Cinq Légendes et désormais l'air paisible. Les personnes derrière elle étaient pour l'essentiel d'illustres inconnus, des civils ou des marines doués, puissants, mais à la réputation si basse qu'on n'avait décemment pas pu leur donner de grade digne de ce nom. Ils étaient le bataillon qui risquait fort de rééquilibrer la lutte du nombre... Et le dernier cadeau de la Section Scientifique avant un petit bout de temps, cela allait sans dire.

Vice-amiraux Ezra Ronald et Tanaka Ysaak.

-T'as un souci, Jean-Foutre ?

Ronald darda le géant qui venait d'abattre sa lame sur lui d'un regard mauvais. Un simple pas sur le côté lui avait été suffisant pour se placer hors de danger, mais il abhorrait ce type d'interventions opportunistes et impitoyables. Certes, il aurait parfaitement été capable de faire de même, mais dans son esprit, la mise-à-mort des géants n'était ni plus ni moins qu'une maigre question de temps... Autant dire qu'il n'aimait pas spécialement qu'une proie lui saute dans les pattes alors qu'il s'apprêtait justement à lui régler son compte d'ici une poignée de minutes tout au plus. Malheureusement, il n'eut pas le temps de faire davantage que de lui expédier cette interrogation assassine : un autre adversaire se dévoilait et lui fonçait dessus dans l'espoir de le trucider d'un coup d'épée. Un mercenaire... Bah, aucune importance, lui, un géant ou un autre pion, le carnassier allait éliminer tout ceux qu'on lui enverrait sur le coin de la tronche : c'était ainsi qu'il avait toujours fonctionné, et qu'il fonctionnerait toujours. L'épée vint bel et bien s'abattre sur son visage, mais elle s'y heurta durement sans parvenir à le creuser d'aucune manière. Ezra était un maître en matière de haki de l'armement et il venait de le prouver : la plaque qu'il avait érigée sur son visage avait bloqué la lame sans souci, et il destina à l'abdomen de son assaillant un coup de pied virulent, semblable à celui que le pion qu'il attaquait l'instant précédent avait goûté. De quoi faire les présentations promptement.

Ysaak de son côté avait rencontré le même succès que son collègue. Entre leur inversion subite et ses attaques à distance, précises, méticuleuses et meurtrières, ainsi qu'en prenant en compte la bêtise logique des pions, comment diable aurait-il pu en être autrement ? Néanmoins, lui aussi voyait un ennemi s'approcher. Il haussa les épaules, interdit, avant de se mettre en garde. La provocation destinée à Prima ne le regardait guère : il avait un travail à accomplir et il allait le faire.

-Je vous laisse une occasion de vous enfuir, mercenaire. Si vous ne le faîtes pas, je vous traiterai comme un ennemi.

Vice-amiral Jean-Bart Nonoha.

Elle bougeait bien : il le comprit en un claquement de doigts et sut que cet affrontement risquait d'être pour le moins mouvementé. Le vice-amiral, lorsqu'il vit ses balles se perdre dans ces étranges bourses, eut le réflexe salvateur de changer les munitions de l'une de ses deux armes. Il avait une petite idée offensive derrière la tête, mais il fut obligé de la mettre à profit défensivement quelques secondes plus tard : lorsque la bourse expansive fut jetée dans sa direction, il pointa l'arme dont il venait de changer les munitions au-dessus de lui et fit feu. Une puissante bourrasque naquit du canon, et le projeta vers le bas : il n'avait aucun appui et le recul particulièrement fougueux l'éloigna de la bourse de son ennemie. Ses pieds retrouvèrent bientôt le plancher des vaches et il visa la Decima de son arme dont les balles étaient encore banales : il fit feu à plusieurs reprises, profitant de son absence de couvert puisqu'elle avait pris la décision de s'élancer en l'air. Il visait les deux jambes, mais aussi les avants-bras : s'il parvenait à l'empêcher d'être mobile, ou s'il la blessait au niveau des bras, il allait la rendre indubitablement moins dangereuse...

Amirale-en-chef Asya Lida, alias Chairoka, et Aston Finley, directeur de l'AOI.

-Laissons-les partir.

Elle aurait pu, bien sûr, briser la fermeture ou priver Mozero de son autre bras au moment où il eut l'idée d'user de la fermeture pour prendre la poudre d'escampette... Mais elle ne le fit pas, et ce pour deux raisons. D'abord, elle et Aston étaient restés sur la tour de guet trop longtemps : il n'était pas judicieux de demeurer ici plus que de raison. Ensuite, ils avaient dans les faits déjà gagné ces deux passes d'armes. Mozero avait perdu une main et ne reviendrait plus combattre d'ici la fin du conflit. Il était sanguinaire et impulsif, pas suicidaire... Dans son état actuel, même un vice-amiral pourrait le mettre à mort. Le directeur de l'AOI, quant à lui, avait été capable de copier le fruit du démon d'Aokiji en mettant à profit sa bêtise, intrinsèque à sa condition de pion. Tout était donc pour le mieux... Sans perdre une seule seconde, l'amirale-en-chef usa de son pouvoir pour demander une nouvelle inversion : elle fut réalisée à l'instant même où la fermeture d'Aokiji et de Mozero disparaissait. Il aurait été stupide de demeurer ici plus longtemps, de toute façon : ils étaient les deux têtes d'affiches majeures de l'armée du Gouvernement Mondial réunie ici, et chaque seconde était cruciale. A leurs places se dressèrent bientôt deux autres silhouettes : l'amirale Camille Elkens, qui récupérait son perchoir initial, et le vice-amiral Ghetis Archer.

-Projet BEAST : Glob.

La bourrasque expédiée par Kali aurait pu mettre à mal le corps du directeur de l'AOI... S'il n'avait pas disposé d'un pouvoir aussi avantageux. Il prit momentanément une forme BEAST, l'une de celles qu'il avait pu piquer à l'un de ses sous-fifres... Était-ce celle de Maya ? Il en s'en souvenait plus, mais il s'en fichait : elle était impeccable pour contrer ce type d'offensives et il reprit promptement forme humaine, une fois ce désagrément achevé. Chairoka s'en était retournée sur le navire, où elle allait pouvoir coordonner l'effort de guerre : elle était en compagnie de Rasgarat Abel, de Jasmine, de Dereto, de Wave et d'un nombre conséquents de vices-amiraux... Autant dire qu'elle était entre de bonnes mains. D'autant plus que grâce aux inversions, il était aisé pour Aston de retourner à ses côtés si la situation l'exigeait. En l'état, il voulait simplement tenir tête à Kali Nomade tandis que l'Archer s'en retournait à des luttes plus productives... C'était la guerre. Ils n'étaient pas là pour affronter leurs opposants à la loyale, ou pour perdre du temps face à des adversaires trop vifs, trop robustes, trop réactifs. Le Gouvernement Mondial devait taper là où cela s'avérait efficace...

-La guerre est finie pour vous, je le crains.

Vice-amirale Focker Lim.

-Cette fermeture...
-Détruisez-la, vice-amirale.

Chairoka avait donné un ordre, tout juste réapparue : la vice-amirale ne se fit pas prier. Elle attrapa un boulet de canon, qu'elle recouvrit du haki de l'armement. Elle avait tout juste appris à le maîtriser à un niveau suffisant pour réaliser une telle prouesse... Et cela allait lui être utile. Bandant ses muscles en apparence frêles, elle projeta ledit boulet avec une véhémence spectaculaire en direction de la fermeture éclaire. Celle-ci, pourfendue de part en part, disparue sans relâcher sur la tour de guet sa pluie de gravats... Alors même que l'amirale-en-chef craignait l'apparition d'adversaires supplémentaires. Elle était à mille lieux de se douter que c'était en fait des décombres qui auraient dû rejoindre les positions de Camille Elkens, de Taito Nowaki et de Ghetis Archer... En l'occurrence, elle avait cru qu'il s'agissait d'une nouvelle brèche pour recouvrir Marineford d'ennemis encore camouflés jusqu'à présent. Chose qui les aurait pour l'instant encombrée : l'urgence était de mettre à mort ceux qui avaient eu l'audace de se présenter... A commencer par le félon impardonnable William Lancaster.

Amiral Wakai Tsuki, alias Sorafuka, et vice-amiral Keternel Alion.

Contrairement à ce qu'Akainu avait pu espérer, les gravats ne chutèrent pas : aussi l'escouade Anti-Decima conserva-t-elle son lien mental privilégié qui leur permit de réagir avec une efficacité redoutable. Nul ne semblait prendre en compte l'intervention de Daisuke Aurola, qui campait sur une position incompréhensible. Il était trop tard pour discuter : William Lancaster n'avait pas seulement renié la Marine et son passé, il avait commis un affront dantesque en se présentant face à eux, volontairement, du côté de Centes Decima. Il n'était désormais ni plus ni moins qu'un primé... Et devait être traité en tant que tel. Sorafuka, d'un geste habile, parvint à dévier les balles qui menaçaient ses subordonnés demeurés en retrait : ceux-ci lui en furent gré tandis qu'Alion et Emy faisaient eux-mêmes face à un obstacle impromptu. Si Emy décida de le contourner d'un soru vigoureux qui, certes, lui fournissait une vitesse faramineuse, mais qui l'obligeait envers et contre tout à faire le tour et donc à perdre quelques précieuses secondes, Alion, quant à lui, opta pour le geppou. Moins rapide, il lui offrait néanmoins l'avantage indéniable de ne pas dévier de sa trajectoire initiale... L'un comme l'autre savaient qu'ils affrontaient un ennemi trop fort pour eux : ils allaient donc éviter, comme c'était habituellement de rigueur pour les logias, éviter de se confronter à sa matière tant qu'ils le pouvaient. Le contre-amiral Jeffer Bartheo et l'amiral Sorafuka, eux, n'eurent pas cette chance : le tapis de mercure progressait, menaçant de se répandre à leurs pieds... Jusqu'à ce que le contre-amiral ne leur gagne du temps. D'un coup de poing, il expédia sur la vague scélérate une bourrasque d'air qui repoussa le liquide momentanément. Ce n'était l'affaire que d'une poignée de secondes, mais cela permit à Wakai Tsuki de se placer devant son subordonné pour bloquer les projectiles qui les menaçaient tout deux avec expertise. Ils étaient encore assez loin pour qu'il soit capable de réaliser pareil exploit... pendant un temps seulement, toutefois. Plus le temps passait et plus la situation précaire risquait d'entraîner des blessures sur les corps de l'un ou de l'autre des hauts-gradés. Le reste de l'escouade devait débloquer la situation.

-Rankyaku !

En retombant de l'autre côté du mur, Alion Keternel réalisa une pirouette et expédia en direction du bras métamorphosé de William Lancaster un rankyaku prompt. Oh, bien sûr, il savait que cela ne menacerait pas l'intégrité physique du maudit : le but était juste de lui couper le bras pour le forcer à le reformer. Ainsi, il serait contraint d'arrêter la pluie de projectiles qui tiraillait actuellement Wakai Tsuki et Jeffer Bartheo...
Mais il ne fut pas le seul à agir de la sorte. Eileena Tempesky, qui faisait partie des gradés restés en retrait, était lente de corps mais pas d'esprit. Elle dessina sur un gravats non loin un symbole du rouge de la colère : il se trouvait dans le champ de vision d'Akainu, puisque dans le dos de Sorafuka, son principal opposant... Et l'amiral allait furieusement se sentir le besoin de détruire ce rocher avant de retourner au conflit actuel. De quoi, peut-être, offrir une ouverture aux quatre têtes d'affiches qui se pressaient déjà autour du logia.

Les combats s'entérinaient et s'intensifiaient d'instant en instant. Le sang coulait et affluait, tâchant çà et là les pavés fissurés et déjà poussiéreux du prestigieux Quartier Général de la Marine, dont les bâtiments avaient été sévèrement endommagés voire jetés au sol par la faute des entrées en matière successives et brutales des différents belligérants et guerriers qui se tenaient actuellement tête. Des écrous et des vestiges métalliques témoignaient de la disparition tragique des Pacifistas tandis que certains Decimas, criblés de balles ou transpercés de part en part, s'effondraient dans un ultime soubresaut, à l'image des Dévoreurs qui furent traversés par un éclair si virulent que les ténèbres nuageux semblèrent s'éclaircir vivement un instant durant. Certains gradés voyaient un flot sanguin irriguer leurs lèvres tandis que d'autres, moins chanceux, jouissaient tout juste d'une seconde de répit avant qu'une lame ne vienne s'abattre sur leur cou afin de mordre leur carotide, et tous leurs rêves d'avenir. C'était la guerre, qui avait lieu : dans toute sa cruauté, dans toute son infamie. Elle était là, scélérate, vicieuse et impitoyable, et il semblait alors que nul ne pourrait jamais triompher de ce conflit : quoi qu'il arrive, les vainqueurs auraient un deuil insurmontable à affronter...

Ex-Exécutrice de Mars Frija Syrilia.

-Archer !

Elle avait terrassé le premier de ses adversaires : d'autres suivraient bien assez vite. En l'état, elle hésitait encore : devait-elle prêter main forte à Bexinos, le chevalier qui semblait être en position précaire contre le vice-amiral Nowaki, ou devait-elle consacrer ses efforts à d'autres causes ? Rejoindre Agamemnon afin d'abattre Pacifique d'un coup de lame vicieux n'était par exemple pas une éventualité à écarter... Et bien d'autres encore pouvaient permettre aux Decimas de prendre un ascendant non négligeable quant à la suite des opérations. Toutefois, elle n'avait pas eu le temps de se décider qu'un nouvel arrivant voulait manifestement en découdre... Ghetis Archer. Il avait vaincu Makui. Même elle, bête assoiffée de sang à ses heures perdues, n'était pas assez sotte pour ignorer ce que cela impliquait. Il était plus fort qu'elle. Bien sûr, le maître de Mars ne régnait pas sans partage grâce à une force écrasante : sur ce terrain-là, la sabreuse aurait même pu lui donner du fil à retordre. Néanmoins, son logia en faisait à l'époque un adversaire trop redoutable pour la désormais Decima, qui avait donc dû se contenter de servir en son nom, même après la mort de son ancien mentor. Désormais, elle obtenait l'opportunité de venger le nom de l'organisation, sali par deux échecs successifs... Mais Syrilia savait également qu'elle risquait d'y passer, à son tour. Elle ne vit toutefois pas son sérieux être entaché par une frayeur peu constructive, en l'état : elle demeura brave alors que le vice-amiral mettait en exergue ses multiples qualités de combattant, et elle tâcha d'y répondre avec autant d'efficacité qu'elle le pouvait. Constatant sa vélocité, elle comprit qu'elle allait devoir miser sur la parade plutôt que sur l'esquive, en l'état : ce fut cependant sur un mélange des deux qu'elle dut compter lorsque les mains tâchèrent, lors de la première charge, de lui arracher des bouts de chaire. Tandis qu'elle générait son haki de l'armement sur sa jambe juste à temps pour se prémunir de cette offensive, elle se pencha légèrement sur le côté pour tenter d'extraire son bras de la trajectoire de la seconde attaque : trop tard. Si le haki lui octroya une défense suffisante pour éviter le pire, l'esquive n'empêcha pas les doigts de creuser un sillon douloureux dans sa peau et dans ses muscles, quoique nettement amoindri comparativement aux ambitions funestes de l'Archer. Mais déjà celui-ci revenait à la charge...

Le coup de pied, une fois de plus, semblait trop rapide pour qu'elle puisse s'y soustrait ou même user de ses lames : ce fut donc son haki de l'armement qui, une fois de plus, alla remplir son office. Le choc sourd ne la pénétra pas, mais lui arracha toutefois une quinte de toux. Ses yeux exorbités l'espace d'un instant ne mentaient pas : elle était décontenancée, et ne s'attendait pas à ce que l'Archer soit susceptible de déployer une force aussi colossale. Elle n'était cependant pas encore enterrée : elle le démontra en pivotant sèchement, se plantant face à lui juste à temps, cette fois-ci, pour abattre sa lame sur la trajectoire des poings du gradé d'un mouvement prompt... Sans succès, une fois de plus. Oh, certes, son épée fut un obstacle que les mains ne parvinrent pas à briser : mais en éprouvèrent-elles seulement le besoin, ou l'envie ? Syrilia ne fut pas frappé de plein fouet : elle fut toutefois catapultée à une vitesse ahurissante vers l'arrière, incapable de lutter contre la force dantesque de son assaillant. Elle traversa un premier, un second, puis un troisième mur et ricocha une première fois sur l'océan, qui se teinta d'un carmin timide. Si elle parvint à survivre à cette projection, son bras déjà amoché n'était plus capable de réaliser le moindre geste : et elle, égarée à une bonne centaine de mètres de Marineford, en pleine mer, risquait d'avoir besoin d'un temps précieux avant de revenir aux côtés de ses alliés... Lesquels seraient peut-être déjà morts, d'ici-là.

8ème Chevalier de l'Ordre Decima, Majô Bexinos.

Bexinos était condamné, et il était le premier à en avoir conscience. Le départ de Mozero et celui d'Aokiji, additionné à l'arrivée spectaculaire et remarquable du vice-amiral Archer et à celle, plus discrète, de l'amirale Elkens, tout cela contribuait à le condamner irrémédiablement. Oh, bien sûr, le Nowaki et sa collègue n'étaient pas des ennemis hors de sa portée : dans d'autres circonstances, il aurait même possiblement pu les mener à la baguette... Sauf qu'en l'état, leurs compétences affûtées mises en collaboration et surtout la certitude qu'il aurait par la suite à confronter d'autres marines même s'il parvenaient à gagner ce conflit-ci ne pouvait que signifier une seule et unique chose : la fin de sa propre existence. Quand Zakka Li s'était sacrifié, il avait été l'un de ceux qui avait conservé son sang froid avec un calme olympien et une exemplarité certaine. Il savait que leur mort était à la fois incontournable et anticipée : même s'ils étaient les proches de Centes les plus privilégiés, ils étaient absolument tous, d'une certaine manière, dispensables et remplaçables. Il eut un moment de flottement et d'égarement, durant lequel il hésita : devait-il se montrer aussi sauvage que possible, de sorte à définitivement terrasser ses opposants, quitte à y rester prématurément, ou devait-il faire preuve d'une résistance acharnée et sereine, paisible, afin de gagner du temps ? Finalement, il opta pour la première des deux options : quitte à mourir, autant entraîner certains des chiens de Chairoka dans son sillage. Lorsque la queue de Taito se présenta, il n'hésita pas l'ombre d'un instant : il poursuivit son geste offensive et la percuta, elle, d'un coup de pied direct. Si, de cette manière, le Nowaki avait pu protéger son intégrité physique directe, il avait néanmoins subit une blessure qui lui arracherait une grimace de douleur, à n'en pas douter : sa queue venait d'être brisée, percutée par un coup qui la surclassait au niveau de la puissance brute. Majô Bexinos, contrairement aux apparences, était sans nul doute celui des Decimas qui, plus que tout autre, cherchait à terrasser ses ennemis en un clin d’œil, d'une façon aussi atroce et effroyable que prompte. La moindre erreur de ses opposants devait être punie de mort.

Malheureusement, si Taito Nowaki avait surestimé la résistance de sa queue, le chevalier, lui aussi, s'était montré inconséquent. La marine qui se trouvait dans son dos, contre toute attente, tira envers et contre le mur de pierre qu'il avait intelligemment installé entre eux. Certaines des balles parvinrent à se frayer un chemin dans les roches et les décombres ainsi interposés, et vinrent finalement mordre la chaire du chevalier qui, sans succomber pour autant, sentit la douleur se répandre dans tout son corps et lui causer un moment d'égarement supplémentaire. Il n'était cette fois-ci pas généré par la réflexion, mais par l'agonie et la surprise : il lui fut donc néfaste, sur tous les plans. Le zoan, sans doute poussé à la sauvagerie par son instinct antique et par la blessure occasionnée sur sa queue, prit le parti de lui sauter dessus afin de lui déchirer les bras. Les crocs parvinrent à se planter dans l'un de ses biceps et, une fois de plus, le Bexinos sentit l'infâme douleur le parcourir... Suffisamment, cette fois-ci, pour le pousser à hurler. Si l'une de ses jambes remonta bientôt vers le torse du Nowaki, dans l'optique manifeste de lui percuter la cage thoracique et, de ce fait, de lui briser une poignée de côtes, il ne put empêcher ce qui devait arriver par la suite : pris au piège entre la mâchoire du carnassier et le canon de la tireuse d'élite, il comprit avec déception que sa fin serait plus funeste et moins héroïque qu'il n'avait pu l'anticiper, grisé par la certitude de déjà connaître l'heure de sa mort. Dans sa résistance intrépide, il avait perdu sa sérénité et avait commis une erreur... Il ne le ferait jamais plus.

Qwer Ty.

La danse du petit être risquait de se prolonger longtemps, à cette allure. Si Caligula avait été en mesure de l'expédier au sol une fois, Qwer Ty songeait en son for intérieur qu'un tel exploit ne pourrait guère se réitérer avant un petit bout de temps... A fortiori s'il se concentrait d'autant plus ardemment sur son haki de l'observation afin de palier aux surprenantes initiatives auxquelles ce petit maudit était susceptible de recourir en un instant de réflexion. Il avait un excellent sens de l'improvisation, il fallait le lui concéder... mais cela ne pourrait assurément pas le sauver éternellement. Tandis que l'ennemi virevoltait dans les airs pour tenter inutilement de s'éloigner du géant, ce dernier entreprit d'avaler le peu de distance que le kamisori permettait d'imposer entre eux. Finalement, lorsque le zoan antique décida de s'en retourner au conflit d'une façon plus frontale et plus brutale, le géant des îles célestes laissa, ravi, un sourire s'inviter sur son visage. Il ne manquait pas de ressource : il venait tout juste de détruire la nuée de roches et de gravats que son opposant lui avait envoyé... Et il essayait maintenant de le cueillir en jouant sur sa vélocité ! Malheureusement, deux choses étaient actuellement en faveur de Qwer Ty : leur éloignement initial, qui imposait à Caligula une certaine distance à parcourir avant de pouvoir frapper, et surtout le haki de l'observation du géant, qui lui permettait de ne pas être purement et bêtement pris au dépourvu suite à un changement de posture aussi radical. Cependant, le géant restait nettement moins rapide que son petit adversaire, c'était un fait : il devait donc, à son tour, se montrer imprévisible et répondre d'une façon déroutante pour reprendre la situation bien en main... Et il le fit.

Le poing qui menaçait alors de le cueillir en plein menton se contenta de harponner les cieux sans jamais rencontrer de résistance digne de ce nom. Bien sûr, Qwer Ty aurait pu tenter de contrer l'offensive, mais cela aurait été barbant... Et son petit adversaire, ce valeureux Caligula, méritait bien mieux qu'une réponse barbante. Le guerrier céleste devait montrer à son minuscule vis-à-vis que lui aussi possédait une certaine ingéniosité, certes potentiellement moins polyvalente que celle du zoan, dont la malédiction seyait parfaitement à ce type d'exercices, mais néanmoins existante et efficace au combat. Aussi se laissa-t-il simplement tomber vers l'arrière... Voire se jeta-t-il sur le dos, en fait, de sorte que le coup de poing ne le menaçât jamais réellement. A contrario, alors qu'il était jusqu'à présent dans une posture défensive, le géant s'était fait un point d'honneur à inverser la tendance : dorénavant, c'était lui qui attaquait, puisqu'il utilisait sa position actuelle, horizontale, pour tenter de décerner au maudit un coup de pied retourné acrobatique, à la manière d'un sportif particulièrement agile. Peut-être le zoan allait-il réussir à esquiver, ou peut-être allait-il difficilement parer ce coup dont la violence était certaine : en tout cas, il allait rapidement comprendre que l'objectif premier de cet assaut n'était pas de le percuter directement. Au contraire, le geste ample et particulièrement brutal de Qwer Ty allait générer une bourrasque d'air si sèche et époustouflante qu'elle risquait fort de catapulter son opposant dans les cieux, à des dizaines voire des centaines de mètres de haut. Une façon de lui faire visiter les îles célestes différemment, peut-être...

5ème Chevalier de l'Ordre Decima, Goliath.

Les logias, c'était de la poudre aux yeux. Lui venait d'un océan où ils n'avaient que très rarement leur place : le Nouveau Monde. Il y avait foule de dictons populaires qui, de l'autre côté de la palissade insurmontable qu'était Red Line, s'adressaient directement à ces maudits souvent trop imbus d'eux-mêmes, mais tous tournaient autour d'une même idée, d'un même concept, d'une même certitude. Ceux qui péchaient d'orgueil en songeant que leur intangibilité les rendait invincible finissaient tôt ou tard par mordre sévèrement la poussière, dérouillés en deux temps trois mouvements par des ennemis jouissants des hakis, ou d'une vitesse telle que le logia, embourbé dans sa propre bêtise, n'était pas même capable de le voir venir. Ce jeune haut-gradé semblait comprendre que son fruit du démon ne le sauverait pas éternellement, et il tentait donc de le sublimer grâce à d'autres facultés, à d'autres pouvoirs... C'était la marque d'une sagesse relative, que l'on retrouvait souvent, par ailleurs, chez les gouvernementaux. Ceux-là avaient au moins le mérite de disposer d'excellents professeurs et instructeurs... Lesquels pouvaient leur permettre d'éviter une déconvenue trop sauvage. Cependant, tout n'était pas gagné pour le Wenham pour autant : son opposant décida bientôt de lui en fournir la preuve. Il agita sèchement son bras ceint par son imposant bouclier. Une manœuvre qui n'avait l'air de rien mais qui, réalisée par un géant jouissant d'une force brute indéniable, permettait de brasser tant et tant de volume d'air qu'il était déjà pénible de lui résister frontalement. Alors générer et modeler un poing, tel que celui que le jeune maudit avait tenté de sculpter ? C'était peine perdue. Toutefois, Sypher sembla le comprendre et ne s'acharna pas davantage sur ce plan : il innova, misant sur un brouillard qu'il généra lui-même dans l'optique de masquer les sens de son gargantuesque adversaire.

Le Decima, décontenancé, comprit néanmoins rapidement quel était le sens de cette initiative et l'utilité finale que revêtirait ce volute du fumée. Afin de le contrecarrer, il inspira bruyamment puis souffla de toute ses forces : l'air qu'il expulsa brutalement de ses poumons chassa la brume improvisée en un battement de cils, et Goliath put alors remarquer que son petit ennemi semblait avoir tout bonnement disparu. Il ne s'était pas purement et simplement volatilisé, et le géant, toujours aussi perspicace, le comprit l'instant suivant : il avait simplement profité de l'écran de fumée pour se dérober à la vision du Chevalier, et il entreprenait désormais de le mettre à terre en l'attaquant directement dans son angle mort... Son dos, en somme. D'un coup d'un seul, le géant tournoya et parvint, en un regard, à s'assurer de la véracité de ses craintes. Celles-ci étaient bien fondées et, d'une seconde à l'autre, l'adversaire serait au niveau de son cou où il pourrait à nouveau s'acharner. Conscient du fait qu'il ne pourrait pas éternellement compter sur son haki avancé, dont les réserves étaient limitées, le Decima tenta plutôt de décocher au contre-amiral un coup de bouclier sec et soudain. Néanmoins, sa lenteur comparée à la vitesse de Sypher et à son plan savamment ficelé l'en empêcha : il dut se contenter d'envoyer son coude à la figure du marine... Et comprit en un instant qu'il avait commis une grave erreur, dans la précipitation. Si la sève ne lui fit rien, ou pas grand chose, l'offensive contenue dans le axe dial, en revanche, lui arracha un grognement rauque de douleur. Une large estafilade lui couvrait la moitié du bras, et il sut en un instant qu'il allait désormais avoir toutes les peines du monde à utiliser son bouclier efficacement... Constat auquel il ne put toutefois pas se consacrer bien longtemps, puisqu'une fois de plus, le Wenham revenait à la charge, souhaitant manifestement cette fois-ci le viser à nouveau en pleine tête.

Goliath ne perdit pas l'ombre d'un instant. Son marteau couvert du haki de l'armement, il tenta de l'abattre d'un mouvement descendant en plein sur le contre-amiral, en profitant de sa course longiligne pour l'intercepter avec virulence. S'il y parvenait, il le fracasserait et le briserait au sol en un seul coup, éclatant les dalles de Marineford sur une bonne cinquantaine de mètres. La rage semblait avoir décuplée sa virulence, au profit de sa réactivité : la douleur était une source d'énergie colossale...

William Lancaster, ancien amiral Akainu, et Wakai Tsuki, amiral Sorafuka.

Le moindre des membres de l'escouade reconnaissait sans nul doute très humblement qu'Akainu était un combattant exceptionnel : lui admettait sans peine qu'ils constituaient une équipe d'anthologie. En l'état, il en était persuadé, seuls les trois têtes d'affiches disposaient de compétences suffisamment convaincantes pour lui donner du fil à retordre... Et un seul, Wakai Tsuki, aurait dû être en mesure de le toucher seulement. Néanmoins, en l'état des choses, ils comblaient l'écart qui les séparait par un merveilleux déluge d'entraide. Sans doute un pont mental instauré par Chairoka les y aidait-il, mais les efforts communs qu'ils étaient susceptibles de produire étaient néanmoins admirables... Lorsque le rankyaku vint trancher une partie de son bras, l'empêchant de s'acharner davantage sur les combattants les moins efficaces du petit contingent, William comprit qu'il avait sans doute légèrement sous-estimé Alion : le fringant vice-amiral semblait avoir parcouru un long chemin depuis leurs dernières rencontres, et il allait s'avérer problématique, à l'avenir. Le colonel Aurola troqua ses habitudes de parlementaires contre deux projectiles qu'il lança contre Akainu, lequel tenta d'y répliquer en balançant deux billes de mercure à très haute vitesse... Billes qui, finalement, s'en allèrent transpercer le rocher sur lequel Eileena avait peint le rouge de la colère. Décontenancé, le Lancaster éviter les deux balles d'un cheveu, en se penchant brusquement sur l'arrière : une ouverture que ni Emy, ni Alion ne pouvaient laisser passer.

Elle fut la première sur lui : elle se plaça à ses côtés et tenta de lui offrir un coup de poing descendant afin de le clouer au sol d'une façon des plus musclées. Ce fut un échec : il n'eut qu'à se courber davantage, prouvant s'il le fallait encore qu'il jouissait d'une souplesse et d'une agilité remarquables, de sorte que ses mains puissent lui offrir un appui suffisant pour se dresser à nouveau : à l'envers, cette fois. Le Keternel parvint à ses côtés à ce moment-là et, contrairement à Emy, il privilégia la précision à la force brute. Il tenta de ce fait de l'embrocher d'un coup d'estoc en plein ventre... Ce qui se solda par un échec lorsque William usa de ses mains pour se jeter en l'air, à un mètre et demi du sol, juste assez haut pour éviter la lame mais pas assez pour s'éloigner des deux vices-amiraux, qui furent immédiatement avertis du danger qu'ils courraient par Wakai Tsuki. Le contre-amiral Lochal, jusqu'alors en retrait, expédia l'un de ses fils jusqu'à l'épaule de la vice-amirale qu'il tira subitement à lui : elle perdit de ce fait son équilibre, contre son gré, et son esquive fortuite fut imperceptible aux yeux d'Akainu qui fut de ce fait incapable de la terrasser. En revanche, lorsque ses mains se déformèrent soudainement en deux piliers qui s'allongèrent soudain, Alion, lui, n'avait pas eut l'opportunité de bouger d'un pouce : il fut frappé en plein abdomen et propulsé vers l'arrière dans une série de rouler-bouler spectaculaires. Souhaitant empêcher le Decima de surenchérir, l'amiral Sorafuka parvint à sa hauteur à l'instant même où ses pieds retrouvaient le plancher des vaches : l'épée légendaire du bretteur en rencontra une, factice, générée en mercure et solidifiée grâce à du haki, grâce à laquelle le logia parvint à se défendre face à cette charge héroïque.

-Vous ne faîtes que gagner du temps, et vous le savez. Tous.

Azer Ty.

Insaisissable. C'était un adjectif qui convenait à un certain nombre d'humains, dès lors qu'ils disposaient de bonnes capacités de combat. Ils étaient naturellement plus rapides que les géants... Mais également nettement plus faibles. On les avait pourvu d'attributs distincts et variés, et si les uns n'étaient ni plus ni moins que les versions miniatures des autres, tous ne basaient pas forcément leurs styles de combats sur les mêmes compétences. En soi, Azer Ty avait compris dès les premiers échanges qu'Heziel était de ceux qui misaient majoritairement sur une force brute capable de défoncer les plus hermétiques des portes blindées... Un soulagement, d'une certaine manière, pour le chef des géants qui ne se voyait pas affronter un moustique incapable de lui causer le moindre dommage, mais qu'il n'aurait également jamais pu abattre, sauf grâce à un grossier miracle. Le corsaire aurait bien du mal à l'atteindre durablement, mais d'un autre côté, il possédait l'espoir d'y parvenir tôt ou tard : chose qui pouvait également le pousser à encourir des risques... Lorsque sa main fendit vainement les cieux, toutefois, le géant fronça les sourcils en comprenant que ça n'allait pas nécessairement être une mince affaire pour autant. Il avait encore beaucoup à faire pour se montrer convaincant et pour venir à bout de ce cloporte-ci... Un bref coup d’œil lui permit de balayer les environs d'un regard inquisiteur, comme s'il cherchait un moyen de se soustraire à cette présence désagréable et irritante au possible. Il aurait largement préféré se jeter à la rencontre de la fine équipe qui s'en prenait à Akainu, ou encore aux hommes et aux femmes qui demeuraient en retrait, précieusement planqués sur le navire flottant... mais il allait devoir faire sans. Un grommellement l'agita tandis qu'il reportait sa pleine attention sur le forban, désormais à ses pieds. Il savait ce qui allait se passer. Il ne l'ignorait pas... Et cela lui était d'ores et déjà désagréable. Pourtant, le pied couvert de haki, il s'exécuta : il tenta d'offrir à Heziel un savoureux coup de pied... Tout en sachant pertinemment qu'il parvient à éviter.

C'était l'évidence même. Le pirate à la solde du Gouvernement Mondial voulait le laisser agir jusqu'au moment où il pourrait mettre la main sur une faiblesse à exploiter, sur une maladresse à mettre à profit. Sinon, pourquoi aurait-il troqué sa posture virulente contre une simple succession de parades et d'esquives ? En l'état, néanmoins, Azer Ty savait qu'il jouissait encore d'un avantage conséquent : celui de la durabilité. Contrairement à Heziel, il n'avait pas à déployer de fantastiques efforts pour le mettre en danger... La moindre esquive contraindrait le corsaire à une foultitude de mouvements, tous plus amples les uns que les autres. Une chose banale et commune, lorsqu'on atteignait leurs compétences respectives, bien sûr, mais une chose qui demandait envers et contre tout une certaine concentration, et une bonne dose d'adrénaline. Peut-être le géant allait-il commettre un impair, conformément à ce que le noiraud semblait espérer. Peut-être en revanche ledit noiraud allait être le premier à manquer de jugeote, à réagir trop ardemment, trop précipitamment... Nul ne pouvait savoir qui des deux opposants serait le premier à réaliser une erreur, en l'état, mais il allait sans dire que leur affrontement risquait de s'engager sur une pente rébarbative. Ils allaient potentiellement pouvoir se tenir tête pendant des heures sinon des jours sans que ni l'un, ni l'autre des deux opposants ne prenne réellement l'ascendant... Le chef des géants était-il seulement disposé à consentir à un tel sacrifice de temps, lors même que ses subordonnés risquaient de se faire tailler en pièces d'une seconde à l'autre ? Certainement pas. En fait, le vénérable colosse savait qu'il serait potentiellement le premier à craquer à cause de la présence des siens et de leur hypothétique détresse : il devait donc trouver un moyen de rééquilibrer la balance... Et pour cela, il n'y avait rien de plus confortable que d'être un géant.

Le coup de pied n'était qu'une formalité, à laquelle Heziel saurait rapidement se soustraire, mais qui nécessiterait néanmoins la pleine concentration de celui-ci. Le capitaine corsaire n'était qu'un lointain allié des membres de la Marine, certes, mais il existait peut-être, sur Marineford, une personne qui comptait à ses yeux. Une personne qu'il entendait défendre. C'était possible, et pas réellement farfelu : le souci, c'était qu'il fallait encore la trouver... D'un coup de poing, Azer Ty expédia une onde de choc monumentale en direction de Barber Janz, le collègue du Coffe. Était-il du genre à apprécier ses pairs, ou était-il plutôt détaché de ces personnalités appartenant au monde de la piraterie ? Obtenir une réponse à cette question serait déjà un premier pas intéressant...

Vice-Amiral Nonoha Jean-Bart et Folle Decima Vermillon Iris.

Il avait renversé le combat à son avantage : mais ça n'était que provisoire. Iris et Jean-Bart disposaient d'un niveau globalement similaire : ils étaient aussi rapides l'un que l'autre, aussi agiles, même si la Decima possédait l'avantage indéniable de pouvoir évoluer directement dans les cieux, avaient une nette préférence pour les combats à distance, possédaient un certain sens de l'improvisation et d'un esprit pertinent à la fois, capable d'aboutir à d'éreintantes stratégies. Pour l'heure, ils prenaient simplement la température, l'un comme l'autre... mais ce n'était que le prologue d'un combat qui s'annoncerait houleux, ils le savaient tout deux. Quand le Nonoha se mit à arroser la pauvre Folle, laquelle demeurait en hauteur, désarçonnée par l'utilisation incongrue que le haut-gradé avait fait de son pistolet chargé de munitions à air, elle songea intelligemment qu'elle risquait en l'état d'être prise de court, tôt ou tard. Il avait plus de munitions qu'elle, à n'en pas douter, mais n'avait surtout pas à les jeter continuellement... Seuls ses rechargements intempestifs pouvaient permettre à Iris de trouver une faille à exploiter. Sinon, son style de combat à elle était plus contraignant : ce fut néanmoins ce qu'elle songea en interceptant plusieurs projectiles grâce à ses lancers d'une précision chirurgical avant d'opter pour l'esquive, le tout en demeurant à distance raisonnable. Elle se laissa retomber jusqu'au sol, petit-à-petit : la hauteur n'était qu'un inconvénient, en l'état, puisqu'elle ne disposait dans les airs d'aucun couvert... Et lorsqu'elle fut à nouveau à même le sol, elle comprit en un instant que quelque chose clochait : les tirs du Nonoha s'interrompirent... Il rechargeait ? Non. On approchait d'elle.

Elle eut à peine le temps de faire volte-face et de placer une bourse sur la trajectoire de la lame, qui s'enfonça dedans sans réussir à la percer pour autant. La Nowaki. La sœur du vice-amiral. La Vermillon fronça les sourcils et ouvrit la bouge, mais n'eut pas le temps de parler : Jean-Bart semblait être déterminé à l'idée de mettre cette intervention inattendue à profit. Une balle pénétra la hanche gauche de la Decima avant qu'elle ne soit en mesure de se soustraire de la trajectoire de cette dernière... Une balle qui, soudainement, vit sa taille être multipliée par cinq. La hanche toute entière céda et un hurlement terrible quitta la gorge déployée d'Iris, qui ne s'attendait guère à un tel coup dur. Elle était bloquée entre la lame de la bretteuse et les balles du tireur maudit : en somme, elle était dans de beaux draps.

Ils se figèrent. Tous. De William Lancaster à Asya Lida en passant par Caligula Spown, Violet Nowaki ou encore Goliath, ils s'immobilisèrent, comme incapables de bouger le moindre orteil. La vérité était encore plus sordide : ici, à Marineford, le temps s'était arrêté... Les événements qui s'étaient déroulés sous les yeux du Monarque l'avaient courroucé. Agacé. Il savait que ça n'était qu'un essai, qu'une tentative, qu'une esquisse de ce qu'il pouvait réaliser... Et il savait également que cela, Chairoka n'en avait pas conscience, pas même une seule seconde. Aussi avait-il rapidement décidé qu'il ne tirerait rien de plus de ce court du temps-ci. Il devait agir autrement, tout en sachant pertinemment quelles étaient les points forts de la stratégie d'Asya Lida, et surtout quelles étaient ses failles... Ils allaient leurs montrer. Les Decimas triompheraient : le Gouvernement Mondial, jusqu'à présent, n'avait fait que retarder l'inévitable, à l'instar de l'affrontement ayant subrepticement opposé l'escouade anti-Decima à l'ex-Akainu. Un ordre, unique, avait quitté ses lèvres... Et un pouvoir aux contours brumeux s'était actionné, dans l'ombre.
Ils allaient pouvoir la réécrire, cette bataille qui semblait perdue. Et ils la gagneraient.

<(°-°<)

Les mouettes chantaient encore en survolant la tour de guet, les vagues se fracassaient encore sur la Marineford indemne et inchangée, le navire chargé de hauts-gradés surplombait encore la mer de nuages sombres qui se trouvait sous la coque. Les dernières paroles bienveillantes s'échangeaient, les mots se faisaient et se défaisaient sous les yeux optimistes des différents gradés qui se trouvaient là, quoique tous, d'une certaine manière, emplis d'une appréhension et d'une crainte qu'ils avaient toutes les peines du monde à museler. Les Pacifistas, sagement en position, attendaient les ordres... Tout était parfait, et ne manquaient plus à l'appel que les Decimas, grands absents de cette bataille qui s'annonçait iconique.

(>°-°)>

Amirale-en-chef Asya Lida et vice-amiral Sakuraba Yu.

Un vertige se saisit alors de l'amirale-en-chef, en même temps que de tout ses subordonnés. Elle eut un mal de crâne soudain et éphémère, à la fois similaire et nettement distinct à ceux que provoquaient un haki de l'observation encore immature et incontrôlé. Et, sans crier gare, elle se souvint. Elle se souvint de la rencontre brutale qui allait les opposer, elle et Mozero : elle se souvint également de son retour sur le bateau, du conflit opposant Aston à Aokiji, de l'escouade anti-Decima fonçant à en perdre haleine droit sur un Akainu résolu et déterminé à aller jusqu'au bout... Son cœur manqua plusieurs battements successifs tandis que cette multitude d'informations et de certitudes lui revenaient en pleine face, se ravivaient en elles, et s'installaient confortablement. Tout cela avait eu lieu, elle en avait l'intime conviction... Et pourtant, tout cela devait encore survenir. Incrédule, elle déposa sur Yu un regard égaré : l'air abasourdi de ce dernier lui fit comprendre qu'elle n'était ni la seule à avoir été victime de ce mauvais sort, ni la seule qui ne parvenait pas à saisir ce qui en était la source. Avaient-ils été la cible d'une quelconque malédiction ? La réponse lui vint toutefois à l'esprit alors qu'elle parcourait encore tout juste les informations qu'elle avait pu engranger au sujet des Decimas et de leurs divers alliés. Il n'y avait à sa connaissance qu'un seul pouvoir assez redoutable pour inverser le court du temps, pour changer les événements qui s'étaient d'ores et déjà produits. Un pouvoir qui la fit frissonner d'effroi tandis que ses lèvres généraient un constat muet, que son fruit du démon relaya néanmoins directement jusqu'à l'esprit de ses collègues et compagnon d'infortune.

-Kamiji...

Il l'avait utilisé. Ce simulacre de bataille qui s'était écoulé n'était probablement guère plus qu'une illusion, qu'un essai destiné à sacrifier un certain nombre de pions et de mercenaires contre des informations capitales. Pions et mercenaires que Lida imaginait à nouveau au sommet de leur forme...

-Les... les mouettes ! Jasmine, fais-nous descendre, immédiatement !
-Qu.. Quoi ?
-Dépêche-toi ! Ils savent que nous sommes là ! C'est un piège !

Chairoka, les yeux exorbitées, semblait horrifiée : elle était en réalité plus énervée qu'inquiète. Elle avait été manipulée, d'une certaine manière, et le piège mortel qu'elle avait formé en séparant les tireurs d'élite, l'escouade anti-Decima et le gros des troupes se retournait soudain en leur défaveur. Ils pouvaient bien sûr utiliser le pouvoir de changement de position pour nullifier ce désagrément... Mais ils ne pouvaient plus se permettre de se mobiliser directement, Aston et, surtout, elle. Centes savait : il savait qu'ils pouvaient tenter de passer à l'action d'entrée de jeu, qu'ils pouvaient s'en prendre à des éléments qu'ils jugeaient suffisamment isolés et suffisamment dangereux pour en courir le risque... Et le simple fait qu'il soit au courant interdisait à l'amirale-en-chef de réitérer cette action inconsidérée. Il n'y avait qu'un pas entre la bravoure et l'inconscience : ce pas, c'était l'imprévisibilité. S'en prendre aux Decimas sans que ceux-ci ne puissent pressentir la menace, c'était une chose : se jeter dans la gueule d'un loup qui n'attendait que ça, c'en était une autre... Le navire descendant tout juste de l'autre côté des nuages que tous purent observer les premières fermetures s'ouvrir. Les premiers pions allaient tomber, à coups sûrs. Matochika Cho et les autres allaient...

William Lancaster, ancien amiral Akainu, et les Dévoreurs.

-Commençons par Elkens...

Était-ce du regret qui teintait la voix d'Akainu, alors qu'il chutait de la fermeture jusqu'au sommet de la tour de guet, accompagné d'une myriade de Dévoreurs qui se laissaient également tomber en ouvrant grand la gueule ? Wakai Tsuki, horrifié, le regarda tomber lentement, comme si, une fois de plus, il était en proie à un pouvoir malsain déformant sa perception du temps. Camille ne faisait pas le poids contre un monstre pareil : en fait, aucun membre de l'équipe des tireurs ne pouvait lui opposer la moindre résistance. Et le fait que les Dévoreurs l'accompagne, c'était là un message clair : les Decimas n'allaient pas permettre à quiconque de survivre. Camille Elkens, Taito Nowaki, et tous les autres... Ils semblaient condamnés. Sauf si...
Le regard de Sorafuka, horrifié, passa de la tour de guet à l'échafaud. Himitsu Jude, le Decima maudit du paramecia de l'échange, celui-là même qui leur avait permis d'intervertir leurs positions jusqu'à présent... Mort. Une balle dans la tête : expédiée par le pacifista à l'effigie de Chairoka, dressé à ses côtés. L'ensemble des Pacifistas, Numeros comme Alphabetos, lancèrent alors à l'encontre du navire flottant une salve incommensurable de missiles et d'explosifs en tout genre. La bataille reprenait... De la pire des manières possible.

Il sentit une larme s'inviter le long de sa joue, tandis que la majorité des Chevaliers, à ses côtés, tâchaient tant bien que mal de conserver leur sang froid. Il était mort : pour de bon, cette fois. Jude, celui qu'ils avaient souhaité sauver, celui que Chairoka avait lâchement lobotomisé : il avait donné l'ordre de l'abattre. Si Centes savait pertinemment que son ami leur aurait pardonné cette initiative impitoyable, il n'en éprouvait pas moins un cuisant sentiment de frustration. Il avait été impuissant... C'était au tour du Gouvernement Mondial, maintenant, de souffrir.